Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-11-11
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 novembre 1885 11 novembre 1885
Description : 1885/11/11 (A1,N118). 1885/11/11 (A1,N118).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543253n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'AI.GRH
Première année. — N* 118
DEPW LEGAL
numéro S centime». /t>J Mercredi, 11 novembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ALGÉRIE. ..,
FlANOB
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Ün an
4.50 O 18
O 1* 24
,&r-
ADMINI8TRATI0N ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n* 9, ancien hôtel Bazin.
Toatas les ecmmanicatioss relative* aux an&aoats(Mt et réelaasat rfehmafe* m
Algérie, être adressées à l’ASSNClî EAVAS, boclevard de la
Ma France, les comiaaæieatians sont roçaes savoir ;
A Marszillx, ehex M, Goïtatx ALLARD, roc dn Bacsset, A :
A Paris, cites MM, ÀUDBOURG et G*«. glace de la Bourse, £0.
Kt par leurs cürrespondaitis.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales judiciaires ®t autres exigées pour la validité dsg prooédures et contrats
Alger, le 10 Novembre 1885.
HOÏLMÏIIS
Lorsque nous avons fondé la Dépêche
Algérienne, nous avions pour but de
créer moins un organe politique qu’un
Journal d’informations.
Le vrai journal d’informations,tel qu’il
existe dans toutes les grandes villes de
France, n’a pas d’équivalents en Algé
rie. Nous voulions combler cette lacune,
mais des circonstances peu favorables
nous ont empêché, jusqn’à ce jour, de
réaliser nos intentions.
Nous avons donc ajourné l’exécution
de nos projets jusqu’à l’ouverture des
Chambres, et dès demain, nous trans
formerons complètement la Dépêche,
tant au point de vue de la Rédaction
qu’à celui de l’information.
Un service télégraphique complet
nous permettra de donner à nos lecteurs
un compte rendu détaillé de la Chambre
et du Sénat.
Nous aurons un service spécial pour
les bruits de couloirs, les nouvelles par
lementaires, les informations de toute
nature, venant tant de la France que de
l’étranger.
Nous développerons ensuite avec le
plus grand soin notre service d’informa
tions algériennes, en nous mettant en
relations constantes avec le plus grand
nombre possible de localités. Les sacri
fices que nous ferons pour arriver à
créer le vrai journal d’informations en
Algérie, seront successivement augmen
tés, jusqu’à ce que nous soyons arrivé à
réaliser le type que quelques grandes
villes de France ont déjà réussi à
créer.
Nous sommes convaincus que nos
efforts seront appréciés par le public al
gérien, que nous parviendrons à rap
procher de la métropole en lui faisant
connaître, jour par jour, tout ce qui y
passionne l’opinion publique.
LA RÉDACTION.
A Propos de la Bulgarie
Ou ne peut pas dire que les journaux
d’Alger, y compris la Dépêche Algérienne,
pêchent par ia pénurie des dépêches. Tqus
en ont en grande et très grande quantité.
Mais il faut convenir eue quelques-unes
n’offrent pas un grand intérêt. On vous sert
un peu trop souvent la question bulgare et
quelques autres de même acabit ; les ma
riages de Messieurs les Princes et de Mes
dames les princesses de la famille d’Or
léans.
Je ne dis pas que fà question bulgare soit
absolument indifférente À nos concitoyens
de l’Algérie. Mais personne ne me contre
dit si j’avance qu’elle n’est pas de nature à
passionner les lecteurs des journaux à cinq
centimes. C’est sans la moindre émotion
que nous lisons tous les matins que telle
gnande puissance est favorable au statu
quo ante et que telle autre n’en veut pas
entendre parler.
On préférerait autre chose. Et, en effet,
je n’ai jamais entendu quelqu’un, soit au
Cercle, soit au Oafê, soit au ïnêâtre, de
mander où en étaient les affaires en Bul
garie et si vraiment le statu quo ante avait
chance d’être accepté par la diplomatie eu
ropéenne.
Mais, si la Bulgarie n’intéresse pas outre
mesure le public algérien, on peut ajouter
que les mariages princiers l’agacent de la
' façon la plus désagréable.
Qu’est-ce que cela peùt nous faire que la
fille du duc de Chartres soit devenue prin
cesse royale de Danemarck ? On nous a
appris que M. Kœeiin-Scbwartz et ses ad
joints avaient cru devoir marier cette jeune
princesse avec un cérémonial inusité ; étajt-
il bien nécessaire de nous donner des dé
tails sur cette énorme platitude de trois
magistrats municipaux?
Puisque la fille du duc de Chartres n’a
pas daigné prendre un époux parmi ses
compatriotes ; puisqu’elle n’a pas voulu
rester française, qu’elle devienne doue da
noise et s’en aille à Copenhague et nous
la Isse tranquilles.
Libre aussi à la fille du comte de Paris de
devenir moscovite, et à celle du duc de
Montpensier de se faire espagnole. Je n’y
vois, pour ma part, aucun, mai, il serait
même à désirer que les membres males de
la famille en fissent autant. On ne serait
pas, dans ce cas, dans la nécessité probable
de faire des lois d’expulsion.
Mais à quof bon nous entretenir de tous
ces projets matrimoniaux. Silafamille d’Or
léans voit son crédit se relever auprès des
cours d’Europe, tant mieux pour elle, la
France ne s’en inquiète guère, et si les
amts de cette famille —c’est-à-dire ceux qui
s’intitulent ses serviteurs — veulent en tirer
des consêquenses factieuses, le gouverne
ment républicain saura leur prouver que
nous ne sommes plus au temps où les
mariages princiers avaient une signification
politique.
liormatiflns algériennes
Le 8 novembre, vers trois heures de l’a-
près- midi à Bel-Abbès, le nommé Rottembu-
char, Joseph, né à Besançon, en 1840, et
adjudant de la Légion, s’est fait sauter la
cervelle d’un coup de revolver.
Il a porté sa couverture sur le palier du
4 e étage de la caserne, s’est couché dessus
eus’ebi tué, La mort a été foudroyante.
X
On nous signale un marché d’un millier
de bordelaises passé avant-hier à Bel-Ab
bès entre une importante maison de France
et un de nos grands viticulteurs ; cette af
faire s’est traitée au prix de 30 fraccs l’hec
tolitre.
X
Le centre et le périmètre de colonisation
de Ténira, le douar d’Hamyan et la forêt de
Bou Yctas sont distraits de la commune
mixte de Mekerra (territoire, civil départe
ment d'Oran).
Ces territoires formeront à l’avenir, dans
l’arrondissement de Sidi-bel-Abbés (dépar
tement d'Oran), une commune de plein
exercice distincte dont le chef-lieu est fixé
; à Ténira et qui en portera le nom.
X
Nous apprenons de bonne source qu’une
société hippique est en voie de création à
Tlemcen. Le promoteur de cette idée a re
cueilli en très peu de temps un nombre fort
respectable d’ahdésîons, et la Société ser©
bientôt eonsiiiuée définitivement.
X
Samedi matin, la dernière fraction du 2*
bataillon du 3’ régiment de tirailleurs algé
riens, venant de Bordj-bou-Arréridj, est ar-,
rivé à Constantine.
X
Une Compagnie anglo-américaine vient
de traiter avec la Compagnie du Mokta-eK
Hadid pour la livraison de 90,000 tonnes d©
minerai à transporter en Angleterre et en
Amérique.
Cette nouvelle est d’autant plus importan
te quelle va assurer au mouvement du port
de Bôae, un affiêiemeutd t plus de soixante*
dix bateaux à vapeur pour effectuer ce
transport.
Un premier vapeur, le St-Andrews-Bay
effectue déjà son chargement dans ce port,
X
Par décision du ministre de la guerre, M,
Fontebride, lieutenant-colonel au 8t* régi
ment d infanterie, a été désigné pour eccu*
per l’emploi de commandant supérieur det
cercle de Tébessa, en remplacement de M.
le lieutenant-colonel Sénart, promu colonel
et rentré en France.
X
Par décision du Gouverneur général, M„
Heymaan, capitaine d infanterie hors ca*
dres, chef du bureau arabe de Biskra, est,
nommé 2 e adjoint à la section des affaires
indigènes de i’état-major de la division de
Constantine, en remplacement de M. le ca
pitaine Beiin, appelé à d’autres fonctions.
M Belin, capitaine d’infanterie hors ca
dres, 2 e adjoint à la section des affaires in
digènes de l’état-major de la division d©
Constantine, est nommé chef du bureau
arabe de Biskra, en remplacement de M. le
capitaine Heymann, appelé à d’autres fonc
tions.
leThylloxéra
I
Un des agronomes les plus en vue de la
provitiçe de Constantine nous a adressé un
travail sur le Phylloxéra.
Tout en laissant à l’auteur de ce travail
la responsabilité des idées émises, nous pu^
blions avec plaisir cette étude des plus ori
ginales qui jette un jour nouveau sur cett©
importante question du Phylloxéra :
Les vignobles de l’Algérie viennent d’êtr©
atteints par le Phylloxéra à Tlemcen et A
Bel-Abbès.
L’historique de cette nouvelle maladie de*
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 4i.
LES
PAR
L mm et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
— Puisque vous le voulez absolument.
L’après-midi de ce jour, un coupé attelé
an poste conduisait le capitaine Cressin
E rendre le chemin de fer à la station de
oudéac.
Quand Suzanne, qui était à la fenêtre' vit
la voiture disparaître au bout de l’allée de
chênes séculaires qui donnait accès à Tré-
meur :
— Enfin 1 dit-elle avec un soupir de sou
lagement, en lui montrant le poipg avec une
joie féroce.
XXII
OU SUZANNE TRIOMPHE
Suzanne n’avait pas été la seule à désirer
(1) Xofroduetlon IntordlU» au joaraeu ««1 ■’oel
-«MtnMmeUSeelMédwSeudeUUNf.
le départ du capitaine et à en être satis
faite.
Cressin, sec, cassant, insolent pour les pe
tits et les faibles, était vite devenu un objet
d’horreur pour toute la livrée de Trémeur.
Alain, le valet de chambre si doux, si poli,
si serviable et si facile à vivre, avait Tui-
même été l’objet des grossièretés de l’iras
cible capitaine.
Quant à Penhoël, le vieux piqueur, on a
vu, au débat de ce récit, quelle aversion il
professait pour Cressin. aversion que, mal
gré les conseils d’Alain, il ne se donnait pas
la peine de dissimuler.
Quelques instants avant le départ du ca
pitaine, tandis que Suzanne, accoudéesur la
batustre de la galerie, suivait de l’œil le
coupé, qui, au galop de deux postiers, allait
emporter Cressin et la rendre libre, une
scène mouvementée et typique se passait
dans la cour du château.
A peine les ordres avaient-ils été donnés
de tenir un coupé attelé à la disposition du
capitaine, que le bruit de son départ courut
débouché en bouche, des cuisines à l’écurie,
en passant par l’antichambre. M. Cressin
partait ; M. Cressin allait prendre le chemin
de fer, et c’était des mines, des rires conte
nus, des félicitations !...
— Il aura fini par être insolent avec notre
seigneur, se disaient ces braves gens, et on
lui aura donné son congé à son tour, lui
qui le faisait donner si facilement aux au
tres.
— C’est-y pour le sûr et pour le certain
qu’il ne reviendra pas ici, demandait La-
bran chet, un jeune valet de chiens méfiant
et futé.
— Si, non, si, répétèrent les cochers, les
gâte-sauces, les hommes d’écurie et les la
veuses de vaisselle, qui ne pouvaient pas
plus que le reste des gens sentir ie capi
taine.
A ce moment Alain apparut sur le per
ron.
— Ah ! voilà M. Alain ! M. Alain, pour
sûr, doit savoir à quoi s’en tenir, mais il ne
dira rien, il est discret comme la tombe.
— Dites donc, père Penhoël, fit Labran-
cbet, vous qu’êtes au mieux avec M. Alain,
si vous l’interrogiez, pas vrai, il vous dirait
p’t’ôtre bien ce qu’il en retourne.
Penhoël ne demandait pas mieux. Il s’a
vança vers le vieux valet de chambre, son
vieux compagnon, en lui disant à mi-voix :
— Dites donc, monsieur Alain, les gar
çons et Iss filles de l’office voudraient savoir
comme ça si c’est bien vrai que le capitaine
y part pour de bon. Notre seigneurvous l’a-
t’y dit?
Alain jeta un regard investigateur autour
de lui et répondit :
— Oui, Penhoël, il s’en va. Il a donné à
monsieur le duc sa démission ; il s’en va
pour tout à fait. C’est monsieur lui-même
qui me l’a dit tout à l’henre.
— Alors, ça y est, fit le vieux piqueur, et
son visage s’éclaira d'une joie parfaite.
II revint annoncer à tous la bonne nou
velle, et les garçons et filles échangèrent
force bourrades, à la façon bretonne, pour
s’empôshèr mutuellement de pousser des
acclamations d'allégresse. Seuls les groomss
anglais paraissaient consternés au milieu de
toute cette joie : ils comprenaient que leur
unique soutien allait leur faire défaut.
Lorsque le coupé arrondit sa courbe de~
vant le perron pour prendre le capitaine*
qui venait d’apparaître sur la plate-forme*,
Cressin jeta un ‘ regard haineux et féroce
sur la foule des domestiques qui, groupés.,
dans un coin de la cour, assistaient à s©
retraite. La joie était peinte sur tous les vi
sages, il était obligé de le reconnaître.
— Canaille, murmura-t-il entre ses dentsî
ça s’assure si je ne fais pas un faux départ.
Le coupé l’emporta sans un salut, sans
un adieu, sans un : au revoir !
— Maintenant les Goddem, fit Penhoël eu,
regardant les grooms anglais de travers, il
va falloir marcher droit et ne pas faire les
malins.
Et le piqueur entonna une fanfare, à la—,
quelle Ramoneau, du fond de son chenil^,
répondit par un joyeux hurlement, comme
si ie vieux Jimier eût compris que son en
nemi venait de s’éloigner pour toujours.
— Et madame Suzanne, demanda un©’
femme de chambre, elle reste, elle?
Ab ! dit Alain, ce n’est jamais moi quï
réclamerai son départ ; elle est douce, ell©
est bonne, elle est charmante pour le paavr©
monde ; c’est tout l’opposé de son frère v
C’est elle qui n’est pas dure pour les do*
mestiques !
(A suivre.)
*
Première année. — N* 118
DEPW LEGAL
numéro S centime». /t>J Mercredi, 11 novembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ALGÉRIE. ..,
FlANOB
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Ün an
4.50 O 18
O 1* 24
,&r-
ADMINI8TRATI0N ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n* 9, ancien hôtel Bazin.
Toatas les ecmmanicatioss relative* aux an&aoats(Mt et réelaasat rfehmafe* m
Algérie, être adressées à l’ASSNClî EAVAS, boclevard de la
Ma France, les comiaaæieatians sont roçaes savoir ;
A Marszillx, ehex M, Goïtatx ALLARD, roc dn Bacsset, A :
A Paris, cites MM, ÀUDBOURG et G*«. glace de la Bourse, £0.
Kt par leurs cürrespondaitis.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales judiciaires ®t autres exigées pour la validité dsg prooédures et contrats
Alger, le 10 Novembre 1885.
HOÏLMÏIIS
Lorsque nous avons fondé la Dépêche
Algérienne, nous avions pour but de
créer moins un organe politique qu’un
Journal d’informations.
Le vrai journal d’informations,tel qu’il
existe dans toutes les grandes villes de
France, n’a pas d’équivalents en Algé
rie. Nous voulions combler cette lacune,
mais des circonstances peu favorables
nous ont empêché, jusqn’à ce jour, de
réaliser nos intentions.
Nous avons donc ajourné l’exécution
de nos projets jusqu’à l’ouverture des
Chambres, et dès demain, nous trans
formerons complètement la Dépêche,
tant au point de vue de la Rédaction
qu’à celui de l’information.
Un service télégraphique complet
nous permettra de donner à nos lecteurs
un compte rendu détaillé de la Chambre
et du Sénat.
Nous aurons un service spécial pour
les bruits de couloirs, les nouvelles par
lementaires, les informations de toute
nature, venant tant de la France que de
l’étranger.
Nous développerons ensuite avec le
plus grand soin notre service d’informa
tions algériennes, en nous mettant en
relations constantes avec le plus grand
nombre possible de localités. Les sacri
fices que nous ferons pour arriver à
créer le vrai journal d’informations en
Algérie, seront successivement augmen
tés, jusqu’à ce que nous soyons arrivé à
réaliser le type que quelques grandes
villes de France ont déjà réussi à
créer.
Nous sommes convaincus que nos
efforts seront appréciés par le public al
gérien, que nous parviendrons à rap
procher de la métropole en lui faisant
connaître, jour par jour, tout ce qui y
passionne l’opinion publique.
LA RÉDACTION.
A Propos de la Bulgarie
Ou ne peut pas dire que les journaux
d’Alger, y compris la Dépêche Algérienne,
pêchent par ia pénurie des dépêches. Tqus
en ont en grande et très grande quantité.
Mais il faut convenir eue quelques-unes
n’offrent pas un grand intérêt. On vous sert
un peu trop souvent la question bulgare et
quelques autres de même acabit ; les ma
riages de Messieurs les Princes et de Mes
dames les princesses de la famille d’Or
léans.
Je ne dis pas que fà question bulgare soit
absolument indifférente À nos concitoyens
de l’Algérie. Mais personne ne me contre
dit si j’avance qu’elle n’est pas de nature à
passionner les lecteurs des journaux à cinq
centimes. C’est sans la moindre émotion
que nous lisons tous les matins que telle
gnande puissance est favorable au statu
quo ante et que telle autre n’en veut pas
entendre parler.
On préférerait autre chose. Et, en effet,
je n’ai jamais entendu quelqu’un, soit au
Cercle, soit au Oafê, soit au ïnêâtre, de
mander où en étaient les affaires en Bul
garie et si vraiment le statu quo ante avait
chance d’être accepté par la diplomatie eu
ropéenne.
Mais, si la Bulgarie n’intéresse pas outre
mesure le public algérien, on peut ajouter
que les mariages princiers l’agacent de la
' façon la plus désagréable.
Qu’est-ce que cela peùt nous faire que la
fille du duc de Chartres soit devenue prin
cesse royale de Danemarck ? On nous a
appris que M. Kœeiin-Scbwartz et ses ad
joints avaient cru devoir marier cette jeune
princesse avec un cérémonial inusité ; étajt-
il bien nécessaire de nous donner des dé
tails sur cette énorme platitude de trois
magistrats municipaux?
Puisque la fille du duc de Chartres n’a
pas daigné prendre un époux parmi ses
compatriotes ; puisqu’elle n’a pas voulu
rester française, qu’elle devienne doue da
noise et s’en aille à Copenhague et nous
la Isse tranquilles.
Libre aussi à la fille du comte de Paris de
devenir moscovite, et à celle du duc de
Montpensier de se faire espagnole. Je n’y
vois, pour ma part, aucun, mai, il serait
même à désirer que les membres males de
la famille en fissent autant. On ne serait
pas, dans ce cas, dans la nécessité probable
de faire des lois d’expulsion.
Mais à quof bon nous entretenir de tous
ces projets matrimoniaux. Silafamille d’Or
léans voit son crédit se relever auprès des
cours d’Europe, tant mieux pour elle, la
France ne s’en inquiète guère, et si les
amts de cette famille —c’est-à-dire ceux qui
s’intitulent ses serviteurs — veulent en tirer
des consêquenses factieuses, le gouverne
ment républicain saura leur prouver que
nous ne sommes plus au temps où les
mariages princiers avaient une signification
politique.
liormatiflns algériennes
Le 8 novembre, vers trois heures de l’a-
près- midi à Bel-Abbès, le nommé Rottembu-
char, Joseph, né à Besançon, en 1840, et
adjudant de la Légion, s’est fait sauter la
cervelle d’un coup de revolver.
Il a porté sa couverture sur le palier du
4 e étage de la caserne, s’est couché dessus
eus’ebi tué, La mort a été foudroyante.
X
On nous signale un marché d’un millier
de bordelaises passé avant-hier à Bel-Ab
bès entre une importante maison de France
et un de nos grands viticulteurs ; cette af
faire s’est traitée au prix de 30 fraccs l’hec
tolitre.
X
Le centre et le périmètre de colonisation
de Ténira, le douar d’Hamyan et la forêt de
Bou Yctas sont distraits de la commune
mixte de Mekerra (territoire, civil départe
ment d'Oran).
Ces territoires formeront à l’avenir, dans
l’arrondissement de Sidi-bel-Abbés (dépar
tement d'Oran), une commune de plein
exercice distincte dont le chef-lieu est fixé
; à Ténira et qui en portera le nom.
X
Nous apprenons de bonne source qu’une
société hippique est en voie de création à
Tlemcen. Le promoteur de cette idée a re
cueilli en très peu de temps un nombre fort
respectable d’ahdésîons, et la Société ser©
bientôt eonsiiiuée définitivement.
X
Samedi matin, la dernière fraction du 2*
bataillon du 3’ régiment de tirailleurs algé
riens, venant de Bordj-bou-Arréridj, est ar-,
rivé à Constantine.
X
Une Compagnie anglo-américaine vient
de traiter avec la Compagnie du Mokta-eK
Hadid pour la livraison de 90,000 tonnes d©
minerai à transporter en Angleterre et en
Amérique.
Cette nouvelle est d’autant plus importan
te quelle va assurer au mouvement du port
de Bôae, un affiêiemeutd t plus de soixante*
dix bateaux à vapeur pour effectuer ce
transport.
Un premier vapeur, le St-Andrews-Bay
effectue déjà son chargement dans ce port,
X
Par décision du ministre de la guerre, M,
Fontebride, lieutenant-colonel au 8t* régi
ment d infanterie, a été désigné pour eccu*
per l’emploi de commandant supérieur det
cercle de Tébessa, en remplacement de M.
le lieutenant-colonel Sénart, promu colonel
et rentré en France.
X
Par décision du Gouverneur général, M„
Heymaan, capitaine d infanterie hors ca*
dres, chef du bureau arabe de Biskra, est,
nommé 2 e adjoint à la section des affaires
indigènes de i’état-major de la division de
Constantine, en remplacement de M. le ca
pitaine Beiin, appelé à d’autres fonctions.
M Belin, capitaine d’infanterie hors ca
dres, 2 e adjoint à la section des affaires in
digènes de l’état-major de la division d©
Constantine, est nommé chef du bureau
arabe de Biskra, en remplacement de M. le
capitaine Heymann, appelé à d’autres fonc
tions.
leThylloxéra
I
Un des agronomes les plus en vue de la
provitiçe de Constantine nous a adressé un
travail sur le Phylloxéra.
Tout en laissant à l’auteur de ce travail
la responsabilité des idées émises, nous pu^
blions avec plaisir cette étude des plus ori
ginales qui jette un jour nouveau sur cett©
importante question du Phylloxéra :
Les vignobles de l’Algérie viennent d’êtr©
atteints par le Phylloxéra à Tlemcen et A
Bel-Abbès.
L’historique de cette nouvelle maladie de*
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 4i.
LES
PAR
L mm et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
— Puisque vous le voulez absolument.
L’après-midi de ce jour, un coupé attelé
an poste conduisait le capitaine Cressin
E rendre le chemin de fer à la station de
oudéac.
Quand Suzanne, qui était à la fenêtre' vit
la voiture disparaître au bout de l’allée de
chênes séculaires qui donnait accès à Tré-
meur :
— Enfin 1 dit-elle avec un soupir de sou
lagement, en lui montrant le poipg avec une
joie féroce.
XXII
OU SUZANNE TRIOMPHE
Suzanne n’avait pas été la seule à désirer
(1) Xofroduetlon IntordlU» au joaraeu ««1 ■’oel
-«MtnMmeUSeelMédwSeudeUUNf.
le départ du capitaine et à en être satis
faite.
Cressin, sec, cassant, insolent pour les pe
tits et les faibles, était vite devenu un objet
d’horreur pour toute la livrée de Trémeur.
Alain, le valet de chambre si doux, si poli,
si serviable et si facile à vivre, avait Tui-
même été l’objet des grossièretés de l’iras
cible capitaine.
Quant à Penhoël, le vieux piqueur, on a
vu, au débat de ce récit, quelle aversion il
professait pour Cressin. aversion que, mal
gré les conseils d’Alain, il ne se donnait pas
la peine de dissimuler.
Quelques instants avant le départ du ca
pitaine, tandis que Suzanne, accoudéesur la
batustre de la galerie, suivait de l’œil le
coupé, qui, au galop de deux postiers, allait
emporter Cressin et la rendre libre, une
scène mouvementée et typique se passait
dans la cour du château.
A peine les ordres avaient-ils été donnés
de tenir un coupé attelé à la disposition du
capitaine, que le bruit de son départ courut
débouché en bouche, des cuisines à l’écurie,
en passant par l’antichambre. M. Cressin
partait ; M. Cressin allait prendre le chemin
de fer, et c’était des mines, des rires conte
nus, des félicitations !...
— Il aura fini par être insolent avec notre
seigneur, se disaient ces braves gens, et on
lui aura donné son congé à son tour, lui
qui le faisait donner si facilement aux au
tres.
— C’est-y pour le sûr et pour le certain
qu’il ne reviendra pas ici, demandait La-
bran chet, un jeune valet de chiens méfiant
et futé.
— Si, non, si, répétèrent les cochers, les
gâte-sauces, les hommes d’écurie et les la
veuses de vaisselle, qui ne pouvaient pas
plus que le reste des gens sentir ie capi
taine.
A ce moment Alain apparut sur le per
ron.
— Ah ! voilà M. Alain ! M. Alain, pour
sûr, doit savoir à quoi s’en tenir, mais il ne
dira rien, il est discret comme la tombe.
— Dites donc, père Penhoël, fit Labran-
cbet, vous qu’êtes au mieux avec M. Alain,
si vous l’interrogiez, pas vrai, il vous dirait
p’t’ôtre bien ce qu’il en retourne.
Penhoël ne demandait pas mieux. Il s’a
vança vers le vieux valet de chambre, son
vieux compagnon, en lui disant à mi-voix :
— Dites donc, monsieur Alain, les gar
çons et Iss filles de l’office voudraient savoir
comme ça si c’est bien vrai que le capitaine
y part pour de bon. Notre seigneurvous l’a-
t’y dit?
Alain jeta un regard investigateur autour
de lui et répondit :
— Oui, Penhoël, il s’en va. Il a donné à
monsieur le duc sa démission ; il s’en va
pour tout à fait. C’est monsieur lui-même
qui me l’a dit tout à l’henre.
— Alors, ça y est, fit le vieux piqueur, et
son visage s’éclaira d'une joie parfaite.
II revint annoncer à tous la bonne nou
velle, et les garçons et filles échangèrent
force bourrades, à la façon bretonne, pour
s’empôshèr mutuellement de pousser des
acclamations d'allégresse. Seuls les groomss
anglais paraissaient consternés au milieu de
toute cette joie : ils comprenaient que leur
unique soutien allait leur faire défaut.
Lorsque le coupé arrondit sa courbe de~
vant le perron pour prendre le capitaine*
qui venait d’apparaître sur la plate-forme*,
Cressin jeta un ‘ regard haineux et féroce
sur la foule des domestiques qui, groupés.,
dans un coin de la cour, assistaient à s©
retraite. La joie était peinte sur tous les vi
sages, il était obligé de le reconnaître.
— Canaille, murmura-t-il entre ses dentsî
ça s’assure si je ne fais pas un faux départ.
Le coupé l’emporta sans un salut, sans
un adieu, sans un : au revoir !
— Maintenant les Goddem, fit Penhoël eu,
regardant les grooms anglais de travers, il
va falloir marcher droit et ne pas faire les
malins.
Et le piqueur entonna une fanfare, à la—,
quelle Ramoneau, du fond de son chenil^,
répondit par un joyeux hurlement, comme
si ie vieux Jimier eût compris que son en
nemi venait de s’éloigner pour toujours.
— Et madame Suzanne, demanda un©’
femme de chambre, elle reste, elle?
Ab ! dit Alain, ce n’est jamais moi quï
réclamerai son départ ; elle est douce, ell©
est bonne, elle est charmante pour le paavr©
monde ; c’est tout l’opposé de son frère v
C’est elle qui n’est pas dure pour les do*
mestiques !
(A suivre.)
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