Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-11-14
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 novembre 1882 14 novembre 1882
Description : 1882/11/14 (Numéro 121). 1882/11/14 (Numéro 121).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524425d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Mardi 14 Novembre 1832
PÀrnsT É B centimes. Départements et Gares S£© centimeé
Seizième Année Troisième Série Numéro 121
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Un GABLOIS et rARIS-JOURNAt
RÉDACTION
9, boulevard des Italien», «
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-̃' ABONNEMENTS 1
OntUa nÂnaH'AmAnfft
caau ~y.
On mois 5 ff Un mois. 6 îrv.
Trois mois. 13 50 'Trois mois 16 fr.
Trois 13 50 'Trois mois 16 fr.>
Six mois 27 fr. Six mois. S2'fr.
Un an. 54 fr. Un an. 64 fr.
Etranger
Trois mois ( Union postalei 18 Irv
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S tditteur t» C*«/
• Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL '>̃̃•'
ADMINISTRATION
•j. boulevard des Italiens, »
BI DIX HKUEKS A CINQ HEÇBI»
ABONNEMENTS, PETITE'S ANNONCKS
r ;aSNS.BI.GNH»'M.ENT.& ')
t, boulevard des Italiens,
ANNONCÉS
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[' 6, PZ.ACB DS LA BOURSE, 6
El i i AdminUtration du Journal
A partir du 1" décembre prochain, le
Gaulois sera entièrement imprimé en
caractères neufs.
Il résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quantité de matières.
llE- LOUP-'
'Voici ce que nous raconta le vieux
marquis d'Arville la fin du, dîner de
Saint-Hubert, chez le baron des Ra-
Vols
On avait forcé un cerf dans le jour.
• Le marquis était le seul des convives
qui n'eût point pris part à cette pour-
suite, car il ne chassait jamais.
Pendant toute la durée du grand re-
pas, on n'avait guère parlé que de massa-
cres d'animaux. Les femmes elles-
mêmes s'intéressaient aux récits san-
guinaires et souvent invraisemblables,
et les orateurs mimaient les attaques et
les combats d hommes contre des bêtes,
levaient les bras, contaient d'une voix
tonnante.
M. d'Arville parlait bien, avec une
certaine poésie un peu ronflante, mais
pleine d'effet. Il avait dû répéter souvent
celte histoire, car il la disait couram
jnent, n'hésitant pas sur les mots choisis
avec habileté pour faire image.
• #*#
Messieurs, je n'ai jamais chassé,
mon père noa plus, mon grand-père non
plus, et, non pks, mon arrière-grand-
pére. Ce dernier était fils d un
nomme qui chassa plus que vous tous.
Il mourut en 1764. Je vous dirai com-
ment.
II se nommait Jean, était marié, père
dé cet enfant qui fut mon trisaïeul, et
H habitait avec son frère cadet,François
à'Arville, notre château de Lorraine, en
pleine forêt.
̃ François d'Arville était resté garçon
par amour de la chasse.
Ils chassaient tous deux d'un bout à
l'autre de l'anuée, sans repos, sans ar-
rêt, sans lassitude. Ils n'aimaient que
cela, ne faisaient que cela, ne comp.re-
naient pas autre chose, ne parlaient que
de cela, ne vivaient que pour cela.
̃ Ils avaient au cœur cette passion ter-
rible, inexorable. Elle les brûlait, les
ayant envahis tout entiers, ne laissant
de place pour rien autre.
Ils avaient défendu qu'on les déran-
geait jamais en chasse, pour aucune
raison, tylon trisaïeul naquit pendant
que son père suivait un renard, et Jean
'Arville n'interrompit point sa -«oourse,
mais il jura: « Non d'un nom,cegredin-
là aurait bien pu attendre après l'hal-
lali »
Son frère François se montrait encore
plus emporté que lui. Dès son lever, il
allait voir les chiens, puis les chevaux,
puis il tirait des oiseaux autour du châ-
teau jusqu'au moment de partir pour
fQrcer quelque grosse bête.
On les appelait dans le pays M. le
Marquis et M. le Cadet, les nobles d'a-
iors ne faisant point, comme la noblesse
d'occasion de notre temps, qui veut éta
blir dans les titres une hiérarchie des-
cendante car le fils d'un marquis n'est
pas plus comte, ni le fils d'un vicomte
baron, que le fils d'un général n'est
colonel de naissance. Mais la vanité
mes-quine du jour trouve profit à cet
arrangement.
Je reviens à mes ancêtres.
Ils étaient, paraît il, démesurément
grands, osseux, poilus, violents et vi-
goureux. Le jeune, plus haut encore
que l'aîné, avait une voix tellement forte
que, suivant une légende dont il était
fier, toutes les feuilles de la forêt s'agi-
taient quand il criait.
Et lorsqu'ils se mettaient en selle tous
deux pour partir en chasse, ce devait
être un spectacle superbe de voir ces
deux géants enfourcher leurs grands
chevaux.
"̃ Or, vers le milieu de l'hiver de cette
année 1764, les froids furent excessifs et
les loups devinrent féroces.
Ils aitaquaieut même les paysans at-
tardés, rôdaient la nuit autour des mai-
sons, hurlaient du coucher du soleil à
Son lever^ et dépeuplaient les étables.
Et bientôt une rumeur circula. On
parlait d'un loup colossal, au pelage
gris, presque blanc, qui avait mangé
deux enfants, dévoré le bras d'une
femme, étranglé tous les chiens de
garde du pays et qui pénétrait sans peur
dans les enclos pour venir flairer sous
les portes. Tous les habitan's affir-
4jinaient avoir senti son souffle qui faisait
vaciller la flamme des lumières. Et bien-
tôt une panique courut par toute la pro-
vince. Personne n'osait plus sortir dès
que tombait le soir. Les ténèbres sem-
blaient hantées par l'image de cette
bête.
Les frères d'Arville résolurent de la
trouver et de la tuer, et ils convièrent à
de grandes chasses tous les gentilshom-
mes du pays.
Ce fut en vain. On avait beau battre
les forêts, fouilier les buissons, on ne la
rencontrai^ jamais. On tuait des loups,
mais pas celui-là. Et, chaque nuit qui
suivait la battue, l'animal, comme pour
se venger, attaquait quelque voyageur
.ou dévorait quelque bétail, toujours
loin du lieu où on l'avait cherché.
Une nuit enfln.il pénétra dans l'étable
aux porcs du château d'Arville et man-
gea les deux plus beaux élèves.
Les deux frétés furent enflammés de
colère, considérant cette attaque comme
une bravade du monstre, une injure di-
recte, un défi. Ils prirent tous leurs va-
lets et vassaux, tous leurs forts limiers
habitués à poursuivre les bêtes redou-
tables, et ils se mirent en chasse, le
cœur soulevé de fureur.
Depuis l'aurore jusqu'à l'heure ou le
soldil empourpré descendait derrière
les grands arbres nus, ils battirent les
fourrés sans rien trouver.
Tous deux enfin, furieux et désolés,
revenaient au pas de leurs chevaux par
une allée bordée de broussailles,. e|
s'étonnaient de leur science déjouée p'&r
ce loup, saisis soudain d'une softe'de
crainte mystérieuse. "JÈÊfc"
L'aîaé disait ..fWf F
Cette bête-là n'est point ordinaire.
On dirait qu'elle pense comme un
homme.
Le cadet répondit
Il faudrait peut-être faire bénir une
balle par notre cousin l'évêque ou
prier quelque prêtre de prononcer les
paroles qu'il faut. J
Puis ils se turent. '̃'
Jean reprit
Regarde le soleil, s'il est rouge. Le
grand loup va faire quelque malheur
cette nuit. *>.
II n'avait point fiai «è parler que son
cheval se cabra celui de François se
mit à ruer. Un large buisson couvert de
feuilles mortes s'ouvrit devant eux, et
une bête colossale, toute grise, surgit,
qui détala à travers le bois.
Tous deux poussèrent une sorte de
grognement de joie, et, se courbant sur
l'encolure de leurs pesants chevaux, ils
les jetèrent en avant d'une poussée de
tout leur corps, les lançant d'une telle
allure, les excitant, les entraînant, les
affolant de là voix, du geste et de l'épe-
ron, que les forts cavaliers semblaient
porter les lourdes bêtes entre leurs
cuisses, et les enlever comme pour s'en-
voler.
Ilsallèrentlfeinsi, ventre à terre, cre-
vant les fourrés, coup-int les ravins,
grimpant les côtes, dévalant dans les
gorges, et sonnant du cor à pleins pou-
mons pour attirer leurs gens et leurs
chiens.
Et voilà que soudain, dans cette
course éperdue, mon aïeul heurta du
front une branche énorme/ qui lui fendit
le crâne; et il tomba raidé mort sur le
sol, tandis que son cheval' affplé s'em-
portait, disparaissait dans l'ombre enve-
loppant les bois.. ̃
Lecadet-d'Arville s'arrêta net, sauta
par terre, saisit dans ses bras son frère,
et il vit que la: cervelle coulait de la tête
avec le sang. Il appela, mais en vain.
Alors, il s'assit près du corps et attendit,
gagné par une sorte de peur, voyant
dans cet horrible accident une sorte de
vengeance du loup fantastique. Les té-
nèbres s'épaississaient, le froid aigu
faisait craquer les arbres. François,
frissonnant, souleva de ses mains de co-
losse le grand corps de Jean, et le cou-
cha en travers de la selle pour le repor-
ter au château; puis il se remit en mar-
che doucement, la tête troublée comme
s'il était gris.
Et brusquement, dans le sentier qu'en-
vahissait la nuit, -une grande forme
passa. C'était la bête. Un frisson glacé
courut sur les reins du chasseur, à ce
retour brusque de l'effrayant rôdeur;
mais ses yeux retombèrent sur le corps
inerte couché devant lui et il se sentit
frémir d'une fureur désordonnée.
Alors il piqua son cheval et se rua
derrière le loup.
Tantôt il le perdait de vue, puis l'a-
percevait de nouveau; et la tête et les
pieds de Jean battaient les arbres des
ronces se prenaient aux cheveux.
Et, soudain, dans le fond d'un vallon,
la bête fut acculée. Alors François mit
pied à terre et, seul, s'avança. Il se sen-
tait fort à culbuter une montagne, à
broyer dans ses bras un bloc de granit
il coupa la gorge du fauve d'un seul re-
vers de son couteau de chasse. Alors
une joie profonde, délirante, l'inonda,
et; saisissant son frère mutilé, il le
dressa, criant
Regarde, Jean; regarde ça 1
Et les valets, qui cherchaient leurs
maîtres, le trouvèrent assis entre les
deux cadavres, et il pleurait, répétant
Si ce pauvre Jean avait pu voir ça
avant de mourir • v
La veuve de mon aïeul inspira à son
fils orphelin l'horreur de la chasse, qui
s'est transmise, de père en fils, jusqu'à
moi.
Le marquis d'Arville se tut.Quelqu'un
demanda
Cette histoire estune légende,n'est-
ce pas ? `t
Et le conteur répor.dit
Je vous jure qu'ellp est vraie de
tout point. François, jusqu'à sa mort,
ne regretta qu'une chose, c'est que son
frère n'eût pas vu son combat avec le
monstre.
Alors une femme prononça d'une pe-
tite voix douce
C'est égal, c'est beau d'avoir des
passions pareilles.
GUY DE MAUPâSSANT
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. 'Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
HEI-'O
Potage pâtes d'Italie au consommé
Hors-d'bsuvre
Filets de dorades à la portugaise
Pommes de terre à l'anglaise
Quartier de pré salé bretonne
Civet de lièvre à la française
Poulardes de la Bresse au cresson
Salade e
Artichauts barigoule
Charlotte de pomme- à la parisienne
Glace
Parfait au café •
Dea8erts
Le saloa des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à la narte-au res-
taurant.- Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
'Lé programme- du dlner-concert. (Voir à 1*
4- page.)
Musée Grévin, 10, boulavard Montmartre.
Do onze heures du matin à onze heures du soir.
Français, 7 h. 3/4. Le Petit Hôtel". Le
Marquis de Villemer.
Opéra-Comique, 8 h. Mignon.
tC POLITIQUE
La voilà, cette -Chambre à laquelle le
bon M. Duclerc disait, si courtoisement,
dans sa déclaration, jeudi dernier « La
source de notre influence extérieure est
ici. • Elle est jolie, la source! Est-elle
assez troublée, la source La séance
d'hier la troisième de la session
montre ce que l'on peut attendre d'une
Chambre capable de dire passionné-
ment blanc et noir au cours de la même
journée, et d'injurier son président, par-
dessus le marché, au milieu d'un tapage
insensé. Elle ne sait pas ce qu'elle veut,
la Chambre, mais elle le veut bruyam-
ment.
La source du mépris qui, chaque jour,
croît dans le pays pour la République
est dans cette Chambre ignare, bruyante
et malfaisante. Elle est ailleurs encore,
mais elle est dans cette Chambre avant
tout. Cette Chambre, c'est la parfaite
image de la République où nous patau-
geons. Jamais le mot gâchis^ n'a autant
servi. Jamais il n'a été aussi mérité.
C'est une vraie débâele de boue.
La faiblesse du ministère a été iné-
narrable dans ce débat sur le budget des
cultes. Elle n'a d'égale que l'impérîtie
des uns, la mauvaise foi des antres.
Tout le monde est sorti battu de la
honteuse séance d'hier, exeeptéMa droi-
te, qui a tenu dans ses mains le sort de
cetremblotant ministère, en ga|jfè*ûialgre
lui dans la discussion, forcé oavoir un
avis à son corps défen-iant.ue quel-
ques députés de la droite -fi© fussent
abstenus, comptant sur lé Sénat pour
rétablir les crédits supprimés par les
gauches, et le cabinet se trouvait en mi-
norité. t,
La droite a préféré, heureusement
pour le ministère,* obéir à sa conscience
au lieu de faire de la stratégie parle-
mentairej H. P.
LE MONDE ET LA VILLE
Deux belles premières sont annoncées
pour cette semaine
Les Mères ennemies, à l' Ambigu-Co-
mique, et le Voyage à travers l'impos-
sible, à la Porte-Saint-Martin.
A l'Ambigu nous avons deux fau-
teuils d'orchestre et deux fauteuils de
balcon, à la Porte-Saint- Martin deux
fauteuils d'orchestre, à mettre, par la
voie ordinaire, à la disposition de nos
abonnés.
Qu'il se hâtent de s'inscrire 1
Il y aura, en outre, samedi prochain',
dans la journée, aux Menus-Pkisips-,
une représentation qu'on peut qualifier
d'extraordinaire.
C'est celle du Crime du Pecq, un
drame de MM. Albin Valabrègue etBer-
tal^Graivil, que la censure vient d'inter-
djre.â Paris, et qui va faire son tour d[é
Belgique.
Ces messieurs ont loué la salle du bou-
levard de Strasbourg pour pouvoir,
étant chez eux, offrir la primeur, de
l'œuvre proscrite à un certain nombre
de leurs amis.
Ils nous ont offert gracieusement qua-
tre invitations pour lesquelles nos abon-
nés sont également priés de s'inscrire.
L'attrait du fruit défendu nous répond
de leur empressement.
M. le baron Beyens donnera, demain,
à la Légation de Belgique, un dîner di-
plomaaque, à l'occasion de la fête de
son souverain, le roi Léopold.
Après avoir chassé Dieu de nos écoles,
voilà qu'on veut le chasser de nos
champs de repos.
Et savez- vous dans quel cerveau ma-
lade a germé cette idée sacrilège ?
Dans le cerveau de M. Oustry 1
La nouveau préfet de la Seine a grande e
hâte de donner des gages aux radicaux
du conseil municipal, et, sans qu'on l'y
provoque, avec une obséquiosité ser-
vile, il leur propose de faire disparaître
les croix, inscriptions, emblèmes reli-
gieux et souvenirs commémoratifs pla-
cés sur les tombes des morts par la piété
des survivants! 1
La haine des vivants ne leur suffit
donc pas, il leur faut encore la malédic-
tion des morts,!
Si M. Oustry n'a pas encore oublié ses
classiques, qu'il médite le proverbe la-
tin Quos vultperdere Jupiter dementat!
ou tout au moins qu'il relise son code
il ytrouvera le texte d'une loi qui punit
sévèrement la violation des sépultureSi
Presque en même que la reine Marie-
Christine accouchait d'une fille, la prin-
cesse royale de Suède accouchait d'un
garçon.
S. A. Sophie Marie- Victoria, qui est
âgée de vingt et un ans, est la fille du
grand-duc de Bade et de la grande-du-
chesse Louise, née princesse de Prusse.
Elle, a épousé, le 20 septembre 1881, le
prince Oscar- Gustave-Adolphe, duc de
Vermeland, l'aîné des quatre fils du roi
Oscar II, et petit-fils, par sa mère, du
duc de Nassau.
Le prince royal est venu, on le sait, â à
Paris, l'année dernière, avec Nordens-
kjold, le célèbre explorateur. Il nous
souvient même qu'un jour, étant allé
au bal de l'Opéra, il eut avec un garçon
du buffet, à propos du prix excessif
du champagne, une discussion dont s'é-
gayèrent beaucoup les journaux de l'é-
poque.
Du reste, l'économia et l'ordre, ces
deux vertus bourgeoises sont de tra-
dition dans la famille royale de Suède.
En 1861, le rot Oscar II, alors prince
héritier, habitait à Nice, dans le quar-
tier Saint-Etienne, une villa voisine de
celle d'Alphonse Karr, et il n'était bruit
en ville que de son âprcté au marchan-
dage avec les fournisseurs. Il avait élevé
l'art de couper les sous en quatre à la
hauteur d'un" principe. Voilà pour l'éco-
nomie. ^r
Quant â l'ordre, j'en ai retenu un
exemple assez pittoresque,
Le prince avait une bibliothèque assez
bien fournie. Un jour, Alphonse Karr,
avec lequel il entretenait des relations
de bon voisinage, lui dépêcha un garçon
jardinier pour le prier de lui prêter un
ouvrage de botanique.
Dites à M. Karr, répondit leprince,
que mes livres ne sortent pas de chez
moi. Qu'il vienne les consulter ici, j'au-
rai grand plaisir à lui faice les hon-
neurs de ma bibliothèque 1
A quelque temps de là, le prince, à
son tour, eut besein d'un arrosoir, et
fit prier l'auteur des Guêpes de lui prê-
ter le sien.
Dites au prince, répondit Alphonse
Karr, que mes arrosoirs ne sortent pas
de chez moi Que le prince vienne ar-
roser ici. J'aurai grand plaisir âlui faire
les honneurs de mon jardin 1
S. M. la reine Victoria et la princesse
Beatrix, sa fille, quitteront le château
de Balmoral, en Ecosse, aujourd'hui,
vers trois heures de l'après-midi pour
retourner à Windsor, où elles sont at-
tendues demain ma1 in, â neuf heures.
Il paraît que, vers la fin de décembre
on dans les premiers jours de janvier,
Paris aura la visite du bey de Tunis.
Les officieux insinuent que le «gou-
vernement, pressenti à ce sujet, n'a fait
aucune objection ».
Je crois bien. Il a même dû faire des
avances. Ça manque un peu de prestige
à l'Elysée^ et un souverain, si petit qu'il
soit, ça fait bien dans le paysage.
Il va falloir se mettre en dépenses.
Mais, comme Ali-Bey, par les lois de la
guerre, est le vassal de M. Grévy, il
aura le droit de le mal nourrir.
Nous commencions à nous blaser un
peu sur les enterrements -civils. Ce n'é-
tait plus drôle. Les libre penseurs,
pourtenir en haleine la gaieté française,
viennent d'inaugurer le baptême civil.
Et au vin blanc, s'il vous plaît
Pourquoi pas au petit bleu ? C'eût été
plus démocratique.
C'est dans une petite localité d'Indre-
et-Loire qu'a eu heu le premier essai de
ce nouveau sacrement. Le comptoir d'un
'chand de vins a servi de fonts baptis-
maux. On avait piqué sur la bavette du
pauvre petit excellent endroit une
énorme cocarde; et le maire, en lui ver-
sant le vin blanc sur la tête, a prononcé
ces belles paroles
̃ « Pierre- Victor X. je te baptise au
nom de la liberté, de l'égalité et de la
fraternité !» g
Moi qui suisunsimple, j'ai mais mieux:
le Père, le Fils et le Saint Esprit 1
A quand l'extrême-onction civile aux
huiles. de pétrole?
TJne grosse nouvelle d'escrime
M. Carolus Duran a donné sa démis-
sion de président de la Société française
d'escrime.
Cette détermination est attribuée à
des dissentiments avec divers membres
du comité.
On ne sait pas encore qui remplacera
M. Carolus Duran.
Une dépêche privée de Saint-Péters-
bourg nous apprend et nous ne re-
produisons cette nouvelle qde sous les
plus expresses réserves que, la se-
maine dernière, la police a arrêté une
vingtaine de personnes, parmi lesquel-
les se trouveraient plusieurs correspon-
dants de journaux, notamment M. Piè-
tre Merskoff, lé correspondant du Vol-
lai e.
Piètre. Merskoff est un pseudonyme,
qui cache un de nos compatriotes, jadis
très connu surles champs de courses, où
il accompagnait l'aimable baron d'É-
treillis, l'ancien starter, son père
adoptif.
Il avait quitté Paris depuis quelques
années, pour allers'établir à Varsovie, où
il dirigeait une revue française et où,
nous dit-on, il avait fait un riche ma-
riage.
La remise de la médaille que le con-
seil municipal a décidé d'offrir à M. de
Brazza aura lieu le 29 novembre.
Cette cérémonie aura un caractère
purement municipal, comme l'eut celle
organisée en honneur de M. Nordens-
k]old. • ss
} » i
Mme Love, la" femme du célèbre mé-
decin homéopathe, vient de succomber
à une maladie de cœur qui la minait de-
puis longues années.
.C'était une femme de grand cœur et
de grand esprit, et son salon, où les hom-
mes de lettres et les artistes recevaient
une large hospitalité, et dont, malgré
le mauvais état de sa santé, elle a fait
jusqu'au bout les, honneurs avec une
bemne grâce exquise, était un des der-
niers salons où l'on cause.
Les obsèques de Mme Love auront
lieu aujourd'hui, en l'église Notre-Dame
de Lorette, à midi précis.
On ne s'ennuie pas à Genève.
On y peut voir tous les jours, pour la
modique somme de cinquante centimes
dix sous un enfant à deux têtes.
« Ces deux têtes, dit le boniment,
pensent et ont chacune leurs idées
propres. Elles ont aussi un nom qui
les distingue.
» La tête qui s'appelle Jean peut par-
ler en français ou en anglais, pendant
que la tête Jacques soutient le dialogue
en allemand ou en italien.
« A vrai dire, ce sont deux enfants dis-
tincts dans la partie supérieure du corps,
mais soudés à la taille. Le ventre les
unit, les jambes les séparent; la jambe
droite se meut quand la tête droite le
désire. Pour marcher, il est nécessaire
que les deux têtes s'entendent. »
Mais, délicieux boniment, c'est le pro-
pre portrait de notre jeune République
que vous nous faites là. avec ses 'deux
têtes la tête opportuniste qui tire la
jambe droite à dia, tandis que la tête
radicale tire à hue la jambe gauche.
Un naïf se demande comment les
deux parties de ce phénomène, s'il se
développe, s'entendront à l'âge des pas-
sions.
Soyez tranquille, elles ne s'entendront
pas Elles se mangeront le nez récipro-
quement, et il n'en restera plus
Qu'un horrible mélange
D'os et de chair meurtris, et traînés dans la fange.
Des lambeaux pleins de sang et des membres
affreux
Q.uedes chiens dévorants s'arracheront entre eux
Salle comble hier soir au Dîner-Con-
cert du Grand-Hôtel, et grand succès
pour l'orchestre de Desgranges. A l'oc-
casion de la mort de Rossini, le pro-
gramme du concert ne comprenait que
des morceaux tirés des œuvres du maî-
tre. Bonne musique et dîner excellent,
c'est plu-; qu'il n'en faut pour justifier la
vogue des dîners-concerts du Grand-
Hôtel.
NOUVELLES A LA MAIN
Aux Variétés, à la dernière représen-
tation de LUI
Après la fanfare- exécutée si brillam-
ment par Mme Judic, un'vieil adaclémi-
cien,s'adressaut à son voisin
Ah ça, elle a donc changé d'em-
ploi ?
???
Dame, puisqu'elle joue maintenant
les Clairon
On m'a raconté hier, aux Bouffes, un
joli mot d'Alesaadre Dumas fils.
Un directeur de théâtre il est inu-
tile'de le nommer l'avait prié d'as-
sister â la répétition générale d'une co-
médie nouvelle que l'auteur, à la fois
tapissier et auteur dramatique, avait
mise, â ses frais, dans des meubles somp-
tueux.
Eh bien! lui demanda l'impresario,
qu'en dites-vous? N'est ce pas que c'est
enarmant? C'est presque du Molière.
Oui, répliqua l'auteur de la Dame
aux Camélias, du Molière. père
UN DOMINO
PETITE BOURSE OU SOIR
5 0/0. i14 70, G8, 75, 75.
Italien. 89 t5, 22, 20.
Turc. 12 22, 25.
Banque ôttomans. 773 75, 777 50.
Lots turcs. 56,
Bgypte 350, 35218, 361 87.
Extérieur nouveau. 63.
Rio. 611 87.
Panama. 478 75.
Tuais. 456 25.
Lombards, 295.
BOURSÏi M 1«NMES,I3NOY1IBRB
Derniers cours. Consolidés anglais,
102 3/16. EgyptaG 6 0/0 691/4; parité, 349 25.
Espagnol nouv., 62 90; parité, 62 96
Itaiien, 88 1/4; parité, 89 05. Turc, 12 28
parité, 12 Q5. Banque ottomane, 20 71; pa-
rité, 772 40. Rio-Tinto, 24 3/16; parité, 610.
Bloc -Notes Parisien
"~y
L'ANNEAU DE NAPOLÉON r
La table avait tourné et parlé. Les esprits
frappeurs avaient fait leur devoir en hon-
nêtes esprits, et la conversation, engagée
sur "la pente du merveilleux, allait son
train; chacun racontait quelque histoire de
l'autre monde. L'une des personnes pré-
sentes dit celle-ci
Depuis quelques années le parti bona-
partiste a été fort éprouvé: la mort du
Prince impérial est venu lui porter un coup
terrible mais cette mort si lointaine et si
tragique est l'œuvre d'une fatalité prévue,
disent certains fidèles des anciens jours.
Les hommes sont parfois superstitieux,
et Napoléon l'était plus qu'un autre. Il
croyait à son étoile et y faisait croire les
autres. On se rappelle le maréchal Mar-
mont, se promenant un soir de l'hiver de
1815 avec le duc Decrès, lui disant, en
montrant le ciel
Voyez-vous cette étoile ?
Non, répondit le duc, car le ciel est
brumeux.
Eh bien, Lui il la voit.
Lui', c'était l'Empereur. Outre son
étoile, Napoléon I0.r àVait un anneau. D'où
venait-il ? on n'en sait rien mais il y.
croyait comme à un talisman, et jamais il
ne le quitta. Lorsqu'il voulut s'empoison-
ner à Fontaûiebleau en 1814, il dit à Cor-
visart, qui le soignait:
Je ne devais pas mourir, j'avais oublié
mon talisman,
Et, en parlant ainsi, il lui montrait sa ba-
gue.
A sa mort, l'anneau, que l'on devait re-
mettre au roi de Rome, ne put arriver jus-
qu'à Vienne. On le donna alors à la reine
Hortense, qui le remit à son fils, le prince
Louis.
Napoléon III portait toujours cette ba-
gue, que l'on connaissait dans l'intimité
sous le nom de l'anneau de l'Empereur,
et une autre qui venait de sa mère.
Quand il causait debout avec quelqu'un,
il mettait ses mains derrière son dos, et
jouait avec ces bagues en les faisant glisser
dans ses doigts. Il arrivait souvent qu'elles
tombaient, et roulaient sur les parquets
bien cirés. Il fut plus d'une fois difficile de
les retrouver sous les meubles. A la mort
de Napoléon III, on voulut rendre ces an-
neaux au Prince impérial, et les enlever
des doigts glacés par la mort; mais le
jeune prince ne voulut jamais les repren-
dre, et il dit même à ceux qui insistaient
pour qu'il reprît au moins l'anneau de
Napoléon Ier
Non, non, je ne veux pas dépouiller
mon père.
Le talisman fut donc à jamais enfermé
dans le tombeau de Chislehurstj et perdu-
pour le fils du second Empereur. •
A cette époque, on entendit bien des
anciens serviteurs regretter cette délica-*
tesse et regarder comme un mauvais pré-*
sage la perte de ce porte-bonheur qui de-
vait rester aux mains ] de Th'éritier des Bo-
naparte. L ̃ '̃;̃. • }
Le Prince impérial est morif, edinme on
sait, et la prophétie semble0 se réaliser, au
moins aux yeux des croyànts. î! 1
Pour eux, quand ils en parlent bieajfeas)
le charme est-rômrju^le pacte avec la*"forr
tune déchiré. ̃'̃
Faute d'un anneau
TOUT-PARIS
M. ANDRIEUX
EXPLIQUÉ PAR LUI-MÊME
On a donné trop d'explications de la nouvelle
politique de M. Andrieux pour qu'il ne fût pas
intéressant de demander au » converti » les rai-
sons de « sa conversion ».
Un rédacteur du Gaulois est donc alléhièrf
chez M. Andrieux et, comme on va le voir,;«tl '•
a obtenu toute une confession. --j;
Votre discours, monsieur le député;
vous a fait passer au premier plan. Grâce
à vous, on ne parle même plus des cent
millions égarés par M. ,Tirard. Déjà
même, des-jo.aEaaux,annoncent,leminisi
tère Andrieux ils en discutent la com-
position. C'est pour toutes Ces raisons
que je viens, au nom du Gaulois, vous
prendre une conversation, ainsi que di-
sent les Américains..
Je ne sais pas si j'ai fait oublier les
cent millions de M. Tirard. Si oui, c'est
le seul service que j'aie rendu au gou-
vernement mais je sais bien qu'on a
tort de parler de ministère Andrieux.
» Tout d'abord la façon dont j'ai été ac-
cueilli hier prouve bien que, pour des
motifs personnels ou pour des considé-
rations politiques, un cabinet Andrieux
n'aurait pas de majorité. Ensuite, et
c'est sur quoi j'insiste, en apportant à la
tribune les déclarations que j'y ai faites,
je n'ai pas voulu poser ma candidature
â un portefeuille. J'ai dit tout simple-
ment ce que je pense depuis fort long-
temps et ce que je crois utile à la Répu-
blique.
» On est étonné. Mes amis ne le sont
pas. En effet, qu'ai je donc dit ou fait
qui ne soit pas conforme à la politique
que j'ai suivie depuis dix ans. Où est la
contradiction entre mes paroles d'hier
et mes discours et même mes actes an-
térieurs ?
» On m'accordera bien que ma vie po-
litique necommence qu'au 4 Septembre.
Avant le 4 Septembre, j'étais un tout
jeune homme, petit étudiant, puis petit
avocat.
» Engagé dans la lutte contre l'E mpi re,
j'ai pu prononcer des discours de débu-
tant dont je n'ai pas souvenir et qu'on
ne peut pas me reprocher. Ces actes de
la première jeunesse ne comptent pas.
Ma vie politique ne commence qu'au
4 Septembre. A partir de cette date, j'ai
été ce que je suis et ce qu'on me repro
che d'être aujourd'hui un républicain
conservateur et un homme d'ordre.
» Tous ceux qui m'ont suivi vous diront
que, depuis le 4 Septembre, ma vie poli-
tique, tous les apparences de la diver-
sité, a une unité réelle. Quant au fond, je
n'ai pas varié. Je m'explique.
» Au4 Septembre, j'ai été nommé à une
haute fonction publique à Lyon. J'ai la
conscience d'avoir fait courageusement
mon devoir de fonctionnaire et de ci-
toyen. Lyon était soumis à la tyrannie
de quelques démagogues constitués en `
comité de salut public. Ces gens-là
avaient arrêté des magistrats, des prê-
tres, des jésuites; ils avaient mis en
prison tous les commissaires de police
et en liberté tous les malfaiteurs. J'ai
sauvé tous les otages.
> Comme les démagogues n'auraient
pas obéi à mes ordres, il m'a fallu, au péril
de ma vie, organiser des évasions. Grâce
à moi, il n'y a pas eu de victimes. N'est-
ce pas là le fait d'un homme d'ordre? 1 y
s Plus tard, à la fin d'avril 1871, quand
la Commune fut proclamée à Lyon, moi,
fonctionnaire civil, je marchai aux bar-
ricades à la tête des troupes. Les insur-
gés s'emparèrent de moi. J'allais être
lusillé, quand une charge de cavalerie
renversa la bande dont j'étais le prison-
nier. Auprès de moi, le préfet Valentin
tomba frappé d'une balle. Je le pris dans
mes bras pour le porter à l'ambulance.
Ce jour-là, ne me suis-je pas conduit en
homme d'ordre ? i
v
» Après ces événements, au Conseil gé-
néral du Rhône, je pris une attitude tout
à fait conforme â ma conduite comme
fonctionnaire.
» Chaque année, quand mes collègues
proposaient d'émettre, un vœu pour
l'amnistie des gens de la Commune, je
protestai contre cette proposition. Je
voulais que la République pratiquât une
politique modérée et ferme, point radi-
cale du tout, enfin qu'elle gouvernât.
C'est pourquoi je m'opposais â la ren-
trée en France des insurgés de 1871, à
l'importation chez nous de ces ferments
de discordes civiles.
s Les procès- verbaux du conseil géné-
ral attestent que j'ai toujours été un
homme d'ordre, un républicain, un con-
servateur, un homme d'apaisement, ja-
mais un fanatique, jamais un sectaire,
jamais un radical, toujours un indépen-
dant.
» On l'a bien vu aux élections législati-
ves qui ont suivi. Je suis à peu près le
seul député du Rhône qui ne se soit pas
soumis à la tyrannie des comités lyon-
nais. Je n'ai jamais voulu accepter de
mandat impératif à aucune élection.
PÀrnsT É B centimes. Départements et Gares S£© centimeé
Seizième Année Troisième Série Numéro 121
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Un GABLOIS et rARIS-JOURNAt
RÉDACTION
9, boulevard des Italien», «
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-̃' ABONNEMENTS 1
OntUa nÂnaH'AmAnfft
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On mois 5 ff Un mois. 6 îrv.
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S tditteur t» C*«/
• Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL '>̃̃•'
ADMINISTRATION
•j. boulevard des Italiens, »
BI DIX HKUEKS A CINQ HEÇBI»
ABONNEMENTS, PETITE'S ANNONCKS
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t, boulevard des Italiens,
ANNONCÉS
.d,?Oïi. LAf3IiAliTG~, t7~S1N7r a
[' 6, PZ.ACB DS LA BOURSE, 6
El i i AdminUtration du Journal
A partir du 1" décembre prochain, le
Gaulois sera entièrement imprimé en
caractères neufs.
Il résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quantité de matières.
llE- LOUP-'
'Voici ce que nous raconta le vieux
marquis d'Arville la fin du, dîner de
Saint-Hubert, chez le baron des Ra-
Vols
On avait forcé un cerf dans le jour.
• Le marquis était le seul des convives
qui n'eût point pris part à cette pour-
suite, car il ne chassait jamais.
Pendant toute la durée du grand re-
pas, on n'avait guère parlé que de massa-
cres d'animaux. Les femmes elles-
mêmes s'intéressaient aux récits san-
guinaires et souvent invraisemblables,
et les orateurs mimaient les attaques et
les combats d hommes contre des bêtes,
levaient les bras, contaient d'une voix
tonnante.
M. d'Arville parlait bien, avec une
certaine poésie un peu ronflante, mais
pleine d'effet. Il avait dû répéter souvent
celte histoire, car il la disait couram
jnent, n'hésitant pas sur les mots choisis
avec habileté pour faire image.
• #*#
Messieurs, je n'ai jamais chassé,
mon père noa plus, mon grand-père non
plus, et, non pks, mon arrière-grand-
pére. Ce dernier était fils d un
nomme qui chassa plus que vous tous.
Il mourut en 1764. Je vous dirai com-
ment.
II se nommait Jean, était marié, père
dé cet enfant qui fut mon trisaïeul, et
H habitait avec son frère cadet,François
à'Arville, notre château de Lorraine, en
pleine forêt.
̃ François d'Arville était resté garçon
par amour de la chasse.
Ils chassaient tous deux d'un bout à
l'autre de l'anuée, sans repos, sans ar-
rêt, sans lassitude. Ils n'aimaient que
cela, ne faisaient que cela, ne comp.re-
naient pas autre chose, ne parlaient que
de cela, ne vivaient que pour cela.
̃ Ils avaient au cœur cette passion ter-
rible, inexorable. Elle les brûlait, les
ayant envahis tout entiers, ne laissant
de place pour rien autre.
Ils avaient défendu qu'on les déran-
geait jamais en chasse, pour aucune
raison, tylon trisaïeul naquit pendant
que son père suivait un renard, et Jean
'Arville n'interrompit point sa -«oourse,
mais il jura: « Non d'un nom,cegredin-
là aurait bien pu attendre après l'hal-
lali »
Son frère François se montrait encore
plus emporté que lui. Dès son lever, il
allait voir les chiens, puis les chevaux,
puis il tirait des oiseaux autour du châ-
teau jusqu'au moment de partir pour
fQrcer quelque grosse bête.
On les appelait dans le pays M. le
Marquis et M. le Cadet, les nobles d'a-
iors ne faisant point, comme la noblesse
d'occasion de notre temps, qui veut éta
blir dans les titres une hiérarchie des-
cendante car le fils d'un marquis n'est
pas plus comte, ni le fils d'un vicomte
baron, que le fils d'un général n'est
colonel de naissance. Mais la vanité
mes-quine du jour trouve profit à cet
arrangement.
Je reviens à mes ancêtres.
Ils étaient, paraît il, démesurément
grands, osseux, poilus, violents et vi-
goureux. Le jeune, plus haut encore
que l'aîné, avait une voix tellement forte
que, suivant une légende dont il était
fier, toutes les feuilles de la forêt s'agi-
taient quand il criait.
Et lorsqu'ils se mettaient en selle tous
deux pour partir en chasse, ce devait
être un spectacle superbe de voir ces
deux géants enfourcher leurs grands
chevaux.
"̃ Or, vers le milieu de l'hiver de cette
année 1764, les froids furent excessifs et
les loups devinrent féroces.
Ils aitaquaieut même les paysans at-
tardés, rôdaient la nuit autour des mai-
sons, hurlaient du coucher du soleil à
Son lever^ et dépeuplaient les étables.
Et bientôt une rumeur circula. On
parlait d'un loup colossal, au pelage
gris, presque blanc, qui avait mangé
deux enfants, dévoré le bras d'une
femme, étranglé tous les chiens de
garde du pays et qui pénétrait sans peur
dans les enclos pour venir flairer sous
les portes. Tous les habitan's affir-
4jinaient avoir senti son souffle qui faisait
vaciller la flamme des lumières. Et bien-
tôt une panique courut par toute la pro-
vince. Personne n'osait plus sortir dès
que tombait le soir. Les ténèbres sem-
blaient hantées par l'image de cette
bête.
Les frères d'Arville résolurent de la
trouver et de la tuer, et ils convièrent à
de grandes chasses tous les gentilshom-
mes du pays.
Ce fut en vain. On avait beau battre
les forêts, fouilier les buissons, on ne la
rencontrai^ jamais. On tuait des loups,
mais pas celui-là. Et, chaque nuit qui
suivait la battue, l'animal, comme pour
se venger, attaquait quelque voyageur
.ou dévorait quelque bétail, toujours
loin du lieu où on l'avait cherché.
Une nuit enfln.il pénétra dans l'étable
aux porcs du château d'Arville et man-
gea les deux plus beaux élèves.
Les deux frétés furent enflammés de
colère, considérant cette attaque comme
une bravade du monstre, une injure di-
recte, un défi. Ils prirent tous leurs va-
lets et vassaux, tous leurs forts limiers
habitués à poursuivre les bêtes redou-
tables, et ils se mirent en chasse, le
cœur soulevé de fureur.
Depuis l'aurore jusqu'à l'heure ou le
soldil empourpré descendait derrière
les grands arbres nus, ils battirent les
fourrés sans rien trouver.
Tous deux enfin, furieux et désolés,
revenaient au pas de leurs chevaux par
une allée bordée de broussailles,. e|
s'étonnaient de leur science déjouée p'&r
ce loup, saisis soudain d'une softe'de
crainte mystérieuse. "JÈÊfc"
L'aîaé disait ..fWf F
Cette bête-là n'est point ordinaire.
On dirait qu'elle pense comme un
homme.
Le cadet répondit
Il faudrait peut-être faire bénir une
balle par notre cousin l'évêque ou
prier quelque prêtre de prononcer les
paroles qu'il faut. J
Puis ils se turent. '̃'
Jean reprit
Regarde le soleil, s'il est rouge. Le
grand loup va faire quelque malheur
cette nuit. *>.
II n'avait point fiai «è parler que son
cheval se cabra celui de François se
mit à ruer. Un large buisson couvert de
feuilles mortes s'ouvrit devant eux, et
une bête colossale, toute grise, surgit,
qui détala à travers le bois.
Tous deux poussèrent une sorte de
grognement de joie, et, se courbant sur
l'encolure de leurs pesants chevaux, ils
les jetèrent en avant d'une poussée de
tout leur corps, les lançant d'une telle
allure, les excitant, les entraînant, les
affolant de là voix, du geste et de l'épe-
ron, que les forts cavaliers semblaient
porter les lourdes bêtes entre leurs
cuisses, et les enlever comme pour s'en-
voler.
Ilsallèrentlfeinsi, ventre à terre, cre-
vant les fourrés, coup-int les ravins,
grimpant les côtes, dévalant dans les
gorges, et sonnant du cor à pleins pou-
mons pour attirer leurs gens et leurs
chiens.
Et voilà que soudain, dans cette
course éperdue, mon aïeul heurta du
front une branche énorme/ qui lui fendit
le crâne; et il tomba raidé mort sur le
sol, tandis que son cheval' affplé s'em-
portait, disparaissait dans l'ombre enve-
loppant les bois.. ̃
Lecadet-d'Arville s'arrêta net, sauta
par terre, saisit dans ses bras son frère,
et il vit que la: cervelle coulait de la tête
avec le sang. Il appela, mais en vain.
Alors, il s'assit près du corps et attendit,
gagné par une sorte de peur, voyant
dans cet horrible accident une sorte de
vengeance du loup fantastique. Les té-
nèbres s'épaississaient, le froid aigu
faisait craquer les arbres. François,
frissonnant, souleva de ses mains de co-
losse le grand corps de Jean, et le cou-
cha en travers de la selle pour le repor-
ter au château; puis il se remit en mar-
che doucement, la tête troublée comme
s'il était gris.
Et brusquement, dans le sentier qu'en-
vahissait la nuit, -une grande forme
passa. C'était la bête. Un frisson glacé
courut sur les reins du chasseur, à ce
retour brusque de l'effrayant rôdeur;
mais ses yeux retombèrent sur le corps
inerte couché devant lui et il se sentit
frémir d'une fureur désordonnée.
Alors il piqua son cheval et se rua
derrière le loup.
Tantôt il le perdait de vue, puis l'a-
percevait de nouveau; et la tête et les
pieds de Jean battaient les arbres des
ronces se prenaient aux cheveux.
Et, soudain, dans le fond d'un vallon,
la bête fut acculée. Alors François mit
pied à terre et, seul, s'avança. Il se sen-
tait fort à culbuter une montagne, à
broyer dans ses bras un bloc de granit
il coupa la gorge du fauve d'un seul re-
vers de son couteau de chasse. Alors
une joie profonde, délirante, l'inonda,
et; saisissant son frère mutilé, il le
dressa, criant
Regarde, Jean; regarde ça 1
Et les valets, qui cherchaient leurs
maîtres, le trouvèrent assis entre les
deux cadavres, et il pleurait, répétant
Si ce pauvre Jean avait pu voir ça
avant de mourir • v
La veuve de mon aïeul inspira à son
fils orphelin l'horreur de la chasse, qui
s'est transmise, de père en fils, jusqu'à
moi.
Le marquis d'Arville se tut.Quelqu'un
demanda
Cette histoire estune légende,n'est-
ce pas ? `t
Et le conteur répor.dit
Je vous jure qu'ellp est vraie de
tout point. François, jusqu'à sa mort,
ne regretta qu'une chose, c'est que son
frère n'eût pas vu son combat avec le
monstre.
Alors une femme prononça d'une pe-
tite voix douce
C'est égal, c'est beau d'avoir des
passions pareilles.
GUY DE MAUPâSSANT
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. 'Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
HEI-'O
Potage pâtes d'Italie au consommé
Hors-d'bsuvre
Filets de dorades à la portugaise
Pommes de terre à l'anglaise
Quartier de pré salé bretonne
Civet de lièvre à la française
Poulardes de la Bresse au cresson
Salade e
Artichauts barigoule
Charlotte de pomme- à la parisienne
Glace
Parfait au café •
Dea8erts
Le saloa des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à la narte-au res-
taurant.- Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
'Lé programme- du dlner-concert. (Voir à 1*
4- page.)
Musée Grévin, 10, boulavard Montmartre.
Do onze heures du matin à onze heures du soir.
Français, 7 h. 3/4. Le Petit Hôtel". Le
Marquis de Villemer.
Opéra-Comique, 8 h. Mignon.
tC POLITIQUE
La voilà, cette -Chambre à laquelle le
bon M. Duclerc disait, si courtoisement,
dans sa déclaration, jeudi dernier « La
source de notre influence extérieure est
ici. • Elle est jolie, la source! Est-elle
assez troublée, la source La séance
d'hier la troisième de la session
montre ce que l'on peut attendre d'une
Chambre capable de dire passionné-
ment blanc et noir au cours de la même
journée, et d'injurier son président, par-
dessus le marché, au milieu d'un tapage
insensé. Elle ne sait pas ce qu'elle veut,
la Chambre, mais elle le veut bruyam-
ment.
La source du mépris qui, chaque jour,
croît dans le pays pour la République
est dans cette Chambre ignare, bruyante
et malfaisante. Elle est ailleurs encore,
mais elle est dans cette Chambre avant
tout. Cette Chambre, c'est la parfaite
image de la République où nous patau-
geons. Jamais le mot gâchis^ n'a autant
servi. Jamais il n'a été aussi mérité.
C'est une vraie débâele de boue.
La faiblesse du ministère a été iné-
narrable dans ce débat sur le budget des
cultes. Elle n'a d'égale que l'impérîtie
des uns, la mauvaise foi des antres.
Tout le monde est sorti battu de la
honteuse séance d'hier, exeeptéMa droi-
te, qui a tenu dans ses mains le sort de
cetremblotant ministère, en ga|jfè*ûialgre
lui dans la discussion, forcé oavoir un
avis à son corps défen-iant.ue quel-
ques députés de la droite -fi© fussent
abstenus, comptant sur lé Sénat pour
rétablir les crédits supprimés par les
gauches, et le cabinet se trouvait en mi-
norité. t,
La droite a préféré, heureusement
pour le ministère,* obéir à sa conscience
au lieu de faire de la stratégie parle-
mentairej H. P.
LE MONDE ET LA VILLE
Deux belles premières sont annoncées
pour cette semaine
Les Mères ennemies, à l' Ambigu-Co-
mique, et le Voyage à travers l'impos-
sible, à la Porte-Saint-Martin.
A l'Ambigu nous avons deux fau-
teuils d'orchestre et deux fauteuils de
balcon, à la Porte-Saint- Martin deux
fauteuils d'orchestre, à mettre, par la
voie ordinaire, à la disposition de nos
abonnés.
Qu'il se hâtent de s'inscrire 1
Il y aura, en outre, samedi prochain',
dans la journée, aux Menus-Pkisips-,
une représentation qu'on peut qualifier
d'extraordinaire.
C'est celle du Crime du Pecq, un
drame de MM. Albin Valabrègue etBer-
tal^Graivil, que la censure vient d'inter-
djre.â Paris, et qui va faire son tour d[é
Belgique.
Ces messieurs ont loué la salle du bou-
levard de Strasbourg pour pouvoir,
étant chez eux, offrir la primeur, de
l'œuvre proscrite à un certain nombre
de leurs amis.
Ils nous ont offert gracieusement qua-
tre invitations pour lesquelles nos abon-
nés sont également priés de s'inscrire.
L'attrait du fruit défendu nous répond
de leur empressement.
M. le baron Beyens donnera, demain,
à la Légation de Belgique, un dîner di-
plomaaque, à l'occasion de la fête de
son souverain, le roi Léopold.
Après avoir chassé Dieu de nos écoles,
voilà qu'on veut le chasser de nos
champs de repos.
Et savez- vous dans quel cerveau ma-
lade a germé cette idée sacrilège ?
Dans le cerveau de M. Oustry 1
La nouveau préfet de la Seine a grande e
hâte de donner des gages aux radicaux
du conseil municipal, et, sans qu'on l'y
provoque, avec une obséquiosité ser-
vile, il leur propose de faire disparaître
les croix, inscriptions, emblèmes reli-
gieux et souvenirs commémoratifs pla-
cés sur les tombes des morts par la piété
des survivants! 1
La haine des vivants ne leur suffit
donc pas, il leur faut encore la malédic-
tion des morts,!
Si M. Oustry n'a pas encore oublié ses
classiques, qu'il médite le proverbe la-
tin Quos vultperdere Jupiter dementat!
ou tout au moins qu'il relise son code
il ytrouvera le texte d'une loi qui punit
sévèrement la violation des sépultureSi
Presque en même que la reine Marie-
Christine accouchait d'une fille, la prin-
cesse royale de Suède accouchait d'un
garçon.
S. A. Sophie Marie- Victoria, qui est
âgée de vingt et un ans, est la fille du
grand-duc de Bade et de la grande-du-
chesse Louise, née princesse de Prusse.
Elle, a épousé, le 20 septembre 1881, le
prince Oscar- Gustave-Adolphe, duc de
Vermeland, l'aîné des quatre fils du roi
Oscar II, et petit-fils, par sa mère, du
duc de Nassau.
Le prince royal est venu, on le sait, â à
Paris, l'année dernière, avec Nordens-
kjold, le célèbre explorateur. Il nous
souvient même qu'un jour, étant allé
au bal de l'Opéra, il eut avec un garçon
du buffet, à propos du prix excessif
du champagne, une discussion dont s'é-
gayèrent beaucoup les journaux de l'é-
poque.
Du reste, l'économia et l'ordre, ces
deux vertus bourgeoises sont de tra-
dition dans la famille royale de Suède.
En 1861, le rot Oscar II, alors prince
héritier, habitait à Nice, dans le quar-
tier Saint-Etienne, une villa voisine de
celle d'Alphonse Karr, et il n'était bruit
en ville que de son âprcté au marchan-
dage avec les fournisseurs. Il avait élevé
l'art de couper les sous en quatre à la
hauteur d'un" principe. Voilà pour l'éco-
nomie. ^r
Quant â l'ordre, j'en ai retenu un
exemple assez pittoresque,
Le prince avait une bibliothèque assez
bien fournie. Un jour, Alphonse Karr,
avec lequel il entretenait des relations
de bon voisinage, lui dépêcha un garçon
jardinier pour le prier de lui prêter un
ouvrage de botanique.
Dites à M. Karr, répondit leprince,
que mes livres ne sortent pas de chez
moi. Qu'il vienne les consulter ici, j'au-
rai grand plaisir à lui faice les hon-
neurs de ma bibliothèque 1
A quelque temps de là, le prince, à
son tour, eut besein d'un arrosoir, et
fit prier l'auteur des Guêpes de lui prê-
ter le sien.
Dites au prince, répondit Alphonse
Karr, que mes arrosoirs ne sortent pas
de chez moi Que le prince vienne ar-
roser ici. J'aurai grand plaisir âlui faire
les honneurs de mon jardin 1
S. M. la reine Victoria et la princesse
Beatrix, sa fille, quitteront le château
de Balmoral, en Ecosse, aujourd'hui,
vers trois heures de l'après-midi pour
retourner à Windsor, où elles sont at-
tendues demain ma1 in, â neuf heures.
Il paraît que, vers la fin de décembre
on dans les premiers jours de janvier,
Paris aura la visite du bey de Tunis.
Les officieux insinuent que le «gou-
vernement, pressenti à ce sujet, n'a fait
aucune objection ».
Je crois bien. Il a même dû faire des
avances. Ça manque un peu de prestige
à l'Elysée^ et un souverain, si petit qu'il
soit, ça fait bien dans le paysage.
Il va falloir se mettre en dépenses.
Mais, comme Ali-Bey, par les lois de la
guerre, est le vassal de M. Grévy, il
aura le droit de le mal nourrir.
Nous commencions à nous blaser un
peu sur les enterrements -civils. Ce n'é-
tait plus drôle. Les libre penseurs,
pourtenir en haleine la gaieté française,
viennent d'inaugurer le baptême civil.
Et au vin blanc, s'il vous plaît
Pourquoi pas au petit bleu ? C'eût été
plus démocratique.
C'est dans une petite localité d'Indre-
et-Loire qu'a eu heu le premier essai de
ce nouveau sacrement. Le comptoir d'un
'chand de vins a servi de fonts baptis-
maux. On avait piqué sur la bavette du
pauvre petit excellent endroit une
énorme cocarde; et le maire, en lui ver-
sant le vin blanc sur la tête, a prononcé
ces belles paroles
̃ « Pierre- Victor X. je te baptise au
nom de la liberté, de l'égalité et de la
fraternité !» g
Moi qui suisunsimple, j'ai mais mieux:
le Père, le Fils et le Saint Esprit 1
A quand l'extrême-onction civile aux
huiles. de pétrole?
TJne grosse nouvelle d'escrime
M. Carolus Duran a donné sa démis-
sion de président de la Société française
d'escrime.
Cette détermination est attribuée à
des dissentiments avec divers membres
du comité.
On ne sait pas encore qui remplacera
M. Carolus Duran.
Une dépêche privée de Saint-Péters-
bourg nous apprend et nous ne re-
produisons cette nouvelle qde sous les
plus expresses réserves que, la se-
maine dernière, la police a arrêté une
vingtaine de personnes, parmi lesquel-
les se trouveraient plusieurs correspon-
dants de journaux, notamment M. Piè-
tre Merskoff, lé correspondant du Vol-
lai e.
Piètre. Merskoff est un pseudonyme,
qui cache un de nos compatriotes, jadis
très connu surles champs de courses, où
il accompagnait l'aimable baron d'É-
treillis, l'ancien starter, son père
adoptif.
Il avait quitté Paris depuis quelques
années, pour allers'établir à Varsovie, où
il dirigeait une revue française et où,
nous dit-on, il avait fait un riche ma-
riage.
La remise de la médaille que le con-
seil municipal a décidé d'offrir à M. de
Brazza aura lieu le 29 novembre.
Cette cérémonie aura un caractère
purement municipal, comme l'eut celle
organisée en honneur de M. Nordens-
k]old. • ss
} » i
Mme Love, la" femme du célèbre mé-
decin homéopathe, vient de succomber
à une maladie de cœur qui la minait de-
puis longues années.
.C'était une femme de grand cœur et
de grand esprit, et son salon, où les hom-
mes de lettres et les artistes recevaient
une large hospitalité, et dont, malgré
le mauvais état de sa santé, elle a fait
jusqu'au bout les, honneurs avec une
bemne grâce exquise, était un des der-
niers salons où l'on cause.
Les obsèques de Mme Love auront
lieu aujourd'hui, en l'église Notre-Dame
de Lorette, à midi précis.
On ne s'ennuie pas à Genève.
On y peut voir tous les jours, pour la
modique somme de cinquante centimes
dix sous un enfant à deux têtes.
« Ces deux têtes, dit le boniment,
pensent et ont chacune leurs idées
propres. Elles ont aussi un nom qui
les distingue.
» La tête qui s'appelle Jean peut par-
ler en français ou en anglais, pendant
que la tête Jacques soutient le dialogue
en allemand ou en italien.
« A vrai dire, ce sont deux enfants dis-
tincts dans la partie supérieure du corps,
mais soudés à la taille. Le ventre les
unit, les jambes les séparent; la jambe
droite se meut quand la tête droite le
désire. Pour marcher, il est nécessaire
que les deux têtes s'entendent. »
Mais, délicieux boniment, c'est le pro-
pre portrait de notre jeune République
que vous nous faites là. avec ses 'deux
têtes la tête opportuniste qui tire la
jambe droite à dia, tandis que la tête
radicale tire à hue la jambe gauche.
Un naïf se demande comment les
deux parties de ce phénomène, s'il se
développe, s'entendront à l'âge des pas-
sions.
Soyez tranquille, elles ne s'entendront
pas Elles se mangeront le nez récipro-
quement, et il n'en restera plus
Qu'un horrible mélange
D'os et de chair meurtris, et traînés dans la fange.
Des lambeaux pleins de sang et des membres
affreux
Q.uedes chiens dévorants s'arracheront entre eux
Salle comble hier soir au Dîner-Con-
cert du Grand-Hôtel, et grand succès
pour l'orchestre de Desgranges. A l'oc-
casion de la mort de Rossini, le pro-
gramme du concert ne comprenait que
des morceaux tirés des œuvres du maî-
tre. Bonne musique et dîner excellent,
c'est plu-; qu'il n'en faut pour justifier la
vogue des dîners-concerts du Grand-
Hôtel.
NOUVELLES A LA MAIN
Aux Variétés, à la dernière représen-
tation de LUI
Après la fanfare- exécutée si brillam-
ment par Mme Judic, un'vieil adaclémi-
cien,s'adressaut à son voisin
Ah ça, elle a donc changé d'em-
ploi ?
???
Dame, puisqu'elle joue maintenant
les Clairon
On m'a raconté hier, aux Bouffes, un
joli mot d'Alesaadre Dumas fils.
Un directeur de théâtre il est inu-
tile'de le nommer l'avait prié d'as-
sister â la répétition générale d'une co-
médie nouvelle que l'auteur, à la fois
tapissier et auteur dramatique, avait
mise, â ses frais, dans des meubles somp-
tueux.
Eh bien! lui demanda l'impresario,
qu'en dites-vous? N'est ce pas que c'est
enarmant? C'est presque du Molière.
Oui, répliqua l'auteur de la Dame
aux Camélias, du Molière. père
UN DOMINO
PETITE BOURSE OU SOIR
5 0/0. i14 70, G8, 75, 75.
Italien. 89 t5, 22, 20.
Turc. 12 22, 25.
Banque ôttomans. 773 75, 777 50.
Lots turcs. 56,
Bgypte 350, 35218, 361 87.
Extérieur nouveau. 63.
Rio. 611 87.
Panama. 478 75.
Tuais. 456 25.
Lombards, 295.
BOURSÏi M 1«NMES,I3NOY1IBRB
Derniers cours. Consolidés anglais,
102 3/16. EgyptaG 6 0/0 691/4; parité, 349 25.
Espagnol nouv., 62 90; parité, 62 96
Itaiien, 88 1/4; parité, 89 05. Turc, 12 28
parité, 12 Q5. Banque ottomane, 20 71; pa-
rité, 772 40. Rio-Tinto, 24 3/16; parité, 610.
Bloc -Notes Parisien
"~y
L'ANNEAU DE NAPOLÉON r
La table avait tourné et parlé. Les esprits
frappeurs avaient fait leur devoir en hon-
nêtes esprits, et la conversation, engagée
sur "la pente du merveilleux, allait son
train; chacun racontait quelque histoire de
l'autre monde. L'une des personnes pré-
sentes dit celle-ci
Depuis quelques années le parti bona-
partiste a été fort éprouvé: la mort du
Prince impérial est venu lui porter un coup
terrible mais cette mort si lointaine et si
tragique est l'œuvre d'une fatalité prévue,
disent certains fidèles des anciens jours.
Les hommes sont parfois superstitieux,
et Napoléon l'était plus qu'un autre. Il
croyait à son étoile et y faisait croire les
autres. On se rappelle le maréchal Mar-
mont, se promenant un soir de l'hiver de
1815 avec le duc Decrès, lui disant, en
montrant le ciel
Voyez-vous cette étoile ?
Non, répondit le duc, car le ciel est
brumeux.
Eh bien, Lui il la voit.
Lui', c'était l'Empereur. Outre son
étoile, Napoléon I0.r àVait un anneau. D'où
venait-il ? on n'en sait rien mais il y.
croyait comme à un talisman, et jamais il
ne le quitta. Lorsqu'il voulut s'empoison-
ner à Fontaûiebleau en 1814, il dit à Cor-
visart, qui le soignait:
Je ne devais pas mourir, j'avais oublié
mon talisman,
Et, en parlant ainsi, il lui montrait sa ba-
gue.
A sa mort, l'anneau, que l'on devait re-
mettre au roi de Rome, ne put arriver jus-
qu'à Vienne. On le donna alors à la reine
Hortense, qui le remit à son fils, le prince
Louis.
Napoléon III portait toujours cette ba-
gue, que l'on connaissait dans l'intimité
sous le nom de l'anneau de l'Empereur,
et une autre qui venait de sa mère.
Quand il causait debout avec quelqu'un,
il mettait ses mains derrière son dos, et
jouait avec ces bagues en les faisant glisser
dans ses doigts. Il arrivait souvent qu'elles
tombaient, et roulaient sur les parquets
bien cirés. Il fut plus d'une fois difficile de
les retrouver sous les meubles. A la mort
de Napoléon III, on voulut rendre ces an-
neaux au Prince impérial, et les enlever
des doigts glacés par la mort; mais le
jeune prince ne voulut jamais les repren-
dre, et il dit même à ceux qui insistaient
pour qu'il reprît au moins l'anneau de
Napoléon Ier
Non, non, je ne veux pas dépouiller
mon père.
Le talisman fut donc à jamais enfermé
dans le tombeau de Chislehurstj et perdu-
pour le fils du second Empereur. •
A cette époque, on entendit bien des
anciens serviteurs regretter cette délica-*
tesse et regarder comme un mauvais pré-*
sage la perte de ce porte-bonheur qui de-
vait rester aux mains ] de Th'éritier des Bo-
naparte. L ̃ '̃;̃. • }
Le Prince impérial est morif, edinme on
sait, et la prophétie semble0 se réaliser, au
moins aux yeux des croyànts. î! 1
Pour eux, quand ils en parlent bieajfeas)
le charme est-rômrju^le pacte avec la*"forr
tune déchiré. ̃'̃
Faute d'un anneau
TOUT-PARIS
M. ANDRIEUX
EXPLIQUÉ PAR LUI-MÊME
On a donné trop d'explications de la nouvelle
politique de M. Andrieux pour qu'il ne fût pas
intéressant de demander au » converti » les rai-
sons de « sa conversion ».
Un rédacteur du Gaulois est donc alléhièrf
chez M. Andrieux et, comme on va le voir,;«tl '•
a obtenu toute une confession. --j;
Votre discours, monsieur le député;
vous a fait passer au premier plan. Grâce
à vous, on ne parle même plus des cent
millions égarés par M. ,Tirard. Déjà
même, des-jo.aEaaux,annoncent,leminisi
tère Andrieux ils en discutent la com-
position. C'est pour toutes Ces raisons
que je viens, au nom du Gaulois, vous
prendre une conversation, ainsi que di-
sent les Américains..
Je ne sais pas si j'ai fait oublier les
cent millions de M. Tirard. Si oui, c'est
le seul service que j'aie rendu au gou-
vernement mais je sais bien qu'on a
tort de parler de ministère Andrieux.
» Tout d'abord la façon dont j'ai été ac-
cueilli hier prouve bien que, pour des
motifs personnels ou pour des considé-
rations politiques, un cabinet Andrieux
n'aurait pas de majorité. Ensuite, et
c'est sur quoi j'insiste, en apportant à la
tribune les déclarations que j'y ai faites,
je n'ai pas voulu poser ma candidature
â un portefeuille. J'ai dit tout simple-
ment ce que je pense depuis fort long-
temps et ce que je crois utile à la Répu-
blique.
» On est étonné. Mes amis ne le sont
pas. En effet, qu'ai je donc dit ou fait
qui ne soit pas conforme à la politique
que j'ai suivie depuis dix ans. Où est la
contradiction entre mes paroles d'hier
et mes discours et même mes actes an-
térieurs ?
» On m'accordera bien que ma vie po-
litique necommence qu'au 4 Septembre.
Avant le 4 Septembre, j'étais un tout
jeune homme, petit étudiant, puis petit
avocat.
» Engagé dans la lutte contre l'E mpi re,
j'ai pu prononcer des discours de débu-
tant dont je n'ai pas souvenir et qu'on
ne peut pas me reprocher. Ces actes de
la première jeunesse ne comptent pas.
Ma vie politique ne commence qu'au
4 Septembre. A partir de cette date, j'ai
été ce que je suis et ce qu'on me repro
che d'être aujourd'hui un républicain
conservateur et un homme d'ordre.
» Tous ceux qui m'ont suivi vous diront
que, depuis le 4 Septembre, ma vie poli-
tique, tous les apparences de la diver-
sité, a une unité réelle. Quant au fond, je
n'ai pas varié. Je m'explique.
» Au4 Septembre, j'ai été nommé à une
haute fonction publique à Lyon. J'ai la
conscience d'avoir fait courageusement
mon devoir de fonctionnaire et de ci-
toyen. Lyon était soumis à la tyrannie
de quelques démagogues constitués en `
comité de salut public. Ces gens-là
avaient arrêté des magistrats, des prê-
tres, des jésuites; ils avaient mis en
prison tous les commissaires de police
et en liberté tous les malfaiteurs. J'ai
sauvé tous les otages.
> Comme les démagogues n'auraient
pas obéi à mes ordres, il m'a fallu, au péril
de ma vie, organiser des évasions. Grâce
à moi, il n'y a pas eu de victimes. N'est-
ce pas là le fait d'un homme d'ordre? 1 y
s Plus tard, à la fin d'avril 1871, quand
la Commune fut proclamée à Lyon, moi,
fonctionnaire civil, je marchai aux bar-
ricades à la tête des troupes. Les insur-
gés s'emparèrent de moi. J'allais être
lusillé, quand une charge de cavalerie
renversa la bande dont j'étais le prison-
nier. Auprès de moi, le préfet Valentin
tomba frappé d'une balle. Je le pris dans
mes bras pour le porter à l'ambulance.
Ce jour-là, ne me suis-je pas conduit en
homme d'ordre ? i
v
» Après ces événements, au Conseil gé-
néral du Rhône, je pris une attitude tout
à fait conforme â ma conduite comme
fonctionnaire.
» Chaque année, quand mes collègues
proposaient d'émettre, un vœu pour
l'amnistie des gens de la Commune, je
protestai contre cette proposition. Je
voulais que la République pratiquât une
politique modérée et ferme, point radi-
cale du tout, enfin qu'elle gouvernât.
C'est pourquoi je m'opposais â la ren-
trée en France des insurgés de 1871, à
l'importation chez nous de ces ferments
de discordes civiles.
s Les procès- verbaux du conseil géné-
ral attestent que j'ai toujours été un
homme d'ordre, un républicain, un con-
servateur, un homme d'apaisement, ja-
mais un fanatique, jamais un sectaire,
jamais un radical, toujours un indépen-
dant.
» On l'a bien vu aux élections législati-
ves qui ont suivi. Je suis à peu près le
seul député du Rhône qui ne se soit pas
soumis à la tyrannie des comités lyon-
nais. Je n'ai jamais voulu accepter de
mandat impératif à aucune élection.
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