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L’étrange axolotl

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Les animaux étranges sont nombreux, mais rares sont ceux qui possèdent des propriétés aussi fascinantes que celles de l’axolotl. Il vous est peut-être déjà arrivé de croiser cette petite bête aux détours d’animaleries, de bandes dessinées, ou de la remarquer dans certains jeux vidéo. Son physique et son nom ont de quoi interloquer, mais qui est vraiment l’axolotl ?

De nombreux noms scientifiques ont été attribués à l’axolotl, parmi lesquels les poétiques : Lusus aquarum ("jeu des eaux"), Piscis ludicrus ("poisson folâtre") et le plus terre à terre Gyrinus edulis ("têtard comestible"). De couleur blanche, jaune ou noire et fauve, cet animal résistant (il peut vivre en aquarium jusqu’à 15 ans !) est originaire du Mexique, plus précisément des eaux froides des lacs Xochimilco ou Chalco, non loin de Mexico. Mais pourquoi ce nom d’« axolotl » ? L’animal tiendrait sa dénomination usuelle d’un dieu mexicain nommé « Xolotl », qui selon la légende, se transformait en dragon d’eau pour échapper à ses persécuteurs.
 
Ce n’est qu’au XIXème siècle que l’Europe découvrit cet animal exotique. En 1803, Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland voyagent en Amérique latine et en ramènent leurs célèbres Recueils d'observations de zoologie et d'anatomie comparée, dans lesquels Cuvier décrit pour la première fois les axolotls. Leurs observations sont les suivantes : dotés de quatre pattes séparées en quatre doigts, l’animal aquatique mesure environ 15 centimètres, est doté de poumons mais aussi de branchies, et ressemble à s’y méprendre à la larve d’une salamandre.

En 1864, le Jardin d'acclimatation reçut pour étude trente-quatre spécimens vivants, envoyés par le maréchal Forey qui dirigeait l’expédition militaire française au Mexique.

 

Dictionnaire des sciences naturelles – 1816-1845
 

Ce fut le début d’un véritable casse-tête pour le professeur Auguste Duméril, créateur et responsable du vivarium du Jardin des plantes. Il s’avère qu’au bout d’un an, un des axolotls se met à pondre. Or l’axolotl est alors considéré comme une larve, un têtard, mais un têtard ne se reproduit pas ! Puis, autre surprise de taille : un deuxième spécimen change complètement de couleur et de forme en perdant ses branchies, se rapprochant alors d’un batracien connu sous le nom d’Amblystome… Les chercheurs découvrirent alors le concept de néoténie. Terme pour la première fois employé par le biologiste Kollmann vers 1882, la néoténie (« jeunesse prolongée ») désigne la capacité de certains animaux à garder des caractéristiques larvaires tout en sachant se reproduire.
 

 

Ce n’est que le commencement des découvertes concernant les aptitudes hors norme de l’axolotl. Auguste Duméril mena de multiples expériences à ce propos : il essaya par exemple de forcer leur métamorphose. Il en vint à la conclusion que l’axolotl peut se métamorphoser, perdre ses branchies et devenir un animal terrestre s’il est en bonne santé et que les conditions s’y prêtent, ou au contraire rester aquatique durant toute sa vie. Duméril publia ses observations. D’autres expériences permirent de constater que l’axolotl peut aussi régénérer ses pattes endommagées ; plus récemment, les scientifiques ont découvert qu’il en était de même pour ses yeux, sa colonne vertébrale et une partie de son cerveau ! Il est également très tolérant aux greffes de peau mais aussi d'organes internes, ce qui fait de lui un sujet de recherche toujours très convoité.
 

Recueil d'observations de zoologie et d'anatomie comparée – 1811-1833

L’axolotl est aujourd’hui classé parmi les espèces en danger d’extinction par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Considéré comme un mets d’exception par les Aztèques, il fut longtemps vendu sur les marchés comme nourriture. S’il n’est maintenant plus chassé, il n’en reste pas moins en danger, son environnement s’étant énormément dégradé ces dernières années en raison de la pollution et de l’urbanisation.
Il est à noter que les axolotls domestiques ne sont bien sûr pas ceux provenant directement du Mexique, mais une variété issue des recherches effectuées en laboratoire. Ces animaux n’ont pas fini d’étonner et d’interpeler les chercheurs, qui ne leur trouvent pas uniquement d'impressionnantes capacités, mais sont parfois sensibles à leur "grâce de tutus de l’Opéra"

Commentaires

Soumis par michel Brement le 01/08/2018

Etrange, sans doutes. Mais ni beau, ni vivant, il n'animera pas votre aquarium. Par contre, il est calme et relaxant au point d'être soporifique !

Soumis par Audrey Grosbois le 10/08/2018

La première illustration me fait penser à une salamandre!

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