la menthe
Elle nous fait saliver de bonheur grâce à la sensation de fraîcheur qu’elle procure. Désormais, le menthol est partout (ou presque) : du menu des chefs étoilés à la tisane digestive qui s’ensuit, avec un petit crochet par nos dentifrices.
La menthe fait partie de la famille des Lamiacées, qui se caractérisent par une tige à section carrée. Elle possède également des feuilles dentées qui vont par paires opposées ainsi que de longs stolons qui s’enracinent, permettant ainsi sa rapide prolifération en donnant naissance à de nouveaux pieds. Ses fleurs estivales sont de couleur blanche, rose, mauve à violet, voire bleue, selon les espèces.
Il en existe en effet une grande variété, notamment en raison de leur facilité d’hybridation : près de 3000 noms sont ainsi identifiés. Certaines menthes sont à port dressé, d’autres rampantes. En 1753, Carl Linné listait dans son Species plantarum dix espèces : Mentha crispa, Mentha spicata, Mentha aquatica, Mentha piperita, Mentha gentilis, Mentha arvensis, Mentha canadensis, Mentha pulegium, Mentha cervina, Mentha canariensis. En 2016, ce sont 18 espèces de menthe qui sont répertoriées par A. O. Tucker et R. F. C. Naczi en analysant leurs caractères morphologiques, le nombre de leurs chromosomes et les composants chimiques de leurs huiles essentielles. On y retrouve la Mentha spicata, la Mentha aquatica, l’arvensis, la canadensis, la pulegium et la cervina.
L’évocation de la menthe est avant tout sensorielle : son parfum si caractéristique provient de la présence dans ses feuilles de principes actifs, des molécules menthol et menthone. Mais la nuance olfactive est réelle. Ainsi, la Mentha citrata dégage une odeur un peu citronnée, celle de la Mentha variegata est un peu plus épicée tandis que la Mentha suaveola a une senteur de pomme.
Des 18 espèces de menthe actuellement reconnues, seulement trois (Mentha aquatica, canadensis et spicata) et leurs hybrides (Mentha x gracilis, Mentha x piperita, Mentha x villosonervata) dominent le marché mondial pour la production d'huiles essentielles. En effet, il s’agit des espèces contenant le plus de menthol, utilisé pour aromatiser les chewing-gums, les boissons, mais aussi présent dans les cosmétiques, les dentifrices et plus largement dans l'industrie pharmaceutique. Le menthol stimule les récepteurs neuronaux du froid, ce qui crée cette sensation de fraîcheur. Il relaxe également les muscles du tractus gastro-intestinal : une particularité qui est étudiée pour faciliter la digestion et alléger les maux d’estomac, mais aussi pour soulager certains symptômes du syndrome du côlon irritable qui toucherait jusqu’à 20% de la population.
Plante comestible pouvant culminer à un mètre pour certaines espèces, la menthe a su se faire une place de choix dans l’alimentation et la pharmacopée. Utilisée sous forme d'essence ou d'infusion, elle a des vertus stimulantes et antispasmodiques.
Depuis l'Antiquité, la menthe pouillot a la réputation d’éloigner les puces, d'où son nom dérivant de pulex, la puce en latin. La menthe est une des plantes médicinales les plus employées et les plus cultivées. Cette omniprésence de la menthe a même été jusqu’à l’attribution d’un jour spécifique, nommé « jour de la menthe », le 21e jour du mois de messidor (des moissons) du calendrier républicain (qui correspond généralement au 9 juillet du calendrier grégorien).
Le 19e siècle voit naître différentes initiatives commerciales. Ainsi, Samuel Heymann de Ricqlès (1788-1853) brevète un alcoolat à partir de la menthe poivrée en 1844. Riqlès crée toute une gamme de produits alimentaires à base de menthe, qu’ils soient alcoolisés ou non. L’effet hygiénique de l’eau de menthe est souligné dans un rapport de 1867, appuyé sur trois espèces de menthe : la menthe poivrée, la menthe crépue et la menthe pouliot. On y lit que « l’eau de menthe produit une excitation vive qui s’étend de l’estomac à tout l’organisme » ! Plante qui apprécie l’exposition en pleine lumière, la menthe s’invite enfin à la table des plus grands : on pouvait ainsi déguster en 1998, à la table du président de la République un frisson menthe-chocolat. Et on la retrouve ainsi régulièrement aux menus officiels.
Le principal producteur de menthe est le Maroc, avec près de 90% de la production mondiale en 2019 et centrée principalement sur la menthe poivrée et la menthe verte. C’est aussi au Maroc et dans la plupart des pays arabes, que l’on sert un thé à la menthe bouillant et très sucré. En France, elle est principalement cultivée vers Milly-la-Forêt, en Île-de-France, via des plants de menthe poivrée.
Préparation du thé à la menthe (octobre 1930)
De quoi avoir l’eau à la bouche, non ?
Pour aller plus loin
AO Tucker, RFC Naczi, « Mentha: an overview of its classification and relationships » dans Mint : the genus Mentha, CRC Press, Boca Raton, 2007.
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