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La création de l'Institut Pasteur

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Quand Louis Pasteur met au point son vaccin contre la rage en 1885, les candidats à l’inoculation affluent rue d’Ulm à son laboratoire de l’Ecole normale supérieure, vite trop petit. Il lance donc en 1886 une souscription pour un institut de lutte contre la rage, auquel il donnera son nom : l’Institut Pasteur.

Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, 24 novembre 1888

Victime de son succès

Après avoir expérimenté son vaccin contre la rage sur des animaux, Louis Pasteur est amené à l’expérimenter sur des êtres humains quand lui sont amenés deux enfants mordus par des chiens enragés. Il faut inoculer le vaccin à Joseph Meister en juillet 1885 et à Jean-Baptiste Jupille en octobre 1885. Le succès amène des centaines de personnes à se faire vacciner au laboratoire de Pasteur, dans les locaux de l’Ecole normale supérieure, inadaptés à un tel nombre. Les malades viennent de toute la France et même de plus loin : de Newark ou de la région de Smolensk. La presse, enthousiaste, va jusqu’à affirmer que : « M. Pasteur a vaincu la mort. »

L’Impartial de l’Est. Supplément illustré, 24 avril 1898

Lancement du projet

Pasteur dresse le 1er mars 1886 le bilan de son action devant l’Académie des Sciences et y déclare : « La prophylaxie de la rage après morsure est fondée. Il y a lieu de créer un établissement vaccinal contre la rage ». Durant la même séance, il lance une souscription internationale : « Notre institut sera à la fois un dispensaire pour le traitement de la rage, un centre de recherche pour les maladies infectieuses et un centre d’enseignement. ». Un seul établissement est nécessaire pour la France entière, car le temps d’incubation laisse aux mordus le temps d’arriver à Paris. Il permettra aussi de traiter les mordus d’Europe et d’Amérique du Nord. Dès le 8 mars, Pasteur rédige un projet pour « la fondation d’un établissement contre la rage »

Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, 24 novembre 1888

Le succès de la souscription

Le projet reçoit le soutien de l’Académie des Sciences et du gouvernement de Charles de Freycinet, membre de cette même Académie et qui promet des fonds. Deux millions de francs or sont récoltés en un an. Pasteur donne 100000 francs qui viennent en partie de la vente de vaccins à l’étranger. Parmi les grands donateurs, on compte des souverains comme les empereurs Alexandre III de Russie et Pierre II du Brésil, ou le sultan ottoman. Pasteur sollicite les fortunes privées qui participent également, comme Madame Boucicaut, épouse du fondateur du Bon Marché, ou Alphonse de Rothschild. Arrivent aussi des dons anonymes ou des contributions de l’étranger. Le Journal officiel publie la liste des souscripteurs.

Le Figaro illustré, 1er janvier 1894

Le statut de l’Institut

Lorsqu’il en rédige les statuts, Pasteur souhaite donner à son Institut des conditions de travail favorables et la liberté nécessaire pour agir ; il veille par conséquent à lui donner une autonomie administrative et financière. Par crainte des lourdeurs administratives, Pasteur souhaite lui donner un statut privé. Il en fait d’abord une société anonyme, mais cela ne lui permet pas d’être reconnu d’utilité publique. C’est pourquoi le décret du Conseil d’Etat du 4 juin 1887, entérinant les statuts, fait de l’Institut une fondation privée reconnue d’utilité publique.

Paul-G. Charpentier, Les microbes, Paris, 1909

Construction et inauguration

Le 19 mars 1887, grâce aux fonds récoltés, le comité de patronage achète 11000 mètres carrés de terrains maraîchers dans le quartier Vaugirard pour 420000 francs, entre les rues Dutot (portion rebaptisée depuis rue du Docteur-Roux) et la rue des Fourneaux (actuelle rue Falguière). Les locaux sont inaugurés un an plus tard, le 14 novembre 1888, en présence du président Sadi-Carnot et de 1200 personnes. Pasteur est affaibli par un malaise récent et, ne pouvant lire son discours, confie cette tâche à son fils Jean-Baptiste.

Xavier de Préville, Un médecin sans diplôme : Pasteur, Paris, 1899

Les bâtiments

Côté rue Dutot, un bâtiment abrite le logement et le laboratoire de Pasteur, qui quitte à contrecœur la rue d’Ulm où il a vécu une trentaine d’année. Un autre bâtiment, parallèle, est relié au premier par une galerie ; il accueille le service de la rage et les laboratoires de recherche. Dans l’arrière de la parcelle, des annexes permettent l’élevage et l’isolement des animaux utilisés pour les expériences et les traitements : chenils, bâtiment séparé pour les animaux enragés, etc. Des statues comme celle de Jean-Baptiste Jupille luttant contre un chien enragé agrémentent le site. Pasteur est directeur à vie de l’Institut. A sa mort, il est enterré dans la crypte aménagée au sous-sol de son logement et ornée de mosaïques néo-byzantines retraçant sa vie.

Agence Rol, [15-11-13] Jupille et sa statue à l’Institut Pasteur [deuxième vacciné antirabique], 1913

Un Institut qui essaime dans le monde

A la création de l’Institut, cinq services sont créés, confiés aux disciples de Pasteur : Emile Roux, Emile Duclaux, Charles Chamberland, Joseph Grancher, Elie Metchnikoff. En 1900, un terrain situé de l’autre côté de la rue Dutot est acheté pour construire un hôpital et un Institut de chimie biologique. D’autres Instituts Pasteur sont rapidement créés en France et outre-mer : Lille (1898), Saigon (fondé par Albert Calmette en 1891), Nha Trang (fondé par Alexandre Yersin en 1895), Tunis (fondé par Adrien Loir en 1893), Alger (1911)…

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Paris médical : la semaine du praticien, 1939

Les locaux inaugurés par Pasteur constituent encore aujourd’hui la tête d’un réseau d’une trentaine d’Instituts Pasteur qui perpétuent son travail sur les vaccins et la microbiologie, et dix prix Nobel sont issus des rangs de l’Institut.

Pour aller plus loin

Cycle de billets Gallica réalisé à l’occasion du Bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur
Site du Bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur
Bibliographie sur Louis Pasteur

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