Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-11-10
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 novembre 1885 10 novembre 1885
Description : 1885/11/10 (A1,N117). 1885/11/10 (A1,N117).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5432529
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
prëfegtukk
DEPOT
D'AI.iiËR
LEGAL
Première année. — N* 117
Le miméro t> cMvvxttnrwei*
Mardi, 10 novembre 1885.
JOUFtNÂl POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six
mois
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Algérie...
France....
4.5 Q ©
6 18
18
84
Rae de la Marine, n
• 9, ancien hôtel Bazin.
Toute» le» «ommoaicatioa* relative* *sx at réelaesas âtfvtov •&?
Algérie, être adressées à i’AGENCE HAVAS, boulevard de la Rspablifo*,. Al£«î
Se France, les eommonicâtioss sont remues savoir :
A Maksiilu, chez M. Gsstays ALLARD, rae du Bausseï, 4 ;
A Pabis, chez MM. ÀUDBOURS et G 1 *, place de la Bourse, 40,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion, des annonces léjçaloR. judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 9 Novembre 1885.
A quelques jours d’intervall» de l’ouver
ture de la session du Parlement, aura lieu
l’ouverture de la session du Conseil supé
rieur de l’Algérie. Sans doute, aucune com
paraison ne saurait être faite entre la Cham
bre, où vont se jouer les destinées de la
France, et le simple Conseil consultatif de
l’Algérie. . . ■
Toutefois, ce dernier est loin de mfnter le
mépris dans lequel il est tenu par certaines
personnes. C’est, au contraire, un rouage
qui répond parfaitement aux besoins actuels
du pays, qui a déjà rendu et rendra encore
bien des services.
Cette Assemblée ne donne, il est vrai, que
des avis, des conseils, que le gouverneur
n’est pas tenu de suivre. Mais, outre que,
dans la plupart des cas, l’accord se fait entre
l’autorité et les membres du Conseil, sa
réunion annuelle donne aux trois départe
ments l’occasion d’émeltre leur opinion sur
la question générale intéressant le pays et,
en mettant les délégués en présence des
ehefs de tous les services, elle permet aux
uns et aux autres d’élucider à fond des
points nombreux qui, sans ce contact, n’a
boutiraient pas toujours aux solutions dé
sirées.
Il suffit de parcourir les volumes des déli
bérations pour constater que nous sommes
absolument dans la vérité.
Le Conseil supérieur est aussi une puis
sante école administrative à laquelle se for
ment les mandataires de l’Algérie, mieux et
plus vite qu’ils ne pourront le faire partout
ailleurs.
Enfin l’excellent usage de faire coïncider
l’ouverture de cetie assemblée avec une bro
chure indiquant les progrès réalisés et les
projets en préparation, et fournissant à la
discussion de précieux éléments, suffirait
seule à justifier l’ouverture du conseil su
périeur.
Si la suppression est poursuivie par l’école
qui voudrait voir se réaliser d’un coup l’as
similation à la France, en revanche, il en
est une autre qui demande pour cette assem
blée de nouvelles prérogatives, une exten
sion d’attribution, et même une certaine au
tonomie; nous ne sommes pas de cejjx-là.
Parmi les réformes réclamées viennent en
première ligne l’élimination de l’élément
fonctionnaire et l’augmentation du nombre
dés autres membres, non plus désignés dans
leur sein par les Conseils généraux, mais
élus directement.
Quelques-uns admettent cependant la pré
sence des chefs de service, mais avec voix
consultative seulement.
Bien que les chambres soient ultérieure
ment appelées à sanctionner les votes de
cëtte assemblée, ce serait en résumé un par
lement au petit pied que posséderait l’Algé
rie, institution pleine de dangers en raison
des conflits incessants qu'elle créerait bien
tôt avec le,grand Parlement français et aussi
avec le gouvernement local.
D'autre part, nous ne voyons guère ce que
l’on aurait à gagner à la suppression de
l’élément fonctionnaire ou à la diminution
de son rôle.
Un des grands mérites du Conseil supé
rieur est, au contraire, l'a réunion sous la
présidence du Gouverneur général, de tou -
tes les compétences, réunion qui, comme
nous l’avons dit plus haut, permet d’étudier
à fond et d’élucider toutes les questions tou
chant les intérêts généraux du pays.
Vainement, d’aMIeurs, prétendrait-on que
l’élément fonctionnaire, son aveuglement,
les idées do Gouverneur fissent échec à l’é
lément élu. Les faits contredisent absolu
ment cette allégation.
Une seule chose serait à désirer, c’est que
le Parlement tienne plus compte qu’il ne le
fait des vœux émis par cette assemblée et,
à ce propos, il nous sembla toujours regret
table que, comme la proposition en avait
été faite, les représentants de l’Algérie
n’aient pas leur entrée au Conseil supé
rieur. Ils auraient, en effet, formé un trait
d’union entre lui et les Chambres profitable
à nos intérêts.
Nous savons bien que tel ne peut être l’a
vis des hommes qui rêvaient d’envoyer à
Paris des représentants hostiles au gouver
nement général ; mais nous estimons, nous,
que loin d’être nuisible à l’Algérie, une par
faite communauté de vues entre le Gouver
neur d’une part, la représentation et le Con
seil supérieur de l’autre, constitue la plus
puissant moyen d’action que nous puissions
exercer en France sur l’opinion publique.
Des Modifications
A apporter à la loi du 2\ mars 1883 ,
sur les mesures à prendre contre l in
vasion et la propagation du Phylloxéra
en Algérie.
La législation spéciale dont a été dotée
l’Algérie pour la défense de ses vignobles
contre le Phylloxéra, dit l ’Algérie agricole ,
est considérée, en général, comme excel
lente et comme devant assurer l’avenir vi
ticole de ce pays.
Avant tout, par use surveillance sévère à
la frontière, on cherche à prévenir l’inva
sion du mai. Vient-il, malgré les précau
tions prises, à se déclarer quand môme,
grâce à des mesures énergiques qu’une loi
seule pouvait autoriser, le mal est étouffé
dans son berceau. Prévenir d’abord l’appa
rition du fléau, sacrifier ensuite les vigno
bles reconnus contaminés, tel est le système
de défense instituée par la loi du 21 mars
1883-
Cependant, dans l’application qui eu a été
faite au cours de la dernière campagne, ces
mesures de protection et de défense ont ré
vélé certaines imperfections que l’expérience
seule pouvait mettre en évidence. C’est à
l’usage seulement que l’ouvrier reconnaît
les défauts de son outil.
Aujourd’hui nous ne parlerons que de la
nécessité de créer entre tous les viticulteurs
une caisse commune pour assurer l’inspec
tion annuelle des vignobles.
Afin de pouvoir étouffer le fléau dès sa
première apparition, avant qu’il ait pu s'é
tendre et se disséminer de toutes parts, il
était necessaire de faire visiter chaque an
née les vignobles et de découvrir les pre
mières taches qui se manifesteraient. En
traitant les premiers points contaminés, les
sacrifices à faire seront moins considé-
bles : iis sont aussi plus efficaces. Car ce
n’est qu’au début du mai que l’on peut es
pérer s’eu rendre maître. Si l’on différait
quelque peu, il serait trop tard et l’ou se
trouverait dans la situation du vigneron
français qui lutte contre le fléau sans arri
ver à s’en défendre.
D'après l’art. 8 de la loi, les frais de ces
visites annuelles doivent être supportés par
les communes pour lesquelles ces dépenses
sont obligatoires. C’est une charge de plus
qui grève le budget communal dont les
ressources sont si modiques, comme l’ou
sait, et qui même ee solderait souvent eu
déficit, n’était l’appoint des subventions ex
traordinaires.
D’abord, est-il absolument équitable, sur
tout dans les centres viticoles peu impor
tants, de faire supporter à collectivité
des habitants de la commune des dépenses
imposées dans l’intérêt d'un certain nombre
d’entre eux?
Avec le système actuel, il arriva que daus
bien des communes,par esprit d’économie mal
comprise, et vu la modicité des ressources,
les maires confient la visite annuelle des
vignobles à qui veut bien s’en charger à
prix réduit, quelquefois aux gardes-cham-
pôtres, et ne tiennent pas un plus grand
compte des prescriptions de la loi qui veut
que l’inspection des vignes soit faite par un
expert, c’est-à-dire par un homme ayant
une compétence spéciale. Toute autre per
sonne ne nous inspire aucune confiance, car
nous savons par expérience avec quelle légè*
reté certains vignerons déterminent à pre
mière vue et d’autorité la cause du dépéris
sement qu’ils constatent dans une vigne*
Imbus souvent de cette idée préconçue que
le phylloxéra ne doit pas exister dans les
vignobles qu’ils visitent, ils rapportent tou
jours de parti-pris à une toute autre cause
les symptômes maladif* qu’ils observent.
Pour s’assurer le service d’hommes corn-.
pétents, il est indispensable de créer une
caisse spéciale destinée au paiement des
frais d’inspection des vignobles, caisse qui
serait alimentée per une cotisation modique
payée par chaque vigneron au prorata de
l'étendue de ses cultures.
C’est du reste le système qui est suivi eu
Suisse, le pays classique de la lutte contre
le phylloxéra.
Par l’article 10 du décret du 29 mai 1878,
le grand Conseil du canton de Vaud imposa
aux viticulteurs l’obligation de contribuer
pour une part aux frais qu’entraînent les
travaux de défense contre le phylloxéra. Cet
article, dans sa première partie, est ainsi
conçu :
« A partir la promulgation de la pré«
sente loi,Chaque propriétaire fera annuelU-
ment une avance de 25 centimes par mille
francs de la valeur cadastrale de ses
vignes. »
A plusieurs reprises déjà, diverses socié
tés agricoles ont émis le vœu de voir appli—
quer en Algérie le système inauguré par la
Suisse. Une telle mesure serait favorable
ment accueillie dans ie monde viticole, car
dans ce pays la confiance dans l’avenir de
la viticulture algérienne est telle qu’il n’y a
pas un seul vigneron qui se refuserait k
payer une cotisation môme assez lourde*
à la condition d’être prémuni contre l’inva
sion phylioxérique.
Dans sa séance du 18 juillet dernier, la
Société d’agriculture émettait le vœu qu’une
loi fût votée pour l’institution d’une caisse
spéciale, dite du phylloxéra, alimentée par
une taxe frappant la superficie du vignoble
algérien d’environ cinq francs par hectare,
mais dont le chiffre pourra varier suivant
les besoins et sera déterminé chaque année
par arrêté de M, le Gouverneur général.
Dans l'assemblée générale et extraordi
naire du 13 août dernier, ie Syndicat des
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N* 40.
L il&COT et G. PR&DEL (1)
PREMIERE PARTIE
LES deux testaments
— Tu es fou, Amato, dit-elle, je ne t’ai
jamais vu ainsi. Et ne m’as-tu pas toujours
trouvée à tes côtés, n’ai-je pas été obéissan
te à tes caprices ? Oui, j en conviens, cette
conquête de millions m’absorbe. Que veux-
tu, je ne vois que le but, le port. Je ne vois
que la fortune à conquérir. C’est devenu
mon idée fixe. Mais à qui en estfla faute ? A
toi,à toi qui m’as lancée dans cette aventure!
N’est-ce pas toi qui m’as appelée ? N’est-ce
pas toi qui m'as indiqué ce coup superbe à
tenter ?
— Oui, oui, je sais tout cela.
ELle ie regarda alors droit en face, avec
des yeux si beaux et si tendres quand ils
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
ru traité avec la Société de* Gens de Lettre*.
voulaient s’en donner la peine, que le capi
taine subjugué finit par lui dire en la quit
tant :
— O’est bien ! j’annoncerai demain à M.
de Trémeur que je veux partir.
Le duc de Trémeur se promenait sous
une charmille, le lendemain de cette expli
cation entre Gressin et Suzanne.
Grave, avec ce regard vague et triste qui
depuis quelque temps s’était accentué da
vantage encore, il marchait à pas lents, se
retournaut parfois du côté du château pour
apercevoir les fenêtrès de l’appartement de
la jeune femme, et peut-être espérant l’en
trevoir elie-même.
A la place de Suzanne, ce fut le capitaine
qu’il aperçut venant droit à lui. Depuis
quelque temps, M. de Trémeur fuyait Gres
sin. Dans ce vaste domaine, au milieu de
ces jardins, de ce parc, dans ce château
immense, on pouvait vivre les uns à côté
des autres sans jamais se rencontrer. Le
duc cherchait depuis longtemps déjà à évi
ter le capitaine toutes les fois que cela lui
était possible. Plus de visites matinales aux
écuries, plus d’attelages commandés pour
mener à deux ou à quatre dans les grandes
lignes de la ferêtde Trémeur.
Sitôt que le duc apercevait ce cher Cres-
siu, il devenait embarrassé ; une légère
rougeur lui montait aux joues, sou regard
errait sans jamais reucontrer celui du c
taine; et il s’éloignait après l’avoir 8
d’un geste de la main.
En proie à une passion' dont l’ardeur é
par son rilô e douleur cuisante, la vue
de Gressin devenait pour ie duc un vivant
et constant reproche.
Ce vieillard sensible et naïf avait conservé
des candeurs d’enfant ; il croyait à ce frère
le droit de venir lui demander compte des
sentiments qu’il éprouvait pour Suzanne ; il
craignait surtout qu’un jour il ce le vît se
dresser tout d un coùp menaçant devant lui
en lui disant :
— Monsieur le duc, l’honneur nous com
mande de partir.
Et pour lui ce départ, c’eût été le coup de
la mort. La préssnca de Suzanne lui était
devenue indispensable comme l’air qu’on
respire, comme l’eau que l’on boit. Oui,
c’eût ôté le coup mortel. Aussi, comme un
enfant auquel on refuse ce qu’il désire, ré
pétait- i 1 mentalement, sans avoir conscien
ce de ce qu’il pouvait dire :
— Laissez-la moi, laissez-la moi, pen
dant le peu de temps qui me reste à vivre.
Lorsque M. de Trémeur aperçut le capi
taine, il était trop tard pour battre en re
traite, la faite eût été trop évidente ; il y
aurait eu affectation à se retirer. L’air dur,
le sourcil froncé, Cressin s’avançait d’un pas
sec, comme un homme qui vient de prendre
une décision irrévocable.
Le duc, comme tous les gens faibles lors-
; ils sont accusés, devint froid et calme ;
le entilhomme reparaissait ; prêt â tout,
passible, malgré les cahotements désor-
nés de son cœur, il s’arrêta et attendit
• . ,»sin. -
Oelai-cl, à trois pas, salua profondément
le duc sans quitter s@n air furibond, pat
d’un ton rogue :
— Je vous prie, monsieur le duc, de voue»
loir bien m’accorder un moment d’entre
tien.
Nous y voilà 1 pensa M. dé Trémeur, qui.
s’inclina en signe d’acquiescement.
— Je vous apporte ma démission, mon
sieur le duc.
Le capitaine empoignait carrément le tan*,
reau par les cornes. Mais une chose déplut,
au duc, dont le naturel, malgré un grandi
fond de placidité et de douceur, était de
meuré très violent. Cressin, comme il arri-*-
ve parfois à certains acteurs de talent, avait
dépassé la note S’il était arrivé auprès d®
M. de Trémeur ayant l’air d être frappé par
un profond chagrin, touché au coeur, com
me un homme sûr de lui, qui est frappé
dans son honneur ou celui des siens, le duc
se serait trouvé, bon gré malgré, sous la;
coup d uh embarras réel.
Mais ie capitaine Cressin avait ra d pré
paré son rôle. Celui qni venait au duc n’é
tait pas un être peiné, blessé ; c’était un es
pèce de matamore, un redomonf. Cressiot
était, malgré son cosmopolitisme, demeuré
profondément Italien, et c’était bien un per
sonnage de la comédie italienne qui venait
d’entrer sous la charmille, quelque choses
flottant entre la doua Tartagiia et le capi
taine Coeodrillo.
Le duc se fût montré trè - coulant devant
Cressin blessé et iriste , ie capitaine ayasfc
l’air insolent le rappela au sentiment de $$
dignité.
. - «-*, . • T*.
DEPOT
D'AI.iiËR
LEGAL
Première année. — N* 117
Le miméro t> cMvvxttnrwei*
Mardi, 10 novembre 1885.
JOUFtNÂl POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six
mois
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Algérie...
France....
4.5 Q ©
6 18
18
84
Rae de la Marine, n
• 9, ancien hôtel Bazin.
Toute» le» «ommoaicatioa* relative* *sx at réelaesas âtfvtov •&?
Algérie, être adressées à i’AGENCE HAVAS, boulevard de la Rspablifo*,. Al£«î
Se France, les eommonicâtioss sont remues savoir :
A Maksiilu, chez M. Gsstays ALLARD, rae du Bausseï, 4 ;
A Pabis, chez MM. ÀUDBOURS et G 1 *, place de la Bourse, 40,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion, des annonces léjçaloR. judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 9 Novembre 1885.
A quelques jours d’intervall» de l’ouver
ture de la session du Parlement, aura lieu
l’ouverture de la session du Conseil supé
rieur de l’Algérie. Sans doute, aucune com
paraison ne saurait être faite entre la Cham
bre, où vont se jouer les destinées de la
France, et le simple Conseil consultatif de
l’Algérie. . . ■
Toutefois, ce dernier est loin de mfnter le
mépris dans lequel il est tenu par certaines
personnes. C’est, au contraire, un rouage
qui répond parfaitement aux besoins actuels
du pays, qui a déjà rendu et rendra encore
bien des services.
Cette Assemblée ne donne, il est vrai, que
des avis, des conseils, que le gouverneur
n’est pas tenu de suivre. Mais, outre que,
dans la plupart des cas, l’accord se fait entre
l’autorité et les membres du Conseil, sa
réunion annuelle donne aux trois départe
ments l’occasion d’émeltre leur opinion sur
la question générale intéressant le pays et,
en mettant les délégués en présence des
ehefs de tous les services, elle permet aux
uns et aux autres d’élucider à fond des
points nombreux qui, sans ce contact, n’a
boutiraient pas toujours aux solutions dé
sirées.
Il suffit de parcourir les volumes des déli
bérations pour constater que nous sommes
absolument dans la vérité.
Le Conseil supérieur est aussi une puis
sante école administrative à laquelle se for
ment les mandataires de l’Algérie, mieux et
plus vite qu’ils ne pourront le faire partout
ailleurs.
Enfin l’excellent usage de faire coïncider
l’ouverture de cetie assemblée avec une bro
chure indiquant les progrès réalisés et les
projets en préparation, et fournissant à la
discussion de précieux éléments, suffirait
seule à justifier l’ouverture du conseil su
périeur.
Si la suppression est poursuivie par l’école
qui voudrait voir se réaliser d’un coup l’as
similation à la France, en revanche, il en
est une autre qui demande pour cette assem
blée de nouvelles prérogatives, une exten
sion d’attribution, et même une certaine au
tonomie; nous ne sommes pas de cejjx-là.
Parmi les réformes réclamées viennent en
première ligne l’élimination de l’élément
fonctionnaire et l’augmentation du nombre
dés autres membres, non plus désignés dans
leur sein par les Conseils généraux, mais
élus directement.
Quelques-uns admettent cependant la pré
sence des chefs de service, mais avec voix
consultative seulement.
Bien que les chambres soient ultérieure
ment appelées à sanctionner les votes de
cëtte assemblée, ce serait en résumé un par
lement au petit pied que posséderait l’Algé
rie, institution pleine de dangers en raison
des conflits incessants qu'elle créerait bien
tôt avec le,grand Parlement français et aussi
avec le gouvernement local.
D'autre part, nous ne voyons guère ce que
l’on aurait à gagner à la suppression de
l’élément fonctionnaire ou à la diminution
de son rôle.
Un des grands mérites du Conseil supé
rieur est, au contraire, l'a réunion sous la
présidence du Gouverneur général, de tou -
tes les compétences, réunion qui, comme
nous l’avons dit plus haut, permet d’étudier
à fond et d’élucider toutes les questions tou
chant les intérêts généraux du pays.
Vainement, d’aMIeurs, prétendrait-on que
l’élément fonctionnaire, son aveuglement,
les idées do Gouverneur fissent échec à l’é
lément élu. Les faits contredisent absolu
ment cette allégation.
Une seule chose serait à désirer, c’est que
le Parlement tienne plus compte qu’il ne le
fait des vœux émis par cette assemblée et,
à ce propos, il nous sembla toujours regret
table que, comme la proposition en avait
été faite, les représentants de l’Algérie
n’aient pas leur entrée au Conseil supé
rieur. Ils auraient, en effet, formé un trait
d’union entre lui et les Chambres profitable
à nos intérêts.
Nous savons bien que tel ne peut être l’a
vis des hommes qui rêvaient d’envoyer à
Paris des représentants hostiles au gouver
nement général ; mais nous estimons, nous,
que loin d’être nuisible à l’Algérie, une par
faite communauté de vues entre le Gouver
neur d’une part, la représentation et le Con
seil supérieur de l’autre, constitue la plus
puissant moyen d’action que nous puissions
exercer en France sur l’opinion publique.
Des Modifications
A apporter à la loi du 2\ mars 1883 ,
sur les mesures à prendre contre l in
vasion et la propagation du Phylloxéra
en Algérie.
La législation spéciale dont a été dotée
l’Algérie pour la défense de ses vignobles
contre le Phylloxéra, dit l ’Algérie agricole ,
est considérée, en général, comme excel
lente et comme devant assurer l’avenir vi
ticole de ce pays.
Avant tout, par use surveillance sévère à
la frontière, on cherche à prévenir l’inva
sion du mai. Vient-il, malgré les précau
tions prises, à se déclarer quand môme,
grâce à des mesures énergiques qu’une loi
seule pouvait autoriser, le mal est étouffé
dans son berceau. Prévenir d’abord l’appa
rition du fléau, sacrifier ensuite les vigno
bles reconnus contaminés, tel est le système
de défense instituée par la loi du 21 mars
1883-
Cependant, dans l’application qui eu a été
faite au cours de la dernière campagne, ces
mesures de protection et de défense ont ré
vélé certaines imperfections que l’expérience
seule pouvait mettre en évidence. C’est à
l’usage seulement que l’ouvrier reconnaît
les défauts de son outil.
Aujourd’hui nous ne parlerons que de la
nécessité de créer entre tous les viticulteurs
une caisse commune pour assurer l’inspec
tion annuelle des vignobles.
Afin de pouvoir étouffer le fléau dès sa
première apparition, avant qu’il ait pu s'é
tendre et se disséminer de toutes parts, il
était necessaire de faire visiter chaque an
née les vignobles et de découvrir les pre
mières taches qui se manifesteraient. En
traitant les premiers points contaminés, les
sacrifices à faire seront moins considé-
bles : iis sont aussi plus efficaces. Car ce
n’est qu’au début du mai que l’on peut es
pérer s’eu rendre maître. Si l’on différait
quelque peu, il serait trop tard et l’ou se
trouverait dans la situation du vigneron
français qui lutte contre le fléau sans arri
ver à s’en défendre.
D'après l’art. 8 de la loi, les frais de ces
visites annuelles doivent être supportés par
les communes pour lesquelles ces dépenses
sont obligatoires. C’est une charge de plus
qui grève le budget communal dont les
ressources sont si modiques, comme l’ou
sait, et qui même ee solderait souvent eu
déficit, n’était l’appoint des subventions ex
traordinaires.
D’abord, est-il absolument équitable, sur
tout dans les centres viticoles peu impor
tants, de faire supporter à collectivité
des habitants de la commune des dépenses
imposées dans l’intérêt d'un certain nombre
d’entre eux?
Avec le système actuel, il arriva que daus
bien des communes,par esprit d’économie mal
comprise, et vu la modicité des ressources,
les maires confient la visite annuelle des
vignobles à qui veut bien s’en charger à
prix réduit, quelquefois aux gardes-cham-
pôtres, et ne tiennent pas un plus grand
compte des prescriptions de la loi qui veut
que l’inspection des vignes soit faite par un
expert, c’est-à-dire par un homme ayant
une compétence spéciale. Toute autre per
sonne ne nous inspire aucune confiance, car
nous savons par expérience avec quelle légè*
reté certains vignerons déterminent à pre
mière vue et d’autorité la cause du dépéris
sement qu’ils constatent dans une vigne*
Imbus souvent de cette idée préconçue que
le phylloxéra ne doit pas exister dans les
vignobles qu’ils visitent, ils rapportent tou
jours de parti-pris à une toute autre cause
les symptômes maladif* qu’ils observent.
Pour s’assurer le service d’hommes corn-.
pétents, il est indispensable de créer une
caisse spéciale destinée au paiement des
frais d’inspection des vignobles, caisse qui
serait alimentée per une cotisation modique
payée par chaque vigneron au prorata de
l'étendue de ses cultures.
C’est du reste le système qui est suivi eu
Suisse, le pays classique de la lutte contre
le phylloxéra.
Par l’article 10 du décret du 29 mai 1878,
le grand Conseil du canton de Vaud imposa
aux viticulteurs l’obligation de contribuer
pour une part aux frais qu’entraînent les
travaux de défense contre le phylloxéra. Cet
article, dans sa première partie, est ainsi
conçu :
« A partir la promulgation de la pré«
sente loi,Chaque propriétaire fera annuelU-
ment une avance de 25 centimes par mille
francs de la valeur cadastrale de ses
vignes. »
A plusieurs reprises déjà, diverses socié
tés agricoles ont émis le vœu de voir appli—
quer en Algérie le système inauguré par la
Suisse. Une telle mesure serait favorable
ment accueillie dans ie monde viticole, car
dans ce pays la confiance dans l’avenir de
la viticulture algérienne est telle qu’il n’y a
pas un seul vigneron qui se refuserait k
payer une cotisation môme assez lourde*
à la condition d’être prémuni contre l’inva
sion phylioxérique.
Dans sa séance du 18 juillet dernier, la
Société d’agriculture émettait le vœu qu’une
loi fût votée pour l’institution d’une caisse
spéciale, dite du phylloxéra, alimentée par
une taxe frappant la superficie du vignoble
algérien d’environ cinq francs par hectare,
mais dont le chiffre pourra varier suivant
les besoins et sera déterminé chaque année
par arrêté de M, le Gouverneur général.
Dans l'assemblée générale et extraordi
naire du 13 août dernier, ie Syndicat des
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N* 40.
L il&COT et G. PR&DEL (1)
PREMIERE PARTIE
LES deux testaments
— Tu es fou, Amato, dit-elle, je ne t’ai
jamais vu ainsi. Et ne m’as-tu pas toujours
trouvée à tes côtés, n’ai-je pas été obéissan
te à tes caprices ? Oui, j en conviens, cette
conquête de millions m’absorbe. Que veux-
tu, je ne vois que le but, le port. Je ne vois
que la fortune à conquérir. C’est devenu
mon idée fixe. Mais à qui en estfla faute ? A
toi,à toi qui m’as lancée dans cette aventure!
N’est-ce pas toi qui m’as appelée ? N’est-ce
pas toi qui m'as indiqué ce coup superbe à
tenter ?
— Oui, oui, je sais tout cela.
ELle ie regarda alors droit en face, avec
des yeux si beaux et si tendres quand ils
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
ru traité avec la Société de* Gens de Lettre*.
voulaient s’en donner la peine, que le capi
taine subjugué finit par lui dire en la quit
tant :
— O’est bien ! j’annoncerai demain à M.
de Trémeur que je veux partir.
Le duc de Trémeur se promenait sous
une charmille, le lendemain de cette expli
cation entre Gressin et Suzanne.
Grave, avec ce regard vague et triste qui
depuis quelque temps s’était accentué da
vantage encore, il marchait à pas lents, se
retournaut parfois du côté du château pour
apercevoir les fenêtrès de l’appartement de
la jeune femme, et peut-être espérant l’en
trevoir elie-même.
A la place de Suzanne, ce fut le capitaine
qu’il aperçut venant droit à lui. Depuis
quelque temps, M. de Trémeur fuyait Gres
sin. Dans ce vaste domaine, au milieu de
ces jardins, de ce parc, dans ce château
immense, on pouvait vivre les uns à côté
des autres sans jamais se rencontrer. Le
duc cherchait depuis longtemps déjà à évi
ter le capitaine toutes les fois que cela lui
était possible. Plus de visites matinales aux
écuries, plus d’attelages commandés pour
mener à deux ou à quatre dans les grandes
lignes de la ferêtde Trémeur.
Sitôt que le duc apercevait ce cher Cres-
siu, il devenait embarrassé ; une légère
rougeur lui montait aux joues, sou regard
errait sans jamais reucontrer celui du c
taine; et il s’éloignait après l’avoir 8
d’un geste de la main.
En proie à une passion' dont l’ardeur é
par son rilô e douleur cuisante, la vue
de Gressin devenait pour ie duc un vivant
et constant reproche.
Ce vieillard sensible et naïf avait conservé
des candeurs d’enfant ; il croyait à ce frère
le droit de venir lui demander compte des
sentiments qu’il éprouvait pour Suzanne ; il
craignait surtout qu’un jour il ce le vît se
dresser tout d un coùp menaçant devant lui
en lui disant :
— Monsieur le duc, l’honneur nous com
mande de partir.
Et pour lui ce départ, c’eût été le coup de
la mort. La préssnca de Suzanne lui était
devenue indispensable comme l’air qu’on
respire, comme l’eau que l’on boit. Oui,
c’eût ôté le coup mortel. Aussi, comme un
enfant auquel on refuse ce qu’il désire, ré
pétait- i 1 mentalement, sans avoir conscien
ce de ce qu’il pouvait dire :
— Laissez-la moi, laissez-la moi, pen
dant le peu de temps qui me reste à vivre.
Lorsque M. de Trémeur aperçut le capi
taine, il était trop tard pour battre en re
traite, la faite eût été trop évidente ; il y
aurait eu affectation à se retirer. L’air dur,
le sourcil froncé, Cressin s’avançait d’un pas
sec, comme un homme qui vient de prendre
une décision irrévocable.
Le duc, comme tous les gens faibles lors-
; ils sont accusés, devint froid et calme ;
le entilhomme reparaissait ; prêt â tout,
passible, malgré les cahotements désor-
nés de son cœur, il s’arrêta et attendit
• . ,»sin. -
Oelai-cl, à trois pas, salua profondément
le duc sans quitter s@n air furibond, pat
d’un ton rogue :
— Je vous prie, monsieur le duc, de voue»
loir bien m’accorder un moment d’entre
tien.
Nous y voilà 1 pensa M. dé Trémeur, qui.
s’inclina en signe d’acquiescement.
— Je vous apporte ma démission, mon
sieur le duc.
Le capitaine empoignait carrément le tan*,
reau par les cornes. Mais une chose déplut,
au duc, dont le naturel, malgré un grandi
fond de placidité et de douceur, était de
meuré très violent. Cressin, comme il arri-*-
ve parfois à certains acteurs de talent, avait
dépassé la note S’il était arrivé auprès d®
M. de Trémeur ayant l’air d être frappé par
un profond chagrin, touché au coeur, com
me un homme sûr de lui, qui est frappé
dans son honneur ou celui des siens, le duc
se serait trouvé, bon gré malgré, sous la;
coup d uh embarras réel.
Mais ie capitaine Cressin avait ra d pré
paré son rôle. Celui qni venait au duc n’é
tait pas un être peiné, blessé ; c’était un es
pèce de matamore, un redomonf. Cressiot
était, malgré son cosmopolitisme, demeuré
profondément Italien, et c’était bien un per
sonnage de la comédie italienne qui venait
d’entrer sous la charmille, quelque choses
flottant entre la doua Tartagiia et le capi
taine Coeodrillo.
Le duc se fût montré trè - coulant devant
Cressin blessé et iriste , ie capitaine ayasfc
l’air insolent le rappela au sentiment de $$
dignité.
. - «-*, . • T*.
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