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Le trèfle

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Si vous souhaitez en apprendre plus sur le trèfle, c’est votre jour de chance ! Injustement considéré comme une mauvaise herbe envahissante, il jouit toutefois d’une excellente réputation symbolique.

[Papier à motif répétitif], Paris : Dufour et Leroy, [1821-1825], estampe sur papier rabouté

« Trèfle » est hérité du grec triphyllon puis du latin trifolium qui signifie trois feuilles. Ce dernier aura donné son nom au genre éponyme sous lequel se déploient une myriade d’espèces parmi lesquelles on trouve le Trifolium pratense, aussi appelé trèfle des prés, trèfle rouge ou herbe à vache.

Jean Bourdichon (enlumineur) "Trifolium Maculatum" (F. 50-r) dans Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne, 1503-1508, enluminure sur parchemin

Cette herbacée de la famille des Fabacées fleurit entre les mois de mai et d’octobre. Il est muni de trois folioles ovales-elliptiques de couleur verte ornées d’un croissant blanchâtre. Ses fleurs rose pourpré disposent chacune de cinq pétales et sont toutes regroupées en tête globuleuse de 15 à 25 mm de diamètre.  Le trèfle des prés peut mesurer entre 10 et 40 cm ; ses racines verticales et épaisses font de lui une plante particulièrement vivace.

 Leonhart Fuchs, « Trifolium Pratense Purpureum » (p.817), dans De Historia stirpium commentarii insignes, maximis impensis et vigiliis elaborati, adjectis earundem vivis plusquam quingentis imaginibus nunquam antea, ad naturae imitationem artificiosius effictis et expressis, 1542

Il s’étend très volontiers dans les prairies françaises jusqu’à 2400 mètres d’altitude et préfère les milieux pluvieux et humides. Plante mellifère par excellence, le trèfle attire irrésistiblement les insectes pollinisateurs comme les bourdons et les papillons. La saveur sucrée de son nectar, appréciée des enfants, lui vaut d’ailleurs le surnom de « suçotte ».

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Nicolas Robert, Trifolium Pratense Linné, XVIIe siècle, gouache sur vélin

Plante fourragère de grande valeur, le trèfle des prés est à l’origine de plusieurs variétés cultivées en abondance. En outre, il constitue un engrais parfait puisque ses racines ont la capacité de fixer l’azote de l’air et d’améliorer en cela la qualité des sols.

« Oxalis Acetosella, L.» (Planche 40), dans Jean-Augustin Barral et Aristide Dupuis, Le règne végétal : divisé en traité de botanique générale, flore médicale et usuelle, horticulture botanique et pratique, plantes potagères, arbres fruitiers, végétaux d'ornement, plantes agricoles et forestières, histoire biographique et bibliographique de la botanique. Flore médicale, Atlas, Tome 3, 1864-1869

Le trèfle est doté par ailleurs d’une charge symbolique remarquable. Dans l’imaginaire collectif, celui-ci est associé à la chance lorsqu’on lui trouve quatre feuilles. Ce fameux porte-bonheur quadrilobe ne doit pourtant pas être confondu avec le Trifolium pratense. Le fameux trèfle irlandais, également appelé shamrock, est en effet symbolisé par l’Oxalis acetosella (petite oseille), une espèce bien distincte que l’on reconnaît facilement à ses trois folioles en forme de cœur. Selon la légende, l’oxalis aurait permis à Saint-Patrick d’expliquer le mystère de la Sainte Trinité lors de l’évangélisation de l’Irlande.

[Dame de Trèfle issue d'un jeu de cartes au portrait de Paris], 1700-1725, gravure sur bois coloriée au pochoir

Si le trèfle des prés semble parfois concurrencé par quelques imposteurs, sa forme reste un motif ornemental particulièrement apprécié dans les marges des manuscrits, dans les sculptures des cathédrales ou dans les entrelacs des papiers peints. Au XVe siècle, il devient en Allemagne et en France l’une des quatre enseignes emblématiques au jeu de cartes. Bien que l’origine de ce dernier ne soit pas vraiment attestée, certains historiens ont vu dans le trèfle une référence à la ruralité, au fourrage et au gens de la campagne. Il se hisse enfin au sommet dans les blasons des plus grandes familles de la noblesse.

[Armoirie de Jacques l’Homme, père, écuyer, seigneur de la Pinsonnière, chef du gobelet du Roy] (p.14), dans Charles-René d'Hozier, VOLUMES RELIES du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, vers 1701-1800

A l’instar de ses racines, le trèfle s’infiltre dans les différentes strates de notre imaginaire collectif. Plante de campagne par excellence, il ne se prive pourtant pas de goûter au prestige.

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