Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-04-20
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Description : 20 avril 1878 20 avril 1878
Description : 1878/04/20. 1878/04/20.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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fce des PrStrës-Samt-Gcrmain-1'Aaxenrota,
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M~spàpers omce, Gresham strect, G. P. 0.;
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E. C., London; MM. ~H..W~ïth t<'6, Strand, W. c., London.
A Bruxe!!es. & ro/t:< <{< ~KMM, 46, me <ïe la
MadeHeme, dans Jea kmsqtte~~t dams 4es M-
b!iothéf!uss des (ran'es de chemins de fer be~es.
A. Talpara:so (Ctiili), c}; O~stps L. TQrMtc.
ËDITION DE PARIS.
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"~1 'SAMEB!M'ÂYML"
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ON S'ABONNE'
en Betgkftie, en Itat:e.
oans le Luxembourg, en Turquie,
M Suisse, en Syrie, en* Roumanie et dans !e<
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon, `
m moyen d'une valeur payable a Paris en dw
.XMBdats-poste, soit internationaux, soit franotda;
en Anemagme, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
S chez tous ies directeurs de postes; )
et dans tous les autres pays,
~M renvoi d'une valent payable & PtU~t.
f Les t~nnonces sont reçneo `~
e&M Mat. ~tmehey, ~t~Mte et C*,
'i<;phtce delà Bourse,
ttMbureandu.tOCMWAZ.t
t!l
PAMS
VENDREDI 19 AVRIL
Le télégraphe a des avantages, mais
il a aussi des inconvéniens, II nous a
permis d'engager avec la ~KM~Me du 2\~y~ une conversation animée
où les questions et les, réponses se sont
pressées de manière à laisser à peine à
chacun des interlocuteurs le temps de
comprendre l'autre. Ainsi la <~M!~e
T~~M~M ~M 2Vb~ s'était certainement
ïnéprise sur le sens de notre premier ar-
ticle, dont la dépêche ne lui avait transmis
que quelques phrases isolées. C'est ce qui
nous a obligés à lui donner de nouvelles
explications auxquelles elle a répliqué
cette fois avec une netteté parfaite et une
franchise tant soit peu dépourvue de ces
ménagemens de forme sans lesquels les
conversations risquent fort de dégénérer
en disputes. La plupart des journaux
étrangers, anglais, italiens, autrichiens,
allemands même, pourvu qu'ils fus-
sent publiés en dehors de Berlin, s'é-
taient plu à reconnaître la sincérité
courageuse avec laquelle~ dépouillant
toute jalousie et toute arrière-pensée,
nous nous étions adressés à l'Allemagne
en lui disant Vous êtes la première
puissance militaire de l'Europe; grandeur
oblige! c'est à vous de sauver la paix.
'La 6'pas éprouvé l'impression 'générale.
Vous nous recommandez une politique,
s'écrie-t-elle, c'est une raison pour que
cous en suivions une diamétralement op-
posée. «Le principal mérite de notre po-
litique peut bien être de ne pas eonve-
? nir à la politique française et à ses ten-
? dances secrètes. Voila comment la
6'~e~c de ~~Ma'~ notre bon procédé Soit t nous ne préten-
dons pas modiSer la politesse germanique;
mais la 6'a~~e ~d~?M~M(~.A~
conviendra que s'il restait encore quelque
chose du « système de suspicion » dont
elle parlait l'autre jour, ce ne serait pas,
de notre côté que partiraient les allusions
blessantes et les suppositions peu cour-
toises.
La réponse de la 6'~<~M du ~Vûfd! n'est pas seule-
ment quelque peu bourrue, elle est en-
core assez maladroite.~ Le journal de
Berlin nous reproche d'avoir parlé du
désintéressement de l'Angleterre. Avez-
vous oublié, dit-elle, la conquête hypo-
thécaire de l'Egypte, accomplie par le
rachat des actions du canal de Suez ?
Que la Crassure, nous n'avons rien oublié. Nous
nous rappelons fort bien, par exemple,
que, lorsque l'Angleterre a acheté les ac-
tions du canal de Suez, la presse alle-
mande ofticieuge a applaudi bruyam-
ment. Les bravos des journaux de Ber-
lin retentissent encore à nos oreilles.
Nous nous souvenons en autre tant
notre mémoire est ndèle qu'à son pas-
aage à Berlin, le marquis de Salisbury
a reçu, dit-on, de M. de Bismarck des
félicitations pour l'habile opération exé-
cutée par le cabinet anglais. Mais pour-
quoi s'en temr là? lui disait-on pourquoi
tie pas pousser plus loin la conquête de
l'Egypte qui est pour l'Angleterre le point
I&.plusimportantde l'Orient? Les sug-
gestions se sont renouvelées bien des fois ]
depuis l'année dernière; mais nous savons
de source certaine-que le gouvernement
anglais les a toujours repoussées. C'est ce J
qui nous fait dire que l'Angleterre était (
« désintéresséea dans le bon.sensde ce mot, C
c'est-à-dire qu'elle plaçait son intérêt dans j i
l'intérêt de tous. Elle nous a promis Eor-
méllement de ne pas Chercher à se faire (
une part dans les dépouilles de la Tur- j J
quie, mais de travailler de son mieux au (
maintien de l'équiMbrc général. Nous j ]
comptons sur sa parole, car nous ne l
sommes pas une nation méfiante, quoi f
qu'en disent certains journaux. On est l
menant lorsqu'on a des arrière-pensées, I
et nous n'en avons aucune. t 1
Au reste, la 6'e~~ ~~HMyac ~M 1
JVo~qui nous a enfin très bien com- I
pris, nous déclare sans détours "que l'Al- t
magne ne veut pas changer sa « me- t
diation s en une a intervention qui sem- t
ble lui répugner vivement. Le mot « inter- 1
vention" nous paraît plus qu'exagéré. 6
Serait-ce intervenir que de donner à la s
RusHe, (h; concert avec toute l'Europe, un t
constildesag'essectdemodératiou? cQuel- c
M que séduisante que soit, ajoute la 6~- t
"7'<'aM~~pective d'une entente fraBCO-allemande, f
B nous ne voulons toujours pas qu'on f
B l'achète au prix âe l'hostilité delà puis- 1
)' sance qui, dans les momens critiques c
?.récens, aétéla seule amie de laPrusse s
)) et de l'Allemagne. Nous pourrions t
faire remarquer que l'attitude de l'An- g
gleterre pendant la guerre de IS'70-71 d
a été tout aussi utile à la Prusse j:
que celle de la Russie, mais cette g
discussion serait déplacée. Nous avions t
posé a l'Allemagne la question sui- c
Tante: Voulez-vous être avec l'Europe d
ou faire bapde à part avec la Russie? Vou- d
lez-vous user de votre force pour soute- d
nir la grande politique de l'équilibre et a
de la paix, ou sacrifier ce r<~e généreux et a
glorieux à votre intimité avec la Rus- s
8ie ? H faut convenir qu'on nous répond j ii li
avec une entière netteté. L'An~m~e~
tient par-dessus tout à ne pas mécoïîtaa–
ter la Russie. Eh bien, soit! c'est ce que
nous désirions savoir, et nous n'avons
plus rien à demander.
Il ne nous reste qu'une chose à
faire dissiper les illusions que le té-
légraphe s'efforce depuis quelques jours
de répandre en Europe. De nombreu-
ses dépêches venant de Saint-Péters-
bourg, de Vienne et de Berlin nous
répètent sans cesse La situation est
plus satisfaisante, les bons eSets de
la médiation de l'Allemagne commen-
cent à se faire sentir; si la réunion
du Congrès est toujours incertaine,
l'idée d'une Conférence préliminaire sem-
ble gagner du terrain; tout espoir d'une
entente n'est pas perdu. Pour qui sait
lire entre les lignes, pour qui surtout
suit avec soin les journaux allemands et
russes, il est évident que tout l'effort de
l'Allemagne tend aujourd'hui a. reconsti-
tuer non le concert européen, mais l'al-
liance des irois empereurs, à rapprocher
l'Autriche de la Russie, et à laisser ainsi
l'Angleterre dans un complet isolement.
Malgré les mécomptes passés, on ne serait
pas éloigné à Vienne d'accepter un second
arrangement de Reichstadt où on promet-
trait de nouveau à l'Autriche, en échange
de sa connivence, la partie occiden-
tale de la péninsule des Balkans. La
cour et les cercles militaires inclinent
toujours fortement dans le sens d'un
accord avec la Russie. Le comte An-
drassy voudrait bien résister, mais il
craint, en poussant les cboses à l'ex-
trême, de livrer le pouvoir à des hom-
mes qui suivraient résolument une politi-
que austro-russe. Que faire donc ? Se rac-
crocher au Congrès sans repousser les offres
russes consentir à un accommodement
avec la Russie, mais à la condition que cet
accommodement fût sanctionné par l'Eu-
rope laisser régler, en un mot, la question
d'Orient au moyen d'une entente des trois
empires, mais en se réservant de solliciter
ensuite l'approbation des puissances. On
serait presque certain d'avance de celle de
l'Italie. La France ne pourrait faire en tout
cas que des observationsplatoniques.L'An-
gleterre se trouverait donc seule en face
d'une majorité considérable. Quelle serait
alors son attitude? Il est facile de le deviner
mais, à quelque parti qu'elle s'arrêtât,
elle aurait l'air de lutter contre toute
l'Europe. Pour rendre son isolement plus
rapidement sensible, on n'aurait pas be-
soin d'attendre le Congrès. Le projet
d'une Conférence préliminaire qu'elle a
déjà repoussé pourrait servir à le faire
éclater à tous les yeux. Si elle voyait
une majorité déjà formée contre elle,
il est bien clair que l'Angleterre n'ac-
cepterait pas plus cette Confbrence
qu'elle n'accepterait le Congrès. « Au
» point où en est arrivé le diSe-
a rend entre l'Angleterre et la Rus-
Hsie, dit avec raison le correspon-
a dant viennois du ;Z'MM<~ cette Con-
H férence aurait une importance plus
a grande encore que le Congrès lui-
K même, puisqu'elle s'occuperait à en
s déterminer les pouvoirs et la compé-
B tence. a Ce serait donc la Conférence
qui déciderait la question capitale sur la-
,quelle roule tout le conflit. Est-il vrai-
semblable que l'Angleterre ne prenne pas
les mêmes précautions pour entrer dans
cette Conférence que pour entrer dans
le Congrès?
Ainsi, lorsqu'on va au fond des dépêches
optimistes dont nous sommes inondés, on
s'aperçoit bien vite que l'adversaire déclaré
de l'Angleterre, c'est-à-dire la Russie,
que l'allié présumé de l'Angleterre, c'est-
à-dire l'Autriche, et que le médiateur of-
ficieux entre l'Angleterre et la Russie,
c'est-à-dire l'Allemagne, travaillent, dans
un concert touchant, à isoler l'Angleterre.
C'est ce qu'on nous représente comme une i
médiation pacifique qui doit nous inspirer
les plus vives espérances. Au risque de pas-
ser pourdes esprits chagrins, nous sommes.
bien obligés de dire que nous ne partageons
pas ces espérances. Si l'on parvient à iso-
1er l'Angleterre, on n'aura pas préparé la j
paix. L'Angleterre, en euet, ne recu-
lera pas: elle est assurée d'avance, en dépit
des petites révolutions de palais auxquelles
nous assistons, de l'alliance de la Turquie;
elle aura, pour combattre la Russie, ]
100,000 Turcs, SO.OOO Grecs, son. armée, <
ses troupes de l'Inde, son admirable flotte, (
ses inépuisables ressources, sans comp-
ter les secours qu'elle tirera, sans nul 1
doute, des petits Etats que la Russie a i
trouvé le moyen de blesser dans leurs }
intérêts les plus chers. Avec de pareilles }
forces, l'Angleterre n'hésitera pas; elle
fera la guerre. Comment tourneront i
les événemens militaires? c'est le'se- <
cret de l'avenir. Nous pouvons affirmer
seulement que, quoi qu'il arrive, l'Au- l
triche risque de payer les frais de la crise. E
Si la Russie est victorieuse, elle ne tien-
dra pas plus de compte des engagemens e
prochains qu'elle n'a tenu compte des en- Î
gagemens de Reichstadt. Si c'est l'Angle- s
terre qui l'emporte.il seraittrop insensé de 1
croire qu'elle se préoccupera des intérêts E
d'une puissance qui, suivant les conseils t
d'une prudence à courte vue, l'aura, aban- C t
donnée à l'heure du danger. Ni avant ni t
après la guerre, l'Autriche ne saurait rien
a) tendre d'une politique qui, rompant avec
ses meilleures traditions, ferait d'elle l'al-
liée de la Russie, r
'ï" BOURSE DE PARM
CMtao'e te 18 le 19 BhMMoe. B~toee.
tC/Ot
Comptant. 1~2 ss. 7270.?).
Fin cour. 7255. ~6712 .Hl/2
A i/B e/e
Comptantl027a~.i0228.M.
to/a.
Compta.nH096!i099S.30.
HmcMrlM70~.M9M.M.~
PaTnBBOURSBDUSOm.
Emprunt 8 0/0. 109fr. 79, CO, 611/4.
Egyptiennes 60/0.. 1H7 fr. SO, 1H8&. 7S.
Chemins égyptiens. 270 fr.
~MMgipapMe ptrtvée.
(Service télégraphique de t'agence Havas.)
Constantinople, le 18 avril, soir.
Izzet Pacha a été nommé ministre de la guerre
en remplacement de Réouf Pacha.
Ibratum Pacha a été nommé .ministre de !a
marine;
Safvet Pacha conserve le portefeuille des aSai-
res étrangères.
Un hatt impérial annonce le changement du
premier ministre et celui du cheik-ul-islam. Il
recommande l'exécution des réformes conformé-
ment au texte de la Constitution.
Sadyk Pacha, nommé premier ministre, prend
le portefeuille des travaux publics.
On parle du changement du ministre des û-
nances.
Constantinople, le 18 avril.
Sadyk Pacha, le nouveau premier ministre,
passe pour être favorable à la politique de l'An-
gleterre.
Les forces russes stationnées aux environs de
Constantinople ont été augmentées.
M. Layard est allé conférer avec l'amiral
Hornby dans la baie d'Ismidt, relativement aux
mesures à. prendre en prévision d'une occupation
du haut Bosphore par les Russes.
Le prince Nicolas ne partira pas encore pour
Saint-Pétersbourg.
Hobart Pacha est parti pour Londres il se-
rait charge d'une mission auprès du marquis de
Salisbury.
La Porte a demandé le temps nécessaire pour
évacuer Choumia et Batoum elle a promis d'ac-
tiver le départ'de ses troupes.
Le comte Zichy est parti pour Pesth.
La Bosnie ne serait occupée par l'Autriche
qu'en cas de certaines éventualités.
Constantinople, le 19 avril.
Ali Pacha, ancien ambassadeur à Paris, est
nommé ministre président du Conseil d'Etat.
Munif Effendi est nommé ministre de l'instruc-
tion publique.
Mahmoud Pacha prend le portefeuille de la
justice;
Ohannes Tchamitoh, celui du commerce;
Zuhti EEfendi. celui des contributions
Saïd Effendi est nommé ministre de la liste'
civUe.
Saïd Pacha ne fait pas partie du cabinet.
Le ministre de l'intérieur n'est pas encore
nommé.
Vienne, le M avril.
La question d'une Conférence préliminaire est
subordonnée au succès de négociations qui ont
pour base le retrait simultané de la flotte anglaise
et des troupes russes des positions qu'elles occu-
pent actuellement.
Le cabinet de Berlin semble vouloir faire ac-
cepter tout d'abord par les cabinets de Londres
et de Saint-Pétersbourg le principe de ce retrait
simultané.
C'est seulement quand ce principe sera agréé
que se discuteront les limites dans lesquelles doit
s'opérer ce double éioignement; les invitations à
la Conférence préliminaire ne seront faites parle
prince de Bismarck que quand l'accord sur cette
dernière question sera, par son entremise, com-
plètement établi entre la Russie et l'Angleterre.
Vienne, le 19 avril.
Bien que les cabinets de Londres et de Saint-
Pétersbourg ne se soient pas encore prononcés
sur le principe d'un retrait simuttaué de la Hotte
anglaise et de l'armée russe, des positions res-
pectives qu'elles occupent, la première dans )a'
baie d'Ismidt, la seconde autour de Constantino-
ple, les cabinets de Berlin et de Vienne se sont
préoccupés des limites dans lesqueltes ce retrait
pourrait être accepté par l'Angleterre et par la
Russie.
Les limites suggérées par la chancellerie alle-
mande seraient, assure-t-on, Andrinople pour
l'armée russe, et le Pirée ou le golfe de Satomque
pour la flotte anglaise, qui ne s'éloignerait pas
ainsi de ses dépôts de charbon.
On semble ne pas douter de l'adhésion de la
Russie au principe de ce retrait simultané. Tou-
tefois, il serait possible que la Russie y mît la
condition expresse que les Turcs évacueront
auparavant Cnoumia et Batoum.
On ignore complètement quelles sont les dis-
positions du gouvernement anglais relativement
a ce projet de retrait simultané.
Les négociations entreprises par l'entremise
du cabinet de Berlin auraient également porté
sur la base de la discussion dans ie Congrès et,
bien que cette base ne doive être définitivement
fixée qu'après l'acceptation en principe par l'An-
gleterre et par la Russie du retrait simultané de
!a flotte anglaise et do l'armée russe, on considère
comme probable que les traités de 1856 et de
1871, comparés au traité de San-Stefano, servi-
ront de point de départ a la discussion des plé-
nipotentiaires.
Les lettres d'invitation qu'adressera le prince
de Bismarck aux puissances pour les convoquer
au Congres si les négociations actuelles ont un
heureux résultat renfermeraient cette formule.
Vienne, le 19 avril.
Des avis de Bucharest portent que, dans une
séance secrète tenue hier, M. Bratiano, parlant
du résultat de sa mission, a déclaré que iM gran-
des puissances sont décidées à défendre rigou-
reusement les seuls intérêts qu'elles considèrent
comme vitaux et essentiels pour leur propre se
curité, mais qu'elles négligeront les questions
qu'elles regardent comme secondaires.
M. Bratiahd a dit que l'Autriche et l'Allemagne
entendaient fermement que la Russie ne portât
aucune atteinte à la liberté de navigation sur le
Danube, et que. relativement & la question de la
Bessarabie, Ta Roumanie pouvait compter sur
leur appui, en tant que cette question resterait
liée à celle de la liberté de navigation.
Il a ajouté que les deux mêmes puissances
étaient prêtes à se contenter de la neutralisation
du Danube sous certaines garanties. Le cabinet
de Berlin, allant plus loin, avait formulé l'avis
que, en conséquence de ces dispositions, il était
plus avantageux pour )a Roumanie d'entrer en
arrangement avec la Russie.
M. Bratiano a conclu en disant que la situation
était très grave pour la Roumanie. e é
Cette déclaration du ministre roumain a été
suivie d'une discussion orageuse et passionnée.
Plusieurs sénateurs et députés, qui ordinaire-
ment votaient avec le gouvernement, ont attaqué
avec violence M. Cogamiceano, et déclaré que sa
présence dans le cabinet n'était de nature à in-
spirer confiance ni au Parlement ni à l'Europe.
M. Cogamiceano a répondu qu'il prenait en
toutes circonstances l'avis de ses collègues, mais
qu'il était prêt à se retirer si le Parlement émet-
tait contre lui un vote de blâme en séance pu-
Mique.
On croit que dans la séance qui aura lieu au- y
joucd'hui M. Cogalniceano sera vivement attaqué. v
Vienne, le 19 avril.
Des avis reçus de Bucharest portent que l'ar-
mée roumaine continue à être dirigée progressi- )
vement sur la rivière de FAluLa. Le matériel de
guerre roumain est également dirigé vers ces
points.
Les Russes complètent l'occupation des points
stratégiques en Roumanie ils se concentrent ac-
tuellement le !ong de la rivière de l'Argisch et
le long du Danube, depuis son embouchure jus-
qu'à Catlaraschi, dans la Bessarabie. Ils se con-
centrent aussi sur la ligne qui va de Bolgrad à
Reni.
Trois vapeurs transportent depuis six jours
des troupes russes de Toulteha à Ismaïl (Bessara-
bie). Les trains qui arrivent par la ligne de Ben-
der apportent des canons et du maténel destinés
à l'armée de Bulgarie.
Saint-Pétersbourg, le 19 avril.
Suivant le Nouveau ?~M, la Russie saluera
la paix avec joie, mais a la condition que cette
paix soit digne et de nature à assurer l'ordre en
Orient.
Le même journal compte que le gouvernement
anglais rappellera sa flotte de la mer de Mar-
mara.
Le .M<<' o/~cMj publie un décret ordon-
nant la formation de 36 bataillons de réserve et
de 12 batteries d'artillerie.
Bue arest, le 19 avril.
La Chambre des Députés, après sa séance à
buis clos d'hier, a repns la discussion de l'inter-
pellation de M. Fourculescu. Le ministre des af-
faires étrangères a déclaré que le gouvernement
a protesté contre l'occupation de la Roumanie
pM les-troupes russes et a chargé M. Callimaki-
Catargi, agent de Roumanie à Paria, de com-
muniquer ce fait au gouvernement britannique.
La Chambre a voté un ordre du jour expri-
mant sa satisfaction.
Londres, le 19 avril.
Le MMM pense qu'en principe la suggestion
du prince de Bismarck semble bien aller au-de-
vant de la difficulté actuelle. Si les puissances
sont convoquées dans le but de considérer com-
ment les traités de ~8P6 et de 1871 doivent être
modiués elles admettront toutes, par le fait
même qu'elles accepteront l'invitation de se ré-
unir, qu'elles regardent ces traités comme en
pleine vigueur jusqu'à ce qu'ils aient été modi-
Ses par la même autorité qui les avait établis.
En s'en tenant à ce principe, conclut le ?*Mt:M, i
le gouvernement anglais occupe le terrain le plus l
solide.
On avait annoncé à grand renfort de
sonorité que le dernier ministre des af-
faires étrangères de l'Empire allait faire à
l'écrit du prince Napoléon une réponse
accablante. Nous avons lu et nous avons
hésité à prendre au sérieux la prose que
M. le duo de Gramont a ornée d'un
pseudonyme qui prête à rire. Nous pour-
rions céder à cette tentation si jle sujet
n'était pas si triste, mais la tragédie d'hier
n'est pas encore tombée dans le domaine
de la .comédie d'aujourd'hui. M~ le duc de
Gramont a, selon une formule devenue ba-
njtle, perdu une très Leile occasion de se
taire, car tout ce qu'il dit ne fait que con-
firmer ce qu'il prétend contredire. Que
nous importe, et qu'importe à la France,
et qu'importe à l'histoire que telle ou
telle dépêche ait été rédigée dans des ter-
mes plus ou moins solennels ou plus ou
moins familiers, si le fond et le sens
de la communication sont absolument
semblables? Il y a une dépêche qui
est écrite sans gants, c'est celle qu'a pu-
bliée le prince Napoléon; M. le duc de
Gramont met ses gants et la rectifie la
vraie dépêche avait des formes, et M. le
duc de Gramont tient aux formes. Puis, le
lendemain, on nous apprend que les deux
dépêches, avec ou sans formes sont
également authentiques. Franchement,
qu'est-ce que cela nous fait? Que les deux
interlocuteurs s'arrangent, c'est leur
aSaire.
La nôtre, c est de bien établir les res-
ponsabilités, et c'est pourquoi M. le duc
de Gramont aurait mieux fait de se taire.
Il est le premier à prouver l'exactitude de
toutes les assertions du prince Napoléon,
et il devient un témoin à charge au lieu
d'être un témoin à décharge. Il démontre
catégoriquement que si l'Empire n'a pas
trouvé d'alliés pour l'accompagner dans
son insensée et misérable aventure,
c'est parce que l'empereur ne voulait pas
abandonner la possession de Rome. Est-ce
à dire que l'empereur voulût protéger le
Pape et la papauté? Si l'on pouvait inter-
roger le vieux Pie IX, il saurait répondre
il connaissait son homme, et il savait ce
que cette protection contenait de spécu-
lation. La vérité est que l'empereur gar-
dait Rome pour lui, parce que avec Rome
il tenait les ultramontains français; il fai-
sait avec cela sa campagne de Rome à
l'intérieur. Nous parler du catholicisme
de ce carbonaro ressemble trop à une
mauvaise plaisanterie.
Il ne pouvait donc se résoudre à c< lâcher
Rome H, c'est l'expression convenue, parce
que la possession de Rome était pour lui
la possession d'un parti très remuant et
très actif en France, d'un parti qui ré-
gnait à la cour et qui était jusque sur le
trône. On a donc le droit de dire que c'est
l'anaire de Rome qui a rendu toute al-
liance impossible pour la France on a le
droit de dire que c'est le parti de Rome
en France qui nous a coûté la guerre et
toutes les suites de la guerre.
Ce que nous avons demandé, et ce que
M. lé duc de Gramont devrait bien dire
au peuple français, c'est ce qui était ad-
venu le jour où M. Emiie Ollivier avait
porté à Saint-Cloud la dépêche annonçant
le désistement du prince de Hohenzollern.
Ce jour-là, la paix était faite; comment
se trouva-t-elle défaite le lendemain
matin? La France apprit avec surprise
que l'ambassadeur à -Berlin avait, été
insulté, et l'ambassadeur lui-même l'ap-
prit avec encore plus d'étonnement, car il
a dit et écrit qu'il ne s'en était jamais
douté. Que s'était-il donc passé dans cette
soirée de Saint-Cloud, dans ce château où,
la veille encore, la musique des cent-
gardes jouait la j~~c~~M en guise de
cantique,l'ordre de cette personne écervelée qui
disait « C'est ma guerre à moi? n
Mais puisqu'on voulait la* faire, cette
guerre, pourquoi ne l'avait-on pas prépa-
rée ? Car c'est là, en dehors de toute mo-
rale et seulement au point de vue pra-
tique, c'est là qu'éclate l'immense folie
de ce gouvernement aux abois; c'est là
que s'impose l'écrasante responsabilité
dont M. le duc de Gramont paraît porter sa
part avec la plus élégante désinvolture. On
vient de publier une lettre du baron Ri-
casoli, écrite en 1871, dans laquelle l'an-
cien ministre du roi d'Italie explique com-
ment son pays et son gouvernement n'a-
vaient réellement pas pu suivre l'Empire
dans son aventure, et il dit « Si le gou-
B vernement de l'empereur nourrissait
a l'arrière-pensée d'une guerre contre la
)) Prusse, quelle prévoyance a-t-il dé-
H ployée? A-t-il consulté les cabinets
a amis? A-t-il 'préparé de longue main
B les alliances nécessaires à une si terri-
M ble épreuve ? Est-ce qu'on descend sur
H le champ de bataille, et contre un puis-
N sant adversaire, comme on décide une
a partie de plaisir?. »
Qu'avons-nous à répondre? Est-ce que
le monde entier était obligé d'être ivre
comme la Pologne quand Auguste avait
bu? Et ce qu'ajoutait l'ancien ministre
italien, c'est que l'empereur lui-même,
depois plusieurs années, pesait sur l'Italie
pour la faire désarmer et l'avait réduite
à l'impuissance Et on aurait voulu que
l'Italie fût prête quand la France elle-
même ne l'était pas! En vérité, plus on
revient sur cette funeste époque, plus on
se demande si on avait affaire à des cri-
minels, ou à des imbéciles, ou à des
aliénés, ou à tous à la fois.
JOHN LEMOINNE.
On nous écrit de Constantinople, le
9 avril:
Je vous disais dernièrement qu'il fallait
s'attendre à quelque querelle religieuse, l'E-
glise grecque et l'Eglise russe étant loin d'ê-
tre en bons termes. Le dinérend s'est des-
siné les prétextes, du reste, ne manquaient
pas le schisme bulgare, les couvens du
mont Athos sont des questions brûlantes
très propres à envenimer les querelles.~
Les Russes semblent chercher bataille aussi
de ce côté, et le grand-duc a été d'une ama-
bilité plus que médiocre avec les envoyés du
patriarcat de Constantinople, venus pour lui
rendre visite. Régulièrement, c'est le grand-
duc qui devait les premières visites au pa-
triarche mais il a pris peu de souci do ce
devoir, et le patriarcat a dû commencer. Le
patriarche, plus ou moins sérieusement ma-
lade, ne s'est pas rendu lui-même à San-Ste-
fano il s'est contenté d'envoyer trois prélats,
dont l'évêque de Cyzique.
a L'entrevue n'a pas été empreinte de la
plus complète cordialité. Tout d'abord, on a
fait attendre les trois prélats dans la pièce
où se tiennent d'habitude les domestiques.
Cependant M. Onou s'est décidé à les faire
passer dans un salon, en leur disant que le
grand-duc allait se mettre à table et les priait
d'attendre. Ils attendirent. Le grand-duc parut
enfin, et, se plaçant cavalièrement sur sachaise.
comme s'il enfourchait son cheval de bataille,
il échangea quelques mots avec ses visiteurs.
M. Onourevintalors il tenait à la. main unbou-
quet qu'il remit au prince « D'où viennent
donc ces fleurs? » lui dit celui-ci. tesse oublie que c'est aujourd'hui la fête de
la Croix, et que c'est l'usage de donner des
ueurs. N– «Ah c'est vrai. Et vous, Messieurs,
ajouta-f-il en se tournant vers leséveques, ob-
servez-vous aussi cet usage? o–pas, Monseigneur, répondit aussitôt l'évoque
de Cyzique; et, si vous l'avez, c'est que vous
le tenez de nous, comme tous les autres, f
Le grand-duc se leva immédiatement, et l'on
se quitta, sans être certainement meilleurs
amis.
a Cette entrevue n'a en rien avance la so-
lution de la question pendante entre le pa-
triarcat œcuménique et l'Eglise bulgare. Dans
les provinces occupées par les troupes rus-
ses, provinces où l'administration russo-bul-
gare fonctionne déjà, les prêtres bulgares se
sont imposés aux églises grecques et of6-
cient avec les prêtres grecs; or ces prêtres
bulgares sont des schismatiques et, au point
de vue dogmatique, il y a dans ce fait une
grave atteinte portée aux canons de l'Eglise.
N Ce n'est pas tout dans les villes de la
Thraco, de la Macédoine, dans plusieurs
autres d'au delà des Balkans, comme Varna
par exemple, les Grecs possèdent de nom-
breux établissemens scolaires ouphilanthro-
piques, fondés à l'aide des fonds grecs et qui
sont la propriété incontestable des commu-
nautés grecques. Que vont devenir ces étabiis-
semens avec le nouvel ordre de choses, et ne
se trouvent-ils pas fortement menacés?
H y a aussi le dernier paragraphe de
l'article 22 du traité de San-Stefano qui .est la.
source de grosses contestations.
a Les moines du mont Athos, d'origine:
russe, y est-il dit, seront maintenus dans.
leurs possessions et avantages antérieurs,
et continueront à jouir, dans les trois cou-
vons qui leur appartiennent et dans leurs dé-
pendances, des mêmes droits et prérogatives
que ceux qui sont assurés aux autres établis-
semens religieux et couvens dûment Athos. »
Or, au Phanar, on regarde les trois
couvens dont il est question ici comme
un mythe les Russes ne possèdent en
aucune façon trois couvens dans l'~ayM~
O~o.?, sur la sainte montagne. Des Russes
se sont iauBlés, il est vrai, dans Saint–
Pantaleion et y occupent deux MO?M~/ mais
rien qu'en location, pour cinquante ans.
Les titres sont formels: il ne s'agit bien réel-
lement que d'une simple location. M. de
Moustier s'en estconvaincu par 4ui-m6me lors-
que cette question fut soulevée une première
fois, à l'époque même où le général IgnatieS'
faisait confisquer les biens du patriarcat en
pesëar.ibie; on lui présenta alors des titres
de propriété, et il reconnut qu'ils étaient fat*
.~siflés.
s Donc, à cet égard encore, le traité de
San-Stefano s'est un peu écarté de la vérité'.
C'est ce que des moines du mont Athos sont
venus démontrer à la Sublime-Porte, en ap-
portant une protestation en bonne et due
forme.
x- Le Phanar, voyant les tentatives de l'E-
glise russe et sachant les avances qu'on fait
aux Grecs en Bulgarie, à. la condition qu'ils
se rapprochent de l'Eglise bulgare, songe à
lutter contre ces tendances avec une énergie p
toute religieuse, c'est-à-dire pleine de fer-
meté, et tient en mains une arme doat H
veut se servir sans retard.
Le Synode russe ne s'est jamais prononcé
à l'égard du schisme bulgare; or, en matière
religieuse, qui n'est pas contre nos ennemis
est avec eux. Le patriarcat œcuménique va
donc mettre le Synode russe en demeure de
se prononcer. Que l'Eglise orthodoxe auto-
céphale ne reconnaisse pas l'Eglise bul-
gare comme schismatique, et la voilà qui
tombe sous les coups de la sentence d'ex-
communication lancée contre l'exarque et ses
adhérensenmars 1872, c'est-à-dire la voiH
devenue schismatique elle-même.
» Toutes ces questions, tous ces épisodes
irritent les Grecs au plus haut point; ils
veulent en finir et redoutent surtout une
chose en ce moment, c'est que les Russes
fassent des concessions devant tous les dan-
gers qui les menacent, qu'en en un mot ils
reculent.
"Comment! les Russes reculeraient! Eh t
mon Dieu, oui, ils reconnaissent eux-mêmes
que l'heure des coups d'audace est passée et
qu'il est bon d'en revenir à la prudence ils
voient leur armée, déjà fort épuisée par la.
campagne, s'épuiser plus encore par les mala-
dies qui font dans ses rangs des ravages incal-
culables. Ils prennent, il est vrai, à cet égard
aussi peu de précautions que les Turcs ils
laissent, comme eux, sur les routes, les cadavres
d'hommes et d'animaux. On les compte par
milliers entre Silivri et Rodosto, me disait
une personne qui a suivi ce chemin, et, dans
les villages occupés, on place quatre-vingts
hommes dans des maisons où le quart
serait déjà mal à l'aise. Les Russes savent
en outre que les dispositions anglaises
sont maintenant assez sérieuses, que la flotte
d'Ismidt vient de s'augmenter de deux nou-
veaux cuirassés plus que respectables, et que,
d'un moment à l'autre, il peut y avoir à
compter avec l'armée turque qui se trouve
ici, armée complétement, bien rééquipée,
dont certains bataillons comptent jusqu'à
1.200 hommes et qui a maintenant Osman
Pacha à sa tête.
Par un juste retour des choses d'iei-bas, les
Russes redoutent quelque surprise de ce côté.
On annonce qu'une 'grande revue doit être
passée par le Sultan et par Osman Pacha,–re-
vue pour laquelle chaque homme aurait reçu
un nombre respectable de cartouches. Ces car-
touches les inquiètent, dit-on, et, s'ils laissent'
les Turcs faire des travaux de défense du,
côté de Buyukdéré, ils se sont mis à com-
pléter les travaux de Tchataidja, mais en.
tournant leurs canons comme s'ils s'atten-
daient à quelque désagréable visite venant de
Constantinople.
D Tout indique ici qu'on a repris confiance,
qu'on s'est remis à espérer. Les journaux
turcs, qui depuis~ six semaines restaient
plongés dans le plus profond silence, élèvent
maintenant la voix. L'entente entre la Tur-
quie et la Russie est impossible, dit le FM~;
et le j9les traitemens que les Bulgares infligent aux
musulmans. Des volontaires, mémo desvo-,
iontaiies grecs, sont prêts à partir au pre-
mier signal pour soutenir vigoureusement
l'armée anglaise dès que le moment en
sera venu. a M'accepterez-vous comme vo-;
» lontaire? disait devant moi un officier turc
à un officier anglais.
N Les Russes voient et savent tout cela;
aussi ils ne paraissent plus se trouver &
Péra comme chez eux. Ils sont mainte-;
nant moins nombreux et ils ont dû re-
noncer aux promenades en beaux unifor-
mes avec sabres trainans. Les Turcs com-
mençaient à s'impatienter de ce dé61é perpé-
tuel, eties soldatsne montraient plus la réserve
des premiers jours. On a compris qu'il y avait
là un certain danger; aussi nos visiteurs épe-
ronnés sont devenus plus rares, et l'uni-
forme a fait place aux jaquettes louées à
Galata. Il est vrai qu'un des grands attraits
de Péra a disparu on a fermé les roulettes. ;`
Un jeune officier y avait perdu 10,000 fr. en
une nuit; on a craint la contagion.
a Ahmet-Ve&k, qui est resté absent de la
Porte pendant quelques jours, y est revenu
hier: son absence était interprétée, suivant
l'usage, comme l'indice de son remplacement;
mais il était réellement souffrant, il était
aussi menacé, surtout au moment où l'in-
ûuence russe mettait en avant Mahmoud-
Neddin.
? Cette influence a incontestablement
baissé. Bien que le grand-duc ait eu une en-
trevue secrète avec le Sultan avant-hier,–
entrevue qui n'a eu pour témoin que M. Onou,
les penchans moscovites du souverain sont
maintenant très contestés, et quelques per-
sonnes affirment qu'ils n'ont peut-être jamais
été.qu'apparens. Quant aux sentimens d'Os-
man Pacha, ce qu'on en avait dit était pure
calomnie. Donc, il n'est plus question de
Mahmoud-Neddin; c'est delà rentrée d'Ed-
hem Pacha qu'il s'agit à cette heure, pour le `
cas où les choses s'éloigneraient d'une solu-
tion pacifique (1).
a Cette solution, on l'espère assez géné-
ralement, car on croit que les Russes ne
voudront pas s'exposer à une aventure par
trop périlleuse, et dont l'issue leur serait
certainement défavorable. Jusqu'à présent,
c'est à leur prudence plus qu'à leurs succès
militaires qu'ils avaient dû leurs progrès dans
ce pays. Cette fois, ils ont voulu aller trop
vite et trop loin, et ils s'en aperçoivent; on les
suppose encore assez sages pour faire des
concessions. Puissions-nous ne pas nous trom-
per dans nos suppositions et ne pas assister
à une reprise d'hostilités dont Constantinople ;a
serait certainement le premier théâtre )p
(t) On sait que ce .n'est pàaEMem .Pacha, mais
Sadyk Pacha qui a remplacé Ahmët-Veak.
J~.
ONS'ABONNE
fce des PrStrës-Samt-Gcrmain-1'Aaxenrota,
PMXB~ t.'ABC~MBMBNrf
Un an. Sîxmois. Ttoisa~M
D6pMtemcns. SOCr. tûfr. M Cf..
Patb. ':2fr. 36 &. t8t[.
Les.abonmemens partent des!"
)Paa'Ie, an amKtéPo M eeat.'
B6pa<*temse
la JLanden, apply to Ccwte aad C*, foreiKS °,
M~spàpers omce, Gresham strect, G. P. 0.;
asN. tBeHzy, Macief etC% t.Finch taneCornhil!,
E. C., London; MM. ~H..W~ïth
A Bruxe!!es. & ro/t:< <{< ~KMM, 46, me <ïe la
MadeHeme, dans Jea kmsqtte~~t dams 4es M-
b!iothéf!uss des (ran'es de chemins de fer be~es.
A. Talpara:so (Ctiili), c}; O~stps L. TQrMtc.
ËDITION DE PARIS.
PêUTtCt ES ET tJTTEt! At!! ES
'jt;i i Ja~~JjaJ~J iu -t jeJJL Jt A JajMnLjt M~
"~1 'SAMEB!M'ÂYML"
im
ON S'ABONNE'
en Betgkftie, en Itat:e.
oans le Luxembourg, en Turquie,
M Suisse, en Syrie, en* Roumanie et dans !e<
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon, `
m moyen d'une valeur payable a Paris en dw
.XMBdats-poste, soit internationaux, soit franotda;
en Anemagme, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
S chez tous ies directeurs de postes; )
et dans tous les autres pays,
~M renvoi d'une valent payable & PtU~t.
f Les t~nnonces sont reçneo `~
e&M Mat. ~tmehey, ~t~Mte et C*,
'i<;phtce delà Bourse,
ttMbureandu.tOCMWAZ.t
t!l
PAMS
VENDREDI 19 AVRIL
Le télégraphe a des avantages, mais
il a aussi des inconvéniens, II nous a
permis d'engager avec la ~KM~Me du 2\~y~ une conversation animée
où les questions et les, réponses se sont
pressées de manière à laisser à peine à
chacun des interlocuteurs le temps de
comprendre l'autre. Ainsi la <~M!~e
T~~M~M ~M 2Vb~ s'était certainement
ïnéprise sur le sens de notre premier ar-
ticle, dont la dépêche ne lui avait transmis
que quelques phrases isolées. C'est ce qui
nous a obligés à lui donner de nouvelles
explications auxquelles elle a répliqué
cette fois avec une netteté parfaite et une
franchise tant soit peu dépourvue de ces
ménagemens de forme sans lesquels les
conversations risquent fort de dégénérer
en disputes. La plupart des journaux
étrangers, anglais, italiens, autrichiens,
allemands même, pourvu qu'ils fus-
sent publiés en dehors de Berlin, s'é-
taient plu à reconnaître la sincérité
courageuse avec laquelle~ dépouillant
toute jalousie et toute arrière-pensée,
nous nous étions adressés à l'Allemagne
en lui disant Vous êtes la première
puissance militaire de l'Europe; grandeur
oblige! c'est à vous de sauver la paix.
'La 6'
Vous nous recommandez une politique,
s'écrie-t-elle, c'est une raison pour que
cous en suivions une diamétralement op-
posée. «Le principal mérite de notre po-
litique peut bien être de ne pas eonve-
? nir à la politique française et à ses ten-
? dances secrètes. Voila comment la
6'~e~c de ~~Ma'~
dons pas modiSer la politesse germanique;
mais la 6'a~~e ~d~?M~M(~.A~
conviendra que s'il restait encore quelque
chose du « système de suspicion » dont
elle parlait l'autre jour, ce ne serait pas,
de notre côté que partiraient les allusions
blessantes et les suppositions peu cour-
toises.
La réponse de la 6'
ment quelque peu bourrue, elle est en-
core assez maladroite.~ Le journal de
Berlin nous reproche d'avoir parlé du
désintéressement de l'Angleterre. Avez-
vous oublié, dit-elle, la conquête hypo-
thécaire de l'Egypte, accomplie par le
rachat des actions du canal de Suez ?
Que la C
nous rappelons fort bien, par exemple,
que, lorsque l'Angleterre a acheté les ac-
tions du canal de Suez, la presse alle-
mande ofticieuge a applaudi bruyam-
ment. Les bravos des journaux de Ber-
lin retentissent encore à nos oreilles.
Nous nous souvenons en autre tant
notre mémoire est ndèle qu'à son pas-
aage à Berlin, le marquis de Salisbury
a reçu, dit-on, de M. de Bismarck des
félicitations pour l'habile opération exé-
cutée par le cabinet anglais. Mais pour-
quoi s'en temr là? lui disait-on pourquoi
tie pas pousser plus loin la conquête de
l'Egypte qui est pour l'Angleterre le point
I&.plusimportantde l'Orient? Les sug-
gestions se sont renouvelées bien des fois ]
depuis l'année dernière; mais nous savons
de source certaine-que le gouvernement
anglais les a toujours repoussées. C'est ce J
qui nous fait dire que l'Angleterre était (
« désintéresséea dans le bon.sensde ce mot, C
c'est-à-dire qu'elle plaçait son intérêt dans j i
l'intérêt de tous. Elle nous a promis Eor-
méllement de ne pas Chercher à se faire (
une part dans les dépouilles de la Tur- j J
quie, mais de travailler de son mieux au (
maintien de l'équiMbrc général. Nous j ]
comptons sur sa parole, car nous ne l
sommes pas une nation méfiante, quoi f
qu'en disent certains journaux. On est l
menant lorsqu'on a des arrière-pensées, I
et nous n'en avons aucune. t 1
Au reste, la 6'e~~ ~~HMyac ~M 1
JVo~qui nous a enfin très bien com- I
pris, nous déclare sans détours "que l'Al- t
magne ne veut pas changer sa « me- t
diation s en une a intervention qui sem- t
ble lui répugner vivement. Le mot « inter- 1
vention" nous paraît plus qu'exagéré. 6
Serait-ce intervenir que de donner à la s
RusHe, (h; concert avec toute l'Europe, un t
constildesag'essectdemodératiou? cQuel- c
M que séduisante que soit, ajoute la 6~- t
"7'<'aM~
B nous ne voulons toujours pas qu'on f
B l'achète au prix âe l'hostilité delà puis- 1
)' sance qui, dans les momens critiques c
?.récens, aétéla seule amie de laPrusse s
)) et de l'Allemagne. Nous pourrions t
faire remarquer que l'attitude de l'An- g
gleterre pendant la guerre de IS'70-71 d
a été tout aussi utile à la Prusse j:
que celle de la Russie, mais cette g
discussion serait déplacée. Nous avions t
posé a l'Allemagne la question sui- c
Tante: Voulez-vous être avec l'Europe d
ou faire bapde à part avec la Russie? Vou- d
lez-vous user de votre force pour soute- d
nir la grande politique de l'équilibre et a
de la paix, ou sacrifier ce r<~e généreux et a
glorieux à votre intimité avec la Rus- s
8ie ? H faut convenir qu'on nous répond j ii li
avec une entière netteté. L'An~m~e~
tient par-dessus tout à ne pas mécoïîtaa–
ter la Russie. Eh bien, soit! c'est ce que
nous désirions savoir, et nous n'avons
plus rien à demander.
Il ne nous reste qu'une chose à
faire dissiper les illusions que le té-
légraphe s'efforce depuis quelques jours
de répandre en Europe. De nombreu-
ses dépêches venant de Saint-Péters-
bourg, de Vienne et de Berlin nous
répètent sans cesse La situation est
plus satisfaisante, les bons eSets de
la médiation de l'Allemagne commen-
cent à se faire sentir; si la réunion
du Congrès est toujours incertaine,
l'idée d'une Conférence préliminaire sem-
ble gagner du terrain; tout espoir d'une
entente n'est pas perdu. Pour qui sait
lire entre les lignes, pour qui surtout
suit avec soin les journaux allemands et
russes, il est évident que tout l'effort de
l'Allemagne tend aujourd'hui a. reconsti-
tuer non le concert européen, mais l'al-
liance des irois empereurs, à rapprocher
l'Autriche de la Russie, et à laisser ainsi
l'Angleterre dans un complet isolement.
Malgré les mécomptes passés, on ne serait
pas éloigné à Vienne d'accepter un second
arrangement de Reichstadt où on promet-
trait de nouveau à l'Autriche, en échange
de sa connivence, la partie occiden-
tale de la péninsule des Balkans. La
cour et les cercles militaires inclinent
toujours fortement dans le sens d'un
accord avec la Russie. Le comte An-
drassy voudrait bien résister, mais il
craint, en poussant les cboses à l'ex-
trême, de livrer le pouvoir à des hom-
mes qui suivraient résolument une politi-
que austro-russe. Que faire donc ? Se rac-
crocher au Congrès sans repousser les offres
russes consentir à un accommodement
avec la Russie, mais à la condition que cet
accommodement fût sanctionné par l'Eu-
rope laisser régler, en un mot, la question
d'Orient au moyen d'une entente des trois
empires, mais en se réservant de solliciter
ensuite l'approbation des puissances. On
serait presque certain d'avance de celle de
l'Italie. La France ne pourrait faire en tout
cas que des observationsplatoniques.L'An-
gleterre se trouverait donc seule en face
d'une majorité considérable. Quelle serait
alors son attitude? Il est facile de le deviner
mais, à quelque parti qu'elle s'arrêtât,
elle aurait l'air de lutter contre toute
l'Europe. Pour rendre son isolement plus
rapidement sensible, on n'aurait pas be-
soin d'attendre le Congrès. Le projet
d'une Conférence préliminaire qu'elle a
déjà repoussé pourrait servir à le faire
éclater à tous les yeux. Si elle voyait
une majorité déjà formée contre elle,
il est bien clair que l'Angleterre n'ac-
cepterait pas plus cette Confbrence
qu'elle n'accepterait le Congrès. « Au
» point où en est arrivé le diSe-
a rend entre l'Angleterre et la Rus-
Hsie, dit avec raison le correspon-
a dant viennois du ;Z'MM<~ cette Con-
H férence aurait une importance plus
a grande encore que le Congrès lui-
K même, puisqu'elle s'occuperait à en
s déterminer les pouvoirs et la compé-
B tence. a Ce serait donc la Conférence
qui déciderait la question capitale sur la-
,quelle roule tout le conflit. Est-il vrai-
semblable que l'Angleterre ne prenne pas
les mêmes précautions pour entrer dans
cette Conférence que pour entrer dans
le Congrès?
Ainsi, lorsqu'on va au fond des dépêches
optimistes dont nous sommes inondés, on
s'aperçoit bien vite que l'adversaire déclaré
de l'Angleterre, c'est-à-dire la Russie,
que l'allié présumé de l'Angleterre, c'est-
à-dire l'Autriche, et que le médiateur of-
ficieux entre l'Angleterre et la Russie,
c'est-à-dire l'Allemagne, travaillent, dans
un concert touchant, à isoler l'Angleterre.
C'est ce qu'on nous représente comme une i
médiation pacifique qui doit nous inspirer
les plus vives espérances. Au risque de pas-
ser pourdes esprits chagrins, nous sommes.
bien obligés de dire que nous ne partageons
pas ces espérances. Si l'on parvient à iso-
1er l'Angleterre, on n'aura pas préparé la j
paix. L'Angleterre, en euet, ne recu-
lera pas: elle est assurée d'avance, en dépit
des petites révolutions de palais auxquelles
nous assistons, de l'alliance de la Turquie;
elle aura, pour combattre la Russie, ]
100,000 Turcs, SO.OOO Grecs, son. armée, <
ses troupes de l'Inde, son admirable flotte, (
ses inépuisables ressources, sans comp-
ter les secours qu'elle tirera, sans nul 1
doute, des petits Etats que la Russie a i
trouvé le moyen de blesser dans leurs }
intérêts les plus chers. Avec de pareilles }
forces, l'Angleterre n'hésitera pas; elle
fera la guerre. Comment tourneront i
les événemens militaires? c'est le'se- <
cret de l'avenir. Nous pouvons affirmer
seulement que, quoi qu'il arrive, l'Au- l
triche risque de payer les frais de la crise. E
Si la Russie est victorieuse, elle ne tien-
dra pas plus de compte des engagemens e
prochains qu'elle n'a tenu compte des en- Î
gagemens de Reichstadt. Si c'est l'Angle- s
terre qui l'emporte.il seraittrop insensé de 1
croire qu'elle se préoccupera des intérêts E
d'une puissance qui, suivant les conseils t
d'une prudence à courte vue, l'aura, aban- C t
donnée à l'heure du danger. Ni avant ni t
après la guerre, l'Autriche ne saurait rien
a) tendre d'une politique qui, rompant avec
ses meilleures traditions, ferait d'elle l'al-
liée de la Russie, r
'ï" BOURSE DE PARM
CMtao'e te 18 le 19 BhMMoe. B~toee.
tC/Ot
Comptant. 1~2 ss. 7270.?).
Fin cour. 7255. ~6712 .Hl/2
A i/B e/e
Comptantl027a~.i0228.M.
to/a.
Compta.nH096!i099S.30.
HmcMrlM70~.M9M.M.~
PaTnBBOURSBDUSOm.
Emprunt 8 0/0. 109fr. 79, CO, 611/4.
Egyptiennes 60/0.. 1H7 fr. SO, 1H8&. 7S.
Chemins égyptiens. 270 fr.
~MMgipapMe ptrtvée.
(Service télégraphique de t'agence Havas.)
Constantinople, le 18 avril, soir.
Izzet Pacha a été nommé ministre de la guerre
en remplacement de Réouf Pacha.
Ibratum Pacha a été nommé .ministre de !a
marine;
Safvet Pacha conserve le portefeuille des aSai-
res étrangères.
Un hatt impérial annonce le changement du
premier ministre et celui du cheik-ul-islam. Il
recommande l'exécution des réformes conformé-
ment au texte de la Constitution.
Sadyk Pacha, nommé premier ministre, prend
le portefeuille des travaux publics.
On parle du changement du ministre des û-
nances.
Constantinople, le 18 avril.
Sadyk Pacha, le nouveau premier ministre,
passe pour être favorable à la politique de l'An-
gleterre.
Les forces russes stationnées aux environs de
Constantinople ont été augmentées.
M. Layard est allé conférer avec l'amiral
Hornby dans la baie d'Ismidt, relativement aux
mesures à. prendre en prévision d'une occupation
du haut Bosphore par les Russes.
Le prince Nicolas ne partira pas encore pour
Saint-Pétersbourg.
Hobart Pacha est parti pour Londres il se-
rait charge d'une mission auprès du marquis de
Salisbury.
La Porte a demandé le temps nécessaire pour
évacuer Choumia et Batoum elle a promis d'ac-
tiver le départ'de ses troupes.
Le comte Zichy est parti pour Pesth.
La Bosnie ne serait occupée par l'Autriche
qu'en cas de certaines éventualités.
Constantinople, le 19 avril.
Ali Pacha, ancien ambassadeur à Paris, est
nommé ministre président du Conseil d'Etat.
Munif Effendi est nommé ministre de l'instruc-
tion publique.
Mahmoud Pacha prend le portefeuille de la
justice;
Ohannes Tchamitoh, celui du commerce;
Zuhti EEfendi. celui des contributions
Saïd Effendi est nommé ministre de la liste'
civUe.
Saïd Pacha ne fait pas partie du cabinet.
Le ministre de l'intérieur n'est pas encore
nommé.
Vienne, le M avril.
La question d'une Conférence préliminaire est
subordonnée au succès de négociations qui ont
pour base le retrait simultané de la flotte anglaise
et des troupes russes des positions qu'elles occu-
pent actuellement.
Le cabinet de Berlin semble vouloir faire ac-
cepter tout d'abord par les cabinets de Londres
et de Saint-Pétersbourg le principe de ce retrait
simultané.
C'est seulement quand ce principe sera agréé
que se discuteront les limites dans lesquelles doit
s'opérer ce double éioignement; les invitations à
la Conférence préliminaire ne seront faites parle
prince de Bismarck que quand l'accord sur cette
dernière question sera, par son entremise, com-
plètement établi entre la Russie et l'Angleterre.
Vienne, le 19 avril.
Bien que les cabinets de Londres et de Saint-
Pétersbourg ne se soient pas encore prononcés
sur le principe d'un retrait simuttaué de la Hotte
anglaise et de l'armée russe, des positions res-
pectives qu'elles occupent, la première dans )a'
baie d'Ismidt, la seconde autour de Constantino-
ple, les cabinets de Berlin et de Vienne se sont
préoccupés des limites dans lesqueltes ce retrait
pourrait être accepté par l'Angleterre et par la
Russie.
Les limites suggérées par la chancellerie alle-
mande seraient, assure-t-on, Andrinople pour
l'armée russe, et le Pirée ou le golfe de Satomque
pour la flotte anglaise, qui ne s'éloignerait pas
ainsi de ses dépôts de charbon.
On semble ne pas douter de l'adhésion de la
Russie au principe de ce retrait simultané. Tou-
tefois, il serait possible que la Russie y mît la
condition expresse que les Turcs évacueront
auparavant Cnoumia et Batoum.
On ignore complètement quelles sont les dis-
positions du gouvernement anglais relativement
a ce projet de retrait simultané.
Les négociations entreprises par l'entremise
du cabinet de Berlin auraient également porté
sur la base de la discussion dans ie Congrès et,
bien que cette base ne doive être définitivement
fixée qu'après l'acceptation en principe par l'An-
gleterre et par la Russie du retrait simultané de
!a flotte anglaise et do l'armée russe, on considère
comme probable que les traités de 1856 et de
1871, comparés au traité de San-Stefano, servi-
ront de point de départ a la discussion des plé-
nipotentiaires.
Les lettres d'invitation qu'adressera le prince
de Bismarck aux puissances pour les convoquer
au Congres si les négociations actuelles ont un
heureux résultat renfermeraient cette formule.
Vienne, le 19 avril.
Des avis de Bucharest portent que, dans une
séance secrète tenue hier, M. Bratiano, parlant
du résultat de sa mission, a déclaré que iM gran-
des puissances sont décidées à défendre rigou-
reusement les seuls intérêts qu'elles considèrent
comme vitaux et essentiels pour leur propre se
curité, mais qu'elles négligeront les questions
qu'elles regardent comme secondaires.
M. Bratiahd a dit que l'Autriche et l'Allemagne
entendaient fermement que la Russie ne portât
aucune atteinte à la liberté de navigation sur le
Danube, et que. relativement & la question de la
Bessarabie, Ta Roumanie pouvait compter sur
leur appui, en tant que cette question resterait
liée à celle de la liberté de navigation.
Il a ajouté que les deux mêmes puissances
étaient prêtes à se contenter de la neutralisation
du Danube sous certaines garanties. Le cabinet
de Berlin, allant plus loin, avait formulé l'avis
que, en conséquence de ces dispositions, il était
plus avantageux pour )a Roumanie d'entrer en
arrangement avec la Russie.
M. Bratiano a conclu en disant que la situation
était très grave pour la Roumanie. e é
Cette déclaration du ministre roumain a été
suivie d'une discussion orageuse et passionnée.
Plusieurs sénateurs et députés, qui ordinaire-
ment votaient avec le gouvernement, ont attaqué
avec violence M. Cogamiceano, et déclaré que sa
présence dans le cabinet n'était de nature à in-
spirer confiance ni au Parlement ni à l'Europe.
M. Cogamiceano a répondu qu'il prenait en
toutes circonstances l'avis de ses collègues, mais
qu'il était prêt à se retirer si le Parlement émet-
tait contre lui un vote de blâme en séance pu-
Mique.
On croit que dans la séance qui aura lieu au- y
joucd'hui M. Cogalniceano sera vivement attaqué. v
Vienne, le 19 avril.
Des avis reçus de Bucharest portent que l'ar-
mée roumaine continue à être dirigée progressi- )
vement sur la rivière de FAluLa. Le matériel de
guerre roumain est également dirigé vers ces
points.
Les Russes complètent l'occupation des points
stratégiques en Roumanie ils se concentrent ac-
tuellement le !ong de la rivière de l'Argisch et
le long du Danube, depuis son embouchure jus-
qu'à Catlaraschi, dans la Bessarabie. Ils se con-
centrent aussi sur la ligne qui va de Bolgrad à
Reni.
Trois vapeurs transportent depuis six jours
des troupes russes de Toulteha à Ismaïl (Bessara-
bie). Les trains qui arrivent par la ligne de Ben-
der apportent des canons et du maténel destinés
à l'armée de Bulgarie.
Saint-Pétersbourg, le 19 avril.
Suivant le Nouveau ?~M, la Russie saluera
la paix avec joie, mais a la condition que cette
paix soit digne et de nature à assurer l'ordre en
Orient.
Le même journal compte que le gouvernement
anglais rappellera sa flotte de la mer de Mar-
mara.
Le .M<<' o/~cMj publie un décret ordon-
nant la formation de 36 bataillons de réserve et
de 12 batteries d'artillerie.
Bue arest, le 19 avril.
La Chambre des Députés, après sa séance à
buis clos d'hier, a repns la discussion de l'inter-
pellation de M. Fourculescu. Le ministre des af-
faires étrangères a déclaré que le gouvernement
a protesté contre l'occupation de la Roumanie
pM les-troupes russes et a chargé M. Callimaki-
Catargi, agent de Roumanie à Paria, de com-
muniquer ce fait au gouvernement britannique.
La Chambre a voté un ordre du jour expri-
mant sa satisfaction.
Londres, le 19 avril.
Le MMM pense qu'en principe la suggestion
du prince de Bismarck semble bien aller au-de-
vant de la difficulté actuelle. Si les puissances
sont convoquées dans le but de considérer com-
ment les traités de ~8P6 et de 1871 doivent être
modiués elles admettront toutes, par le fait
même qu'elles accepteront l'invitation de se ré-
unir, qu'elles regardent ces traités comme en
pleine vigueur jusqu'à ce qu'ils aient été modi-
Ses par la même autorité qui les avait établis.
En s'en tenant à ce principe, conclut le ?*Mt:M, i
le gouvernement anglais occupe le terrain le plus l
solide.
On avait annoncé à grand renfort de
sonorité que le dernier ministre des af-
faires étrangères de l'Empire allait faire à
l'écrit du prince Napoléon une réponse
accablante. Nous avons lu et nous avons
hésité à prendre au sérieux la prose que
M. le duo de Gramont a ornée d'un
pseudonyme qui prête à rire. Nous pour-
rions céder à cette tentation si jle sujet
n'était pas si triste, mais la tragédie d'hier
n'est pas encore tombée dans le domaine
de la .comédie d'aujourd'hui. M~ le duc de
Gramont a, selon une formule devenue ba-
njtle, perdu une très Leile occasion de se
taire, car tout ce qu'il dit ne fait que con-
firmer ce qu'il prétend contredire. Que
nous importe, et qu'importe à la France,
et qu'importe à l'histoire que telle ou
telle dépêche ait été rédigée dans des ter-
mes plus ou moins solennels ou plus ou
moins familiers, si le fond et le sens
de la communication sont absolument
semblables? Il y a une dépêche qui
est écrite sans gants, c'est celle qu'a pu-
bliée le prince Napoléon; M. le duc de
Gramont met ses gants et la rectifie la
vraie dépêche avait des formes, et M. le
duc de Gramont tient aux formes. Puis, le
lendemain, on nous apprend que les deux
dépêches, avec ou sans formes sont
également authentiques. Franchement,
qu'est-ce que cela nous fait? Que les deux
interlocuteurs s'arrangent, c'est leur
aSaire.
La nôtre, c est de bien établir les res-
ponsabilités, et c'est pourquoi M. le duc
de Gramont aurait mieux fait de se taire.
Il est le premier à prouver l'exactitude de
toutes les assertions du prince Napoléon,
et il devient un témoin à charge au lieu
d'être un témoin à décharge. Il démontre
catégoriquement que si l'Empire n'a pas
trouvé d'alliés pour l'accompagner dans
son insensée et misérable aventure,
c'est parce que l'empereur ne voulait pas
abandonner la possession de Rome. Est-ce
à dire que l'empereur voulût protéger le
Pape et la papauté? Si l'on pouvait inter-
roger le vieux Pie IX, il saurait répondre
il connaissait son homme, et il savait ce
que cette protection contenait de spécu-
lation. La vérité est que l'empereur gar-
dait Rome pour lui, parce que avec Rome
il tenait les ultramontains français; il fai-
sait avec cela sa campagne de Rome à
l'intérieur. Nous parler du catholicisme
de ce carbonaro ressemble trop à une
mauvaise plaisanterie.
Il ne pouvait donc se résoudre à c< lâcher
Rome H, c'est l'expression convenue, parce
que la possession de Rome était pour lui
la possession d'un parti très remuant et
très actif en France, d'un parti qui ré-
gnait à la cour et qui était jusque sur le
trône. On a donc le droit de dire que c'est
l'anaire de Rome qui a rendu toute al-
liance impossible pour la France on a le
droit de dire que c'est le parti de Rome
en France qui nous a coûté la guerre et
toutes les suites de la guerre.
Ce que nous avons demandé, et ce que
M. lé duc de Gramont devrait bien dire
au peuple français, c'est ce qui était ad-
venu le jour où M. Emiie Ollivier avait
porté à Saint-Cloud la dépêche annonçant
le désistement du prince de Hohenzollern.
Ce jour-là, la paix était faite; comment
se trouva-t-elle défaite le lendemain
matin? La France apprit avec surprise
que l'ambassadeur à -Berlin avait, été
insulté, et l'ambassadeur lui-même l'ap-
prit avec encore plus d'étonnement, car il
a dit et écrit qu'il ne s'en était jamais
douté. Que s'était-il donc passé dans cette
soirée de Saint-Cloud, dans ce château où,
la veille encore, la musique des cent-
gardes jouait la j~~c~~M en guise de
cantique,
disait « C'est ma guerre à moi? n
Mais puisqu'on voulait la* faire, cette
guerre, pourquoi ne l'avait-on pas prépa-
rée ? Car c'est là, en dehors de toute mo-
rale et seulement au point de vue pra-
tique, c'est là qu'éclate l'immense folie
de ce gouvernement aux abois; c'est là
que s'impose l'écrasante responsabilité
dont M. le duc de Gramont paraît porter sa
part avec la plus élégante désinvolture. On
vient de publier une lettre du baron Ri-
casoli, écrite en 1871, dans laquelle l'an-
cien ministre du roi d'Italie explique com-
ment son pays et son gouvernement n'a-
vaient réellement pas pu suivre l'Empire
dans son aventure, et il dit « Si le gou-
B vernement de l'empereur nourrissait
a l'arrière-pensée d'une guerre contre la
)) Prusse, quelle prévoyance a-t-il dé-
H ployée? A-t-il consulté les cabinets
a amis? A-t-il 'préparé de longue main
B les alliances nécessaires à une si terri-
M ble épreuve ? Est-ce qu'on descend sur
H le champ de bataille, et contre un puis-
N sant adversaire, comme on décide une
a partie de plaisir?. »
Qu'avons-nous à répondre? Est-ce que
le monde entier était obligé d'être ivre
comme la Pologne quand Auguste avait
bu? Et ce qu'ajoutait l'ancien ministre
italien, c'est que l'empereur lui-même,
depois plusieurs années, pesait sur l'Italie
pour la faire désarmer et l'avait réduite
à l'impuissance Et on aurait voulu que
l'Italie fût prête quand la France elle-
même ne l'était pas! En vérité, plus on
revient sur cette funeste époque, plus on
se demande si on avait affaire à des cri-
minels, ou à des imbéciles, ou à des
aliénés, ou à tous à la fois.
JOHN LEMOINNE.
On nous écrit de Constantinople, le
9 avril:
Je vous disais dernièrement qu'il fallait
s'attendre à quelque querelle religieuse, l'E-
glise grecque et l'Eglise russe étant loin d'ê-
tre en bons termes. Le dinérend s'est des-
siné les prétextes, du reste, ne manquaient
pas le schisme bulgare, les couvens du
mont Athos sont des questions brûlantes
très propres à envenimer les querelles.~
Les Russes semblent chercher bataille aussi
de ce côté, et le grand-duc a été d'une ama-
bilité plus que médiocre avec les envoyés du
patriarcat de Constantinople, venus pour lui
rendre visite. Régulièrement, c'est le grand-
duc qui devait les premières visites au pa-
triarche mais il a pris peu de souci do ce
devoir, et le patriarcat a dû commencer. Le
patriarche, plus ou moins sérieusement ma-
lade, ne s'est pas rendu lui-même à San-Ste-
fano il s'est contenté d'envoyer trois prélats,
dont l'évêque de Cyzique.
a L'entrevue n'a pas été empreinte de la
plus complète cordialité. Tout d'abord, on a
fait attendre les trois prélats dans la pièce
où se tiennent d'habitude les domestiques.
Cependant M. Onou s'est décidé à les faire
passer dans un salon, en leur disant que le
grand-duc allait se mettre à table et les priait
d'attendre. Ils attendirent. Le grand-duc parut
enfin, et, se plaçant cavalièrement sur sachaise.
comme s'il enfourchait son cheval de bataille,
il échangea quelques mots avec ses visiteurs.
M. Onourevintalors il tenait à la. main unbou-
quet qu'il remit au prince « D'où viennent
donc ces fleurs? » lui dit celui-ci.
la Croix, et que c'est l'usage de donner des
ueurs. N– «Ah c'est vrai. Et vous, Messieurs,
ajouta-f-il en se tournant vers leséveques, ob-
servez-vous aussi cet usage? o–
de Cyzique; et, si vous l'avez, c'est que vous
le tenez de nous, comme tous les autres, f
Le grand-duc se leva immédiatement, et l'on
se quitta, sans être certainement meilleurs
amis.
a Cette entrevue n'a en rien avance la so-
lution de la question pendante entre le pa-
triarcat œcuménique et l'Eglise bulgare. Dans
les provinces occupées par les troupes rus-
ses, provinces où l'administration russo-bul-
gare fonctionne déjà, les prêtres bulgares se
sont imposés aux églises grecques et of6-
cient avec les prêtres grecs; or ces prêtres
bulgares sont des schismatiques et, au point
de vue dogmatique, il y a dans ce fait une
grave atteinte portée aux canons de l'Eglise.
N Ce n'est pas tout dans les villes de la
Thraco, de la Macédoine, dans plusieurs
autres d'au delà des Balkans, comme Varna
par exemple, les Grecs possèdent de nom-
breux établissemens scolaires ouphilanthro-
piques, fondés à l'aide des fonds grecs et qui
sont la propriété incontestable des commu-
nautés grecques. Que vont devenir ces étabiis-
semens avec le nouvel ordre de choses, et ne
se trouvent-ils pas fortement menacés?
H y a aussi le dernier paragraphe de
l'article 22 du traité de San-Stefano qui .est la.
source de grosses contestations.
a Les moines du mont Athos, d'origine:
russe, y est-il dit, seront maintenus dans.
leurs possessions et avantages antérieurs,
et continueront à jouir, dans les trois cou-
vons qui leur appartiennent et dans leurs dé-
pendances, des mêmes droits et prérogatives
que ceux qui sont assurés aux autres établis-
semens religieux et couvens dûment Athos. »
Or, au Phanar, on regarde les trois
couvens dont il est question ici comme
un mythe les Russes ne possèdent en
aucune façon trois couvens dans l'~ayM~
O~o.?, sur la sainte montagne. Des Russes
se sont iauBlés, il est vrai, dans Saint–
Pantaleion et y occupent deux MO?M~/ mais
rien qu'en location, pour cinquante ans.
Les titres sont formels: il ne s'agit bien réel-
lement que d'une simple location. M. de
Moustier s'en estconvaincu par 4ui-m6me lors-
que cette question fut soulevée une première
fois, à l'époque même où le général IgnatieS'
faisait confisquer les biens du patriarcat en
pesëar.ibie; on lui présenta alors des titres
de propriété, et il reconnut qu'ils étaient fat*
.~siflés.
s Donc, à cet égard encore, le traité de
San-Stefano s'est un peu écarté de la vérité'.
C'est ce que des moines du mont Athos sont
venus démontrer à la Sublime-Porte, en ap-
portant une protestation en bonne et due
forme.
x- Le Phanar, voyant les tentatives de l'E-
glise russe et sachant les avances qu'on fait
aux Grecs en Bulgarie, à. la condition qu'ils
se rapprochent de l'Eglise bulgare, songe à
lutter contre ces tendances avec une énergie p
toute religieuse, c'est-à-dire pleine de fer-
meté, et tient en mains une arme doat H
veut se servir sans retard.
Le Synode russe ne s'est jamais prononcé
à l'égard du schisme bulgare; or, en matière
religieuse, qui n'est pas contre nos ennemis
est avec eux. Le patriarcat œcuménique va
donc mettre le Synode russe en demeure de
se prononcer. Que l'Eglise orthodoxe auto-
céphale ne reconnaisse pas l'Eglise bul-
gare comme schismatique, et la voilà qui
tombe sous les coups de la sentence d'ex-
communication lancée contre l'exarque et ses
adhérensenmars 1872, c'est-à-dire la voiH
devenue schismatique elle-même.
» Toutes ces questions, tous ces épisodes
irritent les Grecs au plus haut point; ils
veulent en finir et redoutent surtout une
chose en ce moment, c'est que les Russes
fassent des concessions devant tous les dan-
gers qui les menacent, qu'en en un mot ils
reculent.
"Comment! les Russes reculeraient! Eh t
mon Dieu, oui, ils reconnaissent eux-mêmes
que l'heure des coups d'audace est passée et
qu'il est bon d'en revenir à la prudence ils
voient leur armée, déjà fort épuisée par la.
campagne, s'épuiser plus encore par les mala-
dies qui font dans ses rangs des ravages incal-
culables. Ils prennent, il est vrai, à cet égard
aussi peu de précautions que les Turcs ils
laissent, comme eux, sur les routes, les cadavres
d'hommes et d'animaux. On les compte par
milliers entre Silivri et Rodosto, me disait
une personne qui a suivi ce chemin, et, dans
les villages occupés, on place quatre-vingts
hommes dans des maisons où le quart
serait déjà mal à l'aise. Les Russes savent
en outre que les dispositions anglaises
sont maintenant assez sérieuses, que la flotte
d'Ismidt vient de s'augmenter de deux nou-
veaux cuirassés plus que respectables, et que,
d'un moment à l'autre, il peut y avoir à
compter avec l'armée turque qui se trouve
ici, armée complétement, bien rééquipée,
dont certains bataillons comptent jusqu'à
1.200 hommes et qui a maintenant Osman
Pacha à sa tête.
Par un juste retour des choses d'iei-bas, les
Russes redoutent quelque surprise de ce côté.
On annonce qu'une 'grande revue doit être
passée par le Sultan et par Osman Pacha,–re-
vue pour laquelle chaque homme aurait reçu
un nombre respectable de cartouches. Ces car-
touches les inquiètent, dit-on, et, s'ils laissent'
les Turcs faire des travaux de défense du,
côté de Buyukdéré, ils se sont mis à com-
pléter les travaux de Tchataidja, mais en.
tournant leurs canons comme s'ils s'atten-
daient à quelque désagréable visite venant de
Constantinople.
D Tout indique ici qu'on a repris confiance,
qu'on s'est remis à espérer. Les journaux
turcs, qui depuis~ six semaines restaient
plongés dans le plus profond silence, élèvent
maintenant la voix. L'entente entre la Tur-
quie et la Russie est impossible, dit le FM~;
et le j9les traitemens que les Bulgares infligent aux
musulmans. Des volontaires, mémo desvo-,
iontaiies grecs, sont prêts à partir au pre-
mier signal pour soutenir vigoureusement
l'armée anglaise dès que le moment en
sera venu. a M'accepterez-vous comme vo-;
» lontaire? disait devant moi un officier turc
à un officier anglais.
N Les Russes voient et savent tout cela;
aussi ils ne paraissent plus se trouver &
Péra comme chez eux. Ils sont mainte-;
nant moins nombreux et ils ont dû re-
noncer aux promenades en beaux unifor-
mes avec sabres trainans. Les Turcs com-
mençaient à s'impatienter de ce dé61é perpé-
tuel, eties soldatsne montraient plus la réserve
des premiers jours. On a compris qu'il y avait
là un certain danger; aussi nos visiteurs épe-
ronnés sont devenus plus rares, et l'uni-
forme a fait place aux jaquettes louées à
Galata. Il est vrai qu'un des grands attraits
de Péra a disparu on a fermé les roulettes. ;`
Un jeune officier y avait perdu 10,000 fr. en
une nuit; on a craint la contagion.
a Ahmet-Ve&k, qui est resté absent de la
Porte pendant quelques jours, y est revenu
hier: son absence était interprétée, suivant
l'usage, comme l'indice de son remplacement;
mais il était réellement souffrant, il était
aussi menacé, surtout au moment où l'in-
ûuence russe mettait en avant Mahmoud-
Neddin.
? Cette influence a incontestablement
baissé. Bien que le grand-duc ait eu une en-
trevue secrète avec le Sultan avant-hier,–
entrevue qui n'a eu pour témoin que M. Onou,
les penchans moscovites du souverain sont
maintenant très contestés, et quelques per-
sonnes affirment qu'ils n'ont peut-être jamais
été.qu'apparens. Quant aux sentimens d'Os-
man Pacha, ce qu'on en avait dit était pure
calomnie. Donc, il n'est plus question de
Mahmoud-Neddin; c'est delà rentrée d'Ed-
hem Pacha qu'il s'agit à cette heure, pour le `
cas où les choses s'éloigneraient d'une solu-
tion pacifique (1).
a Cette solution, on l'espère assez géné-
ralement, car on croit que les Russes ne
voudront pas s'exposer à une aventure par
trop périlleuse, et dont l'issue leur serait
certainement défavorable. Jusqu'à présent,
c'est à leur prudence plus qu'à leurs succès
militaires qu'ils avaient dû leurs progrès dans
ce pays. Cette fois, ils ont voulu aller trop
vite et trop loin, et ils s'en aperçoivent; on les
suppose encore assez sages pour faire des
concessions. Puissions-nous ne pas nous trom-
per dans nos suppositions et ne pas assister
à une reprise d'hostilités dont Constantinople ;a
serait certainement le premier théâtre )p
(t) On sait que ce .n'est pàaEMem .Pacha, mais
Sadyk Pacha qui a remplacé Ahmët-Veak.
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