Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-09-25
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Description : 25 septembre 1878 25 septembre 1878
Description : 1878/09/25. 1878/09/25.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITÏON DE PARIS.
JMMMAL DES BËBATS
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Paris. t8~. 36 &. T~&.
Départemens. 20 &. 40 tr. 80 tr.
Union postale
européenne. 2i&. <2fr. 84 fr.
–d'outre-mer. 24 fr. 48fr. 96 fr.
Lea MxametMM partent des t** et i< de
chaque mois.
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E. C. Loudon; 9BM. W.-Bt. «mKh et S~
186. Straad. W. C., London.
& BruxeUus. a ro/3tc< << pwMeieine, dMas tes kiosques et gares de chem. de fer.
~N S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans .!e Luxembourg, en Turquie, ·
m Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans t«
régences du Maroc et de la Tunisie
en Chine et an Japon.. rx
~a moyen d'une valeur payable & Paris ou dt~ y
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m Allemagne, en Autriche, en Russie
et dans tous les pays du Nord
ehez tous les directeurs de postex; t
et dane tons les autres payo.
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expire le 30 septembre sont priés de le
renouveler s'ils ne veulent pas éprouver
de retard dans l'envoi du Journal.
PARIS
MARDI S4 SEPTEMBRE
La. question d'Orient semble devoir être
transportée un jour ou l'autre dans l'ex-
trême Orient et passer d'Europe en Asie.
Les nouvelles qui viennent d'arriver de
'Calcutta montrent que ce jour n'est peut-
être pas aussi éloigné qu'on le croit gé-
néralement. En Asie, comme en Europe,
les Anglais et les Russes ont des intérêts
contraires, et ils luttent les uns contre
les autres, non point par les armes,
-mais par la diplomatie et par l'intrigue.
C~s deux grandes puissances que M. de
Bismarck comparait, en Europe, à la ba-
leine et à l'éléphant, c'est-à-dire à deux
animaux incapables de trouver un com-
mun champ de bataille, sont heureuse-
ment séparées en Asie par des espa-
ces immenses, et l'on peut espérer qu'elles
ne se rencontreront pas de sitôt front
contre front. Mais, en attendant, elles
cherchent toutes les deux, soit par leur
influence morale, soit même par la force,
à s'emparer des positions offensives ou
défensives dont elles pourront p!us tard
faire usage. Ces travaux d'approche sont
depuis longtemps commencés; ils sont
conduits avec habileté et avec audace, et,
si nous voulions en faire l'histoire, il nous
faudrait plus de temps et plus d'espace
que nous n'en avons en ce moment. L'in-
cident qui vient de se produire n'a rien
de nouveau en lui-même on pourrait lui
trouver des analogues; mais il emprunte
aux circonstances un caractère particu-
lier dont la gravité n'est pas contestable.
Dans cette lutte qui se prépare pour un
temps plus ou moins éloigné, l'initiative
appartient natureltement à la Russie.
Les Anglais sont établis dans l'Inde
depuis déjà fort longtemps, et, loin
d'être animés de l'esprit de conquête
ils ne demandent guère qu'à jouir tran-
quillement du fruit de leurs travaux pas-
sés. Mais les choses humaines, au moins
dans le domaine international, ne vont
point ainsi. Le possesseur est toujours in-
quiété dans sa propriété, toujours obligé
de la défendre, et, dès le début, les Indes
ont été pour l'Angleterre, comme autre-
fois* l'Algérie pour nous, une école de
guerre et de diplomatie. L'arrivée des
Russes que l'on signale à l'horizon a sin-
gulièrement compliqué les choses. Les
Russes ont diplomatiquement le bras
très long et la main très déliée, et ils agis-
sent sur un point longtemps avant d'y ar-
river. Souples, insinuans, hardis jusqu'à
l'imprudence, leur génie correspond mer-
veilleusement avec celui de ces races
asiatiques que les Anglais ont essayé de
soumettre par des moyens différons, des
moyens à eux qui ont suffi jusqu'à ce
jour, mais qui, un jour futur, pourraient
se trouver insuffisans. C'est d'ailleurs ce
que M. Disraeli, aujourd'hui lord Beacons-
ûeld, a senti instinctivement, grâce peut-
être à son son origine sémitique, et il a
essayé de frapper et d'enchaîner l'imagi-
nation des populations indiennes par tou-
tes sortes de procédés plus ou moins in-
génieux, tantôt en envoyant le prince de
Galles se montrer à ses lointains sujets
tantôt en décernant à la reine d'Angle-
terre le titre d'impératrice. L'avenir seul
.nous dira ce qu'a valu cette mise en
scène.
La guerre d'Orient a éclaté; on en con-
naît la conclusion. L'affaire deChypre a été
un grand triomphe pour la politique an-
glaise les Russes se sont tus et ont paru
résignés; mais ceux qui les connaissent
ont bien senti qu'ils essaieraient, d'une
manière ou d'une autre, de prendre une
revanche au moins apparente. En effet,
quelques jours après la signature du traité
de Berlin, on a appris que les Russes
avaient envoyé une mission à Caboul et
que ses envoyés avaient été parfaitement
reçus par l'émir. C'était en quelque sorte
avancer un pion sur le grand échiquier
qui sépare en Asie la Russie de l'Angle-
terre. Cette dernière pouvait-elle rester
indifférente ? Ses intérêts matériels n'é-
taient pas directement menacés, mais son
prestige, aux yeux des populations in-
diennes, risquait fort d'être diminué. L'An-
gleterre a compris ce que la démarche
russe voulait dire, et, si elle ne l'avait pas
compris, l'Inde tout entière le lui au-
rait expliqué. En conséquence, elle a
décidé d'envoyer, elle aussi, une mission
auprès de Sheere-Ali, l'émir de Caboul,
et cette mission, annoncée et préparée
longtemps d'avance, a été confiée au gé-
néral Chamberlain. On sait ce qui est
arrivé. Un officier de l'émir s'est présenté
à la frontière et a interdit le passage aux
Anglais. La mission a été rappelée mais
les Anglais, avec cette loyauté d'expres-
sions qui les caractérise, n'ont pas hésité
à dire qu'ils avaient reçu un affront, et
ils en ont fait remonter la responsabilité
à la Russie. Il faut lire les journaux an-
glais tous, sur ce point, sont unanimes.
Maintenant, quelle sera la suite de l'af-
faire ? Il est difficile de le prévoir. Si l'o-
pinion est excitée en Angleterre, elle est
surexcitée dans les Indes. Les journaux
demandent que l'émir fasse des excuses
ou que l'Afghanistan soit occupé par les
troupes anglaises, et nous ne voyons pas
trop comment l'honneur britannique pour-
rait sortir de cette alternative. Mais ces
journaux joignent la prudence à leur juste
ressentiment, et le ~~M, en particulier,
prend soin de dire qu'il ne peut s'agir que
de l'émir, et point du tout de la Russie.
L'émir, sans doute, est « un pantin dans
la main des Russes mais on n'en veut
qu'à lui, et c'est aux Russes qu'il appar-
tient de savoir s'il leur convient, oui
ou non, de prendre fait et cause pour
Sheere-AIi. Sont-ils en état de le faire avec
quelque espoir de succès? Nous l'igno-
rons. En tout cas, rien ne presse peut
être, et les Anglais paraissent disposés à
invoquer l'action bienfaisante de ce grand
diplomate qu'on appelle le temps. K Nous
pouvons attendre, dit le JZ'MMM, jusqu'au
moment qui nous conviendra le mieux, et
ainsi nous donnerons à notre voisin peu
courtois le temps de revenir sur sa con-
duite. » Voilà qui serait pour le mieux s'il
ne s'agissait que de l'émir; mais il ne faut
pas oublier que les Russes sont derrière
lui, et si les Anglais prennent leur temps,
certainement les Russes ne perdront pas
le leur. L'incident est donc grave, et bien
habile ou bien présomptueux qui voudrait
en prédire les phases successives et le
dénoûment
Les cléricaux ne paraissent pas être
tout à fait aussi unis qu'on avait pu le
croire. M. le comte de Falloux, un des
hommes les plus distingués, les plus fins
et les plus indépendans du parti, vient
d'écrire à l'Union de ~'OMM~ une de ces
lettres où il montre tant d'habileté en
pure perte. M. de Falloux, qui cite Lacor-
daire, et qui a fait partie de la petite pha-
lange des catholiques libéraux, défend
avec vigueur la liberté de l'enseignement
à tous les degrés. Mais, après avoir fait
une charge à fond contre M. Gambetta,
sans le nommer, ce qui le distingue, au
point de vue de la bonne éducation, de
Mgr l'évoque d'Angers, il en fait une
autre, toujours sans le nommer, contre
M.de Mun:
« Mais après de justes reproches, dit-il,
après d'utiles souvenirs invoqués dans nos
polémiques quotidiennes, un autre devoir
sollicite notre courage et s'impose à notre
conscience nous demander si nous n'avons
nous-mêmes rien à nous reprocher.
Je ne veux point examiner ici cette
question dans toute son étendue ce serait
réclamer plus de place que vous ne pourriez
et ne voudriez m'en accorder. Je me bor-
nerai donc à fixer votre attention et celle de
vos lecteurs sur un fait assez nouveau et qui
me semble d'une portée très dangereuse.
On a pris et l'on parait vouloir prendre
de plus en plus pour mot d'ordre, dans une
portion de la presse catholique, le mot de
eom/JMpo~Mm. Je ne crois pas qu'il puisse
y avoir un .symbole moins vrai et plus mal
choisi. Le mot coM~e-~o~MoM. devenu le
mot de ralliement des catholiques, n'a aucune
exactitude la coM~-TMco~Mm est aujour-
d'hui dans la pensée de fort peu de gens, et
n'est l'expérience l'a bien prouvé au
pouvoir de personne.
C'est, en outre, un mot mal déSni et
probablement indéfinissable, gros de pré-
jugés, de malentendus, et par conséquent
de tempêtes. Assurément, les réformes à
solliciter, les réparations à obtenir les
améliorations à poursuivre ne manquent
pas mais il faut donner à chacune d elles
leur vrai sens et leur vrai nom, et non
pas leur imposer un nom de guerre pro-
vocateur, qui confond dans une obscurité dé-
plorable ce qu'on doit conserver et ce qu'on
doit combattre. L'Eglise ne recule devant au-
cun péril pour remplir sa mission; mais il
faut au moins que ce soit sa mission, et elle
ne peut ni se compromettre ni se laisser com-
promettre par des thèses plus que contesta-
b !es, qui ne supporteraient pas une heure de
discussion contradictoire et sérieuse.
Il est encore temps, monsieur le rédac-
teur, de nous arrêter dans cette voie; mais il
est temps, et j'ose solliciter à cet égard vos
méditations les plus consciencieuses. ? »
Nous n'avons pas besoin de commenter
ces paroles pleines de bon sens, mais
que l'C/MM~-y, avec le génie « opportu-
niste o qui le distingue, trouvera certaine-
ment hors de propos. Si Montalembèrt,
si Lacordaire vivaient encore, ils ne par-
leraient sans doute pas autrement, et,
comme ils avaient beaucoup d'esprit' et
même d'éloquence, M. de Mun serait
peut-être un peu embarrassé pour ré-
pliquer. Nous ne voulons pas dire par
là que l'P~M~.? et la jOe/c~e seront
embarrassés pour répondre à M. de Fal-
loux ils sont, Dieu merci, exercés au
métier Pour nous, nous sommes agréa-
blement surpris en voyant un retarda-
taire assez audacieux pour dire aux cory-
phées de la marche à tort et à travers
Messieurs vous allez trop vite et vous
ne savez pas où vous arriverez. Et
qui sait ? S'il y a encore des catholiques
libéraux, il ne faut pas tout à fait déses-
pérer de déterrer quelque part un gallican
encore vivant.
BOURSE DE PARIS
CtStenre te 23 te 24 BtMMoe. Bftttme
S 0/0. <
Comptant. 76 2S.f. 76M.
Fin cour. 761712 76221/2 S.. i
se/o
Amortissable,
Comptant. 80. 8020 .20.
Fincour.80. 8012~/2 .121/2
~t/ee/e
Comptantl062S,lC660J..3a.
&<<*
Comptantes 6S. 119 80 <15.
Fincou]'.H3'?S..ll385.10.
PBTITN BOURSE DU SOIR.
Emprunt S O'O. H3 fr. 90. 87 1/2, 92 t/2, 90.
30/0. 76fr.2S.
30/OamortissaMe. 80fr.l7t/2~X.
Extér" espagnole.. m/8,3/i6.
Intérieure. 133/8,7/16.
5 0/0 turc. 12fr.621/2,60.
Florins (or). 633/16,1/4.
Hongrois 6 0/0. 74 fr.
Egyptiennes 60/0.. 285 fr.
Notre correspondant de Londres nous
adresse le télégramme suivant
a Londres, le 24 septembre, midi.
a Les commentaires de la presse sur l'in-
cident de l'Afghanistan sont naturellement
conçus dans le sens d'une action énergique;
les journaux demandent que l'émir de Ca-
boul fasse amende honorable ou qu'il soit
châtié, au nom du prestige de l'Angleterre en
Asie et de sa sécurité dans l'Inde. Ils voient
dans ce qui s'est passé l'eS'et des intrigues de
la Russie et parlent avec amertume du rôle de
cette puissance mais ils ne croient pas à
des complications avec elle. En eifet, la Rus-
sie pourra toujours, si les affaires menaçaient
de prendre une tournure sérieuse, accorder
comme satisfaction le rappel du général
Abramoft'. e
On télégraphie de Bombay, le 23 septembre,
au tS~SM~a~;
vice-roi a eu lieu aujourd'hui à Simla.
Le général Roberts. commandant les forces
de la frontière, est parti pour Pesha.wer avec des
ordres secrets.
s On a donné l'ordre de réunir un grand nom-
bre de troupes sur la frontière et de les tenir
prêtes à marcher. 12,000 hommes y sont déjà
massés.
Les journaux indigènes demandent unani-
mement que l'émir présente des excuses, ou que
l'Afghanistan soit occupé par les troupes an-
glaises.
s Le sentiment des Européens est également
belliqueux. &
Le Daily ycJ~f~A annonce que le cabinet
anglais s'assembtera immédiatement pour discu-
ter les affaires de l'Afghanistan.
Les journaux ângtais s'accordent générale-
ment à déclarer que la conduite de Sh~ere-Ali de-
mande un prompt châtiment, mais toutefois sans
entramer la Russie dans le conflit.
Le Times est, en effet, d'avis qu'on doit avoir
affaire à l'émir seulement.
Ce journal croit qu'aucune opération mili-
taire ne pourrait avoir lieu avant te printemps.
«Nous pouvonsattendre.dit le yM!M,jusqu'au mo-
ment qui nous conviendra le mieux, et amsi nous
donnerons à notre voisin peu courtois le temps
de revenir sur sa conduite. »
MMgMpMe privée
(Sorrice tétésfUtphiqne d< t'tgemce H&YM.)
Saint-Pétersbourg, te 24 septembre.
On dit dans les cercles les mieux informés que
la nouvelle publiée hier par !e Times, au sujet
d'une alliance conclue entre la Russie et l'Afgha-
nistan. est une hypothèse tout à fait arbitraire.
On ajoute qu'il n'y a pas le moindre motif pour
se livrer à des suppositions et à des insinuations
de ce genre.
Berlin, le 24 septembre.
Dans sa séance de ce jour, la commission
chargée d'examiner le projet de loi contre les so-
cialistes a repoussé par 17 voix contre 3 l'amen-
dement Gneist à l'article 4 (instance pour les re-
cours).
La proposition Lasker-Stauffenberg a été éga-
lement repoussée par il voix contre 9.
L'article 4 du projet du gouvernement a été
aussi repoussé.
Berlin, le 24 septembre.
Au sujet de la circulaire dans laquelle le gou-
vernement allemand a récemment appelé l'atten-
tion des puissances sur les retards apportés par
la Porte à l'exécution des stipulations du traité
de Berlin, la fhM~Me F~~M~te f~t Nord s'ex-
prime ainsi
affaire, n'a eu pour but que de contribuer au ré-
tablissement de la paix et de la tranquillité en
Europe; il ne se dissimulait nullement l'éventua-
lité, la probabilité même que cette démarche
pourrait ne pas rencontrer l'assentiment de tou-
tes les puissances.
? Il ne s'agissait en aucune façon, dans tout
cela, d'intérêts purement allemands; mais il reste
toujours à espérer que les puissances plus direc-
tement intéressées dans la question d'Orient sai-
siront la balle au bond et feront en temps oppor-
tun, soit en commun soit simultanément, les dé-
marches nécessaires. L'Allemagne n'a voulu que
donner une impulsion que les autres puissances
devaient attendre directement de Berlin.
Quant à la supposition que l'Allemagne au-
rait l'intention de poursuivre son action au delà
de ce premier appel, elle est sans doute erronée,
d'autant plus que la Porte a déjà montrée un
peu plus d'ardeur à exécuter différen points
du traité, notamment l'évacuation de Batoum.
Il faut en outre considérer que l'assassinat de
Mehemet-A)i semble prouver que c'est moins la
bonne volonté que le pouvoir qui manque à la
Turquie pour exécuter le traité de Berlin. »
Londres, le 24 septembre.
Dans une dépêche de Vienne, le tS~oM~afa!
annonce que Livno a été pris par les troupes au-
trichiennes.
D'après une dépêche de Berlin, adressée au
~o~tM~ Post. le czar a dissuadé le Monténégro
< fié aux puissances sa ferme intention d'exécuter
le traité en tout ce qui concerne la Serbie et le
Monténégro.
Le Times publie la nouvelle suivante
Vienne, le 23 septembre. Les Turcs fo'ti-
uent les frontières de i'Epire. 2,000 hommes de
troupes régulières sont employés aux travaux.
Il y a environ SO.ûOO hommes de troupes tur-
ques en Epire et en Thessalie. Néanmoins, des
renforts arrivent sans cesse.
Raguse, le 24 septembre.
Hier soir, 400 insurgés musulmans de Korje-
nich se sont enfuis sur le territoire monténégrin.
Ils ont été désarmés et internés à Grahovo.
Une pluie torrentielle retarde les opérations mi-
litaires.
Bucharest, le 23 septembre, soir.
L'OfMM< publie un télégramme de Toultcha,
annonçant que des bandes sont organisées pour
s'opposer à 1 occupation de la Dobrutscha par les
Roumains.
On parle de 8,000 fusils distribués aux hommes
qui composent ces bandes.
Varna, le 23 septembre, 7 h. 30 m. soir.
Les Turcs évacuent la ville avec une lenteur
incroyable.
150 canons restent à embarquer. On en em-
barque 2 chaque jour.
Les Russes occupent les forts et un quartier.
Les Turcs occupent les autres quartiers et con-
tinuent à administrer la ville.
Constantinople, le 23 septembre.
Aujourd'hui est arrivé à la Sublime-Porte un
télégramme du prince Nikita, insistant vivement
pour là remise au Monténégro des territoires
qui lui ont été cédés par le traité de Berlin.
Rome, le 24 septembre. )
Des dépêches privées de Tarifa annoncent que y
de graves desordres se sont produits à Tanger.
Le consulat anglais et la douane ont été atta-
qués. Les assaillans ont été repoussés par la <:
force. y
Le consul italien a demandé l'envoi d'un na-
vire de guerre.
Vienne, le 24 septembre.
Les négociations avec MM. Elena et Axerio. y
délégués italiens, pour la conclusion d'un nou-
veau traité douanier entre l'Autriche et l'Italie,
ont commencé hier. y
Nous avons assez dit que nous n'accep-
tions pas sans réserves le programme
développé à Romans par M. Gambetta, si
toutefois M. Gambetta a fait un pro-
gramme. Nous croyons plutôt qu'il a
suivi l'exemple que presque tous nos ho-
norables ministres lui ont donné cette
année, et que donnent partout et toujours
les hommes politiques dans les pays li-
bres celui de parler au public et de s'ex-
pliquer sur leurs idées, leurs projets et
leurs~espérances.
M. Gambetta, au fond, n'a pas fait autre
chose. Si discutables que soient plusieurs
de ses idées, et nous ne manquerons pas
d'y contredire quand il le faudra, *nous
devons avouer qu'il n'en est pas une dans
le nombre où la contradiction ait été
plus vive que dans la dernière partie de
son long discours où il traite des rapports
de l'Eglise catholique et de l'Etat. Les
journaux réactionnaires, notamment ceux
qui le sont pour le compte de l'ancien ré-
gime absolutiste ou de l'ultramontanisme
clérical, ces journaux n'ont qu'un cri
contre les idées exprimées par M. Gam-
betta au banquet de Romans, un cri de
fureur sans merci. II faut donc qu'il ait
touché la corde sensible. On n'est jamais
si furieux que lorsqu'on a vraiment tort
et qu'on est à bout de bonnes raisons.
C'est donc à nous, de raisonner; et ne
cherchons pas à nous prévaloir de tout
ce que M. Gambetta a dit sensément et
dignement sur le respect qui est dû au
sentiment religieux, à la religion dans le
sanctuaire, au clergé séculier et paroissial
dans l'exercice de sa mission de moralité
et de charité. Ecartons toutes ces réserves
qui pourraient être taxées, si sages
qu'elles Soient, de précautions oratoires.
abordons les griefs que l'orateur démo-
crate a nettement formulés contre les
tendances, les opinions, les actes de tous
ceux qui, religieux ou laïques, ne sem-
blent plus avoir d'inspiration pour leur
âme, ni de règle pour leur conduite que
celles d'une religiosité ennemie du siècle,
hostile à l'esprit moderne, acharnée au
dénigrement des idées libérales, conspi-
rant de cœur sinon de fait contre les ins-
titutions républicaines que la France s'est
données quand il lui a été démontré que
celles-1~ seules sont désormais possibles.
Eh bien qu'a dit M. Gambetta, après
avoir rendu hommage à ce clergé séculier
a qui est, selon lui, bien plus opprimé
c qu'oppresseur, qui est bien plus victime
M que tyran, qui est bien plus appauvri
B que rente par les communautés qui l'en-
serrent et le dominent, et qui, né du
H peuple, n'en peut être l'ennemi quand
? il est livré a la libre impulsion de sa
H conscience?. » Qu'a dit M. Gambetta
que ne doivent répéter avec lui tous ceux.
qui ont souci de l'indépendance morale
non moins que de la liberté politique de
notre pays ?
Le devoir du gouvernement républicain
est de respecter et de faire respecter la
religion et ses ministres mais son devoir
est aussi de respecter et de faire respec-
ter les lois de l'Etat qui protègent la vraie
religion et ses vrais ministres contre l'in-
trusion des sectes illégales qui les oppri-
ment, contre l'obsession de l'esprit con-
gréganiste qui les surveille, les intimide,
les abêtit, les rend impuissans pour le
bien, sinon malveillans. Pour tout dire,
en un mot, le devoir du gouvernement,
dans ses trois pouvoirs, est non seule-
ment d'échapper pour sa part à ces con-
traintes, mais d'en épargner le péril et
l'abaissement à toute cette grande et noble
milice du clergé français séculier, ce-
lui des paroisses, celui de l'Evangite sai-
nement interprété celui du Christ qui a
dit a Rendez à César ce qui est à Cé-
sar H c'est-à-dire rendez au gouverne-
ment de votre pays, quel qu'il soit, sans
vous en mêler, mais en le respectant,
rendez-lui, surtout s'il est libéral, rendez
à ses institutions, à ses Codes, à son es-
prit, à ses idées nées du progrès des
temps et des conquêtes de la civilisation
vraiment chrétienne; rendez-leur ce
qui leur est dû, le respect, l'obéissance,
la sympathie le bon accord, l'assi-
stance en tout ce qui dépend de vous
Est-ce M. Gambetta tout seul qui de-
mande cela? Lisez ce que l'illustre Mon-
talembert écrivait un jour au R. P. Cho-
carne, auteur d'une Vie du grand prédi-
cateur libéral, le dominicain Lacordaire
« Votre conclusion, disait-il, est aussi
B consolante que lumineuse pour ceux
H qui, comme moi et tant d'autres, ont
H été surtout attirés vers -lui par la ten-
H dresse entraînante de ses épanchemens
H intimes, par son ardente sympathie pour
a ~OM~ a'~K~K'?M ~~MM de ~OM
a ~M~ de son pays, par son intelligent
a amour de la société moderne, par son
invincible attachement aux p?'MM:~M
HH quisde l'honneur et de laconscience.par
B la hauteur eU'MM~cM~Mee de son génie,
M par son généreux amour du~ droit, par
H sa noble horreur des défaillances et des
M trahisons dont nous avons été témoins
M et victimes, par sa foi indomptable dans
N ~~M;NCM ~OM et ~6~. Ceux-là surtout
a vous auront une obligation immortelle.
M Grâce à vous, ils sauront que rien de
M tout cela n'a empêché ce cœur, resté
M jusqu'à la fin si passionnément fidèle à
M ses amitiés d'ici-bas, d'être encore plus
H enflammé de l'amour divin. Ils sauront
B que ce libéral MM~t~ comme il le
B disait de lui-même, a été non seulement
)) un catholique pénitent, mais un amant
? passionné de la Croix de Jésus-Christ. M
Ainsi parlait, ainsi écrivait M. de Mon-
talembert, bien peu de temps avant sa
mort, en 1866, en plein Empire. Ainsi a-t-il
parlé à ses amis jusqu'à la fin. Oui, nous
le répétons, rendez à Dieu ce qui lui
est dû rendez aussi à l'Etat ce qui lui ap-
partient dans~Ja. direction des esprits
par l'éducation publique car abandonner
à ceux qui se vantent d'avoir deux patries,
une en France, une autre à Rome, à ceux
qui affectent et affichent dans leurs cou-
vens, dans leurs écoles, et jusque dans
les jardins de nos évêques, en présence de
la foule, le mépris de l'esprit libéral;
leur abandonner la direction d'une partie
(qu'ils disent la plus nombreuse) de la
jeunesse française, n'est-ce pas créer
pour un avenir prochain deux Frances
rivales? L'une sera vouée aux grands
principes de la Révolution française, ceux
qui ont fait la France ce qu'elle est en-
core, grande et prospère, même après ses
malheurs causés par l'oubli de ces prin-
cipes l'autre sera l'ennemie de l'esprit
moderne et n'aura de zèle que contre ses
créations et ses conquêtes.
Est-ce une pareille rivalité que cette
double éducation nous promet, et est ce
une telle perspective qui sourit à nos ad-
versaires ? En réalité, ne serait-ce pas la
guerre civile, à courte échéance?
Nous ne tranchons pas cette question
redoutable. M. Gambetta n'a fait que tou-
cher à la liberté de l'enseignement, et
nous n'irons certes pas plus loin que lui.
C'est là upe question réservée entre tou-
tes, et la plus délicate de toutes. Nous ne
l'aborderons jamais qu'avec prudence, avec
respect, parce qu'elle implique non seule-
mentle droit de l'Etat, mais ce)ui des famil-
les, non seulement l'intérêt public qui ne
doit pas être la tyrannie des consciences,
mais les droits de l'initiative individuelle
qui à sontournedoitpasêtreIacontradiLC-
tion de l'intérêt général. Graves ques-
tions, mais où il semble que l'élément
mystique et clérical ait pris de notre
temps une telle avance sur l'élément na-
tional et laïque, que, s'il n'est pas néces-
saire de le supprimer dans cette lutte, il
est tout au moins utile de l'empêcher de
faire de nouveaux progrès, sinon de l'ar-
rêter une bonne fois dans cette conquête
de la jeunesse, c'est-à-dire de l'avenir,
dont certains évêques se vantent dès au-
jourd'hui (1).
Ne disons rien de plus. Nous en avons
assez dit aujourd'hui pour défendre con-
tre l'excès des récriminations réaction-
naires les idées exprimées, suivant nous,
avec une mesure convenable au banquet
de Romans, dont cependant, pour quel-
ques unes du moins, nous ne nous fai-
sons pas les éditeurs responsables et à
tout risque. Il nous suffit que là où nos
fougueux antagonistes voient une torche
d'incendie, nous n'ayons aperçu,, même
de loin, qu'une lumière qui, à un moment
donné, peut nous avertir et nous diriger.
A.
Voici le discours prononcé hier à. Nantes par
M. de Freycinet, ministre des travaux publics,
au banquet qui lui a été onert au palais de la
Bourse
Messieurs,
La tâche qui m'est faite est bien difficile, puis-
que j'ai à répondre à quatre toasts qui sont tous
également embarrassans par leur extrême bien-
veillance. Avant de l'essayer, je vous demande
la permission de vous exprimer toute la satis-
faction que j'éprouve à voir groupés autour de
cette table le conseil municipal, la chambre de
commerce, le conseil général, c'est-à-dire trois
grands corps qui, en politique, sont animés de
sentimens difîérens.
Cette rencontre sur le terrain des intérêts gé-
néraux de tant d'hommes éclairés est, à mes
yeux, le gage de l'union que j'entrevois, que je
prédis pour mon pays. (Applaudissemens.)
Je sms, vous le savez, un partisan déterminé
de la conciliation; je la conseille partout, je la
conseille surtout au parti républicain; je la con-
seille aux républicains parce qu'ils sont aujour-
d'hui les plus forts et parce qu'ils sont au pou-
voir. (Vifs applaudissemens.) Or, quand on est la
majorité, on peut et on doit faire des choses qui
ne sont pas permises quand on est la minorité.
Je dis donc aux républicains C'est à vous, au-
jourd'hui, de faire les avances; c'fst à vous de
ménager, de respecter la susceptibilité des autres
partis. Messieurs, si quelqu'un vous dit, comme
ie l'ai entendu dire quelquefois C'est de la fai-
blesse, répondez C'est de la faiblesse quand on
est le plus faible; mais, quand on est le plus fort,
c'est de la bonne politique. (Très bien! très bien
et applaudissemens.)
Et, quant à moi. je dois l'avouer, le meilleur
souvenir que je puisse emporter de mes voyages,
c'est d'avoir vu, comme aujourd'hui, des hom- `
mes d'opinions différentes se grouper et se
mettre la main dans la main lorsqu'il s'agit
de discuter des questions d'intérêt généra!
oublier, comme le disait tout à l'heure M. le
président du conseil général. leurs dissidences
politiques pour se placer uniquement sur le
terrain de l'intérêt national. (Nouveaux applaudis-
semens.) Et je suis convaincu que, si nous sui-
vons les uns et les autres cette bonne habitude,
il arrivera un moment où. insensiblement et
sans que nous nous en apercevions, nous ver-
rons s'abaisser les barrières qui nous séparent
sur un autre terrain où nous nous trouverons
unis, non seulement pour défendre ensemble,
ainsi qu'on le déclarait, la France à l'extérieur,
(~) fcw la lettre récente de Mgr l'évoque d'An-
gers à M. Gambetta.
mais aussi pour garantir la stabilité de nos insti-
tutions à l'intérieur. (Applaudissemens.)
Je vous demande pardon, Messieurs, de cette
digression qui m'a été inspirée par l'aspect cor-
dial, presque fraternel, du banquet auquel il
m'est donné d'assister. J'arrive maintenant aut
questions qui vous préoccupent plus particulière-
ment.
Il y a longtemps que je désirais visiter la ville
de Nantes; je le désirais d'autant plus que ~e.
crois que ses intérêts ont été quelque peu négli-
gés depuis un certain nombre d'années. (Nou-
veaux applaudissemons.) Et tout d'abord, ce qui
me frappe, c'est que je trouve que le régime de
votre neuve n'est pas en harmonie avec les be-
soins de la marine moderne.
Je ne prétends pas dire que la profondeur ·
d'eau dont vous disposez ait diminué, ou même
qu'elle n'ait pas augmenté; mais je crois qu'elle
n'a pas augmenté en proportion des exigences du
matériel naval, ni autant qu'elle a augmenté dans
les autres ports, vos rivaux.
Or, vous savez aussi bien et mieux que mo!.
vous tous qui êtes dans les affaires, qu'en ma-
tière commerciale il n'y a pas de progres absolu,
il n'y a que des progrès relatifs, et que, lorsqu'on
avance moins que ses concurrens, on recule.
(Applaudissemens.) Il est donc grand temps, se-
lon moi, de remédier à la situation dont vous
souffrez, et j'estime qu'il est absolument néces-
saire de donner à votre fleuve le régime dont
vous me parliez ce matin, et qui, à mon sens,
est le minimum pour relever votre commerce.
(Applaudissemens.)
Et. quand je parle ainsi, je crois queia ville de
Saint-Nazaire, qui a aussi mes sympathies et que
nous avons visitée ensemble aujourd'hui, ne doit
pas en concevoir de l'ombrage (approbation), car, si
je me rends bien compte de la destination respec-
tive de Nantes et de Saint-Nazaire, la situation de
ces deux villes m'apparaît comme tellement diffé-
rente qu'il ne saurait y avoir de rivalité sérieuse
entre elles Saint-Nazaire est, à mes yeux, un
port d'attache de la grande navigation, un lieu
de transit, tandis que Nantes est un centre in-
dustriel et commercial. (Nouveaux applaudisse-
mens.)
Par conséquent il y a entre ces deux villes
un partage naturel d'attributions et de trafic qui
les exempte de tout esprit de rivalité l'une vis-
à-vis de l'autre. Je les mets donc en commun
dans mes préoccupations, et ce sera pour l'une
aussi bien que pour l'autre, j'ajoute pour le dé-
partement tout entier, que je travaillerai et cet
esprit dont vous vouliez bien me féliciter tout à
l'heure, et qui consiste à mettre sur le même
pied toutes les parties de la France~ je l'apporte-
rai en ce qui concerne toutes les parties du dé-
partement.
Messieurs, puisque je parle devant une assem-
blée composée ou de républicains ou de per-
sonnes qui, sans l'être, ont à un haut degré '!e
sentiment des convenances, je lui demande !t
permission de porter un toast au Maréchal Prési-
dent de la république, au chef de l'Etat; c'es~, &
mon sens. le premier devoir dans une république.
Je vous demande également de porter un to&st
à la prospérité et au développement de la Loire-
Inférieure. (Vifs applaudissemens.)
Nous détachons de notre courrier d'O-
rient les informations suivantes:
CoM~M~Mop~, 13 M~~Nt~<. Pendant
que les Lazes, renonçant à toute idée de ré-
sistance, émigrent avec leurs famines vers les
pays musulmans pour fuir le joug détesté
des Russes, les Arméniens de l'Asie-Mineure,
poussés à bout par les Kurdes et ne pouvant
rien espérer, rien attendre de la protection
du .gouvernement ottoman, passent la fron-
tière et vont s'établir en Russie. Les uns et
les autres ont leurs raisons pour agir de la
sorte les premiers fuient un gouvernement
despotique dont la forte organisation peut
être comparée une machine puissante qui
brise, broie et nivelle tout ce qui est soumis
à son action les seconds cherchent à se sous-
traire aux persécutions d'une peuplade guer-
rière et sauvage, et aux actes arbitraires d'un
gouvernement faible qui ne peut Jeur donner
ni la sécurité dont ils ont besoin, ni la jus-
tice après laquelle ils aspirent. Les Lazes
fuient un gouvernement fort les Arméniens.
un gouvernement faible. L'un et l'autre sont
despotiques, avec cette différence que le des-
potisme russe est absolu et brutal, tandis que
le despotisme ottoman est souple, délié, quel-
quefois plaisant ou ridicule, souvent tragi-
que. et nnalement conforme en tous points à
l'esprit byzantin qui caractérise la classe di-
rigeante en Turquie. Entre ces deux gouver-
nemens, le choix n'est pas permis l'un et
l'autre sont oppresseurs, quoiqu'il soit juste
de reconnaître que le joug ottoman est de
beaucoup le plus supportable.
Les Arméniens portent en .Russie leurs ri-
chesses (je donne à ce mot sa valeur écono-
mique), leur industrie, cet esprit docile et
soumis qui été façonné au moule turc,
leurs aptitudes au travail et les dispositions
naturelles qu'ils ont pour le commerce. Les
Lazes, au contraire, n'aoporteront en Turquie
que leur humeur intraitable, leur paresse,
leur esprit de révolte et, comme leurs frères
circassiens, leurs habitudes invétérées de vol
et de rapine. C'est un nouvel élément dis-
solvant que la Turquie introduit dans son
sein.
Une dernière espérance, toutefois, vient <îe
surgir. Je veux parler de celle qu'a fait naître
parmi nous la nouvelle du prochain retour de
Midhat Pacha. C'est un faible rayon au mi-
lieu d'une nuit profonde; mais, si faible qu'il
soit, la vue de ce rayon réjouit les malheureux
Turcs et rend quelque espoir aux chrétiens. On
fonde ici de grandes espérances sur le retour
de cet homme qui est justement considéré
comme un grand réformateur et un admini-
strateur capable. Ces deux qualités, Midhat
les possède, et on ne saurait les lui-contester.
Il jouit, de plus, d'une grande popularité, et
tout le monde a confiance dans son éner-
gie. Mais reviendra-t-il bientôt comme on
semble le croire, et, s'il revenait et qu'on lui
connàt le pouvoir, pourra-t-il agir librement?
Le laissera-t-on faire? Ne se heurtera-t-U
pas encore une fois aux obstacles qu'il n'a
pas cessé de rencontrer quand il a voulu
taire subir au système vicieux et condamné
du gouvernement turc une transformation
utile, une réforme salutaire? On dit que le
Sultan ne nourrit plus aucun ressentiment
contre son ex-grand-vizir; mais on oublie que
le Sultan est homme, et que la méfiance qu'il
a toujours manifestée contre Midhat ne sau-
rait disparaitre totalement. Une nécessité
impérieuse et implacable comme la fatalité
le force de le rappeler à lui; mais il s'agit de
savoir dans quel but il le fait et s'il a réelle-
ment l'intention de lui confier le pouvoir, ou
bien si tout se réduit à une simple manifes-
tation faite dans le but de calmer les esprits
et de donner une certaine satisfaction à l'o-
pinion. Quoi qu'il en soit, le premier pas est
fait, et il est permis d'espérer que le Sultan
mieux conseillé désormais, ne s'arrêtera
pas en si beau chemin et qu'il réalisera.
bientôt ce qu'on est en droit d'attendre de
lui. Ce sera de sa part une œuvre de répa-
ration. Le Sultan Hamid, par son inexpérience
et par les mauvais conseils de son entou-
rage, a attiré sur le pays bien des malheurs
qu'on aurait pu lui éviter. Il est temps qu'il
s arrête dans cette voie pour en suivre une
meilleure.
Je ne vous parlerai pas des réformes pas
plus de celtes que sir A. Layard a présentées
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Union postale
européenne. 2i&. <2fr. 84 fr.
–d'outre-mer. 24 fr. 48fr. 96 fr.
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E. C. Loudon; 9BM. W.-Bt. «mKh et S~
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& BruxeUus. a ro/3tc< << pwMe
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en Belgique, en Italie,
dans .!e Luxembourg, en Turquie, ·
m Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans t«
régences du Maroc et de la Tunisie
en Chine et an Japon.. rx
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XMBdats-poste, soit internationaux, soit tranct~
m Allemagne, en Autriche, en Russie
et dans tous les pays du Nord
ehez tous les directeurs de postex; t
et dane tons les autres payo.
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&
t.ptacedttaBonrse,
~hM!TMH9~e~«tmtFMM pMtt rMttt~H~
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renouveler s'ils ne veulent pas éprouver
de retard dans l'envoi du Journal.
PARIS
MARDI S4 SEPTEMBRE
La. question d'Orient semble devoir être
transportée un jour ou l'autre dans l'ex-
trême Orient et passer d'Europe en Asie.
Les nouvelles qui viennent d'arriver de
'Calcutta montrent que ce jour n'est peut-
être pas aussi éloigné qu'on le croit gé-
néralement. En Asie, comme en Europe,
les Anglais et les Russes ont des intérêts
contraires, et ils luttent les uns contre
les autres, non point par les armes,
-mais par la diplomatie et par l'intrigue.
C~s deux grandes puissances que M. de
Bismarck comparait, en Europe, à la ba-
leine et à l'éléphant, c'est-à-dire à deux
animaux incapables de trouver un com-
mun champ de bataille, sont heureuse-
ment séparées en Asie par des espa-
ces immenses, et l'on peut espérer qu'elles
ne se rencontreront pas de sitôt front
contre front. Mais, en attendant, elles
cherchent toutes les deux, soit par leur
influence morale, soit même par la force,
à s'emparer des positions offensives ou
défensives dont elles pourront p!us tard
faire usage. Ces travaux d'approche sont
depuis longtemps commencés; ils sont
conduits avec habileté et avec audace, et,
si nous voulions en faire l'histoire, il nous
faudrait plus de temps et plus d'espace
que nous n'en avons en ce moment. L'in-
cident qui vient de se produire n'a rien
de nouveau en lui-même on pourrait lui
trouver des analogues; mais il emprunte
aux circonstances un caractère particu-
lier dont la gravité n'est pas contestable.
Dans cette lutte qui se prépare pour un
temps plus ou moins éloigné, l'initiative
appartient natureltement à la Russie.
Les Anglais sont établis dans l'Inde
depuis déjà fort longtemps, et, loin
d'être animés de l'esprit de conquête
ils ne demandent guère qu'à jouir tran-
quillement du fruit de leurs travaux pas-
sés. Mais les choses humaines, au moins
dans le domaine international, ne vont
point ainsi. Le possesseur est toujours in-
quiété dans sa propriété, toujours obligé
de la défendre, et, dès le début, les Indes
ont été pour l'Angleterre, comme autre-
fois* l'Algérie pour nous, une école de
guerre et de diplomatie. L'arrivée des
Russes que l'on signale à l'horizon a sin-
gulièrement compliqué les choses. Les
Russes ont diplomatiquement le bras
très long et la main très déliée, et ils agis-
sent sur un point longtemps avant d'y ar-
river. Souples, insinuans, hardis jusqu'à
l'imprudence, leur génie correspond mer-
veilleusement avec celui de ces races
asiatiques que les Anglais ont essayé de
soumettre par des moyens différons, des
moyens à eux qui ont suffi jusqu'à ce
jour, mais qui, un jour futur, pourraient
se trouver insuffisans. C'est d'ailleurs ce
que M. Disraeli, aujourd'hui lord Beacons-
ûeld, a senti instinctivement, grâce peut-
être à son son origine sémitique, et il a
essayé de frapper et d'enchaîner l'imagi-
nation des populations indiennes par tou-
tes sortes de procédés plus ou moins in-
génieux, tantôt en envoyant le prince de
Galles se montrer à ses lointains sujets
tantôt en décernant à la reine d'Angle-
terre le titre d'impératrice. L'avenir seul
.nous dira ce qu'a valu cette mise en
scène.
La guerre d'Orient a éclaté; on en con-
naît la conclusion. L'affaire deChypre a été
un grand triomphe pour la politique an-
glaise les Russes se sont tus et ont paru
résignés; mais ceux qui les connaissent
ont bien senti qu'ils essaieraient, d'une
manière ou d'une autre, de prendre une
revanche au moins apparente. En effet,
quelques jours après la signature du traité
de Berlin, on a appris que les Russes
avaient envoyé une mission à Caboul et
que ses envoyés avaient été parfaitement
reçus par l'émir. C'était en quelque sorte
avancer un pion sur le grand échiquier
qui sépare en Asie la Russie de l'Angle-
terre. Cette dernière pouvait-elle rester
indifférente ? Ses intérêts matériels n'é-
taient pas directement menacés, mais son
prestige, aux yeux des populations in-
diennes, risquait fort d'être diminué. L'An-
gleterre a compris ce que la démarche
russe voulait dire, et, si elle ne l'avait pas
compris, l'Inde tout entière le lui au-
rait expliqué. En conséquence, elle a
décidé d'envoyer, elle aussi, une mission
auprès de Sheere-Ali, l'émir de Caboul,
et cette mission, annoncée et préparée
longtemps d'avance, a été confiée au gé-
néral Chamberlain. On sait ce qui est
arrivé. Un officier de l'émir s'est présenté
à la frontière et a interdit le passage aux
Anglais. La mission a été rappelée mais
les Anglais, avec cette loyauté d'expres-
sions qui les caractérise, n'ont pas hésité
à dire qu'ils avaient reçu un affront, et
ils en ont fait remonter la responsabilité
à la Russie. Il faut lire les journaux an-
glais tous, sur ce point, sont unanimes.
Maintenant, quelle sera la suite de l'af-
faire ? Il est difficile de le prévoir. Si l'o-
pinion est excitée en Angleterre, elle est
surexcitée dans les Indes. Les journaux
demandent que l'émir fasse des excuses
ou que l'Afghanistan soit occupé par les
troupes anglaises, et nous ne voyons pas
trop comment l'honneur britannique pour-
rait sortir de cette alternative. Mais ces
journaux joignent la prudence à leur juste
ressentiment, et le ~~M, en particulier,
prend soin de dire qu'il ne peut s'agir que
de l'émir, et point du tout de la Russie.
L'émir, sans doute, est « un pantin dans
la main des Russes mais on n'en veut
qu'à lui, et c'est aux Russes qu'il appar-
tient de savoir s'il leur convient, oui
ou non, de prendre fait et cause pour
Sheere-AIi. Sont-ils en état de le faire avec
quelque espoir de succès? Nous l'igno-
rons. En tout cas, rien ne presse peut
être, et les Anglais paraissent disposés à
invoquer l'action bienfaisante de ce grand
diplomate qu'on appelle le temps. K Nous
pouvons attendre, dit le JZ'MMM, jusqu'au
moment qui nous conviendra le mieux, et
ainsi nous donnerons à notre voisin peu
courtois le temps de revenir sur sa con-
duite. » Voilà qui serait pour le mieux s'il
ne s'agissait que de l'émir; mais il ne faut
pas oublier que les Russes sont derrière
lui, et si les Anglais prennent leur temps,
certainement les Russes ne perdront pas
le leur. L'incident est donc grave, et bien
habile ou bien présomptueux qui voudrait
en prédire les phases successives et le
dénoûment
Les cléricaux ne paraissent pas être
tout à fait aussi unis qu'on avait pu le
croire. M. le comte de Falloux, un des
hommes les plus distingués, les plus fins
et les plus indépendans du parti, vient
d'écrire à l'Union de ~'OMM~ une de ces
lettres où il montre tant d'habileté en
pure perte. M. de Falloux, qui cite Lacor-
daire, et qui a fait partie de la petite pha-
lange des catholiques libéraux, défend
avec vigueur la liberté de l'enseignement
à tous les degrés. Mais, après avoir fait
une charge à fond contre M. Gambetta,
sans le nommer, ce qui le distingue, au
point de vue de la bonne éducation, de
Mgr l'évoque d'Angers, il en fait une
autre, toujours sans le nommer, contre
M.de Mun:
« Mais après de justes reproches, dit-il,
après d'utiles souvenirs invoqués dans nos
polémiques quotidiennes, un autre devoir
sollicite notre courage et s'impose à notre
conscience nous demander si nous n'avons
nous-mêmes rien à nous reprocher.
Je ne veux point examiner ici cette
question dans toute son étendue ce serait
réclamer plus de place que vous ne pourriez
et ne voudriez m'en accorder. Je me bor-
nerai donc à fixer votre attention et celle de
vos lecteurs sur un fait assez nouveau et qui
me semble d'une portée très dangereuse.
On a pris et l'on parait vouloir prendre
de plus en plus pour mot d'ordre, dans une
portion de la presse catholique, le mot de
eom/JMpo~Mm. Je ne crois pas qu'il puisse
y avoir un .symbole moins vrai et plus mal
choisi. Le mot coM~e-~o~MoM. devenu le
mot de ralliement des catholiques, n'a aucune
exactitude la coM~-TMco~Mm est aujour-
d'hui dans la pensée de fort peu de gens, et
n'est l'expérience l'a bien prouvé au
pouvoir de personne.
C'est, en outre, un mot mal déSni et
probablement indéfinissable, gros de pré-
jugés, de malentendus, et par conséquent
de tempêtes. Assurément, les réformes à
solliciter, les réparations à obtenir les
améliorations à poursuivre ne manquent
pas mais il faut donner à chacune d elles
leur vrai sens et leur vrai nom, et non
pas leur imposer un nom de guerre pro-
vocateur, qui confond dans une obscurité dé-
plorable ce qu'on doit conserver et ce qu'on
doit combattre. L'Eglise ne recule devant au-
cun péril pour remplir sa mission; mais il
faut au moins que ce soit sa mission, et elle
ne peut ni se compromettre ni se laisser com-
promettre par des thèses plus que contesta-
b !es, qui ne supporteraient pas une heure de
discussion contradictoire et sérieuse.
Il est encore temps, monsieur le rédac-
teur, de nous arrêter dans cette voie; mais il
est temps, et j'ose solliciter à cet égard vos
méditations les plus consciencieuses. ? »
Nous n'avons pas besoin de commenter
ces paroles pleines de bon sens, mais
que l'C/MM~-y, avec le génie « opportu-
niste o qui le distingue, trouvera certaine-
ment hors de propos. Si Montalembèrt,
si Lacordaire vivaient encore, ils ne par-
leraient sans doute pas autrement, et,
comme ils avaient beaucoup d'esprit' et
même d'éloquence, M. de Mun serait
peut-être un peu embarrassé pour ré-
pliquer. Nous ne voulons pas dire par
là que l'P~M~.? et la jOe/c~e seront
embarrassés pour répondre à M. de Fal-
loux ils sont, Dieu merci, exercés au
métier Pour nous, nous sommes agréa-
blement surpris en voyant un retarda-
taire assez audacieux pour dire aux cory-
phées de la marche à tort et à travers
Messieurs vous allez trop vite et vous
ne savez pas où vous arriverez. Et
qui sait ? S'il y a encore des catholiques
libéraux, il ne faut pas tout à fait déses-
pérer de déterrer quelque part un gallican
encore vivant.
BOURSE DE PARIS
CtStenre te 23 te 24 BtMMoe. Bftttme
S 0/0. <
Comptant. 76 2S.f. 76M.
Fin cour. 761712 76221/2 S.. i
se/o
Amortissable,
Comptant. 80. 8020 .20.
Fincour.80. 8012~/2 .121/2
~t/ee/e
Comptantl062S,lC660J..3a.
&<<*
Comptantes 6S. 119 80 <15.
Fincou]'.H3'?S..ll385.10.
PBTITN BOURSE DU SOIR.
Emprunt S O'O. H3 fr. 90. 87 1/2, 92 t/2, 90.
30/0. 76fr.2S.
30/OamortissaMe. 80fr.l7t/2~X.
Extér" espagnole.. m/8,3/i6.
Intérieure. 133/8,7/16.
5 0/0 turc. 12fr.621/2,60.
Florins (or). 633/16,1/4.
Hongrois 6 0/0. 74 fr.
Egyptiennes 60/0.. 285 fr.
Notre correspondant de Londres nous
adresse le télégramme suivant
a Londres, le 24 septembre, midi.
a Les commentaires de la presse sur l'in-
cident de l'Afghanistan sont naturellement
conçus dans le sens d'une action énergique;
les journaux demandent que l'émir de Ca-
boul fasse amende honorable ou qu'il soit
châtié, au nom du prestige de l'Angleterre en
Asie et de sa sécurité dans l'Inde. Ils voient
dans ce qui s'est passé l'eS'et des intrigues de
la Russie et parlent avec amertume du rôle de
cette puissance mais ils ne croient pas à
des complications avec elle. En eifet, la Rus-
sie pourra toujours, si les affaires menaçaient
de prendre une tournure sérieuse, accorder
comme satisfaction le rappel du général
Abramoft'. e
On télégraphie de Bombay, le 23 septembre,
au tS~SM~a~;
Le général Roberts. commandant les forces
de la frontière, est parti pour Pesha.wer avec des
ordres secrets.
s On a donné l'ordre de réunir un grand nom-
bre de troupes sur la frontière et de les tenir
prêtes à marcher. 12,000 hommes y sont déjà
massés.
Les journaux indigènes demandent unani-
mement que l'émir présente des excuses, ou que
l'Afghanistan soit occupé par les troupes an-
glaises.
s Le sentiment des Européens est également
belliqueux. &
Le Daily ycJ~f~A annonce que le cabinet
anglais s'assembtera immédiatement pour discu-
ter les affaires de l'Afghanistan.
Les journaux ângtais s'accordent générale-
ment à déclarer que la conduite de Sh~ere-Ali de-
mande un prompt châtiment, mais toutefois sans
entramer la Russie dans le conflit.
Le Times est, en effet, d'avis qu'on doit avoir
affaire à l'émir seulement.
Ce journal croit qu'aucune opération mili-
taire ne pourrait avoir lieu avant te printemps.
«Nous pouvonsattendre.dit le yM!M,jusqu'au mo-
ment qui nous conviendra le mieux, et amsi nous
donnerons à notre voisin peu courtois le temps
de revenir sur sa conduite. »
MMgMpMe privée
(Sorrice tétésfUtphiqne d< t'tgemce H&YM.)
Saint-Pétersbourg, te 24 septembre.
On dit dans les cercles les mieux informés que
la nouvelle publiée hier par !e Times, au sujet
d'une alliance conclue entre la Russie et l'Afgha-
nistan. est une hypothèse tout à fait arbitraire.
On ajoute qu'il n'y a pas le moindre motif pour
se livrer à des suppositions et à des insinuations
de ce genre.
Berlin, le 24 septembre.
Dans sa séance de ce jour, la commission
chargée d'examiner le projet de loi contre les so-
cialistes a repoussé par 17 voix contre 3 l'amen-
dement Gneist à l'article 4 (instance pour les re-
cours).
La proposition Lasker-Stauffenberg a été éga-
lement repoussée par il voix contre 9.
L'article 4 du projet du gouvernement a été
aussi repoussé.
Berlin, le 24 septembre.
Au sujet de la circulaire dans laquelle le gou-
vernement allemand a récemment appelé l'atten-
tion des puissances sur les retards apportés par
la Porte à l'exécution des stipulations du traité
de Berlin, la fhM~Me F~~M~te f~t Nord s'ex-
prime ainsi
tablissement de la paix et de la tranquillité en
Europe; il ne se dissimulait nullement l'éventua-
lité, la probabilité même que cette démarche
pourrait ne pas rencontrer l'assentiment de tou-
tes les puissances.
? Il ne s'agissait en aucune façon, dans tout
cela, d'intérêts purement allemands; mais il reste
toujours à espérer que les puissances plus direc-
tement intéressées dans la question d'Orient sai-
siront la balle au bond et feront en temps oppor-
tun, soit en commun soit simultanément, les dé-
marches nécessaires. L'Allemagne n'a voulu que
donner une impulsion que les autres puissances
devaient attendre directement de Berlin.
Quant à la supposition que l'Allemagne au-
rait l'intention de poursuivre son action au delà
de ce premier appel, elle est sans doute erronée,
d'autant plus que la Porte a déjà montrée un
peu plus d'ardeur à exécuter différen points
du traité, notamment l'évacuation de Batoum.
Il faut en outre considérer que l'assassinat de
Mehemet-A)i semble prouver que c'est moins la
bonne volonté que le pouvoir qui manque à la
Turquie pour exécuter le traité de Berlin. »
Londres, le 24 septembre.
Dans une dépêche de Vienne, le tS~oM~afa!
annonce que Livno a été pris par les troupes au-
trichiennes.
D'après une dépêche de Berlin, adressée au
~o~tM~ Post. le czar a dissuadé le Monténégro
<
le traité en tout ce qui concerne la Serbie et le
Monténégro.
Le Times publie la nouvelle suivante
Vienne, le 23 septembre. Les Turcs fo'ti-
uent les frontières de i'Epire. 2,000 hommes de
troupes régulières sont employés aux travaux.
Il y a environ SO.ûOO hommes de troupes tur-
ques en Epire et en Thessalie. Néanmoins, des
renforts arrivent sans cesse.
Raguse, le 24 septembre.
Hier soir, 400 insurgés musulmans de Korje-
nich se sont enfuis sur le territoire monténégrin.
Ils ont été désarmés et internés à Grahovo.
Une pluie torrentielle retarde les opérations mi-
litaires.
Bucharest, le 23 septembre, soir.
L'OfMM< publie un télégramme de Toultcha,
annonçant que des bandes sont organisées pour
s'opposer à 1 occupation de la Dobrutscha par les
Roumains.
On parle de 8,000 fusils distribués aux hommes
qui composent ces bandes.
Varna, le 23 septembre, 7 h. 30 m. soir.
Les Turcs évacuent la ville avec une lenteur
incroyable.
150 canons restent à embarquer. On en em-
barque 2 chaque jour.
Les Russes occupent les forts et un quartier.
Les Turcs occupent les autres quartiers et con-
tinuent à administrer la ville.
Constantinople, le 23 septembre.
Aujourd'hui est arrivé à la Sublime-Porte un
télégramme du prince Nikita, insistant vivement
pour là remise au Monténégro des territoires
qui lui ont été cédés par le traité de Berlin.
Rome, le 24 septembre. )
Des dépêches privées de Tarifa annoncent que y
de graves desordres se sont produits à Tanger.
Le consulat anglais et la douane ont été atta-
qués. Les assaillans ont été repoussés par la <:
force. y
Le consul italien a demandé l'envoi d'un na-
vire de guerre.
Vienne, le 24 septembre.
Les négociations avec MM. Elena et Axerio. y
délégués italiens, pour la conclusion d'un nou-
veau traité douanier entre l'Autriche et l'Italie,
ont commencé hier. y
Nous avons assez dit que nous n'accep-
tions pas sans réserves le programme
développé à Romans par M. Gambetta, si
toutefois M. Gambetta a fait un pro-
gramme. Nous croyons plutôt qu'il a
suivi l'exemple que presque tous nos ho-
norables ministres lui ont donné cette
année, et que donnent partout et toujours
les hommes politiques dans les pays li-
bres celui de parler au public et de s'ex-
pliquer sur leurs idées, leurs projets et
leurs~espérances.
M. Gambetta, au fond, n'a pas fait autre
chose. Si discutables que soient plusieurs
de ses idées, et nous ne manquerons pas
d'y contredire quand il le faudra, *nous
devons avouer qu'il n'en est pas une dans
le nombre où la contradiction ait été
plus vive que dans la dernière partie de
son long discours où il traite des rapports
de l'Eglise catholique et de l'Etat. Les
journaux réactionnaires, notamment ceux
qui le sont pour le compte de l'ancien ré-
gime absolutiste ou de l'ultramontanisme
clérical, ces journaux n'ont qu'un cri
contre les idées exprimées par M. Gam-
betta au banquet de Romans, un cri de
fureur sans merci. II faut donc qu'il ait
touché la corde sensible. On n'est jamais
si furieux que lorsqu'on a vraiment tort
et qu'on est à bout de bonnes raisons.
C'est donc à nous, de raisonner; et ne
cherchons pas à nous prévaloir de tout
ce que M. Gambetta a dit sensément et
dignement sur le respect qui est dû au
sentiment religieux, à la religion dans le
sanctuaire, au clergé séculier et paroissial
dans l'exercice de sa mission de moralité
et de charité. Ecartons toutes ces réserves
qui pourraient être taxées, si sages
qu'elles Soient, de précautions oratoires.
abordons les griefs que l'orateur démo-
crate a nettement formulés contre les
tendances, les opinions, les actes de tous
ceux qui, religieux ou laïques, ne sem-
blent plus avoir d'inspiration pour leur
âme, ni de règle pour leur conduite que
celles d'une religiosité ennemie du siècle,
hostile à l'esprit moderne, acharnée au
dénigrement des idées libérales, conspi-
rant de cœur sinon de fait contre les ins-
titutions républicaines que la France s'est
données quand il lui a été démontré que
celles-1~ seules sont désormais possibles.
Eh bien qu'a dit M. Gambetta, après
avoir rendu hommage à ce clergé séculier
a qui est, selon lui, bien plus opprimé
c qu'oppresseur, qui est bien plus victime
M que tyran, qui est bien plus appauvri
B que rente par les communautés qui l'en-
serrent et le dominent, et qui, né du
H peuple, n'en peut être l'ennemi quand
? il est livré a la libre impulsion de sa
H conscience?. » Qu'a dit M. Gambetta
que ne doivent répéter avec lui tous ceux.
qui ont souci de l'indépendance morale
non moins que de la liberté politique de
notre pays ?
Le devoir du gouvernement républicain
est de respecter et de faire respecter la
religion et ses ministres mais son devoir
est aussi de respecter et de faire respec-
ter les lois de l'Etat qui protègent la vraie
religion et ses vrais ministres contre l'in-
trusion des sectes illégales qui les oppri-
ment, contre l'obsession de l'esprit con-
gréganiste qui les surveille, les intimide,
les abêtit, les rend impuissans pour le
bien, sinon malveillans. Pour tout dire,
en un mot, le devoir du gouvernement,
dans ses trois pouvoirs, est non seule-
ment d'échapper pour sa part à ces con-
traintes, mais d'en épargner le péril et
l'abaissement à toute cette grande et noble
milice du clergé français séculier, ce-
lui des paroisses, celui de l'Evangite sai-
nement interprété celui du Christ qui a
dit a Rendez à César ce qui est à Cé-
sar H c'est-à-dire rendez au gouverne-
ment de votre pays, quel qu'il soit, sans
vous en mêler, mais en le respectant,
rendez-lui, surtout s'il est libéral, rendez
à ses institutions, à ses Codes, à son es-
prit, à ses idées nées du progrès des
temps et des conquêtes de la civilisation
vraiment chrétienne; rendez-leur ce
qui leur est dû, le respect, l'obéissance,
la sympathie le bon accord, l'assi-
stance en tout ce qui dépend de vous
Est-ce M. Gambetta tout seul qui de-
mande cela? Lisez ce que l'illustre Mon-
talembert écrivait un jour au R. P. Cho-
carne, auteur d'une Vie du grand prédi-
cateur libéral, le dominicain Lacordaire
« Votre conclusion, disait-il, est aussi
B consolante que lumineuse pour ceux
H qui, comme moi et tant d'autres, ont
H été surtout attirés vers -lui par la ten-
H dresse entraînante de ses épanchemens
H intimes, par son ardente sympathie pour
a ~OM~ a'~K~K'?M ~~MM de ~OM
a ~M~ de son pays, par son intelligent
a amour de la société moderne, par son
invincible attachement aux p?'MM:~M
H
B la hauteur eU'MM~cM~Mee de son génie,
M par son généreux amour du~ droit, par
H sa noble horreur des défaillances et des
M trahisons dont nous avons été témoins
M et victimes, par sa foi indomptable dans
N ~~M;NCM ~OM et ~6~. Ceux-là surtout
a vous auront une obligation immortelle.
M Grâce à vous, ils sauront que rien de
M tout cela n'a empêché ce cœur, resté
M jusqu'à la fin si passionnément fidèle à
M ses amitiés d'ici-bas, d'être encore plus
H enflammé de l'amour divin. Ils sauront
B que ce libéral MM~t~ comme il le
B disait de lui-même, a été non seulement
)) un catholique pénitent, mais un amant
? passionné de la Croix de Jésus-Christ. M
Ainsi parlait, ainsi écrivait M. de Mon-
talembert, bien peu de temps avant sa
mort, en 1866, en plein Empire. Ainsi a-t-il
parlé à ses amis jusqu'à la fin. Oui, nous
le répétons, rendez à Dieu ce qui lui
est dû rendez aussi à l'Etat ce qui lui ap-
partient dans~Ja. direction des esprits
par l'éducation publique car abandonner
à ceux qui se vantent d'avoir deux patries,
une en France, une autre à Rome, à ceux
qui affectent et affichent dans leurs cou-
vens, dans leurs écoles, et jusque dans
les jardins de nos évêques, en présence de
la foule, le mépris de l'esprit libéral;
leur abandonner la direction d'une partie
(qu'ils disent la plus nombreuse) de la
jeunesse française, n'est-ce pas créer
pour un avenir prochain deux Frances
rivales? L'une sera vouée aux grands
principes de la Révolution française, ceux
qui ont fait la France ce qu'elle est en-
core, grande et prospère, même après ses
malheurs causés par l'oubli de ces prin-
cipes l'autre sera l'ennemie de l'esprit
moderne et n'aura de zèle que contre ses
créations et ses conquêtes.
Est-ce une pareille rivalité que cette
double éducation nous promet, et est ce
une telle perspective qui sourit à nos ad-
versaires ? En réalité, ne serait-ce pas la
guerre civile, à courte échéance?
Nous ne tranchons pas cette question
redoutable. M. Gambetta n'a fait que tou-
cher à la liberté de l'enseignement, et
nous n'irons certes pas plus loin que lui.
C'est là upe question réservée entre tou-
tes, et la plus délicate de toutes. Nous ne
l'aborderons jamais qu'avec prudence, avec
respect, parce qu'elle implique non seule-
mentle droit de l'Etat, mais ce)ui des famil-
les, non seulement l'intérêt public qui ne
doit pas être la tyrannie des consciences,
mais les droits de l'initiative individuelle
qui à sontournedoitpasêtreIacontradiLC-
tion de l'intérêt général. Graves ques-
tions, mais où il semble que l'élément
mystique et clérical ait pris de notre
temps une telle avance sur l'élément na-
tional et laïque, que, s'il n'est pas néces-
saire de le supprimer dans cette lutte, il
est tout au moins utile de l'empêcher de
faire de nouveaux progrès, sinon de l'ar-
rêter une bonne fois dans cette conquête
de la jeunesse, c'est-à-dire de l'avenir,
dont certains évêques se vantent dès au-
jourd'hui (1).
Ne disons rien de plus. Nous en avons
assez dit aujourd'hui pour défendre con-
tre l'excès des récriminations réaction-
naires les idées exprimées, suivant nous,
avec une mesure convenable au banquet
de Romans, dont cependant, pour quel-
ques unes du moins, nous ne nous fai-
sons pas les éditeurs responsables et à
tout risque. Il nous suffit que là où nos
fougueux antagonistes voient une torche
d'incendie, nous n'ayons aperçu,, même
de loin, qu'une lumière qui, à un moment
donné, peut nous avertir et nous diriger.
A.
Voici le discours prononcé hier à. Nantes par
M. de Freycinet, ministre des travaux publics,
au banquet qui lui a été onert au palais de la
Bourse
Messieurs,
La tâche qui m'est faite est bien difficile, puis-
que j'ai à répondre à quatre toasts qui sont tous
également embarrassans par leur extrême bien-
veillance. Avant de l'essayer, je vous demande
la permission de vous exprimer toute la satis-
faction que j'éprouve à voir groupés autour de
cette table le conseil municipal, la chambre de
commerce, le conseil général, c'est-à-dire trois
grands corps qui, en politique, sont animés de
sentimens difîérens.
Cette rencontre sur le terrain des intérêts gé-
néraux de tant d'hommes éclairés est, à mes
yeux, le gage de l'union que j'entrevois, que je
prédis pour mon pays. (Applaudissemens.)
Je sms, vous le savez, un partisan déterminé
de la conciliation; je la conseille partout, je la
conseille surtout au parti républicain; je la con-
seille aux républicains parce qu'ils sont aujour-
d'hui les plus forts et parce qu'ils sont au pou-
voir. (Vifs applaudissemens.) Or, quand on est la
majorité, on peut et on doit faire des choses qui
ne sont pas permises quand on est la minorité.
Je dis donc aux républicains C'est à vous, au-
jourd'hui, de faire les avances; c'fst à vous de
ménager, de respecter la susceptibilité des autres
partis. Messieurs, si quelqu'un vous dit, comme
ie l'ai entendu dire quelquefois C'est de la fai-
blesse, répondez C'est de la faiblesse quand on
est le plus faible; mais, quand on est le plus fort,
c'est de la bonne politique. (Très bien! très bien
et applaudissemens.)
Et, quant à moi. je dois l'avouer, le meilleur
souvenir que je puisse emporter de mes voyages,
c'est d'avoir vu, comme aujourd'hui, des hom- `
mes d'opinions différentes se grouper et se
mettre la main dans la main lorsqu'il s'agit
de discuter des questions d'intérêt généra!
oublier, comme le disait tout à l'heure M. le
président du conseil général. leurs dissidences
politiques pour se placer uniquement sur le
terrain de l'intérêt national. (Nouveaux applaudis-
semens.) Et je suis convaincu que, si nous sui-
vons les uns et les autres cette bonne habitude,
il arrivera un moment où. insensiblement et
sans que nous nous en apercevions, nous ver-
rons s'abaisser les barrières qui nous séparent
sur un autre terrain où nous nous trouverons
unis, non seulement pour défendre ensemble,
ainsi qu'on le déclarait, la France à l'extérieur,
(~) fcw la lettre récente de Mgr l'évoque d'An-
gers à M. Gambetta.
mais aussi pour garantir la stabilité de nos insti-
tutions à l'intérieur. (Applaudissemens.)
Je vous demande pardon, Messieurs, de cette
digression qui m'a été inspirée par l'aspect cor-
dial, presque fraternel, du banquet auquel il
m'est donné d'assister. J'arrive maintenant aut
questions qui vous préoccupent plus particulière-
ment.
Il y a longtemps que je désirais visiter la ville
de Nantes; je le désirais d'autant plus que ~e.
crois que ses intérêts ont été quelque peu négli-
gés depuis un certain nombre d'années. (Nou-
veaux applaudissemons.) Et tout d'abord, ce qui
me frappe, c'est que je trouve que le régime de
votre neuve n'est pas en harmonie avec les be-
soins de la marine moderne.
Je ne prétends pas dire que la profondeur ·
d'eau dont vous disposez ait diminué, ou même
qu'elle n'ait pas augmenté; mais je crois qu'elle
n'a pas augmenté en proportion des exigences du
matériel naval, ni autant qu'elle a augmenté dans
les autres ports, vos rivaux.
Or, vous savez aussi bien et mieux que mo!.
vous tous qui êtes dans les affaires, qu'en ma-
tière commerciale il n'y a pas de progres absolu,
il n'y a que des progrès relatifs, et que, lorsqu'on
avance moins que ses concurrens, on recule.
(Applaudissemens.) Il est donc grand temps, se-
lon moi, de remédier à la situation dont vous
souffrez, et j'estime qu'il est absolument néces-
saire de donner à votre fleuve le régime dont
vous me parliez ce matin, et qui, à mon sens,
est le minimum pour relever votre commerce.
(Applaudissemens.)
Et. quand je parle ainsi, je crois queia ville de
Saint-Nazaire, qui a aussi mes sympathies et que
nous avons visitée ensemble aujourd'hui, ne doit
pas en concevoir de l'ombrage (approbation), car, si
je me rends bien compte de la destination respec-
tive de Nantes et de Saint-Nazaire, la situation de
ces deux villes m'apparaît comme tellement diffé-
rente qu'il ne saurait y avoir de rivalité sérieuse
entre elles Saint-Nazaire est, à mes yeux, un
port d'attache de la grande navigation, un lieu
de transit, tandis que Nantes est un centre in-
dustriel et commercial. (Nouveaux applaudisse-
mens.)
Par conséquent il y a entre ces deux villes
un partage naturel d'attributions et de trafic qui
les exempte de tout esprit de rivalité l'une vis-
à-vis de l'autre. Je les mets donc en commun
dans mes préoccupations, et ce sera pour l'une
aussi bien que pour l'autre, j'ajoute pour le dé-
partement tout entier, que je travaillerai et cet
esprit dont vous vouliez bien me féliciter tout à
l'heure, et qui consiste à mettre sur le même
pied toutes les parties de la France~ je l'apporte-
rai en ce qui concerne toutes les parties du dé-
partement.
Messieurs, puisque je parle devant une assem-
blée composée ou de républicains ou de per-
sonnes qui, sans l'être, ont à un haut degré '!e
sentiment des convenances, je lui demande !t
permission de porter un toast au Maréchal Prési-
dent de la république, au chef de l'Etat; c'es~, &
mon sens. le premier devoir dans une république.
Je vous demande également de porter un to&st
à la prospérité et au développement de la Loire-
Inférieure. (Vifs applaudissemens.)
Nous détachons de notre courrier d'O-
rient les informations suivantes:
CoM~M~Mop~, 13 M~~Nt~<. Pendant
que les Lazes, renonçant à toute idée de ré-
sistance, émigrent avec leurs famines vers les
pays musulmans pour fuir le joug détesté
des Russes, les Arméniens de l'Asie-Mineure,
poussés à bout par les Kurdes et ne pouvant
rien espérer, rien attendre de la protection
du .gouvernement ottoman, passent la fron-
tière et vont s'établir en Russie. Les uns et
les autres ont leurs raisons pour agir de la
sorte les premiers fuient un gouvernement
despotique dont la forte organisation peut
être comparée une machine puissante qui
brise, broie et nivelle tout ce qui est soumis
à son action les seconds cherchent à se sous-
traire aux persécutions d'une peuplade guer-
rière et sauvage, et aux actes arbitraires d'un
gouvernement faible qui ne peut Jeur donner
ni la sécurité dont ils ont besoin, ni la jus-
tice après laquelle ils aspirent. Les Lazes
fuient un gouvernement fort les Arméniens.
un gouvernement faible. L'un et l'autre sont
despotiques, avec cette différence que le des-
potisme russe est absolu et brutal, tandis que
le despotisme ottoman est souple, délié, quel-
quefois plaisant ou ridicule, souvent tragi-
que. et nnalement conforme en tous points à
l'esprit byzantin qui caractérise la classe di-
rigeante en Turquie. Entre ces deux gouver-
nemens, le choix n'est pas permis l'un et
l'autre sont oppresseurs, quoiqu'il soit juste
de reconnaître que le joug ottoman est de
beaucoup le plus supportable.
Les Arméniens portent en .Russie leurs ri-
chesses (je donne à ce mot sa valeur écono-
mique), leur industrie, cet esprit docile et
soumis qui été façonné au moule turc,
leurs aptitudes au travail et les dispositions
naturelles qu'ils ont pour le commerce. Les
Lazes, au contraire, n'aoporteront en Turquie
que leur humeur intraitable, leur paresse,
leur esprit de révolte et, comme leurs frères
circassiens, leurs habitudes invétérées de vol
et de rapine. C'est un nouvel élément dis-
solvant que la Turquie introduit dans son
sein.
Une dernière espérance, toutefois, vient <îe
surgir. Je veux parler de celle qu'a fait naître
parmi nous la nouvelle du prochain retour de
Midhat Pacha. C'est un faible rayon au mi-
lieu d'une nuit profonde; mais, si faible qu'il
soit, la vue de ce rayon réjouit les malheureux
Turcs et rend quelque espoir aux chrétiens. On
fonde ici de grandes espérances sur le retour
de cet homme qui est justement considéré
comme un grand réformateur et un admini-
strateur capable. Ces deux qualités, Midhat
les possède, et on ne saurait les lui-contester.
Il jouit, de plus, d'une grande popularité, et
tout le monde a confiance dans son éner-
gie. Mais reviendra-t-il bientôt comme on
semble le croire, et, s'il revenait et qu'on lui
connàt le pouvoir, pourra-t-il agir librement?
Le laissera-t-on faire? Ne se heurtera-t-U
pas encore une fois aux obstacles qu'il n'a
pas cessé de rencontrer quand il a voulu
taire subir au système vicieux et condamné
du gouvernement turc une transformation
utile, une réforme salutaire? On dit que le
Sultan ne nourrit plus aucun ressentiment
contre son ex-grand-vizir; mais on oublie que
le Sultan est homme, et que la méfiance qu'il
a toujours manifestée contre Midhat ne sau-
rait disparaitre totalement. Une nécessité
impérieuse et implacable comme la fatalité
le force de le rappeler à lui; mais il s'agit de
savoir dans quel but il le fait et s'il a réelle-
ment l'intention de lui confier le pouvoir, ou
bien si tout se réduit à une simple manifes-
tation faite dans le but de calmer les esprits
et de donner une certaine satisfaction à l'o-
pinion. Quoi qu'il en soit, le premier pas est
fait, et il est permis d'espérer que le Sultan
mieux conseillé désormais, ne s'arrêtera
pas en si beau chemin et qu'il réalisera.
bientôt ce qu'on est en droit d'attendre de
lui. Ce sera de sa part une œuvre de répa-
ration. Le Sultan Hamid, par son inexpérience
et par les mauvais conseils de son entou-
rage, a attiré sur le pays bien des malheurs
qu'on aurait pu lui éviter. Il est temps qu'il
s arrête dans cette voie pour en suivre une
meilleure.
Je ne vous parlerai pas des réformes pas
plus de celtes que sir A. Layard a présentées
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