Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-10-18
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 octobre 1882 18 octobre 1882
Description : 1882/10/18 (Numéro 94). 1882/10/18 (Numéro 94).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Troisième Série Numéro 94
Paris FUS centimes." Départements et Gares &O centimes
Mercredi 18 Octobre 1882-
ARTHUR 'SCBIÇEAI
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ABONNEMENT» r
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6*» mei» 5 fr. Un mois. 6 te/
Treis mois. 13 50 Trois mois j.J,. 16 tr.
Six mois. 27 fr. Six mois. 82/fc
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RENSEIGNEMENTS
9, boulesxtd des Italiens.
Paris -journal
̃̃̃ .-̃•:̃ LE." •'̃ \r
CA~I~ET FERRY
Dans peu de jours, le Parlement va se
réunir. On attend la publication au Jour-
nal- officiel du décret qui convoquera les
Chambres pour le 6 novembre. C'est le
moment de regarder les cartes et les
dessous de cartes du jeu politique. t
Nous paraissons posséder un cabinet
Duclerc mais c'est décidément pour un
autre que le four chauffe, et même que
le bois flambe. Le Gaulois, qui a l'oail et
l'oreille au guet, a déjà touché un mot
de eette affaire, et nous n'y revenons
qu'après avoir recueilli de divers côtés
des informations nouvelles, absolument
précises et concordantes. C'est mainte-
nant un fait accompli ou presque ac-
compli dès la rentrée de novembre ou,
à l'extrême rigueur, dans les premiers
jours de la session de janvier, nous au-
rons un ministère Ferry.
Le cabinet Duclerc est condamné il
l'était à l'heure même de sa naissance,
mais un peu vaguement et à. première
vue, comme un malade, dont chacun sait
qu'il ne fera pas de vieux 03. Personne
ne doutait que sa mort ne fût prochaine,
mais on n'eût pas osé çr, fixer le jour.
Aujourd'hui., l'arrêt porte une date cer-
taine et suffisamm,e;ût menaçante, qui
s'appelle en langage parlementaire la
'première occasion. A la jpremière occa-
sion, il est convenu qu on le renver-
sera.
Il n'a jamais vécu que provisoire-
ment une vit plus que par tolérance.
Les démolisseurs sont prêts.
###
Ainsi que nous le disions dans un pré-
cédent article, ce malheureux cabinet
Duclerc, si péniblement enfanté, et
blessé dans l'opération, n'avait pour lui
que deux chances: la faveur de M. Gam-
betta et la terreur de la Chambre.
M. Gambetta favorisait ouvertement
un cabinet sur lequel il avait prise de
toutes parts, et dont l'éclatante faiblesse
lui promettait toute sorte de revan-
ches.
La Chambre avait une peur effroyable
de renverser un cabinet dont la forma-
tion avait coûté tant de peine, découvert
tant de plaies, révélé à tous les yeux le
néant de la république, et après lequel
on ne voyait plus rien que l'anarchie.
Le ministère Duclerc pouvait vivoter
quelque temps sur ces deux atouts ines-
pérés. Il les a perdus l'un et l'autre.
Il n'a plus, à son actif, ni la protection
de M. Gambetta, ni l'effroi de la Cham-
bre.
M. Gambetta, impatienté des velléités
de résistance de M. Duclerc, a trouvé
i en M. Jules Ferry un allié plus complai-
sant, un serviteur plus docile; disons le
mot, un homme plus à lui.
De son côté, la Chambre, sachant qu'il
y a un autre ministère tout prêt, et que
la substitution qui l'effrayait s'accom-
plira presque sans secousse, ne fera
aucune difficulté de renverser un cabi-
net qui a parlé de dissolution, et qui ne
lui a jamais inspiré confiance.
Ce sera l'affaire d'une pichenette.
#
Maintenant que les voiles sont à peu
près déchirés et que, grâce aux indis-
crétions commises, toutes ces intrigues
se dessinent et s'éclaircissent peu à peu,
on apprend ou on se remémore certains
détails qui, malgré leur caractère légè-
rement rétrospectif, jetteront bientôt
une vive lumière sur ce grenier à com-
plots, sur ce sac à malices qu'on appelle
le monde politique et parlementaire. Ce
n'est pas très propre; mais vous savez
depuis longtemps, je suppose, qu'il n'y
faut toucher qu'avec des pincettes.
D'abord il y a près de quinze mois que
l'alliance est faite, le traité passé entre
M. Jules Ferry et M. Gambetta. Ce mar-
ché remonte à la fin de juillet 1881. Me-
surant alors la faveur presque univer-
selle dont jouissait M. Gambetta, son
crédit toujours croissant, l'influence
qu'il allait exercer sur les prochaines
élections générales, l'espèce de dictatu-
re qu'elles lui donneraient, M. Jules
Ferry prit la prudente résolution de se
garder à carreau.
Bien que sa position personnelle lui
permît de parler haut, car, à cette épo-
que, il était premier ministre, il parla
très humblement et prononça,dans quel-
que bourgade lorraine, ce curieux dis-
cours où il s'agenouillait devant le futur
dictateur. « Je ne demande qu'à être
son lieutenant 1 » s'écriait-il.
L'avance était directe. Après quelques
tâtonnements et quelques attaques hési-
tantes, M. Ferry, ayant pris le vent, se
décidait à tendre le rameau d'olivier. Il
demandait la paix, et une place de do-
mestique.
Tant de fierté lui réussit. M. Gam-
betta y fut sensible et ne dissimula plus
que M. Jules Ferry était, suivant sa pro-
pre expression, « un homme avec lequel
il y avait quelque.chose à faire. »
En attendant, il commença par le ren-
verser et par se mettre à sa place.
̃ #
On crut* avec une apparence de rai- i
son, qu'il en était résulté entre eux quel- 1
que refroidissement, et que M. Jules |
Ferry, notamment, éprouvait un cer- 1
tain dépit de son eau bénite perdue. 1
Mais on vit bientôt que la chose ne ti-
rait point à conséquence, et qu'il n'y
avait là qu'un malentendu. Je connais
même plusieurs personnes qui pré-
tendent que ce chassé-croisé avait été
convenu et réglé entre M. Gambetta
et M. Jules Ferry comme indispensable.
Le premier donnait les coups de pied, ]
l'autre les recevait; mais tous les deux t 1
les jugeaient nécessaires au succès de
la comédie. Le fait est, que M. Jules
Ferry ayant été renversé.et M. Gambetta
aussi, et M. de Freycinet pareillement,
et M. Duclerc tout près de l'être, les
deux comédiens se retrouvent aujour-
d'hui, au bout de leurs culbutes respec-
tives. la main dans la main et empressés
à se frotter réciproquement l'échiné. de-
vant la galerie stupéfiée. C'est du Mo-
lière de celui que Boileau trouvait infé-
rieur àTautre.
*##
J'expliquais tout à l'heure qu'une des
raisons qui avaient déterminé M. Gam-
betta à lâcher M. Duclerc pour M. Ferry,
c'était la raideur peu dissimulée de M.
Duclerc, et la souplesse, encore moins
dissimulée, de M. Ferry. Mais il y en a
une autre, encore plus décisive: c'est
que M. Ferry a plus de crédit et, par
conséquent, apporte à l'association plus
de force parlementaire que M. Duclerc.
Le phénomène paraît étrange, mais il
crève les yeux de tous les personnages
qui se sont succédé depuis trois ans sur
les bancs ministériels, M. Jules Ferry
est à peu près le seul qui ait eu vraiment
l'oreille de la Chambre. Il l'a môme en-
core. Il plaît à cette majorité, probable-
ment parce qu'il est à son niveau, et
qu'il partage ses passions. Comme elle,
il est médiocre; comme elle, maniaque
jusqu'à la fureur contre l'Eglise, la reli-
gion et le clergé. Enfin, elle l'a fait, ou
il l'a faite à son image; comment ne
s'aimeraient-ils pas ? Elle a positivement
un faible pour^ui. Il est de langage
courant, dans les couloirs de la Cham-
bre et dans les bureaux des ministères,
que M. Jules Ferry est le seul ministre
qui ait une énergie, une valeur, une
volonté, et qui ait grandi au pouvoir.
Quand il tomba, en novembre 1881, la
Chambre manifesta ses regrets. Il con-
servait des partisans nombreux qui sou-
tenaient à outrance qu'on ne l'avait ja-
mais mis en minorité, et dont l'attache-
ment pour M. Jules Ferry s'accroissait
de la défiance que leur inspirait son suc-
cesseur M. Gambetta'. « A quoi bon
changer son cheval borgne pour un
aveugle ? » On répétait de tous côtés ce
proverbe, qui devenait vraiment drôle
quand on remarquait que c'était juste-
ment le borgne Gambetta que l'on trai-
tait ainsi d'aveugle, de telle sorte qa'il
était impossible de se reconnaître dans
cet imbroglio d'infirmités.
Quoi qu'il en soit, M. Jules Ferry resta
l'homme de la Chambre, qui fut tout
heureuse de saluer son retour dans le mi-
nistère Freycinet, en janvier, et qui ne
vit pas sans un nouveau déplaisir sa
nouvelle chute en juillet. Des goûts et
des couleurs, il ne faut pas discuter Ce
qui est incontestable, c'est que M. Jules
Ferry possède la faveur de la Chambre.
Il en possède une autre, non moins pré-
cieuse, celle dq M. Grévy. M. Grévy
aime beaucoup M. de Freycinet, il aime
encore plus M. Jules Ferry. Pourquoi ?
Parce qu'il l'a élevé au biberon. M. F^rry
a été son nourrisson politique, à l'épo-
que où il donnait des consultations et
prenait les petits républicains en se-
vrage. C'est son Benjamin, où plutôt son
Isaac, s'il est. vrai que, dans ces der-
niers temps, quand il dut le sacrifier, ce
fut un déchirement. Aujourd'hui, on
veut le lui rendre, quelle joie t Il ne ver-
sera pas une larme lorsqu'on mettra sur
le bûcher le pauvre Duclerc, qui ne
peut point passer pour un jeune che-
vreau.
#*#
Tout est donc arrangé, conclu, et à
peu près signé, virtuellement signé.
Avec cela, on a l'oiseau bleu une maio-
rité t
Il n'est même pas sans intérêt de re-
marquerque le coup devait se faire plus
tôt. On n'a pas oublié que, dans les com-
binaisons antérieures, dans le gâchis
qui précéda la formation du cabinet Du-
clerc, on parla un moment, avec une
demi-certitude, et comme d'une chose
arrêtée, d'un cabinet Jules Ferry. Mais
la poire n'était pas mûre, et cette ma-
nière de coup de Jarnac eût semblé par
trop scandaleux. Il eût été trop visible
que M. Jules Ferry n'était sorti par une
porte que pour rentrer par l'autre, après
avoir miné et expulsé ses collègues. La
trahison s'affichait trop claire et trop
crue. On annonça que cela ne se ferait
pas, et ses amis dirent de lui, comme du
lièvre « Il préfère attendre !» »
Il a attendu, et son heure a sonné
nous aurons un ministère Ferry 1
Nous examinerons, dans un prochain
article, quelles seront les conséquences
de cet étrange assemblage, de ce mé-
nage à trois, Jules Ferry, Gambetta,
Grévy quelle figure v fera ce dernier,
et qui, finalement, sera dupe. Il suffit,
pour aujourd'hui, d'avoir retrouvé et
indiqué à l'horizon cette vieille comète,
le cabinet Ferry.
MYSTÈRE
Nos Echos
AUJOURD'HUI 1
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage Profiterole
Hors-d'œuvre
Bars sauce câpres f
Pommes de terre à la hollandaise
Côte de bœuf à la portugaise
Timbales Grand-Hôtel
Dindonneau au cresson
Salade
Céléri en branches au jus
Gâteau bruxellois
Glace
Bombes panachée3
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à la carte au res-
taurant. Billards au Cafô Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la
4« page.)
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
t e #*# ̃'j ̃
Opéra, 7 h. 3/4. Robert le Diable.
Français, 8 h. »/». Ruy-Blas.
Opéra-Comique, 8 h. Fra Diaoolo. Phi-
lêmon et Bauais.
LA POLITIQUE :<-
Une dépêche de Berlin, mal transmise
et arrivée, après le départ de la ré-
daction, pendant notre tirage, a amené
hier dans un de nos Echos une confu-
sion le comte et non le marquis
de Launay, quj est ambassadeur d'Ita-
lie à Berlin, pourrait bien être appelé à
l'ambassade d'Italie à Paris. Mais l'am-
bassade d'Allemagne n'a rien à voir là-
dedans.
Nous ferions injure à nos lecteurs en
insistant. -.•/
Le roi Christian IX de Danemark,
voyageant incognito, vient d'arriver à
Vienne.
Il est parti lundi soir pour Gmunden,
où il va assister au baptême de l'enfant
nouveau-né^ de sa fille, la princesse
Thyra, duchesse de Cumberland. On pré-
tend savoir que le Roi poursuit en même
temps le but d'user de son influence sur
son gendre, le duc de Cumberland en
vue de l'amener à une entente avec le
gouvernement de Berlin, pour sauver
au jeune représentant de la maison des
Guelfes la succession du duché de
Brunswick.
On sait que jusqu'ici le duc a repoussé
toute offre de conciliation avec la
Prusse.
L.e président de la République, ac-
compagné du général Pittié, a rendu
hier au grand-duc Wladimir la visite
que lui avait faite Son Altesse Impé-
riale.1,1
M. Grévy a été présenté à la grande-
duchesse Wladimir.
I.E MONDE ET LA VILLE
Le conseil des ministres qui s'est
réuni hier matin, à l'Elysée, a décidé,
sur le rapport du ministre de la guerre,
de maintenir dans son commandement
le général Lallemand, dont nous avons
donné hier matin une biographie dé-
taillée.
Les services rendus en Algérie par le
général Lallemand ont été assimilés à
ceux des généraux ayant commandé en
chef devant l'ennemi. Il restera donc en
activité hors cadre, dans la première
section de l'état-major général de l'ar-
mée.
Les funérailles du général Edgard
Ney, prince de la Moskowa ont eu lieu
hier matin. Le deuil était conduit par le
jeune M. Napoléon Ney, duc d'Elchin-
gen, petit-neveu du défunt, accompagné
des deux beaux fils du défunt, M. le
comte de la Bedoyère et M. le comte
Jehan de la Bedoyère, ainsi que de ses
beaux-frères M. le marquis de la Roche-
lambert et M. le comte de Valon.
Le prince Murât, représentant S. M.
l'impératrice Eugénie, marchait immé-
édiatement derrière le char funèbre,
et, à l'église, occupait seul, dans le
chœur, un siège réservé.
Les cordons du poêle étaient tenus
par M. le duc de Bassano, M. le général
Fleury, M. le général Bourbaki et M.
Béhic.
Les honneurs militaires ont été ren-
dus par un bataillon du 119° de ligne,
sous le commandement du chef de ba-
taillon Girard.
Le service religieux a eu lieu à Saint-
Philippe-du- Roule la messe a été dite
par M. l'abbé Vincent; M. l'abbé Laisne,
ancien chapelain des Tuileries, a donné
l'absoute.
Le corps du général Ney a été provi-
soirement déposé dans un caveau de l'é-
glise il sera transporté dans quelques
jours à Chemeré-Leroy.
Les obsèques de M.> le docteur Da-
vaine, dont nous annoncions hier la
mort, ont eu lieu à midi, au temple de
l'Oratoire du Louvre. Le deuil était
conduit par le fils et le neveu du dé-
funt.
Les cordons du poêle étaient tenus par
MM. Béclard, Hardy et Michel Peter,
membres de l'Académie de médecine, et
d'Eichthal, représentant l'Assistance pu-
blique.
Une grande assistance a suivi le cor-
tège jusqu'au cimetière du Père-La-
chaise, où l'inhumation a eu lieu.
Suivant la volonté expresse du défunt,
aucun discours n'a été prononcé sur sa
tombe, et les honneurs militaires, aux-
quels il avait droit, en qualité de cheva-
lier de la Légion d'honneur, ne lui ont
pas été rendus.
Nous apprenons la mort de M. le
comte Armand de Cintré, décédé dans
son château du Breil, près d'Iffendic
(Loire-Inférieure).
M., le comte de Cintré a représenté,
pendant plusieurs années, l'arrondisse-
ment de Montfort à l'Assemblée natio-
nale. Il était maire d'Ifîendic, et avait
été longtemps conseiller général de
Montfort.
Il laisse une veuve et un fils, M. Geor-
ges de Cintré, ancien zouave pontifical,
qui se conduisit vaillamment pendant la
guerre de. 1870, dans le corps des volon-
taires de Charette.
Nous annoncions dernièrement la
mort du regretté comte de Gobineau.
Un de ses amis, M. Hayem, qui avait
eu la bonne fortune de passer avec lui
la dernière saison aux eaux de Gastein,
veut bien nous apporter une anecdote
qu'il tenait de la bouche même du très
distingué diplomate et où se peint bien
un des côtés du caractère de M. Thiers.
L'empereur du Brésil visitait Paris.
M. de Gobineau, qui avait représenté la
France à Rio-de- Janeiro, était tenu par
lui en estime et en amitié particulières.
M. Thiers ne l'ignorait pas.
Or, il désirait passionnément que S.
M. dom Pedro lui fît l'honneur de venir
dîner chez lui. Il pria M. de Gobineau
de s'entremettre pour l'y décider, sans
en avoir l'air.
M. de Gobineau réussit dans'cette dé-
licate mission. L'Empereur alla dîner
chez M. Thiers, et M. de Gobineau fut
nommé à Stockholm.
Les ambassadeurs malgaches ne se
sont pas contentés d'aller rendre hier
leur visite au musée Grévin. Ils ont ex-
primé hautement le désir de voir leurs
traits reproduits en cire.
Devant le groupe saisissant qui re-
présente l'arrestation des nihilistes dans
une imprimerie, l'un d'eux a dit « Ces
nihilistes sont les meurtriers du peu-
pler* v
Bien dit, en vérité
Le Musée Grévin a, en ce moment,
toutes les fortunes le prince de Galles
ne s'est pas contenté de sa première vi-
site il a voulu y retourner avec les
deux fils du grand-duc Wladimir.
̃« '•'̃ •̃̃̃̃ **# '̃̃•
Hier, son Altesse Royale a chassé chez
le vicomte de Greffulhe, à la Grande-
Commune (Seine-et-Marne).
A neuf heurs du soir un train spécial
La ramenait à Paris avec le colonel
Clarke. Dans la soirée, le prince est resté
à l'hôtel Bristol.
Le grand-duc Wladimir, qui est de
passage à Paris, jouit d'une force mus-
culaire étonnante. Il remet, en guise de
carte, aux personnes qu'il honore de sa
visite, des pièces en argent d'un rouble
qu'il courbe entre ses doigts. Cette fa-
veur grand-ducale n'est d'ailleurs, cela
va sans dire, aesordée qu'à quelques
élus.
Notre ami et collaborateur Xavier de
Montépin vient dé' publier chez Dentu
son nouveau roman la Maison des Mys-
tères, second épisode des Pantins de
Mme le Diable dont le succès grandit
tous les jours. ••-̃ ̃
NOUVELLES A LA MAIN
Taupin se prend de querelle, dans un
restaurant de nuit, avec un folliculaire,
connu par ses écrits pornographiques.
Après un échange d'épithètes pénibles,
le folliculaire sort sa carte et la tend
à Taupin.
Taupin prend la carte et y lit le nom
du personnage puis, gravement, il
la met à contre jour, en demandant au
monsieur, du ton le plus courtois
Est-elle transparente ?
Entre gommeux.
Eh bien, mon cher Raoul, où en
es tu avec ta jolie veuve? °
Ça ne va pas mal: je suis déjà dans
les meilleurs termes. avec son carni-
che l
UN DCMINO
LA VÉRITÉ
SLR LES TROUBLES DE MONTCEAl-LES-lWNES
Nous recevons au reporter que nous avons en-
voyé, dès hier, à Montceau-les-Mines, les détails
les plus intéressants sur l'agitation qui règne
dans ce bassin et sur les causes do cette agita-
tion. La lettre et la dépêche qui suivent jettent
un jour tout nouveau sur les événements dont
Montceau-les-Mines est le théâtre.
Montceau-les-Mines, 16 octobre 1882
Mon cher directeur,
Sitôt arrivé à bon port, ce qui vous in-
téresse médiocrement, j'ai recueilli sur les
troubles de Montceau-les-Mines des détails
invraisemblables, qui vous intéresseront
davantage. Et d'abord, si réactionnaire que
soit votre estimable journal, ne fermez pas
ses colonnes à cette foudroyante révéla-
tion
Tout, tout, absolument tout est l'œuvre de
la réaction
Je suis navré de me trouver, pour une
fois, en parfait accord avec mon collègue
de la France, qui, par le même courrier,
adresse à Farcy un exposé de la situation
conforme à mes appréciations personnel-
les. J'ai calculé, d'après l'Indicateur des
trains, que la France, journal du soir, de-
vancerait nécessairement le Gaulois, jour-
nal du matin, dans la divulgation de la
vérité que nous avions surprise simultané-
ment. Mais je m'en. console en songeant
que, plus malin que mon rival, je vous si-
gnale des faits plus circonstanciés et plus
probants.
La France sera circonspecte. Il faudra
la lire entre les lignes. Rien de précis. Des
suppositions plus ou moins jésuitiques.
il y a des jésuites rouges
Moi, je suis net, catégorique, afflrmatif
les mineurs expient le crime des cléri-
caux
Car ce sont bien les cléricaux qui ont
saccagé les églises, renversé les croix et
incendié les presbytères que les mineurs
ne demandaient qu'à respecter Et si l'au-
torité soupçonne, emprisonne et condamne
les mineurs; c'est que les cléricaux avaient
pris la précaution perfide de se déguiser
en mineurs peur accomplir leurs forfaits.
Vous faut il des preuves? des preuves gé-
nérales d'abord ? N'est-ce donc rien que
t la pleine ébullition du parti légitimiste et
l'affectation de ses chefs de se déclarer très
répandus dans les milieux ouvriers? La
coïncidence providentielle de cette levée
de pics avec la levée de boucliers des
fidèles de la monarchie? « Après Challans,
Arles; après Arles, Montceau-les-Mines I
Entrepreneurs de banquets. entrepreneurs
de séditions! Légitimité et Socialisme!
La police républicaine s'égare. M.-
Camescasse fait école en province. Le
nommé Henry, anarchiste, qui vient d'être
arrêté à Sauvignes est blanc comme le
drapeau du Roi son homonyme. Je vous ac-
corde qu'on a trouvé dans son domicile
des cartouches de dynamite; mais j'ai^la
preuve irrécusable qu'elles y avaient été
cachées, à son insu, par le curé de Bois-
Duverne, dans le but de perdre un adver-
saire politique mais inoffensif
Un magistrat de Màcon, à qui j'ai pro-
mis de ne pas le nommer, m'a révélé que
c'était lui-même, qui. sur des ordres venus
de Rome, avait déposé traitreusement, le
long des murs de l'école des Sœurs, quinze
cartouches de dynamite, sur lesquelles il
avait imprimé en rouge le cachet de Pin
ternationale
Les croix ont été renversées par. MM.
Rougé, Barrault, Giboulat et Marin, « avo-
cats réactionnaires militants, » qui avaient
poussé la dissimulation jusqu'à accepter
de défendre, devant la cour d'assises de
Saône et-Loire, les mineurs poursuivis
pour les crimes dont ils étaient les mys-
térieux auteurs 1
Ce sont les gendarmes qui se travestis-_
saient en ouvriers tuiliers pour distribuer
les placards incendiaires dont le pays est
inondé
Enfin, m'étant présenté à l'école des
Sœurs, je n'y ai rencontré que la tourière,
à qui j'ai arraché cette confession que les
religieuses s'occupaient jour et nuit à
adresser des lettres pleines de menaces de
mort aux maîtres mineurs, chefs de poste
et directeurs de la tuilerie de Saint-Pierre,
à Montceaux les-Mines!
Je continue cette enquête, mon cher di-
recteur, et vous enverrai, s'il y a lieu, nou-
velles lettres et documents nouveaux. Mais
reconnaissons-le et n'hésitons pas à le pro-
clamer cette fois
c'est LE LAPIN QUI A commencé! 1
Dernières nouvelles
Pincé 60 cartouches dynamite sous por-
tail cathédrale Mâcon dont mèche reliée
par fil télégraphique à Château Frohsdorf.
Emotion indescriptible dans tout pays.
MÉRINDOL
PETITE BOURSE DU SOIR
5.0/0. 116 37, 40.
Italien 89 05, 88 95.
Turc. 12 ïU,77, 72.
Banque. ottomane. 794 3'7, 7~J125, ï92 50.
Lots turcs. 57 25, 57 75.
Egypte 357 50, 358 75, 358 12.
Extérieur nouveau. 64 3/8 1/2..
Rio. 662 50.
Phenix espa~nol. 683 75, 585.
Tunis. 438 75.
• La baisse sur le marché dos valeurs *u™â©aii~
nué à la Bourse du soir encore sensible.
Sur les cours de clôture de trois heures, seu-
lement la rente 5 0/0 s'est maintenue toujours
de faibles écarts sur les primes en liquidation et
pour le lendemain.
IL, A. IMCOEtT1
DU CAPITAINE
CH, L. DESMOUSSEAUX DE GIVRE
M. Charles-Louis Desmousseaux de Gi-
vré, qui vient de finir par un suicide,
était le fils du député qui eut son heure
de célébrité sous le règne du roi Louis-
Philippe. Il appartenaiten 1847 au'grou-
pe Villemain. C'est lui qui, à la tribune,
adressa un jour au cabinet cette fameuse
phrase
Qu'avez-vousfait? Rien, rien, rien.
Dont M. de Girardin fit longtemps l'é-
pigraphe de la Presse.
Son fils, celui dont nous avons aujour-
d'hui à déplorer la mort, était sorti se-
cond de l'école de Saint-Cyr en 1869.
La guerre le trouva sous-lieutenant au
9° cuirassiers. Son régiment fut un des
premiers engagés.
A la bataille de Morsbronn, il char-
feait & la tête de ses hommes. Une
balle l'atteint et un éclat d'obus tue
roide son cheval, sous lequelil tombe
toute la charge de cavalerie lui passe
sur le corps.
Vingt-quatre heures après, on le tira
vivant d'un amoncellement de cada-
vres.
Les ambulances prussiennes se char-
gent de lui, et après la guerre il revient
guéri, miraculeusement.
Il reprit son service; nous le retrou-
vons capitaine en 1876 et il paraissait
en pleine possession de lui-même. En
mai 1880, il quitta, pour infirmités tem-
poraires, le 19° dragons, où il était in-
corporé.
Depuis cette époque, il a vécu rue du
Cirque, n° 5, au rez-de-chaussée delà
maison où il vient de se tuer.
Des journaux ont laissé entenâre
que des pertes au jeu avaient causé sa
fin lamentable. Il n'y a pas un mot de
vrai là-dedans.
Le capitaine meurt avec quatre- vingt
mille francs de rente et pas une dette.
La cause de son trépas est tout autre
qu'un embarras d'argent, et plus digne
d'un parfait galant homme comme cet
officier.
M. de Givré avait pensé à se marier.
Mais, par suite de ses blessures, il était
sujet à une terrible maladie nerveuse.
Son état l'inquiétait; il se demanda s'il
avait b}en le droit d'unir à jamais son
existence souffreteuse à celle de la jeune
fille qu'il aimait.
Cette anxiété se changea en déses-
poir- -x
Depuis quelque temps, le serviteur
fidèle qui vivait près de lui, et d'ancien
brosseur de l'officier était devenu por-
tier de la maison qu'il habitait, s'était
aperçu d'un changement dans ses allu-
res. Le pauvre homme, inquiet, cacha
toutes les armes, sauf un fusil de chasse
Lefaùcheux, enfermé dans sa boîte et
placé sur une haute planche, fusil qui
lui avait échappé.
Le capitaine, sous le coup de l'obses-
sion du suicide, y pensa, lui, et s'en ser-
ait pour se faire sauter la cervelle.
On l'enterre aujourd'hui.
Celui que la terre va prendre a tout
jamais était le modèle du parfait' galant
homme et de l'officier esclave de son
devoir. N'oublions pas qu'il avait '^con-
tracté, en faisant fermement son devoir,
l'affreuse maladie qui a eu raison de sa
jeunesse, de son courage et de sa raison.
Honorons ce mort, et plaignons respec-
tueusement les siens.
Il meurt en 1882, mais le coup qui l'a
frappé datait de 1870.
FRÉDÉRIC GILBERT
Bloc -Notes Parisien
De Paris à Vienne
Partir un beau soir de Paris coucher le
lendemain à Vienne, y passer quarante-huit
heures, reprendre le train et se retrouver
chez soi quatre jours après le départ, ce
n'est pas marcher en tortue, n'est-ce pas ? "l
C'est ce que nous venons de faire, grâce
à l'amabilité du directeur de la Société des
wagons-lits cjui nous invitait, la semaine
dernière, à inaugurer le nouveau train-
éclair de Paris à Vienne.
Départ mardi soir, à six heures quarante
minutes. Le trajet. de Paris à Vienne, qui
s'accomplit généralement en trente-six
heures, devait se faire en vingt-sept. Ce
n'est peut-être pas sans une certaine émo-
tion que nous avons vu les wagons s'é-
branler.
Une rapidité capable de faire gagner neuf
heures ne deviendrait-elle pas un danger?
Le matériel de traction employé pour les
trains rapides ordinaires serait-il suffisant ?
Disons-le tout de suite, le programme a
été exécuté sans encombre, et nous avons
pu courir sur les rails avec la vitesse fan-
tastique de cent kilomètres à l'heure, sans
nous en apercevoir.
Grâce à la merveilleuse installation du
train, pourvu d'une salle à manger comme
l'appartement le plus confortable, nous
sommes arrivés à Vienne mercredi soir,
frais et dispos.
Rendons grâce à M. Lechat, secrétaire
général de la Compagnie des wagons-lits,
qui avait fait des prodiges en faveur des
voyageurs.
L'amabilité de M. Lechat et de son di-
recteur général ne s'est pas démentie un
seul instant, et, grâce à eux, nous avons pu
voir Vienne ou du moins l'entrevoir à vol.
d'oiseau.
Le Prater, en ce moment, n'a pas de vie
mondaine; l'Empereur est encore à Schcen-
brunn, l'Impératrice est en Hongrie et la
plupart des membres de l'aristocratie sont à
la campagne. Une des curiosités actuelles
de Vienne, c'est l'Exposition de peinture,
à peu près organisée comme le Salon de
Paris. Nous y avons retrouvé beaucoup
de toiles françaises, entre autres le portrait
de M. Grévy, par Bonnat, et le Job du
même artiste.
Malheureusement nous n'avons pu y
voirie portrait que le fameux peintre Mac-
kart a fait de Sarah Bernhardt, lorsque celle-
ci vint à Vienne.
Mackart avait peint la célèbre comé-
dienne avec une robe de satin jeune or,
l'Empereur a> paraît-il, horreur du jaune.
Le jour de l'ouverture de l'Exposition, Sa
Majesté fut stupéfaite en voyant la couleur
du costume de dona Sol il exprima haute-
ment son mécontentement, et, le soir
même, le portrait était réintégré dans l'a-
telier de Mackart.
Une autre chose chagrine vivement les
habitants de Vienne c'est le départ de
Strauss. Il paraît que l'ingrat quitte défini-
tivement la ville dont il était 1 idole, pour
venir s'installer à Paris. Le Gaulois a déjà
donné les raisons, d'un ordre absolument
privé, pour lesquelles le maestro s'est dé.
cidé à s'expatrier. Strauss a vendu son hô-
tel de Vienne et a fait l'acquisition d'un im-
meuble à Passy.
Vendredi, à cinq heures, nous quittions
Vienne. Une foule considérable se pressait
à la gare pour voir le nouveau train-
éclair dont le départ a été salué par mille
hourras sympathiques. t
Nous arrivions samedi soir à Paris, juste
cent vingt heures après l'avoir quitté.
) TOUT-PARIS
LA. -i,
FIÈVRE TYPHOÏDE A PARIS
La fièvre typhoïde tient, en ce mo-
ment, une large place dans les conver-
sations et les préoccupations.
Sans nier le mal, et tout en recomman-
dant de prendre certaines précautions
contre lui, il est bon de se mettre en
garde contre des exagérations qui ne
peuvent que l'aggraver en greffant sur
la réalité des craintes imaginaires.
Nous avons donc voulu prendre des
renseignements précis, et nous allons
les mettre sous les yeux du lecteur.
C'est samedi passé qu'a paru le der
nier bulletin hebdomadaire de statisti-
que municipale publié par les soins du
docteur Bertillon, constatant que depuis
quelque temps i) s'est produit une cer-
taine augmentation dans la mortalité.
Il y a deux mois environ que l'épidé-
mie s'est déclarée dans la capitale.
Le nombre des victimes, qui était de
57 pendant la 39° semaine, s'est élevé â' c.
134 durant la 40°. Du o au 11 octobre, ce
chiffre faisait un saut sensible, puisque
les décès, pendant ces sept jours, étaient
au nombre de 2S0..
Les malades entrés dans les hôpitaux
suivent une progression semblable on
a compté 213 admissions dans la 39e se-
maine, S36 dans la 40°, et 1,001 dans la
41e. ̃ .̃̃̃•••:̃
Bien qu'aucun arrondissement ne
jouisse d'une immunité absolue, il est
incontestable que l'épidémie sévit sur-
Paris FUS centimes." Départements et Gares &O centimes
Mercredi 18 Octobre 1882-
ARTHUR 'SCBIÇEAI
Dir ttttur ;'̃[-,̃
̃ X
ABONNEMENT» r
Parla DépartemftBtB
6*» mei» 5 fr. Un mois. 6 te/
Treis mois. 13 50 Trois mois j.J,. 16 tr.
Six mois. 27 fr. Six mois. 82/fc
Unan.. 54 fr. Un an 64 [te:
Btranges
Troûrmoi» (Union postale) .»'».# i* ».
RÉDACTION
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ANNONCES.
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9. boulevard aen esstien., r
eBQMNE(~ENTS,PETITnES ANNONCI~
RENSEIGNEMENTS
9, boulesxtd des Italiens.
Paris -journal
̃̃̃ .-̃•:̃ LE." •'̃ \r
CA~I~ET FERRY
Dans peu de jours, le Parlement va se
réunir. On attend la publication au Jour-
nal- officiel du décret qui convoquera les
Chambres pour le 6 novembre. C'est le
moment de regarder les cartes et les
dessous de cartes du jeu politique. t
Nous paraissons posséder un cabinet
Duclerc mais c'est décidément pour un
autre que le four chauffe, et même que
le bois flambe. Le Gaulois, qui a l'oail et
l'oreille au guet, a déjà touché un mot
de eette affaire, et nous n'y revenons
qu'après avoir recueilli de divers côtés
des informations nouvelles, absolument
précises et concordantes. C'est mainte-
nant un fait accompli ou presque ac-
compli dès la rentrée de novembre ou,
à l'extrême rigueur, dans les premiers
jours de la session de janvier, nous au-
rons un ministère Ferry.
Le cabinet Duclerc est condamné il
l'était à l'heure même de sa naissance,
mais un peu vaguement et à. première
vue, comme un malade, dont chacun sait
qu'il ne fera pas de vieux 03. Personne
ne doutait que sa mort ne fût prochaine,
mais on n'eût pas osé çr, fixer le jour.
Aujourd'hui., l'arrêt porte une date cer-
taine et suffisamm,e;ût menaçante, qui
s'appelle en langage parlementaire la
'première occasion. A la jpremière occa-
sion, il est convenu qu on le renver-
sera.
Il n'a jamais vécu que provisoire-
ment une vit plus que par tolérance.
Les démolisseurs sont prêts.
###
Ainsi que nous le disions dans un pré-
cédent article, ce malheureux cabinet
Duclerc, si péniblement enfanté, et
blessé dans l'opération, n'avait pour lui
que deux chances: la faveur de M. Gam-
betta et la terreur de la Chambre.
M. Gambetta favorisait ouvertement
un cabinet sur lequel il avait prise de
toutes parts, et dont l'éclatante faiblesse
lui promettait toute sorte de revan-
ches.
La Chambre avait une peur effroyable
de renverser un cabinet dont la forma-
tion avait coûté tant de peine, découvert
tant de plaies, révélé à tous les yeux le
néant de la république, et après lequel
on ne voyait plus rien que l'anarchie.
Le ministère Duclerc pouvait vivoter
quelque temps sur ces deux atouts ines-
pérés. Il les a perdus l'un et l'autre.
Il n'a plus, à son actif, ni la protection
de M. Gambetta, ni l'effroi de la Cham-
bre.
M. Gambetta, impatienté des velléités
de résistance de M. Duclerc, a trouvé
i en M. Jules Ferry un allié plus complai-
sant, un serviteur plus docile; disons le
mot, un homme plus à lui.
De son côté, la Chambre, sachant qu'il
y a un autre ministère tout prêt, et que
la substitution qui l'effrayait s'accom-
plira presque sans secousse, ne fera
aucune difficulté de renverser un cabi-
net qui a parlé de dissolution, et qui ne
lui a jamais inspiré confiance.
Ce sera l'affaire d'une pichenette.
#
Maintenant que les voiles sont à peu
près déchirés et que, grâce aux indis-
crétions commises, toutes ces intrigues
se dessinent et s'éclaircissent peu à peu,
on apprend ou on se remémore certains
détails qui, malgré leur caractère légè-
rement rétrospectif, jetteront bientôt
une vive lumière sur ce grenier à com-
plots, sur ce sac à malices qu'on appelle
le monde politique et parlementaire. Ce
n'est pas très propre; mais vous savez
depuis longtemps, je suppose, qu'il n'y
faut toucher qu'avec des pincettes.
D'abord il y a près de quinze mois que
l'alliance est faite, le traité passé entre
M. Jules Ferry et M. Gambetta. Ce mar-
ché remonte à la fin de juillet 1881. Me-
surant alors la faveur presque univer-
selle dont jouissait M. Gambetta, son
crédit toujours croissant, l'influence
qu'il allait exercer sur les prochaines
élections générales, l'espèce de dictatu-
re qu'elles lui donneraient, M. Jules
Ferry prit la prudente résolution de se
garder à carreau.
Bien que sa position personnelle lui
permît de parler haut, car, à cette épo-
que, il était premier ministre, il parla
très humblement et prononça,dans quel-
que bourgade lorraine, ce curieux dis-
cours où il s'agenouillait devant le futur
dictateur. « Je ne demande qu'à être
son lieutenant 1 » s'écriait-il.
L'avance était directe. Après quelques
tâtonnements et quelques attaques hési-
tantes, M. Ferry, ayant pris le vent, se
décidait à tendre le rameau d'olivier. Il
demandait la paix, et une place de do-
mestique.
Tant de fierté lui réussit. M. Gam-
betta y fut sensible et ne dissimula plus
que M. Jules Ferry était, suivant sa pro-
pre expression, « un homme avec lequel
il y avait quelque.chose à faire. »
En attendant, il commença par le ren-
verser et par se mettre à sa place.
̃ #
On crut* avec une apparence de rai- i
son, qu'il en était résulté entre eux quel- 1
que refroidissement, et que M. Jules |
Ferry, notamment, éprouvait un cer- 1
tain dépit de son eau bénite perdue. 1
Mais on vit bientôt que la chose ne ti-
rait point à conséquence, et qu'il n'y
avait là qu'un malentendu. Je connais
même plusieurs personnes qui pré-
tendent que ce chassé-croisé avait été
convenu et réglé entre M. Gambetta
et M. Jules Ferry comme indispensable.
Le premier donnait les coups de pied, ]
l'autre les recevait; mais tous les deux t 1
les jugeaient nécessaires au succès de
la comédie. Le fait est, que M. Jules
Ferry ayant été renversé.et M. Gambetta
aussi, et M. de Freycinet pareillement,
et M. Duclerc tout près de l'être, les
deux comédiens se retrouvent aujour-
d'hui, au bout de leurs culbutes respec-
tives. la main dans la main et empressés
à se frotter réciproquement l'échiné. de-
vant la galerie stupéfiée. C'est du Mo-
lière de celui que Boileau trouvait infé-
rieur àTautre.
*##
J'expliquais tout à l'heure qu'une des
raisons qui avaient déterminé M. Gam-
betta à lâcher M. Duclerc pour M. Ferry,
c'était la raideur peu dissimulée de M.
Duclerc, et la souplesse, encore moins
dissimulée, de M. Ferry. Mais il y en a
une autre, encore plus décisive: c'est
que M. Ferry a plus de crédit et, par
conséquent, apporte à l'association plus
de force parlementaire que M. Duclerc.
Le phénomène paraît étrange, mais il
crève les yeux de tous les personnages
qui se sont succédé depuis trois ans sur
les bancs ministériels, M. Jules Ferry
est à peu près le seul qui ait eu vraiment
l'oreille de la Chambre. Il l'a môme en-
core. Il plaît à cette majorité, probable-
ment parce qu'il est à son niveau, et
qu'il partage ses passions. Comme elle,
il est médiocre; comme elle, maniaque
jusqu'à la fureur contre l'Eglise, la reli-
gion et le clergé. Enfin, elle l'a fait, ou
il l'a faite à son image; comment ne
s'aimeraient-ils pas ? Elle a positivement
un faible pour^ui. Il est de langage
courant, dans les couloirs de la Cham-
bre et dans les bureaux des ministères,
que M. Jules Ferry est le seul ministre
qui ait une énergie, une valeur, une
volonté, et qui ait grandi au pouvoir.
Quand il tomba, en novembre 1881, la
Chambre manifesta ses regrets. Il con-
servait des partisans nombreux qui sou-
tenaient à outrance qu'on ne l'avait ja-
mais mis en minorité, et dont l'attache-
ment pour M. Jules Ferry s'accroissait
de la défiance que leur inspirait son suc-
cesseur M. Gambetta'. « A quoi bon
changer son cheval borgne pour un
aveugle ? » On répétait de tous côtés ce
proverbe, qui devenait vraiment drôle
quand on remarquait que c'était juste-
ment le borgne Gambetta que l'on trai-
tait ainsi d'aveugle, de telle sorte qa'il
était impossible de se reconnaître dans
cet imbroglio d'infirmités.
Quoi qu'il en soit, M. Jules Ferry resta
l'homme de la Chambre, qui fut tout
heureuse de saluer son retour dans le mi-
nistère Freycinet, en janvier, et qui ne
vit pas sans un nouveau déplaisir sa
nouvelle chute en juillet. Des goûts et
des couleurs, il ne faut pas discuter Ce
qui est incontestable, c'est que M. Jules
Ferry possède la faveur de la Chambre.
Il en possède une autre, non moins pré-
cieuse, celle dq M. Grévy. M. Grévy
aime beaucoup M. de Freycinet, il aime
encore plus M. Jules Ferry. Pourquoi ?
Parce qu'il l'a élevé au biberon. M. F^rry
a été son nourrisson politique, à l'épo-
que où il donnait des consultations et
prenait les petits républicains en se-
vrage. C'est son Benjamin, où plutôt son
Isaac, s'il est. vrai que, dans ces der-
niers temps, quand il dut le sacrifier, ce
fut un déchirement. Aujourd'hui, on
veut le lui rendre, quelle joie t Il ne ver-
sera pas une larme lorsqu'on mettra sur
le bûcher le pauvre Duclerc, qui ne
peut point passer pour un jeune che-
vreau.
#*#
Tout est donc arrangé, conclu, et à
peu près signé, virtuellement signé.
Avec cela, on a l'oiseau bleu une maio-
rité t
Il n'est même pas sans intérêt de re-
marquerque le coup devait se faire plus
tôt. On n'a pas oublié que, dans les com-
binaisons antérieures, dans le gâchis
qui précéda la formation du cabinet Du-
clerc, on parla un moment, avec une
demi-certitude, et comme d'une chose
arrêtée, d'un cabinet Jules Ferry. Mais
la poire n'était pas mûre, et cette ma-
nière de coup de Jarnac eût semblé par
trop scandaleux. Il eût été trop visible
que M. Jules Ferry n'était sorti par une
porte que pour rentrer par l'autre, après
avoir miné et expulsé ses collègues. La
trahison s'affichait trop claire et trop
crue. On annonça que cela ne se ferait
pas, et ses amis dirent de lui, comme du
lièvre « Il préfère attendre !» »
Il a attendu, et son heure a sonné
nous aurons un ministère Ferry 1
Nous examinerons, dans un prochain
article, quelles seront les conséquences
de cet étrange assemblage, de ce mé-
nage à trois, Jules Ferry, Gambetta,
Grévy quelle figure v fera ce dernier,
et qui, finalement, sera dupe. Il suffit,
pour aujourd'hui, d'avoir retrouvé et
indiqué à l'horizon cette vieille comète,
le cabinet Ferry.
MYSTÈRE
Nos Echos
AUJOURD'HUI 1
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage Profiterole
Hors-d'œuvre
Bars sauce câpres f
Pommes de terre à la hollandaise
Côte de bœuf à la portugaise
Timbales Grand-Hôtel
Dindonneau au cresson
Salade
Céléri en branches au jus
Gâteau bruxellois
Glace
Bombes panachée3
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à la carte au res-
taurant. Billards au Cafô Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la
4« page.)
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
t e #*# ̃'j ̃
Opéra, 7 h. 3/4. Robert le Diable.
Français, 8 h. »/». Ruy-Blas.
Opéra-Comique, 8 h. Fra Diaoolo. Phi-
lêmon et Bauais.
LA POLITIQUE :<-
Une dépêche de Berlin, mal transmise
et arrivée, après le départ de la ré-
daction, pendant notre tirage, a amené
hier dans un de nos Echos une confu-
sion le comte et non le marquis
de Launay, quj est ambassadeur d'Ita-
lie à Berlin, pourrait bien être appelé à
l'ambassade d'Italie à Paris. Mais l'am-
bassade d'Allemagne n'a rien à voir là-
dedans.
Nous ferions injure à nos lecteurs en
insistant. -.•/
Le roi Christian IX de Danemark,
voyageant incognito, vient d'arriver à
Vienne.
Il est parti lundi soir pour Gmunden,
où il va assister au baptême de l'enfant
nouveau-né^ de sa fille, la princesse
Thyra, duchesse de Cumberland. On pré-
tend savoir que le Roi poursuit en même
temps le but d'user de son influence sur
son gendre, le duc de Cumberland en
vue de l'amener à une entente avec le
gouvernement de Berlin, pour sauver
au jeune représentant de la maison des
Guelfes la succession du duché de
Brunswick.
On sait que jusqu'ici le duc a repoussé
toute offre de conciliation avec la
Prusse.
L.e président de la République, ac-
compagné du général Pittié, a rendu
hier au grand-duc Wladimir la visite
que lui avait faite Son Altesse Impé-
riale.1,1
M. Grévy a été présenté à la grande-
duchesse Wladimir.
I.E MONDE ET LA VILLE
Le conseil des ministres qui s'est
réuni hier matin, à l'Elysée, a décidé,
sur le rapport du ministre de la guerre,
de maintenir dans son commandement
le général Lallemand, dont nous avons
donné hier matin une biographie dé-
taillée.
Les services rendus en Algérie par le
général Lallemand ont été assimilés à
ceux des généraux ayant commandé en
chef devant l'ennemi. Il restera donc en
activité hors cadre, dans la première
section de l'état-major général de l'ar-
mée.
Les funérailles du général Edgard
Ney, prince de la Moskowa ont eu lieu
hier matin. Le deuil était conduit par le
jeune M. Napoléon Ney, duc d'Elchin-
gen, petit-neveu du défunt, accompagné
des deux beaux fils du défunt, M. le
comte de la Bedoyère et M. le comte
Jehan de la Bedoyère, ainsi que de ses
beaux-frères M. le marquis de la Roche-
lambert et M. le comte de Valon.
Le prince Murât, représentant S. M.
l'impératrice Eugénie, marchait immé-
édiatement derrière le char funèbre,
et, à l'église, occupait seul, dans le
chœur, un siège réservé.
Les cordons du poêle étaient tenus
par M. le duc de Bassano, M. le général
Fleury, M. le général Bourbaki et M.
Béhic.
Les honneurs militaires ont été ren-
dus par un bataillon du 119° de ligne,
sous le commandement du chef de ba-
taillon Girard.
Le service religieux a eu lieu à Saint-
Philippe-du- Roule la messe a été dite
par M. l'abbé Vincent; M. l'abbé Laisne,
ancien chapelain des Tuileries, a donné
l'absoute.
Le corps du général Ney a été provi-
soirement déposé dans un caveau de l'é-
glise il sera transporté dans quelques
jours à Chemeré-Leroy.
Les obsèques de M.> le docteur Da-
vaine, dont nous annoncions hier la
mort, ont eu lieu à midi, au temple de
l'Oratoire du Louvre. Le deuil était
conduit par le fils et le neveu du dé-
funt.
Les cordons du poêle étaient tenus par
MM. Béclard, Hardy et Michel Peter,
membres de l'Académie de médecine, et
d'Eichthal, représentant l'Assistance pu-
blique.
Une grande assistance a suivi le cor-
tège jusqu'au cimetière du Père-La-
chaise, où l'inhumation a eu lieu.
Suivant la volonté expresse du défunt,
aucun discours n'a été prononcé sur sa
tombe, et les honneurs militaires, aux-
quels il avait droit, en qualité de cheva-
lier de la Légion d'honneur, ne lui ont
pas été rendus.
Nous apprenons la mort de M. le
comte Armand de Cintré, décédé dans
son château du Breil, près d'Iffendic
(Loire-Inférieure).
M., le comte de Cintré a représenté,
pendant plusieurs années, l'arrondisse-
ment de Montfort à l'Assemblée natio-
nale. Il était maire d'Ifîendic, et avait
été longtemps conseiller général de
Montfort.
Il laisse une veuve et un fils, M. Geor-
ges de Cintré, ancien zouave pontifical,
qui se conduisit vaillamment pendant la
guerre de. 1870, dans le corps des volon-
taires de Charette.
Nous annoncions dernièrement la
mort du regretté comte de Gobineau.
Un de ses amis, M. Hayem, qui avait
eu la bonne fortune de passer avec lui
la dernière saison aux eaux de Gastein,
veut bien nous apporter une anecdote
qu'il tenait de la bouche même du très
distingué diplomate et où se peint bien
un des côtés du caractère de M. Thiers.
L'empereur du Brésil visitait Paris.
M. de Gobineau, qui avait représenté la
France à Rio-de- Janeiro, était tenu par
lui en estime et en amitié particulières.
M. Thiers ne l'ignorait pas.
Or, il désirait passionnément que S.
M. dom Pedro lui fît l'honneur de venir
dîner chez lui. Il pria M. de Gobineau
de s'entremettre pour l'y décider, sans
en avoir l'air.
M. de Gobineau réussit dans'cette dé-
licate mission. L'Empereur alla dîner
chez M. Thiers, et M. de Gobineau fut
nommé à Stockholm.
Les ambassadeurs malgaches ne se
sont pas contentés d'aller rendre hier
leur visite au musée Grévin. Ils ont ex-
primé hautement le désir de voir leurs
traits reproduits en cire.
Devant le groupe saisissant qui re-
présente l'arrestation des nihilistes dans
une imprimerie, l'un d'eux a dit « Ces
nihilistes sont les meurtriers du peu-
pler* v
Bien dit, en vérité
Le Musée Grévin a, en ce moment,
toutes les fortunes le prince de Galles
ne s'est pas contenté de sa première vi-
site il a voulu y retourner avec les
deux fils du grand-duc Wladimir.
̃« '•'̃ •̃̃̃̃ **# '̃̃•
Hier, son Altesse Royale a chassé chez
le vicomte de Greffulhe, à la Grande-
Commune (Seine-et-Marne).
A neuf heurs du soir un train spécial
La ramenait à Paris avec le colonel
Clarke. Dans la soirée, le prince est resté
à l'hôtel Bristol.
Le grand-duc Wladimir, qui est de
passage à Paris, jouit d'une force mus-
culaire étonnante. Il remet, en guise de
carte, aux personnes qu'il honore de sa
visite, des pièces en argent d'un rouble
qu'il courbe entre ses doigts. Cette fa-
veur grand-ducale n'est d'ailleurs, cela
va sans dire, aesordée qu'à quelques
élus.
Notre ami et collaborateur Xavier de
Montépin vient dé' publier chez Dentu
son nouveau roman la Maison des Mys-
tères, second épisode des Pantins de
Mme le Diable dont le succès grandit
tous les jours. ••-̃ ̃
NOUVELLES A LA MAIN
Taupin se prend de querelle, dans un
restaurant de nuit, avec un folliculaire,
connu par ses écrits pornographiques.
Après un échange d'épithètes pénibles,
le folliculaire sort sa carte et la tend
à Taupin.
Taupin prend la carte et y lit le nom
du personnage puis, gravement, il
la met à contre jour, en demandant au
monsieur, du ton le plus courtois
Est-elle transparente ?
Entre gommeux.
Eh bien, mon cher Raoul, où en
es tu avec ta jolie veuve? °
Ça ne va pas mal: je suis déjà dans
les meilleurs termes. avec son carni-
che l
UN DCMINO
LA VÉRITÉ
SLR LES TROUBLES DE MONTCEAl-LES-lWNES
Nous recevons au reporter que nous avons en-
voyé, dès hier, à Montceau-les-Mines, les détails
les plus intéressants sur l'agitation qui règne
dans ce bassin et sur les causes do cette agita-
tion. La lettre et la dépêche qui suivent jettent
un jour tout nouveau sur les événements dont
Montceau-les-Mines est le théâtre.
Montceau-les-Mines, 16 octobre 1882
Mon cher directeur,
Sitôt arrivé à bon port, ce qui vous in-
téresse médiocrement, j'ai recueilli sur les
troubles de Montceau-les-Mines des détails
invraisemblables, qui vous intéresseront
davantage. Et d'abord, si réactionnaire que
soit votre estimable journal, ne fermez pas
ses colonnes à cette foudroyante révéla-
tion
Tout, tout, absolument tout est l'œuvre de
la réaction
Je suis navré de me trouver, pour une
fois, en parfait accord avec mon collègue
de la France, qui, par le même courrier,
adresse à Farcy un exposé de la situation
conforme à mes appréciations personnel-
les. J'ai calculé, d'après l'Indicateur des
trains, que la France, journal du soir, de-
vancerait nécessairement le Gaulois, jour-
nal du matin, dans la divulgation de la
vérité que nous avions surprise simultané-
ment. Mais je m'en. console en songeant
que, plus malin que mon rival, je vous si-
gnale des faits plus circonstanciés et plus
probants.
La France sera circonspecte. Il faudra
la lire entre les lignes. Rien de précis. Des
suppositions plus ou moins jésuitiques.
il y a des jésuites rouges
Moi, je suis net, catégorique, afflrmatif
les mineurs expient le crime des cléri-
caux
Car ce sont bien les cléricaux qui ont
saccagé les églises, renversé les croix et
incendié les presbytères que les mineurs
ne demandaient qu'à respecter Et si l'au-
torité soupçonne, emprisonne et condamne
les mineurs; c'est que les cléricaux avaient
pris la précaution perfide de se déguiser
en mineurs peur accomplir leurs forfaits.
Vous faut il des preuves? des preuves gé-
nérales d'abord ? N'est-ce donc rien que
t la pleine ébullition du parti légitimiste et
l'affectation de ses chefs de se déclarer très
répandus dans les milieux ouvriers? La
coïncidence providentielle de cette levée
de pics avec la levée de boucliers des
fidèles de la monarchie? « Après Challans,
Arles; après Arles, Montceau-les-Mines I
Entrepreneurs de banquets. entrepreneurs
de séditions! Légitimité et Socialisme!
La police républicaine s'égare. M.-
Camescasse fait école en province. Le
nommé Henry, anarchiste, qui vient d'être
arrêté à Sauvignes est blanc comme le
drapeau du Roi son homonyme. Je vous ac-
corde qu'on a trouvé dans son domicile
des cartouches de dynamite; mais j'ai^la
preuve irrécusable qu'elles y avaient été
cachées, à son insu, par le curé de Bois-
Duverne, dans le but de perdre un adver-
saire politique mais inoffensif
Un magistrat de Màcon, à qui j'ai pro-
mis de ne pas le nommer, m'a révélé que
c'était lui-même, qui. sur des ordres venus
de Rome, avait déposé traitreusement, le
long des murs de l'école des Sœurs, quinze
cartouches de dynamite, sur lesquelles il
avait imprimé en rouge le cachet de Pin
ternationale
Les croix ont été renversées par. MM.
Rougé, Barrault, Giboulat et Marin, « avo-
cats réactionnaires militants, » qui avaient
poussé la dissimulation jusqu'à accepter
de défendre, devant la cour d'assises de
Saône et-Loire, les mineurs poursuivis
pour les crimes dont ils étaient les mys-
térieux auteurs 1
Ce sont les gendarmes qui se travestis-_
saient en ouvriers tuiliers pour distribuer
les placards incendiaires dont le pays est
inondé
Enfin, m'étant présenté à l'école des
Sœurs, je n'y ai rencontré que la tourière,
à qui j'ai arraché cette confession que les
religieuses s'occupaient jour et nuit à
adresser des lettres pleines de menaces de
mort aux maîtres mineurs, chefs de poste
et directeurs de la tuilerie de Saint-Pierre,
à Montceaux les-Mines!
Je continue cette enquête, mon cher di-
recteur, et vous enverrai, s'il y a lieu, nou-
velles lettres et documents nouveaux. Mais
reconnaissons-le et n'hésitons pas à le pro-
clamer cette fois
c'est LE LAPIN QUI A commencé! 1
Dernières nouvelles
Pincé 60 cartouches dynamite sous por-
tail cathédrale Mâcon dont mèche reliée
par fil télégraphique à Château Frohsdorf.
Emotion indescriptible dans tout pays.
MÉRINDOL
PETITE BOURSE DU SOIR
5.0/0. 116 37, 40.
Italien 89 05, 88 95.
Turc. 12 ïU,77, 72.
Banque. ottomane. 794 3'7, 7~J125, ï92 50.
Lots turcs. 57 25, 57 75.
Egypte 357 50, 358 75, 358 12.
Extérieur nouveau. 64 3/8 1/2..
Rio. 662 50.
Phenix espa~nol. 683 75, 585.
Tunis. 438 75.
• La baisse sur le marché dos valeurs *u™â©aii~
nué à la Bourse du soir encore sensible.
Sur les cours de clôture de trois heures, seu-
lement la rente 5 0/0 s'est maintenue toujours
de faibles écarts sur les primes en liquidation et
pour le lendemain.
IL, A. IMCOEtT1
DU CAPITAINE
CH, L. DESMOUSSEAUX DE GIVRE
M. Charles-Louis Desmousseaux de Gi-
vré, qui vient de finir par un suicide,
était le fils du député qui eut son heure
de célébrité sous le règne du roi Louis-
Philippe. Il appartenaiten 1847 au'grou-
pe Villemain. C'est lui qui, à la tribune,
adressa un jour au cabinet cette fameuse
phrase
Qu'avez-vousfait? Rien, rien, rien.
Dont M. de Girardin fit longtemps l'é-
pigraphe de la Presse.
Son fils, celui dont nous avons aujour-
d'hui à déplorer la mort, était sorti se-
cond de l'école de Saint-Cyr en 1869.
La guerre le trouva sous-lieutenant au
9° cuirassiers. Son régiment fut un des
premiers engagés.
A la bataille de Morsbronn, il char-
feait & la tête de ses hommes. Une
balle l'atteint et un éclat d'obus tue
roide son cheval, sous lequelil tombe
toute la charge de cavalerie lui passe
sur le corps.
Vingt-quatre heures après, on le tira
vivant d'un amoncellement de cada-
vres.
Les ambulances prussiennes se char-
gent de lui, et après la guerre il revient
guéri, miraculeusement.
Il reprit son service; nous le retrou-
vons capitaine en 1876 et il paraissait
en pleine possession de lui-même. En
mai 1880, il quitta, pour infirmités tem-
poraires, le 19° dragons, où il était in-
corporé.
Depuis cette époque, il a vécu rue du
Cirque, n° 5, au rez-de-chaussée delà
maison où il vient de se tuer.
Des journaux ont laissé entenâre
que des pertes au jeu avaient causé sa
fin lamentable. Il n'y a pas un mot de
vrai là-dedans.
Le capitaine meurt avec quatre- vingt
mille francs de rente et pas une dette.
La cause de son trépas est tout autre
qu'un embarras d'argent, et plus digne
d'un parfait galant homme comme cet
officier.
M. de Givré avait pensé à se marier.
Mais, par suite de ses blessures, il était
sujet à une terrible maladie nerveuse.
Son état l'inquiétait; il se demanda s'il
avait b}en le droit d'unir à jamais son
existence souffreteuse à celle de la jeune
fille qu'il aimait.
Cette anxiété se changea en déses-
poir- -x
Depuis quelque temps, le serviteur
fidèle qui vivait près de lui, et d'ancien
brosseur de l'officier était devenu por-
tier de la maison qu'il habitait, s'était
aperçu d'un changement dans ses allu-
res. Le pauvre homme, inquiet, cacha
toutes les armes, sauf un fusil de chasse
Lefaùcheux, enfermé dans sa boîte et
placé sur une haute planche, fusil qui
lui avait échappé.
Le capitaine, sous le coup de l'obses-
sion du suicide, y pensa, lui, et s'en ser-
ait pour se faire sauter la cervelle.
On l'enterre aujourd'hui.
Celui que la terre va prendre a tout
jamais était le modèle du parfait' galant
homme et de l'officier esclave de son
devoir. N'oublions pas qu'il avait '^con-
tracté, en faisant fermement son devoir,
l'affreuse maladie qui a eu raison de sa
jeunesse, de son courage et de sa raison.
Honorons ce mort, et plaignons respec-
tueusement les siens.
Il meurt en 1882, mais le coup qui l'a
frappé datait de 1870.
FRÉDÉRIC GILBERT
Bloc -Notes Parisien
De Paris à Vienne
Partir un beau soir de Paris coucher le
lendemain à Vienne, y passer quarante-huit
heures, reprendre le train et se retrouver
chez soi quatre jours après le départ, ce
n'est pas marcher en tortue, n'est-ce pas ? "l
C'est ce que nous venons de faire, grâce
à l'amabilité du directeur de la Société des
wagons-lits cjui nous invitait, la semaine
dernière, à inaugurer le nouveau train-
éclair de Paris à Vienne.
Départ mardi soir, à six heures quarante
minutes. Le trajet. de Paris à Vienne, qui
s'accomplit généralement en trente-six
heures, devait se faire en vingt-sept. Ce
n'est peut-être pas sans une certaine émo-
tion que nous avons vu les wagons s'é-
branler.
Une rapidité capable de faire gagner neuf
heures ne deviendrait-elle pas un danger?
Le matériel de traction employé pour les
trains rapides ordinaires serait-il suffisant ?
Disons-le tout de suite, le programme a
été exécuté sans encombre, et nous avons
pu courir sur les rails avec la vitesse fan-
tastique de cent kilomètres à l'heure, sans
nous en apercevoir.
Grâce à la merveilleuse installation du
train, pourvu d'une salle à manger comme
l'appartement le plus confortable, nous
sommes arrivés à Vienne mercredi soir,
frais et dispos.
Rendons grâce à M. Lechat, secrétaire
général de la Compagnie des wagons-lits,
qui avait fait des prodiges en faveur des
voyageurs.
L'amabilité de M. Lechat et de son di-
recteur général ne s'est pas démentie un
seul instant, et, grâce à eux, nous avons pu
voir Vienne ou du moins l'entrevoir à vol.
d'oiseau.
Le Prater, en ce moment, n'a pas de vie
mondaine; l'Empereur est encore à Schcen-
brunn, l'Impératrice est en Hongrie et la
plupart des membres de l'aristocratie sont à
la campagne. Une des curiosités actuelles
de Vienne, c'est l'Exposition de peinture,
à peu près organisée comme le Salon de
Paris. Nous y avons retrouvé beaucoup
de toiles françaises, entre autres le portrait
de M. Grévy, par Bonnat, et le Job du
même artiste.
Malheureusement nous n'avons pu y
voirie portrait que le fameux peintre Mac-
kart a fait de Sarah Bernhardt, lorsque celle-
ci vint à Vienne.
Mackart avait peint la célèbre comé-
dienne avec une robe de satin jeune or,
l'Empereur a> paraît-il, horreur du jaune.
Le jour de l'ouverture de l'Exposition, Sa
Majesté fut stupéfaite en voyant la couleur
du costume de dona Sol il exprima haute-
ment son mécontentement, et, le soir
même, le portrait était réintégré dans l'a-
telier de Mackart.
Une autre chose chagrine vivement les
habitants de Vienne c'est le départ de
Strauss. Il paraît que l'ingrat quitte défini-
tivement la ville dont il était 1 idole, pour
venir s'installer à Paris. Le Gaulois a déjà
donné les raisons, d'un ordre absolument
privé, pour lesquelles le maestro s'est dé.
cidé à s'expatrier. Strauss a vendu son hô-
tel de Vienne et a fait l'acquisition d'un im-
meuble à Passy.
Vendredi, à cinq heures, nous quittions
Vienne. Une foule considérable se pressait
à la gare pour voir le nouveau train-
éclair dont le départ a été salué par mille
hourras sympathiques. t
Nous arrivions samedi soir à Paris, juste
cent vingt heures après l'avoir quitté.
) TOUT-PARIS
LA. -i,
FIÈVRE TYPHOÏDE A PARIS
La fièvre typhoïde tient, en ce mo-
ment, une large place dans les conver-
sations et les préoccupations.
Sans nier le mal, et tout en recomman-
dant de prendre certaines précautions
contre lui, il est bon de se mettre en
garde contre des exagérations qui ne
peuvent que l'aggraver en greffant sur
la réalité des craintes imaginaires.
Nous avons donc voulu prendre des
renseignements précis, et nous allons
les mettre sous les yeux du lecteur.
C'est samedi passé qu'a paru le der
nier bulletin hebdomadaire de statisti-
que municipale publié par les soins du
docteur Bertillon, constatant que depuis
quelque temps i) s'est produit une cer-
taine augmentation dans la mortalité.
Il y a deux mois environ que l'épidé-
mie s'est déclarée dans la capitale.
Le nombre des victimes, qui était de
57 pendant la 39° semaine, s'est élevé â' c.
134 durant la 40°. Du o au 11 octobre, ce
chiffre faisait un saut sensible, puisque
les décès, pendant ces sept jours, étaient
au nombre de 2S0..
Les malades entrés dans les hôpitaux
suivent une progression semblable on
a compté 213 admissions dans la 39e se-
maine, S36 dans la 40°, et 1,001 dans la
41e. ̃ .̃̃̃•••:̃
Bien qu'aucun arrondissement ne
jouisse d'une immunité absolue, il est
incontestable que l'épidémie sévit sur-
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