L'aubépine
Tout comme les rosiers ou les ronces communes, les aubépines – parfois appelées épines blanches ou arbres de mai – appartiennent à la famille des rosacées. Leur nom scientifique latin, Crataegus – dérivé du grec « krátos » signifiant « force », fait référence à la dureté de leur bois.
Les branches de la plupart de ces arbustes portent des épines leur permettant de se protéger des animaux ; leurs feuilles plus ou moins dentées et lobées tombent à l’automne. Souvent associées au cornouiller ou au néflier, les aubépines forment de grandes haies défensives très résistantes. Originaires des zones tempérées de l’hémisphère nord, elles supportent en effet des températures allant jusqu’à -20°C, même si elles sont plus fréquemment visibles sur des terrains exposés au soleil, et peuvent subsister plusieurs siècles. Néanmoins, ces épineux craignent particulièrement le feu bactérien, une maladie infectant l’arbre par ses fleurs, pouvant entraîner la mort de celui-ci en le desséchant peu à peu. La densité des rameaux feuillus de l’aubépine en fait par ailleurs un arbrisseau de choix pour préserver les demeures d’éventuels regards indiscrets. Il est également fréquent d’en apprécier à la lisière des forêts.
Yves-Marie Le Gouaz, Une excroissance de l’épine blanche, estampe, 1782.
Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EF-68-BOITE FOL.
Le caractère robuste de ces petits arbres est contrebalancé par la délicatesse de leurs fleurs blanches, roses, ou rouges, regroupées en corymbes. Leur couleur varie selon l’espèce, et s’offre au regard au printemps, d’avril à juin. Le roman À la recherche du temps perdu de Marcel Proust entraîne lecteurs et lectrices dans les haies d’aubépines à plusieurs reprises : le narrateur y vante notamment leur odeur « amère et douce d’amandes ».
Quant aux fruits, pour la plupart rouges – plus rarement jaunes ou noirs – appelés cenelles, ils sont visibles à la fin de l’été, voire au début de l’automne, lorsque les feuilles commencent à tomber. Comestibles et autrefois consommés par l’humain malgré leur texture farineuse, ils sont aujourd’hui un mets plutôt apprécié des oiseaux, qui peuvent ainsi s’alimenter alors que la nourriture vient à manquer au moment de la baisse des températures.
Nombre d’arthropodes trouvent également refuge dans les haies d’aubépines, parfois à la défaveur de celles-ci, par exemple lorsque la piéride de l’aubépine y sévit. Les insectes apparaissent au niveau des fleurs ou des souches de bois en décomposition, comme le soulignait le naturaliste Jean-Henri Fabre dans un ouvrage paru en 1870. L’entomologiste consacra par ailleurs une partie de son travail à la cryptogamie : il produisit à la fin du XIXe siècle plusieurs aquarelles mycologiques illustrant des champignons se développant sur de vieux troncs d’aubépine.
Les sources ne concordent guère concernant le nombre approximatif d’espèces d’aubépines. Toutefois, deux d’entre elles sont spécifiquement utilisées dans le domaine de la phytothérapie.
La première d’entre elles est l’aubépine monogyne – Crataegus monogyna – et la seconde l’aubépine épineuse – Crataegus laevigata ou oxyacantha. Leurs boutons de fleurs sont généralement récoltés au mois de mai et séchés afin d’être utilisés en infusion pour leurs propriétés antispasmodiques et cardiotoniques, mais aussi leurs vertus sédatives et apaisantes.
Pour aller plus loin :
- Aquarelles de champignons de Jean-Henri Fabre : Exposition des aquarelles de champignons de Fabre à l'Harmas (mnhn.fr).
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