Le Blog
Gallica
La Bibliothèque numérique
de la BnF et de ses partenaires

Jeanne Lanvin, l'artiste couturière

2

Moins connue que certains de ses contemporains, comme Paul Poiret et Coco Chanel, Jeanne Lanvin est pourtant à l’origine de la plus ancienne maison de couture en activité ininterrompue depuis sa fondation. Redécouvrons dans Gallica les traces de ce parcours exceptionnel.

Mme Jeanne Lanvin : photographie de presse, Agence Rol, 1925

 

L’ascension d’une petite arpète

C’est en bas de l’échelle sociale que Jeanne Lanvin commence sa vie. Issue d’une famille pauvre, elle entre adolescente comme apprentie couturière, arpète comme on dit alors, chez la modiste Mme Bonni où elle occupe le poste de trottin qui consiste à livrer des modèles aux clientes. Ce premier travail détermine le début de sa carrière puisque Jeanne Lanvin commence dans la mode avec la confection de chapeaux.

Elle est engagée chez le chapelier-couturier Félix, situé à l’angle de la rue du Faubourg-Saint-Honoré et de la rue Boissy-d’Anglas, et travaille comme apprêteuse puis première garnisseuse chez Cordeau et Lagaudin.

Arpète ramassant des épingles avec un aimant, Nuit et jour : le grand hebdomadaire illustré, 6 décembre 1945

A 18 ans, elle travaille quelques mois pour Mme Maria-Berta Valenti, une couturière barcelonaise, chez qui elle apprend son métier de couturière.

C’est en 1889 qu’elle décide d’ouvrir sa propre boutique de modiste au 16 rue Boissy-d’Anglas. Ses chapeaux sont appréciés et apparaissent dans les pages de la revue féminine Les modes : revue mensuelle illustrée des Arts décoratifs appliqués à la femme, un des premiers périodiques à publier en pleine page des photographies de ses créations et ce dès 1908. A partir de 1909, dans cette même revue, ses créations sont mises en valeur par le travail photographique de Nadar qui collabore avec elle jusqu’en 1913

La délicatesse des rendus, des ornements et des textures gagne en réalisme et assure une incroyable publicité à Jeanne Lanvin. Ses créations sont également publiées par de nombreux autres magazines, comme Les Sports modernes, Le Style parisien ou encore La Femme de France.

La mode chez Jeanne Lanvin, Les Chapeaux des élégances parisiennes, 1917

Folle de sa fille Marguerite née en 1897, Jeanne Lanvin en fait sa muse et lui crée des vêtements qui rencontrent un grand succès auprès des clientes de sa maison. En 1908, Jeanne Lanvin se consacre donc à ce qui deviendra une de ses spécialités, la mode enfantine.  Ses vêtements pour enfants, cousus main et aux finitions impeccables, coûtent cher : ils deviennent pour les clientes l’expression de leur classe sociale. L’ouverture d’un département dédié aux costumes enfant composés entre autres de robes de baptême, de robes d’enfants et de tailleurs et robes de fillettes est un véritable succès.

 L’idée d’ouvrir des collections conçues pour les jeunes filles et leurs mères, déclinées pour chaque moment et activité de la journée renforce encore un peu plus sa renommée.

Robe du soir et robe d’enfant, de Jeanne Lanvin, La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, 1921

Les créations de Jeanne Lanvin sont juvéniles, gracieuses et féminines. Cette «note de jeunesse» qui plait tant, ainsi que l’exploitation du lien mère-fille, habilement mis en scène dans les années 20 dans La Gazette du bon ton  notamment, deviennent au fil du temps une image marketing forte caractérisant la maison Lanvin. S’ajoutent d’autres symboles d’éternité et de tendresse, comme le nœud ou la marguerite, en hommage à sa propre fille.

 En 1924, La Renaissance de l'art français et des industries de luxe s’exclame : « La mode de Jeanne Lanvin, c’est la quintessence du bon goût alliée à toutes les ressources de l’inspiration moderne. Est-ce parce que Mme Lanvin a commencé par habiller les enfants ? Tout ce qui sort de chez elle est jeune, printanier, offre je ne sais quelle grâce aérienne. »

Robes d’enfants de Jeanne Lanvin, Le Style parisien, 1915

Le succès étant sans cesse croissant, Jeanne Lanvin a le souci de diversifier son offre et d’étendre son entreprise. En parallèle de sa mode enfantine, elle crée des jouets, notamment Alfred le pingouin et des poupées en porcelaine de Sèvres.
 
Au fil du temps, d’autres rayons ouvrent avec la création de nouveaux produits, notamment dans le secteur du maquillage et des cosmétiques : rouges à lèvres, poudres assorties, diverses huiles, etc.
 
Parmi ses créations les plus connues, mentionnons bien sûr les parfums aux noms surannés comme L’âme perdue, Comme çi, comme ça, Dogaresse, Lajéa, Scandal, Rumeurs, Prétexte. Beaucoup sont inspirés par la nature comme Pétales froissés, Géraniums d’Espagne, Où fleurit l’oranger, influence qui se retrouve dans ses modèles (Hortensias, Dahlia, Framboisier, Pastèque). Le sport se décline aussi en parfum avec Country Club.
 
Les fragrances les plus connues sont sans doute My Sin lancé en 1925, qui connut un grand succès outre-Atlantique, et Arpège créé en 1927, le célèbre flacon Art déco, doré à l’or fin, conçu par Armand-Albert Rateau, une légende en France. Le motif du flacon, un dessin de Paul Iribe représentant une mère penchée sur son enfant, est l’emblème de la maison Lanvin, une véritable marque de fabrique choisie en 1924, incarnant la relation fusionnelle de Jeanne Lanvin et de sa fille.

The Paris Times, 12 septembre 1926

Lanvin lance en 1933 la première eau mixte, L’eau de Lanvin, dont la publicité publiée dans l’Ouest-Eclair, Vogue ou encore dans Adam : revue des modes masculines en France et à l’étranger promet de multiples bienfaits.

Publicité pour la gamme des parfums Lanvin, Vogue, janvier 1933

Avisée et ambitieuse, Jeanne Lanvin comprend l’air du temps et lance également des collections dédiées aux vêtements de sport pour répondre à l’engouement croissant pour les activités sportives dans l’entre-deux-guerres. En 1926, elle ouvre son entreprise à la mode masculine et conçoit du sur-mesure pour hommes. Lanvin Tailleur-Chemisier s’installe dans le 8e arrondissement de Paris, au 15 rue du Faubourg Saint-Honoré.
La clientèle parisienne aisée en villégiature à Deauville, Cannes ou Biarritz ou même Barcelone y retrouve les mêmes boutiques que dans la capitale.

L’affirmation d’un style

Jeanne Lanvin est bien sûr surtout connue pour ses collections féminines : blouse de satin pour le soir, pyjama de lin, cape en renard blanc, manteau de fourrures, ensemble manteau en fourrure, toilette de plage, la couturière  crée tout ce qui compose une garde-robe pour les femmes à la mode. Cependant, ce sont incontestablement ses robes, appréciées pour leur élégance, leur silhouette nette et leur simplicité apparente, qui feront d’elle un nom. La marque distinctive de la couturière est en effet de « créer du simple qui soit très beau ».

Sa fameuse « robe de style », volumineuse et romantique, héritée de la ligne évasée du 18e siècle et revisitée par ses soins pour y gommer tout effet ampoulé, s’adresse non seulement aux femmes d’un certain âge, adeptes d’un style plus classique que celui de la garçonne des années 20 mais également aux débutantes introduites dans le monde, voire même aux enfants, avec un modèle réduit similaire à celui des adultes.

Travestis de Jeanne Lanvin pour le bal de la parure, La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, 1924-1925

Ce modèle à jupe bouffante, agrémenté de mille et une façons par des broderies, volants et dentelles, connut une apothéose dans les années 20 lors des garden-parties. Ce succès dura jusqu’aux années 30 puis déclina avec les restrictions qui frappèrent l’usage du tissu pendant la Seconde Guerre mondiale.

Robe du soir de Lanvin dessinée par Georges Lepape, La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, 1924-1925

Dans ses créations, aucune recherche de surprise, de fantaisie inattendue ou de changement brusque mais plutôt « une progression lente et raisonnée des tendances en mouvement ».
 
« La clientèle qu’il faut éviter de dérouter doit s’apercevoir à peine de la transition […] ce que demande la femme de goût, c’est une toilette qui paraisse nouvelle tout en ne l’étant pas » affirme-t-elle dans La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, en 1926.
 
Une phrase publiée par Vogue en 1932 à propos d’une création de Jeanne Lanvin résume assez bien le style de la couturière : « Aucune fantaisie : seulement une recherche de la qualité qui touche à la perfection. »

Robes d’après-midi, modèles de Jeanne Lanvin, Le Style parisien, 1915
Robe du soir de Jeanne Lanvin, La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, 1921

Excelsior : journal illustré quotidien : informations, littérature, sciences, arts, sports, théâtre, élégances, 14 août 1928

Adepte également du « costume idéalement pratique aux lignes dégagées, sveltes et sobres », Jeanne Lanvin conçoit en outre des vêtements destinés à être portés tous les jours et ouvre Lanvin sport en 1925.
 
C’est avec une grande lucidité sur l’évolution de la société et de la mode féminine qu’elle affirme dans les années 20 : « Il faut que la toilette s’adapte à la femme contemporaine, à celle de 1925 et pas à une autre. A une société de sport, de vitesse accélérée, de mouvement perpétuel, nous n’irons pas prôner la crinoline ni les longues traines ».

Adam : revue des modes masculines en France et à l'étranger, 15 octobre 1938
« Lanvin Sport présente un strict tailleur féminin dont la jaquette de coupe très masculine s’égaie de rayures noires, rouges et vertes sur fond uni de Shetland d’Ecosse. »

Jeanne Lanvin, une créatrice inspirée par les arts

L’article sur Jeanne Lanvin dans La Renaissance de l'art français et des industries de luxe de janvier 1924 décrit son studio de travail comme un endroit rempli de livres, d’ouvrages d’art, de revues de mode et dépeint une créatrice cultivée qui puise son inspiration dans ses voyages, tirant parti du passé pour faire du moderne. Antiquité, inspiration médiévale, Renaissance italienne, vitraux gothiques, Second Empire, culture asiatique, monde arabe, folklore espagnol, références religieuses, ses créations puisent dans un vivier créatif extrêmement étendu.
 
Jeanne Lanvin s’inspire en effet sans cesse des couleurs et motifs qu’elle observe dans les musées et galeries d’art qu’elle visitait partout dans le monde. Elle collectionne en outre des tableaux de Fragonard, Odilon Redon ou encore Renoir et noue une amitié avec le peintre nabi Vuillard.

La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités

Si le « rose Polignac » est un hommage à sa fille, le fameux bleu Lanvin, un des signes distinctifs de sa maison, lui aurait ainsi été inspiré par Fra Angelico à Florence et ses décolletés par le peintre Raphaël. Des vêtements rapportés du monde entier – broderies roumaines et soies de Perse – composent également son bureau.

Robe « Fra Angelico » en bleu Lanvin, dessinée par Georges Lepape, La Gazette du bon ton : art, mode et frivolités, 1924-1925

S’intéressant de près aux arts décoratifs, Jeanne Lanvin collabore étroitement avec Armand-Albert Rateau, décorateur et architecte français, pour la conception de ses intérieurs privés au début des années 20. Ensemble, ils conçoivent également la décoration du théâtre Daunou et fondent un magasin de décoration proposant accessoires et mobilier d’intérieur. Avec le décorateur Jean Dunand, elle crée des motifs cubistes peints à la laque et meuble son domicile de certaines de ses créations.
 
Passionnée de théâtre, Jeanne Lanvin est également costumière de scène et habille les actrices jouant à la Comédie-Française. Les actrices du moment, comme Régina Camier, Yvonne Printemps, Jane Renouardt ou encore Mistinguett sont toutes habillées par la célèbre couturière et leurs photographies abondent dans la presse de l’époque. Yvonne Printemps, compagne de Sacha Guitry, porte du Lanvin dans ses pièces, les soirées ou à l’étranger.
La collaboration de Jeanne Lanvin avec Louis Jouvet, pour une douzaine d’œuvres au total, complète une carrière déjà très prolifique. Avec l’essor du cinéma, elle participe aussi à l’élaboration de costumes comme sur Les Enfants du Paradis avec Arletty.

Une patronne avisée

Très active à l’étranger, Jeanne Lanvin a largement contribué à faire rayonner la mode française partout dans le monde. Elle participe à l’Exposition universelle de San Francisco dès 1915 et à la « Fête parisienne » de New-York au côté de grands couturiers contemporains pour relancer la couture pendant le premier conflit mondial ; elle est déléguée aux Expositions européennes de la couture et représente la mode française aux expositions internationales.
En 1925, elle est nommée vice-présidente du pavillon de l’Élégance à l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris et expose ses modèles sur les mannequins Siégel. Elle crée ce pavillon avec notamment Jenny et Cartier mais son rôle est décrié par des couturiers plus installés qui estiment qu’elle a délaissé le pavillon officiel et cherché à mettre en valeur sa marque. Le pavillon de l’Élégance aux tentures bleu Lanvin ne plaide pas en sa faveur mais d’autres articles de presse soulignent la réussite de l’Exposition.
On la retrouve aux sections représentant la haute couture à l’Exposition coloniale de 1931 ; en 1935, ses créations de haute couture défilent à bord du Normandie lors de la traversée inaugurale entre Le Havre et New York. Elle préside également le pavillon de l’Élégance à l’Exposition de 1937, secondée du couturier Jean Labusquière.

Pavillon de l'Elégance, dessin paru dans Vogue (1937).

En 1926, en récompense de son travail et pour avoir si bien incarné la mode à la française, Jeanne Lanvin est nommée chevalier de la Légion d’Honneur. A la fin de la décennie suivante, elle est promue officier au titre du ministère du Travail. Le discours d’éloge est prononcé par son ami Sacha Guitry.
 
Ces décorations récompensent une artiste mais aussi une femme d’affaires avertie.
 
Jeanne Lanvin va en effet créer une identité de marque grâce à son style reconnaissable et à un logo efficace. Elle saisit l’air du temps dans ses créations mais aussi dans la promotion de son entreprise. Elle s’appuie sur la presse, en plein essor. Elle y diffuse tout d’abord ses créations. Ainsi dans Vogue, une des plus prestigieuses revues de mode, ses robes, dessinées ou photographiées, sont publiées en pleine page : robe en crêpe lourd, robe blanche en piqué brodé sur fond de tulle, robe en marocain de soie vert Nil, robe à traîne, robe en jersey de rayonne mat blanc, robe en crêpe marocain de soie bleu, etc.

A gauche, robe Lanvin, photographiée par André Durst, Vogue, avril 1940
A droite, robe du soir Lanvin, corsage en satin, Marie-Claire, mars 1939

Les journaux présentent aussi les mariées habillées en Lanvin. La presse relaie également  les réceptions organisées pour mettre en valeur ses collections auprès d’une élite. En 1925, un gala a lieu dans le pavillon de l’Élégance avec cantatrice et danses japonaises. Le départ d’Yvonne Printemps pour une tournée en Amérique du Nord est fêté par un défilé organisé aux Champs-Elysées par Jeanne Lanvin.
Enfin la presse lui permet de prospecter une nouvelle clientèle. Les créations Lanvin s’affichent dans les journaux distribués sur les transatlantiques. Elle y annonce les soldes à venir, les ouvertures de succursales dans les villes balnéaires comme Deauville, Cannes, Biarritz ou à l’étranger ainsi que leur changement de décor.

La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, janvier 1924

Gestionnaire rationnelle, Jeanne Lanvin est attentive au développement de sa marque. Dès 1909, la vente de chapeaux est moins importante que celle des vêtements pour enfants. La couturière cherche à développer des services pour fidéliser sa clientèle comme le dépôt des fourrures l’été. Ses créations de parfums à partir des années 1920 lui permettent de financer son activité de haute couture, modèle désormais courant pour les grandes marques.

Bureau de Madame Jeanne Lanvin, Mobilier et décoration : revue française des arts décoratifs appliqués, 1933

Les coulisses de la haute couture

Son entreprise s’appuie sur de nombreux employés, 800 à 1 200 dans les années 1920-1930. Plusieurs centaines d’entre eux sont présents lorsqu’on lui remet la légion d’honneur.
 
On connaît assez peu le quotidien de ce travail, à part les grèves qui sont relayées dans la presse. Les ateliers connaissent trois principaux mouvements : en 1917, 1926 et 1935-36.
 
En 1917, les tensions se cristallisent autour de la semaine anglaise. Au Royaume-Uni, les ouvriers obtiennent de travailler du lundi au samedi midi sans baisse de salaire pour l'après-midi en moins.
 
En revanche dans les ateliers de couture en 1917 à Paris, cette baisse du temps de travail s'accompagne d'une baisse de salaire dans le contexte économique difficile pour la mode lors de la Première Guerre mondiale. Si les « midinettes » de chez Jenny lancent la grève, celles de Lanvin continuent globalement le travail ; le lendemain les ateliers sont bloqués et des « heurts avec la police » interviennent.
Avec l’explosion du coût de la vie, le mécontentement gagne les usines d’armement et leurs « munitionnettes ». Le syndicat des patrons de la haute couture cède aux revendications malgré l'opposition de certains, notamment Jeanne Lanvin.

Collection fourrures Lanvin 1919-1920, dans l'Excelsior

En 1928, ce sont les fourreurs de chez Lanvin qui sont en grève. Les 6 centimes d'augmentation leur sont immédiatement accordés et le travail reprend vite. En 1935 et 1936, dans le contexte de crise économique et d'arrivée au pouvoir du Front populaire, de nouvelles grèves ont lieu et sont relayées dans les journaux.
 
Il est difficile de connaître le quotidien des ateliers. Les petites mains de la couture sont peu rémunérées comme le montre l'octroi d'une bourse de 1000 francs en 1946. Elles ont pourtant un savoir-faire certain.
Jeanne Lanvin, attentive à la qualité de ses créations, crée un atelier de teinture à Nanterre pour être certaine du rendu du fameux bleu Lanvin. Les parfums sont élaborés dans cette ville mais d’autres ateliers existent notamment à Paris. Très impliquée dans son travail, les employés la voient arriver tôt et connaissent son ascension sociale fulgurante.

Salon d’essayage pour les chapeaux chez Jeanne Lanvin, Les Modes, 1er février 1912

L'organisation du travail des ateliers intéresse Jeanne Lanvin car elle participe à la commission d'une association professionnelle étudiant les règlements d'atelier. Elle a ses propres ateliers en passementerie et broderie. De ces derniers sortent d’ailleurs les costumes d’académiciens.
Jeanne Lanvin développe une cantine avec d'autres maisons du quartier comme Jenny. Son intérêt pour les enfants se voit aussi dans la création d'une pouponnière pour ses employés au Vésinet (là où elle habite) ou dans l’organisation d’un Noël pour leurs enfants en 1943.

La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, janvier 1924

Cette réussite au féminin est emblématique. Jeanne Lanvin participe dès les années 1920 au club des Soroptimistes. Fondé en Californie, ce mouvement regroupe des femmes ayant réussi chacune dans un secteur d’activité. Il essaime à travers le monde.
 
Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie esthétique, fonde le premier club à Paris en 1924 où Jeanne Lanvin est présente en tant que représentante des créatrices de mode, Alice La Mazière des journalistes et Anna de Noailles des poétesses et romancières. Cette dernière demande d’ailleurs à être enterrée habillée en Lanvin.
 
Si Jeanne Lanvin valorise sa réussite, elle reste une femme de son temps. Ainsi, lors de son discours devant les filles des écoles de Coulommiers en 1937, elle vante le travail, l’indépendance, la coquetterie puisque « laborieuse et charmante, c’est […] le vrai portrait de la vraie Française ».
 
A sa mort en 1946, Jeanne Lanvin laisse en héritage une marque reconnue, un véritable empire industriel du luxe et une fortune colossale qui, selon certains journaux de l’époque, atteindrait plus d’un milliard. Lui succède  alors une autre femme, sa propre fille, connue sous le nom de Marie-Blanche de Polignac auprès du public mondain et devenue naturellement au fil des années l’égérie de la maison Lanvin.

La comtesse Jean de Polignac, Vogue, janvier 1933

Pour aller plus loin :

Découvrez dans la série « Créatrices de mode », Jeanne Paquin, la première reine de la haute couture, Madeleine Vionnet, l'architecte du tissu et Elsa Schiaparelli, la créatrice excentrique.

Billet rédigé dans le cadre du Forum Génération Egalité
Voir tous les billets de la série

Commentaires

Soumis par Pascale le 12/05/2021

Un article vraiment passionnant.
Pourriez-vous corriger le mot "ère" en "air" plus conforme? m^me si on peut considérer que Mme Lanvin a inauguré une nouvelle ère de la couture...
voici le paragraphe: Jeanne Lanvin va en effet créer une identité de marque grâce à son style reconnaissable et à un logo efficace. Elle saisit l’ère du temps dans ses créations mais aussi dans la promotion de son entreprise. Elle s’appuie sur la presse, en plein essor.
Merci!

Soumis par Nadia Marguerit... le 23/08/2021

Bonjour,

Merci pour votre lecture attentive. La correction est bien faite.
Bien cordialement,

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.