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Le trophée dans tous ses états
Le trophée est né d’une tradition antique qui consistait à suspendre les armes prises à l’ennemi à un arbre ou un pilier sur le champ de bataille. Pérennisé sous la forme d’un monument de pierre, il quitte le lieu de la victoire pour être érigé en un endroit plus symbolique. Il devient ensuite un motif ornemental fréquemment employé sur tous types de supports pendant la période moderne, de la Renaissance à la fin du XVIIIe siècle. Ses formes et sa composition sont multiples. Mais sa grande plasticité n’empêche pas de reconnaître certains types.
- les longs (lances ou drapeaux par exemple),
- et les compacts (armures, boucliers ou casques notamment), ronds, en demi-lune, rectangulaires ou carrés.
Ces deux catégories offrent la possibilité de jeux formels sur la composition globale.
Antoine Trouvain, Minerve assise sur un trophée d'armes tient devant elle son bouclier sur lequel sont gravées des devises relatives à la paix de Nimègue, XVIIe siècle (ap. 1678).
Pour les trophées de musique, par exemple, ce sont des instruments qui lui servent d’attributs. Les trophées champêtres sont constitués d'outils agricoles, de chapeaux, de guirlandes végétales. Les trophées religieux rassemblent des instruments du culte, etc.
Louis-Marin Bonnet d’après Henri Sallembier, [Trophée de musique], gravure en manière de crayon, tirage en bistre, XVIIIe siècle.
Sur le plan de de la composition formelle, nous pouvons distinguer trois grandes familles de trophées qui existent dès l’Antiquité : les trophées verticaux, les trophées horizontaux et les trophées sans grande ligne directrice, mais qui peuvent s’inscrire dans un cadre de forme géométrique.
La première famille, celle des trophées verticaux, est héritière de l’origine du motif, c’est-à-dire des objets pris à l’ennemi et suspendus à un arbre ou à un pilier. Ces trophées sont donc organisés selon un axe central vertical. Le long de cet axe, des objets compacts peuvent constituer un ou plusieurs points focaux. Un lien, ruban ou chaîne par exemple, justifie de la cohésion des attributs entre eux. Il est fixé en partie supérieure. Les éléments ne sont pas suspendus sans ordre. Ils sont disposés en X sur toute la hauteur, harmonieusement distribués à partir des points focaux.
Gilles Demarteau d’après Jean-Baptiste Huet, Premier livre de différents trophées, 1772, 1er livre, n°3.
Sébastien Leclerc, Cul de lampe formé par un trophée des Vertus de Turenne, accompagnées d'enseignes, drapeaux, piques, canons et autres attributs militaires avec des esclaves attachés au pied de ce trophée, les mains liées derrière le dos, XVIIe siècle.
Dans la seconde famille, le trophée quitte son axe vertical pour se répandre à l’horizontale. Le premier type est sûrement le plus déstructuré de tous, il s’agit du trophée a tumulo. Il est constitué d’objets entassés pêle-mêle. Si l’évocation du champ de bataille est toujours présente, visuellement, ce sont plutôt les armes des ennemis déposées à terre ou éparses suite à la défaite qui sont évoquées que celles qu'on a suspendues. Les objets forment alors un véritable bric-à-brac.
Trophée sur la façade de la Rotonde Voltaire du Quadrilatère Richelieu, à l’angle de la rue de Richelieu et de la rue des Petits-Champs.
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