Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-10-19
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 octobre 1882 19 octobre 1882
Description : 1882/10/19 (Numéro 95). 1882/10/19 (Numéro 95).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524396w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Troisième Série Numéro 95
PARIS AS centimes. DÉPARTEMENTS ET'GARES ~~CENTïMEâ_
Jeudi 19 Octobre 1883~
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ABONNEMENTS ~7~
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~8&BMM. Sfr. Un mois. S~~
yreismoia. 1350 Trois mois. IBy. tt 'I r
Six mois. 27 fr. Six mois. SSa't-: }
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&80NNEMENTS,PET)TtESANNOMOat9
RENSEIGNEMENTS
9, bonlevara de): Ittïtent, W
aKUMMAxiRBS
UN DÉBUT RACONTÉ PAR. LE BÉCUTANT. LûMtS
Dapy!.
Nos Ecuos. t~ Domino.
ESTANCELIN ET LE BANQUET DU 15 OCTOBRE.
L. D~ntOtt!?.
BLOC-NOTES PARISIEN. T'OMt!-Pc(/'tS.
LE PROCHS D'ARADI. J?.
LES TKOUCLES DE MoNTCEAU-LES-MiNES. S.
A TRAVERS LA PRESSE. ÇA. Ds;M6t~!y.
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX. V.
LA SouRSK. ~eyt/'t jPftpat.
LES PREMIERES. de Pêne.
NOUVELLES DIVERSES. A?te!r~ ~OKrdét.
TÉLÉSRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. ~Mt.
LE CARNET DE L'AMATEUR. A. B!oc~e.
SomÉES PARISIENNES. CAoM/i'ettrt.
RENSEIGNEMENTS UTILES.
SpopT. R. de L~jy.
ËCHOS DES THEATRES. MotttrtC~ O/O/tMeOtt.
UM DÉBUT
Raconté par le Débutant
Comme une maison qui tout à coup
s'écroule sur les épaules d'un homme, la
ruine, un ~our, sans prévenir, sans crier
gare, vint s'abattre sur moi et, dans
l'espace d'une heure, ût de l'homme, ri-
che la veille, le pauvre du lendemain.
Après cet immense désastre, je me
trouvai avec cinq louis dans la poche,
mais sans état et sans profession. Je com-
pris, comme res~.e de veine, que j'étais
l'homme de Paris le plus incapable de
remplir une place quelconque.
L'idée me vint de partir pour Taïti.
Pourquoi Taïti? Je n'en sais rien. Les
individus ruinés d'argent et d'espérance
ont parfois de ces idées là.
J'allai chez mon vieil ami, Jules No-
riac, pour le consulter.
Fais attention, me dit-il, si la reine
Pomaré daigne te remarquer et, comme
Ruy Blas, te faire premier ministre,
peut-être te jettera-t elle son mouchoir
à carreaux, et, si tu veux mon opinion,
je ne te trouve pas de taille à jouer
les Potemkin et les Monaldeschi. Reste
à Paris, mon cher; c'est encore là que,
se trouvent le plus de pépites dans les
ruisseaux. Et songe~aussi qu'il est assez
difâcile de voisiner entre la Polynésie
et le café Riche.
Puis, reprenant:
J'avoue que tu ne me sembles bon
à rien et d'une défaite difQcile mais, si
j'étais a. ta place, j'irais m'enfouir à la
campagne, et, tout en économisant avec
une grande énergie mes derniers cent
francs, j'écrirais une pièce, je la ferais
jouer, j'aurais un immense saccës et je
deviendrais très riche.
Mais je n'ai jamais écrit que des
lettres de commerce, et j'ignore com-
ment on fait une pièce.
Tant mieux Ce sera peut-être
comme au jeu aux innocents les mains
pleines t
Je n'hésitai pas, et il m'eût dit de me
faire pédicure que j'eusse apporté la
même énergie à couper des cors qu'à
bâtir des actes et à nier des scènes.
Ayant ramassé les dernières épaves
d'une jeunesse luxueuse, je fis argent
de tout et allai m'étabHr dans une ca-
bane, à la lisière de la forêt de Fontaine-
bleau..
Quatre mois après, la M~resM ~z-
~Me était écrite.
C'était au fort de l'hiver il gelait à
pierre fendre. Je pris le train de 6 heu-
res 15 du matin, et, à neuf heures, j'arri-
vai chez Noriac, 10, rue Fontaine. Ce
noctambule s'était couché à quatre heu-
res et dormait les poings fermés. Lors-
que je l'éveillai, il me regarda d'un œil
rapide, la paupière clignotante et d'une
humeur de dogue enchaîné.
D'où viens-tu à cette heure? me
demandât il.
De Bois-le Roy.
Alors, se retournant du côté de la
ruelle
Ttt aurais bien mieux fait d'y res-.
ter.
Et il essaya de reprendre son somme.
Je me tenais confus, humilié, et, écra-
sant mon rouleau dans mes mains. Sen-
tant que j'étais toujours debout le long
du lit, il marmotta:
Que veux-tu ?
J'ai écrit lapièce, murmurai-je très
timidement.
Quelle pièce ) Voilà que tu fais des
pièces à présent) Mais, mon pauvre
vieux, c'est un état qui t'est absolument
inconnu. Comment tu as trente-quatre
ans et tu fais encore des bêtises de ce
genre-là? C'est une tragédie, n'est-ce
pas?
Mais répondis-je, c'est toi-même
qui m'a conseillé.
Alors, se dressant tout à coup sur son
séant, l'œil flambant et la moustache
hérissée:
Je t'ai donné semblable conseil,
moi Quoi tu oses me dire cela en face,
et sans rougir t Mais, sache donc que, si
j'avais fait ce dont tu m'accuses, je se-
rais le dernier, des criminels, et, malgré
ma mauvaise nature, sois certain que je
suis incapable de tendre pareil piège,
fdt-ce à mon plus cruel ennemi. Inno-
cent que tu es ) On peut, dans un instant
d'égarement, conseiller aune femme
l'adultère, et à un républicain de tirer
sur défunt Louis-Philippe mais faire
naître dans l'esprit d'un malheureux
l'i.dée d'écrire une pièce, ça ne s'est ja-
mais vu, et,ce qai le prouve, c'est que le
Code .pénal n'a. même pas prévu ce
cas.
J'étais a.brntH. Mais lui, remarquant
ma tristesse, changea immédiatement
de ton et me dit, avec une exquise
bonté:
Allons, va ton train, lis-moi-ta ma-
chine je l'écoute.
Puis, en arrangeant les oreillers, et
ramenant la couverture
C'est égal, tu m'avoueras que c'est
raide d'avaler quatre actes, quand il
gëte à pierre fendre, et qu'on s'est cou-
ché à l'aube. Enûn
La lecture dura deux heures il écou-
tait avec une grande attention.
Eh bien ? demandai-je.
Qui est-ce qui a fait ça. ? R
C'est moi.
C3 n'est pas vrai tu mens comme
un dentiste. C'est égal, si tu as combiné
ça tout seul, tu es moins bête que je ne le
croyais.Gependant, il fautquejët'indique
un ëeueil dans ta pièce. On y parle trop
d'argent, cela peut empêcher d'en faire.
Va porter ton manuscrit chez Mme Du-
bois, rue Saint-Marc elle te le copiera;
je payerai le louis qui lui sera dû. Tu
penses bien, n'est-ce pas, qu'aucun di-
recteur n'accepterait de lire ton infecte
écriture?
Au moment où j'allais partir
Eh bien cria-t-il, tu ne me remer-
cies pas?
Je l'embrassai.
Va-t'en maintenant; je te regarde
comme sauvé 1
Quand je descendis l'escalier dé Mme
Dubois, le seul fait de donner ma
pièce à copier me fit croire qu'elle était
à moitié reçue t
Hippolyte Hostein, directeur de la
Renaissunce, fut le premier qui eut con-
naissance de la Ma~y'esse légitime, et,
huit jours après l'avoir lue, on com-
mença les répétitions. Mais, sur ses en-
trefaites, il vendit son théâtre et on n'y
joua plus que l'opérette.
1 Ce fut alors que M. Duquesnel, ayant
appris qu'une comédie se trouvait en
détresse à la Renaissance, entre deux
couplets, me pria de la lui lire et la fit,
immédiatement après, répéter.
=t~
Rien de plus pénible et de plus heurté
que les répétitions. Chaque jour, on
croyait de moins en moins à cette pièce
qui, rompant avec la tradition, ne cher-
chait ses effets que dans la sensibilité
et la belle humeur.
On ne s'habituait ni à la forme ni au
fond la trame semblait trop simple et
les mots, disait-on, tombaient sans par-
tir.
Dans !e 'théâtre; un homme seul avait
conûance, c'était Bondois, le metteur en
scène, qui, lui, avec soh'nair si subtil,
croyait toujours et espérait contre tous.
Après la M~~yëssc ~ passer un -P/M~~pe II qui, au dire du
directeur, serait la gloire de la maison
et la fortune de la caisse.
Sans cesse, je rencontrais le roi d'Es-
pagne, marchant dans les coulisses, se
promenant à travers les couloirs et rem-
plissant le théâtre de son impatiente
majesté, i
Í On ne parlait que de lui, et on ne s'en-
tretenait que des hautes espérances qu'il
avait fait naître. « Ah) semblait dire
l'administration, quand serons-nous
donc débarrassés de cette petite mau-
vaise pièce qu'on répète, et quand
pourrons-nous donc enfin montrer, des
décors magnifiques, faire flotter les
s étendards et élever un trône ) »
Depuis deux mois on me martyrisait
t pour le titre. La Afa~'e&'se ~~ù~e pa-
raissait chose grotesque, cela hurlait et
promettait une salle vide.
1 La veille encore, on refusait d'affi-
cher.
Enûn, le jour de la première arriva.
Avant le lever du rideau, je me sentis
abandonné de tous je semblais un pa-
ria relégué dans le plus sombre coin
des coulisses j'allais, je venais, je par-
lais, mais on ne prenait garde ni à moi
ni à mes conseils. J'avais les jambes
molles, la tête vide, la bouche sèche et
une sueur froide me coulait tout le long
du corps.
Non, rieB n'est plus aSreùx que la si-
tuation du malheureux auteur novice
qui va être jeté en pâture à la criti-
que i Avant que le public ait pris sa
mesure, chacun craint de se compro-
mettre. Il sera toujours assez temps,
s'il réussit, de lui faire des ïisettes et
de l'accabler de compliments.
Le premier acte fit glacial, et le ri-
deau tomba sur un silence de mort. Le
commencement du deuxième fat a~si
très froid; mais, à la scène entre Du-
luc et Gourdet, j'entendis comme un
murmure qui pronostiquait une détente,
et puis tout à coup ce furent des applau-
dissements, des bravos et des cris. Le
public semblait vouloir s'excuser de sa
si grande froideur pendant la première
partie de la pièce.
Cet enthousiasme dura jusqu'à la un;
pendant une heure tout entière, Paris
se plut à me payer de tous mes déboires
et de toutes mes terreurs.
Laissez moi vous raconter un trait
que je n'ai jamais oublié.
Dans le courant du premier acte, pen-
dant qu'assis sur une méchante chaise
de paille, enfoncé au plus profond, de
l'ombre, j'écoutais les grands silences
que soulevait ma prose, à cet instant su-
prême où tout semblait me fuir et où je
sentais mes plus chères espérances, tom-
bant des frises, s'enondrer dans les des-
sous, je vis entrer Bondois en costume
de soirée.
Quoi lui dit M. Duquesnel, vous
si dédaigneux de toilette et si insouciant
d'habitude, vous voilà ce soir en frac et
en cravate blanche t
Monsieur,répondit-il, si je suis ainsi
vêtu, c'est pour faire honneur à la co-
médie de M. Davyl, qui ce soir aura
l'immense succèsque je lui ai prédit dès
le premier jour.
Quand les autres m'abandonnaient,
lui m'était resté Mêle. Aussi, lorsque
Je succès eut dépassé mon attente et que
sur la. scène tous me pressaient, m'entou-
raient et m'accablaient de louanges, j'a-
perçus Bondois se tenant à l'écart, mais
dont l'œil si fin semblait me dire
–Ami, ne t'y fie pas!'
=~
mer soir on a repris cette pièce; mais,
pendant que le public me donnait à nou-
veau tant de marques de sympathies,
et, souriant revoyait encore cette M~
sympathie gardée à l'a;MMg qu'on ne
saurait oublier, moi appuyé contre un
décor, l'esprit libre, assis peut-être sur
la mêa& chaise de paille qu'il y a sept
ans, je me souvenais de ceux qui m'ont
aimé et dont la pensée est si intimement
liée à ma pièce, Noriac et Bondois 1
L'oeuvre vivra, je l'espère, mais eux
sont morts ).
t LOUtS DAVYL
PETITE BOURSE DU SO!R
30/0. 8135.
30/Oamort.nouv. 81 75.
50/0. 11655,58,57.
"'ït
Turc. 1295,90,95.
Banque ottomane. 803 75, 803 12, 806 68.
Lotsturcs. 5837.5925.
Ej~pte. 36187,36312.
Extérieur nouvea.u. 64 H/16, 5/8.
Rio. 66625.665..
Panama. 530,52875.
Phenixespagtiol. 585.
Lombard. 310.
Les deux marches sont tres termes, reu a af-
faires. La hausse de la petite Bourse vient du dé-
couvert qu'il y a ou ces jours derniers sur vente
de primes à de faibles écarts. Quelques ven-
deurs ont voulu se racheter.
Nos Echos
° AUJOURO'HU)
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dtner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage julienne au consomme'
Hors-d'œuvre
Saumon sauce genevoise
Pommes de terre à l'anglaise
Fileta de bœuf :'). la Dauphmc
Ris de veau à la chicorée
Faisans bardés sur croustades
Salade
Petits pois à la française
Tarte aux poires .<
Glace
Grand-Hôtel
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à la carte au res-
taurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la
4' page.)
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Français, 8 h. 1/4. Le Afo/tde od t'en
t'enMtte.
Opéra-Comique, 8 h. Ronteo et JKKe«e.
LA PODTtQUE
C'est aujourd'hui que le peuple prus-
sien. < réuni dans ses comices procé-
dera aux élections générales pour la
Chambre des députés.
Il s'agit de la nomination de manda-
j taires qui seront convoqués, d'ici huit
jours, pour élire les députés.
La situation paraît entièrement chan-
gée depuis les dernières élections. Les
catholiques,, désillusionnés sur les sen-
timents du gouvernement à leur égard,
ont renoncé à l'alliance conservatrice
pour s'entendre avec ceux des libéraux
qui consentent à voter l'abolition des
lois vexatoires désignées sous l'euphé-
misme de < législation de Mai
( Les progressistes ont vu leurs rangs
renforcés par les anciens partisans du
chancelier, qui viennent de se séparer
des < libéraux nationaux pour for-
mer le groupe des libéraux sécession-
nistes.
Ecnn, les conservateurs sont .divisés
entre eux et brouillés avec les minis-
tériels d'un côté et avec les < christo-
socialistes et antisémites de l'au-
f ~pg
La lutte s'engage sous des auspices
peu favorables à M. de Bismarck.
La ténébreuse aËaire dite très impro-
prement affaire du pope nihiliste est
enûn tout à fait éclaircie.
Le chantre Archangelsky n'a même
pas été l'objet de tentatives d'embau-
chage de la part des nihilistes. Ce qui
j l'a compromis, aux yeux d'agents ma-
ladroits, c'est, a. ce qu'il paraît, une
simple similitude de nom. Il y a, à Paris,
un nihiliste qui s'appelle comme le
chantre de la chapelle de la rue Daru.
Ajoutons qu'à l'ambassade de Russie
on n'a pas un instant donné dans l'er-
reur où s'est fourvoyé le zèle aveugle
de policiers subalternes.
t,E MONDE ET LA VtLLE
Nous ne saurions faire un reproche
au CM ~as de témoigner, avec insistan-
ce, sa curiosité au sujet de la loterie
franco-espagnole. Des bruits ont couru,
un journal attentif est dans son rôle en
cherchant la lumière.
En ce qui nous concerne, puisque le
6~ -B~as s'adresse au directeur du lois, nous ne pouvons que rappeler briè-
vement l'histoire de l'oeuvre de Paris-
Murcie, dont la loterie fut une partie
essentielle.
l' La première idée de la fête partit, en
eSet, du (3~o!s.
1 C'est S. M. la reine d'Espagne qui
demanda, l'autorisation de la loterie, et
qui ~obtint du ministère. Elle daigna
alors prier le comité des journaux réu-
nis pour la. fête de la seconder pour l'or-
ganisation de la loterie ce comité était
composé du Figaro, de l'7~gHeMtë~<, du
FbM(M~ et du CaM~oïs, avec M. Lebey
pour président.
Il désira s'adjoindre un second co-
mité, composé de réprésentants nota-
bles du commerce parisien, à la tête
duquel fut placé M. Jaluzot.
La rigueur de l'hiver avait sévi cruel-
lement sur les pauvres de Paris le capi-
tal delaloterie fut porté à quatre millions,
et l'on décida d'en partager le produit
entre nos indigents et les victimes des
désastres de .la province de Murcie.
La fête eut lieu avec le succès que l'on
sait.
Immédiatement après, un comité, de
toute la presse, cette fois, se forma sous
la présidence~de M. de Girardin et, d'ac-
cord avec le comité des industriels pa-
risiens, prit la direction de la loterie.
Patronnée par la reine d'Espagne, au-
torisée par le gouvernement, surveillée
par la presse entière et par des mem-
bres éminents du commerce, il nous
semble que cette loterie offrait toutes
les garanties désirables dans une opé-
ration de ce genre.
Va-et-vient princiers:
L& pri nce de Galles a visité hier l'Ex-
po&ition des Arts décoratifs.
Son Altesse Royale part ce soir, a huit
heures quarante, par la gare du Nord.
Après avoir passé trois jours dans la
capitale, l'archiduchesse Elisabeth a
quitté Paris hier soir, par le train-poste
de huit heures vingt-cinq, se rendant en
Espagne.
On sait que l'archiduchesse Elisabeth
va assister, à Madrid, aux couches de sa
nllè, la jeune reine d'Espagne, qui sont
attendues vers le milieu du mois pro-
chain.
#°*
Le général comte IgnatieS, qui était à
Paris depuis quelques jours à l'hôtel du
Rhin, en est parti hier mercredi, à onze
heures quinze, à destination de Flo-
rence.
Le général a laissé à Paris son jeune
fils, avec son gouverneur, pour conti-
nuer le traitement dirigé par le docteur
Charcot.
Le général IgnatiefE reviendra à Pa-
ris dans six semaines.
=~
Sir Charles Dilke est arrivé hier à Pa-
-rïs~ il est descendu au Grand-Hôtels
4~
Stanley est arrivé hier soir à Paris.
Il est descendu à l'hôtel Meurice.
On sait le diNérend survenu entre le
(Msco~ererde Livingstoneet M.Savor-
gnan~de Br.azza. Les deux célèbres
voyagëurs'vont se trouver de nouveau
aux prises.
Epilogue
Le mariage du duc et de la duchesse de
Rivoli a été célébré par Son Eminence
le cardinal-archevêque de Paris, dans la
chapelle des Carmes, 70, rue de Vau-
girard.
Les témoins de la duchesse étaient le
général comte Reille et le comte de
Panisse-Passis.
Le comte Laurent de la Bedoyëre,
beau-fils du prince de la Moskowa, de-
vait être le premier témoin de la du-
chesse de Rivoli, comme représentant
de son beau-père. Mais, la mort en dé-
cida autrement. Le comte Laurent de la
Bedoyère a dû accompagner le corps du
prince de la Moskowa, décède, et prier
le général Reille de le remplacer.
Les témoins du duc de Rivoli étaient
le vicomte Reille, son beau-frère et le
comte de Souancé son cousin.
La princesse d'EssIing et les témoins
assistaient seuls au mariage.
Le duc et la duchesse de Rivoli sont
partis pour Naples, où ils doivent passer
Fhiver. A leur retour, ils habiteront
l'hôtel dëMme la princesse d'Essling,
rue Jean-Goujon..
Echos de chasser
Ainsi que nous le disions hier, le
prince de Galles a chassé mardi chez le
vicomte GreSulhe à la Grande-Com-
mune, près Nangis.
Son Altesse Impériale le grand-duc
Wladimir s'était rendu aussi à l'invita-
tion de M. GreSulhe.
Le colonel Clarke, le marquis du Lau,
le marquis de Breteuil, le vicomte
O'Connor, le marquis de Caumont-la-
Force, complétaient, avec Leurs Altes-
ses et le maître de la maison, un en-
semble de huit fusils.
1,100 pièces ont été abattues 800 fai-
sans 200 lapins, 100 pièces diverses.
Un petit incident de cacographie a
égayé les hôtes du vicomte Greffulhe.
On sait que, dans les chasses en battue,
il est d'usage de remettre à chacun des
tireurs, à son arrivée, un numéro cor-
respondant à la place qu'il doit occuper,
et qu'il retrouve sur un. arbre dans
chaque tiré.
Pour Leurs Altesses Impériale et
Royale, au lieu du numéro réglemen-
taire, on avait dû écrire les noms des
deux princes, au lieu d'un simple nu-
méro. La plume du garde chargé de la
rédaction commit une bévue: au lieu
de Son Altesse Impériale le grand-duc
Wladimir, on lisait sur les arbres ~o~
Altesse T~er~e ? ~m?~ ~sfK~M".
Autre chasse, celle-ci chasse a courre
les équipages réunis du marquis de Cas-
tellane et du baron Hainguerlot,:ont at-
taqué, avant-hier, à neuf heures du ma-
tin, un brocard aux champs de Fougè-
res, environnant les landes de la Ronde,
dans les bois de Rochecotte, où se trou-
vait le rendez-vous.
Quarante chiens étaient découplés.
Après diSérents incidents, le chevreuil
fut hallali dans l'étang du Bellay.
Pour un début de saison, l'équipage a
eu la meilleure tenue il est vrai qu'il
avait à sa tête trois célébrités, deux
griSons écossais au marquis de Castel-
lane, Toper et .R~t&OMe~ et ï~H-~oy,
au baron Hainguerlot.
Plusieurs chutes le comte de Ca-
houet, montant Séréno, a fait une culbute
dans un fossé couvert que son cheval
n'avait pu voir le lieutenant Moreau
de Bellaing tomba sur un talus après
avoir sauté le fossé le marquis de
Sesmaisons fit deux chutes la pre-
mière sur une barrière fixe trop haute,
la seconde dans une rivière trop large
qu'il dut passer à la nage. Ces trois ca-
valiers n'en arrivèrent pas moins des
premiers à l'hallali avec la marquise de
Castellane et le marquis, montant .F~-
cme~ magnifique cheval gris qu'on di-
rait sorti d'un tableau de Van der Meu-
len.
Assistaient à la chasse: le comte
Erasme de Contades-Gizeux, récemment
sorti de Saumur; les deux filles du baron
Hainguerlot, le baron E. Hainguerlot,
toujours si correct glaise; M. Arthur Hainguerlot et plu-
sieurs ofacier~ de l'Ecole de Saumur et
de la garnison de Tours.
Le bouton de l'équipage est rouge,
avec la devise -No< s~M~s (Chauds épé-
rons), et les initales entrelacées C et S
du marquis de Castellane et du marquis
de Sesmaisons.
Nous sommes allé hier à Versailles
prendre des nouvelles de M. DubuNe, et
nous avons été heureux d'apprendre
qu'un mieux assez sensible était survenu
dans son état.
Les accès de délire sont moins fré-
quents, eties médecins, qui, un moment,
avaient perdu tout espoir de sauver le
malade, laissent maintenant entrevoir
une issue favorable.
Une anecdote sur le comte IgnatieH,
qui est en ce moment à Paris.
Un des fonctionnaires de sa chancel-
lerie vint un jour dénoncer un de ses
collègues qui lisait des publications po-
litiques interdites.
Le lendemain, le comte Ignatieff fit
mander dans son cabinet le dénoncia-
teur et l'accusé et, s'adressant à celui-
ci « Remettez-moi votre démission et
Dieu vous garde à l'avenir d'un collè-
gue aussi lâche que celui-ci. Inutile
d'ajouter que le dénonciateur dût quit-
ter le service en même temps que sa
victime.
NOUVELLES A LA MAIN
Le jeune vicomte, perclus de créances,
abîmé dans les bas-fonds de la décave la
plus profonde, a réuni les débris de son
patrimoine et les a connés à des book-
makers variés.
Aux dernières courses de la Marche,
il reçoit la grande culotte.
Furieux, animé des idées de ven-
geance les plus féroces, il s'enferme
trois jours chez lui, sans recevoir per-
sonne.
Au bout de ce laps, il sort avec un
rouleau et se précipite chez un éditeur
de musique connu.
Qu'est-ce que vous m'apportez là? 'l
Sans répondre, dépliant le rouleau, le
vicomte commence gravement
LA MARCHE FUNÈBRE
S~Mp/M/He e!oM!of(reMse
Sur le boulevard, un pâle voyou s'ap-
proche, d'un gentleman et lui décroche
sa montre avec une dextérité bien pari-
sienne.
Par une malechance inouïe, le gentle-
man s'aperçoit du rapt et saisit le voleur
par la main.
Alors le voyou, avec beaucoup de
sang-froid
Monsieur, vous avancez d'un quart
d'heure.
UN DOMtNO.
M. ESÏAMEHN
ET LE BAQUET OU 15 OCTOBRE
Nous n'avons pas voulu nous conten-
ter des explications sommaires néces-
sairement que M. Estancelin avait
bien voulu nous envoyer, par dépêche
télégraphique, au sujet de sa présence
annoncée, puis démentie au banquet de
dimanche dernier. La valeur du nom de
M. Estancelin, son intimité de vieille
date avec les princes de la famille d'Or-
léans, eussent donné à son nom et à son
éloquente parole un intérêt tout particu-
lier.
Le (?s! nil un de ses rédacteurs.
Baromesnil est une terre de famille
situse à 10 kilomètres d'Eu. M. Estan-
celin l'habite depuis quelques années
seulement. Il a longtemps demeuré dans
un pavillon plus rapproché du château
du comte de Paris et qui a été réuni
depuis au parc de Son Altesse Royale.
Le château de Baromesnil malgré
son appellation de château–est, comme
le sont souvent les résidences norman-
des, une maison d'une simplicité con-
fortable. La campagne qui l'entoure,
c'est la campagne normande avec sa ri-
che culture, ses grasses prairies.
On n'a pas a r~aire le portrait de M.
Estancelin, puisqu'il a passé, il y a trois
jours, dans le suite au but de ma visite.
–Permettez-moi, dis-je au proprié-
taire de Baromesnil, de vous demander,
en quelques paroles, le récit exact de ce
quis'est passé à l'occasion du banquet
où les partisans de la. Maison de France
ont si fort regretté votre absence.
Rien de plus simple, bien que les cho-
ses soient assez singulières, comme vous
l'allez voir. Je fus prévenu par une lettre
du baron de Vaux-Tassillon, au com-
mencement de la semaine passée, que la.
délégation royaliste des vingt arrondis-
sements de Paris m'avait choisi pourpré-
sider le banquet du 15. J'acceptai l'of-
frf~
Je croyais que c'était M. de Lafeinty
qui devait présider le banquet, et ~ue
vous deviez seulement prendre place a.
sa droite.
Les journaux l'ont dit, en eliet,
mais les choses se sont bien passées
comme je vous le disais. Il ne fu.t ques-
tion que plus tard de la présidence de
M. de Lareinty. Je continue, puisque
vous croyez que l'incident vaut la peine ·
d'être porté complètement à la connais-
sance du public, ce que je n'aurais pas
cru,pour ma part, n'attribuant pas tant
d'importance à ma personne.
Votre modestie vous trompe la-
dessus. Votre nom n'est rien moins
qu'oublié. Il signifie: courage, intelli-
gence, fidélité, trois choses qui &e cou-
rent pas les rues de la République.
Deux jours après avoir répondu.
oui, à la proposition qui m'avait <été
faite, je reçus une dépêche qui m'étonna
assez, je l'avoue; il y était dit que les
délégués avaient changé d'avis et, par
par suite d'un malentendu, ne pouvaient
donner suite à leur résolution première.
Peu après, nouvelle dépêche, qui effa-
çait la précédente et meconnrmait l'offre
contenue dans la lettre du baron de
Vaux. Malheureusement, cette dernière
dépêche m'arriva trop tard paur être
suivie d'effet. Il me fallut donc m'abste-
nir. J'ai su qu'à mon défaut la prési-
dence du banquet avait été offerte au.
baron de Lareinty, qui avait cru devoir
la décliner, et qu'au dernier moment le
,comte de Chevigné l'accepta par ordre.
Voilà, en substance, ce que voulut
bien me dire M. Estancelin.
C'est pour me conformer à ses désirs
que j'ai cherché à être aussi bref et auss!~
sec que possible dans le compte-rendu de
mon voyage à Baromesnil, satisfait d'en
rapporter le mot d'une petite énigme et
la poignée de main d'un des hommes de
France qui ont le cœur le plus frança is.
t.. DESMOUUNS
Btoc-Notes Parisien
"«tt,
Les tripots clandestins deviennent de
plus en plus rares; la concurrence déloyale
des tripots autorisés, sous le pseudonyme
de cercles, les a tués.
De loin en loin, les journaux signalent
le trépas, par descente de police, d'un de
ces naufragés, comme ils annoncent de
temps à autre la mort du dernier survivant
de la Aff~MC.
Hier, les agents de M. Camescasse ont
fait invasion dans un des derniers sanctuai-
res où se pratiquent encore les mystères
de ce culte, renouvelé des Grecs, qui s'ap-
pelle la Roulette de société. La prê-
tresse de l'endroit répondait au nom de
Laure les fidèles étaient nombreux et
les sacrifices plantureux.
Quelques-unes des victimes de ces holo-.
caustes en espèces avaient porté plainte à.
l'autorité locale, qui n'a pas hésité à exer-
cer contre les adeptes les persécutions d'u-
sage,–tout comme s'il s'était agi d'un sim-
ple couvent.
Le tripot à roulette de la dame Laure est
une curiosité parisienne qui mérite, malgré
ses fautes, l'aumône de quelques lignes.
Fondé en. ladite se perd dans la nuit
des temps, comme celle de la création du
Gagne-Petit, -il s'est toujours fait remar-
quer par son caractère migratoire, chan-
geant à chaque instant de sanctuaire
comme les huguenots au Désert, pour dé-
pister la maréchaussée.
La Laure, un large bloc de femme qui
semble remonter à l'époque des construc-
tions cyclopéennes, était connue de ses
habitués sous le sobriquet de la 7oH?' de
J3~M, à cause de ses dimensions monu-
mentales et de la confusion des langues
qu'on parlait autour d'elle. Car il va sans
dire que l'élément rastaquouère dominait
dans sa clientèle, et que le français de Bos-
suet n'y était pas le dialecte courant.
Le but de ces petites soirées de famille
était, en effet, d'offrir aux étrangers de
distinction, en séjour à Paris, un salon de
bon ton où ils pussent se faire d'agréables
relations dans la belle société.
Après un dîner simple et de bon goût,
auquel étaient seules invitées les personnes
de marque les pontes à plus de cinq
louis on passait dans le boudoir pour
prendre le café. Comme la conversa-
tion languissait, une de ces dames l'a-
mie de couvent de Mme Laure disait
d'un petit ton Sévigné
Nom de nom < il fait rien embêtant
chez vous, chère belle! Si nous taillions
un petit bac?
Cette parole en l'air, négligemment je-
tée, mettait le feu aux poudres on sau-
tait avec empressement sur cette idée ori-
ginale, et un valet de pied en culotte
courte apportait gravement, sur un plateau
d'argent, les six jeux de cartes réglemen-
taires et tout ce qu'il faut pouf être cham-
bré.
Les huit et les neuf pleuvaient comme
des hallebardes sur les malheureux invites,
qui ne songeaient pas un seul instant à.
soupçonner la maîtresse de la maison et
ses aimable intimes de donner au hasard
un fructueux coup de pouce.
Cependant le boudoir se remplissait de
nouveaux venus des messieurs à rosettes
exotiques et à crânes éprouvés faisaient
une entrée correcte des femmes du
monde, s'excusant de venir sans ~l'eurs ma-
ris. retenus au cercle, affluaient par les
roses, bien vêtus et couverts d'or, arri-
vaient, pleins de mauvaises intentions.
PARIS AS centimes. DÉPARTEMENTS ET'GARES ~~CENTïMEâ_
Jeudi 19 Octobre 1883~
~~t~TFBÏtJBS, miS'VBBBS'
mf
ABONNEMENTS ~7~
fMie DêparteaMats
~8&BMM. Sfr. Un mois. S~~
yreismoia. 1350 Trois mois. IBy. tt 'I r
Six mois. 27 fr. Six mois. SSa't-: }
<înan. 54 &. Unan. 84&~ < i.~
BtraNget
WfOMmoM (Union postale). M'
RÉDACTION
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MMtntBNtM~AMttfaM
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"BÎS-JÛÎ7N~ :a
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'~EC.' 3DE! F~Ê!3~'m
j~Ms~ettf
MM. <3!B:)DAG-R.AN&JE, CJEtEUf <
.M! C!X NBC&BB A CM~ HBUttM
e, &eate~
&80NNEMENTS,PET)TtESANNOMOat9
RENSEIGNEMENTS
9, bonlevara de): Ittïtent, W
aKUMMAxiRBS
UN DÉBUT RACONTÉ PAR. LE BÉCUTANT. LûMtS
Dapy!.
Nos Ecuos. t~ Domino.
ESTANCELIN ET LE BANQUET DU 15 OCTOBRE.
L. D~ntOtt!?.
BLOC-NOTES PARISIEN. T'OMt!-Pc(/'tS.
LE PROCHS D'ARADI. J?.
LES TKOUCLES DE MoNTCEAU-LES-MiNES. S.
A TRAVERS LA PRESSE. ÇA. Ds;M6t~!y.
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX. V.
LA SouRSK. ~eyt/'t jPftpat.
LES PREMIERES. de Pêne.
NOUVELLES DIVERSES. A?te!r~ ~OKrdét.
TÉLÉSRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. ~Mt.
LE CARNET DE L'AMATEUR. A. B!oc~e.
SomÉES PARISIENNES. CAoM/i'ettrt.
RENSEIGNEMENTS UTILES.
SpopT. R. de L~jy.
ËCHOS DES THEATRES. MotttrtC~ O/O/tMeOtt.
UM DÉBUT
Raconté par le Débutant
Comme une maison qui tout à coup
s'écroule sur les épaules d'un homme, la
ruine, un ~our, sans prévenir, sans crier
gare, vint s'abattre sur moi et, dans
l'espace d'une heure, ût de l'homme, ri-
che la veille, le pauvre du lendemain.
Après cet immense désastre, je me
trouvai avec cinq louis dans la poche,
mais sans état et sans profession. Je com-
pris, comme res~.e de veine, que j'étais
l'homme de Paris le plus incapable de
remplir une place quelconque.
L'idée me vint de partir pour Taïti.
Pourquoi Taïti? Je n'en sais rien. Les
individus ruinés d'argent et d'espérance
ont parfois de ces idées là.
J'allai chez mon vieil ami, Jules No-
riac, pour le consulter.
Fais attention, me dit-il, si la reine
Pomaré daigne te remarquer et, comme
Ruy Blas, te faire premier ministre,
peut-être te jettera-t elle son mouchoir
à carreaux, et, si tu veux mon opinion,
je ne te trouve pas de taille à jouer
les Potemkin et les Monaldeschi. Reste
à Paris, mon cher; c'est encore là que,
se trouvent le plus de pépites dans les
ruisseaux. Et songe~aussi qu'il est assez
difâcile de voisiner entre la Polynésie
et le café Riche.
Puis, reprenant:
J'avoue que tu ne me sembles bon
à rien et d'une défaite difQcile mais, si
j'étais a. ta place, j'irais m'enfouir à la
campagne, et, tout en économisant avec
une grande énergie mes derniers cent
francs, j'écrirais une pièce, je la ferais
jouer, j'aurais un immense saccës et je
deviendrais très riche.
Mais je n'ai jamais écrit que des
lettres de commerce, et j'ignore com-
ment on fait une pièce.
Tant mieux Ce sera peut-être
comme au jeu aux innocents les mains
pleines t
Je n'hésitai pas, et il m'eût dit de me
faire pédicure que j'eusse apporté la
même énergie à couper des cors qu'à
bâtir des actes et à nier des scènes.
Ayant ramassé les dernières épaves
d'une jeunesse luxueuse, je fis argent
de tout et allai m'étabHr dans une ca-
bane, à la lisière de la forêt de Fontaine-
bleau..
Quatre mois après, la M~resM ~z-
~Me était écrite.
C'était au fort de l'hiver il gelait à
pierre fendre. Je pris le train de 6 heu-
res 15 du matin, et, à neuf heures, j'arri-
vai chez Noriac, 10, rue Fontaine. Ce
noctambule s'était couché à quatre heu-
res et dormait les poings fermés. Lors-
que je l'éveillai, il me regarda d'un œil
rapide, la paupière clignotante et d'une
humeur de dogue enchaîné.
D'où viens-tu à cette heure? me
demandât il.
De Bois-le Roy.
Alors, se retournant du côté de la
ruelle
Ttt aurais bien mieux fait d'y res-.
ter.
Et il essaya de reprendre son somme.
Je me tenais confus, humilié, et, écra-
sant mon rouleau dans mes mains. Sen-
tant que j'étais toujours debout le long
du lit, il marmotta:
Que veux-tu ?
J'ai écrit lapièce, murmurai-je très
timidement.
Quelle pièce ) Voilà que tu fais des
pièces à présent) Mais, mon pauvre
vieux, c'est un état qui t'est absolument
inconnu. Comment tu as trente-quatre
ans et tu fais encore des bêtises de ce
genre-là? C'est une tragédie, n'est-ce
pas?
Mais répondis-je, c'est toi-même
qui m'a conseillé.
Alors, se dressant tout à coup sur son
séant, l'œil flambant et la moustache
hérissée:
Je t'ai donné semblable conseil,
moi Quoi tu oses me dire cela en face,
et sans rougir t Mais, sache donc que, si
j'avais fait ce dont tu m'accuses, je se-
rais le dernier, des criminels, et, malgré
ma mauvaise nature, sois certain que je
suis incapable de tendre pareil piège,
fdt-ce à mon plus cruel ennemi. Inno-
cent que tu es ) On peut, dans un instant
d'égarement, conseiller aune femme
l'adultère, et à un républicain de tirer
sur défunt Louis-Philippe mais faire
naître dans l'esprit d'un malheureux
l'i.dée d'écrire une pièce, ça ne s'est ja-
mais vu, et,ce qai le prouve, c'est que le
Code .pénal n'a. même pas prévu ce
cas.
J'étais a.brntH. Mais lui, remarquant
ma tristesse, changea immédiatement
de ton et me dit, avec une exquise
bonté:
Allons, va ton train, lis-moi-ta ma-
chine je l'écoute.
Puis, en arrangeant les oreillers, et
ramenant la couverture
C'est égal, tu m'avoueras que c'est
raide d'avaler quatre actes, quand il
gëte à pierre fendre, et qu'on s'est cou-
ché à l'aube. Enûn
La lecture dura deux heures il écou-
tait avec une grande attention.
Eh bien ? demandai-je.
Qui est-ce qui a fait ça. ? R
C'est moi.
C3 n'est pas vrai tu mens comme
un dentiste. C'est égal, si tu as combiné
ça tout seul, tu es moins bête que je ne le
croyais.Gependant, il fautquejët'indique
un ëeueil dans ta pièce. On y parle trop
d'argent, cela peut empêcher d'en faire.
Va porter ton manuscrit chez Mme Du-
bois, rue Saint-Marc elle te le copiera;
je payerai le louis qui lui sera dû. Tu
penses bien, n'est-ce pas, qu'aucun di-
recteur n'accepterait de lire ton infecte
écriture?
Au moment où j'allais partir
Eh bien cria-t-il, tu ne me remer-
cies pas?
Je l'embrassai.
Va-t'en maintenant; je te regarde
comme sauvé 1
Quand je descendis l'escalier dé Mme
Dubois, le seul fait de donner ma
pièce à copier me fit croire qu'elle était
à moitié reçue t
Hippolyte Hostein, directeur de la
Renaissunce, fut le premier qui eut con-
naissance de la Ma~y'esse légitime, et,
huit jours après l'avoir lue, on com-
mença les répétitions. Mais, sur ses en-
trefaites, il vendit son théâtre et on n'y
joua plus que l'opérette.
1 Ce fut alors que M. Duquesnel, ayant
appris qu'une comédie se trouvait en
détresse à la Renaissance, entre deux
couplets, me pria de la lui lire et la fit,
immédiatement après, répéter.
=t~
Rien de plus pénible et de plus heurté
que les répétitions. Chaque jour, on
croyait de moins en moins à cette pièce
qui, rompant avec la tradition, ne cher-
chait ses effets que dans la sensibilité
et la belle humeur.
On ne s'habituait ni à la forme ni au
fond la trame semblait trop simple et
les mots, disait-on, tombaient sans par-
tir.
Dans !e 'théâtre; un homme seul avait
conûance, c'était Bondois, le metteur en
scène, qui, lui, avec soh'nair si subtil,
croyait toujours et espérait contre tous.
Après la M~~yëssc ~
directeur, serait la gloire de la maison
et la fortune de la caisse.
Sans cesse, je rencontrais le roi d'Es-
pagne, marchant dans les coulisses, se
promenant à travers les couloirs et rem-
plissant le théâtre de son impatiente
majesté, i
Í On ne parlait que de lui, et on ne s'en-
tretenait que des hautes espérances qu'il
avait fait naître. « Ah) semblait dire
l'administration, quand serons-nous
donc débarrassés de cette petite mau-
vaise pièce qu'on répète, et quand
pourrons-nous donc enfin montrer, des
décors magnifiques, faire flotter les
s étendards et élever un trône ) »
Depuis deux mois on me martyrisait
t pour le titre. La Afa~'e&'se ~~ù~e pa-
raissait chose grotesque, cela hurlait et
promettait une salle vide.
1 La veille encore, on refusait d'affi-
cher.
Enûn, le jour de la première arriva.
Avant le lever du rideau, je me sentis
abandonné de tous je semblais un pa-
ria relégué dans le plus sombre coin
des coulisses j'allais, je venais, je par-
lais, mais on ne prenait garde ni à moi
ni à mes conseils. J'avais les jambes
molles, la tête vide, la bouche sèche et
une sueur froide me coulait tout le long
du corps.
Non, rieB n'est plus aSreùx que la si-
tuation du malheureux auteur novice
qui va être jeté en pâture à la criti-
que i Avant que le public ait pris sa
mesure, chacun craint de se compro-
mettre. Il sera toujours assez temps,
s'il réussit, de lui faire des ïisettes et
de l'accabler de compliments.
Le premier acte fit glacial, et le ri-
deau tomba sur un silence de mort. Le
commencement du deuxième fat a~si
très froid; mais, à la scène entre Du-
luc et Gourdet, j'entendis comme un
murmure qui pronostiquait une détente,
et puis tout à coup ce furent des applau-
dissements, des bravos et des cris. Le
public semblait vouloir s'excuser de sa
si grande froideur pendant la première
partie de la pièce.
Cet enthousiasme dura jusqu'à la un;
pendant une heure tout entière, Paris
se plut à me payer de tous mes déboires
et de toutes mes terreurs.
Laissez moi vous raconter un trait
que je n'ai jamais oublié.
Dans le courant du premier acte, pen-
dant qu'assis sur une méchante chaise
de paille, enfoncé au plus profond, de
l'ombre, j'écoutais les grands silences
que soulevait ma prose, à cet instant su-
prême où tout semblait me fuir et où je
sentais mes plus chères espérances, tom-
bant des frises, s'enondrer dans les des-
sous, je vis entrer Bondois en costume
de soirée.
Quoi lui dit M. Duquesnel, vous
si dédaigneux de toilette et si insouciant
d'habitude, vous voilà ce soir en frac et
en cravate blanche t
Monsieur,répondit-il, si je suis ainsi
vêtu, c'est pour faire honneur à la co-
médie de M. Davyl, qui ce soir aura
l'immense succèsque je lui ai prédit dès
le premier jour.
Quand les autres m'abandonnaient,
lui m'était resté Mêle. Aussi, lorsque
Je succès eut dépassé mon attente et que
sur la. scène tous me pressaient, m'entou-
raient et m'accablaient de louanges, j'a-
perçus Bondois se tenant à l'écart, mais
dont l'œil si fin semblait me dire
–Ami, ne t'y fie pas!'
=~
mer soir on a repris cette pièce; mais,
pendant que le public me donnait à nou-
veau tant de marques de sympathies,
et, souriant revoyait encore cette M~
saurait oublier, moi appuyé contre un
décor, l'esprit libre, assis peut-être sur
la mêa& chaise de paille qu'il y a sept
ans, je me souvenais de ceux qui m'ont
aimé et dont la pensée est si intimement
liée à ma pièce, Noriac et Bondois 1
L'oeuvre vivra, je l'espère, mais eux
sont morts ).
t LOUtS DAVYL
PETITE BOURSE DU SO!R
30/0. 8135.
30/Oamort.nouv. 81 75.
50/0. 11655,58,57.
"'ït
Turc. 1295,90,95.
Banque ottomane. 803 75, 803 12, 806 68.
Lotsturcs. 5837.5925.
Ej~pte. 36187,36312.
Extérieur nouvea.u. 64 H/16, 5/8.
Rio. 66625.665..
Panama. 530,52875.
Phenixespagtiol. 585.
Lombard. 310.
Les deux marches sont tres termes, reu a af-
faires. La hausse de la petite Bourse vient du dé-
couvert qu'il y a ou ces jours derniers sur vente
de primes à de faibles écarts. Quelques ven-
deurs ont voulu se racheter.
Nos Echos
° AUJOURO'HU)
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du dtner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage julienne au consomme'
Hors-d'œuvre
Saumon sauce genevoise
Pommes de terre à l'anglaise
Fileta de bœuf :'). la Dauphmc
Ris de veau à la chicorée
Faisans bardés sur croustades
Salade
Petits pois à la française
Tarte aux poires .<
Glace
Grand-Hôtel
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à la carte au res-
taurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la
4' page.)
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Français, 8 h. 1/4. Le Afo/tde od t'en
t'enMtte.
Opéra-Comique, 8 h. Ronteo et JKKe«e.
LA PODTtQUE
C'est aujourd'hui que le peuple prus-
sien. < réuni dans ses comices procé-
dera aux élections générales pour la
Chambre des députés.
Il s'agit de la nomination de manda-
j taires qui seront convoqués, d'ici huit
jours, pour élire les députés.
La situation paraît entièrement chan-
gée depuis les dernières élections. Les
catholiques,, désillusionnés sur les sen-
timents du gouvernement à leur égard,
ont renoncé à l'alliance conservatrice
pour s'entendre avec ceux des libéraux
qui consentent à voter l'abolition des
lois vexatoires désignées sous l'euphé-
misme de < législation de Mai
( Les progressistes ont vu leurs rangs
renforcés par les anciens partisans du
chancelier, qui viennent de se séparer
des < libéraux nationaux pour for-
mer le groupe des libéraux sécession-
nistes.
Ecnn, les conservateurs sont .divisés
entre eux et brouillés avec les minis-
tériels d'un côté et avec les < christo-
socialistes et antisémites de l'au-
f ~pg
La lutte s'engage sous des auspices
peu favorables à M. de Bismarck.
La ténébreuse aËaire dite très impro-
prement affaire du pope nihiliste est
enûn tout à fait éclaircie.
Le chantre Archangelsky n'a même
pas été l'objet de tentatives d'embau-
chage de la part des nihilistes. Ce qui
j l'a compromis, aux yeux d'agents ma-
ladroits, c'est, a. ce qu'il paraît, une
simple similitude de nom. Il y a, à Paris,
un nihiliste qui s'appelle comme le
chantre de la chapelle de la rue Daru.
Ajoutons qu'à l'ambassade de Russie
on n'a pas un instant donné dans l'er-
reur où s'est fourvoyé le zèle aveugle
de policiers subalternes.
t,E MONDE ET LA VtLLE
Nous ne saurions faire un reproche
au CM ~as de témoigner, avec insistan-
ce, sa curiosité au sujet de la loterie
franco-espagnole. Des bruits ont couru,
un journal attentif est dans son rôle en
cherchant la lumière.
En ce qui nous concerne, puisque le
6~ -B~as s'adresse au directeur du lois, nous ne pouvons que rappeler briè-
vement l'histoire de l'oeuvre de Paris-
Murcie, dont la loterie fut une partie
essentielle.
l' La première idée de la fête partit, en
eSet, du (3~o!s.
1 C'est S. M. la reine d'Espagne qui
demanda, l'autorisation de la loterie, et
qui ~obtint du ministère. Elle daigna
alors prier le comité des journaux réu-
nis pour la. fête de la seconder pour l'or-
ganisation de la loterie ce comité était
composé du Figaro, de l'7~gHeMtë~<, du
FbM(M~ et du CaM~oïs, avec M. Lebey
pour président.
Il désira s'adjoindre un second co-
mité, composé de réprésentants nota-
bles du commerce parisien, à la tête
duquel fut placé M. Jaluzot.
La rigueur de l'hiver avait sévi cruel-
lement sur les pauvres de Paris le capi-
tal delaloterie fut porté à quatre millions,
et l'on décida d'en partager le produit
entre nos indigents et les victimes des
désastres de .la province de Murcie.
La fête eut lieu avec le succès que l'on
sait.
Immédiatement après, un comité, de
toute la presse, cette fois, se forma sous
la présidence~de M. de Girardin et, d'ac-
cord avec le comité des industriels pa-
risiens, prit la direction de la loterie.
Patronnée par la reine d'Espagne, au-
torisée par le gouvernement, surveillée
par la presse entière et par des mem-
bres éminents du commerce, il nous
semble que cette loterie offrait toutes
les garanties désirables dans une opé-
ration de ce genre.
Va-et-vient princiers:
L& pri nce de Galles a visité hier l'Ex-
po&ition des Arts décoratifs.
Son Altesse Royale part ce soir, a huit
heures quarante, par la gare du Nord.
Après avoir passé trois jours dans la
capitale, l'archiduchesse Elisabeth a
quitté Paris hier soir, par le train-poste
de huit heures vingt-cinq, se rendant en
Espagne.
On sait que l'archiduchesse Elisabeth
va assister, à Madrid, aux couches de sa
nllè, la jeune reine d'Espagne, qui sont
attendues vers le milieu du mois pro-
chain.
#°*
Le général comte IgnatieS, qui était à
Paris depuis quelques jours à l'hôtel du
Rhin, en est parti hier mercredi, à onze
heures quinze, à destination de Flo-
rence.
Le général a laissé à Paris son jeune
fils, avec son gouverneur, pour conti-
nuer le traitement dirigé par le docteur
Charcot.
Le général IgnatiefE reviendra à Pa-
ris dans six semaines.
=~
Sir Charles Dilke est arrivé hier à Pa-
-rïs~ il est descendu au Grand-Hôtels
4~
Stanley est arrivé hier soir à Paris.
Il est descendu à l'hôtel Meurice.
On sait le diNérend survenu entre le
(Msco~ererde Livingstoneet M.Savor-
gnan~de Br.azza. Les deux célèbres
voyagëurs'vont se trouver de nouveau
aux prises.
Epilogue
Le mariage du duc et de la duchesse de
Rivoli a été célébré par Son Eminence
le cardinal-archevêque de Paris, dans la
chapelle des Carmes, 70, rue de Vau-
girard.
Les témoins de la duchesse étaient le
général comte Reille et le comte de
Panisse-Passis.
Le comte Laurent de la Bedoyëre,
beau-fils du prince de la Moskowa, de-
vait être le premier témoin de la du-
chesse de Rivoli, comme représentant
de son beau-père. Mais, la mort en dé-
cida autrement. Le comte Laurent de la
Bedoyère a dû accompagner le corps du
prince de la Moskowa, décède, et prier
le général Reille de le remplacer.
Les témoins du duc de Rivoli étaient
le vicomte Reille, son beau-frère et le
comte de Souancé son cousin.
La princesse d'EssIing et les témoins
assistaient seuls au mariage.
Le duc et la duchesse de Rivoli sont
partis pour Naples, où ils doivent passer
Fhiver. A leur retour, ils habiteront
l'hôtel dëMme la princesse d'Essling,
rue Jean-Goujon..
Echos de chasser
Ainsi que nous le disions hier, le
prince de Galles a chassé mardi chez le
vicomte GreSulhe à la Grande-Com-
mune, près Nangis.
Son Altesse Impériale le grand-duc
Wladimir s'était rendu aussi à l'invita-
tion de M. GreSulhe.
Le colonel Clarke, le marquis du Lau,
le marquis de Breteuil, le vicomte
O'Connor, le marquis de Caumont-la-
Force, complétaient, avec Leurs Altes-
ses et le maître de la maison, un en-
semble de huit fusils.
1,100 pièces ont été abattues 800 fai-
sans 200 lapins, 100 pièces diverses.
Un petit incident de cacographie a
égayé les hôtes du vicomte Greffulhe.
On sait que, dans les chasses en battue,
il est d'usage de remettre à chacun des
tireurs, à son arrivée, un numéro cor-
respondant à la place qu'il doit occuper,
et qu'il retrouve sur un. arbre dans
chaque tiré.
Pour Leurs Altesses Impériale et
Royale, au lieu du numéro réglemen-
taire, on avait dû écrire les noms des
deux princes, au lieu d'un simple nu-
méro. La plume du garde chargé de la
rédaction commit une bévue: au lieu
de Son Altesse Impériale le grand-duc
Wladimir, on lisait sur les arbres ~o~
Altesse T~er~e ? ~m?~ ~sfK~M".
Autre chasse, celle-ci chasse a courre
les équipages réunis du marquis de Cas-
tellane et du baron Hainguerlot,:ont at-
taqué, avant-hier, à neuf heures du ma-
tin, un brocard aux champs de Fougè-
res, environnant les landes de la Ronde,
dans les bois de Rochecotte, où se trou-
vait le rendez-vous.
Quarante chiens étaient découplés.
Après diSérents incidents, le chevreuil
fut hallali dans l'étang du Bellay.
Pour un début de saison, l'équipage a
eu la meilleure tenue il est vrai qu'il
avait à sa tête trois célébrités, deux
griSons écossais au marquis de Castel-
lane, Toper et .R~t&OMe~ et ï~H-~oy,
au baron Hainguerlot.
Plusieurs chutes le comte de Ca-
houet, montant Séréno, a fait une culbute
dans un fossé couvert que son cheval
n'avait pu voir le lieutenant Moreau
de Bellaing tomba sur un talus après
avoir sauté le fossé le marquis de
Sesmaisons fit deux chutes la pre-
mière sur une barrière fixe trop haute,
la seconde dans une rivière trop large
qu'il dut passer à la nage. Ces trois ca-
valiers n'en arrivèrent pas moins des
premiers à l'hallali avec la marquise de
Castellane et le marquis, montant .F~-
cme~ magnifique cheval gris qu'on di-
rait sorti d'un tableau de Van der Meu-
len.
Assistaient à la chasse: le comte
Erasme de Contades-Gizeux, récemment
sorti de Saumur; les deux filles du baron
Hainguerlot, le baron E. Hainguerlot,
toujours si correct
sieurs ofacier~ de l'Ecole de Saumur et
de la garnison de Tours.
Le bouton de l'équipage est rouge,
avec la devise -No< s~M~s (Chauds épé-
rons), et les initales entrelacées C et S
du marquis de Castellane et du marquis
de Sesmaisons.
Nous sommes allé hier à Versailles
prendre des nouvelles de M. DubuNe, et
nous avons été heureux d'apprendre
qu'un mieux assez sensible était survenu
dans son état.
Les accès de délire sont moins fré-
quents, eties médecins, qui, un moment,
avaient perdu tout espoir de sauver le
malade, laissent maintenant entrevoir
une issue favorable.
Une anecdote sur le comte IgnatieH,
qui est en ce moment à Paris.
Un des fonctionnaires de sa chancel-
lerie vint un jour dénoncer un de ses
collègues qui lisait des publications po-
litiques interdites.
Le lendemain, le comte Ignatieff fit
mander dans son cabinet le dénoncia-
teur et l'accusé et, s'adressant à celui-
ci « Remettez-moi votre démission et
Dieu vous garde à l'avenir d'un collè-
gue aussi lâche que celui-ci. Inutile
d'ajouter que le dénonciateur dût quit-
ter le service en même temps que sa
victime.
NOUVELLES A LA MAIN
Le jeune vicomte, perclus de créances,
abîmé dans les bas-fonds de la décave la
plus profonde, a réuni les débris de son
patrimoine et les a connés à des book-
makers variés.
Aux dernières courses de la Marche,
il reçoit la grande culotte.
Furieux, animé des idées de ven-
geance les plus féroces, il s'enferme
trois jours chez lui, sans recevoir per-
sonne.
Au bout de ce laps, il sort avec un
rouleau et se précipite chez un éditeur
de musique connu.
Qu'est-ce que vous m'apportez là? 'l
Sans répondre, dépliant le rouleau, le
vicomte commence gravement
LA MARCHE FUNÈBRE
S~Mp/M/He e!oM!of(reMse
Sur le boulevard, un pâle voyou s'ap-
proche, d'un gentleman et lui décroche
sa montre avec une dextérité bien pari-
sienne.
Par une malechance inouïe, le gentle-
man s'aperçoit du rapt et saisit le voleur
par la main.
Alors le voyou, avec beaucoup de
sang-froid
Monsieur, vous avancez d'un quart
d'heure.
UN DOMtNO.
M. ESÏAMEHN
ET LE BAQUET OU 15 OCTOBRE
Nous n'avons pas voulu nous conten-
ter des explications sommaires néces-
sairement que M. Estancelin avait
bien voulu nous envoyer, par dépêche
télégraphique, au sujet de sa présence
annoncée, puis démentie au banquet de
dimanche dernier. La valeur du nom de
M. Estancelin, son intimité de vieille
date avec les princes de la famille d'Or-
léans, eussent donné à son nom et à son
éloquente parole un intérêt tout particu-
lier.
Le (?s!
Baromesnil est une terre de famille
situse à 10 kilomètres d'Eu. M. Estan-
celin l'habite depuis quelques années
seulement. Il a longtemps demeuré dans
un pavillon plus rapproché du château
du comte de Paris et qui a été réuni
depuis au parc de Son Altesse Royale.
Le château de Baromesnil malgré
son appellation de château–est, comme
le sont souvent les résidences norman-
des, une maison d'une simplicité con-
fortable. La campagne qui l'entoure,
c'est la campagne normande avec sa ri-
che culture, ses grasses prairies.
On n'a pas a r~aire le portrait de M.
Estancelin, puisqu'il a passé, il y a trois
jours, dans le suite au but de ma visite.
–Permettez-moi, dis-je au proprié-
taire de Baromesnil, de vous demander,
en quelques paroles, le récit exact de ce
quis'est passé à l'occasion du banquet
où les partisans de la. Maison de France
ont si fort regretté votre absence.
Rien de plus simple, bien que les cho-
ses soient assez singulières, comme vous
l'allez voir. Je fus prévenu par une lettre
du baron de Vaux-Tassillon, au com-
mencement de la semaine passée, que la.
délégation royaliste des vingt arrondis-
sements de Paris m'avait choisi pourpré-
sider le banquet du 15. J'acceptai l'of-
frf~
Je croyais que c'était M. de Lafeinty
qui devait présider le banquet, et ~ue
vous deviez seulement prendre place a.
sa droite.
Les journaux l'ont dit, en eliet,
mais les choses se sont bien passées
comme je vous le disais. Il ne fu.t ques-
tion que plus tard de la présidence de
M. de Lareinty. Je continue, puisque
vous croyez que l'incident vaut la peine ·
d'être porté complètement à la connais-
sance du public, ce que je n'aurais pas
cru,pour ma part, n'attribuant pas tant
d'importance à ma personne.
Votre modestie vous trompe la-
dessus. Votre nom n'est rien moins
qu'oublié. Il signifie: courage, intelli-
gence, fidélité, trois choses qui &e cou-
rent pas les rues de la République.
Deux jours après avoir répondu.
oui, à la proposition qui m'avait <été
faite, je reçus une dépêche qui m'étonna
assez, je l'avoue; il y était dit que les
délégués avaient changé d'avis et, par
par suite d'un malentendu, ne pouvaient
donner suite à leur résolution première.
Peu après, nouvelle dépêche, qui effa-
çait la précédente et meconnrmait l'offre
contenue dans la lettre du baron de
Vaux. Malheureusement, cette dernière
dépêche m'arriva trop tard paur être
suivie d'effet. Il me fallut donc m'abste-
nir. J'ai su qu'à mon défaut la prési-
dence du banquet avait été offerte au.
baron de Lareinty, qui avait cru devoir
la décliner, et qu'au dernier moment le
,comte de Chevigné l'accepta par ordre.
Voilà, en substance, ce que voulut
bien me dire M. Estancelin.
C'est pour me conformer à ses désirs
que j'ai cherché à être aussi bref et auss!~
sec que possible dans le compte-rendu de
mon voyage à Baromesnil, satisfait d'en
rapporter le mot d'une petite énigme et
la poignée de main d'un des hommes de
France qui ont le cœur le plus frança is.
t.. DESMOUUNS
Btoc-Notes Parisien
"«tt,
Les tripots clandestins deviennent de
plus en plus rares; la concurrence déloyale
des tripots autorisés, sous le pseudonyme
de cercles, les a tués.
De loin en loin, les journaux signalent
le trépas, par descente de police, d'un de
ces naufragés, comme ils annoncent de
temps à autre la mort du dernier survivant
de la Aff~MC.
Hier, les agents de M. Camescasse ont
fait invasion dans un des derniers sanctuai-
res où se pratiquent encore les mystères
de ce culte, renouvelé des Grecs, qui s'ap-
pelle la Roulette de société. La prê-
tresse de l'endroit répondait au nom de
Laure les fidèles étaient nombreux et
les sacrifices plantureux.
Quelques-unes des victimes de ces holo-.
caustes en espèces avaient porté plainte à.
l'autorité locale, qui n'a pas hésité à exer-
cer contre les adeptes les persécutions d'u-
sage,–tout comme s'il s'était agi d'un sim-
ple couvent.
Le tripot à roulette de la dame Laure est
une curiosité parisienne qui mérite, malgré
ses fautes, l'aumône de quelques lignes.
Fondé en. ladite se perd dans la nuit
des temps, comme celle de la création du
Gagne-Petit, -il s'est toujours fait remar-
quer par son caractère migratoire, chan-
geant à chaque instant de sanctuaire
comme les huguenots au Désert, pour dé-
pister la maréchaussée.
La Laure, un large bloc de femme qui
semble remonter à l'époque des construc-
tions cyclopéennes, était connue de ses
habitués sous le sobriquet de la 7oH?' de
J3~M, à cause de ses dimensions monu-
mentales et de la confusion des langues
qu'on parlait autour d'elle. Car il va sans
dire que l'élément rastaquouère dominait
dans sa clientèle, et que le français de Bos-
suet n'y était pas le dialecte courant.
Le but de ces petites soirées de famille
était, en effet, d'offrir aux étrangers de
distinction, en séjour à Paris, un salon de
bon ton où ils pussent se faire d'agréables
relations dans la belle société.
Après un dîner simple et de bon goût,
auquel étaient seules invitées les personnes
de marque les pontes à plus de cinq
louis on passait dans le boudoir pour
prendre le café. Comme la conversa-
tion languissait, une de ces dames l'a-
mie de couvent de Mme Laure disait
d'un petit ton Sévigné
Nom de nom < il fait rien embêtant
chez vous, chère belle! Si nous taillions
un petit bac?
Cette parole en l'air, négligemment je-
tée, mettait le feu aux poudres on sau-
tait avec empressement sur cette idée ori-
ginale, et un valet de pied en culotte
courte apportait gravement, sur un plateau
d'argent, les six jeux de cartes réglemen-
taires et tout ce qu'il faut pouf être cham-
bré.
Les huit et les neuf pleuvaient comme
des hallebardes sur les malheureux invites,
qui ne songeaient pas un seul instant à.
soupçonner la maîtresse de la maison et
ses aimable intimes de donner au hasard
un fructueux coup de pouce.
Cependant le boudoir se remplissait de
nouveaux venus des messieurs à rosettes
exotiques et à crânes éprouvés faisaient
une entrée correcte des femmes du
monde, s'excusant de venir sans ~l'eurs ma-
ris. retenus au cercle, affluaient par les
vaient, pleins de mauvaises intentions.
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