Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-10-03
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Description : 03 octobre 1878 03 octobre 1878
Description : 1878/10/03. 1878/10/03.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
JfJJDI 5 OCTOBRE
̃̃̃ JI1L "• ••̃'
ON S'ABONNE
nie des Prêtres-$aiht-Germàin-l'Auxerrois, 17.
PRIX BSE 1/ ABOIEMENT
Trois mois. • Six mois. un an.
Paris 18 fr. 36 fr. 72 fr.
Départemens. 20 fr. 40 fr. 80 fr.
Union postale
européenne. 21 fr, 42.fr. 8î fr.
'-d'outre-mer. 24 fr. 48 fr. 96 fr.
Les abonnemens partent des l" et 16 dû
chaque mois.
Paris, un numéro. 30 cent.
Départemens, un numéro. 35 cent.
In Xondon, apply to Cowle and C\ foreign
newspapers office, 17, Gresham street, G. P. 0.;
MSI. UeiizT, DavicH et G". 1, Finch lane ComhilL
E. C: Londony UN. W.-M. Smith et Soja,
186, Strand, W. C. London. -«
A Bruxelles, à ï 'Office de publicité, 46, rue de la IS
Madeleine, idans les kiosques et dans les bi» ?
bliothèques des gares de chemins de fer belges, 1 ?̃̃̃}
̃•̃̃ ̃̃ ,'̃ ̃̃̃>;>. ̃̃•!•̃̃ H'
̃• • ;.•.• ̃̃̃> ÉDITION DE PARIS. • •. '•' 7' /• 7' •' ï
POilTiaLES ET LITTÉRAIRES
~i" QU'
JEUDI 5 OCTOBRE
18T8 .̃
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du MarQc.et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
au moyen d'une valeur payable à Paris ou de
mandats-poste, soit internationaux, soit français,
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays, >
par l'envoi d'une valeur payable à Paris,
Les annonces sont reçues
-• chez MM. Fauchey, EiafHte et CV ̃̃–̃•
8, place de la Bourse,
et au bureau du JOURNAL ç
elles doivent touj ours être agréées par la rédaction.
t:-
̃- PARIS
MERCREDI 2 OCTOBRE
Les nouvelles de Pesth ont aujourd'hui
un caractère inquiétant. On annonce que
le ministre des finances, M. Szell, a donné
sa démission, et que cette démission en-
traînerait celle du cabinet tout entier.
M. Tisza serait parti pour Vienne, suivant
les uns pour présenter la démission col-
lective du ministère, suivant les autres
pour donner et pour demander des expli-
cations. Tous ces détails nous sont appor-
tés par le télégraphe, dans le langage pré-
cis mais succinct qui distingue ce genre
d'information. On conçoit que nous ne
puissions pas exprimer une opinion
suffisamment éclairée pour être défini-
tive sur des événemens que nous ne
connaissons que d'une manière aussi
imparfaite; mais il est clair que, dans
lescirconstances actuelles, la démission
de M. Tisza et de ses collègues aurait, si
elle était maintenue, unè extrême gravité.
L'opinion publique est étrangement sur-
excitée en Hongrie, et c'est sous l'in-
fluence de cette opinion ardente et pas-
sionnée que le ministère semble avoir
perdu son équilibre, et qu'il se retire sans
attendre la réunion du Parlement. Si c'est
le ministre des finances qui a donné le
signal de la dislocation du cabinet, c'est
que la question, qui est, au fond, essen-
tiellement politique, a pris les apparences
d'une question purement financière.
M. Szell a donné sa démission plutôt que
de fournir le deuxième versement de la
quote-part afférente à la Hongrie dans
le fonds de 60 millions de florins qui
avaient été votés pour subvenir aux
dépenses de la guerre. Disons mieux
lorsque les 60 millions de florins ont
été votés, il ne s'agissait pas encore
de l'occupation de l'Herzégovine et de la
Bosnie le comte Ândrassy n'avait de-
mandé ce vote qu'afin de relever devant
l'Europe sa situation morale,, afin de faire
bonne figure au Congrès, et afin de se
trouver à même de subvenir à tous les
besoins que les circonstances pourraient
imposer. Au point de vue purement par-
lementaire, il est incontestable que le
Parlement hongrois à le droit de juger
la politique qui a été suivie et l'emploi
qui a été fait des fonds votés par lui. Le
ministre n'attend pas le jugement du Par-
lement l'opinion s'est prononcée dans
toute la Hongrie avec un ensemble et une
netteté qui ne laissent aucun doute sur
les vrais sentimens du pays. La campa-
gne entreprise pour l'occupation de l'Her-
zégovine et de la Bosnie est condamnée,
et, si le Parlement ne s'oppose pas à ce
deuxième versement que M. Szell a cru
devoir opérer, il réclamera de la part du
gouvernement des explications complètes
et des engagemens formels au sujet des
dépenses futures. C'est du moins ce qu'on
peut augurer d'après une lettre de M. Ga-
briel Varady ancien président de la
Chambre des Députés, et partisan de
M. Tisza, lettre qui a été reproduite par
la plupart des journaux hongrois et qui
révèle les dispositions du parti libéral et
gouvernemental. M. Varady avertit assez
fièrement certains cercles de la cour, qui
se' trompent, dit-il, s'ils croient qu'on
en finira sans peine avec le Parle-
ment lorsqu'il demandera à quel chif-
fre se monteront les frais de l'occupation
autrichienne en Herzégovine et en Bosnie.
Il y aura sur ce point les luttes les plus
longues'et les plus violentes. Le gouver-
nement sera l'objet des plus vives atta-
ques, et les propositions de mise en accu-
sation pleuvront sur sa tête. Mais, dit
M. Varady, « le talon d'Achille » du gou-
vernement, le point sensible où ses ad-
versaires viseront ne sera pas la question
des dépenses passées ou présentés, mais
eelle des dépenses à venir et des moyens
d'y subvenir. Sur le choix de ces moyens,
les projets les plus divers et les plus con-
tradictoires se sont déjà fait jour: le
ministre des finances autrichien pro-
pose une nouvelle émission de ren-
tes le ministre hongrois propose
une augmentation du nombre des billets
de banque enfin le ministre com-
mun, M. le baron Hoffmann, propose
d'aliéner le monopole du tabac. Voilà, en
effet, des propositions bien opposées et
entre lesquelles le choix sera difficile.
Mais il faudra choisir, conclut M. Valady,
car on ne saurait croire que les anciennes
mines d'or de la Bosnie puissent remplir
îe vide considérable qui s'est produit dans
les finances du royaume et qui va se creu-
ser de plus en plus profondément.
On le voit c'est sur le terrain des fi-
nances que la question est posée; mais,
en réalité il s'agit de tout autre chose
que de florins, et, bien que le budget
austro-hoDgrôis ne présente pas un équi-
libre très facile ni • -très- -stable, ce n'est
pas une difficulté financière qui enflam-
merait les esprits au point où nous les
voyons déjà montés. Rien n'est plus dé-
licat "que de faire vivre ensemble, côte
à côte des nationalités différentes, et,
malgré la divergence de leurs intérêts, de
les, maintenir sous un gouvernement
commun.1 Le dualisme a donné quelques
années de paix àl'A-atriche^ïoogrie, et les
Hongrois en particulier se sont habitués
à cette. forme de gouvernement.' Par mal-
heur, les Hongrois se croient menacés
dans un avenir plus ou moins prochain,
'u F fYüY ~J
.~fti,1'5i ~~1,
par rintro3ûcîîon au sein de l'empire
i d'élémens nouveaux et probablement
i hostiles. La résolution que viennent de
prendre les Vieux Tchèques et leur entrée
dans la Diète devaient contribuer à inquié-
ter les Magyars. Tous ces motifs réunis
ont provoqué les instincts mal endormis
du particularisme hongrois, et l'on peut
craindre à Vienne de se trouver à la veille
des événemens les plus compliqués. Il
faudrait, pour se tirer d'une situation sem-
blable, beaucoup d'habileté et de cette fer-
meté qui ne vient pas de l'entêtement, mais
d'une parfaite connaissance des élémens
auxquels on a affaire. Après les fautes
commises, il faudrait n'en commettre au-
cune nouvelle. Le gouvernement de
Vienne aura-t-il cette sagesse et cette
perspicacité ? 2
y Une dépêche adressée de Constantinople
à la Kmlnische Zeitung nous fait craindre
le contraire. D'après cette dépêche, le
comteZichy aurait fait savoir au gouverne-
ment turc que l'Autriche était prête à trai-
ter d'une convention au sujet de l'occupa-
tion du sandjak de Novi-Bazar. Il accep-
terait même les conditions proposées
par la Porte, sauf à discuter sur la
durée de cette occupation. Pour ce qui
est des conditions de l'occupation de
l'Herzégovine et de la Bosnie, l'Autriche
n'en parle plus. Elle se considère comme
ayant sur ces provinces le droit de con-
quête, ce qui la dispense d'acquérir ou de
régler des droits purement diplomatiques.
On reconnaît là les habitudes d'esprit du
parti militaire à Vienne. Ce parti vit littéra-
lement au jour le jour, oubliant les diffi-
cultés de la veille, ignorant celles du len-
demain, tout entier au découragement
lorsqu'il trouve un obstacle, et à une pré-
somption sans mélange de prudence lors-
qu'il l'a surmonté. Nous avons une jolie
comédie qui s'appelle le Joueur et que les
Autrichiens lettrés connaissent bien. Lors-
que le joueur est malheureux, lorsqu'il a
perdu de grosses sommes il rêve amou-
reusement à une convention matrimoniale
qui doit rétablir ses affaires; mais viennent
la chance et la veine, il n'y pense plus
et iùe croit plus avoir besoin de rien
ni de personne. Toute la comédie roule
sur ces alternatives toujours les mê-
mes et toujours amusantes parce qu'elles
tiennent à un caractère qui prête à
rire. C'est à une comédie de ce
genre que l'Autriche nous fait assister
depuis quelques mois. Aujourd'hui le
parti militaire, si puissant à la cour, en-
flé de ses succès, faille rêve de Pichro-
cole mais que sera demain ? Ce n'est pas
tout que d'avoir occupé deux provinces, il
faut les pacifier et y établir un gouverne-
ment. Et ce. n'est pas tout que de pacifier
l'Herzégovine et la Bosnie, il faudra encore
apaiser les esprits en Hongrie, ce]à quoi les
militaires pourraient bien être assez im-
propres, soit qu'ils opèrent sur la Bosnie,
soit qu'ils opèrent sur la Hongrie elle-
même. Le gouvernement autrichien ou-
blie trop que gouverner c'est prévoir
il ne prévoit rien.
BOURSE DE PARIS
Clôture le l*r le 2 SHau«*e. Baisse.
1 8-O/O 0 .̃̃ ̃'̃ ̃.̃̃:•'̃ -̃- •
Comptant. 76 35 -76 35
Fin cour. 76 32 1/2 76 35 2 1/2
8 O/O
Amortissable.
Comptant. 79 5 79 35 '• • 30
Fin cour. 7.9 35 79 37 1/2 ,2 1/2
4 1/» O/O
Comptant 106 25 106 > .< 25 J.
s o/o '̃ ̃̃•̃
Comptant 113 45 113 70 • 25
Fin cour. 113 75 113 85 10,
v PBTITB BOURSB BU SOIR.
Emprunt 5 0/0. H3fr.8O, 761/4. 1" ?
3 0/0 amortissable. 79 fr. 30. 1,1
Extér" espagnole.. 14 9/32. 1
5 0/0 turc 12 fr. 15, 12 fr. 12 1/2.
Banque ottomane.. 492 fr. 50.
Florins (or). 63 9/16,1/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 288 fr. 12 1/2, 286 fr. 25,
286 fr. 87 1/2.
Nous recevons de nos correspondans
les dépêches suivantes
o Vienne, le 2 octobre, 7 h. 8 m. soir.
b La crise dure toujours. Les efforts qui ont
été faits pour amener une entente ont été
jusqu'ici sans résultat. Le ministère hongrois
approuve en principe l'occupation, mais il
voudrait la restreindre et la limiter il vou-
drait aussi contracter un emprunt commun,
mais le gouvernement cisleithan s'y refuse
il désirerait que la Hongrie le fit seule. On
est résolu ici à faire des concessions en rédui-
sant à leur minimum les sommes demandées.
On parait également décidé à abandonner
pour le moment le projet de l'occupation de
Novi-Bazar. Les ministres ont fréquemment
des conférences avec l'empereur et entre eux.
On s'attend demain à un résultat que l'on
ignore encore. Si, malgré tout, M. Szell per-
siste à donner sa démission, M. Tisza, qui ne
peut pas quitter le ministère et qui approuve
au fond, la politique du comte Andrassy,
cherchera un nouveau ministre des finances. »
« Vienne, le 2 octobre, 7 h. 39 m. soir.
» L'entente finale au sujet de la convention
entre l'Autriche et la Turquie est de nouveau
compromise. Si l'occupation de la Bosnie et de
l'Herzégovine avait été terminée, la conven-
tion aurait pu se faire sur la base de con-
cessions réciproques; mais l'Autriche, propo-
sant des concessions moins importantes?, à
cause des provinces qu'elle considère comme
conquises, parait disposée à demander le con-
cours des armées turques pour réduire Novi-:
Bazar.
» Dans le cas où l'occupation de Novi-Bazar
serait abandonnée pour, cette année, la con-
vention ne pourrait pas offrir à l'Autriche les
avantages que la Turquie semble, lui faire va-
loir. »
Londres, ale 2 octobre.
Le Times publie une lettre de lord Lawrence,
ancien vice-roi des Indes, dans laquelle le noble
lord s'efforce de détourner l'Angleterre d'une
campagne d'invasion contre l'Afghanistan, parce
que les dépenses qu'entraînerait cette, campagne
ruineraient d'une manière complète les finances
des Indes.
Lord Lawrence conseille de ne pas traiter l'émir
trop durement, et il insiste sur ce point qu'il ne
saurait y avoir de véritable déshonneur pour
l'Angleterre à entrer en composition avec lui.
On télégraphie de Bombay au Standard
Les dernières nouvelles de Simla annoncent
qu'une occasion a été donnée à l'émir de faire
amende honorable pour l'affront dont il s'est
rendu coupable envers la mission anglaise.
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Rome, le 2 octobre.
Mgr Jacobini, en quittant Rome, n'est pas allé
directement occuper son poste de nonce à vienne.
Il a eu quelques missions spéciales à remplir. Il
passera encore par Genève et Munich.
Dans cette dernière ville, il aura une entrevue
avec le nonce Masella, auquel il remettra les in-
structions du cardinal Nina pour les négociations
avec l'Allemagne.
Les instructions que Mgr Jacobini a reçues
relativement aux négociations avec la Russie
pour l'Eglise de Pologne ne sont pas définitives.
Les négociations dépendront de l'accueil que re-
cevront quelques propositions qui doivent servir
,dé point de départ. Ces propositions consistent à
pourvoir le plus' tôt possible à' de nombreuses
vacances d'évêchés et de cures.
M. Cairoli, chargé de l'intérim du ministère du
commerce et de l'agriculture, reviendra' aujour-
d'hui à Rome..
Berlin, le 2 octobre.
La Correspondance provinciale, parlant de la ré-
cente lettre du Pape au cardinal- Nina, dit que
cette manifestation est une nouvelle preuve de la
sérieuse intention qu'a Léon XIII de rétablir là
paix de l'Eglise, et montre aussi que le Pape est
convaincu que le gouvernement allemand éprouve
le même désir..
La feuille officieuse ajoute que l'on est étonné
de voir la contradiction marquée qui existe entré
l'attitude de Léon XIII et celle que la presse ul-
tramontaine a prise en constatant les, intentions
pacifiques du Saint-Siège et la perspective d'une
réconciliation entre l'Eglise et l'Etat.
La durée du séjour de l'empereur à Baden-
Baden,et la date de son retour à Berlin ne sont
pas encore fixées. >
Berlin, le 2 octobre.
D'après une lettre digne d'attention, adressée
de Saint-Pétersbourg à la Gazette de ï 'Allemagne,
du Nord, la tendance générale de la politique
russe est, quoi qu'il arrive, de* rester en paix sur
la base du traité de Berlin; les alarmistes du
parti militaire eux-mêmes ne songent qu'a la dé-
fensive. H est évident que, dans ces conditions et
avec "ces dispositions, la Russie ne veut ni entre-
prendre quelque chose avec l'Afghanistan, ni
seconder les entreprises de cet Etat.
L'auteur de la lettre répète en terminant
« En fin de compte, il s'agit pour nous d'arriver
au repos sur les bases du traité de Berlin, au re-
pos à l'intérieur comme à l'extérieur. La Russie
doit, dans un pareil travail pacifique, rassembler
ses forces. »
̃ Berlin, le 2 octobre.
La commission de la loi contre les socialistes a
adopté la loi en seconde lecture, en maintenant
toutes les dispositions essentielles adoptées en
première lecture, même la limitation de la durée
de la loi à deux ans et demi, malgré l'opposition
faite, à cet article par le ministre de l'intérieur.
1 Londres, le 2 octobre.
Une dépêche de Berlin, adressée à la Pall Mail
Gazette, annonce les nouvelles suivantes
« L'opposition faite par la Russie au choix de
Philippopoli comme lieu de réunion de la com-
mission internationale de la Roumanie orientale
a troissé l'Allemagne.
s> Celle-ci craint, en effet, que le gouvernement
russe ne fasse aussi opposition sur d'autres points,
principalement au choix de Tirnova comme lieu
de réunion de la commission consulaire de Bulf
garïe.
s> Le gouvernement roumain résiste énergique-
ment à l'établissement d'une route militaire russe
à travers le territoire roumain. Il propose que le
droit de passage des troupes russes rentrant dans
leur pays soit limité à la Dobrutscha. »
• Constantinople, le 2 octobre.
M. Layard a eu aujourd'hui avec le Sultan et
Safyet Pacha une conférence qui n'a pas duré
moins de cinq heures. On espère conclure un em-
prunt pour Chypre.
Ahmet, chef, des insurgés de Kosan, s'est
échappé.
Les Turcs ont réoccupé Kadikioï; ils s'avancent
vers Gallipoli. ••̃̃•̃
Le bruit court que Mouktar Pacha sera rem-
placé comme gouverneur de la Grète.. ̃;̃ •̃
Constantinople, le i" octobre, soir.
Le général Khérédine a été nommé sénateur.
La Porte doit soumettre à l'appréciation des
puissances le traité définitif conclu avec la Rus-
sie. ̃ "• '̃ •
Les commissaires de la Roumélie tiendront
jeudi une deuxième séance ils discuteront sur la
manière de procéder au vote.
Constantmople, le 2 octobre.
Les Turcs ont réoccupé hier Hadenkeui, éva-
cué par les Russes.
La Porte se propose d'élaborer un contre-projet
de réformes^pour r Asie-Mineure.
Ahmet Pacha, chef des insurgés deKosan, qui
était cerné, a réussi à s'échapper.
Le bruit court que Midhat Pacha ou le Grec
Savas Pacha remplacerait en Crète Ghazi-
Mouktar Pacha, qui a échoué dans sa mission.
(Officiel.) Le général tunisien Khérédine est
nommé muchir et sénateur.
Constantinople, le 1" octobre, soir.
Safvet Pacha a envoyé une circulaire dans là-
quelle il proteste vivement contre les imputa-
tions de la Grèce qui a accusé la Porte d'avoir
excité les Albanais de Tuessalie et d'Epire contre
cette puissance.
La circulaire constate que les accusations sont
dues au besoin qu'a la Grèce de justifier ses pré-
paratifs belliqueux et de voiler sa politique d'a-
gression contre la Turquie.
Semlin, le 2 octobre.
Plus de 4,000 insurgés bosniaques sont déjà
entrés en Serbie. Ils y ont apporté tout leur ma-
tériel de guerre. La milice serbe a déjà saisi 3
canons Krupp, 4,000 fusils, une grande quantité
de sabres, de kandjars et de revolvers, et beau-
coup de munitions. Le gouvernement a ordonné
d'interner les insurgés et a interdit la circulation
des bestiaux amenés par eux, parce qu'une épi-
zootie sévit en Bosnie.
Londres, le 2 octobre.
Le Times publie les nouvelles suivantes
Constantinople, le 30 septembre. L'amiral
Hqrnby a représenté à l'Amirauté anglaise que la
baie d*Artaki n'est pas un bon mouillage pour
l'hiver. Si la flotte doit rester dans la mer de
Marmara^ l'amiral la conduira d'ici à deux mois
dans la baie d'Ismidt.
Berlin, le i" octobre. Il paraît, que la Chine
a demandé une fois de plus, et avec plus d'insi-
stance que jamais, à la Russie la restitution dé
Kuldja.
Londres, le 2 octobre.
La suspension des paiemens de la banque City
of Glascow cause une grande émotion à Glascow.
On évalue le passif à 8 ou 10 millions sterling.
1 M. le ministre des travaux publics
i vient de rentrer à Paris après avoir vi-
site, du Nord jusqu'au Midi, la plupart de
nos grandes villes, et prononcé partout où
:il s'est arrêté des discours qui ont eu le
| plus légitime retentissement. Nous avons
vu dans ces discours ce qu'il y avait en
̃réalité beaucoup de bon sens, d'esprit et
ide cœur, une éloquence facile et précise
au service d'une pensée toujours juste et
conciliante, ce qui est le double caractère
i d'une pensée vraiment politique. Mais les
journaux de la droite'îjr ont vu tout autre
chose Peu leur importait ce que disait
M. le ministre des travaux publics; ils
n'ont cherché dans ses paroles que des
prétextes pour diviser d'abord le mi-
nistère, puis le parti républicain, ou,
pour mieux dire, ils n'y ont cherché que
des prétextes pour déclarer que le gou-
vernement était en désarroi et que les
républicains ne savaient plus à qui enten-
dre. Il est donc convenu que M. de Frey-
cinet est un homme dangereux, un véri-
table trouble-fêtë, un ministre fantaisiste
avec lequel personne ne saurait être pleine-
ment d'accord, soit ses collègues du mi-
nistère, soit les hommes les plus influens
de la majorité. Les journaux réactionnai-
res ont vécu pendant quelques jours sur la
prétendue opposition de M. Léon Say
et de M. de Freycinet. Chaque ma-
tin et chaque soir, la chronique bien
pensante s'enrichissait d'un détail nou-
veau, d'une anecdote piquante; d'un
renseignement inédit relatif à la guerre
latente mais acharnée que se faisaient les
deux ministres. Lorsqu'ils sont partis l'un
et l'autre pour Boulogne, grande a été la
surprise, et toutes les oreilles se sont
dressées. Qu'allait dire M. Léon Say ? 9
Qu'allait répliquer M. de Freycinet ? Les
voiles seraient-ils déchirés? Les senti-
mens secrets que les cœurs avaient tant
de peine à contenir seraient-ils trahis par
l'ardeur du discours ? Dès les premiers
mots qu'ils ont prononcés, MM. de Freyci-
net et Léon Say ont, en effet, dissipé
tous lés nuages." Leur union a paru com-
plète. Les journaux de la droite n'ont
eu d'autre ressource que d'accuser
M. Léon Say de manquer de caractère il
aurait dû, pour se-montrer digne de l'estime
dont ils l'accablaient, se séparer nette-
ment de son collègue et le traiter, par
exemple, comme les bonapartistes et les
royalistes se traitent entre eux dans les
momens où la préoccupation d'une bonne
tenue politique j fait place aux sentimens
naturels.
Quoi qu'il en soit, il a fallu renoncer
pour le moment à un thème qui avait
fourni pendant plusieurs sernaines une
matière si abondante mais, trop tôt,
hélas! 1 et trop brusquement épuisée.
Par bonheur, pendant que M. de. Freyci-
net continuait son voyage et ses discours,
M. Gambetta 'est allé à Romans et il a
parlé de son côté avec la vigueur de pa-
role qui lui est propre. Dès lors, la
presse réactionnaire n'a eu qu'à substi-
tuer au nom de M. Léon Say celui de
M. Gambetta, et elle a pu reproduire
sans autre changement ses articles de
la veille. Chaque discours de M. de
Freycinet a été comparé à celui de M. Gam-
betta, et l'on nous a montré entre l'un et
l'autre les différences les plus profondes.
M. Gambetta n'ayait-il pas annoncé l'inten-
tion de renverser, pour les écraser, tout
l'édifice social sur la tête des conserva-
teurs ? N'avait-il pas adressé avec colère
une sorte de vade rétro à tous les incer-
tains, les hésitans, les adversaires d'hier
qui voudraient se rallier aujourd'hui ? M. de
Freycinet, au contraire, avait ouvert lar-
gement les bras de la république, avait fait
appel à toutes les conversions, les avait
provoquées, sollicitées. Il avait con-
seillé aux républicains non seulement de
faire la moitié du chemin pour aller au-
devant des demi-convertis, mais de le
faire tout entier. N'y avait-il pas entre les
deux orateurs une différence telle, qu'au-
cune conciliation n'était possible ? En con-
séquence, les journaux de la droite ont
fait galamment tout le chemin pour re-
joindre M. de Freycinet, pour s'emparer de
lui, pour l'entourer de leurs plus ten-
dres caresses et ce jeu sentimental
a duré jusqu'au moment où M. le
ministre des travaux publics a dit à
Bordeaux i « Ah nous ne ramène-
» rons pas à nous certaines individualités
» inquiètes, remuantes, des esprits aigris,
» déçus dans leur ambition, quinepardon-
» nent pas à ceux qui ont pu avoir raison
» sur eux, et qui seront les ennemis ir-
» réconciliablesdetout régime dans lequel
» ils n'occuperont pas la première place.
» Ceux-là, pour les convertir, il fau-
» drait leur livrer la république, et
» vous sentez qu'à ce prix il vaut
» mieux se passer d'eux. C'est ce que
les journaux de la droite ne sentent pas
du tout ils entendent bien qu'on livre la
république à leurs amis ou que ceux-ci s'en
emparent Cettephrase du discours deM. de
Freycinet a paru extraite du discours de
Romans eue a rompu le charme. Déci-
dément, aux yeux des réactionnaires, M. de
Freycinet n'est bon qu'à faire des che-
mins de fer, des canaux ou des ports de
mer.
Les journaux républicains seuls ont
apprécié ces discours comme ils méri-
taient de l'être, les ont lus sans pré-
ventions, sans distractions, sans parti-
pris, et il suffit de les lire ainsi pour
les trouver excellens. Nous nous garde-
rons bien, pour notre compte, de les com-
parer au discours de Romans, car il ne
faut pas confondre les genres pas plus que
les situations. M. Gambetta a parlé à ses
risques et périls, comme un chef de parti,
libre, hardi d'allures, et, au total, n'enga-
geant que lui et ceux qui voudront bien le
suivre. Autre chose doit être la parole
d'un ministre sous un gouvernement
parlementaire, avec un cabinet homo-
gène et dont les membres sont solidaires
les uns des autres. Elle ne saurait être
trop mesurée, trop délicatement ménagée,
trop circonspecte, parce qu'elle engage le
gouvernement lui-même, et que tout le
monde, amis et ennemis, y cherche et a
le droit d'y trouver l'expression presque
officielle d'une pensée commune. M. de
Freycinet l'a bien compris, et sa parole
se prête merveilleusement à toutes ces
nuances. Il n'est aucun de ses collègues
qui n'eût voulu parler ainsi que M. de
Freycinet, et tous assurément accepte-
rontlaresponsabilitédetout ce qu'il a dit.
C'est le langage d'un homme de gouverne-
ment. Nous ne connaissions pas encore
M. de Freycinet comme orateur politique,
mais. ils'estfait connaître et il apris sa place
du premier coup. Il est impossible de par-
ler avec plus de netteté, de fermeté et
en même temps de bonne grâce qu'il ne
l'a fait à Boulogne, à Dunkerque, à Nan-
tes, à La Rochelle et à Bordeaux. Si
vous voulez connaîtreles aspirations encore
un peu indéterminées d'une fraction du
i parti républicain, lisez le discours de
Romans; mais le programme du gouverne-
ment, les idées et les sentiméns dont il
s'inspire, lès projets qu'il prépare, c'est
dans les discours de M. le ministre des
travaux publics que vous les trouverez.
Ces discours qui ont répandu dans le
pays tant de saines idées sont parfaite-
ment propres à resserrer l'union du parti
républicain parce que si on nous a
indiqué ailleurs ce qu'il faudra faire plus
tard, beaucoup plus tard, on trouve ici
ce qu'il faut faire tout de suite et ce qu'il
faut être en ce moment même. Or, sur ce
point.lesopinionssontunanimes.Lapresse
républicaine n'a donc eu qu'un avis sur les
discours de M. de Freycinet, et nous n'avons
trouvé nulle part chez elle ni restrictions ni
réserves. Lorsque M. de Freycinet a eu ex-
primé sa pensée tout entière, et qu'il l'a eu
si heureusement complétée à Bordeaux,
par la phrase prudente que nous avons
reproduite plus haut l'accord s'est
trouvé absolu entre tous les républicains
et M. le ministre des travaux publics. Oui,
nous sommes disposés à la conciliation,
mais nous n'avons pas perdu l'habitude
de nous défendre, et, si nous avons
beaucoup appris depuis quelque temps,
nous n'avons rien oublié de l'histoire de
ces dernières années. La bonne politique
consiste dans la mesure et le tact avec
lesqiîels on applique ses principes, car les
meilleurs principes ont encore besoin,
dans l'application, de tact et de mesure.
Nous trouvons toutes ces qualités
dans les discours de M. de Freycinet,
et voilà pourquoi nous disons d'eux qu'ils
constituent le programme avec lequel il
faudra se préparer et se présenter aux
prochaines élections sénatoriales.
'•; FBANCIS CHARMES.
On nous écrit de Constantinople, le
25 septembre
« On formé à Kossova un camp pour le-
quel partent chaque jour des troupes nouvel-
les,'pas de celles toutefois qui rentrent de Rus-
sie, car on se méfie d'elles un peu et on les
renvoie dans leurs foyers. Croit-on qu'elles
aient pu puiser par là des idées de liberté et
d'indépendance? Evidemment non. On se
figure qu'on aura pris soin d'édifier ces pau-
vres prisonniers sur le compte de ce qui
passe pour être le gouvernement de la Tur-
quie, et on les redoute.
» Quelle que soit, du reste, la composition
de cette armée de Kossova, on pourra pro-
bablement en tirer parti s'il faut la conduire
aux Grecs. Seulement,s'il s'agit de l'employer
à étouffer les aspirations albanaises, qu'on ne
compte plus sur elle, elle ne marchera pas
plus -qu'elle n'a marché contre les Bosniaques,
etqu'elle ne marcherait contre les Pomaks du
Rhodope. Les désertions, déjà nombreuses de
tous côtés, ce ne peut être la solde qui re-
tienne nos soldats sous les drapeaux, aug-
menteraient encore, au grand dommage de
la sécurité publique, assez compromise déjà
sur plus d'un point de l'empire.
» Le hasard m'a mis en rapport dernière-
ment avec deux beys albanais, deux person-
nages, l'un chrétien et l'autre mululman.
Ce que j'ai entendu de l'un et de l'autre m'a
prouvé une fois de plus que la question reli-
gieuse n'était pour rien dans l'éloignement
qui s'est maintenu entre les races. {Test sur--
tout l'idée turque, c'est-à-dire l'idée conqué-
rante et dominatrice, et non l'idée musul-
mane qui a empêché la fusion. Le Turc mé-
prise le chrétien parce que c'est le vaincu
il le redoute en autre parce qu'il se sent in-
férieur à lui en intelligence, en activité il
n'a voulu alors se départir en rien à son égard
du grand principe de la force primant le
droit. On sait où cela l'a conduit.
» Il existe sans contredit, en Albanie, des
rivalités qui dégénèrent souvent en luttes
sanglantes; mais la religion n'y est pour
rien il s'agit là tout simplement de que-
relles de clan à clan comme autrefois en
Ecosse, ou de famille à famille, comme en
Corse. Une femme séduite, un mouton en-
levé, et voilà la guerre allumée d'une
tribu à l'autre chacun, musulman ou ehré*
tien, y prend part et du mieux qu'il peut.
Dans la question actuelle, l'accord est com-
plet et existe dans la nation entière.
» Les deux beys avec lesquels je me trou-
vais m'ont exposé le desideratum de leur
pays, et je les ai trouvés constamment du
môme avis; ils m'ont formulé leur pro-
gramme c'est celui qu'ils soumettront avant
peu à la Porte, et ils feront comprendre qu'il
n'y a pas à le censurer.
» Suivant eux, voici ce que veulent les
Albanais conserver la souveraineté du Sul-
tan et ne pas céder un pouce de leur terri-
toire. '̃'
» Réunir l'Albanie, comprenant aujour-
jourd'hui les trois vilayets de Scodra, Kos-
sova et Janina, en un seul vilayet dont l'àd-
ministration serait confiée à un gouverneur
général instruit, intelligent, intègre, con->
naissant^ les besoins du pays, dévoué à ses'
intérêts et n'étant pas l'esclave aveugle
du gouvernement central; confier toutes
les branches de l'administration civile, judi-
ciaire, militaire, à des fonctionnaires possé-
dant la langue albanaise de manière à pou-
voir se mettre en rapports directs avec la
population s'en rapporter au suffrage univer-
sel, sans distinction de race ni de croyance
pour le choix des conseillers communaux qui
éliraient les conseillers des districts (kazas.)
Ceux-ci nommeraient à leur tour les conseil-
lers des sandjaks, lesquels, finalement, com-
poseraient à leur gré le grand conseil
administratif du vilayet. Chaque année, les
districts enverraient leurs députés au chef-
lieu du vilayet pour y constituer le conseil
national dont la mission serait de statuer
sur les agissemens des fonctionnaires, sur
les besoins du pays et sur les améliora-
tions nécessaires. Ce conseil nommerait
un inspecteur général qui, parcourant
le pays, se rendrait compte par lui-même
de la conduite des fonctionnaires et requer-
rait contre eux, lorsqu'il y aurait lieu, auprès
du grand conseil du vilayet. La langue turque
resterait la langue officielle dans les rapports
du vilayet avec les autorités de Constantino-
ple, mais la langue albanaise serait recon-
nue comme langue du pays et employée
dans les conseils et dans les tribunaux. De
nombreuses écoles seraient fondées, et une
partie des revenus du vilayet serait affectée à
cette destination. Une milice nationale serait
instituée pour la défense du pays tous les
hommes en état de porter les armes en fe-
raient partie, sans distinction de classe ou
de croyance; cette force comprendrait 200 ba-
taillons pour lesquels le gouvernement im-
périal fournirait des officiers sachant l'alba-
nais, et capables d'organiser régulièrement
et d'instruire la troupe.
» Tel est le programe que je vous donne
comme officiel en quelque sorte. Il y a là
une tendance évidente à l'autonomie: Soit! 1
Mais que le gouvernement de Stamboul corn-
prenne donc que le temps de la force est passé
et que dans la généralisation seule de cette
tendance est le salut de cette mosaïque
qui pendant des siècles a constitué l'empire
ottoman. Seulement, peut-on espérer le voir
faire les concessions nécessaires de ce
côté quand on le voit prendre des
résolutions semblables à celle que l'on doit à
la haute sagesge de la commission du retrait
du caïmé? Elle s'est hâtée d'en finir, cette
commission; il le fallait bien, car, de'toutes
les mesures à prendre, le Sultan regardait
celle-ci comme la plus urgente on travaillé,
à cette heure, au texte du décret. Cette com-
mission a été composée d'éminentes capacités
financières, Osman Pacha entre autres. Qu'al-
lait faire dans cette galère le défenseur de
Plevna? Aussi s'est-on arrêté à la mesure la
plus déplorable, la plus inquiétante, la plus
grosse de périls.
u Les 15 millions de livres turques en caï-
més que nous avons en circulation vont être
convertis en titres de rente rapportant 3 0/0
d'intérêt, avec un amortissement de 10/0-
c'est donc 600,000 livres turques qu'il va fal-
loir trouver chaque, année pour le service,
dont 450,000, représentant les intérêts, seront
entièrement perdus.
» Les 600,000 livres sont garanties par les
surtaxes mises sur les spiritueux, le sel, le
tabac. Mais nous savons ce que valent lès
garanties en Turquie sur combien de garan-
ties ne s'appuyait pas le caïmé à son origine!
Or vous n'ignorez pas ce que sont devenus
garanties et caïmés; ce dernier est aujour-
d'hui à 320, c'est-à-dire qu'il a perdu plus des
deux tiers de sa valeur.
» Admettons toutefois qu'on trouve ces
600,000 livres n'était-il pas plus rationnel de
les employer intégralement au retrait dû
caïmé? Il mettait alors vingt à vingt-cinq
ans à disparaître, et illui faudra un siècle, oui,
un siècle, avec la combinaison arrêtée. En
outre, le Trésor perdra le montant des inté-
rêts. Multiplié par le nombre d'années, à à
quelle somme formidable, sacrifiée comme si
on la jetait dans le Bosphore, n'arrivera- t-on
pas ?
» Le public, au moins, retirera-t-il un avan-
tage d'un pareil sacrifice? Les caïmés,
vous disais-je, vont être remplacés par des
titres de rente seulement, les coupures ne
descendront pas au-dessous de 100 piastres,
et c'est avec cela qu'il faudra se présenter
chez le boulanger pour acheter sa livre de
pain. N'est-ce pas une dérision, puisque la
monnaie circulante que nous avons, toute dé-
préciée qu'elle est, mais en fait la seule que
nous ayons, aura disparu brusquement, tout
d'un coup ? Que nous restera-t-il pour les
transactions de chaque jour, de chaque in-
stant? La monnaie d'or, d'argent, de cuivre
qui se cache, disent les rares partisans tiu
projet, reparaîtra forcément. Elle se cachera
au contraire d'autant plus que la situation
sera aggravée, que la crise sera plus mena-
çante encore.
» Les coupures rapporteront intérêt, et l'a-
mortissement s'effectuera par voie de tirage
au sort. Quelles commodités pour le publicj
obligé, si jamais la chose était prise au sé-
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~i" QU'
JEUDI 5 OCTOBRE
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-• chez MM. Fauchey, EiafHte et CV ̃̃–̃•
8, place de la Bourse,
et au bureau du JOURNAL ç
elles doivent touj ours être agréées par la rédaction.
t:-
̃- PARIS
MERCREDI 2 OCTOBRE
Les nouvelles de Pesth ont aujourd'hui
un caractère inquiétant. On annonce que
le ministre des finances, M. Szell, a donné
sa démission, et que cette démission en-
traînerait celle du cabinet tout entier.
M. Tisza serait parti pour Vienne, suivant
les uns pour présenter la démission col-
lective du ministère, suivant les autres
pour donner et pour demander des expli-
cations. Tous ces détails nous sont appor-
tés par le télégraphe, dans le langage pré-
cis mais succinct qui distingue ce genre
d'information. On conçoit que nous ne
puissions pas exprimer une opinion
suffisamment éclairée pour être défini-
tive sur des événemens que nous ne
connaissons que d'une manière aussi
imparfaite; mais il est clair que, dans
lescirconstances actuelles, la démission
de M. Tisza et de ses collègues aurait, si
elle était maintenue, unè extrême gravité.
L'opinion publique est étrangement sur-
excitée en Hongrie, et c'est sous l'in-
fluence de cette opinion ardente et pas-
sionnée que le ministère semble avoir
perdu son équilibre, et qu'il se retire sans
attendre la réunion du Parlement. Si c'est
le ministre des finances qui a donné le
signal de la dislocation du cabinet, c'est
que la question, qui est, au fond, essen-
tiellement politique, a pris les apparences
d'une question purement financière.
M. Szell a donné sa démission plutôt que
de fournir le deuxième versement de la
quote-part afférente à la Hongrie dans
le fonds de 60 millions de florins qui
avaient été votés pour subvenir aux
dépenses de la guerre. Disons mieux
lorsque les 60 millions de florins ont
été votés, il ne s'agissait pas encore
de l'occupation de l'Herzégovine et de la
Bosnie le comte Ândrassy n'avait de-
mandé ce vote qu'afin de relever devant
l'Europe sa situation morale,, afin de faire
bonne figure au Congrès, et afin de se
trouver à même de subvenir à tous les
besoins que les circonstances pourraient
imposer. Au point de vue purement par-
lementaire, il est incontestable que le
Parlement hongrois à le droit de juger
la politique qui a été suivie et l'emploi
qui a été fait des fonds votés par lui. Le
ministre n'attend pas le jugement du Par-
lement l'opinion s'est prononcée dans
toute la Hongrie avec un ensemble et une
netteté qui ne laissent aucun doute sur
les vrais sentimens du pays. La campa-
gne entreprise pour l'occupation de l'Her-
zégovine et de la Bosnie est condamnée,
et, si le Parlement ne s'oppose pas à ce
deuxième versement que M. Szell a cru
devoir opérer, il réclamera de la part du
gouvernement des explications complètes
et des engagemens formels au sujet des
dépenses futures. C'est du moins ce qu'on
peut augurer d'après une lettre de M. Ga-
briel Varady ancien président de la
Chambre des Députés, et partisan de
M. Tisza, lettre qui a été reproduite par
la plupart des journaux hongrois et qui
révèle les dispositions du parti libéral et
gouvernemental. M. Varady avertit assez
fièrement certains cercles de la cour, qui
se' trompent, dit-il, s'ils croient qu'on
en finira sans peine avec le Parle-
ment lorsqu'il demandera à quel chif-
fre se monteront les frais de l'occupation
autrichienne en Herzégovine et en Bosnie.
Il y aura sur ce point les luttes les plus
longues'et les plus violentes. Le gouver-
nement sera l'objet des plus vives atta-
ques, et les propositions de mise en accu-
sation pleuvront sur sa tête. Mais, dit
M. Varady, « le talon d'Achille » du gou-
vernement, le point sensible où ses ad-
versaires viseront ne sera pas la question
des dépenses passées ou présentés, mais
eelle des dépenses à venir et des moyens
d'y subvenir. Sur le choix de ces moyens,
les projets les plus divers et les plus con-
tradictoires se sont déjà fait jour: le
ministre des finances autrichien pro-
pose une nouvelle émission de ren-
tes le ministre hongrois propose
une augmentation du nombre des billets
de banque enfin le ministre com-
mun, M. le baron Hoffmann, propose
d'aliéner le monopole du tabac. Voilà, en
effet, des propositions bien opposées et
entre lesquelles le choix sera difficile.
Mais il faudra choisir, conclut M. Valady,
car on ne saurait croire que les anciennes
mines d'or de la Bosnie puissent remplir
îe vide considérable qui s'est produit dans
les finances du royaume et qui va se creu-
ser de plus en plus profondément.
On le voit c'est sur le terrain des fi-
nances que la question est posée; mais,
en réalité il s'agit de tout autre chose
que de florins, et, bien que le budget
austro-hoDgrôis ne présente pas un équi-
libre très facile ni • -très- -stable, ce n'est
pas une difficulté financière qui enflam-
merait les esprits au point où nous les
voyons déjà montés. Rien n'est plus dé-
licat "que de faire vivre ensemble, côte
à côte des nationalités différentes, et,
malgré la divergence de leurs intérêts, de
les, maintenir sous un gouvernement
commun.1 Le dualisme a donné quelques
années de paix àl'A-atriche^ïoogrie, et les
Hongrois en particulier se sont habitués
à cette. forme de gouvernement.' Par mal-
heur, les Hongrois se croient menacés
dans un avenir plus ou moins prochain,
'u F fYüY ~J
.~fti,1'5i ~~1,
par rintro3ûcîîon au sein de l'empire
i d'élémens nouveaux et probablement
i hostiles. La résolution que viennent de
prendre les Vieux Tchèques et leur entrée
dans la Diète devaient contribuer à inquié-
ter les Magyars. Tous ces motifs réunis
ont provoqué les instincts mal endormis
du particularisme hongrois, et l'on peut
craindre à Vienne de se trouver à la veille
des événemens les plus compliqués. Il
faudrait, pour se tirer d'une situation sem-
blable, beaucoup d'habileté et de cette fer-
meté qui ne vient pas de l'entêtement, mais
d'une parfaite connaissance des élémens
auxquels on a affaire. Après les fautes
commises, il faudrait n'en commettre au-
cune nouvelle. Le gouvernement de
Vienne aura-t-il cette sagesse et cette
perspicacité ? 2
y Une dépêche adressée de Constantinople
à la Kmlnische Zeitung nous fait craindre
le contraire. D'après cette dépêche, le
comteZichy aurait fait savoir au gouverne-
ment turc que l'Autriche était prête à trai-
ter d'une convention au sujet de l'occupa-
tion du sandjak de Novi-Bazar. Il accep-
terait même les conditions proposées
par la Porte, sauf à discuter sur la
durée de cette occupation. Pour ce qui
est des conditions de l'occupation de
l'Herzégovine et de la Bosnie, l'Autriche
n'en parle plus. Elle se considère comme
ayant sur ces provinces le droit de con-
quête, ce qui la dispense d'acquérir ou de
régler des droits purement diplomatiques.
On reconnaît là les habitudes d'esprit du
parti militaire à Vienne. Ce parti vit littéra-
lement au jour le jour, oubliant les diffi-
cultés de la veille, ignorant celles du len-
demain, tout entier au découragement
lorsqu'il trouve un obstacle, et à une pré-
somption sans mélange de prudence lors-
qu'il l'a surmonté. Nous avons une jolie
comédie qui s'appelle le Joueur et que les
Autrichiens lettrés connaissent bien. Lors-
que le joueur est malheureux, lorsqu'il a
perdu de grosses sommes il rêve amou-
reusement à une convention matrimoniale
qui doit rétablir ses affaires; mais viennent
la chance et la veine, il n'y pense plus
et iùe croit plus avoir besoin de rien
ni de personne. Toute la comédie roule
sur ces alternatives toujours les mê-
mes et toujours amusantes parce qu'elles
tiennent à un caractère qui prête à
rire. C'est à une comédie de ce
genre que l'Autriche nous fait assister
depuis quelques mois. Aujourd'hui le
parti militaire, si puissant à la cour, en-
flé de ses succès, faille rêve de Pichro-
cole mais que sera demain ? Ce n'est pas
tout que d'avoir occupé deux provinces, il
faut les pacifier et y établir un gouverne-
ment. Et ce. n'est pas tout que de pacifier
l'Herzégovine et la Bosnie, il faudra encore
apaiser les esprits en Hongrie, ce]à quoi les
militaires pourraient bien être assez im-
propres, soit qu'ils opèrent sur la Bosnie,
soit qu'ils opèrent sur la Hongrie elle-
même. Le gouvernement autrichien ou-
blie trop que gouverner c'est prévoir
il ne prévoit rien.
BOURSE DE PARIS
Clôture le l*r le 2 SHau«*e. Baisse.
1 8-O/O 0 .̃̃ ̃'̃ ̃.̃̃:•'̃ -̃- •
Comptant. 76 35 -76 35
Fin cour. 76 32 1/2 76 35 2 1/2
8 O/O
Amortissable.
Comptant. 79 5 79 35 '• • 30
Fin cour. 7.9 35 79 37 1/2 ,2 1/2
4 1/» O/O
Comptant 106 25 106 > .< 25 J.
s o/o '̃ ̃̃•̃
Comptant 113 45 113 70 • 25
Fin cour. 113 75 113 85 10,
v PBTITB BOURSB BU SOIR.
Emprunt 5 0/0. H3fr.8O, 761/4. 1" ?
3 0/0 amortissable. 79 fr. 30. 1,1
Extér" espagnole.. 14 9/32. 1
5 0/0 turc 12 fr. 15, 12 fr. 12 1/2.
Banque ottomane.. 492 fr. 50.
Florins (or). 63 9/16,1/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 288 fr. 12 1/2, 286 fr. 25,
286 fr. 87 1/2.
Nous recevons de nos correspondans
les dépêches suivantes
o Vienne, le 2 octobre, 7 h. 8 m. soir.
b La crise dure toujours. Les efforts qui ont
été faits pour amener une entente ont été
jusqu'ici sans résultat. Le ministère hongrois
approuve en principe l'occupation, mais il
voudrait la restreindre et la limiter il vou-
drait aussi contracter un emprunt commun,
mais le gouvernement cisleithan s'y refuse
il désirerait que la Hongrie le fit seule. On
est résolu ici à faire des concessions en rédui-
sant à leur minimum les sommes demandées.
On parait également décidé à abandonner
pour le moment le projet de l'occupation de
Novi-Bazar. Les ministres ont fréquemment
des conférences avec l'empereur et entre eux.
On s'attend demain à un résultat que l'on
ignore encore. Si, malgré tout, M. Szell per-
siste à donner sa démission, M. Tisza, qui ne
peut pas quitter le ministère et qui approuve
au fond, la politique du comte Andrassy,
cherchera un nouveau ministre des finances. »
« Vienne, le 2 octobre, 7 h. 39 m. soir.
» L'entente finale au sujet de la convention
entre l'Autriche et la Turquie est de nouveau
compromise. Si l'occupation de la Bosnie et de
l'Herzégovine avait été terminée, la conven-
tion aurait pu se faire sur la base de con-
cessions réciproques; mais l'Autriche, propo-
sant des concessions moins importantes?, à
cause des provinces qu'elle considère comme
conquises, parait disposée à demander le con-
cours des armées turques pour réduire Novi-:
Bazar.
» Dans le cas où l'occupation de Novi-Bazar
serait abandonnée pour, cette année, la con-
vention ne pourrait pas offrir à l'Autriche les
avantages que la Turquie semble, lui faire va-
loir. »
Londres, ale 2 octobre.
Le Times publie une lettre de lord Lawrence,
ancien vice-roi des Indes, dans laquelle le noble
lord s'efforce de détourner l'Angleterre d'une
campagne d'invasion contre l'Afghanistan, parce
que les dépenses qu'entraînerait cette, campagne
ruineraient d'une manière complète les finances
des Indes.
Lord Lawrence conseille de ne pas traiter l'émir
trop durement, et il insiste sur ce point qu'il ne
saurait y avoir de véritable déshonneur pour
l'Angleterre à entrer en composition avec lui.
On télégraphie de Bombay au Standard
Les dernières nouvelles de Simla annoncent
qu'une occasion a été donnée à l'émir de faire
amende honorable pour l'affront dont il s'est
rendu coupable envers la mission anglaise.
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Rome, le 2 octobre.
Mgr Jacobini, en quittant Rome, n'est pas allé
directement occuper son poste de nonce à vienne.
Il a eu quelques missions spéciales à remplir. Il
passera encore par Genève et Munich.
Dans cette dernière ville, il aura une entrevue
avec le nonce Masella, auquel il remettra les in-
structions du cardinal Nina pour les négociations
avec l'Allemagne.
Les instructions que Mgr Jacobini a reçues
relativement aux négociations avec la Russie
pour l'Eglise de Pologne ne sont pas définitives.
Les négociations dépendront de l'accueil que re-
cevront quelques propositions qui doivent servir
,dé point de départ. Ces propositions consistent à
pourvoir le plus' tôt possible à' de nombreuses
vacances d'évêchés et de cures.
M. Cairoli, chargé de l'intérim du ministère du
commerce et de l'agriculture, reviendra' aujour-
d'hui à Rome..
Berlin, le 2 octobre.
La Correspondance provinciale, parlant de la ré-
cente lettre du Pape au cardinal- Nina, dit que
cette manifestation est une nouvelle preuve de la
sérieuse intention qu'a Léon XIII de rétablir là
paix de l'Eglise, et montre aussi que le Pape est
convaincu que le gouvernement allemand éprouve
le même désir..
La feuille officieuse ajoute que l'on est étonné
de voir la contradiction marquée qui existe entré
l'attitude de Léon XIII et celle que la presse ul-
tramontaine a prise en constatant les, intentions
pacifiques du Saint-Siège et la perspective d'une
réconciliation entre l'Eglise et l'Etat.
La durée du séjour de l'empereur à Baden-
Baden,et la date de son retour à Berlin ne sont
pas encore fixées. >
Berlin, le 2 octobre.
D'après une lettre digne d'attention, adressée
de Saint-Pétersbourg à la Gazette de ï 'Allemagne,
du Nord, la tendance générale de la politique
russe est, quoi qu'il arrive, de* rester en paix sur
la base du traité de Berlin; les alarmistes du
parti militaire eux-mêmes ne songent qu'a la dé-
fensive. H est évident que, dans ces conditions et
avec "ces dispositions, la Russie ne veut ni entre-
prendre quelque chose avec l'Afghanistan, ni
seconder les entreprises de cet Etat.
L'auteur de la lettre répète en terminant
« En fin de compte, il s'agit pour nous d'arriver
au repos sur les bases du traité de Berlin, au re-
pos à l'intérieur comme à l'extérieur. La Russie
doit, dans un pareil travail pacifique, rassembler
ses forces. »
̃ Berlin, le 2 octobre.
La commission de la loi contre les socialistes a
adopté la loi en seconde lecture, en maintenant
toutes les dispositions essentielles adoptées en
première lecture, même la limitation de la durée
de la loi à deux ans et demi, malgré l'opposition
faite, à cet article par le ministre de l'intérieur.
1 Londres, le 2 octobre.
Une dépêche de Berlin, adressée à la Pall Mail
Gazette, annonce les nouvelles suivantes
« L'opposition faite par la Russie au choix de
Philippopoli comme lieu de réunion de la com-
mission internationale de la Roumanie orientale
a troissé l'Allemagne.
s> Celle-ci craint, en effet, que le gouvernement
russe ne fasse aussi opposition sur d'autres points,
principalement au choix de Tirnova comme lieu
de réunion de la commission consulaire de Bulf
garïe.
s> Le gouvernement roumain résiste énergique-
ment à l'établissement d'une route militaire russe
à travers le territoire roumain. Il propose que le
droit de passage des troupes russes rentrant dans
leur pays soit limité à la Dobrutscha. »
• Constantinople, le 2 octobre.
M. Layard a eu aujourd'hui avec le Sultan et
Safyet Pacha une conférence qui n'a pas duré
moins de cinq heures. On espère conclure un em-
prunt pour Chypre.
Ahmet, chef, des insurgés de Kosan, s'est
échappé.
Les Turcs ont réoccupé Kadikioï; ils s'avancent
vers Gallipoli. ••̃̃•̃
Le bruit court que Mouktar Pacha sera rem-
placé comme gouverneur de la Grète.. ̃;̃ •̃
Constantinople, le i" octobre, soir.
Le général Khérédine a été nommé sénateur.
La Porte doit soumettre à l'appréciation des
puissances le traité définitif conclu avec la Rus-
sie. ̃ "• '̃ •
Les commissaires de la Roumélie tiendront
jeudi une deuxième séance ils discuteront sur la
manière de procéder au vote.
Constantmople, le 2 octobre.
Les Turcs ont réoccupé hier Hadenkeui, éva-
cué par les Russes.
La Porte se propose d'élaborer un contre-projet
de réformes^pour r Asie-Mineure.
Ahmet Pacha, chef des insurgés deKosan, qui
était cerné, a réussi à s'échapper.
Le bruit court que Midhat Pacha ou le Grec
Savas Pacha remplacerait en Crète Ghazi-
Mouktar Pacha, qui a échoué dans sa mission.
(Officiel.) Le général tunisien Khérédine est
nommé muchir et sénateur.
Constantinople, le 1" octobre, soir.
Safvet Pacha a envoyé une circulaire dans là-
quelle il proteste vivement contre les imputa-
tions de la Grèce qui a accusé la Porte d'avoir
excité les Albanais de Tuessalie et d'Epire contre
cette puissance.
La circulaire constate que les accusations sont
dues au besoin qu'a la Grèce de justifier ses pré-
paratifs belliqueux et de voiler sa politique d'a-
gression contre la Turquie.
Semlin, le 2 octobre.
Plus de 4,000 insurgés bosniaques sont déjà
entrés en Serbie. Ils y ont apporté tout leur ma-
tériel de guerre. La milice serbe a déjà saisi 3
canons Krupp, 4,000 fusils, une grande quantité
de sabres, de kandjars et de revolvers, et beau-
coup de munitions. Le gouvernement a ordonné
d'interner les insurgés et a interdit la circulation
des bestiaux amenés par eux, parce qu'une épi-
zootie sévit en Bosnie.
Londres, le 2 octobre.
Le Times publie les nouvelles suivantes
Constantinople, le 30 septembre. L'amiral
Hqrnby a représenté à l'Amirauté anglaise que la
baie d*Artaki n'est pas un bon mouillage pour
l'hiver. Si la flotte doit rester dans la mer de
Marmara^ l'amiral la conduira d'ici à deux mois
dans la baie d'Ismidt.
Berlin, le i" octobre. Il paraît, que la Chine
a demandé une fois de plus, et avec plus d'insi-
stance que jamais, à la Russie la restitution dé
Kuldja.
Londres, le 2 octobre.
La suspension des paiemens de la banque City
of Glascow cause une grande émotion à Glascow.
On évalue le passif à 8 ou 10 millions sterling.
1 M. le ministre des travaux publics
i vient de rentrer à Paris après avoir vi-
site, du Nord jusqu'au Midi, la plupart de
nos grandes villes, et prononcé partout où
:il s'est arrêté des discours qui ont eu le
| plus légitime retentissement. Nous avons
vu dans ces discours ce qu'il y avait en
̃réalité beaucoup de bon sens, d'esprit et
ide cœur, une éloquence facile et précise
au service d'une pensée toujours juste et
conciliante, ce qui est le double caractère
i d'une pensée vraiment politique. Mais les
journaux de la droite'îjr ont vu tout autre
chose Peu leur importait ce que disait
M. le ministre des travaux publics; ils
n'ont cherché dans ses paroles que des
prétextes pour diviser d'abord le mi-
nistère, puis le parti républicain, ou,
pour mieux dire, ils n'y ont cherché que
des prétextes pour déclarer que le gou-
vernement était en désarroi et que les
républicains ne savaient plus à qui enten-
dre. Il est donc convenu que M. de Frey-
cinet est un homme dangereux, un véri-
table trouble-fêtë, un ministre fantaisiste
avec lequel personne ne saurait être pleine-
ment d'accord, soit ses collègues du mi-
nistère, soit les hommes les plus influens
de la majorité. Les journaux réactionnai-
res ont vécu pendant quelques jours sur la
prétendue opposition de M. Léon Say
et de M. de Freycinet. Chaque ma-
tin et chaque soir, la chronique bien
pensante s'enrichissait d'un détail nou-
veau, d'une anecdote piquante; d'un
renseignement inédit relatif à la guerre
latente mais acharnée que se faisaient les
deux ministres. Lorsqu'ils sont partis l'un
et l'autre pour Boulogne, grande a été la
surprise, et toutes les oreilles se sont
dressées. Qu'allait dire M. Léon Say ? 9
Qu'allait répliquer M. de Freycinet ? Les
voiles seraient-ils déchirés? Les senti-
mens secrets que les cœurs avaient tant
de peine à contenir seraient-ils trahis par
l'ardeur du discours ? Dès les premiers
mots qu'ils ont prononcés, MM. de Freyci-
net et Léon Say ont, en effet, dissipé
tous lés nuages." Leur union a paru com-
plète. Les journaux de la droite n'ont
eu d'autre ressource que d'accuser
M. Léon Say de manquer de caractère il
aurait dû, pour se-montrer digne de l'estime
dont ils l'accablaient, se séparer nette-
ment de son collègue et le traiter, par
exemple, comme les bonapartistes et les
royalistes se traitent entre eux dans les
momens où la préoccupation d'une bonne
tenue politique j fait place aux sentimens
naturels.
Quoi qu'il en soit, il a fallu renoncer
pour le moment à un thème qui avait
fourni pendant plusieurs sernaines une
matière si abondante mais, trop tôt,
hélas! 1 et trop brusquement épuisée.
Par bonheur, pendant que M. de. Freyci-
net continuait son voyage et ses discours,
M. Gambetta 'est allé à Romans et il a
parlé de son côté avec la vigueur de pa-
role qui lui est propre. Dès lors, la
presse réactionnaire n'a eu qu'à substi-
tuer au nom de M. Léon Say celui de
M. Gambetta, et elle a pu reproduire
sans autre changement ses articles de
la veille. Chaque discours de M. de
Freycinet a été comparé à celui de M. Gam-
betta, et l'on nous a montré entre l'un et
l'autre les différences les plus profondes.
M. Gambetta n'ayait-il pas annoncé l'inten-
tion de renverser, pour les écraser, tout
l'édifice social sur la tête des conserva-
teurs ? N'avait-il pas adressé avec colère
une sorte de vade rétro à tous les incer-
tains, les hésitans, les adversaires d'hier
qui voudraient se rallier aujourd'hui ? M. de
Freycinet, au contraire, avait ouvert lar-
gement les bras de la république, avait fait
appel à toutes les conversions, les avait
provoquées, sollicitées. Il avait con-
seillé aux républicains non seulement de
faire la moitié du chemin pour aller au-
devant des demi-convertis, mais de le
faire tout entier. N'y avait-il pas entre les
deux orateurs une différence telle, qu'au-
cune conciliation n'était possible ? En con-
séquence, les journaux de la droite ont
fait galamment tout le chemin pour re-
joindre M. de Freycinet, pour s'emparer de
lui, pour l'entourer de leurs plus ten-
dres caresses et ce jeu sentimental
a duré jusqu'au moment où M. le
ministre des travaux publics a dit à
Bordeaux i « Ah nous ne ramène-
» rons pas à nous certaines individualités
» inquiètes, remuantes, des esprits aigris,
» déçus dans leur ambition, quinepardon-
» nent pas à ceux qui ont pu avoir raison
» sur eux, et qui seront les ennemis ir-
» réconciliablesdetout régime dans lequel
» ils n'occuperont pas la première place.
» Ceux-là, pour les convertir, il fau-
» drait leur livrer la république, et
» vous sentez qu'à ce prix il vaut
» mieux se passer d'eux. C'est ce que
les journaux de la droite ne sentent pas
du tout ils entendent bien qu'on livre la
république à leurs amis ou que ceux-ci s'en
emparent Cettephrase du discours deM. de
Freycinet a paru extraite du discours de
Romans eue a rompu le charme. Déci-
dément, aux yeux des réactionnaires, M. de
Freycinet n'est bon qu'à faire des che-
mins de fer, des canaux ou des ports de
mer.
Les journaux républicains seuls ont
apprécié ces discours comme ils méri-
taient de l'être, les ont lus sans pré-
ventions, sans distractions, sans parti-
pris, et il suffit de les lire ainsi pour
les trouver excellens. Nous nous garde-
rons bien, pour notre compte, de les com-
parer au discours de Romans, car il ne
faut pas confondre les genres pas plus que
les situations. M. Gambetta a parlé à ses
risques et périls, comme un chef de parti,
libre, hardi d'allures, et, au total, n'enga-
geant que lui et ceux qui voudront bien le
suivre. Autre chose doit être la parole
d'un ministre sous un gouvernement
parlementaire, avec un cabinet homo-
gène et dont les membres sont solidaires
les uns des autres. Elle ne saurait être
trop mesurée, trop délicatement ménagée,
trop circonspecte, parce qu'elle engage le
gouvernement lui-même, et que tout le
monde, amis et ennemis, y cherche et a
le droit d'y trouver l'expression presque
officielle d'une pensée commune. M. de
Freycinet l'a bien compris, et sa parole
se prête merveilleusement à toutes ces
nuances. Il n'est aucun de ses collègues
qui n'eût voulu parler ainsi que M. de
Freycinet, et tous assurément accepte-
rontlaresponsabilitédetout ce qu'il a dit.
C'est le langage d'un homme de gouverne-
ment. Nous ne connaissions pas encore
M. de Freycinet comme orateur politique,
mais. ils'estfait connaître et il apris sa place
du premier coup. Il est impossible de par-
ler avec plus de netteté, de fermeté et
en même temps de bonne grâce qu'il ne
l'a fait à Boulogne, à Dunkerque, à Nan-
tes, à La Rochelle et à Bordeaux. Si
vous voulez connaîtreles aspirations encore
un peu indéterminées d'une fraction du
i parti républicain, lisez le discours de
Romans; mais le programme du gouverne-
ment, les idées et les sentiméns dont il
s'inspire, lès projets qu'il prépare, c'est
dans les discours de M. le ministre des
travaux publics que vous les trouverez.
Ces discours qui ont répandu dans le
pays tant de saines idées sont parfaite-
ment propres à resserrer l'union du parti
républicain parce que si on nous a
indiqué ailleurs ce qu'il faudra faire plus
tard, beaucoup plus tard, on trouve ici
ce qu'il faut faire tout de suite et ce qu'il
faut être en ce moment même. Or, sur ce
point.lesopinionssontunanimes.Lapresse
républicaine n'a donc eu qu'un avis sur les
discours de M. de Freycinet, et nous n'avons
trouvé nulle part chez elle ni restrictions ni
réserves. Lorsque M. de Freycinet a eu ex-
primé sa pensée tout entière, et qu'il l'a eu
si heureusement complétée à Bordeaux,
par la phrase prudente que nous avons
reproduite plus haut l'accord s'est
trouvé absolu entre tous les républicains
et M. le ministre des travaux publics. Oui,
nous sommes disposés à la conciliation,
mais nous n'avons pas perdu l'habitude
de nous défendre, et, si nous avons
beaucoup appris depuis quelque temps,
nous n'avons rien oublié de l'histoire de
ces dernières années. La bonne politique
consiste dans la mesure et le tact avec
lesqiîels on applique ses principes, car les
meilleurs principes ont encore besoin,
dans l'application, de tact et de mesure.
Nous trouvons toutes ces qualités
dans les discours de M. de Freycinet,
et voilà pourquoi nous disons d'eux qu'ils
constituent le programme avec lequel il
faudra se préparer et se présenter aux
prochaines élections sénatoriales.
'•; FBANCIS CHARMES.
On nous écrit de Constantinople, le
25 septembre
« On formé à Kossova un camp pour le-
quel partent chaque jour des troupes nouvel-
les,'pas de celles toutefois qui rentrent de Rus-
sie, car on se méfie d'elles un peu et on les
renvoie dans leurs foyers. Croit-on qu'elles
aient pu puiser par là des idées de liberté et
d'indépendance? Evidemment non. On se
figure qu'on aura pris soin d'édifier ces pau-
vres prisonniers sur le compte de ce qui
passe pour être le gouvernement de la Tur-
quie, et on les redoute.
» Quelle que soit, du reste, la composition
de cette armée de Kossova, on pourra pro-
bablement en tirer parti s'il faut la conduire
aux Grecs. Seulement,s'il s'agit de l'employer
à étouffer les aspirations albanaises, qu'on ne
compte plus sur elle, elle ne marchera pas
plus -qu'elle n'a marché contre les Bosniaques,
etqu'elle ne marcherait contre les Pomaks du
Rhodope. Les désertions, déjà nombreuses de
tous côtés, ce ne peut être la solde qui re-
tienne nos soldats sous les drapeaux, aug-
menteraient encore, au grand dommage de
la sécurité publique, assez compromise déjà
sur plus d'un point de l'empire.
» Le hasard m'a mis en rapport dernière-
ment avec deux beys albanais, deux person-
nages, l'un chrétien et l'autre mululman.
Ce que j'ai entendu de l'un et de l'autre m'a
prouvé une fois de plus que la question reli-
gieuse n'était pour rien dans l'éloignement
qui s'est maintenu entre les races. {Test sur--
tout l'idée turque, c'est-à-dire l'idée conqué-
rante et dominatrice, et non l'idée musul-
mane qui a empêché la fusion. Le Turc mé-
prise le chrétien parce que c'est le vaincu
il le redoute en autre parce qu'il se sent in-
férieur à lui en intelligence, en activité il
n'a voulu alors se départir en rien à son égard
du grand principe de la force primant le
droit. On sait où cela l'a conduit.
» Il existe sans contredit, en Albanie, des
rivalités qui dégénèrent souvent en luttes
sanglantes; mais la religion n'y est pour
rien il s'agit là tout simplement de que-
relles de clan à clan comme autrefois en
Ecosse, ou de famille à famille, comme en
Corse. Une femme séduite, un mouton en-
levé, et voilà la guerre allumée d'une
tribu à l'autre chacun, musulman ou ehré*
tien, y prend part et du mieux qu'il peut.
Dans la question actuelle, l'accord est com-
plet et existe dans la nation entière.
» Les deux beys avec lesquels je me trou-
vais m'ont exposé le desideratum de leur
pays, et je les ai trouvés constamment du
môme avis; ils m'ont formulé leur pro-
gramme c'est celui qu'ils soumettront avant
peu à la Porte, et ils feront comprendre qu'il
n'y a pas à le censurer.
» Suivant eux, voici ce que veulent les
Albanais conserver la souveraineté du Sul-
tan et ne pas céder un pouce de leur terri-
toire. '̃'
» Réunir l'Albanie, comprenant aujour-
jourd'hui les trois vilayets de Scodra, Kos-
sova et Janina, en un seul vilayet dont l'àd-
ministration serait confiée à un gouverneur
général instruit, intelligent, intègre, con->
naissant^ les besoins du pays, dévoué à ses'
intérêts et n'étant pas l'esclave aveugle
du gouvernement central; confier toutes
les branches de l'administration civile, judi-
ciaire, militaire, à des fonctionnaires possé-
dant la langue albanaise de manière à pou-
voir se mettre en rapports directs avec la
population s'en rapporter au suffrage univer-
sel, sans distinction de race ni de croyance
pour le choix des conseillers communaux qui
éliraient les conseillers des districts (kazas.)
Ceux-ci nommeraient à leur tour les conseil-
lers des sandjaks, lesquels, finalement, com-
poseraient à leur gré le grand conseil
administratif du vilayet. Chaque année, les
districts enverraient leurs députés au chef-
lieu du vilayet pour y constituer le conseil
national dont la mission serait de statuer
sur les agissemens des fonctionnaires, sur
les besoins du pays et sur les améliora-
tions nécessaires. Ce conseil nommerait
un inspecteur général qui, parcourant
le pays, se rendrait compte par lui-même
de la conduite des fonctionnaires et requer-
rait contre eux, lorsqu'il y aurait lieu, auprès
du grand conseil du vilayet. La langue turque
resterait la langue officielle dans les rapports
du vilayet avec les autorités de Constantino-
ple, mais la langue albanaise serait recon-
nue comme langue du pays et employée
dans les conseils et dans les tribunaux. De
nombreuses écoles seraient fondées, et une
partie des revenus du vilayet serait affectée à
cette destination. Une milice nationale serait
instituée pour la défense du pays tous les
hommes en état de porter les armes en fe-
raient partie, sans distinction de classe ou
de croyance; cette force comprendrait 200 ba-
taillons pour lesquels le gouvernement im-
périal fournirait des officiers sachant l'alba-
nais, et capables d'organiser régulièrement
et d'instruire la troupe.
» Tel est le programe que je vous donne
comme officiel en quelque sorte. Il y a là
une tendance évidente à l'autonomie: Soit! 1
Mais que le gouvernement de Stamboul corn-
prenne donc que le temps de la force est passé
et que dans la généralisation seule de cette
tendance est le salut de cette mosaïque
qui pendant des siècles a constitué l'empire
ottoman. Seulement, peut-on espérer le voir
faire les concessions nécessaires de ce
côté quand on le voit prendre des
résolutions semblables à celle que l'on doit à
la haute sagesge de la commission du retrait
du caïmé? Elle s'est hâtée d'en finir, cette
commission; il le fallait bien, car, de'toutes
les mesures à prendre, le Sultan regardait
celle-ci comme la plus urgente on travaillé,
à cette heure, au texte du décret. Cette com-
mission a été composée d'éminentes capacités
financières, Osman Pacha entre autres. Qu'al-
lait faire dans cette galère le défenseur de
Plevna? Aussi s'est-on arrêté à la mesure la
plus déplorable, la plus inquiétante, la plus
grosse de périls.
u Les 15 millions de livres turques en caï-
més que nous avons en circulation vont être
convertis en titres de rente rapportant 3 0/0
d'intérêt, avec un amortissement de 10/0-
c'est donc 600,000 livres turques qu'il va fal-
loir trouver chaque, année pour le service,
dont 450,000, représentant les intérêts, seront
entièrement perdus.
» Les 600,000 livres sont garanties par les
surtaxes mises sur les spiritueux, le sel, le
tabac. Mais nous savons ce que valent lès
garanties en Turquie sur combien de garan-
ties ne s'appuyait pas le caïmé à son origine!
Or vous n'ignorez pas ce que sont devenus
garanties et caïmés; ce dernier est aujour-
d'hui à 320, c'est-à-dire qu'il a perdu plus des
deux tiers de sa valeur.
» Admettons toutefois qu'on trouve ces
600,000 livres n'était-il pas plus rationnel de
les employer intégralement au retrait dû
caïmé? Il mettait alors vingt à vingt-cinq
ans à disparaître, et illui faudra un siècle, oui,
un siècle, avec la combinaison arrêtée. En
outre, le Trésor perdra le montant des inté-
rêts. Multiplié par le nombre d'années, à à
quelle somme formidable, sacrifiée comme si
on la jetait dans le Bosphore, n'arrivera- t-on
pas ?
» Le public, au moins, retirera-t-il un avan-
tage d'un pareil sacrifice? Les caïmés,
vous disais-je, vont être remplacés par des
titres de rente seulement, les coupures ne
descendront pas au-dessous de 100 piastres,
et c'est avec cela qu'il faudra se présenter
chez le boulanger pour acheter sa livre de
pain. N'est-ce pas une dérision, puisque la
monnaie circulante que nous avons, toute dé-
préciée qu'elle est, mais en fait la seule que
nous ayons, aura disparu brusquement, tout
d'un coup ? Que nous restera-t-il pour les
transactions de chaque jour, de chaque in-
stant? La monnaie d'or, d'argent, de cuivre
qui se cache, disent les rares partisans tiu
projet, reparaîtra forcément. Elle se cachera
au contraire d'autant plus que la situation
sera aggravée, que la crise sera plus mena-
çante encore.
» Les coupures rapporteront intérêt, et l'a-
mortissement s'effectuera par voie de tirage
au sort. Quelles commodités pour le publicj
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