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La digitale

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En lisière des forêts, dans les clairières ou les parcelles récemment défrichées, les landes, les prés et le long des chemins des régions à terrain plutôt frais et acide, on remarque en été de hautes tiges où s’échelonnent les fleurs rose foncé pointillées de pourpre de la grande digitale ou digitale pourprée (Digitalis purpurea).

Les fleurs des bois : 100 planches coloriées avec explications, 32 dessins originaux de l'auteur / par C.-L. Gatin,.Paris, , 1913.

La forme conique de ses fleurs lui a valu de nombreux noms qui semblent tous évoquer l’envie qu’elles nous donnent de les enfiler sur nos doigts : gants de Notre-Dame, de bergère ou de renard (foxglove en anglais), fingerhut ou dé à coudre en allemand, doigtier et bien sûr digitale, issu du latin digitus, doigt.

De Historia stirpium commentarii insignes…, Leonhardt Fuchs , Bâle, 1542.

Il faut se montrer prudent si l’on joue avec les fleurs de la digitale car c’est une plante très toxique. On lui attribue toutefois depuis longtemps des qualités thérapeutiques variées, et son usage comme plante médicinale a dû faire autant de victimes que de guérisons.

Nos fleurs : petites causeries botaniques / par Mme Huguette (Mme J. Bodin), Paris, 1894.

Ses propriétés sont en effet bien réelles, mais ce n’est qu’à la fin du 18e siècle que le médecin anglais William Withering étudie méthodiquement son action comme diurétique et stimulant cardiaque, tout en recommandant une grande prudence dans les doses utilisées. Durant encore un siècle, l’utilisation directe de la plante reste hasardeuse. La concentration en substance active peut varier selon le climat, la saison et le lieu de récolte, et la marge est étroite entre dose thérapeutique et dose mortelle. C’est en 1872 que Claude-Adolphe Nativelle (1812-1889) isole enfin la digitaline, encore utilisée de nos jours dans les affections cardiaques.

Etude de la plante, M. P. Verneuil, Paris, 1903.

Malgré le danger qu’elle présente, la beauté de la digitale a incité les jardiniers à en créer des variétés améliorées, à fleurs blanches ou rose plus clair, ou à fleurs plus grosses. Réservons-la aux jardins sans enfants, et avertissons les visiteurs de ne pas mettre les doigts dans la digitale.

Digitalis purpurea, I B, 2, 812 / Digitalis, Dod. / Digitalis flore magno candido, I B, 2, 803, Robert, Nicolas (1614-1695), MNHN, Vélins, Portefeuille 22, folio 31.

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