Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-09-05
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 05 septembre 1882 05 septembre 1882
Description : 1882/09/05 (Numéro 51). 1882/09/05 (Numéro 51).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5243520
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PANS f i. S Centimes. –.IDËPAHT~MÈ~rs ST ~ARES '6ENTIMES'
Mardi 5 Septembre'1882
Seizième Année Troisième Série Numéro 51
SE. ID E F JÊ!Hr E3
N~ac
ANNONCES
MM. CH. LAGmA~&B, OEBy A 0'
6~PLMED)!J.ABOUME,6 ô
Jtt t <'At!m
ADMINISTRATION
MDMHEURMAOtNQHEUHM
t. ~eutevara deo ttattem, w
ABONNEMENTS.PETiTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
$, boulevard dea Ittlien*. <
~J~a?m~T5. NtETTJEB~
Dt~ee
ABONNEMENTS
faria Départeaiente
Cnmois. Sfr. Un mois. 6fr.
Trois mois. 1350 Trois mois. t6û'.
Six mois. 37 fr. Six mois. 82fr.
Un an. 54 fr. Un an. 64 ff.
Etranger /<
Trois mois (Union postale).7. M tc.~
RÉDACTION
C, boulevard des Italienne
BB DZUX HEnMa A M!KCn'
-<
PARfS-JOMmL
LES
PETITS CERC!JE)LS
M. dé Heredia n'est pas un républicain
vulgaire. Propriétaire colonial, il avait
reçu en héritage de nombreux nègres
qu'il vendit par humanité et après for-
tune faite. Au .'milieu des'nullités qui
encombrent la représentation législa-
tive de Paris, cette ville des lumières,
il brille par son élégance, son savoir et
son esprit.
Cet homme a été comblé des faveurs
de Dieu. Une famille charmante complé-
tait son bonheur. A toutes ses raisons
d'être heureux, il ajoutait ce sain et no-
ble orgueil du père, qui voit grandir à
son ombre de beaux enfants. Frappé au
coeur une première fois par la perte d'un
jeune fils, il reposait sa, tendresse sur la
tête de son fils aîné, Henri, brillant
jeune homme dont l'éducation allait
s'achever.
On sait la catastrophe. L'autre jour,
sur une plage de la Manche, une énorme
vague arracha le jeune de Heredia aux
bras de sa mère, et la vague rapporta
un cadavre.
Tous les partis s'inclinèrent, toutes les
dissensions politiques firent silence de-
vant le cercueil de cet enfant. Bien des
larmes maternelles ont coulé au récit
d'un tel malheur. Bien des prières se
sont élevées au ciel pour cette famille
désolée, pour ce jeune homme préma-
turément rappelé à Dieu.
Ce ma tin, les journaux nous appren-
nent que le pauvre enfant sera inhumé
civilement, comme Blanqui, comme
Mme Gambetta, comme le petit Herold.
Ainsi cet immense deuil est une oc-
casion de fête pour les sociétés spécia-
les qui organisent lesenfouissements.Les
immortelles rouges ont fleuri aux bou-
tonnières les traiteurs ont débité leur
vin bleu. Ce petit cadavre a été la proie
des ignobles pontifes du culte civil
cette tombe a reçu les hoquets avinés
des conducteurs et des .orateurs d'onter-
-rements sans Dieu.
Ah 1 monsieur, la politique radicale a
des exigences cruelles. L'intérêt électo-
ral est vraiment impitoyable. Vos élec-
.teurs n'ont pas d'entrailles, puisqu'ils
.n'ont pas voulu vous faire grâce des para-
fes impies de leur athéisme obligatoire,
puisqu'ils n'ont eu pitié ni de votre dou-
Jeur, ni des pleurs d'une mère, qui ne
j)eut croire que son enfant est mort tout
entier entre ses bras qui ne peut se
.douter que, de son cher Henri, il ne reste
~lus qu'un peu de matière décomposée
qui ne se résigne certainement pas à
désespérer de jamais retrouver l'âme de
son nls 1
A ces rhéteurs de club, à ces philoso-
phes d'donné, vous, homme intelligentet riche,
votre'liberté, votre bon sens, votre
conscience. Pour leur complaire, vous
étiez obligé de voter suivant les injonc-
tions de leur ignorante folie. Ils ont
exigé un autre sacrince ils ont voulu
une autre proie le cadavre de votre en-
fant'. Vous le leur avez donné.
L'antiquité admirait les Romains stoï-
ques qui envoyaient leurs nls au sup-
plice pour obéir à la loi, les mères spar-
tiates qui remerciaient les dieux d'avoir
immolé leurs enfants au salut de la pa-
trie.
L'innexibilitô d'un Brutus, l'insensi-
bilité d'une mère spartiate n'égalent pas
votrecourage, monsieurde Heredia. Car
ils sacrinaient leursenfants à ces êtres,
nobles et grands dans leur impitoyable
abstraction, qu'on nomme la Loi et la
Patrie. Et puis, ils ne donnaient que le
corps de leurs nls ils n'abdiquaient au-
cune espérance, aucune croyance dans
la. vie par delà le tombeau.
Vous, vous avez livré le corps et l'âme
de votre nls à vos dieux,-et quels dieux 1
Votre Dieu, c'est votre urne électorale,
c'est votre comité, c'est votre popularité
dans les bouges. Votre Dieu, c'est ce mi-
sérable siège de député, qui vous vaut le
bonheur d'être une unité dans une ma-
jorité d'imbéciles, de faire et de défaire
des ministres qui ne vous valent pas
votre foi, c'est peut être l'espoir de les
remplacer un jour dans ce gouverne-
ment de ruine nationale 1 Ah monsieur,
si la. se bornent vos ambitions, si là s'ar-
rêtent vos espérances, si votre âme n'a
pas d'aspiration plus haute, nous. vous
plaignons.
Nous avons vu M. Herold, déjà. ma-
lade, déjà. au bord de l'autre v~e, accom-
pagner d'un œil sec !e cadavre d'un ûls
de neuf ans qu'on allait enfouir sur son
ordre. M. Herold apportait à cette
odieuse manifestation je ne- sais quelle
forfanterie sinistre.
Depuis ce jour, sa haine contre Dieu
redoubla.
Il se vengea contre le Christ du sa-
criâce qu'il avait fait aux athées. Alors
il ût arracher le cruciâx des écoles, ne
voulant pas que les petits enfants vivants,
vissent l'image du Dieu qui n'avait pas
accompagné son enfant mort. Il traqua
le bon Dieu dans toutes les salles de
classe; il l'enleva aux petits garçons,
aux petites filles il tenta, autant qu'il
était en lui, d'en abolir la vengeresse
mémoire. Chaque fois qu'au Sénat il
entendait prononcer le nom divin, sa
bouche était tordue par un rictus infer-
nal.
Il se rappelait alors que Dieu était
absent a. l'enterrement de son fils, et il
le détestait, parce qu'il l'avait chassé.
Que M. de Heredia prenne garde et se
souvienne de M. Herold Ch&sser Dieu
du cercueil d'un enfant, c'est un acte
grave ce doit être un aSreux remords.
Non, la République, la députation et
les portefeuilles ne valent pas ce prix-!ât 1
Ces actes, si on ne les expie dans
un cloître, on les paie bien chèrement.
Voilà donc ce que cette République
exige de sès ndèles ) I
M. Jules Ferry parlait, ces jours der-
niers de la < République maternelle
Il disait que l'enfance était l'objet prin-
cipal des soins de la République.
Mère bizarre, qui offense toutes les
mères 1
J'en appelle à toutes les mères," »
s'écriait Marie-Antoinette, devant le tri-
bunal révolutioMaire, qui outrageait la
femme pour assassiner là Reine.
Eh bien nous aussi, nous en appelons
à toutes les mères 1
Est-ce que la République n'est pas un
vaste système d'oppression maternelle?
Qu'est-ce que l'éducation républicaine,
sinon un outrage à la maternité ?
Saintes mères de famille, vous avez en-
seigné à vos chers bébés la douce prière
du matin et du soir. Vous leur avez appris
à bégayer le nom de Dieu, en même
temps que celui de père et de m ère. Li-
vrez votre enfant au pédagogue, qui, de
par M. Paul Bert, les édiâera sur vos
superstitions, leur apprendra que le ciel
est vide, qu'ils sont des animaux per-
fectionnés, qu'il ne faut adorer et servir
d'autre divinité que M. Grévy et M.
Duvaux! l
On leur apprendra encore qu'ils n'ap-
partiennent ni à leur père ni à leur mère,
mais à l'Etat, personniûé dans la Cham-
bre des députés.
Et, quand on' les aura bien dressés à
lire la L~erMe de .Boc~Mo~, les feuil-
les radicales et les publications porno-
graphiques, on les fourrera dans une
caserne, où, de par le major Labordëre,
on leur enseignera l'obéissance con-
ditionnelle.
Et puis après, ils feront partie de quel-
que société collectiviste, ou de quelque
bande noire qui détruira les crucinx, pil-
lera les églises, à l'exemple des préfets
qui ont crocheté les couvents.
Ennn, ils seront électeurs des Heredia
de l'avenir.
Voilà la destinée que la République ré-
serve à vos fils.
Vos filles, elle en fera des lycéennes
d'abord, et ensuite des femmes qui ne
seront ni comme dit M. Dumas.
Mais ce n'est pas assez de vous les
prendre vivants, il les lui faut encore
quand ils sont morts. Elle saisit leurs
cadavres tout chauds, tout humides de
vos larmes.~ Alors elle les livre aux por-
teurs d'immortelles rouges. Elle ne veut
pas que vous lès portiez en terre sainte,
que vous imploriez Dieu pour leurs
âmes chéries elle ne veut pas que vous
ayez l'espérance de vous réunir à eux
auprès du bon Dieu.
Pauvres enfants t'Ce n'est pas eux que
la République persécute et punit. Dieu
accueille en son sein les âmes inno-
centes de tous les enfants. Sa bonté ne
leur demande pas s'ils sont fils de répu-
blicains ou de royalistes. Les ayant dis-
pensés de vivre au milieu des turpitudes
républicaines, elle leur donne leur part
de Paradis.
Ce que la République persécute ej,
punit, ce sont les mères.
Si la République trouve des citoyens,
des députés dociles à ces ignominies,
elle ne trouvera la soumission d'aucune
mère.
C'est par là qu'elle périra, et Dieu
veuille, pour la dignité de la famille,
pour la sauvegarde des enfants, pour le
respect des petits cercueils, Dieu veuille
que ce soit bientôt.
Oh t alors, les mères mèneront avec
grande joie l'enfouissement civil de la
République.
HENRY PES HOUX
'M' 1Pt<1hhf%<&
&~ ~K~ JE~U'&AUtS
AUJOURO'HH))
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orehestre de
M. Desgranges jouera. dans la nouvelle saJIe de
musique.
«ENU
Potagecrème d'orge
Hors-d'œuvre
Bar sauce câpre;)
Pommes de terre à l'anglaise
Filet de boeuf &ux cèpes à la provençale
Jambon d'York au xérès et ëpinards
Perdreaux bardea
S~~e
Hancots panachés maître-d'h&tel
Pudding à la Carême
Glace
Dame Manche
Desserts
yromages, fruits et petits-fonDt
Le Mion des dames ast ouvert aux voyageurt.
Piano, orgues, tables de jeux.– Dîner à ta carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dïner-concart. (Voir à
4'page.)
Musée GreTin, 10. boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heurea du soir.
Français, 8 h. "/)'. Le Jett de !'cMtOM/* et cht
h
Opéra-Comique, 8 h.– LesCoK~e~ d'Ho~ta~
Odéon, 8 h. Le ~c~ten.– L'~e/'«~ ~KRot.
Le Afatrt'ct~e
LA POttTtOUE
Télégramme de S~int-Petersbourg:
Encore un exploit des nihilistes 1
La fa.mille impériate vient d'échapper à
un terrible accident, arrivé dans des cir-
constances qui semblent indiquer une
nouvelle tentative de ces conspirateurs
révolutionnaires dont le nombre va
croissant dans l'armée et surtout dans
le corps
Il y -x jours, l'Empereur et sa
cour, a~ r 'oir assisté aux manœuvres
des sapeurs de la garde, exécutées au
camp d'Istchura, retournaient le soir à
Peterhof, lorsque tout à coup la voie
ferrée s'écroula sous le train, au mo-
ment même où l'Empereur, l'Impéra-
trice et le grand-duc héritier avaient
passé un pont militaire, jeté sur un ra-
vin profond et plein d'eau.
Les voitures qui suivaient celle qu'oc-
cupait la famille impériale furent préci-
pitées dans l'abîme. Un grand nombre
de personnes de la suite furent blessées,
entre autres le grand duc Michel oncle
de l'Empereur; le général Kostanda et
le ministre de la guerre, général Wan-
nowski.
Ce dernier a reçu des contusions telle-
ment graves qu'il sera obligé de gar-
der le lit pendant plusieurs semaines.
On nous annonce qu'à partir du 1" jan-
vier prochain le citoyen Charles Quen-
tin, directeur de l'Assistance publique,
se propose de supprimer les aumôniers
dans tous les hôpitaux de Paris où il en
existe encore. Ledit citoyen, qui veut
se faire pardonner son opportunisme
par les radicaux, a pris sur ce point des
engagements formels à l'égard des in-
transigeants du conseil municipal.
Les malades qui auront besoin du se-
cours d'un prêtre devront en envoyer
chercher à la paroisse voisine; ils au-
ront souvent le temps de mourir avant
son arrivée.
N'est-ce pas ce que veulent ces enne-
mis jurés de la religion?
LE MONDE ET t.AV)LLE
Le corps de M. de Massas, rédacteur en
chef du CoM~<~ dont nous avons an-
noncé la mort hier matin, a été trans-
porté son domicile, route d'Argenteuil,
à Colombes, sur la demande expresse
de sa veuve.
M. Depaix, commissaire de police de
Courbe voie, est venu dans la journée,
assisté d'un médecinjavec lequel il a pro-
cédé aux constatations légales. Le permis
d'inhumer ne pouvant être délivré par
le parquet qu'après l'enquête, ce n est
guère que demain, dans la matinée, que
les obsèques aurait lieu. iruction cha'
M. Ragon, juge d'instruction chargé
de poursuivre la procédure, commencée,
a entendu hier de nombreux témoins.
Deux nouveaux attachés viennent
d'être nommés & l'ambassade de Russie.
L'un est M. d'Essen, gentilhomme de la
Chambre de S. M. l'empereur Alexan-
dre TU; l'autre est MT. le baron-Jeanne
Taubé, ofncier aux hussards de la
garde. .r
Hier, un temps passable, presque du
soleil, et pas de pluie du tout, un temps
doux; l'allée des Acacias presque en
fête
Est-ce que les beaux jours revien-
draient ?
Deux rangs de voitures, des piétons
et des cavaliers dans lescontre-aîlées.
Croisé le duc et la duchesse de Cas-
tries, la baronne Alphonse de Roth-
schild, le jeune duc de Morny, le prince
de Sagan, le duc de Fernand-Nunez,
et le jeune maréchal des logis Charles
de Galliffet, arrivé de Constantine pour
se trouver à Paris au retour de sa mère,
Mme la marquise de GalliSet.qui arrive
de moins loia de Trouville.
Elle est même arrivée hier soir.
Un service anniversaire a été célébré
hier matin, à l'église Notre-Dame de Lo-
rette, pour lereposdel'âmedeM.Thiers.
Quelques intimes entouraient seuls
MMe Dosne. Nous avons remarqué au
premier rang M. le général Charlema-
gne, M. Faure, sénateur M. Alexandre
Më~inet, M. Grangier de la Marinière
et Pierre, le ndëie valet de chambre du
premier président de la République.
La messe a été dite par M. l'abbé Les-
pagno!,etM. l'abbé Dumas, curé de la
paroisse, a lui-même donné l'absoute.
A l'issue de la cérémoni.e, Mtle Dosne
s'est rendue ;aû cimetière du Père-La-
chaise, pour pr~r sur la tombe de son
beau-frère.
Une bonne nouvelle pour le monde
des lettres.
Les gouvernements français et alle-
mand sont entrés en pourparlers relati-
vement à la conclusion d une conven-
tion littéraire. Ql sait que des traités
pareils n'existent actuellement en Alle-
magne qu'entre la France, d'une part,
et les deux royaumes de Prusse et de
Saxe, de l'autre.
Vis-à-vis de tout le reste de l'Allema-
gne, notre production littéraire est sans
protection, et Dieu sait si les éditeurs de
Munich, de Stuttgard et de Carisruhe
profitent de cette situation.
Il n'est que juste de constater que l'i-
nitiative prise en vue de supprimer cet
abus est due au cabinet de Berlin.
M. de Bismarck propose une conven-
tion sur la base de la législation alle-
mande, et garantissant la propriété in-
tellectuelle pour toute la vie de l'auteur
et, en faveur de ses héritiers, pendant
trente ans après son décès.
Les obsèques du jeune Henri de He-
redia, nis du député du dix-septième
arrondissement, dont on connaît la
mort tragique, ont eu lieu hier, à deux
heures.
Dès midi, le cercueil avait été exposé
devant la maison mortuaire, dont le
vestibule était rempli de neurs et de
couronnes.
Nous remarquons, entre autres, les
couronnes envoyées par les élèves de
l'école Monge, par la Société de secours
mutuels et par le comité républicain de
la plaine de Monceaux.
A deux heures, le cortège, qui était
considérable, se rendait directement au
cimetière des BatignoIIes, sans passer
par l'église.
Plusieurs membres de la colonie ita-
lienne à Paris ont banqueté hier chez
Brébant, sous la présidence du général
Turr.
Ot a bu à l'alliance de la France et de
l'Italie.
Nous avons le regret d'apprendre la
mort de Mme la comtesse deChastellux,
veuve de M. le .comte Alfred de Chastel-
lux, ancien pair de France, qui vient de
s'éteindre en son château de Lucy-Ie-
Bois, dans le département de l'Yonne.
Nous apprenons aussi la mort de M.
Gaspard Gobant, aquarelliste militaire,
attaché au dépôt du Ministère de la
guerre.
Etëve, collaborateur, puis successeur
de lung, M. G. Gobant a reproduit les
batailles, combats, sièges, faits d'armes,
de toute nature, parades, etc., auxquels
l'armée française a pris part depuis s
trente ans.
Trait de mœurs américaines
Les deux Chambres de l'Etat de Kan-
Ba.&yiennent de voter une loi de tem-
pérance, supprimant absolument le
débit de boissons alcooliques.
Grâce à cette loi, le nombre des cafés
et brasseries a doublé, les colons alle-
mands, qui autrefois buvaient pour leur
plaisir, s'étant mis à boire par esprit
d'opposition. » les plus fantasti-
Les < beuveries les plus fantasti-
ques s'organisent sous l'œil paterne, des
sergents de p-jlice, qui n'ont garde de
dénoncer personne. °
Il est vrai qu'au-dessus de chaque
comptoir de marchand de vin on lit, sur
un écriteau, cet avertissement chari-
table
< La somme de cent dollars sera payée
à la veuve du témoin qui aurait déposé
contre nous ) »
NOUVELLES A LA MA)M
Les magistrats de la campagne n'ont
rien du grand roi Salomon.
La scène se passe à la justice de paix
de X.
On appelle une première cause. Il
s'agit d'une pauvre femme qui a volé
quelques carottes dans un champ.
–Vingt sous d'amende l
Un~ ~n xi ème délinquante se présente.
Même délit.
Vingt sous d'amende 1
Une troisième, une quatrième, une
cinquième femme se succèdent, toujours
pour vols de carottes. Le juge est de
plus en plus nerveux, mais il se con-
tient
Vingt sous d'amende I
Enfin, une sixième bonne femme est
amenée à la barre. C'est encore pour un
vol de carottes.
Quarante sous d'amende t s'écrie le
juge devenu furieux.
On se met souvent l'esprit à la-torture
pour composer des professions amusan-
tes, et accumuler dans leur désignation
des bouffonneries inconnues.
Il y en a pourtant de vraies si drôles,
par exemple celle-ci, absolument au-
thentique
Témoin, votre profession ?
Directeur du jet de boue de la Ma-
rie-Salope 214) t
Un tout jeune avocat débute à la cour
d'assises
M. ~?~~eM< La parois est au dé-
fenseur.
Profond silence.
M. ~p~e?t<. Avocat, vous avez
la parole. comme on dit au théâtre.
Même jeu, comme on dit au théâtre.
M. le ~r<<. –Avocat, je vous dis
que vous avez la parole.
Le ~yeHMMy, troublé. Eh mon
Dieu) je sais bien que je l'ai. Mais ça
ne vient pas du tout. Décidément, j'au-
rais dû me faire avoué 1.
a)) BOMMM)
AU HÂI~DE DANGU
Le comte Frédéric delà Grange vend ses
diamants. Il vide ce que, dans le jargon
mi-parti d'Angleterre et de boulevard qui i
convient aux choses du sport, on pourrait
appeler son écrin chevalin. Aujourd'hui
mardi va commencer la vente des écuries
de Dangu.
Certes, ce n'est pas sans regret qu'il se
sépare de ses pierres précieuses, ce gentil-
homme sous la direction duquel Dangu
était devenu un établissement sans rival au
monde.
Mais des événements supérieurs aux vo-
lontés humaines imposaient cette liquida-
tion. Comme nous le disait hier M. de la
Grange, auquel nous sommes allé rendre
visite à l'occasion du event qui met
toutes les parties du monde sportif en
émoi x Dangu appartient à une société
il y a eu des décès parmi les sociétaires
des mineurs ont hérité, et vous savez
quelles sont en pareil cas les exigences de
la Ici.
C'est dommage répondîmes-nous au
comte, qui hocha la tête avec tristesse.
C'est un deuil pour tout le pays de
Dangu, dont le village est, en quelque
sorte, une dépendance des écuries.
Depuis bien des jours, on n'y parle que
de la vente de Dangu, absolument comme
dans la Z~Mf blanche les paysans écos-
sais ne s'occupent que de la vente du châ-
teau d'Avenel.
Dangu est à'une heure et demie environ
de la coquette station de Vernon, cette
avant-garde de la Normandie, dont les ver-
dures sourient aux Parisiens après deux
heures d'express.
H y a un chemin de fer d'intérêt local
qui relie Dangu à la grande ligne.
Avant d'entrer chez le comte, faut-il
rappeler au lecteur que la société quf va se
dissoudre, malgré elle, a été créée, en 1874,
au capital de 4,500,000 francs, par MM. de
la Grange, de Brigode, Joubert, d'Hespel,
Blount et de Dreux-Brézé, auxquels s ad-
joignirent de nouveaux associés deux ans
plus tard. Le capital social fut alors dou-
blé. De 1874 à 1881,–en comprenant 1881 1
dans notre calcul, mais en restant au seuil
,de 1882, qui, pour la dernière année de la
fameuse casaque bleu et rouge, ne lui
aura pas marchandé les victoires, voici
l'addition des sommes que les chevaux de
Dangu ont moissonnées avec leurs sabots
~,788,712 francs en France et 2,404,~0
francs en Angleterre. Soit, en tout, 6, iQ2,862
francs.
Au rebours des autres diamants, qui ne
rapportent guère qu'à celles qui ne les por-
tent pas en toute honnêteté, ceux de Dangu,
comme on voit, rapportent honnêtement.
S'il vous faut des tourelles et des clo-
chetons, le château de Dangu est plutôt
une grande maison bourgeoise qu'un châ-
teau. Pour les chevaux, que nous allons
visiter tout à l'heure, comme pour le maître
de la maison, à qui nous faisons passer notre
carte et que nous attendons dans le salon
des Prix, si curieusement décoré de tous
les objets d'art gagnés en course par les
couleurs de l'écurie, le mot d'ordre est
simplicité, espace, confortable.
L ensemble de la propriété, à laquelle on
accède par une belle allée bordée d'arbres,
comprend environ 1,800 hectares. De tou-
tes parts, des prairies splendides, d'im-
menses~~oc~y, des ruisseaux. Beaucoup
d'herbe poussant sur un terrain riche en
calcaire, force avoine voilà le décor de
ce royaume des chevaux.
Tout le monde, à Paris, connaît la phy-
sionomie du comte de la Grange, son cha-
peau Dorsay, sa redingote boutonnée à
deux rangs de boutons, son teint fleuri,
ses traits fins, si semblables à ceux de ses
deux sœurs, la duchesse d'Istrie et la com-
tesse de la Ferronays. Je n'insisterai donc
pas davantage sur le portrait de ce vieux
Nom, si moderne d'allures et d'esprit, qui,
lorsque je lui eus exposé l'objet de ma vi-
site et présenté mes lettres de créance
comme ambassadeur du Gaulois, com-
mença par m'opposer une quasi-fin de non
recevoir. <: Je me suis interdit, dit-il,
d'autoriser personne à visiter les écuries
avant la vente, ne pouvant autoriser tout
le monde. Toutefois, il y a ici M. Tatter-
sall, de Londres, qui est chargé de la
vente. Il est mon hôte avec sa femme et
ses deux fils; adressez-lui votre requête.
M. le comte de Brigode était survenu au
cours de notre entretien; il m'introduisit,
de la part de son oncle, auprès de M. Tat-
tersall, le descendant en ligne directe du
fameux Richard Tattersall, fondateur de la
dynastie, et tout alla le mieux du monde.
Malheureusement, la pluie s'était mise de
la partie et elle n'a pas cessé de nous tenir
compagnie pendant notre voyage aux écu-
ries, qui est, ma foi, un voyage au long
cours.
Nous voilà partis en deux voitures
MM. de la Grange et de Brigode, 'les qua-
tre Tattersall, et moi. Tous ces messieurs
ont revêtu d'amples caoutchoucs. Les jam-
bes du comte disparaissent dans de profon-
des bottes de chasseur de marais qu'il
est allé sagement chausser. Je regrette
mon équipement parisien.
Dans une troisième voiture, un trio de
domestiques.
Le lecteur ne se figure pas sans doute
qu'il faut quatre heures pour visiter les
écuries de Dangu. Le temps m'a même
manqué pour voir les deux dernières. Une
prairie de plusieurs hectares, close de
haies, sépare de sa voisine chacune des
habitations où sont répartis les cent
soixante-neuf pensionnaires de la maison
trente-deux poulinières, quarante-cinq
poulinières suitées, quarante-six pou-
lains de lait, vingt neuf yearlings et onze,
étalons; parmi ces derniers Albion, Nou-
7~M/Z~n', et le coq de la -bande le
beau, le magnifique Rayon-d'Or. Toute
cette population nous a paru en splendide
état. Nous avons vu les uns dans leur
cZ~rn~~ et les autres dehors. Partout et
toujours, ils sont en liberté, heureux sur
cette terre comme je souhaiterais à beau-
coup d'hommes de l'être,et même heureux
dessous. Voici, en effet, la tombe élevée à
Monarque, le glorieux père de l'écurie La
Grange.
A cinq heures, nous rentrions au châ-
teau pour le thé, et je dus songer au dé-
part. Bien aimablement, M. de la Grange
insista pour me retenir jusqu'au lendemain.
Il m'aurait fait visiter son usine à zinc qui
est, après le haras, la vie et la fortune du
pays, dont tous les gars semblent auservice
du seigneur de Dangu. Il les connaît tous
par leur nom, les tutoie tous et, chose
étrange ) ils ont l'air d'aimer la main bien-
faisante qui les nourrit. Si Dangu est le
paradis des chevaux, ce n'est certainement
pas l'enfer des hommes.
Eh bien, aujourd'hui, le marteau du
commissaire-priseur va marquer les coups,
et tout s'éparpillera. D'élégantes tribunes
ont été élevées pour permettre d'assister
commodément à la vente. On se croirait
sur un champ de courses mais c'est plu-
tôt un champ de mort, puisque c'est la fin
d'une belle et prospère création.
Bast t je profiterai de ce que Rouzé doit
venir avec son buffet, comme à Longchamps,
pour boire à la résurrection de l'écurie.
TOUT-PARX
BOmSE DE MMMS. 2 SEPTEMBRE
Derniers cours Consolidés, 99 87. Egyp-
tienne, 61 25 parité. 308 75 dernier
cours de Paris, 308 13. Espagnol nouveau,
6425; parité, j64 25. Turc, 1331 parité,
12 32. Banque ottomane, 19 M; parité,
7~i ?. Simples aSaires d'arbitrage.
LE
BANQUET BE LA BOURSE
Us étaient six cents convives environ
réunis au palais de la.Bourse pour fêter
4Septembre. e
Ils n'ont pas été polis comme quatre pour
la presse.
On nous a malmenés d'abord, ridicule-
ment parqués et ..perchés, et tétés dehors
âpres.
J'ai vu le moment où, pour grossir te
menu, jugé probablement trop fruRa.1 far
les Gargantuas de la Republique, on allait
nous manger.
Il est vrai que nous avions refusé de
boire avec les banqueteurs portant ie ne
sais quels toasts, auxquels l'idée de s'a.sso-
Ctersoulèvelecœur.
Les massacreurs de septembre dans le
préau des prisons de 92, aimaient aussi a.
boire avec leurs victimes. La fille de 5om-
b? "ml en sut quelque chose.
.?ms procédons par ordre
~us avatt envoyé des cartes spécia.-
s cartes de presse. Les cartes ne
tcnt pas; on aurait dû nous prévenir,
ms, que c'étaient des cartes pour ne
/o:r que des dos pour ne rien enieh*
jue des cris confus; pour sentir des
couaes pointus vous entrant dans les c&tos
et des odeurs nauséabondes nous envahis-
sant les narines.
Après deux heures de supplice, la presse
s'est plainte d'être reléguée dans les a&-
leries du premier étage comme dans ~n.
cachot sans issue. Il à bien fallu Bnir par
entendre nos cris. Nous descendons. Nous
voilà de plain-pied avec ceux qui man-
gent.
Merci.monDieu!
Là, on nous loue des chaises. Seize chai-
ses pour notre petit groupe. Nous payons
1 fr. 60, dont nous est donné un reçu. Je
le garde, je le ferai encadrer.
C'est alors qu'on nous propose de boire.
Oh non nous ne boirons pas avec vous,
citoyens, pas à la République, pas au 4 Sep
tembre, pas à nos défaites et à vos victoi-
res, qui sont l'abaissement de la patrie !<
Là dessus, un de nos confrères, M. Niel,
du -P~eMMM~, est fort brutalisé, maigre
ses cheveux blancs.
Une bousculade s'ensuit, un concert de
vociférations. A quand les coups ? Un élec-
teur républicain du 2° arrondissement, à
qui j'ai déplu sans doute (~MpKcM~ M~M.s-
Manuel, par une douzaine de fortes poi-
gnes de son espèce, et jeter à la porte au
moment où le rédacteur du -F~a~'o pro-
posait à toute la presse de se retirer en
protestant.
Je dois dire que la presse radicale, qui
n'a pas été mieux traitée que nous, ne
paraissait pas goûter plus que nous cette
hospitalité à l'envers.
Peut-être, en y réfléchissant, y avait-il
sous ce .scandale, un calcul machiavéli-
que ? Peut être ce profond politique qui
s'appelle Charles Floquet, avait il calculé
qu'en exaspérant les journalistes présents
on provoquerait un &oMc~M qui le dispen-
serait d'un discours qui le gênait. Il a. ·
célébré la paix, la concorde, l'union, en
style de télégraphe ahuri, et a conclu en
buvant à ceux qui ontlutté pour l'idée ré-
publicaine avant et aptes le 4 Septembre.
Là-dessus, nouveaux ~MeM~M?sM~ et eK-
~MeM~MteM~ à l'adresse de la presse, et
les électeurs du deuxième arrondissement
s'en vont contents d'eux-mêmes. En repu-
blique, il ne faut pas être difncile.
Voilà du moins ce que m'a conté, sur la
dernière partie de la fête, un de mes con-
frères, non déporté comme moi.
Vive la Petite .Po~Me messieurs de
la grande bohème républicaine.
PAUL CAMPANa
LA DËBGtM~ELSE
ÉPISODE HtSTORtQUE
La grande Lina, comme on l'appelait
au théâtre des Menus-Plaisirs, était
accourue à la fenêtre pour voir passer
l'état-major de-la Commune qui venait
inspecter la batterie de canons, établie
à Montmartre,, près du Moulin de la
Galette.
On était alors au 12 avril 1871, et l'in-
quiétude commençait à gagner le Comité
central.
Connue déjà dans le demi-monde, lors-
que éclata la guerre de t87Q, Lina était
une grande allé élégante, nerveuse,
presque aristocratique.
Sa petite tête brune, aux traits régu-
liers, aux yeux gris clair, avait 1 air
d'une médaille retouchée par un sculp-
teur moderne; la chevelure était d'un
noir bleu, la lèvre sensuelle, les narines
sans cesse frémissantes comme les ailes
d'une libellule au repos.
A côté d'elle, à la croisée, était venu
s'accouder un beau garçon, au type ita-
lien, blond, distingué, un peu efféminé
peut-être. C'était un ingénieur piémon-
tais qui vivait avec elle depuis quelques
mois.
En face d'eux, la butte aux Trois-Mou~
lins, encore humide d'une pluie mati-
nale, apparaissait dans le calme de ~es
horizons.
Les gamins, enlevés à leurs jeux pay
la grande nouvelle, sortaient, comme
par miracle, de tous les buissons et dé-
gringolaient au-devant de l'état-major,
comme au i8 août d'autrefois, au
devant du carrosse de l'Empereur qui
venait prendre M. le maire.
L'état major arriva enfin: les hommes
qui le composaient, aSublés de costu-
mes éclatants, marchaient à la déban-
dade, qui, au milieu de la chaussée, dans
une attitude héroï-comique, qui, le long
des murailles, traînant les bottes, une
cigarette aux doigts.
L'un d'eux, gêné par son sabre, l'avait
abandonné aux mains d'un titi qui se te-
nait droit et fier, et se chàrgeaUdej~'
me et du maintien,
Le capitaine d'artillerie, ~lus ~sanré
que les autres, entré crânement dans
Mardi 5 Septembre'1882
Seizième Année Troisième Série Numéro 51
SE. ID E F JÊ!Hr E3
N~ac
ANNONCES
MM. CH. LAGmA~&B, OEBy A 0'
6~PLMED)!J.ABOUME,6 ô
Jtt t <'At!m
ADMINISTRATION
MDMHEURMAOtNQHEUHM
t. ~eutevara deo ttattem, w
ABONNEMENTS.PETiTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
$, boulevard dea Ittlien*. <
~J~a?m~T5. NtETTJEB~
Dt~ee
ABONNEMENTS
faria Départeaiente
Cnmois. Sfr. Un mois. 6fr.
Trois mois. 1350 Trois mois. t6û'.
Six mois. 37 fr. Six mois. 82fr.
Un an. 54 fr. Un an. 64 ff.
Etranger /<
Trois mois (Union postale).7. M tc.~
RÉDACTION
C, boulevard des Italienne
BB DZUX HEnMa A M!KCn'
-<
PARfS-JOMmL
LES
PETITS CERC!JE)LS
M. dé Heredia n'est pas un républicain
vulgaire. Propriétaire colonial, il avait
reçu en héritage de nombreux nègres
qu'il vendit par humanité et après for-
tune faite. Au .'milieu des'nullités qui
encombrent la représentation législa-
tive de Paris, cette ville des lumières,
il brille par son élégance, son savoir et
son esprit.
Cet homme a été comblé des faveurs
de Dieu. Une famille charmante complé-
tait son bonheur. A toutes ses raisons
d'être heureux, il ajoutait ce sain et no-
ble orgueil du père, qui voit grandir à
son ombre de beaux enfants. Frappé au
coeur une première fois par la perte d'un
jeune fils, il reposait sa, tendresse sur la
tête de son fils aîné, Henri, brillant
jeune homme dont l'éducation allait
s'achever.
On sait la catastrophe. L'autre jour,
sur une plage de la Manche, une énorme
vague arracha le jeune de Heredia aux
bras de sa mère, et la vague rapporta
un cadavre.
Tous les partis s'inclinèrent, toutes les
dissensions politiques firent silence de-
vant le cercueil de cet enfant. Bien des
larmes maternelles ont coulé au récit
d'un tel malheur. Bien des prières se
sont élevées au ciel pour cette famille
désolée, pour ce jeune homme préma-
turément rappelé à Dieu.
Ce ma tin, les journaux nous appren-
nent que le pauvre enfant sera inhumé
civilement, comme Blanqui, comme
Mme Gambetta, comme le petit Herold.
Ainsi cet immense deuil est une oc-
casion de fête pour les sociétés spécia-
les qui organisent lesenfouissements.Les
immortelles rouges ont fleuri aux bou-
tonnières les traiteurs ont débité leur
vin bleu. Ce petit cadavre a été la proie
des ignobles pontifes du culte civil
cette tombe a reçu les hoquets avinés
des conducteurs et des .orateurs d'onter-
-rements sans Dieu.
Ah 1 monsieur, la politique radicale a
des exigences cruelles. L'intérêt électo-
ral est vraiment impitoyable. Vos élec-
.teurs n'ont pas d'entrailles, puisqu'ils
.n'ont pas voulu vous faire grâce des para-
fes impies de leur athéisme obligatoire,
puisqu'ils n'ont eu pitié ni de votre dou-
Jeur, ni des pleurs d'une mère, qui ne
j)eut croire que son enfant est mort tout
entier entre ses bras qui ne peut se
.douter que, de son cher Henri, il ne reste
~lus qu'un peu de matière décomposée
qui ne se résigne certainement pas à
désespérer de jamais retrouver l'âme de
son nls 1
A ces rhéteurs de club, à ces philoso-
phes d'
votre'liberté, votre bon sens, votre
conscience. Pour leur complaire, vous
étiez obligé de voter suivant les injonc-
tions de leur ignorante folie. Ils ont
exigé un autre sacrince ils ont voulu
une autre proie le cadavre de votre en-
fant'. Vous le leur avez donné.
L'antiquité admirait les Romains stoï-
ques qui envoyaient leurs nls au sup-
plice pour obéir à la loi, les mères spar-
tiates qui remerciaient les dieux d'avoir
immolé leurs enfants au salut de la pa-
trie.
L'innexibilitô d'un Brutus, l'insensi-
bilité d'une mère spartiate n'égalent pas
votrecourage, monsieurde Heredia. Car
ils sacrinaient leursenfants à ces êtres,
nobles et grands dans leur impitoyable
abstraction, qu'on nomme la Loi et la
Patrie. Et puis, ils ne donnaient que le
corps de leurs nls ils n'abdiquaient au-
cune espérance, aucune croyance dans
la. vie par delà le tombeau.
Vous, vous avez livré le corps et l'âme
de votre nls à vos dieux,-et quels dieux 1
Votre Dieu, c'est votre urne électorale,
c'est votre comité, c'est votre popularité
dans les bouges. Votre Dieu, c'est ce mi-
sérable siège de député, qui vous vaut le
bonheur d'être une unité dans une ma-
jorité d'imbéciles, de faire et de défaire
des ministres qui ne vous valent pas
votre foi, c'est peut être l'espoir de les
remplacer un jour dans ce gouverne-
ment de ruine nationale 1 Ah monsieur,
si la. se bornent vos ambitions, si là s'ar-
rêtent vos espérances, si votre âme n'a
pas d'aspiration plus haute, nous. vous
plaignons.
Nous avons vu M. Herold, déjà. ma-
lade, déjà. au bord de l'autre v~e, accom-
pagner d'un œil sec !e cadavre d'un ûls
de neuf ans qu'on allait enfouir sur son
ordre. M. Herold apportait à cette
odieuse manifestation je ne- sais quelle
forfanterie sinistre.
Depuis ce jour, sa haine contre Dieu
redoubla.
Il se vengea contre le Christ du sa-
criâce qu'il avait fait aux athées. Alors
il ût arracher le cruciâx des écoles, ne
voulant pas que les petits enfants vivants,
vissent l'image du Dieu qui n'avait pas
accompagné son enfant mort. Il traqua
le bon Dieu dans toutes les salles de
classe; il l'enleva aux petits garçons,
aux petites filles il tenta, autant qu'il
était en lui, d'en abolir la vengeresse
mémoire. Chaque fois qu'au Sénat il
entendait prononcer le nom divin, sa
bouche était tordue par un rictus infer-
nal.
Il se rappelait alors que Dieu était
absent a. l'enterrement de son fils, et il
le détestait, parce qu'il l'avait chassé.
Que M. de Heredia prenne garde et se
souvienne de M. Herold Ch&sser Dieu
du cercueil d'un enfant, c'est un acte
grave ce doit être un aSreux remords.
Non, la République, la députation et
les portefeuilles ne valent pas ce prix-!ât 1
Ces actes, si on ne les expie dans
un cloître, on les paie bien chèrement.
Voilà donc ce que cette République
exige de sès ndèles ) I
M. Jules Ferry parlait, ces jours der-
niers de la < République maternelle
Il disait que l'enfance était l'objet prin-
cipal des soins de la République.
Mère bizarre, qui offense toutes les
mères 1
J'en appelle à toutes les mères," »
s'écriait Marie-Antoinette, devant le tri-
bunal révolutioMaire, qui outrageait la
femme pour assassiner là Reine.
Eh bien nous aussi, nous en appelons
à toutes les mères 1
Est-ce que la République n'est pas un
vaste système d'oppression maternelle?
Qu'est-ce que l'éducation républicaine,
sinon un outrage à la maternité ?
Saintes mères de famille, vous avez en-
seigné à vos chers bébés la douce prière
du matin et du soir. Vous leur avez appris
à bégayer le nom de Dieu, en même
temps que celui de père et de m ère. Li-
vrez votre enfant au pédagogue, qui, de
par M. Paul Bert, les édiâera sur vos
superstitions, leur apprendra que le ciel
est vide, qu'ils sont des animaux per-
fectionnés, qu'il ne faut adorer et servir
d'autre divinité que M. Grévy et M.
Duvaux! l
On leur apprendra encore qu'ils n'ap-
partiennent ni à leur père ni à leur mère,
mais à l'Etat, personniûé dans la Cham-
bre des députés.
Et, quand on' les aura bien dressés à
lire la L~erMe de .Boc~Mo~, les feuil-
les radicales et les publications porno-
graphiques, on les fourrera dans une
caserne, où, de par le major Labordëre,
on leur enseignera l'obéissance con-
ditionnelle.
Et puis après, ils feront partie de quel-
que société collectiviste, ou de quelque
bande noire qui détruira les crucinx, pil-
lera les églises, à l'exemple des préfets
qui ont crocheté les couvents.
Ennn, ils seront électeurs des Heredia
de l'avenir.
Voilà la destinée que la République ré-
serve à vos fils.
Vos filles, elle en fera des lycéennes
d'abord, et ensuite des femmes qui ne
seront ni
Mais ce n'est pas assez de vous les
prendre vivants, il les lui faut encore
quand ils sont morts. Elle saisit leurs
cadavres tout chauds, tout humides de
vos larmes.~ Alors elle les livre aux por-
teurs d'immortelles rouges. Elle ne veut
pas que vous lès portiez en terre sainte,
que vous imploriez Dieu pour leurs
âmes chéries elle ne veut pas que vous
ayez l'espérance de vous réunir à eux
auprès du bon Dieu.
Pauvres enfants t'Ce n'est pas eux que
la République persécute et punit. Dieu
accueille en son sein les âmes inno-
centes de tous les enfants. Sa bonté ne
leur demande pas s'ils sont fils de répu-
blicains ou de royalistes. Les ayant dis-
pensés de vivre au milieu des turpitudes
républicaines, elle leur donne leur part
de Paradis.
Ce que la République persécute ej,
punit, ce sont les mères.
Si la République trouve des citoyens,
des députés dociles à ces ignominies,
elle ne trouvera la soumission d'aucune
mère.
C'est par là qu'elle périra, et Dieu
veuille, pour la dignité de la famille,
pour la sauvegarde des enfants, pour le
respect des petits cercueils, Dieu veuille
que ce soit bientôt.
Oh t alors, les mères mèneront avec
grande joie l'enfouissement civil de la
République.
HENRY PES HOUX
'M' 1Pt<1hhf%<&
&~ ~K~ JE~U'&AUtS
AUJOURO'HH))
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orehestre de
M. Desgranges jouera. dans la nouvelle saJIe de
musique.
«ENU
Potagecrème d'orge
Hors-d'œuvre
Bar sauce câpre;)
Pommes de terre à l'anglaise
Filet de boeuf &ux cèpes à la provençale
Jambon d'York au xérès et ëpinards
Perdreaux bardea
S~~e
Hancots panachés maître-d'h&tel
Pudding à la Carême
Glace
Dame Manche
Desserts
yromages, fruits et petits-fonDt
Le Mion des dames ast ouvert aux voyageurt.
Piano, orgues, tables de jeux.– Dîner à ta carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dïner-concart. (Voir à
4'page.)
Musée GreTin, 10. boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heurea du soir.
Français, 8 h. "/)'. Le Jett de !'cMtOM/* et cht
h
Opéra-Comique, 8 h.– LesCoK~e~ d'Ho~ta~
Odéon, 8 h. Le ~c~ten.– L'~e/'«~ ~KRot.
Le Afatrt'ct~e
LA POttTtOUE
Télégramme de S~int-Petersbourg:
Encore un exploit des nihilistes 1
La fa.mille impériate vient d'échapper à
un terrible accident, arrivé dans des cir-
constances qui semblent indiquer une
nouvelle tentative de ces conspirateurs
révolutionnaires dont le nombre va
croissant dans l'armée et surtout dans
le corps
Il y -x jours, l'Empereur et sa
cour, a~ r 'oir assisté aux manœuvres
des sapeurs de la garde, exécutées au
camp d'Istchura, retournaient le soir à
Peterhof, lorsque tout à coup la voie
ferrée s'écroula sous le train, au mo-
ment même où l'Empereur, l'Impéra-
trice et le grand-duc héritier avaient
passé un pont militaire, jeté sur un ra-
vin profond et plein d'eau.
Les voitures qui suivaient celle qu'oc-
cupait la famille impériale furent préci-
pitées dans l'abîme. Un grand nombre
de personnes de la suite furent blessées,
entre autres le grand duc Michel oncle
de l'Empereur; le général Kostanda et
le ministre de la guerre, général Wan-
nowski.
Ce dernier a reçu des contusions telle-
ment graves qu'il sera obligé de gar-
der le lit pendant plusieurs semaines.
On nous annonce qu'à partir du 1" jan-
vier prochain le citoyen Charles Quen-
tin, directeur de l'Assistance publique,
se propose de supprimer les aumôniers
dans tous les hôpitaux de Paris où il en
existe encore. Ledit citoyen, qui veut
se faire pardonner son opportunisme
par les radicaux, a pris sur ce point des
engagements formels à l'égard des in-
transigeants du conseil municipal.
Les malades qui auront besoin du se-
cours d'un prêtre devront en envoyer
chercher à la paroisse voisine; ils au-
ront souvent le temps de mourir avant
son arrivée.
N'est-ce pas ce que veulent ces enne-
mis jurés de la religion?
LE MONDE ET t.AV)LLE
Le corps de M. de Massas, rédacteur en
chef du CoM~<~ dont nous avons an-
noncé la mort hier matin, a été trans-
porté son domicile, route d'Argenteuil,
à Colombes, sur la demande expresse
de sa veuve.
M. Depaix, commissaire de police de
Courbe voie, est venu dans la journée,
assisté d'un médecinjavec lequel il a pro-
cédé aux constatations légales. Le permis
d'inhumer ne pouvant être délivré par
le parquet qu'après l'enquête, ce n est
guère que demain, dans la matinée, que
les obsèques aurait lieu. iruction cha'
M. Ragon, juge d'instruction chargé
de poursuivre la procédure, commencée,
a entendu hier de nombreux témoins.
Deux nouveaux attachés viennent
d'être nommés & l'ambassade de Russie.
L'un est M. d'Essen, gentilhomme de la
Chambre de S. M. l'empereur Alexan-
dre TU; l'autre est MT. le baron-Jeanne
Taubé, ofncier aux hussards de la
garde. .r
Hier, un temps passable, presque du
soleil, et pas de pluie du tout, un temps
doux; l'allée des Acacias presque en
fête
Est-ce que les beaux jours revien-
draient ?
Deux rangs de voitures, des piétons
et des cavaliers dans lescontre-aîlées.
Croisé le duc et la duchesse de Cas-
tries, la baronne Alphonse de Roth-
schild, le jeune duc de Morny, le prince
de Sagan, le duc de Fernand-Nunez,
et le jeune maréchal des logis Charles
de Galliffet, arrivé de Constantine pour
se trouver à Paris au retour de sa mère,
Mme la marquise de GalliSet.qui arrive
de moins loia de Trouville.
Elle est même arrivée hier soir.
Un service anniversaire a été célébré
hier matin, à l'église Notre-Dame de Lo-
rette, pour lereposdel'âmedeM.Thiers.
Quelques intimes entouraient seuls
MMe Dosne. Nous avons remarqué au
premier rang M. le général Charlema-
gne, M. Faure, sénateur M. Alexandre
Më~inet, M. Grangier de la Marinière
et Pierre, le ndëie valet de chambre du
premier président de la République.
La messe a été dite par M. l'abbé Les-
pagno!,etM. l'abbé Dumas, curé de la
paroisse, a lui-même donné l'absoute.
A l'issue de la cérémoni.e, Mtle Dosne
s'est rendue ;aû cimetière du Père-La-
chaise, pour pr~r sur la tombe de son
beau-frère.
Une bonne nouvelle pour le monde
des lettres.
Les gouvernements français et alle-
mand sont entrés en pourparlers relati-
vement à la conclusion d une conven-
tion littéraire. Ql sait que des traités
pareils n'existent actuellement en Alle-
magne qu'entre la France, d'une part,
et les deux royaumes de Prusse et de
Saxe, de l'autre.
Vis-à-vis de tout le reste de l'Allema-
gne, notre production littéraire est sans
protection, et Dieu sait si les éditeurs de
Munich, de Stuttgard et de Carisruhe
profitent de cette situation.
Il n'est que juste de constater que l'i-
nitiative prise en vue de supprimer cet
abus est due au cabinet de Berlin.
M. de Bismarck propose une conven-
tion sur la base de la législation alle-
mande, et garantissant la propriété in-
tellectuelle pour toute la vie de l'auteur
et, en faveur de ses héritiers, pendant
trente ans après son décès.
Les obsèques du jeune Henri de He-
redia, nis du député du dix-septième
arrondissement, dont on connaît la
mort tragique, ont eu lieu hier, à deux
heures.
Dès midi, le cercueil avait été exposé
devant la maison mortuaire, dont le
vestibule était rempli de neurs et de
couronnes.
Nous remarquons, entre autres, les
couronnes envoyées par les élèves de
l'école Monge, par la Société de secours
mutuels et par le comité républicain de
la plaine de Monceaux.
A deux heures, le cortège, qui était
considérable, se rendait directement au
cimetière des BatignoIIes, sans passer
par l'église.
Plusieurs membres de la colonie ita-
lienne à Paris ont banqueté hier chez
Brébant, sous la présidence du général
Turr.
Ot a bu à l'alliance de la France et de
l'Italie.
Nous avons le regret d'apprendre la
mort de Mme la comtesse deChastellux,
veuve de M. le .comte Alfred de Chastel-
lux, ancien pair de France, qui vient de
s'éteindre en son château de Lucy-Ie-
Bois, dans le département de l'Yonne.
Nous apprenons aussi la mort de M.
Gaspard Gobant, aquarelliste militaire,
attaché au dépôt du Ministère de la
guerre.
Etëve, collaborateur, puis successeur
de lung, M. G. Gobant a reproduit les
batailles, combats, sièges, faits d'armes,
de toute nature, parades, etc., auxquels
l'armée française a pris part depuis s
trente ans.
Trait de mœurs américaines
Les deux Chambres de l'Etat de Kan-
Ba.&yiennent de voter une loi de tem-
pérance, supprimant absolument le
débit de boissons alcooliques.
Grâce à cette loi, le nombre des cafés
et brasseries a doublé, les colons alle-
mands, qui autrefois buvaient pour leur
plaisir, s'étant mis à boire par esprit
d'opposition. » les plus fantasti-
Les < beuveries les plus fantasti-
ques s'organisent sous l'œil paterne, des
sergents de p-jlice, qui n'ont garde de
dénoncer personne. °
Il est vrai qu'au-dessus de chaque
comptoir de marchand de vin on lit, sur
un écriteau, cet avertissement chari-
table
< La somme de cent dollars sera payée
à la veuve du témoin qui aurait déposé
contre nous ) »
NOUVELLES A LA MA)M
Les magistrats de la campagne n'ont
rien du grand roi Salomon.
La scène se passe à la justice de paix
de X.
On appelle une première cause. Il
s'agit d'une pauvre femme qui a volé
quelques carottes dans un champ.
–Vingt sous d'amende l
Un~ ~n xi ème délinquante se présente.
Même délit.
Vingt sous d'amende 1
Une troisième, une quatrième, une
cinquième femme se succèdent, toujours
pour vols de carottes. Le juge est de
plus en plus nerveux, mais il se con-
tient
Vingt sous d'amende I
Enfin, une sixième bonne femme est
amenée à la barre. C'est encore pour un
vol de carottes.
Quarante sous d'amende t s'écrie le
juge devenu furieux.
On se met souvent l'esprit à la-torture
pour composer des professions amusan-
tes, et accumuler dans leur désignation
des bouffonneries inconnues.
Il y en a pourtant de vraies si drôles,
par exemple celle-ci, absolument au-
thentique
Témoin, votre profession ?
Directeur du jet de boue de la Ma-
rie-Salope 214) t
Un tout jeune avocat débute à la cour
d'assises
M. ~?~~eM< La parois est au dé-
fenseur.
Profond silence.
M. ~p~e?t<. Avocat, vous avez
la parole. comme on dit au théâtre.
Même jeu, comme on dit au théâtre.
M. le ~r<<. –Avocat, je vous dis
que vous avez la parole.
Le ~yeHMMy, troublé. Eh mon
Dieu) je sais bien que je l'ai. Mais ça
ne vient pas du tout. Décidément, j'au-
rais dû me faire avoué 1.
a)) BOMMM)
AU HÂI~DE DANGU
Le comte Frédéric delà Grange vend ses
diamants. Il vide ce que, dans le jargon
mi-parti d'Angleterre et de boulevard qui i
convient aux choses du sport, on pourrait
appeler son écrin chevalin. Aujourd'hui
mardi va commencer la vente des écuries
de Dangu.
Certes, ce n'est pas sans regret qu'il se
sépare de ses pierres précieuses, ce gentil-
homme sous la direction duquel Dangu
était devenu un établissement sans rival au
monde.
Mais des événements supérieurs aux vo-
lontés humaines imposaient cette liquida-
tion. Comme nous le disait hier M. de la
Grange, auquel nous sommes allé rendre
visite à l'occasion du event qui met
toutes les parties du monde sportif en
émoi x Dangu appartient à une société
il y a eu des décès parmi les sociétaires
des mineurs ont hérité, et vous savez
quelles sont en pareil cas les exigences de
la Ici.
C'est dommage répondîmes-nous au
comte, qui hocha la tête avec tristesse.
C'est un deuil pour tout le pays de
Dangu, dont le village est, en quelque
sorte, une dépendance des écuries.
Depuis bien des jours, on n'y parle que
de la vente de Dangu, absolument comme
dans la Z~Mf blanche les paysans écos-
sais ne s'occupent que de la vente du châ-
teau d'Avenel.
Dangu est à'une heure et demie environ
de la coquette station de Vernon, cette
avant-garde de la Normandie, dont les ver-
dures sourient aux Parisiens après deux
heures d'express.
H y a un chemin de fer d'intérêt local
qui relie Dangu à la grande ligne.
Avant d'entrer chez le comte, faut-il
rappeler au lecteur que la société quf va se
dissoudre, malgré elle, a été créée, en 1874,
au capital de 4,500,000 francs, par MM. de
la Grange, de Brigode, Joubert, d'Hespel,
Blount et de Dreux-Brézé, auxquels s ad-
joignirent de nouveaux associés deux ans
plus tard. Le capital social fut alors dou-
blé. De 1874 à 1881,–en comprenant 1881 1
dans notre calcul, mais en restant au seuil
,de 1882, qui, pour la dernière année de la
fameuse casaque bleu et rouge, ne lui
aura pas marchandé les victoires, voici
l'addition des sommes que les chevaux de
Dangu ont moissonnées avec leurs sabots
~,788,712 francs en France et 2,404,~0
francs en Angleterre. Soit, en tout, 6, iQ2,862
francs.
Au rebours des autres diamants, qui ne
rapportent guère qu'à celles qui ne les por-
tent pas en toute honnêteté, ceux de Dangu,
comme on voit, rapportent honnêtement.
S'il vous faut des tourelles et des clo-
chetons, le château de Dangu est plutôt
une grande maison bourgeoise qu'un châ-
teau. Pour les chevaux, que nous allons
visiter tout à l'heure, comme pour le maître
de la maison, à qui nous faisons passer notre
carte et que nous attendons dans le salon
des Prix, si curieusement décoré de tous
les objets d'art gagnés en course par les
couleurs de l'écurie, le mot d'ordre est
simplicité, espace, confortable.
L ensemble de la propriété, à laquelle on
accède par une belle allée bordée d'arbres,
comprend environ 1,800 hectares. De tou-
tes parts, des prairies splendides, d'im-
menses~~oc~y, des ruisseaux. Beaucoup
d'herbe poussant sur un terrain riche en
calcaire, force avoine voilà le décor de
ce royaume des chevaux.
Tout le monde, à Paris, connaît la phy-
sionomie du comte de la Grange, son cha-
peau Dorsay, sa redingote boutonnée à
deux rangs de boutons, son teint fleuri,
ses traits fins, si semblables à ceux de ses
deux sœurs, la duchesse d'Istrie et la com-
tesse de la Ferronays. Je n'insisterai donc
pas davantage sur le portrait de ce vieux
Nom, si moderne d'allures et d'esprit, qui,
lorsque je lui eus exposé l'objet de ma vi-
site et présenté mes lettres de créance
comme ambassadeur du Gaulois, com-
mença par m'opposer une quasi-fin de non
recevoir. <: Je me suis interdit, dit-il,
d'autoriser personne à visiter les écuries
avant la vente, ne pouvant autoriser tout
le monde. Toutefois, il y a ici M. Tatter-
sall, de Londres, qui est chargé de la
vente. Il est mon hôte avec sa femme et
ses deux fils; adressez-lui votre requête.
M. le comte de Brigode était survenu au
cours de notre entretien; il m'introduisit,
de la part de son oncle, auprès de M. Tat-
tersall, le descendant en ligne directe du
fameux Richard Tattersall, fondateur de la
dynastie, et tout alla le mieux du monde.
Malheureusement, la pluie s'était mise de
la partie et elle n'a pas cessé de nous tenir
compagnie pendant notre voyage aux écu-
ries, qui est, ma foi, un voyage au long
cours.
Nous voilà partis en deux voitures
MM. de la Grange et de Brigode, 'les qua-
tre Tattersall, et moi. Tous ces messieurs
ont revêtu d'amples caoutchoucs. Les jam-
bes du comte disparaissent dans de profon-
des bottes de chasseur de marais qu'il
est allé sagement chausser. Je regrette
mon équipement parisien.
Dans une troisième voiture, un trio de
domestiques.
Le lecteur ne se figure pas sans doute
qu'il faut quatre heures pour visiter les
écuries de Dangu. Le temps m'a même
manqué pour voir les deux dernières. Une
prairie de plusieurs hectares, close de
haies, sépare de sa voisine chacune des
habitations où sont répartis les cent
soixante-neuf pensionnaires de la maison
trente-deux poulinières, quarante-cinq
poulinières suitées, quarante-six pou-
lains de lait, vingt neuf yearlings et onze,
étalons; parmi ces derniers Albion, Nou-
7~M/Z~n', et le coq de la -bande le
beau, le magnifique Rayon-d'Or. Toute
cette population nous a paru en splendide
état. Nous avons vu les uns dans leur
cZ~rn~~ et les autres dehors. Partout et
toujours, ils sont en liberté, heureux sur
cette terre comme je souhaiterais à beau-
coup d'hommes de l'être,et même heureux
dessous. Voici, en effet, la tombe élevée à
Monarque, le glorieux père de l'écurie La
Grange.
A cinq heures, nous rentrions au châ-
teau pour le thé, et je dus songer au dé-
part. Bien aimablement, M. de la Grange
insista pour me retenir jusqu'au lendemain.
Il m'aurait fait visiter son usine à zinc qui
est, après le haras, la vie et la fortune du
pays, dont tous les gars semblent auservice
du seigneur de Dangu. Il les connaît tous
par leur nom, les tutoie tous et, chose
étrange ) ils ont l'air d'aimer la main bien-
faisante qui les nourrit. Si Dangu est le
paradis des chevaux, ce n'est certainement
pas l'enfer des hommes.
Eh bien, aujourd'hui, le marteau du
commissaire-priseur va marquer les coups,
et tout s'éparpillera. D'élégantes tribunes
ont été élevées pour permettre d'assister
commodément à la vente. On se croirait
sur un champ de courses mais c'est plu-
tôt un champ de mort, puisque c'est la fin
d'une belle et prospère création.
Bast t je profiterai de ce que Rouzé doit
venir avec son buffet, comme à Longchamps,
pour boire à la résurrection de l'écurie.
TOUT-PARX
BOmSE DE MMMS. 2 SEPTEMBRE
Derniers cours Consolidés, 99 87. Egyp-
tienne, 61 25 parité. 308 75 dernier
cours de Paris, 308 13. Espagnol nouveau,
6425; parité, j64 25. Turc, 1331 parité,
12 32. Banque ottomane, 19 M; parité,
7~i ?. Simples aSaires d'arbitrage.
LE
BANQUET BE LA BOURSE
Us étaient six cents convives environ
réunis au palais de la.Bourse pour fêter
4Septembre. e
Ils n'ont pas été polis comme quatre pour
la presse.
On nous a malmenés d'abord, ridicule-
ment parqués et ..perchés, et tétés dehors
âpres.
J'ai vu le moment où, pour grossir te
menu, jugé probablement trop fruRa.1 far
les Gargantuas de la Republique, on allait
nous manger.
Il est vrai que nous avions refusé de
boire avec les banqueteurs portant ie ne
sais quels toasts, auxquels l'idée de s'a.sso-
Ctersoulèvelecœur.
Les massacreurs de septembre dans le
préau des prisons de 92, aimaient aussi a.
boire avec leurs victimes. La fille de 5om-
b? "ml en sut quelque chose.
.?ms procédons par ordre
~us avatt envoyé des cartes spécia.-
s cartes de presse. Les cartes ne
tcnt pas; on aurait dû nous prévenir,
ms, que c'étaient des cartes pour ne
/o:r que des dos pour ne rien enieh*
jue des cris confus; pour sentir des
couaes pointus vous entrant dans les c&tos
et des odeurs nauséabondes nous envahis-
sant les narines.
Après deux heures de supplice, la presse
s'est plainte d'être reléguée dans les a&-
leries du premier étage comme dans ~n.
cachot sans issue. Il à bien fallu Bnir par
entendre nos cris. Nous descendons. Nous
voilà de plain-pied avec ceux qui man-
gent.
Merci.monDieu!
Là, on nous loue des chaises. Seize chai-
ses pour notre petit groupe. Nous payons
1 fr. 60, dont nous est donné un reçu. Je
le garde, je le ferai encadrer.
C'est alors qu'on nous propose de boire.
Oh non nous ne boirons pas avec vous,
citoyens, pas à la République, pas au 4 Sep
tembre, pas à nos défaites et à vos victoi-
res, qui sont l'abaissement de la patrie !<
Là dessus, un de nos confrères, M. Niel,
du -P~eMMM~, est fort brutalisé, maigre
ses cheveux blancs.
Une bousculade s'ensuit, un concert de
vociférations. A quand les coups ? Un élec-
teur républicain du 2° arrondissement, à
qui j'ai déplu sans doute (~MpKcM~ M~M.s-
gnes de son espèce, et jeter à la porte au
moment où le rédacteur du -F~a~'o pro-
posait à toute la presse de se retirer en
protestant.
Je dois dire que la presse radicale, qui
n'a pas été mieux traitée que nous, ne
paraissait pas goûter plus que nous cette
hospitalité à l'envers.
Peut-être, en y réfléchissant, y avait-il
sous ce .scandale, un calcul machiavéli-
que ? Peut être ce profond politique qui
s'appelle Charles Floquet, avait il calculé
qu'en exaspérant les journalistes présents
on provoquerait un &oMc~M qui le dispen-
serait d'un discours qui le gênait. Il a. ·
célébré la paix, la concorde, l'union, en
style de télégraphe ahuri, et a conclu en
buvant à ceux qui ontlutté pour l'idée ré-
publicaine avant et aptes le 4 Septembre.
Là-dessus, nouveaux ~MeM~M?sM~ et eK-
~MeM~MteM~ à l'adresse de la presse, et
les électeurs du deuxième arrondissement
s'en vont contents d'eux-mêmes. En repu-
blique, il ne faut pas être difncile.
Voilà du moins ce que m'a conté, sur la
dernière partie de la fête, un de mes con-
frères, non déporté comme moi.
Vive la Petite .Po~Me messieurs de
la grande bohème républicaine.
PAUL CAMPANa
LA DËBGtM~ELSE
ÉPISODE HtSTORtQUE
La grande Lina, comme on l'appelait
au théâtre des Menus-Plaisirs, était
accourue à la fenêtre pour voir passer
l'état-major de-la Commune qui venait
inspecter la batterie de canons, établie
à Montmartre,, près du Moulin de la
Galette.
On était alors au 12 avril 1871, et l'in-
quiétude commençait à gagner le Comité
central.
Connue déjà dans le demi-monde, lors-
que éclata la guerre de t87Q, Lina était
une grande allé élégante, nerveuse,
presque aristocratique.
Sa petite tête brune, aux traits régu-
liers, aux yeux gris clair, avait 1 air
d'une médaille retouchée par un sculp-
teur moderne; la chevelure était d'un
noir bleu, la lèvre sensuelle, les narines
sans cesse frémissantes comme les ailes
d'une libellule au repos.
A côté d'elle, à la croisée, était venu
s'accouder un beau garçon, au type ita-
lien, blond, distingué, un peu efféminé
peut-être. C'était un ingénieur piémon-
tais qui vivait avec elle depuis quelques
mois.
En face d'eux, la butte aux Trois-Mou~
lins, encore humide d'une pluie mati-
nale, apparaissait dans le calme de ~es
horizons.
Les gamins, enlevés à leurs jeux pay
la grande nouvelle, sortaient, comme
par miracle, de tous les buissons et dé-
gringolaient au-devant de l'état-major,
comme au i8 août d'autrefois, au
devant du carrosse de l'Empereur qui
venait prendre M. le maire.
L'état major arriva enfin: les hommes
qui le composaient, aSublés de costu-
mes éclatants, marchaient à la déban-
dade, qui, au milieu de la chaussée, dans
une attitude héroï-comique, qui, le long
des murailles, traînant les bottes, une
cigarette aux doigts.
L'un d'eux, gêné par son sabre, l'avait
abandonné aux mains d'un titi qui se te-
nait droit et fier, et se chàrgeaUdej~'
me et du maintien,
Le capitaine d'artillerie, ~lus ~sanré
que les autres, entré crânement dans
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.01%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.01%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"The Romanic review : a quarterly journal devoted to research, the publications of texts and documents, critical discussions, notes, news and comment, in the field of the romance languages and literatures / edited by Henry Alfred Todd and Raymond Weeks /ark:/12148/bpt6k119586.highres Bibliothèque de l'École des Chartes /ark:/12148/bpt6k12501c.highresCommun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"The Romanic review : a quarterly journal devoted to research, the publications of texts and documents, critical discussions, notes, news and comment, in the field of the romance languages and literatures / edited by Henry Alfred Todd and Raymond Weeks /ark:/12148/bpt6k119586.highres Bibliothèque de l'École des Chartes /ark:/12148/bpt6k12501c.highresCommun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5243520/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5243520/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5243520/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5243520/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5243520
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5243520
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5243520/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest