ÉDITION DE PARIS.
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<:nBeiëique,enH&~&\
dans ta Luxembou.'g, en Tuninie.
.F~~ences du Maroc et en Chine et a.u Japon,
,jm Eloyea d'une valem' payaMe & Paj'is on de
J~endats-poste, soit internaLtionau'x., soit fi'&nc&ie,
< en AUemagne. en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays.
~M t'en vol d'una v&leuy pays.Me tt.Ia~
LM~RCnc&s ~om.f.eçu~.
~t ~a~. :B'&Mehey, .!L&f8te:t;<ï',
8, ptMo do ia Boni'sa.
~t M hnMan du ,'SSCSMAS.)
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JEMM iS A~T
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11 0~ S'ABONNA
me des Pratres-Saint-Germàin-A.u'x.erMM, n.
PBUXEtE~'AB~MMEBSEMTr:
un an. Stxmoia. Trois mcM.
Dôpattemena. 80 fr. 40 &. 20 fr,
Paris. 72 fr. 36 Cf. t8Les aboanemens partent des l~' et « de
chaque mois.
Ë'M'Ss, Ba! samsêt~ ~6 eeatt.
-t~a~tetmëmB, mamnBtëFO.. Bt eettt.
in!Lpapers oSce, Gresham street, G. P. 0.~
:ttM.meM:ty. ma,~
E. C., JLondom, BON. W.-H. Sm~h et Wem,
tM, StMnd,w. C.. London.
à. BmxeUes, & ro/%« ~MMM, M, rEe de
Madeleine, dans les kiosques et dans tés M-
MioQleqttes dos j~ares d' chemins de fer betges.
A~VttpMtiso {ChUi), chez M. Orestes L. Tomero.
JOtJMAL DES DEBATS
PeUTtQUËS ET UTTËMME8
Les ateliers étant iermés demain jeudi,
JOUR DE L'ASSOMPTION, le VûM~Mj <~M J9e-
ne paraîtra pas le vendredi 16 août.
PAMS
MERCREDI t4 AOUT
Le A~)~ nous accuse de chercher à
provoquer une guerre européenne lors-
que nous'invitons l'Autriche à mettre fin
aux entreprises du Monténégro et de la
Serbie. Il nous semble cependant que
l'histoire de ces dernières années prouve
d'une manière éclatante combien la paix
générale peut être compromise par les
ambitions inquiètes et violentes de ces
petites principautés. Permettre à la Ser-
bie et au Monténégro de diriger contre
l'Autriche le jeu fatal qu'elles ont dirigé
longtemps contre la Turquie, n'est-ce pas
exposer l'Europe à voir renaître bientôt
les complications désastreuses auxquelles
le irai té de Berlin devait, dit-on, mettre
fin ? Nous ne voulons pas attacher une
importance exagérée aux nouvelles qui
nous arrivent de Bosnie. Il faut bien re-
connaître cependant, puisque les dépê-
ches de Vienne en font elles-mêmes l'a-
veu, que les troupes autrichiennes n'a-
vancent pas facilement dans cette pro-
vince, et que parfois même elles sont
obligées d'opérer de fâcheux mouvemens
de retraite. La 20" division, commandée
par le général Szapary, a dû reculer K de-
vant des difficultés insurmontables. » Il
est facile de deviner quelles sont ces dif-
ficultés. bien que les dépêches de Vienne
nous affirment que. le général Szapary
p'est retiré ~pour assurer sa ligne de
communication, et non pour céder à
un adversaire supérieur en force. L'Au-
triche jusqu'ici n'est pas beaucoup plus
ne'ireùse que la Porte dans l'oeuvre de la
pacification de la Bosnie et de l'Herzégo-
vine. Ne serait-ce point parce que,
comme la Porte, elle ne saisit pas l'en-
nemi là où il se trouve réellement?
M. Waddington-a eu-un mot heureux
quand il a dit dans une des séances du
Congrès « Chargeons l'Autriche de faire
la police de l'Europe en Herzégovine et en
Bosnie.') Mais cestentatives d'agitation se
produisant dans tout le nord de la pénin-
sule des Balkans, si l'Europe ne veut pas
V(.)ir renaître les désordres qu'elle a eu
tant de peine à comprimer, il faut que
l'Autriche fasse la police tout le long du
Danube, parmi ces populations jeunes,
remuantes, toujours prêtes à recommencer
l'insurrection parce qu'elles n'ont rien à
y perdre et qu'elles y ont trop souvent'
gagné quelque chose. Y
Il serait d'ailleurs bien iojusLe de con-
ner à l'Autriche une mission dont elle ne
retirerait que des mécomptes. Nous avons
reproché sans cesse au cabinet de Vienne
de borner la « sphère de ses intérêts N à
l'Herzégovine et a la Bosnie nous lui
avons répété, depuis le commencement
de la crise orientale, qu'il avait tort de se
laisser tromper par un dangereux mirage
et de sacrifier à la conquête de deux pro-
vinces qui seront pour lui un em-
barras et un péril le grand rOle qu'il
peut être appelé a jouer en Orient.
Le parti militaire et. aristocratique dont
les plans ont triomphé jusqu'ici ne nous
a. pas crus; mais les difficultés auxquelles
il se heurte des ses premiers pas dans la
voie où il est engagé lui montreront bien-
tôt à lui-même l'imprudence de sa con-
duite. Nous avons gardé trop bonne mé-
moire des déclarations du comte Andrassy
pour croire que le ministre austro-hon-
grois eût accepté le mandat que lui a im-
posé le Congrès de Berlin s'il avait prévu
de quelle manière ce mandat serait exé-
cuté. En revenant à Vienne, il espérait
sans doute que l'occupation et l'adminis-
tration de l'Herzégovine et de la Bosnie
resteraient entre les mains du parti po-
litique et que les Hongrois en parti-
culier auraient une part prépondérante
dans une opération qui les touche de si
près. Au lieu de cela, que voyons-nous ?
Les hommes qui rêvaient depuis si long-
temps de conquérir l'Herzégovine et la
Bosnie, non pour arrêter 'les progrès du
panslavisme en Orient, mais pour déve-
lopper en Autriche la puissance des
races slaves, les généraux de Molinary,
Philippovitch, etc., dont on n'a pas
oublié les fatales complaisances pour
la première révolte de l'Herzégo-
vine, heureux -de pouvoir se couvrir
enSn de l'autorité de l'Europe, se
sont emparés de l'exécution des réso-
lutions du Congrès. Gomment veut-on
qu'ils éteignent un incendie qu'ils ont
laissé allumer il y a plus de deux ani~?
Dirigée par eux, l'armée autrichienne
éveillera plus d'espérances que de crain-
tes .dans les populations slaves du nord de
la. Turquie. Il faut s'attendre à voir
une agitation sourde continuer à se ré-
pandre 'du Monténégro et de la Ser-
bie dans l'Herzégovine et dans la Bos-
nie. Comme nous le disions il y a
deux jours Cettigne et Belgrade res-
teront le centre d'une conspiration per-
pétuelle dont les tentatives insai-
sissables, se renouvelant- sans cesse
et échappant toujours à la répression,
obligeront l'Autriche à des sacrifices pé-
cuniaires et politiques qu'elle ne pourra
pa~ supporter longtemps. Pour maintenir
l'ordre dans-Jes deux provinces, elle devra
y proclamer rétat de.siège et y entretenir
en permanence une armée de 60 à 70,000
hommes. L'Autriche est-elle en mesure
de s'imposer un pareil effort pour un
aussi mince profit? « H n'y a pas de na-
tiens, pas même la Russie, disait ré-
M comment un journal anglais, moins en
;H état de faire face à de lourdes charges
H que l'Autriche-Hongrie. C'est la peur
des dépenses qui fut considérée par le
peuple autrichien comme une raison;
a suffisante de ne pas s'opposer à la
') marche des Russes au delà du Danube,
a et même de ne pas mobiliser l'armée.
s Et en réalité, lorsqu'on se rend compte
s de l'étendue considérable de la dette
M publique et de la lourdeur des impôts, on
-H est forcé de reconnaître que seuls des
motifs très graves pourraient justifier
)) une augmentation de charges. Or, il est
') évident que l'occupation de la Bosnie
M et de l'Herzégovine va être extrêmement
M coûteuse. EMe exigera le maintien de
a forces militaires considérables pour un
a temps indéfini. Si les ressources de ces
< provinces doivent être développées de
.)) façon à fournirune compensation des frais
H et dangers qu'elles occasionnent, ce ne
H sera toujours qu'auprixdegrandesdépen-
M ses pour les travaux de la paix. Avant le
-a commencement des troubles, la Bosnie et
M l'Herzégovine étaient d'un faible rapport
s aujourd'hui, dévastées etruinéespar trois
a années de guerre civile, elles ont perdu
M une grande partie de leur population par
a la mort ou l'exil, et ce qu'il en reste, ou
M à peu près, se compose de bandits. Avec
') cela, il y a peu de chances de réussite
') dans la levée des taxes, d'autant plus
H qu'en dehors des dépenses publiques il y
M aura fort à faire pour ramener les habi-
N tans aux travaux de l'agriculture. ~s
Bien que chargé dans les détails, ce
tableau ne manque pas d'exactitude dans
l'ensemble. L'Autriche est loin d'être aussi
épuisée financièrement que le dit le journal
anglais auquel nous l'empruntons, mais-
e!le n'est pas assez riche pour se permettre
des conquêtes de fantaisie. Pense-t-on que
les Allemands qui dominent dans le Par-
lement de Vienne consentent à voter tous
les ans des sommes considérables pour
le plaisir d'assurer le bonheur des Slaves
d'Herzégovine et de Bosnie ? Pense-t-on
que les Hongrois, de leur côté, s'imposent
de lourdes charges au profit d'une
politique qu'ils considèrent, à bon droit,
comme fatale à leurs intérêts vitaux ?
On oublie trop, lorsqu'on parle de
l'Autriche, combien sont divisées les na-
tionalités qui la composent. Plus que ja-
mais cependant on devrait s'en souvenir,
car ce grand pays traverse'une des pério-
des les plus critiques de son histoire. Il a
déjà manqué plusieurs occasions de rele-
ver sa fortune ébranlée, et s'il continue à
laisser échapper toutes les chances favo-
rables qui se présentent à lui, l'avenir
peut lui réserver de bien graves décep-
tions. Les Hongrois ne sauraient s'asso-
cier longtemps à des entreprises si pleines
de dangers pour eux; et quant aux
Allemands, dont la grande majorité est
catholique, qui sait si la cessation plus
ou moins prochaine, mais de plus en plus
probable des luttes religieuses entre l'Al-
lemagne et la curie romaine ne détruira
pas le principal obstacle qui les empê-
chait jusqu'ici, dans les mom.ens diffici-
les, de tourner leurs regards du côté de
Berlin?
L'Autriche est placée dans une situation
décisive elle est sur le point de choisir
entre une petite et une grande politique,
entre une aventure et une entreprise dont
les conséquences peuvent être des plus
heureuses. La petite politique consisterait
à se contenter de l'acquisition de deux
misérables provinces entourées de prin-
cipautés turbulentes où l'armée autri-
chienne serait comme une avant-garde
perdue, exposée dé tous côtés aux incur-
sions de l'ennemi. La grande politique
aurait pour but d'élargir le ïnandat de
l'Europe sans le fausser, et d'établir
le protectorat de l'Autriche sur tout le
cours du Dai~ube. Cette seconde politique
serait non seulement plus féconde, mais
plus aisée, plus simple et moins coûteuse
que la première. Ainsi que nous l'avons
expliqué cent fois it est presque im-
possible de tenir l'Herzégovine et la Bos-
nie même avec une armée importante; un
corps de vingt à trente mille hommes,
placé à Belgrade, sufSrait au contraire,
pour maintenir en repos tout le nord de la
péninsule des Balkans.Dès lors. lacoaspira-
tionpansiavisteseraitéteinte; les Hongrois
et les Allemands, rassurés, s'attacheraient
de plus en plus à un gouvernement qui leur
ouvrirait un avenir glorieux; les Siaves
du Sud eux-mêmes, comprenant qu'ils
ont mieux à faire que d'attendre un mot
d'ordre de Saint-Pétersbourg, tourne-
raient d'un autre côté leurs espérances
en un mot, l'Autriche commencerait à
remplir le rôle qui semblait lui être des-
tiné en Orient et qu'elle a eu l'imprudence
de déserter jusqu'ici. Faudrait-il, pour
atteindre ces résultats, courir les chances
d'une nouvelle conflagration générale?
Faudrait-il, comme le croit le A~ s'ex-
poser à « une bonne guerre euro-
péenne ? a A coup sûr, non! Aucune
puissance ne s'opposerait à ce que
l'Autriche prît en quelque sorte ses
sûretés pour la possession tranquille
des provinces qu'on l'a. chargée d'or-
ganiser. La Russie, fatiguée du grand
e8brt qu'elle vient de faire, ne recommen-
cerait pas des hostilités qui compromet-
traient le fruit de ses premiers succès.
L'Allemagne ne combattrait pas des in-
térêts qui sont en partie les siens. L'An-
gleterre applaudirait. La France se tai-
rait, et l'Italie se bornerait à faire entendre
de nouveau ses revendications. Personne
jie voudrait réveiller la guerre à peine
terminée. Nous ajouterons qu'une action
énergique et décisive de l'Autriche, non
seulement ne compromettrait pas la paix
dans le présent, mais la garantirait en-
core pour l'avenir. Voir un grand empire
militaire lutter incessamment, avec des
alternatives malheureuses, contre deux
provinces qui resteront un loyer d'in-
surrection assister, comme nous le
faisons en ce moment, aux épreuves
d'une armée harcelée par des bandes
qui l'empêchent souvent d'avancer; re-
garder tranquillement britler l'étincelle
qui a déjà mis le feu à l'Europe, et ne
prendre pour l'étouQerque des mesures
semblables à celles qui ont déjà échoué
est-ce donc le moyen de jouir de cette tran-
quitlité précieuse que tout le monde désire
aujourd'hui, et qu'il est bien temps, ce
nous semble, d'établir par de sérieuses et
efficaces résolutions ? "?
BOURSE J)E PAMS
Ctse/o'
Comptant. 76 30. '7630.
Fin cour. 76321/2 764S. -~t2
30/0
Amortissable.
Comptant. 80 M. 8030.20.
.Fin cour. 80 < 803!«).
'ât/)t0/0
Compiantl08M.j'.tC8.M.
_50/0
Compta.nmOM.)tO'!7l/2 .47~2
Fiueour.UO
PETITE BOURSE DU SOIR.
Zmprmn S 0/0. HO fr. 92 1/2, 9! 93 3/4.
30/0. f6fr.4S. a
S 0/Oturc. 13fr.60,SO.
Banque ottomane.. S09fr.,MOfr.
Egyptiennes 6 0/0.. 252fr.SO.
TéMgrap&te p~tv~e
;viee :6Mgraphique de l'agence HavM.?
Londres, le 14 août.
Le Daily ~~M publie la dépêche suivante de
Berlin:
« L'ambassade ottomane a reçu la ratification
du traité de Berlin.
x- Le comte Hatzfeld a été chargé d'insister au-
près de la Porte pour l'exécution pleine et entière
do ce traité.)> N
On télégraphie de Vienne au même journal que
Mehemet-Ali a pour mission d'empêcher les trou-
pes régulières do participer à l'insurrection de
Bosnie, et de les envoyer à Constantinople.
Londres, Iel3 août, soir.
CA DHke. M. Bourke déclare que le gouvernement, n'a
pas été informé que les Russes aient passé l'Oxus;
!i lui est impossible de dire sur quels points de
l'Asie centrale les Russes sont stationnés.
.Le gouvernement a été informé qu'une mission
russe était arrivée à Caboul mais il est sans
renseignemens sur les relations qui peuvent
exister entre l'émir de Caboul et le gouverne-
ment russe.
Une mission anglaise est partie pour se rendre
également à Caboul; le gouvernement est prêt a
accepter la responsabilité de cet acte. Vu les né-
gociations de 1869 entre la Russie et l'Angleterre,
dans lesquelles la Russie a solennellement dé-
claré que l'Afghanistan est en dehors de tout
intérêt russe, le gouvernement anglais ne peut
pas regarder avec indifférence ce qui s'est passé
depuis deux mois dans l'Asie centrale.
En ce qui concerne la Grèce, l'honorable
M. Bourke dit que le gouvernement n'a pas été
informé du refus de la Porte de rectifier les fron-
tières grecques; dans tous les cas aucun Memo-
randum sur ce sujet n'a été reçu au Foreicn-
Office.
Aucune puissance ne voulait forcer la Turquie
a. procéder à une rectification de frontières seu-
lement. l'Angleterre, selon le traité de Berlin, of-
frira sa médiation si la Porte refuse de s'arranger
avec la Grèce.
Sir Vemon Harcourt ne croit pas à une atta-
que de la Russie dans l'Inde; mais il désire sa-
voir si le gouvernement est informé que la Porte
accepte les décisions du Congrès concernant la
Grèce. r
L'orateur fait remarquer en outre que le traité
de Berlin n'a pas établi la paix, et il n'en veut
d'autre preuve que les événemensdeBosnieetde
Batoum, et cette question grecque qui est tou-
jours en suspens.
M. Samuelson attaque la politique du ~gouver-
nement sur cette question.
M. Denison attaque sévèrement l'attitude agres-
sive de la Russie.
Sir Staiford Northcote répond que les rensei-
gnement sur les agissemens de la Russie dans
l'Asie centrale sont très incomplets.
La mission russe à Caboul commande l'atten-
tion du gouvernement, car les intérêts de l'An-
gleterre en Afghanistan sont plus importais
que les intérêts de la Russie; it a donc fatlu en-
voyer a Caboul une mission aussi importante et
aussi inilaente que la mission russe.
,Sir StaffèrdNortchote répète que le gouverne-
ment ne sait pas que la Porte ait refusé ou ait
l'intention de refuser a la Grèce une rectification
de frontières.
M. Campbell considère comme très dangereuse
la mission envoyée à l'émir de Caboul il de-
mande instamment de régler la question de l'Af-
ghanistan directement avec la Russie, aûn d'em-
pêcher les dépenses énormes d'une guerre.
La discussion n'a pas de suite.
Raguse, le 13 août, soir.
Les Autrichiens ont occupé Liubinje.
Environ S,000 insurgés musulmans sont postés
à Plaudoia, au sud de LiuMnjo, et à<:epelica,
prés de Bilek.
Aujourd'hui, trois vapeurs du Lloyd ont em-
barqué 6,000 Turcs qui seront conduits à Valona,
escortés de deux frégates autrichiennes.
Constantinople, le 13 août, soir.
Quoique les derniers points de la convention
austro-turque, relative à l'occupation de Bosnie
et d'Herzégovine ne soient pas absolument ac-
ceptés l'entente est considérée comme faite.
Le drapeau ottoman continuera de flotter au-
près du drapeau autrichien.
Berlin, le 14 août.
La Co~~pOM~KM ~opMtCM~ annonce que le
prince impérial reviendra a Berlin vers le milieu
delasemaine prochaine.
Ette annonce en outre que le prince de Bis-
marck partira dans quelques jours pour Gastein.
d'où ii reviendra à Berlin pour l'ouverture du
Reichstag.
Kew-York, le 13 août.
Des avis de la Havaneportent que le capitaine-
général a aboli l'état do siège à Cuba.
Dans une des'dernières séances de la
Chambre des Communes, un des premiers
orateurs du parti libéral anglais, qui en
serait le chef s'il eût été d'une famille
ducale, M. Forster, disait à un des minis-
tres « Quand nous vous reprochons l'a-
M bus de la prérogative royale, vous dites
H que nous tenons un langage révolution-
x naire. Mais c'est vous qui êtes les vrais
M révolutionnaires, car il est absurde de
B nous appeler le grand conseil de la na-
N tion quand nous ne sommes pas même
M consultés sur un changement radical de
M lapolitiquedupays.NNouspouH'ionsfaire
la même réponse à ceux qui nous traitent
de révolutionnaires quandnousdemandons
des réformes administratives et l'épura-
tion des fonctionnaires. La moindre plainte
portée contre un préfet, ou un magistrat,
ou un employé quelconque de l'Ei.a.t, qui ne
se sert de ses fonctions que contre l'Etat
dont il est le serviteur, est regardée comme
une atteinte àl'ordre public, uue violation
des droits acquis un assaut livré a l'in-
dépendance de la justice. Les gens qui
se sentent morveux se mouchent tous à
la fois et font un charivari capable d'as-
sourdir les oreilles les plus endurcies.
Vous voulez donc renverser toutes les
vieilles institutions! Vous voulez donc
mettre la magistrature en adjudication!
Vous voulez donc détruire la discipline
dans l'armée! Enfin, et voilà le grand
mot, vous voulez désorganiser les ser-
vices
Au contraire, nous voulons les organi-
ser, et c'est pourquoi nous demandons
qu'on introduise dans l'administration
l'ordre et la discipline, et qu'on exige des
fonctionnaires de la république le respect
des institutions qu'ils sont charges de dé-
fendre, et la ndélité au gouvernement dont
ils sont les serviteurs. En cela nous som-
mes véritablement des hommes d'ordre et
dés conservateurs, et les révolutionnaires
sont ceux qui veulent que toute l'admini-
stration soit peuplée des ennemis du gou-
vernement et que la défense des institu-
tions soit laissée aux mains d'hommes
toujours prêts à les trahir. Il ne s'agit pas
d'une proscriptioni de fonctionnaires,
d'une Saint-Barthélémy d'employés on
ne demande pas la tête des facteurs de la
poste, ni la déportation des gardes cham-
pêtres, ni la destitution de ces milliers de
serviteurs modestes et laborieux qui à
travers toutes les révolutions font tran-
quillement les affaires du pays. Il ne peut
être question que de ces fonctionnaires
qui introduisent la politique dans la jus-
tice et dans l'administration, qui se ser-
vent, dans des intérêts de parti, des pou-
voirs qui leur sont confiés pour l'intérêt
de tous, qui sont en antagonisme déclaré
ou en hostilité sourde contre le régime
qu'ils sont tenus de servir, et qui, héri-
tage malfaisant de gouvernomens succes-
sifs, restent dans la place poar en livrer
les portes quand ils pourront le faire im-
punément.
Ce sont ceux-là, qui crient le plus fort;
ils crient comme les oiseaux qui défen-
daient le Capitole, et ce qu'ils veulent
sauver, c'est leur garde-manger. Ces gens
nantis et pourvus, Dieu sait pour quels
titres sont tout étonnés de se voir trou-
blés dans la quiétude de leur possession.
N'est-il pas scandaleux, en effet, qu'un
gouvernement républicain prétende être
servi par des républicains ? En quel temps
a-t-on jamais vu pareilles exigences? Pas
sous l'Empire, n'est-ce pas ? ni sous les
différentes royautés ? La Restauration
avait sans doute conservé précieuse-
ment le personnel bonapartiste; la Ré-
volution de i830 n'avait non plus rien
changé et quant au dernier Empire,
celui que nous avons tous connu,' on sait
s'il se faisait faute de disposer des em-
plois publics en faveur de son monde.
Notez bien que nous ne faisons aucun
reproche à tous ces gouvernemens d'a-
voir confié de préférence l'administration
du pays à des mains sur la fidélité des
quelies ils croyaient pouvoir compter, ni
d'avoir reconnu dans une juste mesure
les services qui avaient pu leur être ren-
dus. Mais pourquoi donc ce qui était si
naturel et si juste hier ne le serait-il plus
aujourd'hui? Pourquoi ceux qui étaient si
dévoués aux anciens régimes et ceux qui
l'année dernière encore 'combattaient la
république avec tant d'acharnement sont-
ils si scandalisés que le gouvernement
républicain soit exercé par des républi-
cains? Il nous semble que c'est aussi con-
forme à l'ordre qu'à la logique. Ce qui est
contraire à l'ordre, c'est qu'un gouverne-
ment n'ait pour instrument que des hom-
mes en conspiration permanente contre lui.
C'est là ce qui désorganise réellement les
services publics. Il y a d'ailleurs quelque
chosed'aussi important qu'ilne fautpasdés
organiser, c'est la conscience publique et
la morale publique. De deux choses l'une
ou bien les ennemis de la république qui
peuplent encoreles fonctions et les emplois
mettent leurs traitemens au-dessus de la
honte de servir un gouvernement qu'ils
abhorrent, ou bien ils ne le servent que
dans l'intention de le trahir. Ceux qui
remplissent honorablement et tranquille-
ment leurs fonctions, la société de notre
temps est assez tolérante et assez hu-
maine pour ne leur demander aucur
compte de leurs opinions; mais ceux qu
n'usent de l'autorité de leurs fonction!
que pour combattre le gouvernement qu
a la faiblesse de les leur laisser, et qu
n'emploient les armes de l'Etat que pou~
conspirer contre l'Etat, envers ceux-1:
l'indulgence serait de la duperie.
JOHN LEMOtNNE.
Une des conséquences les plus inatten-
dues et les plus graves qu'auront produi-
.tes les derniers événemens dont l'Europe
orientale a été le théâtre, c'est assuré-
ment la transformation qui va s'opérer
dans la politique extérieure de l'Angle-
terre, et surtout dans sa puissance mili-
tairc. Nous n'insisterons pas aujourd'hui
sur le premier point. Il est par trop évi-
dent que la politique d'abstention et d'in-
différence, celle de la paix à tout prix,
préconisée et pratiquée trop longtemps se-
lon nous avec succès mais quel suc-
cès pourrait-on dire par la fameuse
école de Manchester, vient d'être définiti-
vement condamnée par la force des cho-
ses, plus puissante que toutes lesthéories.
Au point de vue politique, l'Angleterre a
repris la tradition vraiment nationale des
Pitt et des Palmerston, et elle paraît, déci-
dée à ne plus permettre qu'aucune grande
question européenne se pose, se débatte et
se résolve sans elle. Si elle persiste
dans cette nouvelle et plus ferme atti-
tude, elle se trouvera nécessairement
obligée, pour s'y maintenir, de modifier
complètement son état militairs auquel,
du reste, elle a déjà fait subir, dans ces
dernières années, de sérieux changemens
destinés à le mettre en rapport avec celui
des puissances continentales, dans une me-
sure proportionnée à la fois à sa position
péninsulaire et privilégiée, et aux éventua-
lités que pouvaient faire prévoir les grands
événemens accomplis en Europe depuis
une douzaine d'années. Dès la fin de la
guerre de 1866, quand la publication du
récit de la fantastique bataille de Dorkmg
eut jeté répouvante en Angleterre, il s'o-
péra soudain un mouvement d'enthou-
siasme guerrier, signalé principalement
par la formation des corps de volontaires,
et par une extension considérable des
cadres de l'armée déterre. Aujourd'hui,.
en tenant compte des élémens militaires
de toute nature, cette armée présente l'ef-
fectif énorme de 788,000 hommes ainsi ré-
partis
~~M~aMM~.
Armée tàl'intérieur. t34.0d0\
permanentp faux colonies. 63.000( 000 Mn
r'classe de tareserve. ~.Oû0('
Troupes indigènes. ~90.0&0)
~?'M~ s~Mt~
2'c!assede)arëserve. 26.000)
MUioeetyeomanry. ~80.000~390.0~0
Volontaires. 185.000'
Total. M8.000
Voua, certes, un état militaire très res-
pectable mais en réalité, dans le cas
d'une guerre à l'étranger, la milice, la
yeomanry eties volontaires ne servant que
dans l'intérieur des îles Britanniques,
il ne faut tenir compte que de l'armée ac-
tive qui, déduction faite des troupes em-
ployées aux colonies,' et qui sont néces-
saires à leur défense, comprend deux
grandes divisions I~rmée permanente
à l'intérieur et les troupes indigènes, au-
trement dit l'armée de l'Inde. Jusqu'à
présent, c'est-à-dire jusqu'au jour où une
dépêche imprévue annonçait aux Anglais
étonnés qu'un corps de 7,000 hommes de
troupes indiennes venait de s'embar-
quer à Bombay pour prendre du service
en Europe, on s'était habitué de longue
date en Angleterre à croire que les forces
militaires du pays, disponibles pour une
action extérieure, en seraient toujours ré-
duites au chiure annuellement voté par le
Parlement, en vertu du ~M~y ~e~. Or ce
chinre ne s'élève guère au delà de 130,000
hommes. Dans l'exercice 1876-1877, il
avait été fixé à 132,884 hommes; dans
celui de 1877-1878, à 133,720 hommes,
avec une légère augmentation de 836
hommes. Cette année-ci, le chinre précé-
dent n'a été dépassé que de 7 à 800 hom-
mes. L'appel des troupes indiennes dans
la dernière guerre a fait tomber ce pré-
jugé, et l'on peut tenir aujourd'hui
pour certain que l'Angleterre possède
dans les Indes une armée qui au besoin
pourrait être portée au double de l'armée
permanente (.~M~y a~:y), dont l'enectif
est fixé chaque année par la Chambre
des Communes. Quant à l'emploi de ces
troupes indigènes en Europe, la question
constitutionnelle a été nettement tran-
chée dans un récent débat. Le gouverne-
ment a le droit de les faire servir partout
ailleurs que dans les limites mêmes des
îles Britanniques. Il importe donc de re-
chercher quels sont le caractère, la com-
position, la force numérique et le degré
d'efficacité de cette armée de l'Inde, ap-
pelée vraisemblablement à jouer un rôle
important dans Favenir depuis que l'An-
gleterre, par l'occupation de l'île de Chy-
pre, va se trouver chargée, qu'elle le veuille
ou non, des destinées de l'Asie occiden-
tale. Nous aurons pour guide dans cette
courte étude un des hommes les plus
compétens en cette matière, sir Garnet
Wolseley, le gouverneur actuel de Chypre,
qui vient de publier sur ce sujet un re-
marquable article dans la 2Vo?'~ ~MM
J~cp~jp. I
Ce qu'on appelle l'armée de l'Inde se
compose en réalité de trois années dis-
tinctes appartenant chacune spéciale-
ment à l'un des trois gouvcrnemens entre
lesquels l'Inde anglaise est divisée Ben-
gale, Madras et Bombay. Chacune de ces
armées, saut de rares exceptions, sert ex-
clusivement sur son propre territoire/Ce
n'est que dans le cas d'une nécessité ou
d'un danger extrême, comme à l'époque
de la destruction du royaume des Sikhs
en 1849 ou dé l'insurrection du Bengale
en 1857, que les troupes d'une présidence
sont envoyées dans une autre; mais, une
fois l'œuvre accomplie, elles rentrent ans.
sitôt dans la leur. Ainsi l'armée de Madras
a fourni un léger contingent à celle du
Bengale pendant la révolte de cette pro-
vince elle avait été aussi mêlée dans de
plus grandes proportions aux corps expé-
ditionnaires fournis par l'armée du Bengale
.lors des expéditions entreprises contre la
Chine et l'empire des Birmans en 1840 et
en) 852. Prises dans leur ensemble/ces
trois armées comptent 40 régimens d'in-
fanterie, 30 de cavalerie, 10 batteries d'ar-
tillerie. Leur eHectif total était, en t87ti,
de 190,108 hommes, tant officiers que
soldats, dont. 64,985 Européens et 125,123
indigènes. Ajoutons qu'il existe en outre,
pour la garde des frontières et pour les
divers services de police locale, une force
de 190,000 hommes, tous indigènes, mais
exclusivement commandés par des offi-
ciers européens. La dépense totale s'é-
lève en moyenne à 15,375,000 liv. gt
(383,750,000 fr.)
Ce qui fait le caractère particulier de
ces trois armées, c'est la grande variété
des élémens qui les composent au point
de vue des races et des croyances, et cette
variété est due non seulement à la condi-
tion ethnographique et à l'état religieux
des peuples de l'Inde, mais encore à un
calcul politique du gouvernement anglais.
Pour rendre moins nombreuses et moins
graves toutes chances d'entente et de
conspiration entre les troupes indigènes,
on prend soin de confondre le plus pos-
sible dans les mêmes compagnies et dans
les mêmes régimens (1) ces races et ces
religions rivales ou ennemies. II n'y a
qu'un très petit nombre de corps qui
aient échappé à cette règle générale, par
exemple les régimens de Goorkhas, dont
l'un notamment faisait partie de l'expédi-
tion de Malte. Partout ailleurs on ren-
contre dans un même régiment une com-
pagnie de Sikhs, une autre de musulmans
du Punjab, une de Jats, une d'Afridees.
tribu de Pathans, une autre appartenant
aux castes inférieures des Hindous etc
En outre, ces régimens, qui présentent
une telle bigarrure, sont assujettis à de
fréquens changemens de garnison et ja-'
mais on ne les concentre en nombre con-
sidérable sur un seul point, à moins qu'il
ne s'agisse de grandes manœuvres au-
quel cas ils trouvent en face d'eux des
forces anglaises également nombreuses et
capables de les tenir en respect.
Après ce que nous venons de dire, il e-.t, t
intéressant de connaître la composition de
chacune des trois armées. Celle de Madras
la seule qui &oit exclusivement recrutée
parmi les populations de l'Hindoustan
se partage à peu près également entre
musulmans et Hindous appartenant aux
classes désignées sous les noms de Te-
Hnga Tamil, Brahmanes, Radjepoutes.
Mahrattes, etc. Elle contient en outre
2,000 chrétiens indigènes, et un nombre
considérable des soldats qui la comp~
sent comprennent l'anglais, dont la. con-
naissance est à peu près inconnue aux
soldats des deux autres armées. L'armée
de Bombay est moins uniforme dans
composition: elIerenferme8,OOOMehratte~
5,000 musulmans, 3,000 Brahmanes etRad~
jepoutes, 3,000 Purwarees, 2,000 hommes
du Punjab, 2,000 hommes tirés d'~ delà.
de l'Indus, tant Afghans que Beloutehees
environ 4,000 hommes d'autres races et
d'autres castes, enfin 600 chrétiens ou
juifs. L'armée du Bengale, qui était pri-
mitivement la seule armée régulière oup
l'Angleterre possédât dans l'Inde et qui a
presque complétement disparu dans l'in-
surrection de 1857 pour être réorga-
nisée sur un nouveau plan, est à tous
égards la meilleure des trois; non seu-
lement elle est composée des élémens les
plus choisis, mais encore elle égale en
nombre les deux autres réunies. Comme
il se passe rarement une année entière
sans qu'elle goit appelée à un service
actif, elle a conservé dans sa nouvelle
forme ces traditions militaires et cet
esprit guerrier qui, selon l'expression pit-
toresque de sir G. Wolseley, « sont aussi
nécessaires à la santé et l'on pourrait dire
à la vie d'une armée, que l'oxygène à
l'existence de l'homme, a Elle comprend
les élémens suivans 12,000 Sikhs, de 8
à 9,000 Radjepoutes, 6,000 Hindous des
castes inférieures, 6 à 7,000 musulmans
Indiens, 5,000 Afghans et Pathans H à
6,000 Goorkhas, 4,000 Dogras, 2,000 Jats
1,000 Hindous de différentes races, 1,200
Sikhs-Mwybees et quelques autres corps
moins importans de diverse provenance.
Tels sont le caractère et la composition
de l'armée indigène qui formera désor-
mais dans les forces militaires de l'An-
gleterre un appoint considérable qu'elle
compte employer, le cas échéant, au
(1) Aucun régiment d'infanterlo dans rtnde n~
comptées d'un batailton: ces deux mots son).
donctcudeoUques. uu~t.
.;T .m is AMT
.im
.t~.iS'A.SOMS.
<:nBeiëique,enH&~&\
dans ta Luxembou.'g, en Tuninie.
.
,jm Eloyea d'une valem' payaMe & Paj'is on de
J~endats-poste, soit internaLtionau'x., soit fi'&nc&ie,
< en AUemagne. en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays.
~M t'en vol d'una v&leuy pays.Me tt.Ia~
LM~RCnc&s ~om.f.eçu~.
~t ~a~. :B'&Mehey, .!L&f8te:t;<ï',
8, ptMo do ia Boni'sa.
~t M hnMan du ,'SSCSMAS.)
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JOtJMAL DES DEBATS
PeUTtQUËS ET UTTËMME8
Les ateliers étant iermés demain jeudi,
JOUR DE L'ASSOMPTION, le VûM~Mj <~M J9e-
ne paraîtra pas le vendredi 16 août.
PAMS
MERCREDI t4 AOUT
Le A~)~ nous accuse de chercher à
provoquer une guerre européenne lors-
que nous'invitons l'Autriche à mettre fin
aux entreprises du Monténégro et de la
Serbie. Il nous semble cependant que
l'histoire de ces dernières années prouve
d'une manière éclatante combien la paix
générale peut être compromise par les
ambitions inquiètes et violentes de ces
petites principautés. Permettre à la Ser-
bie et au Monténégro de diriger contre
l'Autriche le jeu fatal qu'elles ont dirigé
longtemps contre la Turquie, n'est-ce pas
exposer l'Europe à voir renaître bientôt
les complications désastreuses auxquelles
le irai té de Berlin devait, dit-on, mettre
fin ? Nous ne voulons pas attacher une
importance exagérée aux nouvelles qui
nous arrivent de Bosnie. Il faut bien re-
connaître cependant, puisque les dépê-
ches de Vienne en font elles-mêmes l'a-
veu, que les troupes autrichiennes n'a-
vancent pas facilement dans cette pro-
vince, et que parfois même elles sont
obligées d'opérer de fâcheux mouvemens
de retraite. La 20" division, commandée
par le général Szapary, a dû reculer K de-
vant des difficultés insurmontables. » Il
est facile de deviner quelles sont ces dif-
ficultés. bien que les dépêches de Vienne
nous affirment que. le général Szapary
p'est retiré ~pour assurer sa ligne de
communication, et non pour céder à
un adversaire supérieur en force. L'Au-
triche jusqu'ici n'est pas beaucoup plus
ne'ireùse que la Porte dans l'oeuvre de la
pacification de la Bosnie et de l'Herzégo-
vine. Ne serait-ce point parce que,
comme la Porte, elle ne saisit pas l'en-
nemi là où il se trouve réellement?
M. Waddington-a eu-un mot heureux
quand il a dit dans une des séances du
Congrès « Chargeons l'Autriche de faire
la police de l'Europe en Herzégovine et en
Bosnie.') Mais cestentatives d'agitation se
produisant dans tout le nord de la pénin-
sule des Balkans, si l'Europe ne veut pas
V(.)ir renaître les désordres qu'elle a eu
tant de peine à comprimer, il faut que
l'Autriche fasse la police tout le long du
Danube, parmi ces populations jeunes,
remuantes, toujours prêtes à recommencer
l'insurrection parce qu'elles n'ont rien à
y perdre et qu'elles y ont trop souvent'
gagné quelque chose. Y
Il serait d'ailleurs bien iojusLe de con-
ner à l'Autriche une mission dont elle ne
retirerait que des mécomptes. Nous avons
reproché sans cesse au cabinet de Vienne
de borner la « sphère de ses intérêts N à
l'Herzégovine et a la Bosnie nous lui
avons répété, depuis le commencement
de la crise orientale, qu'il avait tort de se
laisser tromper par un dangereux mirage
et de sacrifier à la conquête de deux pro-
vinces qui seront pour lui un em-
barras et un péril le grand rOle qu'il
peut être appelé a jouer en Orient.
Le parti militaire et. aristocratique dont
les plans ont triomphé jusqu'ici ne nous
a. pas crus; mais les difficultés auxquelles
il se heurte des ses premiers pas dans la
voie où il est engagé lui montreront bien-
tôt à lui-même l'imprudence de sa con-
duite. Nous avons gardé trop bonne mé-
moire des déclarations du comte Andrassy
pour croire que le ministre austro-hon-
grois eût accepté le mandat que lui a im-
posé le Congrès de Berlin s'il avait prévu
de quelle manière ce mandat serait exé-
cuté. En revenant à Vienne, il espérait
sans doute que l'occupation et l'adminis-
tration de l'Herzégovine et de la Bosnie
resteraient entre les mains du parti po-
litique et que les Hongrois en parti-
culier auraient une part prépondérante
dans une opération qui les touche de si
près. Au lieu de cela, que voyons-nous ?
Les hommes qui rêvaient depuis si long-
temps de conquérir l'Herzégovine et la
Bosnie, non pour arrêter 'les progrès du
panslavisme en Orient, mais pour déve-
lopper en Autriche la puissance des
races slaves, les généraux de Molinary,
Philippovitch, etc., dont on n'a pas
oublié les fatales complaisances pour
la première révolte de l'Herzégo-
vine, heureux -de pouvoir se couvrir
enSn de l'autorité de l'Europe, se
sont emparés de l'exécution des réso-
lutions du Congrès. Gomment veut-on
qu'ils éteignent un incendie qu'ils ont
laissé allumer il y a plus de deux ani~?
Dirigée par eux, l'armée autrichienne
éveillera plus d'espérances que de crain-
tes .dans les populations slaves du nord de
la. Turquie. Il faut s'attendre à voir
une agitation sourde continuer à se ré-
pandre 'du Monténégro et de la Ser-
bie dans l'Herzégovine et dans la Bos-
nie. Comme nous le disions il y a
deux jours Cettigne et Belgrade res-
teront le centre d'une conspiration per-
pétuelle dont les tentatives insai-
sissables, se renouvelant- sans cesse
et échappant toujours à la répression,
obligeront l'Autriche à des sacrifices pé-
cuniaires et politiques qu'elle ne pourra
pa~ supporter longtemps. Pour maintenir
l'ordre dans-Jes deux provinces, elle devra
y proclamer rétat de.siège et y entretenir
en permanence une armée de 60 à 70,000
hommes. L'Autriche est-elle en mesure
de s'imposer un pareil effort pour un
aussi mince profit? « H n'y a pas de na-
tiens, pas même la Russie, disait ré-
M comment un journal anglais, moins en
;H état de faire face à de lourdes charges
H que l'Autriche-Hongrie. C'est la peur
des dépenses qui fut considérée par le
peuple autrichien comme une raison;
a suffisante de ne pas s'opposer à la
') marche des Russes au delà du Danube,
a et même de ne pas mobiliser l'armée.
s Et en réalité, lorsqu'on se rend compte
s de l'étendue considérable de la dette
M publique et de la lourdeur des impôts, on
-H est forcé de reconnaître que seuls des
motifs très graves pourraient justifier
)) une augmentation de charges. Or, il est
') évident que l'occupation de la Bosnie
M et de l'Herzégovine va être extrêmement
M coûteuse. EMe exigera le maintien de
a forces militaires considérables pour un
a temps indéfini. Si les ressources de ces
< provinces doivent être développées de
.)) façon à fournirune compensation des frais
H et dangers qu'elles occasionnent, ce ne
H sera toujours qu'auprixdegrandesdépen-
M ses pour les travaux de la paix. Avant le
-a commencement des troubles, la Bosnie et
M l'Herzégovine étaient d'un faible rapport
s aujourd'hui, dévastées etruinéespar trois
a années de guerre civile, elles ont perdu
M une grande partie de leur population par
a la mort ou l'exil, et ce qu'il en reste, ou
M à peu près, se compose de bandits. Avec
') cela, il y a peu de chances de réussite
') dans la levée des taxes, d'autant plus
H qu'en dehors des dépenses publiques il y
M aura fort à faire pour ramener les habi-
N tans aux travaux de l'agriculture. ~s
Bien que chargé dans les détails, ce
tableau ne manque pas d'exactitude dans
l'ensemble. L'Autriche est loin d'être aussi
épuisée financièrement que le dit le journal
anglais auquel nous l'empruntons, mais-
e!le n'est pas assez riche pour se permettre
des conquêtes de fantaisie. Pense-t-on que
les Allemands qui dominent dans le Par-
lement de Vienne consentent à voter tous
les ans des sommes considérables pour
le plaisir d'assurer le bonheur des Slaves
d'Herzégovine et de Bosnie ? Pense-t-on
que les Hongrois, de leur côté, s'imposent
de lourdes charges au profit d'une
politique qu'ils considèrent, à bon droit,
comme fatale à leurs intérêts vitaux ?
On oublie trop, lorsqu'on parle de
l'Autriche, combien sont divisées les na-
tionalités qui la composent. Plus que ja-
mais cependant on devrait s'en souvenir,
car ce grand pays traverse'une des pério-
des les plus critiques de son histoire. Il a
déjà manqué plusieurs occasions de rele-
ver sa fortune ébranlée, et s'il continue à
laisser échapper toutes les chances favo-
rables qui se présentent à lui, l'avenir
peut lui réserver de bien graves décep-
tions. Les Hongrois ne sauraient s'asso-
cier longtemps à des entreprises si pleines
de dangers pour eux; et quant aux
Allemands, dont la grande majorité est
catholique, qui sait si la cessation plus
ou moins prochaine, mais de plus en plus
probable des luttes religieuses entre l'Al-
lemagne et la curie romaine ne détruira
pas le principal obstacle qui les empê-
chait jusqu'ici, dans les mom.ens diffici-
les, de tourner leurs regards du côté de
Berlin?
L'Autriche est placée dans une situation
décisive elle est sur le point de choisir
entre une petite et une grande politique,
entre une aventure et une entreprise dont
les conséquences peuvent être des plus
heureuses. La petite politique consisterait
à se contenter de l'acquisition de deux
misérables provinces entourées de prin-
cipautés turbulentes où l'armée autri-
chienne serait comme une avant-garde
perdue, exposée dé tous côtés aux incur-
sions de l'ennemi. La grande politique
aurait pour but d'élargir le ïnandat de
l'Europe sans le fausser, et d'établir
le protectorat de l'Autriche sur tout le
cours du Dai~ube. Cette seconde politique
serait non seulement plus féconde, mais
plus aisée, plus simple et moins coûteuse
que la première. Ainsi que nous l'avons
expliqué cent fois it est presque im-
possible de tenir l'Herzégovine et la Bos-
nie même avec une armée importante; un
corps de vingt à trente mille hommes,
placé à Belgrade, sufSrait au contraire,
pour maintenir en repos tout le nord de la
péninsule des Balkans.Dès lors. lacoaspira-
tionpansiavisteseraitéteinte; les Hongrois
et les Allemands, rassurés, s'attacheraient
de plus en plus à un gouvernement qui leur
ouvrirait un avenir glorieux; les Siaves
du Sud eux-mêmes, comprenant qu'ils
ont mieux à faire que d'attendre un mot
d'ordre de Saint-Pétersbourg, tourne-
raient d'un autre côté leurs espérances
en un mot, l'Autriche commencerait à
remplir le rôle qui semblait lui être des-
tiné en Orient et qu'elle a eu l'imprudence
de déserter jusqu'ici. Faudrait-il, pour
atteindre ces résultats, courir les chances
d'une nouvelle conflagration générale?
Faudrait-il, comme le croit le A~ s'ex-
poser à « une bonne guerre euro-
péenne ? a A coup sûr, non! Aucune
puissance ne s'opposerait à ce que
l'Autriche prît en quelque sorte ses
sûretés pour la possession tranquille
des provinces qu'on l'a. chargée d'or-
ganiser. La Russie, fatiguée du grand
e8brt qu'elle vient de faire, ne recommen-
cerait pas des hostilités qui compromet-
traient le fruit de ses premiers succès.
L'Allemagne ne combattrait pas des in-
térêts qui sont en partie les siens. L'An-
gleterre applaudirait. La France se tai-
rait, et l'Italie se bornerait à faire entendre
de nouveau ses revendications. Personne
jie voudrait réveiller la guerre à peine
terminée. Nous ajouterons qu'une action
énergique et décisive de l'Autriche, non
seulement ne compromettrait pas la paix
dans le présent, mais la garantirait en-
core pour l'avenir. Voir un grand empire
militaire lutter incessamment, avec des
alternatives malheureuses, contre deux
provinces qui resteront un loyer d'in-
surrection assister, comme nous le
faisons en ce moment, aux épreuves
d'une armée harcelée par des bandes
qui l'empêchent souvent d'avancer; re-
garder tranquillement britler l'étincelle
qui a déjà mis le feu à l'Europe, et ne
prendre pour l'étouQerque des mesures
semblables à celles qui ont déjà échoué
est-ce donc le moyen de jouir de cette tran-
quitlité précieuse que tout le monde désire
aujourd'hui, et qu'il est bien temps, ce
nous semble, d'établir par de sérieuses et
efficaces résolutions ? "?
BOURSE J)E PAMS
Ct
Comptant. 76 30. '7630.
Fin cour. 76321/2 764S. -~t2
30/0
Amortissable.
Comptant. 80 M. 8030.20.
.Fin cour. 80 < 803!«).
'ât/)t0/0
Compiantl08M.j'.tC8.M.
_50/0
Compta.nmOM.)tO'!7l/2 .47~2
Fiueour.UO
PETITE BOURSE DU SOIR.
Zmprmn S 0/0. HO fr. 92 1/2, 9! 93 3/4.
30/0. f6fr.4S. a
S 0/Oturc. 13fr.60,SO.
Banque ottomane.. S09fr.,MOfr.
Egyptiennes 6 0/0.. 252fr.SO.
TéMgrap&te p~tv~e
;viee :6Mgraphique de l'agence HavM.?
Londres, le 14 août.
Le Daily ~~M publie la dépêche suivante de
Berlin:
« L'ambassade ottomane a reçu la ratification
du traité de Berlin.
x- Le comte Hatzfeld a été chargé d'insister au-
près de la Porte pour l'exécution pleine et entière
do ce traité.)> N
On télégraphie de Vienne au même journal que
Mehemet-Ali a pour mission d'empêcher les trou-
pes régulières do participer à l'insurrection de
Bosnie, et de les envoyer à Constantinople.
Londres, Iel3 août, soir.
CA
pas été informé que les Russes aient passé l'Oxus;
!i lui est impossible de dire sur quels points de
l'Asie centrale les Russes sont stationnés.
.Le gouvernement a été informé qu'une mission
russe était arrivée à Caboul mais il est sans
renseignemens sur les relations qui peuvent
exister entre l'émir de Caboul et le gouverne-
ment russe.
Une mission anglaise est partie pour se rendre
également à Caboul; le gouvernement est prêt a
accepter la responsabilité de cet acte. Vu les né-
gociations de 1869 entre la Russie et l'Angleterre,
dans lesquelles la Russie a solennellement dé-
claré que l'Afghanistan est en dehors de tout
intérêt russe, le gouvernement anglais ne peut
pas regarder avec indifférence ce qui s'est passé
depuis deux mois dans l'Asie centrale.
En ce qui concerne la Grèce, l'honorable
M. Bourke dit que le gouvernement n'a pas été
informé du refus de la Porte de rectifier les fron-
tières grecques; dans tous les cas aucun Memo-
randum sur ce sujet n'a été reçu au Foreicn-
Office.
Aucune puissance ne voulait forcer la Turquie
a. procéder à une rectification de frontières seu-
lement. l'Angleterre, selon le traité de Berlin, of-
frira sa médiation si la Porte refuse de s'arranger
avec la Grèce.
Sir Vemon Harcourt ne croit pas à une atta-
que de la Russie dans l'Inde; mais il désire sa-
voir si le gouvernement est informé que la Porte
accepte les décisions du Congrès concernant la
Grèce. r
L'orateur fait remarquer en outre que le traité
de Berlin n'a pas établi la paix, et il n'en veut
d'autre preuve que les événemensdeBosnieetde
Batoum, et cette question grecque qui est tou-
jours en suspens.
M. Samuelson attaque la politique du ~gouver-
nement sur cette question.
M. Denison attaque sévèrement l'attitude agres-
sive de la Russie.
Sir Staiford Northcote répond que les rensei-
gnement sur les agissemens de la Russie dans
l'Asie centrale sont très incomplets.
La mission russe à Caboul commande l'atten-
tion du gouvernement, car les intérêts de l'An-
gleterre en Afghanistan sont plus importais
que les intérêts de la Russie; it a donc fatlu en-
voyer a Caboul une mission aussi importante et
aussi inilaente que la mission russe.
,Sir StaffèrdNortchote répète que le gouverne-
ment ne sait pas que la Porte ait refusé ou ait
l'intention de refuser a la Grèce une rectification
de frontières.
M. Campbell considère comme très dangereuse
la mission envoyée à l'émir de Caboul il de-
mande instamment de régler la question de l'Af-
ghanistan directement avec la Russie, aûn d'em-
pêcher les dépenses énormes d'une guerre.
La discussion n'a pas de suite.
Raguse, le 13 août, soir.
Les Autrichiens ont occupé Liubinje.
Environ S,000 insurgés musulmans sont postés
à Plaudoia, au sud de LiuMnjo, et à<:epelica,
prés de Bilek.
Aujourd'hui, trois vapeurs du Lloyd ont em-
barqué 6,000 Turcs qui seront conduits à Valona,
escortés de deux frégates autrichiennes.
Constantinople, le 13 août, soir.
Quoique les derniers points de la convention
austro-turque, relative à l'occupation de Bosnie
et d'Herzégovine ne soient pas absolument ac-
ceptés l'entente est considérée comme faite.
Le drapeau ottoman continuera de flotter au-
près du drapeau autrichien.
Berlin, le 14 août.
La Co~~pOM~KM ~opMtCM~ annonce que le
prince impérial reviendra a Berlin vers le milieu
delasemaine prochaine.
Ette annonce en outre que le prince de Bis-
marck partira dans quelques jours pour Gastein.
d'où ii reviendra à Berlin pour l'ouverture du
Reichstag.
Kew-York, le 13 août.
Des avis de la Havaneportent que le capitaine-
général a aboli l'état do siège à Cuba.
Dans une des'dernières séances de la
Chambre des Communes, un des premiers
orateurs du parti libéral anglais, qui en
serait le chef s'il eût été d'une famille
ducale, M. Forster, disait à un des minis-
tres « Quand nous vous reprochons l'a-
M bus de la prérogative royale, vous dites
H que nous tenons un langage révolution-
x naire. Mais c'est vous qui êtes les vrais
M révolutionnaires, car il est absurde de
B nous appeler le grand conseil de la na-
N tion quand nous ne sommes pas même
M consultés sur un changement radical de
M lapolitiquedupays.NNouspouH'ionsfaire
la même réponse à ceux qui nous traitent
de révolutionnaires quandnousdemandons
des réformes administratives et l'épura-
tion des fonctionnaires. La moindre plainte
portée contre un préfet, ou un magistrat,
ou un employé quelconque de l'Ei.a.t, qui ne
se sert de ses fonctions que contre l'Etat
dont il est le serviteur, est regardée comme
une atteinte àl'ordre public, uue violation
des droits acquis un assaut livré a l'in-
dépendance de la justice. Les gens qui
se sentent morveux se mouchent tous à
la fois et font un charivari capable d'as-
sourdir les oreilles les plus endurcies.
Vous voulez donc renverser toutes les
vieilles institutions! Vous voulez donc
mettre la magistrature en adjudication!
Vous voulez donc détruire la discipline
dans l'armée! Enfin, et voilà le grand
mot, vous voulez désorganiser les ser-
vices
Au contraire, nous voulons les organi-
ser, et c'est pourquoi nous demandons
qu'on introduise dans l'administration
l'ordre et la discipline, et qu'on exige des
fonctionnaires de la république le respect
des institutions qu'ils sont charges de dé-
fendre, et la ndélité au gouvernement dont
ils sont les serviteurs. En cela nous som-
mes véritablement des hommes d'ordre et
dés conservateurs, et les révolutionnaires
sont ceux qui veulent que toute l'admini-
stration soit peuplée des ennemis du gou-
vernement et que la défense des institu-
tions soit laissée aux mains d'hommes
toujours prêts à les trahir. Il ne s'agit pas
d'une proscriptioni de fonctionnaires,
d'une Saint-Barthélémy d'employés on
ne demande pas la tête des facteurs de la
poste, ni la déportation des gardes cham-
pêtres, ni la destitution de ces milliers de
serviteurs modestes et laborieux qui à
travers toutes les révolutions font tran-
quillement les affaires du pays. Il ne peut
être question que de ces fonctionnaires
qui introduisent la politique dans la jus-
tice et dans l'administration, qui se ser-
vent, dans des intérêts de parti, des pou-
voirs qui leur sont confiés pour l'intérêt
de tous, qui sont en antagonisme déclaré
ou en hostilité sourde contre le régime
qu'ils sont tenus de servir, et qui, héri-
tage malfaisant de gouvernomens succes-
sifs, restent dans la place poar en livrer
les portes quand ils pourront le faire im-
punément.
Ce sont ceux-là, qui crient le plus fort;
ils crient comme les oiseaux qui défen-
daient le Capitole, et ce qu'ils veulent
sauver, c'est leur garde-manger. Ces gens
nantis et pourvus, Dieu sait pour quels
titres sont tout étonnés de se voir trou-
blés dans la quiétude de leur possession.
N'est-il pas scandaleux, en effet, qu'un
gouvernement républicain prétende être
servi par des républicains ? En quel temps
a-t-on jamais vu pareilles exigences? Pas
sous l'Empire, n'est-ce pas ? ni sous les
différentes royautés ? La Restauration
avait sans doute conservé précieuse-
ment le personnel bonapartiste; la Ré-
volution de i830 n'avait non plus rien
changé et quant au dernier Empire,
celui que nous avons tous connu,' on sait
s'il se faisait faute de disposer des em-
plois publics en faveur de son monde.
Notez bien que nous ne faisons aucun
reproche à tous ces gouvernemens d'a-
voir confié de préférence l'administration
du pays à des mains sur la fidélité des
quelies ils croyaient pouvoir compter, ni
d'avoir reconnu dans une juste mesure
les services qui avaient pu leur être ren-
dus. Mais pourquoi donc ce qui était si
naturel et si juste hier ne le serait-il plus
aujourd'hui? Pourquoi ceux qui étaient si
dévoués aux anciens régimes et ceux qui
l'année dernière encore 'combattaient la
république avec tant d'acharnement sont-
ils si scandalisés que le gouvernement
républicain soit exercé par des républi-
cains? Il nous semble que c'est aussi con-
forme à l'ordre qu'à la logique. Ce qui est
contraire à l'ordre, c'est qu'un gouverne-
ment n'ait pour instrument que des hom-
mes en conspiration permanente contre lui.
C'est là ce qui désorganise réellement les
services publics. Il y a d'ailleurs quelque
chosed'aussi important qu'ilne fautpasdés
organiser, c'est la conscience publique et
la morale publique. De deux choses l'une
ou bien les ennemis de la république qui
peuplent encoreles fonctions et les emplois
mettent leurs traitemens au-dessus de la
honte de servir un gouvernement qu'ils
abhorrent, ou bien ils ne le servent que
dans l'intention de le trahir. Ceux qui
remplissent honorablement et tranquille-
ment leurs fonctions, la société de notre
temps est assez tolérante et assez hu-
maine pour ne leur demander aucur
compte de leurs opinions; mais ceux qu
n'usent de l'autorité de leurs fonction!
que pour combattre le gouvernement qu
a la faiblesse de les leur laisser, et qu
n'emploient les armes de l'Etat que pou~
conspirer contre l'Etat, envers ceux-1:
l'indulgence serait de la duperie.
JOHN LEMOtNNE.
Une des conséquences les plus inatten-
dues et les plus graves qu'auront produi-
.tes les derniers événemens dont l'Europe
orientale a été le théâtre, c'est assuré-
ment la transformation qui va s'opérer
dans la politique extérieure de l'Angle-
terre, et surtout dans sa puissance mili-
tairc. Nous n'insisterons pas aujourd'hui
sur le premier point. Il est par trop évi-
dent que la politique d'abstention et d'in-
différence, celle de la paix à tout prix,
préconisée et pratiquée trop longtemps se-
lon nous avec succès mais quel suc-
cès pourrait-on dire par la fameuse
école de Manchester, vient d'être définiti-
vement condamnée par la force des cho-
ses, plus puissante que toutes lesthéories.
Au point de vue politique, l'Angleterre a
repris la tradition vraiment nationale des
Pitt et des Palmerston, et elle paraît, déci-
dée à ne plus permettre qu'aucune grande
question européenne se pose, se débatte et
se résolve sans elle. Si elle persiste
dans cette nouvelle et plus ferme atti-
tude, elle se trouvera nécessairement
obligée, pour s'y maintenir, de modifier
complètement son état militairs auquel,
du reste, elle a déjà fait subir, dans ces
dernières années, de sérieux changemens
destinés à le mettre en rapport avec celui
des puissances continentales, dans une me-
sure proportionnée à la fois à sa position
péninsulaire et privilégiée, et aux éventua-
lités que pouvaient faire prévoir les grands
événemens accomplis en Europe depuis
une douzaine d'années. Dès la fin de la
guerre de 1866, quand la publication du
récit de la fantastique bataille de Dorkmg
eut jeté répouvante en Angleterre, il s'o-
péra soudain un mouvement d'enthou-
siasme guerrier, signalé principalement
par la formation des corps de volontaires,
et par une extension considérable des
cadres de l'armée déterre. Aujourd'hui,.
en tenant compte des élémens militaires
de toute nature, cette armée présente l'ef-
fectif énorme de 788,000 hommes ainsi ré-
partis
~~M~aMM~.
Armée tàl'intérieur. t34.0d0\
permanentp faux colonies. 63.000( 000 Mn
r'classe de tareserve. ~.Oû0('
Troupes indigènes. ~90.0&0)
~?'M~ s~Mt~
2'c!assede)arëserve. 26.000)
MUioeetyeomanry. ~80.000~390.0~0
Volontaires. 185.000'
Total. M8.000
Voua, certes, un état militaire très res-
pectable mais en réalité, dans le cas
d'une guerre à l'étranger, la milice, la
yeomanry eties volontaires ne servant que
dans l'intérieur des îles Britanniques,
il ne faut tenir compte que de l'armée ac-
tive qui, déduction faite des troupes em-
ployées aux colonies,' et qui sont néces-
saires à leur défense, comprend deux
grandes divisions I~rmée permanente
à l'intérieur et les troupes indigènes, au-
trement dit l'armée de l'Inde. Jusqu'à
présent, c'est-à-dire jusqu'au jour où une
dépêche imprévue annonçait aux Anglais
étonnés qu'un corps de 7,000 hommes de
troupes indiennes venait de s'embar-
quer à Bombay pour prendre du service
en Europe, on s'était habitué de longue
date en Angleterre à croire que les forces
militaires du pays, disponibles pour une
action extérieure, en seraient toujours ré-
duites au chiure annuellement voté par le
Parlement, en vertu du ~M~y ~e~. Or ce
chinre ne s'élève guère au delà de 130,000
hommes. Dans l'exercice 1876-1877, il
avait été fixé à 132,884 hommes; dans
celui de 1877-1878, à 133,720 hommes,
avec une légère augmentation de 836
hommes. Cette année-ci, le chinre précé-
dent n'a été dépassé que de 7 à 800 hom-
mes. L'appel des troupes indiennes dans
la dernière guerre a fait tomber ce pré-
jugé, et l'on peut tenir aujourd'hui
pour certain que l'Angleterre possède
dans les Indes une armée qui au besoin
pourrait être portée au double de l'armée
permanente (.~M~y a~:y), dont l'enectif
est fixé chaque année par la Chambre
des Communes. Quant à l'emploi de ces
troupes indigènes en Europe, la question
constitutionnelle a été nettement tran-
chée dans un récent débat. Le gouverne-
ment a le droit de les faire servir partout
ailleurs que dans les limites mêmes des
îles Britanniques. Il importe donc de re-
chercher quels sont le caractère, la com-
position, la force numérique et le degré
d'efficacité de cette armée de l'Inde, ap-
pelée vraisemblablement à jouer un rôle
important dans Favenir depuis que l'An-
gleterre, par l'occupation de l'île de Chy-
pre, va se trouver chargée, qu'elle le veuille
ou non, des destinées de l'Asie occiden-
tale. Nous aurons pour guide dans cette
courte étude un des hommes les plus
compétens en cette matière, sir Garnet
Wolseley, le gouverneur actuel de Chypre,
qui vient de publier sur ce sujet un re-
marquable article dans la 2Vo?'~ ~MM
J~cp~jp. I
Ce qu'on appelle l'armée de l'Inde se
compose en réalité de trois années dis-
tinctes appartenant chacune spéciale-
ment à l'un des trois gouvcrnemens entre
lesquels l'Inde anglaise est divisée Ben-
gale, Madras et Bombay. Chacune de ces
armées, saut de rares exceptions, sert ex-
clusivement sur son propre territoire/Ce
n'est que dans le cas d'une nécessité ou
d'un danger extrême, comme à l'époque
de la destruction du royaume des Sikhs
en 1849 ou dé l'insurrection du Bengale
en 1857, que les troupes d'une présidence
sont envoyées dans une autre; mais, une
fois l'œuvre accomplie, elles rentrent ans.
sitôt dans la leur. Ainsi l'armée de Madras
a fourni un léger contingent à celle du
Bengale pendant la révolte de cette pro-
vince elle avait été aussi mêlée dans de
plus grandes proportions aux corps expé-
ditionnaires fournis par l'armée du Bengale
.lors des expéditions entreprises contre la
Chine et l'empire des Birmans en 1840 et
en) 852. Prises dans leur ensemble/ces
trois armées comptent 40 régimens d'in-
fanterie, 30 de cavalerie, 10 batteries d'ar-
tillerie. Leur eHectif total était, en t87ti,
de 190,108 hommes, tant officiers que
soldats, dont. 64,985 Européens et 125,123
indigènes. Ajoutons qu'il existe en outre,
pour la garde des frontières et pour les
divers services de police locale, une force
de 190,000 hommes, tous indigènes, mais
exclusivement commandés par des offi-
ciers européens. La dépense totale s'é-
lève en moyenne à 15,375,000 liv. gt
(383,750,000 fr.)
Ce qui fait le caractère particulier de
ces trois armées, c'est la grande variété
des élémens qui les composent au point
de vue des races et des croyances, et cette
variété est due non seulement à la condi-
tion ethnographique et à l'état religieux
des peuples de l'Inde, mais encore à un
calcul politique du gouvernement anglais.
Pour rendre moins nombreuses et moins
graves toutes chances d'entente et de
conspiration entre les troupes indigènes,
on prend soin de confondre le plus pos-
sible dans les mêmes compagnies et dans
les mêmes régimens (1) ces races et ces
religions rivales ou ennemies. II n'y a
qu'un très petit nombre de corps qui
aient échappé à cette règle générale, par
exemple les régimens de Goorkhas, dont
l'un notamment faisait partie de l'expédi-
tion de Malte. Partout ailleurs on ren-
contre dans un même régiment une com-
pagnie de Sikhs, une autre de musulmans
du Punjab, une de Jats, une d'Afridees.
tribu de Pathans, une autre appartenant
aux castes inférieures des Hindous etc
En outre, ces régimens, qui présentent
une telle bigarrure, sont assujettis à de
fréquens changemens de garnison et ja-'
mais on ne les concentre en nombre con-
sidérable sur un seul point, à moins qu'il
ne s'agisse de grandes manœuvres au-
quel cas ils trouvent en face d'eux des
forces anglaises également nombreuses et
capables de les tenir en respect.
Après ce que nous venons de dire, il e-.t, t
intéressant de connaître la composition de
chacune des trois armées. Celle de Madras
la seule qui &oit exclusivement recrutée
parmi les populations de l'Hindoustan
se partage à peu près également entre
musulmans et Hindous appartenant aux
classes désignées sous les noms de Te-
Hnga Tamil, Brahmanes, Radjepoutes.
Mahrattes, etc. Elle contient en outre
2,000 chrétiens indigènes, et un nombre
considérable des soldats qui la comp~
sent comprennent l'anglais, dont la. con-
naissance est à peu près inconnue aux
soldats des deux autres armées. L'armée
de Bombay est moins uniforme dans
composition: elIerenferme8,OOOMehratte~
5,000 musulmans, 3,000 Brahmanes etRad~
jepoutes, 3,000 Purwarees, 2,000 hommes
du Punjab, 2,000 hommes tirés d'~ delà.
de l'Indus, tant Afghans que Beloutehees
environ 4,000 hommes d'autres races et
d'autres castes, enfin 600 chrétiens ou
juifs. L'armée du Bengale, qui était pri-
mitivement la seule armée régulière oup
l'Angleterre possédât dans l'Inde et qui a
presque complétement disparu dans l'in-
surrection de 1857 pour être réorga-
nisée sur un nouveau plan, est à tous
égards la meilleure des trois; non seu-
lement elle est composée des élémens les
plus choisis, mais encore elle égale en
nombre les deux autres réunies. Comme
il se passe rarement une année entière
sans qu'elle goit appelée à un service
actif, elle a conservé dans sa nouvelle
forme ces traditions militaires et cet
esprit guerrier qui, selon l'expression pit-
toresque de sir G. Wolseley, « sont aussi
nécessaires à la santé et l'on pourrait dire
à la vie d'une armée, que l'oxygène à
l'existence de l'homme, a Elle comprend
les élémens suivans 12,000 Sikhs, de 8
à 9,000 Radjepoutes, 6,000 Hindous des
castes inférieures, 6 à 7,000 musulmans
Indiens, 5,000 Afghans et Pathans H à
6,000 Goorkhas, 4,000 Dogras, 2,000 Jats
1,000 Hindous de différentes races, 1,200
Sikhs-Mwybees et quelques autres corps
moins importans de diverse provenance.
Tels sont le caractère et la composition
de l'armée indigène qui formera désor-
mais dans les forces militaires de l'An-
gleterre un appoint considérable qu'elle
compte employer, le cas échéant, au
(1) Aucun régiment d'infanterlo dans rtnde n~
comptées d'un batailton: ces deux mots son).
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