Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-01-05
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 janvier 1882 05 janvier 1882
Description : 1882/01/05 (Numéro 845). 1882/01/05 (Numéro 845).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5241065
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
Qnnizie~ne anaôe. –-Deuxième Séné. '< ~um~o §45
P~RIS i.~ ceiltimeS. ~~ÂRTËMË~ ET ërAp.Eâ CENTÏMËS]
~Mt 5 Ja~'ier ~SS
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ABONNEMENTS
J°ARM TrOs mots. <3 fr. 50
DËpARTEMjEKTS Trots mois. t0 fr~
RÉDACTION »
C., te'ntoT.ard dét 'B~attet! ~J
C6L't:U'
.t.M'MA!<~8f3.H;t'l''8"MB SERèKt PAS K'SNDnS
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.Lt!n}!nt's~'a~M'D~f~V '?i~'v'f''o';
.t.( ~r~~ ~S~fe!
P.A'Ut '.D'E,E.:E' Â~E"
'Se'ef~~tur!' ~e tM ~dctttto~'
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)!A'C'J f:'H' nht'!<«a. t!
M;&.<'4..A:fSTRAT,ÏON
M,. bttM~t~M'tt.ee,
LEteêiL~ ~s
ET L ËLECnM MMËtE
Vousdi'tés.monsieur, que vous avez
été partisan de l'élection des sénateurs
par le suffrage universel, et que vous
voulez la revision à cause de cela.
Ce n'@st pas que vous proposiez le
suffrage universel: vous prendrez la re-
présentation de la densité des popula-
tions, puisqu'on vous l'oSre; et, sans
ces grands couTants qui vous ont en-
traîna, vpns seriez resté Mêle a M. Wal*
.lon et à ses œuvres. Vous êtes de ces es-
.phts. ouverts qui cachent leur indiffé-
rence sous un air de bienveillance, et
..dont on a dit qu'ils ont des préférences
po&r tout lé monde.
.Comme vous, nous avons été partisans
d'un Sénat élu, en totalité, par le suf-
frage universel .direct. On a préféré un
~:ia.télu, pour les trois quarts, par des
électeurs dm second degré, et se recru.
tant lui-même pour l'autre quart.
~ous dirons une autre fois ce que
nous pensons de ces soixante-quinze se*
nateurs élus par leurs collègues; tenons-
nous-en aujourd'hui aux électeurs du se-
cond degré.Nous nous en serionspassés
comme vous en 1872. Nous disions alors,
avec vous et avec Buzot, que sénateurs
et députés pouvaient sans difficulté avoir
la mémo origine; qu'on pourrait, à la
rigueur, tirer au sort trois cents noms
sur une liste de huit cents élus, et qu'il
suffirait, pour avoir deux Chambres
animées d'un esprit différent, de donner
à la Chambre haute une durée législa-
.tiv@ un peu plus longue.
Ce n'était pas faux, mais c'était un peu
ejfagérë. Il est surprenant, ne le pensez-
vous-pas? que ceux qui n'ont d'autre
idée sur le Sénat que de l'empêcher
d'être un obstacle ne se soient pas em-
parés de ce système. Il est vrai qu'ils
ont la ressource de rétablir la paix dans
le Parlement en obligeant les sénateurs
a. adopter toutes les opinions des dépu-
tés. a Sire, vous avez le droit de f~o. Si
vous en usez, on vous guillotinera.
Cette situation n'est pas nouvelle, mais
elle est toujours curieuse.
Vous savez, monsieur, que, môme a.u*
jourd'hui, le Sénat est élu par le suSrage
universel. L'élection des députés se fait
par. le suffrage universel direct, et l'é-
lection des. sénateurs par le suffrage
umversel Indirect, voilà toute la diffé-
rence. Le sucrage à deux degrés a un
grandpassé dans la révolution. La Consti-
tuante de d789, élue elle-même par des
électeurs élus, inscrivit le suffrage adeux
degrés dans la Constitution de 1791. La
Constitution de '1793, qui n'a jamais été
pratiquée, avait établi le suffrage direct;
mais le suffrage à deux degrés reparut
de nouveau dans la Constitution de
l'an III. Des républicains de vieille date
tels que vous peuvent l'accepter, mon-
sieur, sans être traités de renégats. y
'A considérer les choses un peu légè-
rement, il semble que la volonté du peu-
ple s'exprime mieux par le suffrage di-
rect que par le suSrage à deux degrés.
Cependant, monsieur, en y regardant
de près, on voit que, dans le suffrage di-
rect tel qu'il est aujourd'hui pratiqué,
les électeurs abandonnent leur pouvoir
à des commissaires chargés de dresser,
sans eux, le programme électoral de
procéder, sans eux, à l'interrogatoire
des candidats; d'arrêter, sans eux, laliste
qui sera votée, et, par conséquent,
d'exercer, sans eux, la souveraineté po-
pulaire. La masse des électeurs n'inter-
vient dans le suffrage direct que pour
signer un traité déjà conclu c'est une
pure formalité.
C'est la petite église qui à propagé
cette manière de faire dans tous les dé-
partements. L'Empire faisait déjà quel*
quechosedo semblable; mais, sousI'Em-
pire, le ministre de l'intérieur se char-
geait lui-même de choisir et d'expé.
dier les candidats c'était criminel; &
présent, c'est le journal du ministre de
l'intérieur, ou plutôt (car il paraît qu'il
faut distinguer) c'est le journal de M.
Gambetta qui fait l'opinion et établit la
discipline. Il institue ou agrée les-comi-
tés et les candidats; il leur donne l'in-
vestiture. Il les déclare bons et anciens
républicains, fussent-ils M. Dugué de la
Fauconnerie, ou M. J.-J. Weiss. On ne
voit pas bien quelle est la supériorité
du suffrage direct, exercé de cette fa-
çon, sur le suiïrage à deux degrés.
Les électeurs sénatoriaux sont élus
les membres des comités s'élisent entre
eux. Les premiers reçoivent leur man-
dat de la loi et du peuple; les seconds,
quand ils ne sont pas désignés pa.r la
petite église, ont pris le leur sous leur
bonnet. Il ne faut pas que ces comités
de meneurs, d'usurpateurs, nous parlent
tant des droits du suNrage universel,
puisqu'ils les conûsquent à leur pront.
Us ne sont pas là pour exécuter la vo-
lonté du peuple, mais pour la contrain-
dre. Quand nous les entendons pérorer
sur la volonté populaire et le suffrage
universel direct, ils nous rappellent tou-
jours les ancienn.es pièces de cent sous,
portant d'un côté i Republique fran*
çaise, !) et de l'autre ~Napoléon empe-
reur. .1
'En, monsieur, l'élection & deux de<
gr~s, opga.nisée par M. Wallon, & du
bon, surtout quand on la compare. Elle
a, d'ailleurs à nos yeux, et sans doute
aux vôtres, l'avantage d'exister. Elle a
aussi le précieux avantage, à nos yeux
et sans doute aux vôtres, d'avoir consti-
tué dans le Sénat une majorité républi-
caine plus compacte que celle de la
Chambre des députés. Seriez-vous assez
bon, monsieur, vous qui êtes l'obligeance
même, pour conseiller à la petite église
de ne pas se priver de cette force au
pront de M. Barodet? Vous devez avoir
de l'innuence sur elle, car vous ôtes
sans préjugé. Si vous obtenez qu'elle
laisse le pays tranqurlle, au moins sur ce
point-là, nous vous en serons reconnais-
sants.
Nos Echos
Le Ï'cwp~MM~
En Provence, das mauvais temps ont commencé
par vent d'B.; ils vont continuer, le vent tournant
au N. et au N.-O.
Des fortes pressions s'avancent par l'ouest de
l'Espagne te baromètre indique ~o~M & Pun-
chs).
La température descend suf t'ouest de l'Europe
e))e monte en italie, en Provence et en Espagne. A
sept heures du matin, le thermomètre marquait 2"
a Kantes, 9 & Brest, )' & Nice, & A)ger et &
Mj)te..
En France, tes pluies ont été générales hier; elles
continuent ce matin seutement dans !e Midi, où !e
eie) va devenir nuageux comme dans !e: autres ré-
gions. Les vents d'entre 0. et N. occasionnent un
abaissement de température.
AUJOURD'HU!
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel admission
jusqu'à 6 heures 3/4.
Pendant la dur&a du d!har, l'orchestre de
M. Desgr&cges jauera. dans la nouvelle saÛe de
musique.
.MENU
k l'~ Ppta.~e Groûie au pot'' `
Hors-d'œuvra
Turbot sauce hollandaise
Pommes de terre au naturel
:.Fi)etd~ bœuf aux ondh'es
.Poularde à la Siantey
Selle de chevreuil (sauça venaison)
Salade
EpiMrds au velouté de vtla.ille
Pudding de brioeha à la royale
Glace
~Napolitaine
Desserts
fromages, fruits et petits-four*
AS ti. 1/2. au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le talon des damea est ouvert aux voyageura.
Piano, orgue, tables de jeux. Diner à la carte
au restaurant.
La programme du dîner-concert. Voir à lt
4' page.)
LE MONDE ET LA VtLLE
Le bruit a couru hier avec une cer-
taine persistance que M. Gambetta avait
ét~ frappé d'une paralysie au cerveau.
Renseignements pris au palais du quai
d'Orsay, la nouvelle était fausse.
M.&ambet!a a déjeune hier en com-
pagnie de M. Sully Prudhomme, et s'est
ensuite rendu à l'enterrement du préfet
de la Seine, où tout le monde a pu le
voir
Rentré au palais du quai d'Orsay, il a
passé le reste de l'après-midi à expédier
îea aRaires du ministère des anairea
étrangères.
Le ministre de l'intérieur, M. Wal-
deck-Rousseau, s'est rendu hier au pa-
lais de Justice pour étudier la nouvelle
installation destinée à la ~our d'appel.
1 M. le premier président Larombière
s'est mis A la disposition du ministre
pour lui faire visiter les nouveaux lo-
caux, et lui a fait constater wue non seu-
lement la cinquième chambre n'avait
pas de salle d'audience, mais que le lo-
cal des appels de police correctionnelle
est provisoirement installe dans les sal-
les de la cour d'assises.
Le ministre do l'intérieur a promis
que cet état de choses cesserait sous peu,
mais, en se retirant, a dû constater qu'il
y avait fort à faire, la plus grande partie
des bâtiments affectés & la cour d appel
n'étant pas encore couverts, etc., etc.
C'est une visite à recommencer avant
peu.
La commission d'enquête sur la situa-
tion des industries et des ouvriers d'art
a pris séance hier, à dix heures, dans
une des salles du Conservatoire des arts
et métiers.
Après un excellent discours de M. le
ministre des arts sur les diverses condi-
tions d'existence des arts industriels,
sur leur état actuel en France et sur ce
qu'on doit attendre des eSorts de la com-
mission, on a discuté le meilleur mode
d'enquête et l'on a résolu de convoquer,
tout d'abord, un certain nombre d'inté-
ressés, susceptibles de pouvoir, fournir
d'utiles renseignements préliminaires.
Les sous-commissions seront proba-
blement constituées ensuite et l'enquête
proprement, dite commencera aussitôt
et se poursuivra dans toute la France.
La commission s'est ajournée ensuite
à mercredi prochain.
Le banquet annuel au pront de l'hôpi-
tal/WMpans à Londres a été donné hier
à Willis's Rooms, sous la présidence de
l'ambassadeur de France a la cour de
Saint-James, M. ChaUemeI-LatMur.
Nos ministres en voyage.
M. Antonin Proust doit se rendre pro-
chainement à Limoges, en vue d'y fon-
der une Ecole des arts industriels ana-
logue à celle de Roùbaix.
Le ministre des beaux-arts visitera
ensuite, cette dernière ville pour
pépier avec la municipalité les détails
de l'organisation, puis, avantde rentrer
à Paris, il s'arrêtera à Lille et s'occupera
de la construction d'un palais des beaux-
arts destiné à abriter les richesses artis'.
tiques du chef-lieu du département du
Nord.
Cette fois, c'est chose bien décidée. Le
jour de l'an, l'impératrice d'Autriche
nôtinait que son départ pour l'Angle-
terre n'aurait lieu qu'en février, et hier
une dépêche envoyée à l'ambassadeur
d'Autriche-IIongne à Londres et à son
Exc. le comte de Beust, à Paris, annon-.
çait que les projets de Sa Majesté impé-.
riale étaient modifiés, et irrévocablement
fixés ainsi qu'il suit
Sa Majesté quittera. Vienne le 17. jan-
vier et arrivera dans la soirée du 20 à la
station de Wrenbury, qui dessert Com-
bermere-Abbey, dans le Cheshire. Elle
sera accompagnée du prince Lichten-
stein, du comte Festehcs. du baron de
Nopesa, et dé ses intendant et secré-
taire, MM. Linger et FirfaMach.
Une partie de ses chevaux estarrivée-
à l'Abbaye depuis quinze jours ce sont
les hunters favoris qu'elle a montés l'an
passé 7Zar<% y~McA, Ma~a-s, .tVi!/M~s< et JTb~eau 20 janvier arriveront: 7?o?/sMs<,
~G~ ZMM<%y~ ./V~csM, C7are, etc., et ·
quelques chevaux de trois ans, dont la
préparation a été toute spéciale comme
steeple-chasers..
Ceut'nM'deR&nte:
Le 9 courant, suivant l'usage, un s~r*
vice funèbre sera célébré à Rome, au
Panthéon pour le repos de l'&me de 1
Victor-Emmanuel.
On a déjà commencé à transporter
dans l'église le matériel qui doit servir
à la décoration du temple.
Le catafalque est le même que celui
qui a servi l'année dernière.
Les obsèques du peintre Alfred Deho-
dencqont eu lieu hier, a dix heures, à
Saint-Etienne-du-Mont. Une assistance
peu nombreuse, mais composée d'amis
ûdëles et dévoués de l'artiste décédé, s'é-
tait réunie & la maison mortuaire, 47,
boulevard Saint-Michel, où le corps
avait été exposé des neuf heures.
Le deuil était conduit par MM. Alfred
et Armand Dehodencq, fils du défunt.
Parmi les autres membres de la fa-
mille, nous citerons Mme Dubois, sœur
d'Alfred Dehodencq; Mme Caldaron,
Mme Sarmiento, M. etMme Berdejo y.
Villaneros, Mme Dutocq, M. et Mme
Vielte, M. etMmeMassin, etc., etc.
En sortant de l'église, le cortège s'est
dirigé vers le Pére-Lachaise, où a eu lieu
l'inhumation.
Notre confrère M. Théodore de Ban-
ville, qui portait à Alfred Dehodencq l'a-
mitié la plus vive et qui était un admi-
rateur passionné de son talent, a pro-
noncé sur sa tombe un discours dont la
forme remarquable et l'élévation des
sentiments ont profondément ému tous
les assistants. 1-
On Mus écrit do Marseille:
Hier matin a été célébré, en l'église
Saint-Théodore, le mariage religieux de
Mlle Marguerite Amat, fille du colonel
de gendarmerie, officier de la Légion
d'honneur, avec M. Sosthène Leclerc,
capitaine au 25' régiment d'artillerie,
attaché à l'état-major de l'Ecole d'appli-
cation du génie et de l'artillerie de Fon~
tainebleau.
Parmi les assistants, on remarquait
M. le général sénateur Billot, le gé-
néral Guyon-Vernier, M. le coloneltat-major Boquet, MM. les commandants
de gendarmerie Grimaldi, de Marseille;
Carrière, d'Avignon Mège, de Nîmes
M. le colonel Bellegarrigue, du 3° de
ligne M. le capitaine du génie Théve-
net, attaché à l'état-major du général
Billot. Un champ d'épaulettes, (Taiguil~
lëttes et de galons.
Ennn, de nombreuses et élégantes da-
mes, notamment Mmes Billot, Guyon-
Vernier, Bocquet, Duportal, Fournier,
etc., etc,
o,
Nous avons la satisfaction d'appren-
dre et de pouvoir annoncer à nos lec-
teurs le retour à la santé de Meisso-
nier, qui, malgré ses soixante-sept ans
passés, semble avoir encore devant lui
de longs jours à vivre et quantité de
petites toiles à peindre. Nous avons dit
hier avec quel succès il venait de termi-
ner le portrait de Mme J.-W. Mackay,
un chef-d'œuvre complétons ces
renseignements sur les récents travaux
de l'illustre peintre. Au plus fort de sa
maladie, Meissonier n'éprouvait de sou-
lagement qu'en reprenant ses chers
pinceaux, alors que cela lui était maté-
riellement possible.
C'est ainsi qu'il a trouvé une grande
distraction à se représenter lui-même,
malade, enveloppé dans une ample robe
de chambre, et blotti au fond d'un grand
fauteuil.
Un des plus riches amateurs de Paris
lui offrit 80,000 francs de cette toile,
d'une réalité saisissante; Meissonier,
qui la destine au musée de Lyon, sa
ville natale, refusa net.
On a tout dit sur les prix élevés qu'at-
teignent les toiles les plus minuscules
et les plus mignonnes aquarelles du
maître; voici pourtant, à ce sujet, une
récente et piquante anecdote. Ces jours
passés, Meissonier demanda sa note à
l'un des médecins qui l'ont soigné dans
sa dernière- maladie. <: Ah Meissonier,
protesta l'homme de l'art sur un ton de
reproche, je me ferais, un cas de con-
science de vous rien demander. Tenez,
envoyez-moi seulement l'une de ces
aquarelles que vous avez peintes pen-
dant votre convalescence, et nous se-
rons quittes et je me tiendrai pour satis-
fait." »
–Je le crois, parbleu, bien disait
en riant le maMre peintre a la personne
à laquelle il racontait ceci mon
docteur ne me demandait guère moins
qu'une trentaine de mille francs
Pour mettre un peu de baume au
.cœur des portraitistes encore inconnus
ou méconnus, relatons qu'au dernier
mardi de MmeJ. W.Maekay on disait
tout bas que le portrait de l'aimable &
~iïioin§ de cent mille francs
NOUVELLES A LA MAIN
0 touchante naïveté enfantine
L'autre jour, Mlle LiliC. fillette de
cinq ou six ans, interpelle son père et,
avec un grand sérieux
Papa, dit-elle, quand je me marie-
rai, je ne t'inviterai paa à ma noce
Et pourquoi, mademoiselle ? `?
Parce que tu ne m'as pa,s invité à
la. tienne.
Mlle Z. une des doyennes du théâ-
tre, ne peut se décider à quitter la
scène.
Je s&is bien, disait-elle l'autre soir
at~critique S. que l'heure de la re-
traite est sonnée, mais je demande qu'on
m'accorde la permission de dix heures t
UN Dom
F~~T* ~~SB~S S F*
~aa~HaB!a!
ru a D~u!!L!L!L
Par EMILE ZOLA
Legoûts du public. M. EmileZola met en
ce moment la dernière main à une étude
des mœurs contemporaines, écrite spé-
cialement pour notre journal.
Ennousassurantleconcours dugrand
écrivain, du maître sans rival dans l'art
de fouiller les bas-fonds de notre société,
d'en étaler les appétits et les vices, nou~t
continuons la série des illustres écri-
vains qui ont tenu à honneur de collabo-
rer au Caï<~s.
Nous commencerons donc prochaine-
ment la publication de
POT-BOUtLLE
PAK
~~EITLE Z01-
¡:'
M; Emile ZOla, dans Po~-jSot~Mc, a. étu-
dié la bourgeoisie, comme il a étudié le
peuple dans l'ssoM~)MOM*. A la maison
ouvrière de la rue de la Goutte-d'Or, à
cette maison grouillante, pleine des
hontes de l'instinct de la misère, il a
voulu opposer une maison bourgeoise
de la rue de Choiseul, dont les allures
correctes et les apparences honnêtes ca-
chent les vices hypocrites, les déchéan-
ces acceptées d'une classe dirigeante en
décomposition. C'est donc un roman de
mœurs, une peinture sévère de la bour-
geoisie, qui sera le pendant où plutôt la
contre-partie de r~~o~MM)~
Pour drame central, M. Emile Zola a
choisi la double question du mariage et
de l'adultère. Il a écrit quelque part
< Si, dans le peuple, le milieu et l'édu-
cation jettent les fllles & la prostitution,
le milieu et l'éducation, dans la bour-
geoisie, les jettent à l'adultère. Telle
est l'idée qu'il s'est efforcé de mettre en
action, en développant et en mêlant cinq
ou six histoires vécues, toute la vie in-
térieure d'une de nos riches demeures
parisiennes, avec les tragédies et les
comédies de chaque étage, ce qui se
passe dans le plein jour de l'escalier et
dans le mystère des portes closes, de-
puis la loge du concierge jusqu'aux
chambres des domestiques. Ennn, pour
ce nouvel épisode des .RoM~OM-MaegMaW,
il a tenté une nouvelle formule litté-
raire, se dégageant des grandes scènes
orchestrées, réduisant les descriptions
aux strictes indications nécessaires,
mettant tout l'intérêt dans la simplicité
et dans la précision des faits.
Tout le monde voudra lire le grand
événement littéraire de l'année
POT-BOUiLLE
Par EMILE ZOLA
M EM S~ÂMR!EE
Pour la seconde fois le nom de M. La-
bordère voltige sur les lèvres des hom-
mes. Le scandale de sa candidature fait
couler des flots d'encre ceux qui blâ-
ment le plus énergiquement le trop fa-
meux major ne contribuent pas peu à sa
célébrité, et l'aident à faire du bruit. Il
y a des gens amoureux de la publicité
qui écouteraient avec délices un réqui-
sitoire éloquent prononcé contre eux de-
vant un nombreux auditoire; être sur
la sellette, c'est encore une façon de trô-
ner, et les hommes d'un certain tempé-
rament aiment mieux être montrés au
doigt que de passer inaperçus dans la
foule anonyme. Aussi n'est-ce pas sans
quelque hésitation que j'ai inscrit eu
tête de cet article un nom pour lequel
on semble chercher à tout prix une no-
toriété de douteux aloi.Mats on a déjà
écrit tant d'articles sur cet ennuyeux su-
jet, que cent lignes de plus n'ajouteront
guère à la fausse gloire du protégé de
M.Talandier pourquoi ne causerions-
nous pas avec nos lecteurs dos incidents
dont se préoccupe le public ? R
Il y ajuste quatre ans que M. Labor-
dère entra dans l'histoire. L'opinion
était dès lors partagée sur son compte,
môme parmi no us. Quelques-uns Mâ-
mâient ce refus préventif d'obéi s-
sauce, tout en jugeant bon que le gou-
vernement d'alors reçût, ce petit aver-
tissement. On inclinait à considérer le
fameux major comme une sorte de Cur-
tius qui s'était généreusement jeté dans
le gouffre, et qui avait dit tout haut/A
ses propres dépens, ce que bien d'autres
pensaient. Sa démarche insolite pouvnii: t
être un acte de dévouement; pourvu
qu'il n'en tirât aucun profit; un si grave
manquement à la discipline pouvait
être une de ces fautes dont on porte ue-
rement les conséquences; un de ces ser-
vices qu'il ne faut pas payer, parce que
toute récompense en ferait un précédent.
Tout ce qu'on loue ne doit pas être érigé
en exemple.
Aussi était-on d'accord pour ne plus
parler de M. Labordère. Ou, si l'on par-
lait de lui, on ne se demandait même
pas ce qu'il était devenu. Son coup d'é-
clat ne devait pas avoir de lendemain,
car s'il recommençait a. attirer l'attention
par des exploits d'ordre politique, on
devait l'accuser de jouer un rôle. Il ne
fanait pas que ce cri d'une conscience
indignée devînt une manœuvre habile,
une imprudence calculée, un savant dé-
but dans la carrière de l'ambition. M.
Labordére n'avait plus le droit de s'il-
lustrer ailleurs que sur un champ de
bataille.
Aussi avons-nous supposé, quand M.
Talandier se nt lé p<.rra!n decette candi-
dature inattendue, que l'ofûcier invité à
entrer dans la vie publique sous de tels
-auspices repousserait avec empresse-
ment une onre si compromettante. Il
n'y avait personne dans l'armée pour
qui l'abstention et l'eiïa.cement fusoent
plus obligatoires. Or la candidature eat
acceptée, et dans quels termes, et sur
quel terrain On a demandé à M. Labor-
dère de se présenter comme un élément
de division dans l'armée; il ajoute a ce
titre plus ou moins militaire une pro-
fession de foi du radicalisme le plus ac-
centué. M. Talandier avait mis la main
sur un homme selon son cœur. Tous les
intra.nsigeants poussent des cris de joie.
Usent trouvé un porte-drapeau, cham-
pion résolu du programme de l'extrême
gauche, qui apporte à la démagogie le
concours de songénie politique; homme
enthousiaste d'ailleurs, et si enclin au
généreux sentiment de l'admiration,
qu'il ne distingue pas M. Barodet de
Victor Hugo..
Les chants de triomphe dont on salue
M. Labordère sont médiocrement fl at-
teurs pour le parti qui l'accueille comme e
un Messie; était-il à ce point dénué de
candidats qu'il doive prendre une telle
acquisition pour une fortune inespérée? î
L'heureux objet de cette ovation fera
bien de ne pas trop compter sur la durée
d'une faveur si prompte il aura des
jaloux.
Mais cela nous importe peu. II y aurait
peut-être une intéressante enquête psy-
chologique à instituer sur le cas de cet
officier qui va droit aux extrêmes et
tombe d'un seul coup dans les bras de
M. de Lanessaa. On pourrait se deman-
der pourquoi les militaires qui donnent
dans la politique sont plus exposés que
d'autres à certaines chutes, quand leur
entrée dans la vie publique interrompt
leur carrière de soldat au lieu de la cou-
ronner. Mais ce n'est pas de psychologie
qu'il s'agit.
Le scandale Labordère a soulevé dans
plus d'un esprit des inquiétudes pa-
triotiques on dirait que la discipline
est compromise, que l'armée est atteinte
d'une maladie funeste et contagieuse
on dirait que cette candidature excen-
trique est un symptôme.
Peut-être s'est-on trop hâté de jeter
l'alarme peut-être ce qu'on prend pour
un symptôme n'est-il qu'un accident.
Nous ne sommes pas encore en Espagne
parce qu'il se trouve dans un régiment
un démagogue en épaulettes; il y a en-
core des Pyrénées, que cette défaillance
individuelle ne sufnra pas à abaisser.
On ne sait quel sera le résultat électo-
ral de cette incartade.
S'il y a dans le collège sénatorial de
la Seine une majorité pour élire M. La-
bordère, elle ferait un autre choix aussi
mauvais. L'échec de ce candidat radical
serait une leçon éclatante son succès
nuirait plus à la considération de ses
électeurs qu'à celle de ses compagnons
d'armes. S'il y a cent députés, conseil-
lers généraux et délégués pour élire un
ofncier sorti de la droite- voie, cela ne
prouve pas qu'il y ait beaucoup d'ofn-
ciers semblables. Vainqueur ou non, il
restera isolé.
Nous sommes ainsi faits, que nous at-
tachons au scandale une importance
excessive. On s'effraie plus de voir un
homme manquer au devoir, que l'on ne
se réjouit de voir cent mille hommes y
rester ndëles. Il faudrait d'abord se de-
Tnander si la contagion est à craindre.
Un cas d'indiscipline n'est pas nécessai-
rement aussi contagieux qu'un cas de
nëvrejaune. On ne tirera de cet incident
des conclusions alarmantes que si l'on
prouve qu'il trahit un mal largement
répandu et que c'est un signe des temps.
Si c'est en effet un signe des temps que
cet empressement des ultra-radicaux à
porter aux nues un officier ultra-radical,
ce n'est pas l'armée qui est compromise
par là. Il est vrai que tout un parti re-
muant et audacieux se flatte de j eter le dé-
sordre dans l'armée, mais ce n'est pas là
une découverte l'esprit révolutionnaire
n'est pas une nouveauté. On sait où sé-
vit ce néau, et avec quelle intensité. On
connaît les vœux de la démagogie, ses
procédés, ses méthodes jamais ses plans
d'attaque n'ont été tenus secrets. On au-
rait bien pu parier à coup sûr que les
intransigeants hisseraient un Labordère
sur le pavois, s'ils trouvaient un Labor-
dére. La question est de savoir si cette
victime de l'ambition politique excitera
l'envie et provoquera, 1 émulation il e&t
encore permis d'en douter.
Ne laissons donc point notre étonne-
ment dégénérer en uneNroi pusillanime.
~'o~s ferions, inj ure à. l~rméc, si~ nous
supposions qu'une célébrité.dQ ce genre
a't_pour ses chefs des séductions~~M'ésis'
'tables.
Admettons marne q:ujë Labordère
entre au Sénat .est-ce que ses camara-
des vont se preaser en foute sursespas?
Est-.ce que l'antichambre d~ M. Taian*
dier va être encombrée par !ès chefs de
bataillon d'infanterie ? Ust-cë "qae' tpus
les jofAcieM qui, trouvéniLf pincement
trop lent vont se plonger dans l'Étude
des discours de M. Barodet et des pro-
grammes divers du radica!iSmA sEi<:if~
hsté'?" ;r~
'.j 'u.E~b
On -dira que'ce serait chose fuae~te.,
si iesréleetions donnaient une'tl'IbHRè a.
ce révolté: Ea tribune ne'grandit que
ceux qui sontr-grands par~eux-mêïaiM},
Hissez un nain sur un piédestat; il n'en
paraîtra que piuspet'it. Donnez un porte-
voix à un muet, iL ne fera pa~plu~d~
brui4 pour ceîa. Un sot ~M~ dàv~nt
pas habile, parce qu~l' 'de plu~
haut. II n'est pas démontré-qûe M~ La-
bordère soit un orateur, eMes' spéeimèns
qu'il nous a donnés de son style epiato*
laire ne tendent pas à le faire 'passer
pour. :'un 'profond politique. Peut-ôtrs
même, s'ir entrait au Sénat, y serait-H
fort embarrassé et. plus inoSensif qu'on
ne~pense. j.
Ce ne sont pas, les. défections écla-
tantes qui dissolvent les corps fortement
organisés; quel mal le coup de tête de
Lamennais a-t-il fait au clergé catholi*
que? Et pourtant Lamennais était un
écrivain de génie, un polémiste redou-
table, un maréchal de l'Eglise militante.
Non, l'équipée du. commandant La/-
bordère n'est pas le signal d'une déroute,
et la solidité de notre armée n'est pas
compromise pour si peu. Il faudrait pour
l'atteindre des vices plus 'généraux @t
plus profonds, dos fautes.moins ~person-
nelles. Ce qui se passe en ce moment
sous .nos yeux est un scandale et un
ennui ce n'est pas encore un danger.
BEOVaDO
'LES' .r'"
CONFESSIONS BE JEAN-JÂ~MS. WHSS
Quand donc cessera ce tapage?- J
On s'occupe un peu trop de moi.
Tous !esjournaux, à chaque page,
ParIentdeWeiss, messieurs, pourquoi?
Lesunsce)èbrëntmes)ouangts:~
Ce ne sont pas !ës p)us nombreux.
Que m'importe! J'en suis aux.anges!
D'autres me biaguent: c'est af&eux!. j,
.P,UM)a~FM&Mg'Me/tM~, .
'sambert vante montaient:
H méprend les mainsettesbaiM.
t)enestmémeuhpeu.co"ant..
Le sympathique About enrage:'
Ce camarade furibond
Sans pitié m'éreinte et m'outrage, i
H est vindicatif, Edmond)
Jesuisdirecteur,be]!earfair~ s i
J'ai bien été, sous OHivier,
–Mieux que cela –'sous-secrétaire
Du cabinet du Deux-Janvier.
Un jour, Gambetta m'a fait signe
Comme à l'appel de t'Empereur,
Jesuisaccouru,nob)cet digne;
Voi!à ce secret p!ein d'horreur) 1
Que voûtez-vous? Gambetta m'aime; t(\
)t s'épanche dans mon giiet,
Je suis, moi, son autre lui-même,
Au nez de Spu)!er, s'i) vous ptaît
Il est bon enfant, ce gros père;
Te) fut, dit-on, Cadet-Rousse).
Quel grand homme et que! caractera! 3_
C'estun génie universe)!
C'est vrai j'ai traité de betMe
Le régime de monsieur Thiers;
Mais jamais je n'eus la sottise Y
D'oser regarder de travers
La répuNique radicafe,
La république des vainqueurs.
Foin de la presse ctéricafe! > w
Au diable tous les chroniqueurs
Je sais fort bien qu'on insinue
Que je suis dépourvu de chic <,
Et que je manque de tenue
Quand je m'offre aux yeux du public.
Vains propos! Saigné dans ma mise.,
Pour vous donner un démenti,
Je saurai changer de chemise
Aussisouventqxedeparti.
aUST*VEt')HT<
FAUT DU PRESTIGE
Eh bien non, du prestige, it n'en faut
plus. Cela était bon pour les gouverne-
ments d'antan. Le panache a fait son temps~
Le ministère se démocratise celui de !a
marine tout au moins, où M. Gougeard
vient de prendre une mesure qui, en des
temps meilleurs, n'eût certes pas passé ina-
perçue.
Mais durant ces jours maudits où Paris
se répand sur ses boulevards rétrécis par
leurs horribles baraques où les facteurs
épuisés ploient sous le fardeau des petits
cartons qu'on s'ë~tr'adressesous enveloppe
et sous prétexte de civilités'; où les con-
fiseurs vendent trois francs un marron
glacé et les neuristes cent sous une grappe e
de lilas où l'on s'offre, de porte en porte,
des sacs de bonbons voyageurs qui ne sont
guère croqués qu'à leur quatorzième sta-
tion aux alentours, enfin, du renouvelle-
ment de l'année,–qui donc a lu cette petite
note silencieusement parue dans les jour-
naux du ~i décembre:
< Persuadé que les fonctionnaires de son
département puisent leur légitime in-
» nuence bien moins dans l'appareil mili-
taire qui les entoure que dansie dévoue-
& ment et les capacitésdont ils font preuve,
X. le ministre de la marine a décida que dé-
» sormais les postes d'honneur du minis-
tère et des préfectures maritimes se-
» raient supprimés. »
~Les fonctionnaires de son départe-
ment Je ne voudrais pas mettra une
once de zizanie dans ce ministère, où ne
P~RIS i.~ ceiltimeS. ~~ÂRTËMË~ ET ërAp.Eâ CENTÏMËS]
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.Lt!n}!nt's~'a~M'D~f~V '?i~'v'f''o';
.t.( ~r~~ ~S~fe!
P.A'Ut '.D'E,E.:E' Â~E"
'Se'ef~~tur!' ~e tM ~dctttto~'
'ANNOK,GM;
.?~ë'Se' C~'<' et 0"
)!A'C'J f:'H' nht'!<«a. t!
M;&.<'4.
M,. bttM~t~M'tt.ee,
LEteêiL~ ~s
ET L ËLECnM MMËtE
Vousdi'tés.monsieur, que vous avez
été partisan de l'élection des sénateurs
par le suffrage universel, et que vous
voulez la revision à cause de cela.
Ce n'@st pas que vous proposiez le
suffrage universel: vous prendrez la re-
présentation de la densité des popula-
tions, puisqu'on vous l'oSre; et, sans
ces grands couTants qui vous ont en-
traîna, vpns seriez resté Mêle a M. Wal*
.lon et à ses œuvres. Vous êtes de ces es-
.phts. ouverts qui cachent leur indiffé-
rence sous un air de bienveillance, et
..dont on a dit qu'ils ont des préférences
po&r tout lé monde.
.Comme vous, nous avons été partisans
d'un Sénat élu, en totalité, par le suf-
frage universel .direct. On a préféré un
~:ia.télu, pour les trois quarts, par des
électeurs dm second degré, et se recru.
tant lui-même pour l'autre quart.
~ous dirons une autre fois ce que
nous pensons de ces soixante-quinze se*
nateurs élus par leurs collègues; tenons-
nous-en aujourd'hui aux électeurs du se-
cond degré.Nous nous en serionspassés
comme vous en 1872. Nous disions alors,
avec vous et avec Buzot, que sénateurs
et députés pouvaient sans difficulté avoir
la mémo origine; qu'on pourrait, à la
rigueur, tirer au sort trois cents noms
sur une liste de huit cents élus, et qu'il
suffirait, pour avoir deux Chambres
animées d'un esprit différent, de donner
à la Chambre haute une durée législa-
.tiv@ un peu plus longue.
Ce n'était pas faux, mais c'était un peu
ejfagérë. Il est surprenant, ne le pensez-
vous-pas? que ceux qui n'ont d'autre
idée sur le Sénat que de l'empêcher
d'être un obstacle ne se soient pas em-
parés de ce système. Il est vrai qu'ils
ont la ressource de rétablir la paix dans
le Parlement en obligeant les sénateurs
a. adopter toutes les opinions des dépu-
tés. a Sire, vous avez le droit de f~o. Si
vous en usez, on vous guillotinera.
Cette situation n'est pas nouvelle, mais
elle est toujours curieuse.
Vous savez, monsieur, que, môme a.u*
jourd'hui, le Sénat est élu par le suSrage
universel. L'élection des députés se fait
par. le suffrage universel direct, et l'é-
lection des. sénateurs par le suffrage
umversel Indirect, voilà toute la diffé-
rence. Le sucrage à deux degrés a un
grandpassé dans la révolution. La Consti-
tuante de d789, élue elle-même par des
électeurs élus, inscrivit le suffrage adeux
degrés dans la Constitution de 1791. La
Constitution de '1793, qui n'a jamais été
pratiquée, avait établi le suffrage direct;
mais le suffrage à deux degrés reparut
de nouveau dans la Constitution de
l'an III. Des républicains de vieille date
tels que vous peuvent l'accepter, mon-
sieur, sans être traités de renégats. y
'A considérer les choses un peu légè-
rement, il semble que la volonté du peu-
ple s'exprime mieux par le suffrage di-
rect que par le suSrage à deux degrés.
Cependant, monsieur, en y regardant
de près, on voit que, dans le suffrage di-
rect tel qu'il est aujourd'hui pratiqué,
les électeurs abandonnent leur pouvoir
à des commissaires chargés de dresser,
sans eux, le programme électoral de
procéder, sans eux, à l'interrogatoire
des candidats; d'arrêter, sans eux, laliste
qui sera votée, et, par conséquent,
d'exercer, sans eux, la souveraineté po-
pulaire. La masse des électeurs n'inter-
vient dans le suffrage direct que pour
signer un traité déjà conclu c'est une
pure formalité.
C'est la petite église qui à propagé
cette manière de faire dans tous les dé-
partements. L'Empire faisait déjà quel*
quechosedo semblable; mais, sousI'Em-
pire, le ministre de l'intérieur se char-
geait lui-même de choisir et d'expé.
dier les candidats c'était criminel; &
présent, c'est le journal du ministre de
l'intérieur, ou plutôt (car il paraît qu'il
faut distinguer) c'est le journal de M.
Gambetta qui fait l'opinion et établit la
discipline. Il institue ou agrée les-comi-
tés et les candidats; il leur donne l'in-
vestiture. Il les déclare bons et anciens
républicains, fussent-ils M. Dugué de la
Fauconnerie, ou M. J.-J. Weiss. On ne
voit pas bien quelle est la supériorité
du suffrage direct, exercé de cette fa-
çon, sur le suiïrage à deux degrés.
Les électeurs sénatoriaux sont élus
les membres des comités s'élisent entre
eux. Les premiers reçoivent leur man-
dat de la loi et du peuple; les seconds,
quand ils ne sont pas désignés pa.r la
petite église, ont pris le leur sous leur
bonnet. Il ne faut pas que ces comités
de meneurs, d'usurpateurs, nous parlent
tant des droits du suNrage universel,
puisqu'ils les conûsquent à leur pront.
Us ne sont pas là pour exécuter la vo-
lonté du peuple, mais pour la contrain-
dre. Quand nous les entendons pérorer
sur la volonté populaire et le suffrage
universel direct, ils nous rappellent tou-
jours les ancienn.es pièces de cent sous,
portant d'un côté i Republique fran*
çaise, !) et de l'autre ~Napoléon empe-
reur. .1
'En, monsieur, l'élection & deux de<
gr~s, opga.nisée par M. Wallon, & du
bon, surtout quand on la compare. Elle
a, d'ailleurs à nos yeux, et sans doute
aux vôtres, l'avantage d'exister. Elle a
aussi le précieux avantage, à nos yeux
et sans doute aux vôtres, d'avoir consti-
tué dans le Sénat une majorité républi-
caine plus compacte que celle de la
Chambre des députés. Seriez-vous assez
bon, monsieur, vous qui êtes l'obligeance
même, pour conseiller à la petite église
de ne pas se priver de cette force au
pront de M. Barodet? Vous devez avoir
de l'innuence sur elle, car vous ôtes
sans préjugé. Si vous obtenez qu'elle
laisse le pays tranqurlle, au moins sur ce
point-là, nous vous en serons reconnais-
sants.
Nos Echos
Le Ï'cwp~MM~
En Provence, das mauvais temps ont commencé
par vent d'B.; ils vont continuer, le vent tournant
au N. et au N.-O.
Des fortes pressions s'avancent par l'ouest de
l'Espagne te baromètre indique ~o~M & Pun-
chs).
La température descend suf t'ouest de l'Europe
e))e monte en italie, en Provence et en Espagne. A
sept heures du matin, le thermomètre marquait 2"
a Kantes, 9 & Brest, )' & Nice, & A)ger et &
Mj)te..
En France, tes pluies ont été générales hier; elles
continuent ce matin seutement dans !e Midi, où !e
eie) va devenir nuageux comme dans !e: autres ré-
gions. Les vents d'entre 0. et N. occasionnent un
abaissement de température.
AUJOURD'HU!
A 6 heures, dîner au Grand-Hôtel admission
jusqu'à 6 heures 3/4.
Pendant la dur&a du d!har, l'orchestre de
M. Desgr&cges jauera. dans la nouvelle saÛe de
musique.
.MENU
k l'~ Ppta.~e Groûie au pot'' `
Hors-d'œuvra
Turbot sauce hollandaise
Pommes de terre au naturel
:.Fi)etd~ bœuf aux ondh'es
.Poularde à la Siantey
Selle de chevreuil (sauça venaison)
Salade
EpiMrds au velouté de vtla.ille
Pudding de brioeha à la royale
Glace
~Napolitaine
Desserts
fromages, fruits et petits-four*
AS ti. 1/2. au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le talon des damea est ouvert aux voyageura.
Piano, orgue, tables de jeux. Diner à la carte
au restaurant.
La programme du dîner-concert. Voir à lt
4' page.)
LE MONDE ET LA VtLLE
Le bruit a couru hier avec une cer-
taine persistance que M. Gambetta avait
ét~ frappé d'une paralysie au cerveau.
Renseignements pris au palais du quai
d'Orsay, la nouvelle était fausse.
M.&ambet!a a déjeune hier en com-
pagnie de M. Sully Prudhomme, et s'est
ensuite rendu à l'enterrement du préfet
de la Seine, où tout le monde a pu le
voir
Rentré au palais du quai d'Orsay, il a
passé le reste de l'après-midi à expédier
îea aRaires du ministère des anairea
étrangères.
Le ministre de l'intérieur, M. Wal-
deck-Rousseau, s'est rendu hier au pa-
lais de Justice pour étudier la nouvelle
installation destinée à la ~our d'appel.
1 M. le premier président Larombière
s'est mis A la disposition du ministre
pour lui faire visiter les nouveaux lo-
caux, et lui a fait constater wue non seu-
lement la cinquième chambre n'avait
pas de salle d'audience, mais que le lo-
cal des appels de police correctionnelle
est provisoirement installe dans les sal-
les de la cour d'assises.
Le ministre do l'intérieur a promis
que cet état de choses cesserait sous peu,
mais, en se retirant, a dû constater qu'il
y avait fort à faire, la plus grande partie
des bâtiments affectés & la cour d appel
n'étant pas encore couverts, etc., etc.
C'est une visite à recommencer avant
peu.
La commission d'enquête sur la situa-
tion des industries et des ouvriers d'art
a pris séance hier, à dix heures, dans
une des salles du Conservatoire des arts
et métiers.
Après un excellent discours de M. le
ministre des arts sur les diverses condi-
tions d'existence des arts industriels,
sur leur état actuel en France et sur ce
qu'on doit attendre des eSorts de la com-
mission, on a discuté le meilleur mode
d'enquête et l'on a résolu de convoquer,
tout d'abord, un certain nombre d'inté-
ressés, susceptibles de pouvoir, fournir
d'utiles renseignements préliminaires.
Les sous-commissions seront proba-
blement constituées ensuite et l'enquête
proprement, dite commencera aussitôt
et se poursuivra dans toute la France.
La commission s'est ajournée ensuite
à mercredi prochain.
Le banquet annuel au pront de l'hôpi-
tal/WMpans à Londres a été donné hier
à Willis's Rooms, sous la présidence de
l'ambassadeur de France a la cour de
Saint-James, M. ChaUemeI-LatMur.
Nos ministres en voyage.
M. Antonin Proust doit se rendre pro-
chainement à Limoges, en vue d'y fon-
der une Ecole des arts industriels ana-
logue à celle de Roùbaix.
Le ministre des beaux-arts visitera
ensuite, cette dernière ville pour
pépier avec la municipalité les détails
de l'organisation, puis, avantde rentrer
à Paris, il s'arrêtera à Lille et s'occupera
de la construction d'un palais des beaux-
arts destiné à abriter les richesses artis'.
tiques du chef-lieu du département du
Nord.
Cette fois, c'est chose bien décidée. Le
jour de l'an, l'impératrice d'Autriche
nôtinait que son départ pour l'Angle-
terre n'aurait lieu qu'en février, et hier
une dépêche envoyée à l'ambassadeur
d'Autriche-IIongne à Londres et à son
Exc. le comte de Beust, à Paris, annon-.
çait que les projets de Sa Majesté impé-.
riale étaient modifiés, et irrévocablement
fixés ainsi qu'il suit
Sa Majesté quittera. Vienne le 17. jan-
vier et arrivera dans la soirée du 20 à la
station de Wrenbury, qui dessert Com-
bermere-Abbey, dans le Cheshire. Elle
sera accompagnée du prince Lichten-
stein, du comte Festehcs. du baron de
Nopesa, et dé ses intendant et secré-
taire, MM. Linger et FirfaMach.
Une partie de ses chevaux estarrivée-
à l'Abbaye depuis quinze jours ce sont
les hunters favoris qu'elle a montés l'an
passé 7Zar<% y
~G~ ZMM<%y~ ./V~csM, C7are, etc., et ·
quelques chevaux de trois ans, dont la
préparation a été toute spéciale comme
steeple-chasers..
Ceut'nM'deR&nte:
Le 9 courant, suivant l'usage, un s~r*
vice funèbre sera célébré à Rome, au
Panthéon pour le repos de l'&me de 1
Victor-Emmanuel.
On a déjà commencé à transporter
dans l'église le matériel qui doit servir
à la décoration du temple.
Le catafalque est le même que celui
qui a servi l'année dernière.
Les obsèques du peintre Alfred Deho-
dencqont eu lieu hier, a dix heures, à
Saint-Etienne-du-Mont. Une assistance
peu nombreuse, mais composée d'amis
ûdëles et dévoués de l'artiste décédé, s'é-
tait réunie & la maison mortuaire, 47,
boulevard Saint-Michel, où le corps
avait été exposé des neuf heures.
Le deuil était conduit par MM. Alfred
et Armand Dehodencq, fils du défunt.
Parmi les autres membres de la fa-
mille, nous citerons Mme Dubois, sœur
d'Alfred Dehodencq; Mme Caldaron,
Mme Sarmiento, M. etMme Berdejo y.
Villaneros, Mme Dutocq, M. et Mme
Vielte, M. etMmeMassin, etc., etc.
En sortant de l'église, le cortège s'est
dirigé vers le Pére-Lachaise, où a eu lieu
l'inhumation.
Notre confrère M. Théodore de Ban-
ville, qui portait à Alfred Dehodencq l'a-
mitié la plus vive et qui était un admi-
rateur passionné de son talent, a pro-
noncé sur sa tombe un discours dont la
forme remarquable et l'élévation des
sentiments ont profondément ému tous
les assistants. 1-
On Mus écrit do Marseille:
Hier matin a été célébré, en l'église
Saint-Théodore, le mariage religieux de
Mlle Marguerite Amat, fille du colonel
de gendarmerie, officier de la Légion
d'honneur, avec M. Sosthène Leclerc,
capitaine au 25' régiment d'artillerie,
attaché à l'état-major de l'Ecole d'appli-
cation du génie et de l'artillerie de Fon~
tainebleau.
Parmi les assistants, on remarquait
M. le général sénateur Billot, le gé-
néral Guyon-Vernier, M. le colonel
de gendarmerie Grimaldi, de Marseille;
Carrière, d'Avignon Mège, de Nîmes
M. le colonel Bellegarrigue, du 3° de
ligne M. le capitaine du génie Théve-
net, attaché à l'état-major du général
Billot. Un champ d'épaulettes, (Taiguil~
lëttes et de galons.
Ennn, de nombreuses et élégantes da-
mes, notamment Mmes Billot, Guyon-
Vernier, Bocquet, Duportal, Fournier,
etc., etc,
o,
Nous avons la satisfaction d'appren-
dre et de pouvoir annoncer à nos lec-
teurs le retour à la santé de Meisso-
nier, qui, malgré ses soixante-sept ans
passés, semble avoir encore devant lui
de longs jours à vivre et quantité de
petites toiles à peindre. Nous avons dit
hier avec quel succès il venait de termi-
ner le portrait de Mme J.-W. Mackay,
un chef-d'œuvre complétons ces
renseignements sur les récents travaux
de l'illustre peintre. Au plus fort de sa
maladie, Meissonier n'éprouvait de sou-
lagement qu'en reprenant ses chers
pinceaux, alors que cela lui était maté-
riellement possible.
C'est ainsi qu'il a trouvé une grande
distraction à se représenter lui-même,
malade, enveloppé dans une ample robe
de chambre, et blotti au fond d'un grand
fauteuil.
Un des plus riches amateurs de Paris
lui offrit 80,000 francs de cette toile,
d'une réalité saisissante; Meissonier,
qui la destine au musée de Lyon, sa
ville natale, refusa net.
On a tout dit sur les prix élevés qu'at-
teignent les toiles les plus minuscules
et les plus mignonnes aquarelles du
maître; voici pourtant, à ce sujet, une
récente et piquante anecdote. Ces jours
passés, Meissonier demanda sa note à
l'un des médecins qui l'ont soigné dans
sa dernière- maladie. <: Ah Meissonier,
protesta l'homme de l'art sur un ton de
reproche, je me ferais, un cas de con-
science de vous rien demander. Tenez,
envoyez-moi seulement l'une de ces
aquarelles que vous avez peintes pen-
dant votre convalescence, et nous se-
rons quittes et je me tiendrai pour satis-
fait." »
–Je le crois, parbleu, bien disait
en riant le maMre peintre a la personne
à laquelle il racontait ceci mon
docteur ne me demandait guère moins
qu'une trentaine de mille francs
Pour mettre un peu de baume au
.cœur des portraitistes encore inconnus
ou méconnus, relatons qu'au dernier
mardi de MmeJ. W.Maekay on disait
tout bas que le portrait de l'aimable &
~
NOUVELLES A LA MAIN
0 touchante naïveté enfantine
L'autre jour, Mlle LiliC. fillette de
cinq ou six ans, interpelle son père et,
avec un grand sérieux
Papa, dit-elle, quand je me marie-
rai, je ne t'inviterai paa à ma noce
Et pourquoi, mademoiselle ? `?
Parce que tu ne m'as pa,s invité à
la. tienne.
Mlle Z. une des doyennes du théâ-
tre, ne peut se décider à quitter la
scène.
Je s&is bien, disait-elle l'autre soir
at~critique S. que l'heure de la re-
traite est sonnée, mais je demande qu'on
m'accorde la permission de dix heures t
UN Dom
F~~T* ~~SB~S S F*
~aa~HaB!a!
ru a D~u!!L!L!L
Par EMILE ZOLA
Le
ce moment la dernière main à une étude
des mœurs contemporaines, écrite spé-
cialement pour notre journal.
Ennousassurantleconcours dugrand
écrivain, du maître sans rival dans l'art
de fouiller les bas-fonds de notre société,
d'en étaler les appétits et les vices, nou~t
continuons la série des illustres écri-
vains qui ont tenu à honneur de collabo-
rer au Caï<~s.
Nous commencerons donc prochaine-
ment la publication de
POT-BOUtLLE
PAK
~~EITLE Z01-
¡:'
M; Emile ZOla, dans Po~-jSot~Mc, a. étu-
dié la bourgeoisie, comme il a étudié le
peuple dans l'ssoM~)MOM*. A la maison
ouvrière de la rue de la Goutte-d'Or, à
cette maison grouillante, pleine des
hontes de l'instinct de la misère, il a
voulu opposer une maison bourgeoise
de la rue de Choiseul, dont les allures
correctes et les apparences honnêtes ca-
chent les vices hypocrites, les déchéan-
ces acceptées d'une classe dirigeante en
décomposition. C'est donc un roman de
mœurs, une peinture sévère de la bour-
geoisie, qui sera le pendant où plutôt la
contre-partie de r~~o~MM)~
Pour drame central, M. Emile Zola a
choisi la double question du mariage et
de l'adultère. Il a écrit quelque part
< Si, dans le peuple, le milieu et l'édu-
cation jettent les fllles & la prostitution,
le milieu et l'éducation, dans la bour-
geoisie, les jettent à l'adultère. Telle
est l'idée qu'il s'est efforcé de mettre en
action, en développant et en mêlant cinq
ou six histoires vécues, toute la vie in-
térieure d'une de nos riches demeures
parisiennes, avec les tragédies et les
comédies de chaque étage, ce qui se
passe dans le plein jour de l'escalier et
dans le mystère des portes closes, de-
puis la loge du concierge jusqu'aux
chambres des domestiques. Ennn, pour
ce nouvel épisode des .RoM~OM-MaegMaW,
il a tenté une nouvelle formule litté-
raire, se dégageant des grandes scènes
orchestrées, réduisant les descriptions
aux strictes indications nécessaires,
mettant tout l'intérêt dans la simplicité
et dans la précision des faits.
Tout le monde voudra lire le grand
événement littéraire de l'année
POT-BOUiLLE
Par EMILE ZOLA
M EM S~ÂMR!EE
Pour la seconde fois le nom de M. La-
bordère voltige sur les lèvres des hom-
mes. Le scandale de sa candidature fait
couler des flots d'encre ceux qui blâ-
ment le plus énergiquement le trop fa-
meux major ne contribuent pas peu à sa
célébrité, et l'aident à faire du bruit. Il
y a des gens amoureux de la publicité
qui écouteraient avec délices un réqui-
sitoire éloquent prononcé contre eux de-
vant un nombreux auditoire; être sur
la sellette, c'est encore une façon de trô-
ner, et les hommes d'un certain tempé-
rament aiment mieux être montrés au
doigt que de passer inaperçus dans la
foule anonyme. Aussi n'est-ce pas sans
quelque hésitation que j'ai inscrit eu
tête de cet article un nom pour lequel
on semble chercher à tout prix une no-
toriété de douteux aloi.Mats on a déjà
écrit tant d'articles sur cet ennuyeux su-
jet, que cent lignes de plus n'ajouteront
guère à la fausse gloire du protégé de
M.Talandier pourquoi ne causerions-
nous pas avec nos lecteurs dos incidents
dont se préoccupe le public ? R
Il y ajuste quatre ans que M. Labor-
dère entra dans l'histoire. L'opinion
était dès lors partagée sur son compte,
môme parmi no us. Quelques-uns Mâ-
mâient ce refus préventif d'obéi s-
sauce, tout en jugeant bon que le gou-
vernement d'alors reçût, ce petit aver-
tissement. On inclinait à considérer le
fameux major comme une sorte de Cur-
tius qui s'était généreusement jeté dans
le gouffre, et qui avait dit tout haut/A
ses propres dépens, ce que bien d'autres
pensaient. Sa démarche insolite pouvnii: t
être un acte de dévouement; pourvu
qu'il n'en tirât aucun profit; un si grave
manquement à la discipline pouvait
être une de ces fautes dont on porte ue-
rement les conséquences; un de ces ser-
vices qu'il ne faut pas payer, parce que
toute récompense en ferait un précédent.
Tout ce qu'on loue ne doit pas être érigé
en exemple.
Aussi était-on d'accord pour ne plus
parler de M. Labordère. Ou, si l'on par-
lait de lui, on ne se demandait même
pas ce qu'il était devenu. Son coup d'é-
clat ne devait pas avoir de lendemain,
car s'il recommençait a. attirer l'attention
par des exploits d'ordre politique, on
devait l'accuser de jouer un rôle. Il ne
fanait pas que ce cri d'une conscience
indignée devînt une manœuvre habile,
une imprudence calculée, un savant dé-
but dans la carrière de l'ambition. M.
Labordére n'avait plus le droit de s'il-
lustrer ailleurs que sur un champ de
bataille.
Aussi avons-nous supposé, quand M.
Talandier se nt lé p<.rra!n decette candi-
dature inattendue, que l'ofûcier invité à
entrer dans la vie publique sous de tels
-auspices repousserait avec empresse-
ment une onre si compromettante. Il
n'y avait personne dans l'armée pour
qui l'abstention et l'eiïa.cement fusoent
plus obligatoires. Or la candidature eat
acceptée, et dans quels termes, et sur
quel terrain On a demandé à M. Labor-
dère de se présenter comme un élément
de division dans l'armée; il ajoute a ce
titre plus ou moins militaire une pro-
fession de foi du radicalisme le plus ac-
centué. M. Talandier avait mis la main
sur un homme selon son cœur. Tous les
intra.nsigeants poussent des cris de joie.
Usent trouvé un porte-drapeau, cham-
pion résolu du programme de l'extrême
gauche, qui apporte à la démagogie le
concours de songénie politique; homme
enthousiaste d'ailleurs, et si enclin au
généreux sentiment de l'admiration,
qu'il ne distingue pas M. Barodet de
Victor Hugo..
Les chants de triomphe dont on salue
M. Labordère sont médiocrement fl at-
teurs pour le parti qui l'accueille comme e
un Messie; était-il à ce point dénué de
candidats qu'il doive prendre une telle
acquisition pour une fortune inespérée? î
L'heureux objet de cette ovation fera
bien de ne pas trop compter sur la durée
d'une faveur si prompte il aura des
jaloux.
Mais cela nous importe peu. II y aurait
peut-être une intéressante enquête psy-
chologique à instituer sur le cas de cet
officier qui va droit aux extrêmes et
tombe d'un seul coup dans les bras de
M. de Lanessaa. On pourrait se deman-
der pourquoi les militaires qui donnent
dans la politique sont plus exposés que
d'autres à certaines chutes, quand leur
entrée dans la vie publique interrompt
leur carrière de soldat au lieu de la cou-
ronner. Mais ce n'est pas de psychologie
qu'il s'agit.
Le scandale Labordère a soulevé dans
plus d'un esprit des inquiétudes pa-
triotiques on dirait que la discipline
est compromise, que l'armée est atteinte
d'une maladie funeste et contagieuse
on dirait que cette candidature excen-
trique est un symptôme.
Peut-être s'est-on trop hâté de jeter
l'alarme peut-être ce qu'on prend pour
un symptôme n'est-il qu'un accident.
Nous ne sommes pas encore en Espagne
parce qu'il se trouve dans un régiment
un démagogue en épaulettes; il y a en-
core des Pyrénées, que cette défaillance
individuelle ne sufnra pas à abaisser.
On ne sait quel sera le résultat électo-
ral de cette incartade.
S'il y a dans le collège sénatorial de
la Seine une majorité pour élire M. La-
bordère, elle ferait un autre choix aussi
mauvais. L'échec de ce candidat radical
serait une leçon éclatante son succès
nuirait plus à la considération de ses
électeurs qu'à celle de ses compagnons
d'armes. S'il y a cent députés, conseil-
lers généraux et délégués pour élire un
ofncier sorti de la droite- voie, cela ne
prouve pas qu'il y ait beaucoup d'ofn-
ciers semblables. Vainqueur ou non, il
restera isolé.
Nous sommes ainsi faits, que nous at-
tachons au scandale une importance
excessive. On s'effraie plus de voir un
homme manquer au devoir, que l'on ne
se réjouit de voir cent mille hommes y
rester ndëles. Il faudrait d'abord se de-
Tnander si la contagion est à craindre.
Un cas d'indiscipline n'est pas nécessai-
rement aussi contagieux qu'un cas de
nëvrejaune. On ne tirera de cet incident
des conclusions alarmantes que si l'on
prouve qu'il trahit un mal largement
répandu et que c'est un signe des temps.
Si c'est en effet un signe des temps que
cet empressement des ultra-radicaux à
porter aux nues un officier ultra-radical,
ce n'est pas l'armée qui est compromise
par là. Il est vrai que tout un parti re-
muant et audacieux se flatte de j eter le dé-
sordre dans l'armée, mais ce n'est pas là
une découverte l'esprit révolutionnaire
n'est pas une nouveauté. On sait où sé-
vit ce néau, et avec quelle intensité. On
connaît les vœux de la démagogie, ses
procédés, ses méthodes jamais ses plans
d'attaque n'ont été tenus secrets. On au-
rait bien pu parier à coup sûr que les
intransigeants hisseraient un Labordère
sur le pavois, s'ils trouvaient un Labor-
dére. La question est de savoir si cette
victime de l'ambition politique excitera
l'envie et provoquera, 1 émulation il e&t
encore permis d'en douter.
Ne laissons donc point notre étonne-
ment dégénérer en uneNroi pusillanime.
~'o~s ferions, inj ure à. l~rméc, si~ nous
supposions qu'une célébrité.dQ ce genre
a't_pour ses chefs des séductions~~M'ésis'
'tables.
Admettons marne q:ujë Labordère
entre au Sénat .est-ce que ses camara-
des vont se preaser en foute sursespas?
Est-.ce que l'antichambre d~ M. Taian*
dier va être encombrée par !ès chefs de
bataillon d'infanterie ? Ust-cë "qae' tpus
les jofAcieM qui, trouvéniLf pincement
trop lent vont se plonger dans l'Étude
des discours de M. Barodet et des pro-
grammes divers du radica!iSmA sEi<:if~
hsté'?" ;r~
'.j 'u.E~b
On -dira que'ce serait chose fuae~te.,
si iesréleetions donnaient une'tl'IbHRè a.
ce révolté: Ea tribune ne'grandit que
ceux qui sontr-grands par~eux-mêïaiM},
Hissez un nain sur un piédestat; il n'en
paraîtra que piuspet'it. Donnez un porte-
voix à un muet, iL ne fera pa~plu~d~
brui4 pour ceîa. Un sot ~M~ dàv~nt
pas habile, parce qu~l' 'de plu~
haut. II n'est pas démontré-qûe M~ La-
bordère soit un orateur, eMes' spéeimèns
qu'il nous a donnés de son style epiato*
laire ne tendent pas à le faire 'passer
pour. :'un 'profond politique. Peut-ôtrs
même, s'ir entrait au Sénat, y serait-H
fort embarrassé et. plus inoSensif qu'on
ne~pense. j.
Ce ne sont pas, les. défections écla-
tantes qui dissolvent les corps fortement
organisés; quel mal le coup de tête de
Lamennais a-t-il fait au clergé catholi*
que? Et pourtant Lamennais était un
écrivain de génie, un polémiste redou-
table, un maréchal de l'Eglise militante.
Non, l'équipée du. commandant La/-
bordère n'est pas le signal d'une déroute,
et la solidité de notre armée n'est pas
compromise pour si peu. Il faudrait pour
l'atteindre des vices plus 'généraux @t
plus profonds, dos fautes.moins ~person-
nelles. Ce qui se passe en ce moment
sous .nos yeux est un scandale et un
ennui ce n'est pas encore un danger.
BEOVaDO
'LES' .r'"
CONFESSIONS BE JEAN-JÂ~MS. WHSS
Quand donc cessera ce tapage?- J
On s'occupe un peu trop de moi.
Tous !esjournaux, à chaque page,
ParIentdeWeiss, messieurs, pourquoi?
Lesunsce)èbrëntmes)ouangts:~
Ce ne sont pas !ës p)us nombreux.
Que m'importe! J'en suis aux.anges!
D'autres me biaguent: c'est af&eux!. j,
.P,UM)a~FM&Mg'Me/tM~, .
'sambert vante montaient:
H méprend les mainsettesbaiM.
t)enestmémeuhpeu.co"ant..
Le sympathique About enrage:'
Ce camarade furibond
Sans pitié m'éreinte et m'outrage, i
H est vindicatif, Edmond)
Jesuisdirecteur,be]!earfair~ s i
J'ai bien été, sous OHivier,
–Mieux que cela –'sous-secrétaire
Du cabinet du Deux-Janvier.
Un jour, Gambetta m'a fait signe
Comme à l'appel de t'Empereur,
Jesuisaccouru,nob)cet digne;
Voi!à ce secret p!ein d'horreur) 1
Que voûtez-vous? Gambetta m'aime; t(\
)t s'épanche dans mon giiet,
Je suis, moi, son autre lui-même,
Au nez de Spu)!er, s'i) vous ptaît
Il est bon enfant, ce gros père;
Te) fut, dit-on, Cadet-Rousse).
Quel grand homme et que! caractera! 3_
C'estun génie universe)!
C'est vrai j'ai traité de betMe
Le régime de monsieur Thiers;
Mais jamais je n'eus la sottise Y
D'oser regarder de travers
La répuNique radicafe,
La république des vainqueurs.
Foin de la presse ctéricafe! > w
Au diable tous les chroniqueurs
Je sais fort bien qu'on insinue
Que je suis dépourvu de chic <,
Et que je manque de tenue
Quand je m'offre aux yeux du public.
Vains propos! Saigné dans ma mise.,
Pour vous donner un démenti,
Je saurai changer de chemise
Aussisouventqxedeparti.
aUST*VEt')HT<
FAUT DU PRESTIGE
Eh bien non, du prestige, it n'en faut
plus. Cela était bon pour les gouverne-
ments d'antan. Le panache a fait son temps~
Le ministère se démocratise celui de !a
marine tout au moins, où M. Gougeard
vient de prendre une mesure qui, en des
temps meilleurs, n'eût certes pas passé ina-
perçue.
Mais durant ces jours maudits où Paris
se répand sur ses boulevards rétrécis par
leurs horribles baraques où les facteurs
épuisés ploient sous le fardeau des petits
cartons qu'on s'ë~tr'adressesous enveloppe
et sous prétexte de civilités'; où les con-
fiseurs vendent trois francs un marron
glacé et les neuristes cent sous une grappe e
de lilas où l'on s'offre, de porte en porte,
des sacs de bonbons voyageurs qui ne sont
guère croqués qu'à leur quatorzième sta-
tion aux alentours, enfin, du renouvelle-
ment de l'année,–qui donc a lu cette petite
note silencieusement parue dans les jour-
naux du ~i décembre:
< Persuadé que les fonctionnaires de son
département puisent leur légitime in-
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taire qui les entoure que dansie dévoue-
& ment et les capacitésdont ils font preuve,
X. le ministre de la marine a décida que dé-
» sormais les postes d'honneur du minis-
tère et des préfectures maritimes se-
» raient supprimés. »
~Les fonctionnaires de son départe-
ment Je ne voudrais pas mettra une
once de zizanie dans ce ministère, où ne
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