Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-02-10
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Description : 10 février 1878 10 février 1878
Description : 1878/02/10. 1878/02/10.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËBITION BE PARIS
MMCME FËVMER
i~8.
NMcm~ams
i878.
OM S'ABONDE
me dea P!'6trea-Saint-Germam-t'Auierro!a, 1'!
PKtX ttB ABMNMEME~T
'Un an. Sti mois. Trois mma.
Déptutemens. oo fr. FMis. 72 &. 36 ft. i8fr.
Les aboirnemens partent des l" et t6 d<
chaque imots.
JM!MAL DES DEBATS
ON S'ABONDE
.en Belgique, en Matf.
dans te Luxembourg, en Turquie,
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon
ta moyen d'une valeur payable à Paris ou M
mandats-poste, soit internationaux, soit françM<
en AUemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tousjes autres pays,
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POLITISES ET LITTERAIRES
~Mte, ça ànméfo. t$ eeB<.
g. B
t~t -M'F* '*fi"j f ~/
newspapeM omce, n, Gresham sjtreet. G. P. u.
BiS. Me!!zy, m~~tet et C*. i.FiNoh iMeCornhm.f
E. C. London, MM. W.-H. Smith et WM6.St.rand, W.n..Losdon.
A Bru-Miles, & t'C/~M ~~Madeleine, daBs les. Jkiosques et da~s Isa M-
Miothéoues d~a caies 4e chemins 4e ffr be~es.
A. Yalptu-aiso ~CtuJi~ c~cz M. Ofestes L. Tornero.
Les annonces sont reçues
Ches ME!, ~otebey, t<&Ntte et G*
8,placedeta Bourse,
~t$:d&tventtoajour3 ëtreagréëes parla r~dectioa.
PARÏS
SAMEDI 9 FEVRIER
Ce n'est pas sans effort qu'on parvient
& se guider au milieu des dépêches em-
brouillées et confuses qui nous sont par-
Tenues de Londres depuis quelques jours.
Nous avons appris avant-hier que l'An-
gleterre était sous le coup de la plus vive
émotion. Les 'Russes venaient d'entrer à
Constantinople, et la nouvelle d'un si grave
événement avait produit dans tous les
partis une même impression de surprise
et de colère. Le lendemain, les vents
avaient tourné on ne savait plus si les
Russes étaient ou n'étaient pas à Constan-
tinople. L'Opposition, un moment désar-
mée, avait repris sa campagne contre le
ministère, et, pour excuser quelques heu-
res de faiblesse, elle reprochait au gouver-
nement d'avoir livré au public des infor-
mations controuvées. Cette accusation
était fort injuste. Ce n'est pas le cabinet
qui a trompé le pays, si tant est que le
pays ait été trompé. Il n'avait reçu ni par
M. Layard ni par &ucun autre intermé-
diaire la nouvelle de l'entrée des Russes
& Constantinople. Ce n'est donc pas lui
qui l'a mise en circulation. Les bruits qui
ont couru a ce sujet n'ont été qu'une in-
terprétation exagérée, quoique exacte au
fond, des renseignemens, officiels. L'ima-
gination, ou plutôt le bon sens public, a
été la seule cause de cette agitation .na-
tionale de quelques heures.
Quels étaient donc les renseignemens
qu'avait reçus le gouvernement et que
l'opinion avait interprétés avec tant de
vivacité? Lord Derby et sir Stafford North-
cote nous l'ont appris l'un et l'autre. Une
dépêche de M. Layard, datée du S février, et
venue par la voie de Bombay et d'Alexan-
drie, annonçait que, ~~m~cc,
les troupes russes continuaient à s'avan-
cer vers Constantinople et occupaient soit
les positions fortifiées formant les lignes
de défense de cette ville, soit divers points
stratégiques sur la mer de Marmara. H
faut bien remarquer ces mots malgré
l'armistice. Au moment où M. Layard
les écrivait, la Porte, on l'a. su depuis,
ignorait les termes de cet armistice
et ne comprenait rien & la marche
des Russes. Le 6 février, M. Layard
confirmait en les précisant ses informa-
tions. Il est facile de comprendre l'émo-
tion qu'elles ont provoquée dans le Par-
lement et dans le public anglais. C'est
dans le feu de la surexcitation première
que M. Forster a retiré son amendement
contraire au vote des subsides. La Cham-
bre des Communes semblait agitée par
un mouvement général de patriotisme, et
l'un de ses membres, M. Cowen, soule-
vait des acclamations unanimes lors-
qu'il s'écriait « En présence d'une
M situation entièrement modi6ée, il ne
? doit plus y avoir ni libéraux, ni
M radicaux, ni conservateurs il ne doit
? y avoir que des Anglais, unis vis-à-
M. vis de l'étranger. Il ne suffit pas de
M retirer un amendement. H faut voter
:) l'unanimité non seulement 6 millions,
a mais, au besoin, 26 millions de livres
& sterling. M Ce bel enthousiasme a peu
duré. Au moment où les esprits parais-
saient le plus échauffés, sir StaSbrd
Northcote a fait à la Chambre une com-
munication qui a détruit l'unanimité de
ses membres et fait reparaître l'Opposi-
tion avec toutes ses petitesses, toutes ses
rancunes, toutes ses erreurs antinatio-
nales. Lord Derby venait de recevoir du
comte Schouvaloif une Note ainsi con-
çue.
L'ambassadeu); de Hussie ayant demanda
à sou gouvernement s'it était vrai que l'ar-
mée russe marchât sur Constantinople.
~Muae position fortiQee faisant partie de la
Jigoo de défense de cette vitle, le. prince
GortcbakoEf lui a répondu'de la manière sui-
vante
« L'ordre a été donné aux cotcmandans
mi!ita.irés russes de suspendre les hostititës
!) sur toute la ligne en Europe et en Asie. Il
B n'y a pas un mot de vrai dana !es fWK~K~
B qui vous sont arrivées. B
On s'étonne qu'une pareiUe réponse
ait pu rassurer aussi complètement l'Op-
position anglaise. Lord Derby & fait
remarquer tout de suite qu'elle était
conçue dans des termes d'un vague
insaisissable. A quéUes rumeurs fai-,
sait aHusion le prince Gortchakou'?
Nul ne le savait. Mais en pesant avec
t-oin chacun des mots employés par le
~'rand-chancelier russe, comme il con-
vient de faire lorsqu'il s'agit d'un
homme qui a poussé l'art des équivoques
au ptus haut, degré de perfection, on ~e se-
rait bien vite aperçu que le prince Gort-
fhakon'se jouai!, suivant son habitude,
ne la crédulité du publie anglais C'est ce
<;uc le MwM, qui a changé brusquement
d'attitude depuis deux jours et qui crible
en ce moment les libéraux des traits qu'il
lançait naguère aux conservateurs, a très
bien expliqué
a La manière dont l'Opposition a aceueUii
)'mformaticn du <-h&cce:)er de i'Echiquier est
i.trtrcgrettahte. dit-il. Pour ceux qui liront
<-e matin le télégramme du comte SchouYadon
dent qu'if E~mplique aucune contradiction
ttVfc!esreBscign<'mensem'oy6sparM. Layard.
).e prince Gortchakofr uie que la position
turque ait été jS! c'fst-à-dire forcée; il
r rfte .q~e l'ordre d'arrêter les hoMHites
a t [é conne, c: H déctate qu'il n'y a
nen de \&i dans tes i-umeura mention-
ï.6t-a par !e fom'e Scbf'uvalou. Nais que!
~gttaient ces rumeurs? Kous n'avoBsau-'
cun éclaircissement sur cette question, sans
laquelle le télégramme russe ne peut pas être
compris. Il est possible qu'il s'agtsse unique-
ment dM rumeurs qui ont couru sur l'entrée
des Russes dans la ville de Constantinople, et
tctte dénégation se cohcitie facilement avec
l'occupation pacifique, faite en vertu de l'ar-
mistice, des lignes de défense de Constanti-
nople par t'armée russe. H ne peut y avoir le
moindre doute que telle ne soit la véri-
table explication de toutes ces incertitudes.
Des télégrammes arrivés hier de Constantino-
ple déclarent formellement que, conformé-
ment aux conditions de l'armistice, les forces
turques ont évacué les fortincations et que
les troupes russes y sont entrées, a
JLes diplomates russes ont pris, on le
voit, des leçons dans les ~oe~eM'
lis savent dire une chose et mettre sous
les mots une intention din'érente, ce qui
est, comme on sait, le moyen d'énoncer sans
mentir le contraire de la vérité. On leur
demandait s'ils avaient pris les lignes de
Constantinople. Non, ont-ils répondu;
ajoutant intérieurement Nous ne les
avons pas prises, nous les avons occu-
pées. En faif, il n'y a là qu'une nuance
d'expression. La seule erreur de M. Layard
est d'avoir dit: Les Russes s'avancent
~M~~ ~'MM~cc. C'est, au contraire, en
vertu de l'armistice qu'ils s'avançaient.
Mais comment M. Layard ou lord Derby
aurait-il pu s'en douter, puisque la
Porte elle-même n'en savait rien, grâce
aux précautions habiles qu'on avait prises
à Andrinople pour mettre les conditions
de cet armistice sous le boisseau ?
Quoi qu'il en soit, l'Opposition anglaise
s'est jetée avec empressement sur la Note
du comte SchouvalofT. Elle a déclaré aus-
sitôt que tout était changé, que le télé-
gramme du prince Gortchakofi infirmait
complétement le rapport de M. Layard,
que les indications envoyées par ce der-
nier étaient évidemment erronées, qu'il
avait été trop crédule ou trop mal in-
formé, et au mouvement général de pa-
triotisme qui avait signalé le début de
la séance de la Chambre des Communes
a succédé un déchaînement passionné
.de l'Opposition contre l'ambassadeur
d'Angleterre en Turquie. Un membre
radical, M. Fawcett, a même alBrmé
qu'on était revenu au point de départ de
la discussion et que M. Forster n'avait
plus aucun motif de retirer son amende-
ment. M. Forster n'a pas paru partager
cette manière de voir. L'Opposition a ré-
clamé alors l'ajournement de ~a discussion
générale jusqu'au moment où l'on saurait
à quoi s'en tenir sur les renseigne-
mens prétendus contradictoires de
M. Layard et du prince Gortchakon'. Cette
première motion a été repbussée, et la dis-
cussion générale, qui durait déjà depuis
cinq jours,, a recommencé. Les orateurs
ont continué à se succéder, parlant .tour
à tour pour ou con-tre la politique du gou-
vernement comme ~i rien de nouveau ne
s'était passé. EnSn, vers une heure du
matin, sir StaSbrd Northcote a demandé
que les débats généraux fussent clos et
que la Chambre se formât en comité, ce
qui équivaut, on le sait, à ce que nous
appelons passer à la discussion des ar-
ticles. L'Opposition se préparait à rouvrir
la discussion générale, sous prétexte de
discuter cette question de forme; mais le
cabinet a obtenu, en fin de compte, qu'on
la tranchât tout de suite, et la formation
en comité a été votée à 199 voix de
majorité.
Telle a été l'isaue de la première ba-
taille livrée dans le Parlement. Le lende-
main, avant de se former en comité, la
Chambre a entendu sir StaSbrd North-
cote, qui a été à même de communiquer
enfin les conditions de l'armistice et a
connrmé la nouvelle que les 'lignes for-
tifiées de Constantinople étaient occu-
pées par les Russes en exécution de l'ar-
mistice, et que le gouvernement, s'étant
.adressé, le 7, au cabinet de Saint-Péters-
bourg pour obtenir des renseigne-
mens sur lu marche des Russes,
n'avait encore reçu aucune réponse.
Lord Derby avait fait à la Chambre des
Lords des déclarations semblàbics. c Dans
a l'état actuel des choses, avait-il dit, les
» Russes ont évidemment le pouvoir d'en-
a trer à Constantinoplé quand il leur
a plaira, u Les deux ministres ajoutaient
que la ûotte anglaise était partie pour
Constantinople a6u de protéger les sujets
anglais et d'empêcher toute explosion'
populaire. Ainsi l'Opposition était bien
avertie. Les équivoques de la veille
étaient complètement dissipées, et l'heure
était venue où, suivant le mot de
M. Coweo, il ne devait plus y avoir que
des Anglais mis en face de l'étranger.
Hélas il y a eu plus de libéraux et ptus
de radicaux que jamais. Il faut dire à la
louange du marquis de Hartington qu'il a
refuse de suivre l'armée dont il est le chef
nominal. Il a quitté Ja salle au moment
du vote, au milieu des huées de l'Opposi-
tion. M. Gladstone, au contraire, a non
seulement voté, mais parlé de nouveau
contre les subsides. Il n'a pas hésité
à déclarer qu'il craignait que le gouver-
nement ne s'alliât a l'Autriche pour
« travailler à annuler les grandes conces-
? sions que la Russie a obtenues au prix
a d'immenses sacrifices pour les races
» sujettes de la Turquie », mettant ainsi
les intérêts de l'ambition russe voilés
&ous un prétendu christianisme philan-
thropique au-dessus des intérêts vitauxde
8ûK propre pays. Peu importe d'ailleurs
ce qu'a dit M. Gladstone! L'homme et le
politique sont jugés depuis longtemps en
Europe. Mais ~24 membres ont eu le cou-
rage ou la faiblesse de voter avec lui. Les
subsides ont été votés par 328 voix, ce
qui fait une majorité de 204 voix, majo-
rité considérable, il est vrai, mais qui ne
saurait faire oublier le scandale de la di-
vision de la Chambre des Communes sur
une question de sécurité <:t d'honneur
national.
Au reste, les derniers incideaa de cette
grave discussion ne se seraient pas pro-
duits si l'Europe avait connu plus tôt les
termes de l'armistice. On sait que la si-
gnature de 'cet armistice a été annon-
cée par une dépêche du grand-duc Nicolas,
datée du 31 janvier, mais qui n'a été ex-
pédiée de Saint-Pétersbourg que le 3 fé-
vrier. Cette dépêche se bornait à dire
que l'armistice était signé, et les bases de
la paix arrêtées. «Les Turcs,, ajoutait-elle,
H évacueront les forteresses du Danube
a et Erzeroum. » Des lignes fortifiées de
Constantinople et des points stratégiques
de la mer de Marmara, pas un mot. Ce-
pendant, le jour même où ce télégramme
était communiqué à l'Europe, les journaux
russes le publiaient dans toute son étendue,
et on y lisait notamment c< Les zones
H suivantes sur les bords de la mer seront
a livrées aux troupes russes 1" depuis la
H frontière russe jusqu'à Baltchik (entre
a Kavarna et Varna), et depuis Missevra
N (un peu au-dessous de Varna) jusqu'à
a Derkos (extrémité des lignes fortifiées
M de Constantinople, du côté de la mer
') Noire) les ports de Bourgas et de
N Midia; 2° dans la mer de Marmara,
a depuis Buyuk Tchekmedje ( extré-
B mité de la ligne fortifiée de Constan-
a tinople du côté de la mer de Marmara,
N jusqu'à Charkeuï inclusivement, c'est-
B à-dire presque jusqu'à Gallipoli; 3° en-
M fin sur la mer Egée, depuis Urcha
ejusqu'à Makri. » Ainsi, on savait à
Saint-Pétersbourg que presque tous les
bords de la mer Noire, de la mer de
Marmara et de la mer Egée, tombaient
entre les mains des Russes; mais le reste
de 1'Eurppe .l'ignorait profondément. Les
nombreux malentendus qui sont résultés
de cette ignorance, et les émotions qui les
ont suivis ne se seraient pas produits si on
nous avait envoyé tout le télégramme du
grand-duc ,Nicolas. Pourquoi ne l'a-t-on
pas fait? Est-il besoin de le dire, lors-
qu'on a vu avec quelle facilité l'opinion
anglaise était tombée *dans le piège qu'on
lui avait tendu ? R
Nous recevons de nos cbrrespondans parti-
culiers les dépêches suivantes
a Londres, le 9 février, midi.
B L'envoi de l'escadre anglaise à Constan-
tinople est considéré comme une démarche
grave. attendu que la Russie pourra se croire
dégagée de ses obligations antérieures. La si-
tuation est certainement dangereuse, a
Berlin, le 9 février, soir.
a Le comte de Saint-Vallier a eu hier à
l'ambassade de France une réception à laquelle
assistaient tous les ambassadeurs, les minis-
tres, ,les titulaires des hautes charges de la
cour, de l'armée et de l'administration, les
maisons civiles et militaires des princes, et
divers hauts fonctionnaires.
» La JVM-~eM~c~e .4~m~Me .?etmontre très optimiste et voit dans la présence
simultanée des Russes et des Anglais .devant
Constaatinople un premier pas vers une so-
lution pacifique.
La Post trouve au contraire que la situa-
tion se complique et devient inquiétante non
pour l'Allemagne, mais Rour l'Autriche et
l'Angleterre, désormais impuissantes à em-
pocher le triomphe de la politique de la
Russie et l'établissement de sa suprématie
sur les races slaves et henéniques.
La A~MK< ~que l'Angleterre s'entendra maintenant avec
la Russie.
o On croit que le prince de Bismarck vien-
dra mercredi pour répondre à l'interpellation
annoncée au Reichstag sur la politique de
l'Allemagne en Orient, o
'.a Vienne; le 9 février, soir.
Je suis en mesure de yous afnrmer, d'a-
près les dernières nouvelles, que les Russes,
afin d'éviter toute comp'ication, n'iront pas
aConstantinopIe.
L'Angleterre a. invité les puissances si-
gnataires à envoyer aussi leur ûotte à Cou-
stantinople. Il est probable que les puissances
accéderont à cette proposition, et cette me-
sure sera prise avec l'assentiment du gouver-
nement ottoman.
w La navigation sur !e Danube est ouverte
jusqu'à Nicopolis; la partie du fleuve qui se
trouve dans le rayon de Widdinest exceptée
.jusqu'à l'accomplissement des formalités re-
latives à la reddition de cette place ~ux Rou-
mains. w
L'agence Havas nous communique les dé-
pêches suivantes: °
Rome, le 9 février, 9 h. 35 m. soir.
Des démonstrations sans importance contre la
!ot des garanties ont eu heu aujourd'hui à Gênes,
Livourne et MUan. Les mMUfestans, peu nom-
breux, ont 6t6 tous dispersés sans résistance. Le
b'ouvGFnement a. pris des mesures pour empêcher
te renouvellement de semblables démonstrations
et maintenir l'orare & tout prix.
Lo journal ~s~< parlant de la réunion tenue
hier par les cardinaux, dit que cette réunion a
été toiiement agitée, que quelques cardinaux au-
Ment mémo prononcé le mot de schisme. Le
cardinal diPietro a menace plusieurs fois de lever
la séance.
On n'a pas voulu tenir compte de! dispositions
testamentaires .laissées par Pie IX au sujet de la
réunion du Conclave a Rome, parce qu'elles n'a-
vaient que te caractère de simples recommanda-
tions.
< On a pu croire un instant, dit ~iMM, que le
cardinal Manniog et ses partisans l'emporte-
raient mais lis se sont trouvés en minorité dans le
vote sur une question incidente. Changeant alors
de tactique, ils ont misen avant comme prétexte
l'insuffisance dj.i local.
Les esprits étaient tellement aigris, qu'on n'a
pas pu discuter paisiblement, et que ta. question
a été renvoyée a aujourd'hui.
x- Bans ta réunion tenue aujourd'hui, plusieurs
cardinaux ont manqué a l'appel. Hier, les cardi-
naux qui ont soutenu la nécessité de réunir le
Conclave à Rome avaient déjà menacé dé quit-
ter la salla.
a Dans la réunion d'hier, plusieurs cardinaux
C[uo l'on croyait antiitatiens se sont déclaras en
faveur du Conclave a Rome, tandis que d'autres.
que l'on croyait d'un tout autre avis, ont soutenu
la nécessite de tenir le Conclave hors de Rome. »
Z'~ajt'c annonce qu'eDe a reçu des nouveUea
alarmantes de la santé de Garibaldi.
Rome, le 9 février..
L'OptMM)~ annonce que les cardinaux ont dé-
cide aujourd'hui de tenir le Conclave a Rome.
Le même journal confirme )a maladie de Uari-
baldi.
Rome, le 9 février, soir.
Dans sa dernière édition, la Foce<: Contrairement aux bruits répandus. nous
croyons pouvoir affirmer que le Conclave se
réunira à Rome. p
La ~on)M dit que tous les cardinaux résidant
a Rome sont d'accord pour é!ire un Pape d'un
âge' avancé, mais de nationalité italienne. Los
cardinaux allemands seraient d'accord avec le
parti italien.
Il semble qu'on ne veuille pas d'un Pape qui
se soit beaucoup compromis dans les événemens
qui ont signalé te pontificat de Pie IX.
Rome, le 9 février, 6 h. 50 m. soir.
Plusieurs personnes ont visité aujourd'hui la
chambre mortuaire où la dépouitle mortelle du
Pape est exposée.
Par suite des nouvelles dispositions prises par
la congrégation cardinalice, le corps de Pie IX *a.
été transporté ce soir à la chapeilo Sixtine. ou il
a été remis a la garde du chapitre du Vatican.
Le chapitre a recule corps et l'a transporté, par
un .passade intértèur, à la basilique de Saint-
Pierre, ou la dépouille mortelle du Saint-Père
restera exposée dimanche, lundi et mardi. Pen-
dant ces trois jours le chapitre célébrera des
messes solennelles.
Les cardinaux di Pietro, Pecci et Billio sont
chargés seulement j~'o <<')Mj90M du gouvernement
de l'Eglise. Ce gouvernement reviendrait de
droit aux cardinaux chefs des différons ordres;
mais le cardinal Schwarxenberg est absent et le
cardinal Caterini est souffrant.
La Congrégation des cardinaux se réunira do
nouveau dans la soirée pour discuter la question
du Conclave.
La réunion tenue hier a été longue et assez
vive. Certains cardinaux ayant à leur tête le
cardinal Manning, voudraient que le Conclave se
réunît a l'étranger, à. Malte par exemple; mais la
majeure partie désire que le Conclave se tienne à
Rome.
La discussion a été très animée. On assure que
quelques uns des cardinaux ne veulent pas assis-
ter à la réunion de ce soir.
On attend les cardinaux étrangers.
On croit que la majorité des cardinaux français
et autrichiens voteront pour que le Conclave se
réunisse à Rome.
L'exposition du corps de Pie IX a été faite, par
anticipation, afin de hâter ia réunion du Conclave.
Dans son testament, Pie IX conseille de réunir
ie Conclave à~ Rome. Quelques cardinaux vou-
draient invalider le testament du Pape défunt,
parce qu'ils estiment que ce testament n'est pas
rédigé dans les formes voulues.
Rome, le 9 février.
Quelques difficultés ont été soulevées relative-
ment à la possibilité de tenir le Conclave dans le
Vatican.
L'étage qui avait été choisi ne présente pas
toutes les commodités nécessaires.
Le Sacré-Collége voudrait réunir le Conclave
dans la maison canoniale qui se trouve derrière
la basilique do Saint-Pierre, pourvu que le gou-
vernement donne l'assuNance que le Conclave ne
serait pas troublé.
Pour les affaires entre le Vatican et le gouver-
nement italien, le cardinal camerlingue Pecci se
sert, comme intermédiaire, de l'ambassadeur de
France..
On assure que la minorité des cardinaux qu~ne
voudrait pas la réunion du Conclave dans Rome
est très petite, et qu'il n'y a aucune probabilité
que leur opinion soit partagée, mémo par leurs
cotlegues étrangers.
Aujourd'hui ont lieu, à Rome et dans d'autres
villes, des services funèbres pour le repos de
Famé du roi Victor-Emmanuel.
'Vienne, le 9 février.
L'~tt~tfpo~< dit que le gouvernement italien a
fait, aussitôt après ta mort du Pape, une déclaration
annonçant qu avait pris toutes ses dispositions
afin de garantir la liberté du Conclave.
Le gouvernement austro-hongrois en a pris
acte avec une haute satisfaction, en exprimant au
gouvernement ttaiien sa pleine conviction qu'il
répondrait effectivement aces assurances.
Rome, le 9 février.
L'OpMMMM dit que les représentans des puis-
sances auprès du Vatican ont manifesté au sous-
secrétaire d'Etat, le cardinal Simeoni, leur espoir
que le Pape sera élu a Rome, où la liberté de
l'élection est complètement garantie par le gou-
vernement italien. Le eardmal Simeoni a ré-
pondu que telle était l'intention du Sacré-Collège.
On ajoute même qu'un représentant aurait dit
que le Saint-Siège devrait désormais cesser son
attitude hostile vis-à-vis du gouvernement ita-
lien.
D'après l'O~MMMe, le baron de Keudell, ambas-
sadeur d'Allemagne, aurait reçu des instructions
pour s'abstenir de toute ingérence dans l'élec-
tion du Pape.
Plusieurs journaux libéraux ont paru encadrés
de hoir.
La Bourse de Rome est fermée aujourd'hui
comme Mer.
Le .Pp~o fONMso' dit qu'il paraît définitive-
ment décidé que le conclave se réunira à Rome.
L'ouverture du conclave aurait lieu len février.
Le testament de Pie IX a été ouvert hier; il est
très bref et s'est inspiré uniquement des intérêts
de l'Egtise.
Le Saint-Père constate que les efforts de
toute sa vie ont tendu vers le bien du Saint-
Siège, Il recommande à l'Eglise les cardinaux
Pecci, Di Pietro et BiUio, qu'il délègue pour la
gouverner pendant la vacance du Saint-Siège. La
désignation de ces trois cardinaux produit géné-
ralement une bonne impression.
Hier soir, le conseil des ministres a pris des
dispositions en vue de garantir la complète li-
berté du conclave.
Les cardinaux des provinces commencent à ar-
river.
On télégraphie de Rome à la ~M:
« M. le baron Baude, ambassadeur de France
prés le Saint-Siège, s'est chargé d'empêcher, après
la mort de Pie IX, que l'on ne mît, conformé-
ment à la tradition, les biens du Pape et du
Saint-Siège au pillage.
s Presque tous les magasins, môme ceux qm
appartiennent à des libéraux, sont fermés au-
jourd'hui. Les journaux libéraux ont paru enca-
drés.
& Les cardinaux sont réunis depuis huit heu-
res et demie du matin .au Vatican, et n'en étaient
pas encore sortis à trois .heures de l'après-midi.
On a lu en présence du cadavre deux testamens
duPapc;ie plus important des deux contenait
des prescriptions concernant l'administration do
l'EgUse..
La place Saint-Pierre est presque déserte. La
police italienne en a intercepté les issues. La
grande porte do l'église est fermée, et on n'a
laissé qu un petit passage. L'intérieur de l'église
est presque vide quelques curieux entourent
le sarcophage de marb''e qui renferme les restes de
Grégoire XVL lesquels vont être transférés a
Sainte-Marie-Majeure, pour faire place à eaux de
Pie IX. On a élevé le sarcophage du Pape dans
la chapelle du Saint-Sacrement. On dit que Pie IX
demande, dans son testament, que son enterre-
ment ait lieu le plus tôt possible.~ n
Florence, le 9 février*
Après la célébration du service funèbre pour
le repos de Pâme de Victor-Emmanuel, des So-
ciétés ouvrières qui avaient assisté au service
funèbre s'en retournaient paisiblement lorsque,
.arrivés à Lungarno, un individu a lancé une
bombe Orsini qui a blessé omq personnes. Cet
individu a. été'arrêté. La foule voulait le mas-
sacrer.
Rome.IeSfévriër.
Le duc d'Aosto est arrivé pour prendre le com-
mandement du corps d'armée de Rome.
Par suite de la mort du Pape, Mgr Simconi
cesse ses fonctions de secrétaire d'Etat. L'expédi-
tion des affaires est dévolue a. Mgr Lasagne, se-
crétaire du Sacré-CoUége.- Mgr Simeoni reste
préfet du paiais apostolique.
La Gazette o/TMf~ dit
« Au deuit de ]e catholicité pour la mort de son
chef apostolique et vénéré s'associe ie regret du
monde civilisé, qui voit disparaître une des plus
grandes figures de notre siecle. Le pontificat de
Pic IX imprime une trace inoOa.ca.Me dans l'his-
toire de l'Italie et de l'Europe. »
La Pape. Eile constate la noble conduite de la po-
putation. son respect et son dévouement ponr le
chef de l'Eglise. Elle termine en annonçant que,
depuis hier soir jusqu'à la fin de l'exposition des
dépouilles dans ia basilique do Saint-Pierre, les
spectacles publics seront suspendus.
Les médecins ont déclaré d'une façon officielle
que le Pape était mort d'une paralysie aux pou-
mons.
La .Rde rendre au Pape les honneurs dus aux souve-
rains mais. pour prendre part aux funérailles, ils
devront attendre d'y être invités par les autori-
tés ecclésiastiques.
Le ministre de ia guerre a donné des instruc-
tions identiques aux autorités militaires.
Demain, la dépouille du Pape sera exposée pour
trois jours, sous une forme privée, dans une salle
des appartemens pontificaux.
Z'7~K<* dit que dans une conférence tenue
aujourd'hui, les cardinaux ont décidé que le
Conclave se réunira à Rome.
La majorité aurait été de trois voix.
On a pris la résolution d'attendre l'arrivée des
cardinaux étrangers avant de prendre une réso-
lution définitive.
Les ambassadeurs d'Autriche, de France, d'Es-
pagne et de Portugal, puissances qui ont ie droit
de veto, se sont réunis chez le comte de Paar,
ambassadeur de l'Autriche-Hongrio.
Londres, le 9 février.
D'après une dépêche' de Rome, le prince de
Bismarck a donné l'ordre à M. de KeudetI, am-
bassadeur d'Allemagne prés la cour d'Italie, de
s'abst~enir de toute ingérence jusqu'à ce que le
nouveau Pape soit élu. Après l'élection, l'Allema-
gne verra quelle attitttde elle doit prendre.
D'après une dépêche de Berlin, adressée au
~MM, si le nouveau Pape est modéré, il faut
s'attendre à ce que le cabinet allemand fasse des
ouvertures au Saint-Siège pour arriver a une en-
tente avec lui.
Madrid, le 8 février.
Les journaux ministériels annoncent que le
gouvernement espagnol a télégraphié au gouver-
nement italien pour lui demander l'indépendance
du conclave.
Ce dernier a répondu en promettant qu'il serait
respecté.
On croit que les théâtres vont fermer leurs
portes. Des prières pour le repos de l'âme de
Pie IX seront dites dans toutes les églises d'Es-
pagne.
M. Canovas de! Castillo et M. de Chaudordy ont
eu aujourd'hui une longue entrevue.
Lyon, le 9 février.
Le cardinal-archevêque de Lyon est parti hier
soir pour Rome.
Vienne, le 9 février.
Les cardinaux autrichiens partent demain pour
Rome.
Dublin,Ie8février.
Le cardinal Cullon partira très prochainement
pour Rome.
pour Rdme. New-York, le 8 février.
Le cardinal Mac-Closkey part demain pour
Rome.
BOURSE RE PAR!8
CMtare te 8 le 9 BtMMe Hf~Me
<0/e
Comptant. 73 8it. 73SO.30.
Fin cour. 7370.7. 73 M 12 712 2
At/WW/e
Comptamt
tO/W
Compt!mtlM7aj.lC9'70.
Fin cour tlû S. 109 87 12 ni2 2
PETITE MURSK PU SOIR.
Emprunt S 0/0. t09 ?. 97 ~/i!, 9S, HOfr.061~
33/4.
30/0. ?3ff.M,
Italien. 73fr.M,74fr.2!i.
5 0/0 turc. 9&.iO,2S.
Russe. 8S 3/8/7/16,3,
Extér" espagnole.. 12S/8.
On nous écrit de Versailles (Sénat)
? Jeudi dernier,, vers la fin de la séance,
M. de Lorgeril demandait au Sénat de fixer
au samedi suivant une question qu'il désirait
adresser à M. le garde des sceaux, touchant
certaines déclarations de la Cour des comptes
en son rapport sur l'exercice 1870. Quelle suite
M. le garde des sceaux donnait-il à ces décla-
rations ? Quelles mesures prendrait-il pour
que la censure qu'elles contenaient ne de-
meurât point stérile et vaine? –II était aisé
de pressentir à qui connaît M. de Lor-
geril et ses amis qu'ils avaient en vue
le gouvernement du 'i septemlire, et tout
particulièrement la Délégation de Tours
mais ce qu'on prévoyait moins, c'est que
M. de Lorgeril donnerait à cette simple ques-
tion des proportions telles, que l'incident
allait remplir une séance entière d'un débat
rétrospectif, tout plein d'allusions irritantes,
et, comme l'a dit M. Dufaure, a sans portée
m ni utilité B attaque impuissante, qui n'a
to'urné ni à l'honneur de M. do Lorgeril ni à
la confusion de ceux qu'il croyait frapper.
s Quels étaient donc les scandales si graves
que révélait ce rapport de la Cour des comp-
tes ? M. de Lorgeril annonçait, en commen-
tant, des fraudes, des illégalités et des exac-
tions de toute sorte; il prouverait comment
(f des hommes qui levaient bien haut la tète
D devraient au contraire la porter bien bas. ))
Mon Dieu t Voilà de bien grands mots;
mais. ~M'fraudes, d'illégalités et d'exactions M. de
Lorgeril n'a pu parvenir à le faire dénier de-
vant nos yeux; il n'a pu donner ua corps à
ses accusations nébuleuses, et cependant le
temps ne~lui a pas manqué certes pour déve-
lopper sa thèse et énumérer tous les griefs i
A lui voir entre les mains son volumineux
dossier, nous pensions qu'il allait produire, si-
non des raisons probantes. au moins des
fdits, beaucoup de faits la vérité est qu'il
n'a su que Sre des considérations tirées du
rapport de la Cour des comptes, et lire
aussi les siennesipropros, car il avait écrit un
long discours, et il l'entremehdtau rapport,
passant de l'imprimé au manuscrit, tout
cela d'une voix lente sourde qui formait
bien l'ensemble le plus confus et le plus bi-
zarre. M. do LoTgerit, qui siège, on le sait,
au rang le plus extrême de l'extrême droite,
est du petit groupe des excentriques où brilla
M. de Gavardte. Mais plût.à Dieu que nous
eussions eu M. de Gavardie! Lui, du moins,
il a de ces prodigieuses sorties qui reveillent t
une Assemblée et ne laissent pas languir
l'attention. Tel n'est pas M. do Lorgeril et il
a. fallu supporter deux heures de la plus péni-
ble lecture. L'orateur, –si ce terme n'est pas
ici un peu ambitieux,–l'ora.teur avait-il jure
de pousser à bout la patience, je ne dis pas do
la gauche, mais du président et de la droite
elle-même? Il y avait réussi au bout de la
première heure. On no l'éeoutait plus, on
protestait, les apostrophes se croisaient entre
lui et les membres de la gauche, et M. le pré-
sident a dû lui dire un peu rudement Mais
ce n'est pas une question que vous posez là,
ce sont dix-sept ou dix-huit questions
dinerentes! M. de Lorgeril n'en conti-
nuait pas moins. Nouvelle remontrance -de
M. le président Je fais appel a votre
loyauté, monsieur de Lorgeril; la multiplicité
de vos questions atteint plusieurs de vos
collègues, et vous savez qu'aux termes -du
règlement aucun ne pourra y répondre.
A quoi M. de Lorgeril, du ton le plua
calme, offrait de changer sa question en una
interpellation, puis. reprenait son manuscrit.
Cela devenait d'une fantaisie rare, mais aussi
d'une rare inconvenance. A l'ordre t criait la.
gauche. -Concluez 1 répétait M. le président.
Enfin, le rapport, et le manuscrit achevés,
l'orateur a fait grâce au Sénat.
a Ce réquisitoire avait paru passablement
ennuyeux, et quelque chose de pis, mais non
pas sérieux; et M. le garde des sceaux n'a eu
nulle peine à en faire justice. Un des faits sur
lesquels avait insisté complaisamment M. de
Lorgeril était la disparition, en ~871, de cer-
tains documens. Mais qu'y faire ? De ces do-
cumens, les uns furent incendiés par la Com-
mune, d'autres égarés par les administrations
des départemens envahis et quant à ces piè-
ces qui auraient disparu naguère mystérieu-
sement des dossiers de la commission des
marchés, qui voulez-vous donc que je pour-
suive ? disait M. Dufaure. Puis-je douter
que les membres de la commission et les
questeurs de l'Assemblée Nationale aient
fait tous leurs eiTorts pour rechercher ces
pièces, si elles ont en effet disparu? Quant
aux individus reconnus coupables des fraudea
&t des illégalités do~t vous parlez, nommez
donc ceux que le ministère public a omis de
poursuivre! De son côté, M. le ministre deâ
finances n'exerce-t-il pas les actions dont il a
la compétence ? Vos scrupules sont tardifs,
ajoutait M. le garde des sceaux. N'avez-vous
pas eu vos amis au pouvoir? Pourquoi avoir
attendu jusqu'en 878 ?
L'incident était, à vrai dire, terminé; mais'
M. le président s'était senti atteint, lui et
cette commission des marchés qu'il présida.
on sait avec quel zèle et quel éclat, il y a six
ans. Cédant le fauteuil à M. Duclerc, il de-
mande la parole et monte à la tribune. M. le
duc d'Audiffret-Pasquier a justifié la com-
mission par ce simple fait, qui a paru décisif:
la commission tenait un registre indiquant
l'entrée et la sortie ,des pièces qui lui
étaient communiquées, et ce registre, il
est aux archives M. le duc d'Audinret-Pas-
quier avait été blessé dans un point de sa vie
parlementaire qui lui tient au cœur, et au-
jourd'hui, comme autrefois, il a trouvé des pa-
roles vibrantes pour glorifier l'œuvre de cette
commission des marchés qui a dépouillé,
dit-il, vingt mille dossiers et fait rentrer
39 millions dans les caisses de l'Etat.
Pour le coup, l'incident était clos. Il avait
duré trop longtemps. Que sert de souf-
Qer sur ces cendres refroidies ? Aussi bien
quelle lumière M. de Lorgeril a-t-il répandue
sur un seul des acteurs ou des événemens de
cette triste et déjà lointaine époque~
N Au commencement de la séance, M. de
Ravignan était venu demander au Sénat de
ne point siéger le jour où seraient célébrées
les obsèques du « grand Pape qui, seul, au
"jour de nos malheurs, éleva la voix en fa-
a veur de la France. a Il a été décidé, par
suite, que l'élection de jeudi serait remise à
samedi prochain. Le Sénat a voté l'urgence
sur le projet de loi adopté par la Chambre,
relatif à l'état de siège il l'a votée sans dis-
cussion.
s B.-V.
On nous ëcrit de Versailles (Chambre
des Députés)
« M. Peyrussc est bien le plus invalidé des
hommes. C'est la sixième fois qu'il aura à se
représenter devant les électeurs d'Auch, où il
a déjà eu cinq fois pour concurrent M. Jean
David. L'avant-dernière fois, à la suite do
deux élections suivies de ballottage il
était arrivé à- recueillir 602 voix de ma-
jorité. Cette fois, il a obtenu 698 voix de
plus que M. David et 331 seulement de plus
que la majorité absolue. <: Dans le Gers. nous
sommes les maîtres, disait ces jours-ci M. Paul
,de Cassagnac. Ce n'est pas le préfet qui nous
protège, c'est nous qui le protégeons. Néan-
moins, à Aucb, tous les efforts du parti, sou-
tenus par ceux du préfet, ne sont parvenus
le. 14 octobre, qu'à cette très médiocre majo~
rité de 331 voix et lorsque la chambre juge,
dans certains cas, qu'elle doit casser des élec-
tions où la majorité est de 3,000 voix, elle
peut bien condamner celle de M. Pey russe.
B H serait trop long d'énumérer toutes les
raisons qui l'y ont déterminée. Si le Gers
n'est pas aussi complétement inféodé aux
bonapartistes que le prétend M. de Cassagnae `
fils, c'est, pour sûr, l'un des départemena où
Us ont, avec le plus d'audace, le plaa
perverti l'opinion des paysans. A Paris,
leurs journaux sont à l'eau de rosé la-
bas, ils se passent toutes les fantaisies,
et ils crient si haut, que les vignerons restent
persuadés qu'ils ont raison, que l'Em-
pire est rétabli et que ce serait de
la rébellion que d'en douter. On a pu
remarquer pourtant, dans la dernière élec-
tion, que le parti perd du terrain dans ces
campagnes jusqu'alors si dociles; et M. Da-
yid aurait été élu avec lesvoix qu'ilya trou-
vées, si, à Auch môme et dans de grosses
MMCME FËVMER
i~8.
NMcm~ams
i878.
OM S'ABONDE
me dea P!'6trea-Saint-Germam-t'Auierro!a, 1'!
PKtX ttB ABMNMEME~T
'Un an. Sti mois. Trois mma.
Déptutemens. oo fr.
Les aboirnemens partent des l" et t6 d<
chaque imots.
JM!MAL DES DEBATS
ON S'ABONDE
.en Belgique, en Matf.
dans te Luxembourg, en Turquie,
en Chine et au Japon
ta moyen d'une valeur payable à Paris ou M
mandats-poste, soit internationaux, soit françM<
en AUemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tousjes autres pays,
p
POLITISES ET LITTERAIRES
~Mte, ça ànméfo. t$ eeB<.
g. B
t~t -M'F* '*fi"j f ~/
newspapeM omce, n, Gresham sjtreet. G. P. u.
BiS. Me!!zy, m~~tet et C*. i.FiNoh iMeCornhm.f
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Les annonces sont reçues
Ches ME!, ~otebey, t<&Ntte et G*
8,placedeta Bourse,
~t$:d&tventtoajour3 ëtreagréëes parla r~dectioa.
PARÏS
SAMEDI 9 FEVRIER
Ce n'est pas sans effort qu'on parvient
& se guider au milieu des dépêches em-
brouillées et confuses qui nous sont par-
Tenues de Londres depuis quelques jours.
Nous avons appris avant-hier que l'An-
gleterre était sous le coup de la plus vive
émotion. Les 'Russes venaient d'entrer à
Constantinople, et la nouvelle d'un si grave
événement avait produit dans tous les
partis une même impression de surprise
et de colère. Le lendemain, les vents
avaient tourné on ne savait plus si les
Russes étaient ou n'étaient pas à Constan-
tinople. L'Opposition, un moment désar-
mée, avait repris sa campagne contre le
ministère, et, pour excuser quelques heu-
res de faiblesse, elle reprochait au gouver-
nement d'avoir livré au public des infor-
mations controuvées. Cette accusation
était fort injuste. Ce n'est pas le cabinet
qui a trompé le pays, si tant est que le
pays ait été trompé. Il n'avait reçu ni par
M. Layard ni par &ucun autre intermé-
diaire la nouvelle de l'entrée des Russes
& Constantinople. Ce n'est donc pas lui
qui l'a mise en circulation. Les bruits qui
ont couru a ce sujet n'ont été qu'une in-
terprétation exagérée, quoique exacte au
fond, des renseignemens, officiels. L'ima-
gination, ou plutôt le bon sens public, a
été la seule cause de cette agitation .na-
tionale de quelques heures.
Quels étaient donc les renseignemens
qu'avait reçus le gouvernement et que
l'opinion avait interprétés avec tant de
vivacité? Lord Derby et sir Stafford North-
cote nous l'ont appris l'un et l'autre. Une
dépêche de M. Layard, datée du S février, et
venue par la voie de Bombay et d'Alexan-
drie, annonçait que, ~~m~cc,
les troupes russes continuaient à s'avan-
cer vers Constantinople et occupaient soit
les positions fortifiées formant les lignes
de défense de cette ville, soit divers points
stratégiques sur la mer de Marmara. H
faut bien remarquer ces mots malgré
l'armistice. Au moment où M. Layard
les écrivait, la Porte, on l'a. su depuis,
ignorait les termes de cet armistice
et ne comprenait rien & la marche
des Russes. Le 6 février, M. Layard
confirmait en les précisant ses informa-
tions. Il est facile de comprendre l'émo-
tion qu'elles ont provoquée dans le Par-
lement et dans le public anglais. C'est
dans le feu de la surexcitation première
que M. Forster a retiré son amendement
contraire au vote des subsides. La Cham-
bre des Communes semblait agitée par
un mouvement général de patriotisme, et
l'un de ses membres, M. Cowen, soule-
vait des acclamations unanimes lors-
qu'il s'écriait « En présence d'une
M situation entièrement modi6ée, il ne
? doit plus y avoir ni libéraux, ni
M radicaux, ni conservateurs il ne doit
? y avoir que des Anglais, unis vis-à-
M. vis de l'étranger. Il ne suffit pas de
M retirer un amendement. H faut voter
:) l'unanimité non seulement 6 millions,
a mais, au besoin, 26 millions de livres
& sterling. M Ce bel enthousiasme a peu
duré. Au moment où les esprits parais-
saient le plus échauffés, sir StaSbrd
Northcote a fait à la Chambre une com-
munication qui a détruit l'unanimité de
ses membres et fait reparaître l'Opposi-
tion avec toutes ses petitesses, toutes ses
rancunes, toutes ses erreurs antinatio-
nales. Lord Derby venait de recevoir du
comte Schouvaloif une Note ainsi con-
çue.
L'ambassadeu); de Hussie ayant demanda
à sou gouvernement s'it était vrai que l'ar-
mée russe marchât sur Constantinople.
~Muae position fortiQee faisant partie de la
Jigoo de défense de cette vitle, le. prince
GortcbakoEf lui a répondu'de la manière sui-
vante
« L'ordre a été donné aux cotcmandans
mi!ita.irés russes de suspendre les hostititës
!) sur toute la ligne en Europe et en Asie. Il
B n'y a pas un mot de vrai dana !es fWK~K~
B qui vous sont arrivées. B
On s'étonne qu'une pareiUe réponse
ait pu rassurer aussi complètement l'Op-
position anglaise. Lord Derby & fait
remarquer tout de suite qu'elle était
conçue dans des termes d'un vague
insaisissable. A quéUes rumeurs fai-,
sait aHusion le prince Gortchakou'?
Nul ne le savait. Mais en pesant avec
t-oin chacun des mots employés par le
~'rand-chancelier russe, comme il con-
vient de faire lorsqu'il s'agit d'un
homme qui a poussé l'art des équivoques
au ptus haut, degré de perfection, on ~e se-
rait bien vite aperçu que le prince Gort-
fhakon'se jouai!, suivant son habitude,
ne la crédulité du publie anglais C'est ce
<;uc le MwM, qui a changé brusquement
d'attitude depuis deux jours et qui crible
en ce moment les libéraux des traits qu'il
lançait naguère aux conservateurs, a très
bien expliqué
a La manière dont l'Opposition a aceueUii
)'mformaticn du <-h&cce:)er de i'Echiquier est
i.trtrcgrettahte. dit-il. Pour ceux qui liront
<-e matin le télégramme du comte SchouYadon
dent qu'if E~mplique aucune contradiction
ttVfc!esreBscign<'mensem'oy6sparM. Layard.
).e prince Gortchakofr uie que la position
turque ait été jS! c'fst-à-dire forcée; il
r rfte .q~e l'ordre d'arrêter les hoMHites
a t [é conne, c: H déctate qu'il n'y a
nen de \&i dans tes i-umeura mention-
ï.6t-a par !e fom'e Scbf'uvalou. Nais que!
~gttaient ces rumeurs? Kous n'avoBsau-'
cun éclaircissement sur cette question, sans
laquelle le télégramme russe ne peut pas être
compris. Il est possible qu'il s'agtsse unique-
ment dM rumeurs qui ont couru sur l'entrée
des Russes dans la ville de Constantinople, et
tctte dénégation se cohcitie facilement avec
l'occupation pacifique, faite en vertu de l'ar-
mistice, des lignes de défense de Constanti-
nople par t'armée russe. H ne peut y avoir le
moindre doute que telle ne soit la véri-
table explication de toutes ces incertitudes.
Des télégrammes arrivés hier de Constantino-
ple déclarent formellement que, conformé-
ment aux conditions de l'armistice, les forces
turques ont évacué les fortincations et que
les troupes russes y sont entrées, a
JLes diplomates russes ont pris, on le
voit, des leçons dans les ~oe~eM'
lis savent dire une chose et mettre sous
les mots une intention din'érente, ce qui
est, comme on sait, le moyen d'énoncer sans
mentir le contraire de la vérité. On leur
demandait s'ils avaient pris les lignes de
Constantinople. Non, ont-ils répondu;
ajoutant intérieurement Nous ne les
avons pas prises, nous les avons occu-
pées. En faif, il n'y a là qu'une nuance
d'expression. La seule erreur de M. Layard
est d'avoir dit: Les Russes s'avancent
~M~~ ~'MM~cc. C'est, au contraire, en
vertu de l'armistice qu'ils s'avançaient.
Mais comment M. Layard ou lord Derby
aurait-il pu s'en douter, puisque la
Porte elle-même n'en savait rien, grâce
aux précautions habiles qu'on avait prises
à Andrinople pour mettre les conditions
de cet armistice sous le boisseau ?
Quoi qu'il en soit, l'Opposition anglaise
s'est jetée avec empressement sur la Note
du comte SchouvalofT. Elle a déclaré aus-
sitôt que tout était changé, que le télé-
gramme du prince Gortchakofi infirmait
complétement le rapport de M. Layard,
que les indications envoyées par ce der-
nier étaient évidemment erronées, qu'il
avait été trop crédule ou trop mal in-
formé, et au mouvement général de pa-
triotisme qui avait signalé le début de
la séance de la Chambre des Communes
a succédé un déchaînement passionné
.de l'Opposition contre l'ambassadeur
d'Angleterre en Turquie. Un membre
radical, M. Fawcett, a même alBrmé
qu'on était revenu au point de départ de
la discussion et que M. Forster n'avait
plus aucun motif de retirer son amende-
ment. M. Forster n'a pas paru partager
cette manière de voir. L'Opposition a ré-
clamé alors l'ajournement de ~a discussion
générale jusqu'au moment où l'on saurait
à quoi s'en tenir sur les renseigne-
mens prétendus contradictoires de
M. Layard et du prince Gortchakon'. Cette
première motion a été repbussée, et la dis-
cussion générale, qui durait déjà depuis
cinq jours,, a recommencé. Les orateurs
ont continué à se succéder, parlant .tour
à tour pour ou con-tre la politique du gou-
vernement comme ~i rien de nouveau ne
s'était passé. EnSn, vers une heure du
matin, sir StaSbrd Northcote a demandé
que les débats généraux fussent clos et
que la Chambre se formât en comité, ce
qui équivaut, on le sait, à ce que nous
appelons passer à la discussion des ar-
ticles. L'Opposition se préparait à rouvrir
la discussion générale, sous prétexte de
discuter cette question de forme; mais le
cabinet a obtenu, en fin de compte, qu'on
la tranchât tout de suite, et la formation
en comité a été votée à 199 voix de
majorité.
Telle a été l'isaue de la première ba-
taille livrée dans le Parlement. Le lende-
main, avant de se former en comité, la
Chambre a entendu sir StaSbrd North-
cote, qui a été à même de communiquer
enfin les conditions de l'armistice et a
connrmé la nouvelle que les 'lignes for-
tifiées de Constantinople étaient occu-
pées par les Russes en exécution de l'ar-
mistice, et que le gouvernement, s'étant
.adressé, le 7, au cabinet de Saint-Péters-
bourg pour obtenir des renseigne-
mens sur lu marche des Russes,
n'avait encore reçu aucune réponse.
Lord Derby avait fait à la Chambre des
Lords des déclarations semblàbics. c Dans
a l'état actuel des choses, avait-il dit, les
» Russes ont évidemment le pouvoir d'en-
a trer à Constantinoplé quand il leur
a plaira, u Les deux ministres ajoutaient
que la ûotte anglaise était partie pour
Constantinople a6u de protéger les sujets
anglais et d'empêcher toute explosion'
populaire. Ainsi l'Opposition était bien
avertie. Les équivoques de la veille
étaient complètement dissipées, et l'heure
était venue où, suivant le mot de
M. Coweo, il ne devait plus y avoir que
des Anglais mis en face de l'étranger.
Hélas il y a eu plus de libéraux et ptus
de radicaux que jamais. Il faut dire à la
louange du marquis de Hartington qu'il a
refuse de suivre l'armée dont il est le chef
nominal. Il a quitté Ja salle au moment
du vote, au milieu des huées de l'Opposi-
tion. M. Gladstone, au contraire, a non
seulement voté, mais parlé de nouveau
contre les subsides. Il n'a pas hésité
à déclarer qu'il craignait que le gouver-
nement ne s'alliât a l'Autriche pour
« travailler à annuler les grandes conces-
? sions que la Russie a obtenues au prix
a d'immenses sacrifices pour les races
» sujettes de la Turquie », mettant ainsi
les intérêts de l'ambition russe voilés
&ous un prétendu christianisme philan-
thropique au-dessus des intérêts vitauxde
8ûK propre pays. Peu importe d'ailleurs
ce qu'a dit M. Gladstone! L'homme et le
politique sont jugés depuis longtemps en
Europe. Mais ~24 membres ont eu le cou-
rage ou la faiblesse de voter avec lui. Les
subsides ont été votés par 328 voix, ce
qui fait une majorité de 204 voix, majo-
rité considérable, il est vrai, mais qui ne
saurait faire oublier le scandale de la di-
vision de la Chambre des Communes sur
une question de sécurité <:t d'honneur
national.
Au reste, les derniers incideaa de cette
grave discussion ne se seraient pas pro-
duits si l'Europe avait connu plus tôt les
termes de l'armistice. On sait que la si-
gnature de 'cet armistice a été annon-
cée par une dépêche du grand-duc Nicolas,
datée du 31 janvier, mais qui n'a été ex-
pédiée de Saint-Pétersbourg que le 3 fé-
vrier. Cette dépêche se bornait à dire
que l'armistice était signé, et les bases de
la paix arrêtées. «Les Turcs,, ajoutait-elle,
H évacueront les forteresses du Danube
a et Erzeroum. » Des lignes fortifiées de
Constantinople et des points stratégiques
de la mer de Marmara, pas un mot. Ce-
pendant, le jour même où ce télégramme
était communiqué à l'Europe, les journaux
russes le publiaient dans toute son étendue,
et on y lisait notamment c< Les zones
H suivantes sur les bords de la mer seront
a livrées aux troupes russes 1" depuis la
H frontière russe jusqu'à Baltchik (entre
a Kavarna et Varna), et depuis Missevra
N (un peu au-dessous de Varna) jusqu'à
a Derkos (extrémité des lignes fortifiées
M de Constantinople, du côté de la mer
') Noire) les ports de Bourgas et de
N Midia; 2° dans la mer de Marmara,
a depuis Buyuk Tchekmedje ( extré-
B mité de la ligne fortifiée de Constan-
a tinople du côté de la mer de Marmara,
N jusqu'à Charkeuï inclusivement, c'est-
B à-dire presque jusqu'à Gallipoli; 3° en-
M fin sur la mer Egée, depuis Urcha
ejusqu'à Makri. » Ainsi, on savait à
Saint-Pétersbourg que presque tous les
bords de la mer Noire, de la mer de
Marmara et de la mer Egée, tombaient
entre les mains des Russes; mais le reste
de 1'Eurppe .l'ignorait profondément. Les
nombreux malentendus qui sont résultés
de cette ignorance, et les émotions qui les
ont suivis ne se seraient pas produits si on
nous avait envoyé tout le télégramme du
grand-duc ,Nicolas. Pourquoi ne l'a-t-on
pas fait? Est-il besoin de le dire, lors-
qu'on a vu avec quelle facilité l'opinion
anglaise était tombée *dans le piège qu'on
lui avait tendu ? R
Nous recevons de nos cbrrespondans parti-
culiers les dépêches suivantes
a Londres, le 9 février, midi.
B L'envoi de l'escadre anglaise à Constan-
tinople est considéré comme une démarche
grave. attendu que la Russie pourra se croire
dégagée de ses obligations antérieures. La si-
tuation est certainement dangereuse, a
Berlin, le 9 février, soir.
a Le comte de Saint-Vallier a eu hier à
l'ambassade de France une réception à laquelle
assistaient tous les ambassadeurs, les minis-
tres, ,les titulaires des hautes charges de la
cour, de l'armée et de l'administration, les
maisons civiles et militaires des princes, et
divers hauts fonctionnaires.
» La JVM-~eM~c~e .4~m~Me .?et
simultanée des Russes et des Anglais .devant
Constaatinople un premier pas vers une so-
lution pacifique.
La Post trouve au contraire que la situa-
tion se complique et devient inquiétante non
pour l'Allemagne, mais Rour l'Autriche et
l'Angleterre, désormais impuissantes à em-
pocher le triomphe de la politique de la
Russie et l'établissement de sa suprématie
sur les races slaves et henéniques.
La A~MK< ~
la Russie.
o On croit que le prince de Bismarck vien-
dra mercredi pour répondre à l'interpellation
annoncée au Reichstag sur la politique de
l'Allemagne en Orient, o
'.a Vienne; le 9 février, soir.
Je suis en mesure de yous afnrmer, d'a-
près les dernières nouvelles, que les Russes,
afin d'éviter toute comp'ication, n'iront pas
aConstantinopIe.
L'Angleterre a. invité les puissances si-
gnataires à envoyer aussi leur ûotte à Cou-
stantinople. Il est probable que les puissances
accéderont à cette proposition, et cette me-
sure sera prise avec l'assentiment du gouver-
nement ottoman.
w La navigation sur !e Danube est ouverte
jusqu'à Nicopolis; la partie du fleuve qui se
trouve dans le rayon de Widdinest exceptée
.jusqu'à l'accomplissement des formalités re-
latives à la reddition de cette place ~ux Rou-
mains. w
L'agence Havas nous communique les dé-
pêches suivantes: °
Rome, le 9 février, 9 h. 35 m. soir.
Des démonstrations sans importance contre la
!ot des garanties ont eu heu aujourd'hui à Gênes,
Livourne et MUan. Les mMUfestans, peu nom-
breux, ont 6t6 tous dispersés sans résistance. Le
b'ouvGFnement a. pris des mesures pour empêcher
te renouvellement de semblables démonstrations
et maintenir l'orare & tout prix.
Lo journal ~s~< parlant de la réunion tenue
hier par les cardinaux, dit que cette réunion a
été toiiement agitée, que quelques cardinaux au-
Ment mémo prononcé le mot de schisme. Le
cardinal diPietro a menace plusieurs fois de lever
la séance.
On n'a pas voulu tenir compte de! dispositions
testamentaires .laissées par Pie IX au sujet de la
réunion du Conclave a Rome, parce qu'elles n'a-
vaient que te caractère de simples recommanda-
tions.
< On a pu croire un instant, dit ~iMM, que le
cardinal Manniog et ses partisans l'emporte-
raient mais lis se sont trouvés en minorité dans le
vote sur une question incidente. Changeant alors
de tactique, ils ont misen avant comme prétexte
l'insuffisance dj.i local.
Les esprits étaient tellement aigris, qu'on n'a
pas pu discuter paisiblement, et que ta. question
a été renvoyée a aujourd'hui.
x- Bans ta réunion tenue aujourd'hui, plusieurs
cardinaux ont manqué a l'appel. Hier, les cardi-
naux qui ont soutenu la nécessité de réunir le
Conclave à Rome avaient déjà menacé dé quit-
ter la salla.
a Dans la réunion d'hier, plusieurs cardinaux
C[uo l'on croyait antiitatiens se sont déclaras en
faveur du Conclave a Rome, tandis que d'autres.
que l'on croyait d'un tout autre avis, ont soutenu
la nécessite de tenir le Conclave hors de Rome. »
Z'~ajt'c annonce qu'eDe a reçu des nouveUea
alarmantes de la santé de Garibaldi.
Rome, le 9 février..
L'OptMM)~ annonce que les cardinaux ont dé-
cide aujourd'hui de tenir le Conclave a Rome.
Le même journal confirme )a maladie de Uari-
baldi.
Rome, le 9 février, soir.
Dans sa dernière édition, la Foce
croyons pouvoir affirmer que le Conclave se
réunira à Rome. p
La ~on)M dit que tous les cardinaux résidant
a Rome sont d'accord pour é!ire un Pape d'un
âge' avancé, mais de nationalité italienne. Los
cardinaux allemands seraient d'accord avec le
parti italien.
Il semble qu'on ne veuille pas d'un Pape qui
se soit beaucoup compromis dans les événemens
qui ont signalé te pontificat de Pie IX.
Rome, le 9 février, 6 h. 50 m. soir.
Plusieurs personnes ont visité aujourd'hui la
chambre mortuaire où la dépouitle mortelle du
Pape est exposée.
Par suite des nouvelles dispositions prises par
la congrégation cardinalice, le corps de Pie IX *a.
été transporté ce soir à la chapeilo Sixtine. ou il
a été remis a la garde du chapitre du Vatican.
Le chapitre a recule corps et l'a transporté, par
un .passade intértèur, à la basilique de Saint-
Pierre, ou la dépouille mortelle du Saint-Père
restera exposée dimanche, lundi et mardi. Pen-
dant ces trois jours le chapitre célébrera des
messes solennelles.
Les cardinaux di Pietro, Pecci et Billio sont
chargés seulement j~'o <<')Mj90M du gouvernement
de l'Eglise. Ce gouvernement reviendrait de
droit aux cardinaux chefs des différons ordres;
mais le cardinal Schwarxenberg est absent et le
cardinal Caterini est souffrant.
La Congrégation des cardinaux se réunira do
nouveau dans la soirée pour discuter la question
du Conclave.
La réunion tenue hier a été longue et assez
vive. Certains cardinaux ayant à leur tête le
cardinal Manning, voudraient que le Conclave se
réunît a l'étranger, à. Malte par exemple; mais la
majeure partie désire que le Conclave se tienne à
Rome.
La discussion a été très animée. On assure que
quelques uns des cardinaux ne veulent pas assis-
ter à la réunion de ce soir.
On attend les cardinaux étrangers.
On croit que la majorité des cardinaux français
et autrichiens voteront pour que le Conclave se
réunisse à Rome.
L'exposition du corps de Pie IX a été faite, par
anticipation, afin de hâter ia réunion du Conclave.
Dans son testament, Pie IX conseille de réunir
ie Conclave à~ Rome. Quelques cardinaux vou-
draient invalider le testament du Pape défunt,
parce qu'ils estiment que ce testament n'est pas
rédigé dans les formes voulues.
Rome, le 9 février.
Quelques difficultés ont été soulevées relative-
ment à la possibilité de tenir le Conclave dans le
Vatican.
L'étage qui avait été choisi ne présente pas
toutes les commodités nécessaires.
Le Sacré-Collége voudrait réunir le Conclave
dans la maison canoniale qui se trouve derrière
la basilique do Saint-Pierre, pourvu que le gou-
vernement donne l'assuNance que le Conclave ne
serait pas troublé.
Pour les affaires entre le Vatican et le gouver-
nement italien, le cardinal camerlingue Pecci se
sert, comme intermédiaire, de l'ambassadeur de
France..
On assure que la minorité des cardinaux qu~ne
voudrait pas la réunion du Conclave dans Rome
est très petite, et qu'il n'y a aucune probabilité
que leur opinion soit partagée, mémo par leurs
cotlegues étrangers.
Aujourd'hui ont lieu, à Rome et dans d'autres
villes, des services funèbres pour le repos de
Famé du roi Victor-Emmanuel.
'Vienne, le 9 février.
L'~tt~tfpo~< dit que le gouvernement italien a
fait, aussitôt après ta mort du Pape, une déclaration
annonçant qu avait pris toutes ses dispositions
afin de garantir la liberté du Conclave.
Le gouvernement austro-hongrois en a pris
acte avec une haute satisfaction, en exprimant au
gouvernement ttaiien sa pleine conviction qu'il
répondrait effectivement aces assurances.
Rome, le 9 février.
L'OpMMMM dit que les représentans des puis-
sances auprès du Vatican ont manifesté au sous-
secrétaire d'Etat, le cardinal Simeoni, leur espoir
que le Pape sera élu a Rome, où la liberté de
l'élection est complètement garantie par le gou-
vernement italien. Le eardmal Simeoni a ré-
pondu que telle était l'intention du Sacré-Collège.
On ajoute même qu'un représentant aurait dit
que le Saint-Siège devrait désormais cesser son
attitude hostile vis-à-vis du gouvernement ita-
lien.
D'après l'O~MMMe, le baron de Keudell, ambas-
sadeur d'Allemagne, aurait reçu des instructions
pour s'abstenir de toute ingérence dans l'élec-
tion du Pape.
Plusieurs journaux libéraux ont paru encadrés
de hoir.
La Bourse de Rome est fermée aujourd'hui
comme Mer.
Le .Pp~o fONMso' dit qu'il paraît définitive-
ment décidé que le conclave se réunira à Rome.
L'ouverture du conclave aurait lieu len février.
Le testament de Pie IX a été ouvert hier; il est
très bref et s'est inspiré uniquement des intérêts
de l'Egtise.
Le Saint-Père constate que les efforts de
toute sa vie ont tendu vers le bien du Saint-
Siège, Il recommande à l'Eglise les cardinaux
Pecci, Di Pietro et BiUio, qu'il délègue pour la
gouverner pendant la vacance du Saint-Siège. La
désignation de ces trois cardinaux produit géné-
ralement une bonne impression.
Hier soir, le conseil des ministres a pris des
dispositions en vue de garantir la complète li-
berté du conclave.
Les cardinaux des provinces commencent à ar-
river.
On télégraphie de Rome à la ~M:
« M. le baron Baude, ambassadeur de France
prés le Saint-Siège, s'est chargé d'empêcher, après
la mort de Pie IX, que l'on ne mît, conformé-
ment à la tradition, les biens du Pape et du
Saint-Siège au pillage.
s Presque tous les magasins, môme ceux qm
appartiennent à des libéraux, sont fermés au-
jourd'hui. Les journaux libéraux ont paru enca-
drés.
& Les cardinaux sont réunis depuis huit heu-
res et demie du matin .au Vatican, et n'en étaient
pas encore sortis à trois .heures de l'après-midi.
On a lu en présence du cadavre deux testamens
duPapc;ie plus important des deux contenait
des prescriptions concernant l'administration do
l'EgUse..
La place Saint-Pierre est presque déserte. La
police italienne en a intercepté les issues. La
grande porte do l'église est fermée, et on n'a
laissé qu un petit passage. L'intérieur de l'église
est presque vide quelques curieux entourent
le sarcophage de marb''e qui renferme les restes de
Grégoire XVL lesquels vont être transférés a
Sainte-Marie-Majeure, pour faire place à eaux de
Pie IX. On a élevé le sarcophage du Pape dans
la chapelle du Saint-Sacrement. On dit que Pie IX
demande, dans son testament, que son enterre-
ment ait lieu le plus tôt possible.~ n
Florence, le 9 février*
Après la célébration du service funèbre pour
le repos de Pâme de Victor-Emmanuel, des So-
ciétés ouvrières qui avaient assisté au service
funèbre s'en retournaient paisiblement lorsque,
.arrivés à Lungarno, un individu a lancé une
bombe Orsini qui a blessé omq personnes. Cet
individu a. été'arrêté. La foule voulait le mas-
sacrer.
Rome.IeSfévriër.
Le duc d'Aosto est arrivé pour prendre le com-
mandement du corps d'armée de Rome.
Par suite de la mort du Pape, Mgr Simconi
cesse ses fonctions de secrétaire d'Etat. L'expédi-
tion des affaires est dévolue a. Mgr Lasagne, se-
crétaire du Sacré-CoUége.- Mgr Simeoni reste
préfet du paiais apostolique.
La Gazette o/TMf~ dit
« Au deuit de ]e catholicité pour la mort de son
chef apostolique et vénéré s'associe ie regret du
monde civilisé, qui voit disparaître une des plus
grandes figures de notre siecle. Le pontificat de
Pic IX imprime une trace inoOa.ca.Me dans l'his-
toire de l'Italie et de l'Europe. »
La Pape. Eile constate la noble conduite de la po-
putation. son respect et son dévouement ponr le
chef de l'Eglise. Elle termine en annonçant que,
depuis hier soir jusqu'à la fin de l'exposition des
dépouilles dans ia basilique do Saint-Pierre, les
spectacles publics seront suspendus.
Les médecins ont déclaré d'une façon officielle
que le Pape était mort d'une paralysie aux pou-
mons.
La .Rde rendre au Pape les honneurs dus aux souve-
rains mais. pour prendre part aux funérailles, ils
devront attendre d'y être invités par les autori-
tés ecclésiastiques.
Le ministre de ia guerre a donné des instruc-
tions identiques aux autorités militaires.
Demain, la dépouille du Pape sera exposée pour
trois jours, sous une forme privée, dans une salle
des appartemens pontificaux.
Z'7~K<* dit que dans une conférence tenue
aujourd'hui, les cardinaux ont décidé que le
Conclave se réunira à Rome.
La majorité aurait été de trois voix.
On a pris la résolution d'attendre l'arrivée des
cardinaux étrangers avant de prendre une réso-
lution définitive.
Les ambassadeurs d'Autriche, de France, d'Es-
pagne et de Portugal, puissances qui ont ie droit
de veto, se sont réunis chez le comte de Paar,
ambassadeur de l'Autriche-Hongrio.
Londres, le 9 février.
D'après une dépêche' de Rome, le prince de
Bismarck a donné l'ordre à M. de KeudetI, am-
bassadeur d'Allemagne prés la cour d'Italie, de
s'abst~enir de toute ingérence jusqu'à ce que le
nouveau Pape soit élu. Après l'élection, l'Allema-
gne verra quelle attitttde elle doit prendre.
D'après une dépêche de Berlin, adressée au
~MM, si le nouveau Pape est modéré, il faut
s'attendre à ce que le cabinet allemand fasse des
ouvertures au Saint-Siège pour arriver a une en-
tente avec lui.
Madrid, le 8 février.
Les journaux ministériels annoncent que le
gouvernement espagnol a télégraphié au gouver-
nement italien pour lui demander l'indépendance
du conclave.
Ce dernier a répondu en promettant qu'il serait
respecté.
On croit que les théâtres vont fermer leurs
portes. Des prières pour le repos de l'âme de
Pie IX seront dites dans toutes les églises d'Es-
pagne.
M. Canovas de! Castillo et M. de Chaudordy ont
eu aujourd'hui une longue entrevue.
Lyon, le 9 février.
Le cardinal-archevêque de Lyon est parti hier
soir pour Rome.
Vienne, le 9 février.
Les cardinaux autrichiens partent demain pour
Rome.
Dublin,Ie8février.
Le cardinal Cullon partira très prochainement
pour Rome.
pour Rdme. New-York, le 8 février.
Le cardinal Mac-Closkey part demain pour
Rome.
BOURSE RE PAR!8
CMtare te 8 le 9 BtMMe Hf~Me
<0/e
Comptant. 73 8it. 73SO.30.
Fin cour. 7370.7. 73 M 12 712 2
At/WW/e
Comptamt
tO/W
Compt!mtlM7aj.lC9'70.
Fin cour tlû S. 109 87 12 ni2 2
PETITE MURSK PU SOIR.
Emprunt S 0/0. t09 ?. 97 ~/i!, 9S, HOfr.061~
33/4.
30/0. ?3ff.M,
Italien. 73fr.M,74fr.2!i.
5 0/0 turc. 9&.iO,2S.
Russe. 8S 3/8/7/16,3,
Extér" espagnole.. 12S/8.
On nous écrit de Versailles (Sénat)
? Jeudi dernier,, vers la fin de la séance,
M. de Lorgeril demandait au Sénat de fixer
au samedi suivant une question qu'il désirait
adresser à M. le garde des sceaux, touchant
certaines déclarations de la Cour des comptes
en son rapport sur l'exercice 1870. Quelle suite
M. le garde des sceaux donnait-il à ces décla-
rations ? Quelles mesures prendrait-il pour
que la censure qu'elles contenaient ne de-
meurât point stérile et vaine? –II était aisé
de pressentir à qui connaît M. de Lor-
geril et ses amis qu'ils avaient en vue
le gouvernement du 'i septemlire, et tout
particulièrement la Délégation de Tours
mais ce qu'on prévoyait moins, c'est que
M. de Lorgeril donnerait à cette simple ques-
tion des proportions telles, que l'incident
allait remplir une séance entière d'un débat
rétrospectif, tout plein d'allusions irritantes,
et, comme l'a dit M. Dufaure, a sans portée
m ni utilité B attaque impuissante, qui n'a
to'urné ni à l'honneur de M. do Lorgeril ni à
la confusion de ceux qu'il croyait frapper.
s Quels étaient donc les scandales si graves
que révélait ce rapport de la Cour des comp-
tes ? M. de Lorgeril annonçait, en commen-
tant, des fraudes, des illégalités et des exac-
tions de toute sorte; il prouverait comment
(f des hommes qui levaient bien haut la tète
D devraient au contraire la porter bien bas. ))
Mon Dieu t Voilà de bien grands mots;
mais. ~M'
Lorgeril n'a pu parvenir à le faire dénier de-
vant nos yeux; il n'a pu donner ua corps à
ses accusations nébuleuses, et cependant le
temps ne~lui a pas manqué certes pour déve-
lopper sa thèse et énumérer tous les griefs i
A lui voir entre les mains son volumineux
dossier, nous pensions qu'il allait produire, si-
non des raisons probantes. au moins des
fdits, beaucoup de faits la vérité est qu'il
n'a su que Sre des considérations tirées du
rapport de la Cour des comptes, et lire
aussi les siennesipropros, car il avait écrit un
long discours, et il l'entremehdtau rapport,
passant de l'imprimé au manuscrit, tout
cela d'une voix lente sourde qui formait
bien l'ensemble le plus confus et le plus bi-
zarre. M. do LoTgerit, qui siège, on le sait,
au rang le plus extrême de l'extrême droite,
est du petit groupe des excentriques où brilla
M. de Gavardte. Mais plût.à Dieu que nous
eussions eu M. de Gavardie! Lui, du moins,
il a de ces prodigieuses sorties qui reveillent t
une Assemblée et ne laissent pas languir
l'attention. Tel n'est pas M. do Lorgeril et il
a. fallu supporter deux heures de la plus péni-
ble lecture. L'orateur, –si ce terme n'est pas
ici un peu ambitieux,–l'ora.teur avait-il jure
de pousser à bout la patience, je ne dis pas do
la gauche, mais du président et de la droite
elle-même? Il y avait réussi au bout de la
première heure. On no l'éeoutait plus, on
protestait, les apostrophes se croisaient entre
lui et les membres de la gauche, et M. le pré-
sident a dû lui dire un peu rudement Mais
ce n'est pas une question que vous posez là,
ce sont dix-sept ou dix-huit questions
dinerentes! M. de Lorgeril n'en conti-
nuait pas moins. Nouvelle remontrance -de
M. le président Je fais appel a votre
loyauté, monsieur de Lorgeril; la multiplicité
de vos questions atteint plusieurs de vos
collègues, et vous savez qu'aux termes -du
règlement aucun ne pourra y répondre.
A quoi M. de Lorgeril, du ton le plua
calme, offrait de changer sa question en una
interpellation, puis. reprenait son manuscrit.
Cela devenait d'une fantaisie rare, mais aussi
d'une rare inconvenance. A l'ordre t criait la.
gauche. -Concluez 1 répétait M. le président.
Enfin, le rapport, et le manuscrit achevés,
l'orateur a fait grâce au Sénat.
a Ce réquisitoire avait paru passablement
ennuyeux, et quelque chose de pis, mais non
pas sérieux; et M. le garde des sceaux n'a eu
nulle peine à en faire justice. Un des faits sur
lesquels avait insisté complaisamment M. de
Lorgeril était la disparition, en ~871, de cer-
tains documens. Mais qu'y faire ? De ces do-
cumens, les uns furent incendiés par la Com-
mune, d'autres égarés par les administrations
des départemens envahis et quant à ces piè-
ces qui auraient disparu naguère mystérieu-
sement des dossiers de la commission des
marchés, qui voulez-vous donc que je pour-
suive ? disait M. Dufaure. Puis-je douter
que les membres de la commission et les
questeurs de l'Assemblée Nationale aient
fait tous leurs eiTorts pour rechercher ces
pièces, si elles ont en effet disparu? Quant
aux individus reconnus coupables des fraudea
&t des illégalités do~t vous parlez, nommez
donc ceux que le ministère public a omis de
poursuivre! De son côté, M. le ministre deâ
finances n'exerce-t-il pas les actions dont il a
la compétence ? Vos scrupules sont tardifs,
ajoutait M. le garde des sceaux. N'avez-vous
pas eu vos amis au pouvoir? Pourquoi avoir
attendu jusqu'en 878 ?
L'incident était, à vrai dire, terminé; mais'
M. le président s'était senti atteint, lui et
cette commission des marchés qu'il présida.
on sait avec quel zèle et quel éclat, il y a six
ans. Cédant le fauteuil à M. Duclerc, il de-
mande la parole et monte à la tribune. M. le
duc d'Audiffret-Pasquier a justifié la com-
mission par ce simple fait, qui a paru décisif:
la commission tenait un registre indiquant
l'entrée et la sortie ,des pièces qui lui
étaient communiquées, et ce registre, il
est aux archives M. le duc d'Audinret-Pas-
quier avait été blessé dans un point de sa vie
parlementaire qui lui tient au cœur, et au-
jourd'hui, comme autrefois, il a trouvé des pa-
roles vibrantes pour glorifier l'œuvre de cette
commission des marchés qui a dépouillé,
dit-il, vingt mille dossiers et fait rentrer
39 millions dans les caisses de l'Etat.
Pour le coup, l'incident était clos. Il avait
duré trop longtemps. Que sert de souf-
Qer sur ces cendres refroidies ? Aussi bien
quelle lumière M. de Lorgeril a-t-il répandue
sur un seul des acteurs ou des événemens de
cette triste et déjà lointaine époque~
N Au commencement de la séance, M. de
Ravignan était venu demander au Sénat de
ne point siéger le jour où seraient célébrées
les obsèques du « grand Pape qui, seul, au
"jour de nos malheurs, éleva la voix en fa-
a veur de la France. a Il a été décidé, par
suite, que l'élection de jeudi serait remise à
samedi prochain. Le Sénat a voté l'urgence
sur le projet de loi adopté par la Chambre,
relatif à l'état de siège il l'a votée sans dis-
cussion.
s B.-V.
On nous ëcrit de Versailles (Chambre
des Députés)
« M. Peyrussc est bien le plus invalidé des
hommes. C'est la sixième fois qu'il aura à se
représenter devant les électeurs d'Auch, où il
a déjà eu cinq fois pour concurrent M. Jean
David. L'avant-dernière fois, à la suite do
deux élections suivies de ballottage il
était arrivé à- recueillir 602 voix de ma-
jorité. Cette fois, il a obtenu 698 voix de
plus que M. David et 331 seulement de plus
que la majorité absolue. <: Dans le Gers. nous
sommes les maîtres, disait ces jours-ci M. Paul
,de Cassagnac. Ce n'est pas le préfet qui nous
protège, c'est nous qui le protégeons. Néan-
moins, à Aucb, tous les efforts du parti, sou-
tenus par ceux du préfet, ne sont parvenus
le. 14 octobre, qu'à cette très médiocre majo~
rité de 331 voix et lorsque la chambre juge,
dans certains cas, qu'elle doit casser des élec-
tions où la majorité est de 3,000 voix, elle
peut bien condamner celle de M. Pey russe.
B H serait trop long d'énumérer toutes les
raisons qui l'y ont déterminée. Si le Gers
n'est pas aussi complétement inféodé aux
bonapartistes que le prétend M. de Cassagnae `
fils, c'est, pour sûr, l'un des départemena où
Us ont, avec le plus d'audace, le plaa
perverti l'opinion des paysans. A Paris,
leurs journaux sont à l'eau de rosé la-
bas, ils se passent toutes les fantaisies,
et ils crient si haut, que les vignerons restent
persuadés qu'ils ont raison, que l'Em-
pire est rétabli et que ce serait de
la rébellion que d'en douter. On a pu
remarquer pourtant, dans la dernière élec-
tion, que le parti perd du terrain dans ces
campagnes jusqu'alors si dociles; et M. Da-
yid aurait été élu avec lesvoix qu'ilya trou-
vées, si, à Auch môme et dans de grosses
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