Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-11-06
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 novembre 1882 06 novembre 1882
Description : 1882/11/06 (Numéro 113). 1882/11/06 (Numéro 113).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524416f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année– Troisième Série Numéro 113
1
PAMS: S centimes.–DÉPARTEMENTS BTGARES:CENTÏMEâ
Ijundi 6"Novemt)re f88S
A'mTrBStr~ BSE~~E~'
Dtrec
ABONNEMENTS
Paria Départements
-Un mois. 5fr. Un mois. 6fr. fr
Trois mois. 1350 Trois mois. 16 fr.
Six mois. S7fr. Six mois. 33 fr.
Un&n. 54 fr. Unan. 64 ir.
Etranger
Troismoi6(Union postale). 18
RÉDACTION
C, boulevard des Italiens, C
C)t DEUX HBURE9 A MINCÎT
_PA~S-JO~M~
:E3:. DE F~±TE!
JR~~ac
ANNONCES
MM. CH. LA&RAN&B, CBRB' & 0"
6,PI.ACEDELABOUMB,6
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ADMINISTRATION
MNXHECRESA.CtNOHBU&M
~omtcvafd de* ttatien*, t
ABONNEMENTS,PET)TES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des ttalions, C
L'HMtME CE LETTRES
mJ NmVitBmiU t~JLt BJtUJB.BMtJ~
L'article d'Octave Mirbeau, qui vient
de soulever tant de tapage, abordaitia-
cidemment une question qui serait bien
curieuse à approfondir dune manière
généraie l'inuuence de là profession
sur l'homme.
Dans cette attaque aux comédiens, il
est & remarquer que le journaliste vi-
sait toujours la profession, qu'il la char-
geait de tous ses griefs, qu'il la rendait
en quelque sorte responsable des modi-
ncations qu'elle fait fatalement subir à
ceux qui l'exercent. Déjà, dans .PV'o-
mont ~: Daudet avait étudié MM comédien au
période aigu de cette maladie spéciale
qu'on pourrait appeler « le cabotinage x.
Le cabotinage est la maladie incurable
de l'acteur, soit; les symptômes 'en
sont constants, les manifestations appa-
rentes, soit. Mais n'est-il pas vrai aussi
que chaque profession a sa maladie, que
chaque métier déforme d'une façon plus
ou moins sensible l'homme normal, lui
donne des tics, des habitudes, des ma-
nières d'être, de penser, d'agir, qui peu-
vent plaire à ceux-ci, déplaire à ceux-là.
N'est-il pas certain aussi que, avant d'en-
trer dans la profession qu'on doit choi-
sir, il est nécessaire de porter en soi le
germe de cette maladie (qu'on appelle
alors vocation), sous peine de n'être ja-
mais qu'ua médiocre dans le méfier ?
Pour devenir un comédien de mérite,
n"est-il pas indispensable d'être cabot
dès la naissance, ca-bot dés qu'on marche
et qu'on parle?
Mais que dirions-nous donc du monde
de l'argent? du monde du sport, etc.
Dans le peuple, on suivrait d'une fa-
çon plus précise encore les influences
du métier sur l'homme. Les ouvriers
peintres ressembieut-iis aux ouvriers
menuisiers, les forgerons ne sont-ils
pas en tout diNérents des épiciers?
Mais, de toutes les professions, celle
qui produit le plus de ravages dans l'or-
ganisme cérébral, celle qui trouble le
plus les fonctions normales de l'esprit,
c'est assurément la profession des let-
tres.
Le public considère ordinairement
l'homme de lettres comme une sorte
d'animal étrange, de fantaisiste, d'ori-
ginal, de paradoxe vivant, de poseur,
sans s'expliquer bien nettement cepen-
dant en quoi cet être particulier difEère
de.gessemblab!es.. 1
C'est qu'en lui aucun sentiment sim-
ple n'existe plus. Tout ce qu'il voit, tout
ce qu'il éprouve, tout ce qu'il sent, ses
joies, ses plaisirs, ses souNrances, ses
désespoirs, deviennent instantanément
des sujets d'observation. It analyse mal-
gré tout, malgré lui, sans fin, les coeurs,
les visages, les gestes, les intonations.
Sitôt qu'il a vu, quoi qu'il ait vu, il lui
faut le pourquoi 1 Il n'a pas un élan, pas
un cri, pas jm baiser qui soit franc; pas
une de ces~ actions instantanées qu'on
fait parce qu'on doit les faire, sans sa-
voir, sans réfléchir, sans comprendre,
sans se rendre compte ensuite.
S'il sounre, il prend note de sa souf-
france et la classe dans un carton; il
se dit, en revenant du cimetière, ou il a
laissé celui où celle qu'il aimait le plus
au monde « C'est singulier ce que j'ai
ressenti; c'était comme une ivresse dou-
loureuse, etc. Et alors il se rappelle
tous les détails, les attitudes des voisins,
les gestes faux, les fausses douleurs, les
faux visages, et mille petites choses insi-
gnifiantes, des observations artistiques,
Ye signe de croix d'une vieille qui te-
nait un enfant par la main, un rayon de
lumière dans une fenêtre, un chien qui
traverse le convoi.l'eNet de la voiture
funèbre sous les grands ifs du cime-
tière, la tête surprenante d'un croque-
mort et la contraction des traits, l'eHdrt
des quatre hommes qui descendaient la
.bière dans la fosse; mille choses enfin
qu'un brave homme souSrànt de toute
son âme, de tout son cœur, de toute sa
force, n'aurait jamais remarquées.
Il a tout vu, tout retenu, tout noté,
malgré lui, parce qu'il est, avant tout,
malgré tout, un hommes de lettres, et
qu'il a l'esprit construit de ~telle sorte,
que la répercussion, chez lui, est bien
plus vive, plus naturelle pour ainsi dire,
que la première secousse, l'écho plus
sonore que le son primitif.
JI semble avoir deux âmes, l'une qui
nntët explique, commente chaque sen-
sation de sa voisine, de l'âme naturelle,
commune à tous les hommes; et il vit
condamné à être toujours, en toute occa-
sion, un renet de lui-même et un renet
des autres, condamné à se regarder
sentir, agir, aimer, penser, souffrir, et
Ane jamais souSrir, penser, aimer, sen-
tir comme tout le monde, bonnement,
franchement, simplement, sans s'ana-
lyser soi-même après chaque joie et
~près chaque sanglot.
S'il cause, sa parole semble souvent
médisante, uniquement parce que sa
pensée est clairvoyante, et qu'il désar-
ticule tous les ressorts cachés des senti-
ments et des actions des autres.
S'il écrit, il ne peut s'abstenir de jeter
en ses livres tout ce qu'il a vu, tout ce
qu'il a compris, tout ce qu'il sait; et cela
sans exception pour les parents, les
amis; mettant à nu, avec une impartia-
lité cruelle.Ies coeurs de ceux qu'il aime
ou qu'il a aimés, exagérant même, pour
grossir l'eSet, uniquement préoccupé
de son œuvre et nullement de ses affec-
tions.
Et ~'il aime, s'il aime une femme, il la
dissèque comme un cadavre dans un hô-
pital. Tout ce qu'elle dit, ce qu'elle fait,
est instantanément pesé dans cette déli-
cate balance de l'observation qu'il porte
en lui, et classé à sa valeur documen-
taire. Qu'elle se jette à son cou dans un
élan irréSéchî, il jugera le mouvement
en raison de son opportunité, de sa jus-
tesse, de sa puissance dramatique, et
le condamnera tacitement s'il le sent
faux ou mal fait.
Acteur et spectateur de lui-même et
des autres, il n'est jamais acteur seule-
ment comme les bonnes gens qui vi-
vent sans malice. Tout autour de lui de-
vient de verre, les coeurs, les actes, les
intentions secrètes, et il souffre d'un
mal étrange, d'une sorte de dédouble-
ment de l'esprit, qui fait de l'ii Tin être
effroyablement vibrant, machiné, com-
pliqué et fatigant pour lui-même.
Je prends, dans un livre paru récem-
ment, un exemple frappant de cette ob-
servation invotontaire, pratiquée sur
soi-même aux heures les plus doulou-
reuses. Un -de ceux qui ont le plus tra-
vaillé et souffert par l'art, Gustave
Flaubert, après avoir passé la nuit au-'
près du corps de son plus cher ami, de
celui dont la mort le laissa inconsolable,
écrivait a M. Maxime Du Camp une
étrange et superbe lettre dont voici des
fragments
~e~ est )MO~< /MM~! SO~r, ? MMMM!<
je enterré /M'er.e ~' a!e!M? MM! l'ai eMSe~eM f~HS son
~r~p, je ~M! ai ~OMM~ 7e baiser ~'s~'eM,
et j'ai ~M soM~r son cerc!M deMa? j'OM~s ~r~es en le ~a?~ù!M<, je
lisais ~es Religions de l'antiquité, de
CreM~gr.
La fenêtre était OM~ey~e, MM!< ~SMpe/'&e on entendait les c/i~M/s dï< coq,
et MM ~a~0~. de MM!~ MOM~)'e~M ~a?M&~~r .SO~y, à MMMM~, son éloigné ~'M~t
cor ~e classe ~M! m'est arrivé a travers
~es bois. Le mercredi, j'ai été me pro-
?MO!e)'~MÏ m'a suivi SaMS que je l'aie appelée.
Ce<~ CM6MK~'0!CCO~~a'~?!a!< ~OM~'OM~ ~MNM~ il sortait
SC!~ MM!< Q'M< ~r~~ SS MM)r<, g~e
a /la /'S~6 taire.
.t.
De voile ~M'OM J'M! a~!< ~M SMr le visage,
~<:)M/' regarder. Q:vers ~MMOMS SOM~meS mis a &~O~Me. Ye l'ai
so!<~e~ yejpres~MM de ses M~eM&~s /)'0!ds et roidis
~'es< restéedoigts. était a/et~e~eH~ décomposé.
JVû!ÛMaM~ a été SM~t arrangé, il res-
se?M&~< a MKe M~om~ ~yp~eMMe se~~e
~0!s ses bandelettes, et j'ai ~~0!< je
ne p~M's d~e ~Me~ seH~me~< ~MorM~e 6!e
joie e<~e Mûer~~OM~ ~~a!< MaMC; ~S&O~CO?~~e?~f/c/:c~ sMr ciel; les ~eMa? /~Mt~<~<~
&Ma!eM< dans cette 6~Mc/ des o!spatce~cp/i~ase ~esoMjB~ta~ t /<~ajo!/e!<.r
ozsesM, ssj'ïvant. t
0~ ~a;~c)~~ &ro;s aM c~e~~re;
COMrse a ~M~MS ~'MMg /ieMye. Placé
derrière, je voyais le cercMe~ osciller
avec M~ wo!aM ~OM~s. Z~'o/~ce atroce de ~M-
~MëM~. ~.M c~eMërg,~~assg je M<3 SMM s~?"oc/~ SMr bord
e~"a;: regardé «Me à MMe~es i'OMtûer. H~'s semblé Q'M'~ en &a~ce)!
Un autre eût pleuré simplement, puis
oublié. H me semble que ces douleurs
clairvoyantes doivent être plus aiguës,
et ces âmes attentives et complexesplus
malheureuses que celles des autres.
eUY DEMAUPASSANT.
No s Echo s
AUJOURD'HU) 1
A 6 heures, dîner au Grand-Hôte! .admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dîner, lorchestre de
M. Desgranges jouera, dans la nouvelle salle de
musique.
MEMO <
Potage printanier
Hors-d'œuvre
Truite saumonée sauce genevoise
Pommes de terre A l'anglaise
Pièce de bœuf à la. Savarin
Quartier de chevreuil au grand-veneur
Dindonneau au cresson
Salade
Petits pois à la française
Baba au rhum
Glace
Parfait au café
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voyageurt).
Piano, tables de jeux.- Dtner à la carte au re«-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir a la
4' page.)
Musée Grêvin, 10. boulevard Montmartre.
Da~nze heures du matin à onze heures du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le Propre.
A l'Opéra-Comique. Le PréjRtc/mr~ CcetM'e-I.MW.
Français, S h. Philiberte; l'AcMLA POUTtOUE
M. Le Myre de Vilers, gouverneur
de la Gochinchine, vient de donner sa
démission, à la suite de graves dissenti-
ments avec le ministre de la marine.
Ce poste important a été offert à M.
Thomson, préfet de la Loire, qui paraît
décidé à l'accepter.
Une double élection sénatoriale a eu
lieu hier, à Quimper, pour pourvoir aux
deux sièges laissés vacants par la mort
de MM. de Kervéguen et du marquis
de Forsanz.
Les candidats légitimistes, MM.Halan
du Frétay et Le Gueo, ont été élus.
Il y avait 387 électeurs inscrits
voici le nombre des voix obtenues par
les candidats
MM. Hatan du Frétay. 200 voix; élu
LeGaen. 197Yoix:61u
Rousseau. i87
Morvan. 184
Un journal du soir annonce que sir
Edward Malet abandonnera prochaine-
ment ses fonctions de consul général
d'Angleterre en Egypte pour aller pren-
dre le poste de ministre plénipoten-
tiaire en Chine, dont le titulaire.sir Tho-
mas Wade, est actuellement en congé.
Informations prises à bonne source,
nous pouvons affirmer que le maintien
de sir Edouard Malet n'a jamais été mis
en doute par le gouvernement anglais,
et que, d'ailleurs, le poste de sir T.
Wade n'est pas vacant.
tE MONDE ET LA V
Hier, à midi, a eu lieu, en l'église de
la Trinité, l'enterrement de M. Campe-
non.
Bien que brusquement frappé par l'a-
poptexie, M. Campenon avait eu le temps
de faire venir un prêtre, et il est mort,
muni des secours de la retigion.
L'enterrement a eu lieu au milieu d'un
grand concours de personnes venues
pour donner & cet homme de bien un
dernier et éloquent témoignage d'es-
time.
Le corps de M. Campenon a été con
duit à Croissy, après la cérémonie reli-
gieuse, par sa veuve, assez forte, dans
son immense douleur, pour présider a.
cette funèbre cérémonie.
Parmi les assistants, nous avons re-
connu MM. E. Hua, J. Valfrey, de Ba-
rante, Ernest Desjardins, 0. Despaty, le
général Guépratte, le général Campe-
non, le duc Decazes, Emile Augier, Car-
raby, V. de Heaume de la VaHombreuse,
A. Desjardins, de l'Institut ;De!acourtie,
Oscar Falateuf d'Eichthat.Desmazes, Ri-
bot, A. Proust, de la Faye, Boudet,
Rousse, Albert Gigot, ancien préfet de
police; Suin, Btisson-Billault, PaulThu-
reau-Dangin, Clausel de Coussergues,
Denormandie, sénateur; Delaroche-Ver-
net, comte d'Eprémesnil, Onfroy deBré-
ville, Barbaroux, Eugène Rendu, Nicias
Gaillard, de la. Vallée, etc., etc.
Hier, à deux heures, a eu lieu, au ci-
metière Montmartre, l'inauguration du
monument élevé à la mémoire de Joseph
Garnier, sénateur, membre de l'Institut.*
La famille était représentée par Mlle
Jenny Garnier, M. Parisot et M. Mazo,
député.
Le bureau de la Société d'Economie
politique et un grand nombre de mem-
bres étaient présents. `
M. Léon Say a prononcé une courte
allocution et rappelé, en termes émus,
les grands services rendus à la science
économique par Joseph Garnier.
L'Institut, l'Ecole des ponts et chaus-
sées, l'Ecole supérieure de commerce
étaient représentés nous avons remar-
qué MM. de Molinari, Cernuschi, Ri-
chard du Cantal, F. Passy, Paul Ber-
teau, Cb. Perrin, Barrias, auteur du mo-
nument, etc.
C'est le 20 que M. Ernest Renan ma-
rie sa ravissante fille Noémi avec M.
Jean Psichari, agrégé de l'Université,
auteur d'une édition fort estimée des
~.<~e~es, de Térence.
M. Psichari est un Grec naturalisé
Français, en possession d'une fort belle
fortune, qu'il dépose aux pieds d'une
personne aussi belLe que distinguée.
Le mariage sera célébré à la fois à
l'église" orthodoxe grecque de la rue
Daru, en raison du marié, et à l'église
protestante, MUe Noémi Renan appar-
tenant à la religion réformée.
Les témoins seront, pour l'époux
MM. Egger, l'illustre savant, et Queux
deSaint-Hilaire, l'helléniste renommé;
et pour la jeung épouse: MM. le docteur
Marjolin, parent de Mme Renan, née
Scheffer, et le grand chimiste Berthe-
lot, ami particulier de l'auteur de la Pïg
~
Disons, puisque nous parlons d'Ernest
Renan, qu~l met, en ce moment, la der-
nière main à sesles publier en volume, avec une préface
qui fera pas mal de bruit.
M. Alejandro Mon, ancien président
du conseil des ministres en Espagne,
qui fut, pendant de longues années, am-
bassadeur à Paris, vient de mourir dans
ses terres des Asturies. M. Mon, était
grand-cordon de la Légion d'honneur,
et chevalier de la Toison d'or.
L'empereur François-Joseph a fait
dernièrement une chute à la chasse au
renard, près de Gœdœllœ (Hongrie).
Son cheval s'est dérobé devant un
obstacle mais l'Empereur, jeté à terre,
a pu se relever sur-le-champ et arriver
l'un des premiers à la mort du renard.
Signe des temps
Le journal le C~o~t et Bataille
oSre en prime à ses abonnés et aux
acheteurs de ses quinze derniers numé-
ros < un bon revolver à six coups, en
acier fondu
Les lecteurs anarchistes du C~o~/en et
~ réclamer, tous, cette prime qui consti-
tue un bon instrument de travail
révolutionnaire.
Notre collaborateur et ami M. Catulle
Mondes, dont l'Ambigu va jouer pro-
chainement les .Nf~y fatigable. Il mène de front le travail des
répétitions et les labeurs si absorbants
(fui accompagnent toujours la fondation
d'un journal.
Après avoir fait, par son habile direc-
tion, le succès de deux publications heb-
domadaires laFïe pc~M~M-e et leMoM~
ù!conKM, Catulle Mendès abandonne ces
deux journaux pour se mettre < dans ses
meubles Sur le plan des journaux
illustrés qu'il a créés, il fonde la .Rg-
~Me po~M~M~, dont !e premier numéro
paraîtra demain mardi.
Encore un mot du baron Vidil, dont
nous citions l'autre jour un trait de gen-
tilhommerie poussée jusqu'au fantas-
tique.
Un jour, le baron entend un vacarme
épouvantable dans la rue~sous ses fe-
nêtres.
Lafleur, dit-il à son valet de cham-
bre, va voir d'où vient tout ce bruit. Si
ce sont des 'gentilshommes, invite-les à
monter; si ce sont des manants, chasse-
les a coups de bâton l
NOUVELLES A LA MA)N
Latin de cuisine.
Le jeune fils de GruiboIIard rencontre,
au cours d'une lecture, une citation la-
tine, d'un usa.ge-1'réquent, le Ca~cM~M
d'Horace.
Papa, demande-t-il à l'auteur de
ses jours, qu'est-ce que ça veut dire
Carpe cK~?
Le père Guibollard, qui n'a conservé
de ses études classiques qu'une latinité
vague, répond d'un ton professoral
Mon fils, c'est un terme culinaire
ça veut dire la carpe du jour.
Dans un concours agricole:
Un gros propriétaire attend impatiem-
ment la décision du jury, qui est en
train'de décerner des récompenses aux
écnantiHons de fourrages les plus re-
marquables.
Ennn, la séance est terminée, et un
membre du jury vient, d'une voix dou-
loureuse, annoncer à l'agriculteur que
ses foms ne sont pas primés.
Il conclut par cette touchante formule
de consolation
Honneur au fourrage malheureux 1
UN DCmtNO
Bloc-Notes Parisien
)Ume Célébrité de demain
On l'appelle Maurice Rollinat.
Ce nom, presque inconnu, mériterait
d'être célèbre depuis bien longtemps. Le
poète-musicien qui le porte a eu la mau-
vaise chance d'être édité par un éditeur
fort endormi, du nom d'Hartmann, chez
lequel il a laissé s'engouffrer ses ca/ et
six M~/o~y de Baudelaire, d'un art innni,
absolument étrange et saisissant.
Beaucoup de Parisiens, des plus raffi-
nés, l'avaient déjà applaudi, soit chez
Victor Hugo, soit chez Théodore de Ban-
ville, soit chez son ami Charles Buet, où
il se retrouve, le mercredi, avec Barbey-
d'Aurevilly, François Coppée, Ernest
Hello.
Maurice Rollinat est Berrichon, tout
ainsi que George Sand, qui fut la grande
amie de son père, et qui lui prédit,
à lui, sa vie tourmentée, indiciblement
mélancolique, toute pleine de regrets et
de souvenirs.
C'est une légende du quartier Latin,
propagée par certain roman à sensation de
M. Félicien Champsaur, qui a montré
Rollinat comme un bohème, le bohème
macabre de la lassitude et de la mort.
Bohème t II ne l'est non plus que le pre-
mier bourgeois venu. Il 'vit, paisible et
laborieux, dans son modeste logis du
quartier des Invalides, loin des bruits, des
tapages et de la réclame. Il possède la
médiocrité dorée qu'enviait le poète latin
il vit de peu, et content, avec son chat
Tigroteau et son chien. Son intérieur est
celui d'un homme de famille il est en-
touré de souvenirs, et, près du portrait de
George Sand, on voit chez lui celui de
son père Rollinat, représentant du peuple
en 1848.
Maurice Rolîinat, que parfois l'on a
C~F'F'IGIE! ~LZIJTF~
BONME RÉCOMPENSE r
H ~t~ p~i~d~
AUX ABORDS DE LA GARE DE LYON
C7/ ~o~< <~M~aK~-e~a~Me~p~o~oe~Ï,~ajOM~po:e~~7~ po~ M~ coM:'er. &a?~e/ ~uec M~e ~Me ofe c~!b?°e e< ~tx~e~e « JPDoMa?~ c~M~~ ca/s~~ ~e ~(~opo?~M~ e~ec~oM~ ~ ~.MCM~ ~yte e~ r~ce~ K~ s:~e c~ts~c~
~<'M/K~~K
~Ve co~~D~'e/'(XV7°f/~e/'e <~~M ~0: 7MM~~ (XM Co/ïSe~ /MM~Cipa~ C~e jPa~~ ~Mt~?'0/~e< M~
B(DnSTN'E I~3ÎÎC:(D~FBNSB
iLOO Ï~&mos Impr. PAUL FERMER, sise à Paris, rue Bouleau
comparé à Edgar Poe, à Baudelaire, à
Hoffmann et à Chopin, n'est ni l'un ni l'au-
tre de ces poètes et de ces musiciens, avec
lesquels il n'a que de lointaines affinités.
Il est lui, et c'est assez.
D'une puissante originalité, d'un esprit
profondément imbu des plus hautes pen-
sées, il chante les désenchantements de la
vie, les horreurs de la mort, la paix du sé-
pulcre, les espérances futures, les déchi-
rements du remords. La musique avec la-
quelle il interprète la Mort des ~MD~~
la C/c~le .F/~K~M vivant, l'Idéal
de ce grand Baudelaire que je vis mourir,
n'appartient assurément à aucune école
< conservatoresque s, dit-il lui-même en
son langage singulièrement imagé.
& C'est le cri de l'âme, c'est l'envolée de
la conscience, c'est une mélodie ~AM-
M~'K~, toute de sensation, de raffinement,
qui parle aux cœurs ensevelis dans le
scepticisme égoïste du siècle, et qui fait,
sous sa voix aiguë, jaillir la douleur.
Comme poète, il est moins étrange peut-
être, mais non moins puissant. Il a publié
le premier recueil de tout nourrisson des
muses Dans ~M~. Mais il a chez
Charpentier, un beau volume sous presse,
les Névroses, qui devrait être dédié à mon-
seigneur Satan.
Il a traduit le Co~K, le Palais hanté,
le V~' coM~M~~M~, et qui ne lui a pas en-
tendu dire ces trois poèmes ne sait rien
du pouvoir de la parole.
Maurice Rollinat est condamné, paraît-
il, à être son propre rapsode. Il dit avec
un art qui s'ignore, tout naturellement, des
choses surnaturelles. Il a le geste en spi-
rale des diaboliques il a le regard fulgu-
rant des hantés. Nul mieux que lui ne com-
prend la nature nul ne la décrit d'un pin-
ceau plus net, plus rapide. Il a le mot juste,
l'épithète ~/c/M~ et je crois, ma foi t
que,pour expliquer ce diable d'homme,
qui est peut-être l'homme du diable, il
faudrait lui emprunter son langage pitto-
resquement fantastique, bourré d'images
inouïes, et qui est, à proprement dire, la
langue des ~'M~<
Sensitifs, ils étaient ses auditeurs d'hier
soir) C'était chez SarahBemhardt, si fraî-
chement jeune, dans une admirable robe
bleu, pâle et rose, lamée d'argent; je me
garderai bien de décrire l'atelier' tant de
fois décrit de la grande artiste où se pres-
saient Albert Woln, le peintre Alfred Ste-
vens, Hector Crémieux, l'auteur d'Orphée
aux J?M/~r~ Julien Turgan, M. et Mme
Jean Richepin, M. et Mme Charles Bttet,
Catulle Mendès, Mlle Louise Abbéma,
Mlle Arnaud, l'auteur de Jane G~f, ce
chef-d'œuvre qu'on applaudira l'an pro-
chain au Théâtre-Moderne; M. Peyronnet
et sa charmante femme, en toilette blan-
che M. Cheramy; enfin l'inévitable Co-
quelin cadet, escorté de plusieurs mono-
logues.
Poètes, dramaturges, peintres, journa-
listes, tous applaudissaient le .ScMo~Mj* de
TYo~M~MM, dit par Rollinat, avec une
verve enragée, et c'était, en vérité, un
contraste délicieux, que cette poésie fu-
nèbre et grandiose, régnant en souveraine
fantomatique dans ce rare salon.
TOUT-PARtS
PALMIERI
Vous vous demandez qui est Palmier! ?
C'est la destinée des savants de mourir
comme ils ont vécu, dans l'obscurité de
l'étude. Palmieri était directeur de l'Ob-
servatoire du Vésuve, et l'un des plus
savants météorologistes de notre temps.
Il a rendu le dernier soupir avant-hier,
le plus paisiblement qui se puisse, dans
la maisonnette qu'il s'était fait cons-
truire à quelques pas du cratère qui,
depuis vingt-huit ans, a mille fois vomi
contre lui la mitraille de ses projectiles,
sans pouvoir l'atteindre. C'est l'histoire
de Dumont-d'Urville qui, après avoir fait
sain et sauf le tour du monde, trouva la
un la plus banale sur le chemin de fer
de Paris à Versailles.
Louis Palmieri était né à Faicchio.
dans la province deBénévent, le 22 avril
1807. C'était un diocésain de notre nou'
veau nonce, Mgr di Rende. Successive-
ment professeur de mathématiques aux
lycées de Salerne, de Campobasso, d'A-
vellino, il fut, en 1845, chargé delà'
chaire de physique à l'Ecole royale de. h
marine de Naples. puis en 1847; à l'Uni–
versité de cette même ville.
En 1844, le célèbre Melloni encore
un nom tombé .dans l'oubli, avait éta-
bli un Observatoire météorologique, un ,`
peu au-dessus de l'ermitage de San.Sal-
vatore, tout près du cratère du Vésuve.
Bien qu'un des moins élevés, un des.
moins étendus, ce volcan oSre la plus &
riche variété d'espèces minôralogiques ?
qui se puisse voir dans un périmètre
aussi restreint le lapis-lazuli, l'amphi-
bole, la néphéline, le mica, les grenats,.
la stilbite, les pyroxènes, le breislakite,
etc., etc. Melloni en commença une col- J
lection que depuis 1854 époque a. la? x
quelle il lui a succédé à la direction d$
1 Observatoire Palmieri a beaucoup
augmentée. :11; < ¡
j. .f.
Si Palmieri n'a pas eu l'initiative de d
l'établissement de cet Observatoire.~
pourtant on peut dire que c'est grâce a. j
lui et par lui qu'ont dénnitivement été l~'
observés et décrits tous les phénomènes
du Vésuve, aujourd'hui admis par la,
science. C'est a. lui qu'on doit la cons-
truction des instruments d'observation
pluviomètre, électomètre, séismomètre.
C'est à lui qu'on doit la description des
phénomènes de l'éruption qui a duré de
1885 à 18S8, phénomènes qui ont pré-
senté tous les accidents possibles; de.
celle qui s'est si violemment déchaînée
sur le village de Torre del Greco en?
1861 enan, des éruptions de 1865,1868
et 1872. Nous ne parlons ici que des
principales.
Parmi les découvertes faites par Pal.
mieri, rappelons-en deux. Dans la se-
conde, l'imagination peut avoir sa part, ,(
mais elle est des plus intéressantes, A
l'aide de la spectroscopie, Palmieri a re-
connu la présence du thallium métal
récemment découvert dans les subits
mations des fumerolles. D'autres déjec-
tions du volcan renferment, selon lui.de
l'acide borique qui proviendrait, par des
communications souterraines, des souy
ces thermales de la Toscane, si riche
comme on sait, en borax.
Nous avons assisté aux dernières con-
vulsions de l'éruption de 1872, qui faillit
coûter la vie à Palmieri. Le roi Victor-
Emmanuel lui avait envoyé l'ordre de
s'éloigner de son Observatoire, presque
enseveli sous les cendres, cerné par la
lave, défoncé par les projectiles. Pal-
mieri s'y refusa avec indignation.
Entêté comme la plupart des savants
il se serait certainement jeté comme
Empédocle dans la gueule du monstre,
pour mieux voir ce qu'il y avait dedans,
si l'on avait insisté sur les dangers qu'il
courait.
C'est au mois de janvier 1~73 que nous
avons vu, pour la derniôrefeis, Palmïeri
dans son Observatoire; mais ce n'est
pas la dernière fois que nous sommes
monté au Vésuve nous en avons encore~'
fait l'ascension au mois de septembre
1878. Il est probable que nous n'y re-
tournerons plus, le chemin de fer funi-
culaire qu'on a récemment établi sur les
nancs du Vésuve, nous ayant tout à fait
dépoétisé- cette excursion-la. Où diable
l'industrie va-t-elle se nicher?
Palmieri était alors un vieillard déjà.
cassé, moins communicatif que le sa-
vant, son voisin, M. Fiorelli, qui dirige
les fouilles de Pompéi; quand on le dé.
rangeait dans ses entretiens avec ses
instruments, bourru comme le générât
de Nansouty sur son Pic du Midi ce-
pendant, très aimable à ses heures.
Dans ces moments-là, il offrait à ses vi-
siteurs du Lacryma-Christi, et nous en
avons bu avec lui, et paraît-il, de der-
rière les fagots.
Outre ses observations recueillies `,.
dans des fascicules mensuels: ~~MaM >;
dell' OsM~a~sno, il a publié une étude sur l'érup-
tion de 1872 TMce~Mï FswM ~S7~. Mourir les armes de la.
science à la main, le regard errant sur
ce Paradis-Terrestre du golfe de Naples,
quelle douce mort t
MILLEFIORE
1
PAMS: S centimes.–DÉPARTEMENTS BTGARES:CENTÏMEâ
Ijundi 6"Novemt)re f88S
A'mTrBStr~ BSE~~E~'
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ABONNEMENTS,PET)TES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des ttalions, C
L'HMtME CE LETTRES
mJ NmVitBmiU t~JLt BJtUJB.BMtJ~
L'article d'Octave Mirbeau, qui vient
de soulever tant de tapage, abordaitia-
cidemment une question qui serait bien
curieuse à approfondir dune manière
généraie l'inuuence de là profession
sur l'homme.
Dans cette attaque aux comédiens, il
est & remarquer que le journaliste vi-
sait toujours la profession, qu'il la char-
geait de tous ses griefs, qu'il la rendait
en quelque sorte responsable des modi-
ncations qu'elle fait fatalement subir à
ceux qui l'exercent. Déjà, dans .PV'o-
mont ~:
période aigu de cette maladie spéciale
qu'on pourrait appeler « le cabotinage x.
Le cabotinage est la maladie incurable
de l'acteur, soit; les symptômes 'en
sont constants, les manifestations appa-
rentes, soit. Mais n'est-il pas vrai aussi
que chaque profession a sa maladie, que
chaque métier déforme d'une façon plus
ou moins sensible l'homme normal, lui
donne des tics, des habitudes, des ma-
nières d'être, de penser, d'agir, qui peu-
vent plaire à ceux-ci, déplaire à ceux-là.
N'est-il pas certain aussi que, avant d'en-
trer dans la profession qu'on doit choi-
sir, il est nécessaire de porter en soi le
germe de cette maladie (qu'on appelle
alors vocation), sous peine de n'être ja-
mais qu'ua médiocre dans le méfier ?
Pour devenir un comédien de mérite,
n"est-il pas indispensable d'être cabot
dès la naissance, ca-bot dés qu'on marche
et qu'on parle?
Mais que dirions-nous donc du monde
de l'argent? du monde du sport, etc.
Dans le peuple, on suivrait d'une fa-
çon plus précise encore les influences
du métier sur l'homme. Les ouvriers
peintres ressembieut-iis aux ouvriers
menuisiers, les forgerons ne sont-ils
pas en tout diNérents des épiciers?
Mais, de toutes les professions, celle
qui produit le plus de ravages dans l'or-
ganisme cérébral, celle qui trouble le
plus les fonctions normales de l'esprit,
c'est assurément la profession des let-
tres.
Le public considère ordinairement
l'homme de lettres comme une sorte
d'animal étrange, de fantaisiste, d'ori-
ginal, de paradoxe vivant, de poseur,
sans s'expliquer bien nettement cepen-
dant en quoi cet être particulier difEère
de.gessemblab!es.. 1
C'est qu'en lui aucun sentiment sim-
ple n'existe plus. Tout ce qu'il voit, tout
ce qu'il éprouve, tout ce qu'il sent, ses
joies, ses plaisirs, ses souNrances, ses
désespoirs, deviennent instantanément
des sujets d'observation. It analyse mal-
gré tout, malgré lui, sans fin, les coeurs,
les visages, les gestes, les intonations.
Sitôt qu'il a vu, quoi qu'il ait vu, il lui
faut le pourquoi 1 Il n'a pas un élan, pas
un cri, pas jm baiser qui soit franc; pas
une de ces~ actions instantanées qu'on
fait parce qu'on doit les faire, sans sa-
voir, sans réfléchir, sans comprendre,
sans se rendre compte ensuite.
S'il sounre, il prend note de sa souf-
france et la classe dans un carton; il
se dit, en revenant du cimetière, ou il a
laissé celui où celle qu'il aimait le plus
au monde « C'est singulier ce que j'ai
ressenti; c'était comme une ivresse dou-
loureuse, etc. Et alors il se rappelle
tous les détails, les attitudes des voisins,
les gestes faux, les fausses douleurs, les
faux visages, et mille petites choses insi-
gnifiantes, des observations artistiques,
Ye signe de croix d'une vieille qui te-
nait un enfant par la main, un rayon de
lumière dans une fenêtre, un chien qui
traverse le convoi.l'eNet de la voiture
funèbre sous les grands ifs du cime-
tière, la tête surprenante d'un croque-
mort et la contraction des traits, l'eHdrt
des quatre hommes qui descendaient la
.bière dans la fosse; mille choses enfin
qu'un brave homme souSrànt de toute
son âme, de tout son cœur, de toute sa
force, n'aurait jamais remarquées.
Il a tout vu, tout retenu, tout noté,
malgré lui, parce qu'il est, avant tout,
malgré tout, un hommes de lettres, et
qu'il a l'esprit construit de ~telle sorte,
que la répercussion, chez lui, est bien
plus vive, plus naturelle pour ainsi dire,
que la première secousse, l'écho plus
sonore que le son primitif.
JI semble avoir deux âmes, l'une qui
nntët explique, commente chaque sen-
sation de sa voisine, de l'âme naturelle,
commune à tous les hommes; et il vit
condamné à être toujours, en toute occa-
sion, un renet de lui-même et un renet
des autres, condamné à se regarder
sentir, agir, aimer, penser, souffrir, et
Ane jamais souSrir, penser, aimer, sen-
tir comme tout le monde, bonnement,
franchement, simplement, sans s'ana-
lyser soi-même après chaque joie et
~près chaque sanglot.
S'il cause, sa parole semble souvent
médisante, uniquement parce que sa
pensée est clairvoyante, et qu'il désar-
ticule tous les ressorts cachés des senti-
ments et des actions des autres.
S'il écrit, il ne peut s'abstenir de jeter
en ses livres tout ce qu'il a vu, tout ce
qu'il a compris, tout ce qu'il sait; et cela
sans exception pour les parents, les
amis; mettant à nu, avec une impartia-
lité cruelle.Ies coeurs de ceux qu'il aime
ou qu'il a aimés, exagérant même, pour
grossir l'eSet, uniquement préoccupé
de son œuvre et nullement de ses affec-
tions.
Et ~'il aime, s'il aime une femme, il la
dissèque comme un cadavre dans un hô-
pital. Tout ce qu'elle dit, ce qu'elle fait,
est instantanément pesé dans cette déli-
cate balance de l'observation qu'il porte
en lui, et classé à sa valeur documen-
taire. Qu'elle se jette à son cou dans un
élan irréSéchî, il jugera le mouvement
en raison de son opportunité, de sa jus-
tesse, de sa puissance dramatique, et
le condamnera tacitement s'il le sent
faux ou mal fait.
Acteur et spectateur de lui-même et
des autres, il n'est jamais acteur seule-
ment comme les bonnes gens qui vi-
vent sans malice. Tout autour de lui de-
vient de verre, les coeurs, les actes, les
intentions secrètes, et il souffre d'un
mal étrange, d'une sorte de dédouble-
ment de l'esprit, qui fait de l'ii Tin être
effroyablement vibrant, machiné, com-
pliqué et fatigant pour lui-même.
Je prends, dans un livre paru récem-
ment, un exemple frappant de cette ob-
servation invotontaire, pratiquée sur
soi-même aux heures les plus doulou-
reuses. Un -de ceux qui ont le plus tra-
vaillé et souffert par l'art, Gustave
Flaubert, après avoir passé la nuit au-'
près du corps de son plus cher ami, de
celui dont la mort le laissa inconsolable,
écrivait a M. Maxime Du Camp une
étrange et superbe lettre dont voici des
fragments
~e~ est )MO~< /MM~! SO~r, ? MMMM!<
je enterré /M'er.e ~'
~r~p, je ~M! ai ~OMM~ 7e baiser ~'s~'eM,
et j'ai ~M soM~r son cerc!
lisais ~es Religions de l'antiquité, de
CreM~gr.
La fenêtre était OM~ey~e, MM!< ~SMpe/'&e on entendait les c/i~M/s dï< coq,
et MM ~a~0~. de MM!~ MOM~)'e
cor ~e classe ~M! m'est arrivé a travers
~es bois. Le mercredi, j'ai été me pro-
?MO!e)'
Ce<~ CM6MK~'0!CCO~~a'~?!a!< ~OM~'OM~ ~MNM~ il sortait
SC!~ MM!< Q'M< ~r~~ SS MM)r<, g~e
a /
.t.
De voile ~M'OM J'M! a~!< ~M SMr le visage,
~<:)M/' regarder. Q:
so!<~e~ ye
~'es< restée
JVû!
se?M&~< a MKe M~om~ ~yp~eMMe se~~e
~0!s ses bandelettes, et j'ai ~~0!< je
ne p~M's d~e ~Me~ seH~me~< ~MorM~e 6!e
joie e<~e Mûer~~OM~ ~~a!< MaMC; ~S&O~CO?~~e?~
&Ma!eM< dans cette 6~Mc/
ozsesM, ssj'ï
0~ ~a;~c)~~ &ro;s aM c~e~~re;
COMrse a ~M~MS ~'MMg /ieMye. Placé
derrière, je voyais le cercMe~ osciller
avec M~ wo!
~MëM~. ~.M c~eMërg,
e~"a;: regardé «Me à MMe
Un autre eût pleuré simplement, puis
oublié. H me semble que ces douleurs
clairvoyantes doivent être plus aiguës,
et ces âmes attentives et complexesplus
malheureuses que celles des autres.
eUY DEMAUPASSANT.
No s Echo s
AUJOURD'HU) 1
A 6 heures, dîner au Grand-Hôte! .admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dîner, lorchestre de
M. Desgranges jouera, dans la nouvelle salle de
musique.
MEMO <
Potage printanier
Hors-d'œuvre
Truite saumonée sauce genevoise
Pommes de terre A l'anglaise
Pièce de bœuf à la. Savarin
Quartier de chevreuil au grand-veneur
Dindonneau au cresson
Salade
Petits pois à la française
Baba au rhum
Glace
Parfait au café
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voyageurt).
Piano, tables de jeux.- Dtner à la carte au re«-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir a la
4' page.)
Musée Grêvin, 10. boulevard Montmartre.
Da~nze heures du matin à onze heures du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le Propre.
A l'Opéra-Comique. Le Pré
Français, S h. Philiberte; l'AcM
M. Le Myre de Vilers, gouverneur
de la Gochinchine, vient de donner sa
démission, à la suite de graves dissenti-
ments avec le ministre de la marine.
Ce poste important a été offert à M.
Thomson, préfet de la Loire, qui paraît
décidé à l'accepter.
Une double élection sénatoriale a eu
lieu hier, à Quimper, pour pourvoir aux
deux sièges laissés vacants par la mort
de MM. de Kervéguen et du marquis
de Forsanz.
Les candidats légitimistes, MM.Halan
du Frétay et Le Gueo, ont été élus.
Il y avait 387 électeurs inscrits
voici le nombre des voix obtenues par
les candidats
MM. Hatan du Frétay. 200 voix; élu
LeGaen. 197Yoix:61u
Rousseau. i87
Morvan. 184
Un journal du soir annonce que sir
Edward Malet abandonnera prochaine-
ment ses fonctions de consul général
d'Angleterre en Egypte pour aller pren-
dre le poste de ministre plénipoten-
tiaire en Chine, dont le titulaire.sir Tho-
mas Wade, est actuellement en congé.
Informations prises à bonne source,
nous pouvons affirmer que le maintien
de sir Edouard Malet n'a jamais été mis
en doute par le gouvernement anglais,
et que, d'ailleurs, le poste de sir T.
Wade n'est pas vacant.
tE MONDE ET LA V
Hier, à midi, a eu lieu, en l'église de
la Trinité, l'enterrement de M. Campe-
non.
Bien que brusquement frappé par l'a-
poptexie, M. Campenon avait eu le temps
de faire venir un prêtre, et il est mort,
muni des secours de la retigion.
L'enterrement a eu lieu au milieu d'un
grand concours de personnes venues
pour donner & cet homme de bien un
dernier et éloquent témoignage d'es-
time.
Le corps de M. Campenon a été con
duit à Croissy, après la cérémonie reli-
gieuse, par sa veuve, assez forte, dans
son immense douleur, pour présider a.
cette funèbre cérémonie.
Parmi les assistants, nous avons re-
connu MM. E. Hua, J. Valfrey, de Ba-
rante, Ernest Desjardins, 0. Despaty, le
général Guépratte, le général Campe-
non, le duc Decazes, Emile Augier, Car-
raby, V. de Heaume de la VaHombreuse,
A. Desjardins, de l'Institut ;De!acourtie,
Oscar Falateuf d'Eichthat.Desmazes, Ri-
bot, A. Proust, de la Faye, Boudet,
Rousse, Albert Gigot, ancien préfet de
police; Suin, Btisson-Billault, PaulThu-
reau-Dangin, Clausel de Coussergues,
Denormandie, sénateur; Delaroche-Ver-
net, comte d'Eprémesnil, Onfroy deBré-
ville, Barbaroux, Eugène Rendu, Nicias
Gaillard, de la. Vallée, etc., etc.
Hier, à deux heures, a eu lieu, au ci-
metière Montmartre, l'inauguration du
monument élevé à la mémoire de Joseph
Garnier, sénateur, membre de l'Institut.*
La famille était représentée par Mlle
Jenny Garnier, M. Parisot et M. Mazo,
député.
Le bureau de la Société d'Economie
politique et un grand nombre de mem-
bres étaient présents. `
M. Léon Say a prononcé une courte
allocution et rappelé, en termes émus,
les grands services rendus à la science
économique par Joseph Garnier.
L'Institut, l'Ecole des ponts et chaus-
sées, l'Ecole supérieure de commerce
étaient représentés nous avons remar-
qué MM. de Molinari, Cernuschi, Ri-
chard du Cantal, F. Passy, Paul Ber-
teau, Cb. Perrin, Barrias, auteur du mo-
nument, etc.
C'est le 20 que M. Ernest Renan ma-
rie sa ravissante fille Noémi avec M.
Jean Psichari, agrégé de l'Université,
auteur d'une édition fort estimée des
~.<~e~es, de Térence.
M. Psichari est un Grec naturalisé
Français, en possession d'une fort belle
fortune, qu'il dépose aux pieds d'une
personne aussi belLe que distinguée.
Le mariage sera célébré à la fois à
l'église" orthodoxe grecque de la rue
Daru, en raison du marié, et à l'église
protestante, MUe Noémi Renan appar-
tenant à la religion réformée.
Les témoins seront, pour l'époux
MM. Egger, l'illustre savant, et Queux
deSaint-Hilaire, l'helléniste renommé;
et pour la jeung épouse: MM. le docteur
Marjolin, parent de Mme Renan, née
Scheffer, et le grand chimiste Berthe-
lot, ami particulier de l'auteur de la Pïg
~
Disons, puisque nous parlons d'Ernest
Renan, qu~l met, en ce moment, la der-
nière main à ses
qui fera pas mal de bruit.
M. Alejandro Mon, ancien président
du conseil des ministres en Espagne,
qui fut, pendant de longues années, am-
bassadeur à Paris, vient de mourir dans
ses terres des Asturies. M. Mon, était
grand-cordon de la Légion d'honneur,
et chevalier de la Toison d'or.
L'empereur François-Joseph a fait
dernièrement une chute à la chasse au
renard, près de Gœdœllœ (Hongrie).
Son cheval s'est dérobé devant un
obstacle mais l'Empereur, jeté à terre,
a pu se relever sur-le-champ et arriver
l'un des premiers à la mort du renard.
Signe des temps
Le journal le C~o~t et Bataille
oSre en prime à ses abonnés et aux
acheteurs de ses quinze derniers numé-
ros < un bon revolver à six coups, en
acier fondu
Les lecteurs anarchistes du C~o~/en et
~
tue un bon instrument de travail
révolutionnaire.
Notre collaborateur et ami M. Catulle
Mondes, dont l'Ambigu va jouer pro-
chainement les .Nf~y
répétitions et les labeurs si absorbants
(fui accompagnent toujours la fondation
d'un journal.
Après avoir fait, par son habile direc-
tion, le succès de deux publications heb-
domadaires laFïe pc~M~M-e et leMoM~
ù!conKM, Catulle Mendès abandonne ces
deux journaux pour se mettre < dans ses
meubles Sur le plan des journaux
illustrés qu'il a créés, il fonde la .Rg-
~Me po~M~M~, dont !e premier numéro
paraîtra demain mardi.
Encore un mot du baron Vidil, dont
nous citions l'autre jour un trait de gen-
tilhommerie poussée jusqu'au fantas-
tique.
Un jour, le baron entend un vacarme
épouvantable dans la rue~sous ses fe-
nêtres.
Lafleur, dit-il à son valet de cham-
bre, va voir d'où vient tout ce bruit. Si
ce sont des 'gentilshommes, invite-les à
monter; si ce sont des manants, chasse-
les a coups de bâton l
NOUVELLES A LA MA)N
Latin de cuisine.
Le jeune fils de GruiboIIard rencontre,
au cours d'une lecture, une citation la-
tine, d'un usa.ge-1'réquent, le Ca~cM~M
d'Horace.
Papa, demande-t-il à l'auteur de
ses jours, qu'est-ce que ça veut dire
Carpe cK~?
Le père Guibollard, qui n'a conservé
de ses études classiques qu'une latinité
vague, répond d'un ton professoral
Mon fils, c'est un terme culinaire
ça veut dire la carpe du jour.
Dans un concours agricole:
Un gros propriétaire attend impatiem-
ment la décision du jury, qui est en
train'de décerner des récompenses aux
écnantiHons de fourrages les plus re-
marquables.
Ennn, la séance est terminée, et un
membre du jury vient, d'une voix dou-
loureuse, annoncer à l'agriculteur que
ses foms ne sont pas primés.
Il conclut par cette touchante formule
de consolation
Honneur au fourrage malheureux 1
UN DCmtNO
Bloc-Notes Parisien
)Ume Célébrité de demain
On l'appelle Maurice Rollinat.
Ce nom, presque inconnu, mériterait
d'être célèbre depuis bien longtemps. Le
poète-musicien qui le porte a eu la mau-
vaise chance d'être édité par un éditeur
fort endormi, du nom d'Hartmann, chez
lequel il a laissé s'engouffrer ses ca/ et
six M~/o~y de Baudelaire, d'un art innni,
absolument étrange et saisissant.
Beaucoup de Parisiens, des plus raffi-
nés, l'avaient déjà applaudi, soit chez
Victor Hugo, soit chez Théodore de Ban-
ville, soit chez son ami Charles Buet, où
il se retrouve, le mercredi, avec Barbey-
d'Aurevilly, François Coppée, Ernest
Hello.
Maurice Rollinat est Berrichon, tout
ainsi que George Sand, qui fut la grande
amie de son père, et qui lui prédit,
à lui, sa vie tourmentée, indiciblement
mélancolique, toute pleine de regrets et
de souvenirs.
C'est une légende du quartier Latin,
propagée par certain roman à sensation de
M. Félicien Champsaur, qui a montré
Rollinat comme un bohème, le bohème
macabre de la lassitude et de la mort.
Bohème t II ne l'est non plus que le pre-
mier bourgeois venu. Il 'vit, paisible et
laborieux, dans son modeste logis du
quartier des Invalides, loin des bruits, des
tapages et de la réclame. Il possède la
médiocrité dorée qu'enviait le poète latin
il vit de peu, et content, avec son chat
Tigroteau et son chien. Son intérieur est
celui d'un homme de famille il est en-
touré de souvenirs, et, près du portrait de
George Sand, on voit chez lui celui de
son père Rollinat, représentant du peuple
en 1848.
Maurice Rolîinat, que parfois l'on a
C~F'F'IGIE! ~LZIJTF~
BONME RÉCOMPENSE r
H ~t~ p~i~d~
AUX ABORDS DE LA GARE DE LYON
C7/ ~o~< <~M~aK~-e~a~Me~p~o~oe~Ï,~ajOM~po:e~~
~<'M/K~~K
~Ve co~~
B(DnSTN'E I~3ÎÎC:(D~FBNSB
iLOO Ï~&mos
comparé à Edgar Poe, à Baudelaire, à
Hoffmann et à Chopin, n'est ni l'un ni l'au-
tre de ces poètes et de ces musiciens, avec
lesquels il n'a que de lointaines affinités.
Il est lui, et c'est assez.
D'une puissante originalité, d'un esprit
profondément imbu des plus hautes pen-
sées, il chante les désenchantements de la
vie, les horreurs de la mort, la paix du sé-
pulcre, les espérances futures, les déchi-
rements du remords. La musique avec la-
quelle il interprète la Mort des ~MD~~
la C/c~le .F/~K~M vivant, l'Idéal
de ce grand Baudelaire que je vis mourir,
n'appartient assurément à aucune école
< conservatoresque s, dit-il lui-même en
son langage singulièrement imagé.
& C'est le cri de l'âme, c'est l'envolée de
la conscience, c'est une mélodie ~AM-
M~'K~, toute de sensation, de raffinement,
qui parle aux cœurs ensevelis dans le
scepticisme égoïste du siècle, et qui fait,
sous sa voix aiguë, jaillir la douleur.
Comme poète, il est moins étrange peut-
être, mais non moins puissant. Il a publié
le premier recueil de tout nourrisson des
muses Dans ~M~. Mais il a chez
Charpentier, un beau volume sous presse,
les Névroses, qui devrait être dédié à mon-
seigneur Satan.
Il a traduit le Co~K, le Palais hanté,
le V~' coM~M~~M~, et qui ne lui a pas en-
tendu dire ces trois poèmes ne sait rien
du pouvoir de la parole.
Maurice Rollinat est condamné, paraît-
il, à être son propre rapsode. Il dit avec
un art qui s'ignore, tout naturellement, des
choses surnaturelles. Il a le geste en spi-
rale des diaboliques il a le regard fulgu-
rant des hantés. Nul mieux que lui ne com-
prend la nature nul ne la décrit d'un pin-
ceau plus net, plus rapide. Il a le mot juste,
l'épithète ~/c/M~ et je crois, ma foi t
que,pour expliquer ce diable d'homme,
qui est peut-être l'homme du diable, il
faudrait lui emprunter son langage pitto-
resquement fantastique, bourré d'images
inouïes, et qui est, à proprement dire, la
langue des ~'M~<
Sensitifs, ils étaient ses auditeurs d'hier
soir) C'était chez SarahBemhardt, si fraî-
chement jeune, dans une admirable robe
bleu, pâle et rose, lamée d'argent; je me
garderai bien de décrire l'atelier' tant de
fois décrit de la grande artiste où se pres-
saient Albert Woln, le peintre Alfred Ste-
vens, Hector Crémieux, l'auteur d'Orphée
aux J?M/~r~ Julien Turgan, M. et Mme
Jean Richepin, M. et Mme Charles Bttet,
Catulle Mendès, Mlle Louise Abbéma,
Mlle Arnaud, l'auteur de Jane G~f, ce
chef-d'œuvre qu'on applaudira l'an pro-
chain au Théâtre-Moderne; M. Peyronnet
et sa charmante femme, en toilette blan-
che M. Cheramy; enfin l'inévitable Co-
quelin cadet, escorté de plusieurs mono-
logues.
Poètes, dramaturges, peintres, journa-
listes, tous applaudissaient le .ScMo~Mj* de
TYo~M~MM, dit par Rollinat, avec une
verve enragée, et c'était, en vérité, un
contraste délicieux, que cette poésie fu-
nèbre et grandiose, régnant en souveraine
fantomatique dans ce rare salon.
TOUT-PARtS
PALMIERI
Vous vous demandez qui est Palmier! ?
C'est la destinée des savants de mourir
comme ils ont vécu, dans l'obscurité de
l'étude. Palmieri était directeur de l'Ob-
servatoire du Vésuve, et l'un des plus
savants météorologistes de notre temps.
Il a rendu le dernier soupir avant-hier,
le plus paisiblement qui se puisse, dans
la maisonnette qu'il s'était fait cons-
truire à quelques pas du cratère qui,
depuis vingt-huit ans, a mille fois vomi
contre lui la mitraille de ses projectiles,
sans pouvoir l'atteindre. C'est l'histoire
de Dumont-d'Urville qui, après avoir fait
sain et sauf le tour du monde, trouva la
un la plus banale sur le chemin de fer
de Paris à Versailles.
Louis Palmieri était né à Faicchio.
dans la province deBénévent, le 22 avril
1807. C'était un diocésain de notre nou'
veau nonce, Mgr di Rende. Successive-
ment professeur de mathématiques aux
lycées de Salerne, de Campobasso, d'A-
vellino, il fut, en 1845, chargé delà'
chaire de physique à l'Ecole royale de. h
marine de Naples. puis en 1847; à l'Uni–
versité de cette même ville.
En 1844, le célèbre Melloni encore
un nom tombé .dans l'oubli, avait éta-
bli un Observatoire météorologique, un ,`
peu au-dessus de l'ermitage de San.Sal-
vatore, tout près du cratère du Vésuve.
Bien qu'un des moins élevés, un des.
moins étendus, ce volcan oSre la plus &
riche variété d'espèces minôralogiques ?
qui se puisse voir dans un périmètre
aussi restreint le lapis-lazuli, l'amphi-
bole, la néphéline, le mica, les grenats,.
la stilbite, les pyroxènes, le breislakite,
etc., etc. Melloni en commença une col- J
lection que depuis 1854 époque a. la? x
quelle il lui a succédé à la direction d$
1 Observatoire Palmieri a beaucoup
augmentée. :11; < ¡
j. .f.
Si Palmieri n'a pas eu l'initiative de d
l'établissement de cet Observatoire.~
pourtant on peut dire que c'est grâce a. j
lui et par lui qu'ont dénnitivement été l~'
observés et décrits tous les phénomènes
du Vésuve, aujourd'hui admis par la,
science. C'est a. lui qu'on doit la cons-
truction des instruments d'observation
pluviomètre, électomètre, séismomètre.
C'est à lui qu'on doit la description des
phénomènes de l'éruption qui a duré de
1885 à 18S8, phénomènes qui ont pré-
senté tous les accidents possibles; de.
celle qui s'est si violemment déchaînée
sur le village de Torre del Greco en?
1861 enan, des éruptions de 1865,1868
et 1872. Nous ne parlons ici que des
principales.
Parmi les découvertes faites par Pal.
mieri, rappelons-en deux. Dans la se-
conde, l'imagination peut avoir sa part, ,(
mais elle est des plus intéressantes, A
l'aide de la spectroscopie, Palmieri a re-
connu la présence du thallium métal
récemment découvert dans les subits
mations des fumerolles. D'autres déjec-
tions du volcan renferment, selon lui.de
l'acide borique qui proviendrait, par des
communications souterraines, des souy
ces thermales de la Toscane, si riche
comme on sait, en borax.
Nous avons assisté aux dernières con-
vulsions de l'éruption de 1872, qui faillit
coûter la vie à Palmieri. Le roi Victor-
Emmanuel lui avait envoyé l'ordre de
s'éloigner de son Observatoire, presque
enseveli sous les cendres, cerné par la
lave, défoncé par les projectiles. Pal-
mieri s'y refusa avec indignation.
Entêté comme la plupart des savants
il se serait certainement jeté comme
Empédocle dans la gueule du monstre,
pour mieux voir ce qu'il y avait dedans,
si l'on avait insisté sur les dangers qu'il
courait.
C'est au mois de janvier 1~73 que nous
avons vu, pour la derniôrefeis, Palmïeri
dans son Observatoire; mais ce n'est
pas la dernière fois que nous sommes
monté au Vésuve nous en avons encore~'
fait l'ascension au mois de septembre
1878. Il est probable que nous n'y re-
tournerons plus, le chemin de fer funi-
culaire qu'on a récemment établi sur les
nancs du Vésuve, nous ayant tout à fait
dépoétisé- cette excursion-la. Où diable
l'industrie va-t-elle se nicher?
Palmieri était alors un vieillard déjà.
cassé, moins communicatif que le sa-
vant, son voisin, M. Fiorelli, qui dirige
les fouilles de Pompéi; quand on le dé.
rangeait dans ses entretiens avec ses
instruments, bourru comme le générât
de Nansouty sur son Pic du Midi ce-
pendant, très aimable à ses heures.
Dans ces moments-là, il offrait à ses vi-
siteurs du Lacryma-Christi, et nous en
avons bu avec lui, et paraît-il, de der-
rière les fagots.
Outre ses observations recueillies `,.
dans des fascicules mensuels: ~~MaM >;
dell' OsM~a
tion de 1872 TMce~Mï F
science à la main, le regard errant sur
ce Paradis-Terrestre du golfe de Naples,
quelle douce mort t
MILLEFIORE
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