Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-05-24
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mai 1927 24 mai 1927
Description : 1927/05/24 (Numéro 18128). 1927/05/24 (Numéro 18128).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5408942
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/03/2008
62S année. 3' série. N°
(5 h. du 25 CENTIMES h. du matin)
MARDI 24 MAI 1927
fflMOND TARBE ET HENRY DE PÊNE
Fondateurs
ARTHUR MEYER
Directeur (1879rlS24)
ABONNEMENTS
unis mois six 1401$ ORJR
Paris et Département» 19 fr. 38fr. 75 fr.
Belgique et Luxembourg.. 36 fr. 72 Ir. 140 Ir.
Étranger (Union poitale). 50 fr. 95 fr. 180 fr.
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RENÉ LARA
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Gutenberg 56 04
Provénce 6«-O3
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE i GAULOIS PARIS
LETTRE
Madame de Milles
Vous venez, madame, après le poème
He l'Amour, d'écrire celui de la Mort,
à qui tend les bras votre pessimisme
affligé. Comme la mode n'est pas
îélégiaqué et que « la Jeune captive » a
grandi, vous apqstrophez amèrement les
2mages, -vous les interpellez. A l'of-
frande des jours de fête a succédé le dé-
iehirement des soirs de deuil et, dans
une centaine de pièces brèves, d'une
(joaillerie précieuse, selon la manière
des poètes vous dévoilez votre âme.
Comment? Vous ouvrez votre fenêtre et
causez avec l'espace. Mais on ne peut
pas lui dire que des choses sublimes,
même quand on arrive à ne lui parler
de rien. Vous ouvrez votre fenêtre, et
'vous regardez le ciel vide où il n'est
pour vous que d'incompréhensibles
étoiles. Alors une tristesse désespérante
vous emplit le cœur et le corps.
Peut-on laisser passer ainsi le cortège
ides jours, en voulant en ignorer la
goie? N'entendez-vous point sonner les
cloches ? Dans la chaude lumière voici
les joueurs de flûte, voici les timbaliers
et les tambourinaires. Parmi la foule
bigarrée les heures se déroulent en leurs
couleurs diverses. La vie est en marche,
et chaque jour nouveau n'est-il point
pour nous un luxuriant apport d'idées,
'd'expériences et de désirs? Ne croyez
pas que je cherche, avec des timbales et
ides tambourins, à narguer une désola-
ition qui devant vous m'incline. Mais je
sais que lorsque Beethoven, plus mal-
heureux encore, puisqu'à lui tout se dé-
!robe, se réfugie comme vous dans l'asile
du travail, c'est pour y chanter la Joie.
Vous, madame, pour l'honneur de souf-
frir, étourdie par le torrent de votre
somptueuse passion, vous basez sur un
accident votre philosophie fragile.
Vous avez, avec deux menus livres
de vers, élevé, madame, un monument
à l'amour. Heureuse ou malheureuse,
,vous atteigniez les sommets. Vous jetiez
de-ces clameurs qu'on appelle des cris
(le tigresse, pour ce qu'ils ont de très
ihumain; et votre passion surgissait
comme une fleur tropicale, dont
même vous auriez fait volontiers un
tnancenillièi-, à l'on1bre duquel- on
meurt. Fleur miraculeuse, dont chaque
'¡jour, sans la laisser, renouvelle, par la
irosée du matin et les feux du midi, la
fraîcheur et. l'ardeur fleur vivante,
;idont les couleurs éblouissent en leur
incandescence diaprée, dont les par-
fifurns grisent de leur senteur insistante,
,!et ,qui se grise et s'éblouit soi-même.
Cette exaspération royale de la sensi-
bilité est d'essence très féminine. Car
;les' femmes, éprises de se donner, sont
Wune complexion plus amoureuse que
inous et connaissent une générosité qui
n'appartient guère aux hommes. Quand,
,!par un privilège parfois cruel du des-
sin, la nature les a préparées pour
id'a'mour, leur supériorité y paraît évi-
dente; Que l'on consulte, si l'on veut, les
créateurs de rêves pour eux, les fem-
^ïnes sont des Didon, des. Chimène ou
'des Hamlet, des Don Quichotte ou des
¡!Figaro, à moins que, par caprice, ils
.'ne deviennent Lovelace ou don Juan. Et,
'quand on ouvre les lettres 3'amour,
[qu'aisément elles y triomphemt 1 Leur
.supériorité les poursuit jusque dans la
Mouleur, qui les martèle avec d'impi-
toyables raffinements et, malgré les
'jeux de Célimène, elles souffrent plus
qu'elles ne font souffrir.
On dirait qu'est sans limites votre
luxe d'aimer. A, la vue de toutes les
merveilles accumulées en un seul être,
*votre enthousiasme s'affole, encore que
vous acceptiez, cette idée primordiale
,que le désir suscite la beauté. Que sont
iL votre prix la timide Deshoulières ou la
tendre Marceline ? Sappho elle-même.
¡Votre passion a les illuminations d'un
ifeu d'artifice ininterrompu. Mais il est
des jours où la Mort passe, et les ger-
!bes de lumière ne sont plus qu'une pin-
icée de cendres. Ne croyez-vous pas du
moins que la Douleur est plus grande
en ses voiles noirs pour l'amour
tlùi s'échappe vivant des bras qui l'ap-
pellent que pour l'amour qui, mort, s'y
évanouit ? Au temps déjà, madame, du
Cœur innombrable, vous aspiriez à la
douleur de vivre. Sappho vous dirait
'de respirer des rosés, car il est mauvais
de vouloir souffrir, si ce n'est pour aif-
itrui. La grandeur de l'homme est de
me se laisser par rien désemparer il
faut s'animer et rebondir et, fût-on
'noyé dans la misère de Job, il faut
vivre, vivre, vivre.
Votre désespoir ne vient-il pas, ma-
dame, d'être sûre que Dieu n'existe
pas ? Car vous en êtes sûre. On rapporte
un mot de vous, dont se sera réjoui, s'il
est une invention, votre esprit fertile,
délicieux et subtil ( Depuis quarante
jans que j'interroge Dieu, s'il existait, il
m'aurait répondu. » A quoi repartit
quelqu'un « Lui en aurez-vous laissé
le temps ? » Votre volubilité éblouis-'
sante supporte mal en effet la contra-
diction. Avec une spontanéité féminine
et vertigineuse, vous généralisez l'acci-
dent particulier une détresse du cœur
vous rend matérialiste comme elle fe.
rait une autre mystique, et vous décidez
:que vous n'avez pas d'âme.
Pas d'âme, donc pas de Dieu. Car vous
-te sauriez imaginer, s'il en existait un,
qu'il pût laisser disparaître de --l'ùnîvers-
Anna de Brancovan, comtesse de Noail-
les. Je ne prétends point venir de la
part de ce Dieu répondre à une inquié-
tude, que transforme en assurance du
néant votre'impatience de femme, cu-
rieuse à la folie des sports nihilistes. Je
ne suis qu'un humble passant égaré
dans l'infini, qui juge. un peu' puéril
de nier ce qu'on ne découvre point, à
la manière d'un enfant ne tenant
compte que do l'horizon qui l'entoure.
Même l'enfant croit qu'en tapant du
pied il changera quelque chose à l'ordre
du monde. Mais enfia. Si vous sentez
cela, moi le contraire, qui de nous deux
a raison ? Si vous imaginez les être? ai;
mes disséminés dans l'inutile, et si-
j'éprouve, moi, qu'ils continuent dans- le
mystère de s'associer à ma vie, qu'au-
rez-vous à répondre que des mots sono-
res et des vers retentissants, sans
craindre de dévaster le cœur de ceux
qui-suivent imprudemment votre génie ?
Peut-être votre orgueil, madame,
cet orgueil dont vous avez plus que nul
autre mesuré l'étendue, en vous enivrant
de sa hauteur, vous a-t-il menée
jusque-là. Mais les deux grands orgueil-
leux du dix-neuvième siècle, Chateau-
briand et Victor Hugo, furent, en deux
attitudes différentes, des familiers de
Dieu. La superbe d'une femme s'ex-
prime-t-elle autrement ? Je considère
alors dans un deuil d'hier l'humble
femme admirable que fut Mme Branly,
de qui le silencieux dévouement permit
au maître qu'elle aimait, en l'entourant
à toute heure, de galvaniser le monde,
et qui meurt discrètement dans la nuit,
endormie dans un fauteuil. Je.sais que
vous goûtez la vie des saintes, et toute
son existence fut une ascension vers
Dieu. Si elle est parvenue jusqu'au
terme du divin pèlerinage, je lui re-
commande, madame, votre âme et la
mienne.
Etienne Bricon
Le Général de Mac Mahon
Duc de Magenta
Une nouvelle qui affigera profondément !a
haute société parisienne et la grande famille
militaire se répandait hier à Paris: le général
marquis de Mac Mahon, duc de Magenta, avait
succombé avant-hier soir, après une courte
maladie.
C'est une noble existence qui vient de
s'éteindre.
Celui dont la perte sera cruellement ressentie
était le fils du glorieux maréchat qui fut prési-
dent de )a' République.
Né Je 10 juin 1855 à Outreau (Pas-de-Calais),
il sortait de Saint-Cyr le 1er octobre 1875 et
était tflfecfé au ''131, bataillon dé 'chasseurs
pied. Il prit _part, en 1895, comme capitaine,
à l'expédition de Madagascar.
A sa rentrée en France, il commanda le
2° bataillon de chasseurs à pied.
En 1914, il prit une grande part à la bataille
de l'Ourcq en qualité de calonel du 35° régiment
d'infanterie. Nommé général, il commanda la
brigade, qui se distingua brillamment à l'at-
taque de Tahttre, le 25 septembre 1915, et aux
divers engagements de Verdun (1916-1917).
Le général de Mac Mahon faisait partie de la
2° armée guand survint l'armistice. Il était com-
mandeur de la Légion d'honneur, décoré de la
croix de guerre avec citations à l'ordre de
l'armée.
Patrice de Mac Mahon, duc de Magenta, avait
épousé S. A. R. la Princesse Marguerite de
France, seconde fille de Mgr le Duc de Char-
tres, sœur de la Princesse Valdemar de Dane-
mark et de S. A. R. de Prince Henri, dont
les explorations hardies ont été particulièrement
utiles à nos œuvres d'expansion coloniale.
Depuis quelques années, plusieurs Princesses
de la Maison de France se sont unies à de
hautes personnalitsé qui, sans être de sang
royal, s'imposent à l'attention et au respect par
le prestige d'un nom glorieux et par le sou-
venir de grands services rendus au pays; et
toujours, dans toutes ces circonstances, les
membres de la famille royale ont accueilli des
nouveaux venus avec les plus nobles sentiments
du cœur.
Le duc de Magenta était bien du sang da
celui dont le Comte de Chambord avait dit
qu'il était le « Bayard des temps modernes ».
Sa mère, était de la Maison de Castries. De
cette, union naquirent deux filles et un fils.
L'une des filles épousa le comte de Rambu-
teau, l'autre le comte de Sieyès.
La marquise de Mac Mahon, née Vogüé, qui
a tenu une si grande place dans l'œuvre de. la
propagande royaliste, témoignait une affection
toute maternelle à son neveu le duc de Magenta.
Elle lui légua le château de Sully, près de
Saint-Léger-du-Bois (Saône-et-Loire), qui est cer-
tainement une des demeures seigneuriales les
plus importantes ^de France. Cinq perrons d'une
superbe architecture apparaissent dans la cour
d'honneur, offrant aux visiteurs l'aspect le plus
imposant. Cette cour d'honneur est tellement
vaste que dans îa correspondance de Mme de
Sévigné et de Bussy-Rabutin, il est question de
quatre carrosses, à quatre chevaux chacun, qui
pouvaient y évoluer au trot et tout à leur aise.
Le général Patrice de Mac Mahon était, par
son mariage, le beau-frère de Monseigneur Je
Duc de Guise. Dans toutes les circonstances
où tes Princes de la Maison de France se réu-
nissaient dans les heures douloureuses d'un
deuil ou à l'occasion d'un mariage le duc
de Magenta occupait dans la famille royale la
place ta plus honorable. On appréciait ses qua-
lités de cœur et d'esprit, et aussi un passé
militaire digne d'un grand nom.
,Monseigneur le Duc de Guise avait pour son
beau-frère une touchante affection. L'auguste
exilé aura la grande tristesse de ne pouvoir
suivre la dépouille de son beau-frère.
C'est de la terre étrangère que le chef de
la Maison de France s'associera douloureuse-
ment par la pensée à la triste cérémonie et aux
hommages rendus à ce vaillant soldat français.
Louis de Joantho
Est-ce l'épave de «l'Oiseau blanc»?
Londres, 23 mai.
On mande de "New- York à l'agence
Reuter
« Un vapeur a envoyé un radiotélé-
gramme disant qu'un avion blanc a été
aperçu, à 15 h. 38 (heure de Londres), à
environ 360 milles au nord-ouest des îles
Açores.»
LA DESTRUCTION
DES FORTERESSES ALLEMANDES
Il faut voir
pour croire
La comédie dure depuis un mois. Et
l'on se demande quelles arrière-pensées
cache le petit scénario diplomatico-juri-
dique inauguré par le gouvernement al-
lemand pour éluder le « constat » de la
destruction des ouvrages fortifiés de la
frontière de Prusse orientale.
Les Deutschnazionalen ne veulent en-
tendre parler à aucun prix de quoi que
ce soit qui pourrait ressembler à une ré-
surrection de la commission de contrôle
militaire interalliée, supprimée par le
conseil de la Société des nations. Pour
complaire aux nationalistes, qui domi-
nent le cabinet du Reich, M. Strese-
mann soulève toutes les objections, pos-
sibles et imaginables à l'intervention
des attachés militaires alliés chargés de
s'assurer de la réalité des démolitions.
Les visites d'ambassadeurs et chargés
d'affaires allemands à Londres et à Pa-
ris se sont multipliées ces dernières se-
maines auprès de M. Chamberlain et de
M. Briand pour amorcer des négocia-
tions à ce sujet.
Paris a fait la sourde oreille, M.
Briand ayant fort justement observé
qu'il n'y avait pas lieu de négocier'après
les formelles promesses du gouverne-
ment allemand.
On pourrait croire sur parole le gé-
néral von Pawels, chargé de l'exécution,
s'il n'avait été, à trois reprises, au cours
des négociations de mars dernier, pris
en flagrant délit d'erreur ou de dissi-
mulation par les experts du comité mi-
litaire interallié de Versailles.
Londres, qui était jusqu'à présent
resté sur la réserve, paraît vouloir en
sortir. Le gouvernement britannique
semble peu disposé admettre la sug-
gestion allemande de montrer à la
conférence des ambassadeurs des photo-
gr.aphies .des fortifications détruites (1)
ou d'organiser une petite tournée d'ins-
pection dirigée (?) par un expert mili-
taire américain.
Chacun saitj que l'on peut truquer les
documents photographiques le plus ai-
sément du monde. Quant à l'interven-
tion d'un.observ,ateur américain, elle se-
rait pour le moins singulière en l'occur-
rence, les Etats-Unis ayant décliné toute
responsabilité Quant à J'exéjBution des
traités qu'ils ont refusé de ratifier:
Pu point de vue du gouvernement
britannique dit-on dans les milieux in-
formés de Londres, l'Alléniagne ferait
preuve de bonne volonté et de bonne foi
en invitant les attachés militaires des
grandes puissances à Berlin à se ren-
dre compte « de visu » de l'exécution
des travaux de démolition.
Il n'y a pas lieu de négocier à ce sujet.
La question est des plus simples et des
plus claires. Tous les ouvrages fortifiés
condamnés sont reconnus et repérés
dans le texte de l'accord intervenu entre
le général von Pawels-et la conférence
des ambassadeurs. Une visite de mili-
taires alliés sur les lieux suffira à les
convaincre de la réalité des destructions,
sans qu'il y ait la moindre atteinte por-
tée au prestige allemand.
L'Allemagne ayant, pour s'exécuter,
jusqu'au lor juin, il* n'y aura pas à Ber-
lin de démarche officielle des puissan-
ces pour inviter le Reich à tenir ses en-
gagements. Mais, passée cette date,
une pression franco-britannique pour-
rait fort bien faire comprendre au gou-
vernement allemand qu'il a tout avan-
tage à ne plus bouder les experts mili-
taires alliés pour un constat qui, à tous
égards, s'impose.
René Lara
LES RELATIONS ANGLO-SOVIÉTIQUES
RUPTURE AUJOURD'HUI
Un important conseil de cabinet a été
tenu hier, à Londrès, sous la présidence
de M. Baldwin. Il avait pour but de per-
mettre aux ministres de Sa Majesté bri-
tannique de prendre une décision en ce
qui concerne les relations futures avec les
soviets.
Avant la réunion, le Premier anglais et
sir Austen Chamberlain s'étaient longue-
ment entretenus de la question.
La décision prise sera communiquée au-
jourd'hui même aux Communes, au cours
d'une importante déclaration, et un débat
suivra qui occupera vraisemblablement
toute la séance de jeudi.
Cette déclaration est, d'après le corres-
pondant parlementaire de l'agence Reuter,
l'objet de toutes les conversations dans les
couloirs de la Chambre, où la conviction
est maintenant générale que ce que dira
le gouvernement impliquera une rupture
complète avec la Russie.
Cette rupture. les journaux anglais
d.'hier la faisaient du reste prévoir. Le
Daily Mail, qui s'est particulèrement pré-
bccupé des conséquences de la perquisition
dans les bureaux de l' « Arcos annonçait
que les; membres du cabinet (.estimaient
qu'il n'y avait pas d'autre alternative post
sible. -.̃̃̃̃
Il ajoutait que le ministre de l'intérieur,
sir Joynson Hicks, ferait connaître à ses
collègues le résultat des perquisitions et
que les documents saisis établissent l'exis-'
tence en Grande-Bretagne d'une conjura-
tion révolutionnaire parfaitement orga-
nisée et ayant à sa tête la légation des
soviets. Ces documents ont été communi-
qués au Foreign Office et ils ont convaincu
sir Austen Chamberlain qu'il n'était pas
possible de retarder davantage la rupture.'
VEvening Neivs dit que le gouvernement
britannique dénoncera le traité commer-
cial anglo-russe et ordonnera l'expulsion
des membres de la délégation commer-
ciale. Une note serait ensuite adressée à
Moscou en réponse à la protestation des
soviets contre la perquisition, et elle cons-
tituerait la dernière communication. diplo-
matique entre le gouvernement de Londres
et celui deJ'U.R.S.S.
AJoutona- que. les soviets, .qui -prévoient-
évidemment cette solution, ont fait trans-
férer à Amsterdam l'or russe qui était dé-
posé dans certains établissemnts de crédit
londoniens. Cette décision a du reste causé
un certain émoi dans les milieux finan-.
ciers de la Cité.
Denys Meulhan
LE RETOUR DE DORIOT
Le député communiste Doriot, in-
culpé, comme on sait, pour son rôle de
trahison en Chine, annonce par ce télé-
gramme que publie l'Humanité qu'il
revient en France
Vladivostock 120/22 34 mots 22/14/29,
Via Northern.
En route pour France, je reçois nouvelle
de ma poursuite et de l'intention du gou-
vernement de reprendre mon inviolabilité
sans avoir entendu mes raisons. Retourne
promptement pour ma défense. DORIOT.
Naturellement, l'Humanité prétend
que cette défense sera, un acte d'accu-
sation mais il dépend du gouverne-
ment qui a en main un dossier écra-
sant de ne pas permettre que les rôles
soient intervertis.
Et M. Tchitcherine, ministre des af-
faires étrangères des soviets, comme
nous l'avions pressenti hier, est arrivé à
Paris.
Les Échos
M. Tchitcherine en voyage.
Avant de venir à Paris, M. Tchitche-
rine a fait un agréable voyage dans le
Midi. Si nous en croyons nos confrères
méridionaux, il a voyagé là-bas en tou-
riste opulent.
« Ce n'est pas sans surprise, écrit le
correspondant du Petit Marseillais à
Avignon, qu'on a vu ce commissaire du
peuple se fixer dans le premier hôtel
d'Avignon et s'entourer de tout le luxe
confortable pour poursuivre sesrran'don-
nées artistiques. 'C'est même en compa-
gnie d'un agent du service local de la
Sûreté qu'il a visité la région. Château-
neuf-du-Pape, Orange, le pont du Gard,
Les Baux, la tour de Philippe le Bel et
la Chartreuse de Villeneuve ont succes-
sivement et très longuement retenu son
admiration. »
Si, à Avignon, on a pu être étonné que
l'excellent commissaire du peuple se
soit montré 'touriste opulent, à Paris on
lé sera moins, car on sait, depuis long-
temps, que la gent soviétique ne se platt
que'dans le faste et la bombance.
Avec les beaux jours reviennent les
voyages, les départs en automobiles.
S'il vous manque une médaille de saint
Christophe pour écarter les accidents
de route, la cantine confortable pour
auto, la mallette garnie, le nécessaire
pique-nique, la canne-siège, la montre
chronomètre et tous ces objets utiles et
charmants indispensables au voyage,
faites vous conduire chez Kendall,
17, rue de la Paix. Tout cela, il le pos-
sède et. d'un goût infini. C'est là que
vous trouverez aussi, désormais, la cou-
tellerie de Touron, depuis la canif de
luxe jusqu'aux services complets. En
un mot, définir le ma,,asin de Kendall,
c'est bien la rue de la Paix.
LES GRANDES VENTES
Samedi, dimanche et hier, le grand hall de la
galerie Petit a reçu îa visite de l'élite des ama-
teurs passionnés pour tout ce que le dix-huitième
siècle nous a légué. Ils y étaient venus en rangs
serrés contempler les six tapisseries de la Manu-
facture royale de Beauvais de l'époque Louis XV,
qui y étaient exposées les deux premiers jours
et qui y furent vendues aux enchères, hier, par
MI Lair-Dubreuil et André Couturier, assistés
de MM. Mannheim, experts.
Ces tapisseries, faisant partie de la tenture des
« Fêtes italiennes », d'après François Boucher,
ont été exécutées sous les directions de Ees-
nier et d'Oudry en 1734-1753 et furent tissées
avec diverses variantes pour le Roi de Suède,
le duc d'Arenberg, etc. Ce fait indique suffisam-
ment leur somptuosité. Ebfes représentent La
Danse, La Musique, La Chasse, La Pêche, figu-
rées par des sujets où le charme le dispute à
la grâce dans des décors lumineux; deux entre-
fenêtres représentent des scènes galantes et
champêtres aux doux coloris.
Mises en vente, en présence d'une assistance
nombreuse et choisie, la Danse est allée à
1,330,000 francs; ia Musique, 1,320,000 francs;
la Chasse, 805,000 francs (acquise par le Musée
Jacquemart-André); la Pêche, 540,000 francs.
Les deux entre-fenêtres ont été payés 860,000
francs.
La vacation, qui a duré exactement vingt
minutes, a réalisé 5,075,000 francs.
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temps, c'est un véritable record de vitesse 1
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Laffitte, dans un immeuble qu'ils vien-
nent d'acquérir 6, rue du Paradis.
La mort d'un vieux brave.
On annonce de Londres la mort, à
l'âge de quatre-vingt-seize ans, du ser-
gent-major Edwin Hughes, qui était le
dernier survivant de la brigade légère,
devenue historique par la meurtrière
charge de Balaclava, au mois d'octobre
1854, au début de la guerre de Crimée
charge exécutée dans la vallée de la
mort p, comme on l'a appelée depuis, et
au cours de laquelle la plus grande par-
tie des soldats anglais furent foudroyés
parles canons russes. Edwin Hughes
eut son cheval tué sous lui, lui-même
fut grièvement blessé et emporté comme
mort.
On sait que, sans l'intervention d'une
brigade française, commandée par le
général Bosquet, toute la brigade' légère
aurait été anéantie.
COUP DE CRAYON
UN LIVRE.
LAVIGERIE
PAR
FRANCIS JAMMES
Lavigerie, primat d'Afrique, le « lion du
Christ le grand cardinal conquérant pacifique
du désert. et Francis Jamm.es, le puissant
et tendre poète chrétien du pays basque. ces
deux âmes sont de la même famille!
L'o:uvre ne s'apparente à rien. La critique
étonnée salue tes débuts d'un genre littéraire
nouveau et le ton de l'épopée moderne miracu-
leusement trouvé.
En voyant la légèreté avec laquelle
certaines personnes placent leurs éco-
nomiés, on ne peut se défendre de pen-
ser que ceux qui ont'acheté de beaux
bijoux peuvent les réaliser chez fleur
bijoutier ou chez Dusausoy, l'expert
joaillier, 41, boulevard des Capucines.
Les élégances françaises triomphent à
Madrid.
Une présentation de la haute couture
parisienne, avec défilé d'environ trois
cents modèles, vient d'avoir lieu dans
les salons, de l'un des grands hôtels de
la capitale espagnole.
Près de deux mille personnes y assis-
taient, entre autres 1 infante Isabelle,
l'infant Don Fernand, le président du
conseil, les ministres des finances, de
l'instruction, de la guerre, du travail et
toutes les autorités.
Le succès a été colossal.
Les événements les plus fâcheux ont
parfois d'heureuses conséquences. Un
acheteur de Perret-Vibert a acquis en
Chine, à des prix exceptionnellement
avantageux, en raison des troubles poli-
tiques, une collection de porcelaines,
broderies, jaques et pierres dures ac-
tuellement exposées boulevard
Il faut avoir vu à la Foire de Paris
le hall de l'Electricité, où est présentée
l'exposition sensationnelle et éminem-
ment attractive de la Bulle Clock, la
pendule électrique moderne française la
première du monde.
Sur la plate-forme de l'autobus.
Le boulevard est encombré la circu-
lation est arrêtée depuis plus de cinq
minutes. Le chauffeur d'un autobus im-
mobilisé lâche mélancoliquement cette
phrase typique
Mon Dieu ce qu'il y en a des autos
pour nous empêcher de passer
Cela ne s'invente pas.
Le Coq
DERNIERS COURS DES CHANGES
Livre, 124 025 (+ 0 005). Dollar, 25 535
(- Belga, 354 50 (- 025). Lire,
139 40 (- 0 15). Franc suisse, 490 75
(– 0 25). Peseta espagnole, 449 25 (+ 2 50).
Florin hollandais, 1022 (- 0 25).
Après Bourse, à 18 heures. Livre, 124 025.
Dollar, 25 535.
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journée du 24 mai
Région parisienne: vent de nord-ouest à ouest
modéré; ciel nuageux ou très nuageux avec
éclàircies.
Même température.
AUJOURD'HUI
14 heures. Courses à Enghien.
La question des fourrures
11 ne faut pas généraliser notre opti-
misme.
Alors que l'on s'attendait à une baisse sur
tous les articles, la' Fédération des syndi-
cats de la fourrure nous informe que les
dernières ventes de Londres et du Canada
ont eu lieu ces jours-ci avec une augmen-
tation de 20 à 40 0/0 sur la majorité des
pelleteries d'origine, vison, hermine, lynx,
renards de toutes sortes, croisés, bleus, ar-
gentés, blancs, etc., et jusqu'à ses plus mo.
destes confrères, et cependant cette hausse
qui se fera sentir prochainement ne sera
malheureusement pas la dernières la con-
sommation intense et mondiale de la four-
rure, par sa vogue toujours croissante,
ayant épuisé tousïes stocks disponibles, les
inondations actuelles tant en Amérique
qu'au Canada ne peuvent être par la suite
que préjudiciables a cette situation.
Le marché semble donc encore à présent
favorable aux achats.
LE TRAIN DÉ LUXE ROME-NAPLES
BRUIE EN PLEINE CAMPAGNE
L'alerte fut donnée par un aviateur qui
survolait le convoi sinistré
Un avion venait de s'envoler de l'aéro-
drome de Ciampino lorsque l'aviateur
aperçut au-dessous de lui un train de
lye de la ligne Rome-Naples, composé de
huit wagons-lits et d'un wagon-restaurant,
qui flambait. L'avion revint immédiate-
ment à l'aérodrome et donna l'alarme. De
Ciampino et de Rome partirent immédia-
tement des pompiers. Cinq voitures sur
huit furent complètement détruites par les
flammes. H -n-'y. a pas de victime. Les
dégâts se chiffrent à cinq millions de lires.
Le Communisme
et le Parlement'
Pour les parlementaires de toutes
nuances, la question ir.ortante aujour-
d'hui c'est celle du mode de scrutin qui
les ramènera au Palais-Bourbon ou les
en écartera. Pour la plupart des Fran-
çais, la question importante c'est celle
de la défense contre le communisme.
A,u Palais-Bourbon les idées se rétré-
cissent, se faussent. Tout se met à la me-
sure de l'intérêt électoral. L'esprit oc-
cupé eu leur réélection, il y a des dépu-
tés qui s'en vont disant « Le commu-
nisme, c'est une plaisanterie, un épou-
vantail inventé par nos gouvernants
pour nous rallier au scrutin d'arrondis-
sement »
Hélas non la propagande commu-
niste, le complot quotidien du commu-
nisme, n'est pas une plaisanterie. Nous
avons publié, le Figaro a publié, la Re-
vue de Paris a publié, depuis un mois,
des documents qui ne permettent pas
de prendre en souriant les manoeuvrés
de Moscou et les excitations de l'Huma-
nité.
Pour les parlementaires, rien ne
compte qui ne se traduit pas par une
majorité, et comme les communistes siè.
gent en nombre infime à la Chambre,
on.tient leur action pour dérisoire. L'his-
taire nous apprend à raisonner autre-
ment.
Pour les parlementaires, les Cachin,
les VaiUânt-Couturier qu'ils coudoient
dans les couloirs, avec lesquels ils con-
versent tous les jours, ne sont que des
camarades un peu plus passionnés, un
peu plus énergumènes que les autres,
mais qu'on juge bien inoffensifs. L'his-
toire nous apprend à juger autrement.
Que nos députés regardent autour
deux Ils se rendront compte que de
leur mode de scrutin les Français n'ont
cure, mais que des menaces que la ré-
volution fait peser sur notre vie écono-
mique, sur notre commerce, notre in-
dust.rie, sur la défense nationale, nous
sommes les uns et les autres extrême-
ment préoccupés Quand nous voyons
le communisme s'introduire à l'école,
susciter des séditions dans les casernes,
dans; les'équipages de la flotte. contami-
ner les ouvriers agricoles, nous som-
mes singulièrement émus, et il nous
semblerait horriblement scandaleux que
nos'députés se détournassent d'un -péril
aussi grave pour s'absorber dans leur
querelle au sujet du scrutin de liste ou
du scrutin d'arrondissement,'
Curtius
M. Doumergue le nomme chevalier
de la Légion d'honneur et l'Aéro-
Club le reçoit solennellement
UN DON DE 350,000 FRANCS
PAR M. GEORGES BRUNI
L'enthousiasme de Paris, de la France
entière et, sans doute, de l'univers pour
le triomphateur de l'Atlantique ne di-
minue pas. Aux Etats-Unis, on a la
fièvre.. il faut, disent des télégrammes,
se reporter au matin de l'armistice pour
trouver quelque chose d'équivalent. La
manière dont Lindbergh fut accueilli
au Bourget, dans la nuit de samedi à
dimanche, les démonstrations de sym-
pathie et d'admiration qui lui ont été
prodiguées par la foule parisienne ont
eu un retentissement considérable de
l'autre côté de l'Atlantique, où l'on ap-
précie avec quel esprit la France, bien
que déçue par l'échec de Nungesser. et
Coli, applaudit- sincèrement le cham-
pion américain. Ce fair play » enthou-
siasme toutes les classes de la société
américaine et provoque des manifesta-
tions qui rappellent les grands élans que
nous connûmes il y a dix ans.
L'aviateur est retourné au Bourget
Hier matin, la première préoccupa-
tion de Lindbergh fut de se rendre au
Bourget. Comme- on aime un chien fi-
dèle, Lindbergh a pour le prodigieux
engin, qu'est son avion un peu de l'af-
fection qu'on a pour une bête chère.
L'aviateur, accompagné de M. Myron T.
Herrick, ambassadeur des Etats-Unis, se
rendit donc d'abord au Bourget. Quand
il vit que l'on avait fait au Spiril-of-
Saint-Louis les réparations que nécessi-
tait son état, eT qu'il était placé dans
un hangar du service de la navigation
aérienne, à côté d'un avion qui avait
appartenu à Blériot et qui fit la traver-
sée de la Manche en 1909, Lindbergh eut
un large sourire d'enfant qui a retrouvé
un jouet favori. A grandes enjambées,
Lindbergh revint vers 'son auto et fila
vers Paris.
Le président de la République lui remet
la croix de la Légion d'honneur
Un peu avant midi, Lindbergh, tou-
jours accompagné de l'ambassadeur
d'Amérique, arrivait à l'Elysée. Aussi-
tôt introduit auprès de M. Doumergue,.
celui-ci lui serrait affectueusement les
mains, le félicitait au nom de la France
entière et, minute émouvante, épinglait
sur la poitrine du jeune aviateur la
croix de la Légion d'honneur. Quand le
chef de l'Etat lui eut donné l'accolade,
les personnalités présentes accompagnè-
rent le Président et Lindbergh dans les
jardins de l'Elysée, où l'entretien se
poursuivit cordialement en présence des
photographes et opérateurs de cinéma.
Une réception à l'Aéro.Club
A- cinq heures, l'Aéro-Club de France,
à son tour, recevait Lindbergh dans son
hôtel de la rue François- Que da
(5 h. du 25 CENTIMES h. du matin)
MARDI 24 MAI 1927
fflMOND TARBE ET HENRY DE PÊNE
Fondateurs
ARTHUR MEYER
Directeur (1879rlS24)
ABONNEMENTS
unis mois six 1401$ ORJR
Paris et Département» 19 fr. 38fr. 75 fr.
Belgique et Luxembourg.. 36 fr. 72 Ir. 140 Ir.
Étranger (Union poitale). 50 fr. 95 fr. 180 fr.
Compte Chèque Postal i 263-04, Paris
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RENÉ LARA
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iGulenbers S6-O»
Oulenberg 56-03
Gutenberg 56 04
Provénce 6«-O3
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE i GAULOIS PARIS
LETTRE
Madame de Milles
Vous venez, madame, après le poème
He l'Amour, d'écrire celui de la Mort,
à qui tend les bras votre pessimisme
affligé. Comme la mode n'est pas
îélégiaqué et que « la Jeune captive » a
grandi, vous apqstrophez amèrement les
2mages, -vous les interpellez. A l'of-
frande des jours de fête a succédé le dé-
iehirement des soirs de deuil et, dans
une centaine de pièces brèves, d'une
(joaillerie précieuse, selon la manière
des poètes vous dévoilez votre âme.
Comment? Vous ouvrez votre fenêtre et
causez avec l'espace. Mais on ne peut
pas lui dire que des choses sublimes,
même quand on arrive à ne lui parler
de rien. Vous ouvrez votre fenêtre, et
'vous regardez le ciel vide où il n'est
pour vous que d'incompréhensibles
étoiles. Alors une tristesse désespérante
vous emplit le cœur et le corps.
Peut-on laisser passer ainsi le cortège
ides jours, en voulant en ignorer la
goie? N'entendez-vous point sonner les
cloches ? Dans la chaude lumière voici
les joueurs de flûte, voici les timbaliers
et les tambourinaires. Parmi la foule
bigarrée les heures se déroulent en leurs
couleurs diverses. La vie est en marche,
et chaque jour nouveau n'est-il point
pour nous un luxuriant apport d'idées,
'd'expériences et de désirs? Ne croyez
pas que je cherche, avec des timbales et
ides tambourins, à narguer une désola-
ition qui devant vous m'incline. Mais je
sais que lorsque Beethoven, plus mal-
heureux encore, puisqu'à lui tout se dé-
!robe, se réfugie comme vous dans l'asile
du travail, c'est pour y chanter la Joie.
Vous, madame, pour l'honneur de souf-
frir, étourdie par le torrent de votre
somptueuse passion, vous basez sur un
accident votre philosophie fragile.
Vous avez, avec deux menus livres
de vers, élevé, madame, un monument
à l'amour. Heureuse ou malheureuse,
,vous atteigniez les sommets. Vous jetiez
de-ces clameurs qu'on appelle des cris
(le tigresse, pour ce qu'ils ont de très
ihumain; et votre passion surgissait
comme une fleur tropicale, dont
même vous auriez fait volontiers un
tnancenillièi-, à l'on1bre duquel- on
meurt. Fleur miraculeuse, dont chaque
'¡jour, sans la laisser, renouvelle, par la
irosée du matin et les feux du midi, la
fraîcheur et. l'ardeur fleur vivante,
;idont les couleurs éblouissent en leur
incandescence diaprée, dont les par-
fifurns grisent de leur senteur insistante,
,!et ,qui se grise et s'éblouit soi-même.
Cette exaspération royale de la sensi-
bilité est d'essence très féminine. Car
;les' femmes, éprises de se donner, sont
Wune complexion plus amoureuse que
inous et connaissent une générosité qui
n'appartient guère aux hommes. Quand,
,!par un privilège parfois cruel du des-
sin, la nature les a préparées pour
id'a'mour, leur supériorité y paraît évi-
dente; Que l'on consulte, si l'on veut, les
créateurs de rêves pour eux, les fem-
^ïnes sont des Didon, des. Chimène ou
'des Hamlet, des Don Quichotte ou des
¡!Figaro, à moins que, par caprice, ils
.'ne deviennent Lovelace ou don Juan. Et,
'quand on ouvre les lettres 3'amour,
[qu'aisément elles y triomphemt 1 Leur
.supériorité les poursuit jusque dans la
Mouleur, qui les martèle avec d'impi-
toyables raffinements et, malgré les
'jeux de Célimène, elles souffrent plus
qu'elles ne font souffrir.
On dirait qu'est sans limites votre
luxe d'aimer. A, la vue de toutes les
merveilles accumulées en un seul être,
*votre enthousiasme s'affole, encore que
vous acceptiez, cette idée primordiale
,que le désir suscite la beauté. Que sont
iL votre prix la timide Deshoulières ou la
tendre Marceline ? Sappho elle-même.
¡Votre passion a les illuminations d'un
ifeu d'artifice ininterrompu. Mais il est
des jours où la Mort passe, et les ger-
!bes de lumière ne sont plus qu'une pin-
icée de cendres. Ne croyez-vous pas du
moins que la Douleur est plus grande
en ses voiles noirs pour l'amour
tlùi s'échappe vivant des bras qui l'ap-
pellent que pour l'amour qui, mort, s'y
évanouit ? Au temps déjà, madame, du
Cœur innombrable, vous aspiriez à la
douleur de vivre. Sappho vous dirait
'de respirer des rosés, car il est mauvais
de vouloir souffrir, si ce n'est pour aif-
itrui. La grandeur de l'homme est de
me se laisser par rien désemparer il
faut s'animer et rebondir et, fût-on
'noyé dans la misère de Job, il faut
vivre, vivre, vivre.
Votre désespoir ne vient-il pas, ma-
dame, d'être sûre que Dieu n'existe
pas ? Car vous en êtes sûre. On rapporte
un mot de vous, dont se sera réjoui, s'il
est une invention, votre esprit fertile,
délicieux et subtil ( Depuis quarante
jans que j'interroge Dieu, s'il existait, il
m'aurait répondu. » A quoi repartit
quelqu'un « Lui en aurez-vous laissé
le temps ? » Votre volubilité éblouis-'
sante supporte mal en effet la contra-
diction. Avec une spontanéité féminine
et vertigineuse, vous généralisez l'acci-
dent particulier une détresse du cœur
vous rend matérialiste comme elle fe.
rait une autre mystique, et vous décidez
:que vous n'avez pas d'âme.
Pas d'âme, donc pas de Dieu. Car vous
-te sauriez imaginer, s'il en existait un,
qu'il pût laisser disparaître de --l'ùnîvers-
Anna de Brancovan, comtesse de Noail-
les. Je ne prétends point venir de la
part de ce Dieu répondre à une inquié-
tude, que transforme en assurance du
néant votre'impatience de femme, cu-
rieuse à la folie des sports nihilistes. Je
ne suis qu'un humble passant égaré
dans l'infini, qui juge. un peu' puéril
de nier ce qu'on ne découvre point, à
la manière d'un enfant ne tenant
compte que do l'horizon qui l'entoure.
Même l'enfant croit qu'en tapant du
pied il changera quelque chose à l'ordre
du monde. Mais enfia. Si vous sentez
cela, moi le contraire, qui de nous deux
a raison ? Si vous imaginez les être? ai;
mes disséminés dans l'inutile, et si-
j'éprouve, moi, qu'ils continuent dans- le
mystère de s'associer à ma vie, qu'au-
rez-vous à répondre que des mots sono-
res et des vers retentissants, sans
craindre de dévaster le cœur de ceux
qui-suivent imprudemment votre génie ?
Peut-être votre orgueil, madame,
cet orgueil dont vous avez plus que nul
autre mesuré l'étendue, en vous enivrant
de sa hauteur, vous a-t-il menée
jusque-là. Mais les deux grands orgueil-
leux du dix-neuvième siècle, Chateau-
briand et Victor Hugo, furent, en deux
attitudes différentes, des familiers de
Dieu. La superbe d'une femme s'ex-
prime-t-elle autrement ? Je considère
alors dans un deuil d'hier l'humble
femme admirable que fut Mme Branly,
de qui le silencieux dévouement permit
au maître qu'elle aimait, en l'entourant
à toute heure, de galvaniser le monde,
et qui meurt discrètement dans la nuit,
endormie dans un fauteuil. Je.sais que
vous goûtez la vie des saintes, et toute
son existence fut une ascension vers
Dieu. Si elle est parvenue jusqu'au
terme du divin pèlerinage, je lui re-
commande, madame, votre âme et la
mienne.
Etienne Bricon
Le Général de Mac Mahon
Duc de Magenta
Une nouvelle qui affigera profondément !a
haute société parisienne et la grande famille
militaire se répandait hier à Paris: le général
marquis de Mac Mahon, duc de Magenta, avait
succombé avant-hier soir, après une courte
maladie.
C'est une noble existence qui vient de
s'éteindre.
Celui dont la perte sera cruellement ressentie
était le fils du glorieux maréchat qui fut prési-
dent de )a' République.
Né Je 10 juin 1855 à Outreau (Pas-de-Calais),
il sortait de Saint-Cyr le 1er octobre 1875 et
était tflfecfé au ''131, bataillon dé 'chasseurs
pied. Il prit _part, en 1895, comme capitaine,
à l'expédition de Madagascar.
A sa rentrée en France, il commanda le
2° bataillon de chasseurs à pied.
En 1914, il prit une grande part à la bataille
de l'Ourcq en qualité de calonel du 35° régiment
d'infanterie. Nommé général, il commanda la
brigade, qui se distingua brillamment à l'at-
taque de Tahttre, le 25 septembre 1915, et aux
divers engagements de Verdun (1916-1917).
Le général de Mac Mahon faisait partie de la
2° armée guand survint l'armistice. Il était com-
mandeur de la Légion d'honneur, décoré de la
croix de guerre avec citations à l'ordre de
l'armée.
Patrice de Mac Mahon, duc de Magenta, avait
épousé S. A. R. la Princesse Marguerite de
France, seconde fille de Mgr le Duc de Char-
tres, sœur de la Princesse Valdemar de Dane-
mark et de S. A. R. de Prince Henri, dont
les explorations hardies ont été particulièrement
utiles à nos œuvres d'expansion coloniale.
Depuis quelques années, plusieurs Princesses
de la Maison de France se sont unies à de
hautes personnalitsé qui, sans être de sang
royal, s'imposent à l'attention et au respect par
le prestige d'un nom glorieux et par le sou-
venir de grands services rendus au pays; et
toujours, dans toutes ces circonstances, les
membres de la famille royale ont accueilli des
nouveaux venus avec les plus nobles sentiments
du cœur.
Le duc de Magenta était bien du sang da
celui dont le Comte de Chambord avait dit
qu'il était le « Bayard des temps modernes ».
Sa mère, était de la Maison de Castries. De
cette, union naquirent deux filles et un fils.
L'une des filles épousa le comte de Rambu-
teau, l'autre le comte de Sieyès.
La marquise de Mac Mahon, née Vogüé, qui
a tenu une si grande place dans l'œuvre de. la
propagande royaliste, témoignait une affection
toute maternelle à son neveu le duc de Magenta.
Elle lui légua le château de Sully, près de
Saint-Léger-du-Bois (Saône-et-Loire), qui est cer-
tainement une des demeures seigneuriales les
plus importantes ^de France. Cinq perrons d'une
superbe architecture apparaissent dans la cour
d'honneur, offrant aux visiteurs l'aspect le plus
imposant. Cette cour d'honneur est tellement
vaste que dans îa correspondance de Mme de
Sévigné et de Bussy-Rabutin, il est question de
quatre carrosses, à quatre chevaux chacun, qui
pouvaient y évoluer au trot et tout à leur aise.
Le général Patrice de Mac Mahon était, par
son mariage, le beau-frère de Monseigneur Je
Duc de Guise. Dans toutes les circonstances
où tes Princes de la Maison de France se réu-
nissaient dans les heures douloureuses d'un
deuil ou à l'occasion d'un mariage le duc
de Magenta occupait dans la famille royale la
place ta plus honorable. On appréciait ses qua-
lités de cœur et d'esprit, et aussi un passé
militaire digne d'un grand nom.
,Monseigneur le Duc de Guise avait pour son
beau-frère une touchante affection. L'auguste
exilé aura la grande tristesse de ne pouvoir
suivre la dépouille de son beau-frère.
C'est de la terre étrangère que le chef de
la Maison de France s'associera douloureuse-
ment par la pensée à la triste cérémonie et aux
hommages rendus à ce vaillant soldat français.
Louis de Joantho
Est-ce l'épave de «l'Oiseau blanc»?
Londres, 23 mai.
On mande de "New- York à l'agence
Reuter
« Un vapeur a envoyé un radiotélé-
gramme disant qu'un avion blanc a été
aperçu, à 15 h. 38 (heure de Londres), à
environ 360 milles au nord-ouest des îles
Açores.»
LA DESTRUCTION
DES FORTERESSES ALLEMANDES
Il faut voir
pour croire
La comédie dure depuis un mois. Et
l'on se demande quelles arrière-pensées
cache le petit scénario diplomatico-juri-
dique inauguré par le gouvernement al-
lemand pour éluder le « constat » de la
destruction des ouvrages fortifiés de la
frontière de Prusse orientale.
Les Deutschnazionalen ne veulent en-
tendre parler à aucun prix de quoi que
ce soit qui pourrait ressembler à une ré-
surrection de la commission de contrôle
militaire interalliée, supprimée par le
conseil de la Société des nations. Pour
complaire aux nationalistes, qui domi-
nent le cabinet du Reich, M. Strese-
mann soulève toutes les objections, pos-
sibles et imaginables à l'intervention
des attachés militaires alliés chargés de
s'assurer de la réalité des démolitions.
Les visites d'ambassadeurs et chargés
d'affaires allemands à Londres et à Pa-
ris se sont multipliées ces dernières se-
maines auprès de M. Chamberlain et de
M. Briand pour amorcer des négocia-
tions à ce sujet.
Paris a fait la sourde oreille, M.
Briand ayant fort justement observé
qu'il n'y avait pas lieu de négocier'après
les formelles promesses du gouverne-
ment allemand.
On pourrait croire sur parole le gé-
néral von Pawels, chargé de l'exécution,
s'il n'avait été, à trois reprises, au cours
des négociations de mars dernier, pris
en flagrant délit d'erreur ou de dissi-
mulation par les experts du comité mi-
litaire interallié de Versailles.
Londres, qui était jusqu'à présent
resté sur la réserve, paraît vouloir en
sortir. Le gouvernement britannique
semble peu disposé admettre la sug-
gestion allemande de montrer à la
conférence des ambassadeurs des photo-
gr.aphies .des fortifications détruites (1)
ou d'organiser une petite tournée d'ins-
pection dirigée (?) par un expert mili-
taire américain.
Chacun saitj que l'on peut truquer les
documents photographiques le plus ai-
sément du monde. Quant à l'interven-
tion d'un.observ,ateur américain, elle se-
rait pour le moins singulière en l'occur-
rence, les Etats-Unis ayant décliné toute
responsabilité Quant à J'exéjBution des
traités qu'ils ont refusé de ratifier:
Pu point de vue du gouvernement
britannique dit-on dans les milieux in-
formés de Londres, l'Alléniagne ferait
preuve de bonne volonté et de bonne foi
en invitant les attachés militaires des
grandes puissances à Berlin à se ren-
dre compte « de visu » de l'exécution
des travaux de démolition.
Il n'y a pas lieu de négocier à ce sujet.
La question est des plus simples et des
plus claires. Tous les ouvrages fortifiés
condamnés sont reconnus et repérés
dans le texte de l'accord intervenu entre
le général von Pawels-et la conférence
des ambassadeurs. Une visite de mili-
taires alliés sur les lieux suffira à les
convaincre de la réalité des destructions,
sans qu'il y ait la moindre atteinte por-
tée au prestige allemand.
L'Allemagne ayant, pour s'exécuter,
jusqu'au lor juin, il* n'y aura pas à Ber-
lin de démarche officielle des puissan-
ces pour inviter le Reich à tenir ses en-
gagements. Mais, passée cette date,
une pression franco-britannique pour-
rait fort bien faire comprendre au gou-
vernement allemand qu'il a tout avan-
tage à ne plus bouder les experts mili-
taires alliés pour un constat qui, à tous
égards, s'impose.
René Lara
LES RELATIONS ANGLO-SOVIÉTIQUES
RUPTURE AUJOURD'HUI
Un important conseil de cabinet a été
tenu hier, à Londrès, sous la présidence
de M. Baldwin. Il avait pour but de per-
mettre aux ministres de Sa Majesté bri-
tannique de prendre une décision en ce
qui concerne les relations futures avec les
soviets.
Avant la réunion, le Premier anglais et
sir Austen Chamberlain s'étaient longue-
ment entretenus de la question.
La décision prise sera communiquée au-
jourd'hui même aux Communes, au cours
d'une importante déclaration, et un débat
suivra qui occupera vraisemblablement
toute la séance de jeudi.
Cette déclaration est, d'après le corres-
pondant parlementaire de l'agence Reuter,
l'objet de toutes les conversations dans les
couloirs de la Chambre, où la conviction
est maintenant générale que ce que dira
le gouvernement impliquera une rupture
complète avec la Russie.
Cette rupture. les journaux anglais
d.'hier la faisaient du reste prévoir. Le
Daily Mail, qui s'est particulèrement pré-
bccupé des conséquences de la perquisition
dans les bureaux de l' « Arcos annonçait
que les; membres du cabinet (.estimaient
qu'il n'y avait pas d'autre alternative post
sible. -.̃̃̃̃
Il ajoutait que le ministre de l'intérieur,
sir Joynson Hicks, ferait connaître à ses
collègues le résultat des perquisitions et
que les documents saisis établissent l'exis-'
tence en Grande-Bretagne d'une conjura-
tion révolutionnaire parfaitement orga-
nisée et ayant à sa tête la légation des
soviets. Ces documents ont été communi-
qués au Foreign Office et ils ont convaincu
sir Austen Chamberlain qu'il n'était pas
possible de retarder davantage la rupture.'
VEvening Neivs dit que le gouvernement
britannique dénoncera le traité commer-
cial anglo-russe et ordonnera l'expulsion
des membres de la délégation commer-
ciale. Une note serait ensuite adressée à
Moscou en réponse à la protestation des
soviets contre la perquisition, et elle cons-
tituerait la dernière communication. diplo-
matique entre le gouvernement de Londres
et celui deJ'U.R.S.S.
AJoutona- que. les soviets, .qui -prévoient-
évidemment cette solution, ont fait trans-
férer à Amsterdam l'or russe qui était dé-
posé dans certains établissemnts de crédit
londoniens. Cette décision a du reste causé
un certain émoi dans les milieux finan-.
ciers de la Cité.
Denys Meulhan
LE RETOUR DE DORIOT
Le député communiste Doriot, in-
culpé, comme on sait, pour son rôle de
trahison en Chine, annonce par ce télé-
gramme que publie l'Humanité qu'il
revient en France
Vladivostock 120/22 34 mots 22/14/29,
Via Northern.
En route pour France, je reçois nouvelle
de ma poursuite et de l'intention du gou-
vernement de reprendre mon inviolabilité
sans avoir entendu mes raisons. Retourne
promptement pour ma défense. DORIOT.
Naturellement, l'Humanité prétend
que cette défense sera, un acte d'accu-
sation mais il dépend du gouverne-
ment qui a en main un dossier écra-
sant de ne pas permettre que les rôles
soient intervertis.
Et M. Tchitcherine, ministre des af-
faires étrangères des soviets, comme
nous l'avions pressenti hier, est arrivé à
Paris.
Les Échos
M. Tchitcherine en voyage.
Avant de venir à Paris, M. Tchitche-
rine a fait un agréable voyage dans le
Midi. Si nous en croyons nos confrères
méridionaux, il a voyagé là-bas en tou-
riste opulent.
« Ce n'est pas sans surprise, écrit le
correspondant du Petit Marseillais à
Avignon, qu'on a vu ce commissaire du
peuple se fixer dans le premier hôtel
d'Avignon et s'entourer de tout le luxe
confortable pour poursuivre sesrran'don-
nées artistiques. 'C'est même en compa-
gnie d'un agent du service local de la
Sûreté qu'il a visité la région. Château-
neuf-du-Pape, Orange, le pont du Gard,
Les Baux, la tour de Philippe le Bel et
la Chartreuse de Villeneuve ont succes-
sivement et très longuement retenu son
admiration. »
Si, à Avignon, on a pu être étonné que
l'excellent commissaire du peuple se
soit montré 'touriste opulent, à Paris on
lé sera moins, car on sait, depuis long-
temps, que la gent soviétique ne se platt
que'dans le faste et la bombance.
Avec les beaux jours reviennent les
voyages, les départs en automobiles.
S'il vous manque une médaille de saint
Christophe pour écarter les accidents
de route, la cantine confortable pour
auto, la mallette garnie, le nécessaire
pique-nique, la canne-siège, la montre
chronomètre et tous ces objets utiles et
charmants indispensables au voyage,
faites vous conduire chez Kendall,
17, rue de la Paix. Tout cela, il le pos-
sède et. d'un goût infini. C'est là que
vous trouverez aussi, désormais, la cou-
tellerie de Touron, depuis la canif de
luxe jusqu'aux services complets. En
un mot, définir le ma,,asin de Kendall,
c'est bien la rue de la Paix.
LES GRANDES VENTES
Samedi, dimanche et hier, le grand hall de la
galerie Petit a reçu îa visite de l'élite des ama-
teurs passionnés pour tout ce que le dix-huitième
siècle nous a légué. Ils y étaient venus en rangs
serrés contempler les six tapisseries de la Manu-
facture royale de Beauvais de l'époque Louis XV,
qui y étaient exposées les deux premiers jours
et qui y furent vendues aux enchères, hier, par
MI Lair-Dubreuil et André Couturier, assistés
de MM. Mannheim, experts.
Ces tapisseries, faisant partie de la tenture des
« Fêtes italiennes », d'après François Boucher,
ont été exécutées sous les directions de Ees-
nier et d'Oudry en 1734-1753 et furent tissées
avec diverses variantes pour le Roi de Suède,
le duc d'Arenberg, etc. Ce fait indique suffisam-
ment leur somptuosité. Ebfes représentent La
Danse, La Musique, La Chasse, La Pêche, figu-
rées par des sujets où le charme le dispute à
la grâce dans des décors lumineux; deux entre-
fenêtres représentent des scènes galantes et
champêtres aux doux coloris.
Mises en vente, en présence d'une assistance
nombreuse et choisie, la Danse est allée à
1,330,000 francs; ia Musique, 1,320,000 francs;
la Chasse, 805,000 francs (acquise par le Musée
Jacquemart-André); la Pêche, 540,000 francs.
Les deux entre-fenêtres ont été payés 860,000
francs.
La vacation, qui a duré exactement vingt
minutes, a réalisé 5,075,000 francs.
Réaliser une pareille somme en si peu de
temps, c'est un véritable record de vitesse 1
Deux avis valent mieux qu'un.
Après avoir consulté le bijoutier de
votre choix, soit pour une vente ou un
achat de bijoux, voyez les experts joail-
liers fabricants Sirop et Pauliet, qui
vous renseigneront toujours utilement.
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222, rue Saint-Martin (Archives 01-69).
Voir notre cours officiel des métaux
précieux et notre barème des brillants.
Nous apprenons que les Etablisse-
ments Jacob, Delafon, dont les appa-
reils sanitaires baignoires, chauffe-
bains, lavabos, filtres, etc., ont une ré-
putation mondiale; vont très prochaine-
ment transférer leurs magasins d'expo-
sition et de vente,1 actuellement 45, rue
Laffitte, dans un immeuble qu'ils vien-
nent d'acquérir 6, rue du Paradis.
La mort d'un vieux brave.
On annonce de Londres la mort, à
l'âge de quatre-vingt-seize ans, du ser-
gent-major Edwin Hughes, qui était le
dernier survivant de la brigade légère,
devenue historique par la meurtrière
charge de Balaclava, au mois d'octobre
1854, au début de la guerre de Crimée
charge exécutée dans la vallée de la
mort p, comme on l'a appelée depuis, et
au cours de laquelle la plus grande par-
tie des soldats anglais furent foudroyés
parles canons russes. Edwin Hughes
eut son cheval tué sous lui, lui-même
fut grièvement blessé et emporté comme
mort.
On sait que, sans l'intervention d'une
brigade française, commandée par le
général Bosquet, toute la brigade' légère
aurait été anéantie.
COUP DE CRAYON
UN LIVRE.
LAVIGERIE
PAR
FRANCIS JAMMES
Lavigerie, primat d'Afrique, le « lion du
Christ le grand cardinal conquérant pacifique
du désert. et Francis Jamm.es, le puissant
et tendre poète chrétien du pays basque. ces
deux âmes sont de la même famille!
L'o:uvre ne s'apparente à rien. La critique
étonnée salue tes débuts d'un genre littéraire
nouveau et le ton de l'épopée moderne miracu-
leusement trouvé.
En voyant la légèreté avec laquelle
certaines personnes placent leurs éco-
nomiés, on ne peut se défendre de pen-
ser que ceux qui ont'acheté de beaux
bijoux peuvent les réaliser chez fleur
bijoutier ou chez Dusausoy, l'expert
joaillier, 41, boulevard des Capucines.
Les élégances françaises triomphent à
Madrid.
Une présentation de la haute couture
parisienne, avec défilé d'environ trois
cents modèles, vient d'avoir lieu dans
les salons, de l'un des grands hôtels de
la capitale espagnole.
Près de deux mille personnes y assis-
taient, entre autres 1 infante Isabelle,
l'infant Don Fernand, le président du
conseil, les ministres des finances, de
l'instruction, de la guerre, du travail et
toutes les autorités.
Le succès a été colossal.
Les événements les plus fâcheux ont
parfois d'heureuses conséquences. Un
acheteur de Perret-Vibert a acquis en
Chine, à des prix exceptionnellement
avantageux, en raison des troubles poli-
tiques, une collection de porcelaines,
broderies, jaques et pierres dures ac-
tuellement exposées boulevard
Il faut avoir vu à la Foire de Paris
le hall de l'Electricité, où est présentée
l'exposition sensationnelle et éminem-
ment attractive de la Bulle Clock, la
pendule électrique moderne française la
première du monde.
Sur la plate-forme de l'autobus.
Le boulevard est encombré la circu-
lation est arrêtée depuis plus de cinq
minutes. Le chauffeur d'un autobus im-
mobilisé lâche mélancoliquement cette
phrase typique
Mon Dieu ce qu'il y en a des autos
pour nous empêcher de passer
Cela ne s'invente pas.
Le Coq
DERNIERS COURS DES CHANGES
Livre, 124 025 (+ 0 005). Dollar, 25 535
(- Belga, 354 50 (- 025). Lire,
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Après Bourse, à 18 heures. Livre, 124 025.
Dollar, 25 535.
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journée du 24 mai
Région parisienne: vent de nord-ouest à ouest
modéré; ciel nuageux ou très nuageux avec
éclàircies.
Même température.
AUJOURD'HUI
14 heures. Courses à Enghien.
La question des fourrures
11 ne faut pas généraliser notre opti-
misme.
Alors que l'on s'attendait à une baisse sur
tous les articles, la' Fédération des syndi-
cats de la fourrure nous informe que les
dernières ventes de Londres et du Canada
ont eu lieu ces jours-ci avec une augmen-
tation de 20 à 40 0/0 sur la majorité des
pelleteries d'origine, vison, hermine, lynx,
renards de toutes sortes, croisés, bleus, ar-
gentés, blancs, etc., et jusqu'à ses plus mo.
destes confrères, et cependant cette hausse
qui se fera sentir prochainement ne sera
malheureusement pas la dernières la con-
sommation intense et mondiale de la four-
rure, par sa vogue toujours croissante,
ayant épuisé tousïes stocks disponibles, les
inondations actuelles tant en Amérique
qu'au Canada ne peuvent être par la suite
que préjudiciables a cette situation.
Le marché semble donc encore à présent
favorable aux achats.
LE TRAIN DÉ LUXE ROME-NAPLES
BRUIE EN PLEINE CAMPAGNE
L'alerte fut donnée par un aviateur qui
survolait le convoi sinistré
Un avion venait de s'envoler de l'aéro-
drome de Ciampino lorsque l'aviateur
aperçut au-dessous de lui un train de
lye de la ligne Rome-Naples, composé de
huit wagons-lits et d'un wagon-restaurant,
qui flambait. L'avion revint immédiate-
ment à l'aérodrome et donna l'alarme. De
Ciampino et de Rome partirent immédia-
tement des pompiers. Cinq voitures sur
huit furent complètement détruites par les
flammes. H -n-'y. a pas de victime. Les
dégâts se chiffrent à cinq millions de lires.
Le Communisme
et le Parlement'
Pour les parlementaires de toutes
nuances, la question ir.ortante aujour-
d'hui c'est celle du mode de scrutin qui
les ramènera au Palais-Bourbon ou les
en écartera. Pour la plupart des Fran-
çais, la question importante c'est celle
de la défense contre le communisme.
A,u Palais-Bourbon les idées se rétré-
cissent, se faussent. Tout se met à la me-
sure de l'intérêt électoral. L'esprit oc-
cupé eu leur réélection, il y a des dépu-
tés qui s'en vont disant « Le commu-
nisme, c'est une plaisanterie, un épou-
vantail inventé par nos gouvernants
pour nous rallier au scrutin d'arrondis-
sement »
Hélas non la propagande commu-
niste, le complot quotidien du commu-
nisme, n'est pas une plaisanterie. Nous
avons publié, le Figaro a publié, la Re-
vue de Paris a publié, depuis un mois,
des documents qui ne permettent pas
de prendre en souriant les manoeuvrés
de Moscou et les excitations de l'Huma-
nité.
Pour les parlementaires, rien ne
compte qui ne se traduit pas par une
majorité, et comme les communistes siè.
gent en nombre infime à la Chambre,
on.tient leur action pour dérisoire. L'his-
taire nous apprend à raisonner autre-
ment.
Pour les parlementaires, les Cachin,
les VaiUânt-Couturier qu'ils coudoient
dans les couloirs, avec lesquels ils con-
versent tous les jours, ne sont que des
camarades un peu plus passionnés, un
peu plus énergumènes que les autres,
mais qu'on juge bien inoffensifs. L'his-
toire nous apprend à juger autrement.
Que nos députés regardent autour
deux Ils se rendront compte que de
leur mode de scrutin les Français n'ont
cure, mais que des menaces que la ré-
volution fait peser sur notre vie écono-
mique, sur notre commerce, notre in-
dust.rie, sur la défense nationale, nous
sommes les uns et les autres extrême-
ment préoccupés Quand nous voyons
le communisme s'introduire à l'école,
susciter des séditions dans les casernes,
dans; les'équipages de la flotte. contami-
ner les ouvriers agricoles, nous som-
mes singulièrement émus, et il nous
semblerait horriblement scandaleux que
nos'députés se détournassent d'un -péril
aussi grave pour s'absorber dans leur
querelle au sujet du scrutin de liste ou
du scrutin d'arrondissement,'
Curtius
M. Doumergue le nomme chevalier
de la Légion d'honneur et l'Aéro-
Club le reçoit solennellement
UN DON DE 350,000 FRANCS
PAR M. GEORGES BRUNI
L'enthousiasme de Paris, de la France
entière et, sans doute, de l'univers pour
le triomphateur de l'Atlantique ne di-
minue pas. Aux Etats-Unis, on a la
fièvre.. il faut, disent des télégrammes,
se reporter au matin de l'armistice pour
trouver quelque chose d'équivalent. La
manière dont Lindbergh fut accueilli
au Bourget, dans la nuit de samedi à
dimanche, les démonstrations de sym-
pathie et d'admiration qui lui ont été
prodiguées par la foule parisienne ont
eu un retentissement considérable de
l'autre côté de l'Atlantique, où l'on ap-
précie avec quel esprit la France, bien
que déçue par l'échec de Nungesser. et
Coli, applaudit- sincèrement le cham-
pion américain. Ce fair play » enthou-
siasme toutes les classes de la société
américaine et provoque des manifesta-
tions qui rappellent les grands élans que
nous connûmes il y a dix ans.
L'aviateur est retourné au Bourget
Hier matin, la première préoccupa-
tion de Lindbergh fut de se rendre au
Bourget. Comme- on aime un chien fi-
dèle, Lindbergh a pour le prodigieux
engin, qu'est son avion un peu de l'af-
fection qu'on a pour une bête chère.
L'aviateur, accompagné de M. Myron T.
Herrick, ambassadeur des Etats-Unis, se
rendit donc d'abord au Bourget. Quand
il vit que l'on avait fait au Spiril-of-
Saint-Louis les réparations que nécessi-
tait son état, eT qu'il était placé dans
un hangar du service de la navigation
aérienne, à côté d'un avion qui avait
appartenu à Blériot et qui fit la traver-
sée de la Manche en 1909, Lindbergh eut
un large sourire d'enfant qui a retrouvé
un jouet favori. A grandes enjambées,
Lindbergh revint vers 'son auto et fila
vers Paris.
Le président de la République lui remet
la croix de la Légion d'honneur
Un peu avant midi, Lindbergh, tou-
jours accompagné de l'ambassadeur
d'Amérique, arrivait à l'Elysée. Aussi-
tôt introduit auprès de M. Doumergue,.
celui-ci lui serrait affectueusement les
mains, le félicitait au nom de la France
entière et, minute émouvante, épinglait
sur la poitrine du jeune aviateur la
croix de la Légion d'honneur. Quand le
chef de l'Etat lui eut donné l'accolade,
les personnalités présentes accompagnè-
rent le Président et Lindbergh dans les
jardins de l'Elysée, où l'entretien se
poursuivit cordialement en présence des
photographes et opérateurs de cinéma.
Une réception à l'Aéro.Club
A- cinq heures, l'Aéro-Club de France,
à son tour, recevait Lindbergh dans son
hôtel de la rue François- Que da
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