Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-11-07
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 novembre 1885 07 novembre 1885
Description : 1885/11/07 (A1,N114). 1885/11/07 (A1,N114).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543249d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N* 114.
Le numéro 5 oontimes.
PREFECTURE D'ALGER
DEPOT LEGAL
Samedi, 7 novembre 1885.
JâUWAL POLIT
U 0 T f DIE N
A T.fltfSRTR.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 9
Un an
18
ADMINISTRATION E£ RÉDACTION :
Rue de la Marine', n° 9 , ancien hôtél Bazin.
1 1 Ηj iL JL Â
, ! 1 . ;
Tontes les communications relatives ans an&Ros «.®8 et réalssses fttfvssL afr
Algérie, être adressées à l’ASSNGS HAVAS, bonïmîfi ds la ïtépàhUqifM, Alfa;,
Un France, les communications sont reçues mvvir :
A Marseille, cher M. Ghstats ALLARD, rne dn Eausset, b ;
A Paris, ehei MM. ÀUDBÜÜRS et G 1 », place de là Bosrse, iO s
St par leurs correspondante.
Francis. .
. ... 6 42
24
La DEPÊCHH ALGERIENNE] est désig-noe pour l'insertion des Annonces légales, judiciaires e* autres eæ&fes pour la validité des procédures ©t contrats
■ " " ■, ■ "-" w """" 1 ’ -rr. 1 . 1 '■ a ——^ ■ - • ’v
Alger, le 6 Novembre 1885.
De môme qu’au prétendu Congrès des
délégués des communes, M. Guillemin s’est
présenté comme délégué de la communs
d’Alger, alors que personne, pas môme
dans le Conseil municipal, n’avait songé à
lui dônner cette délégation, de même,quand
l’ambulance de Bab-el-Oued a commencé à
fonctionner, M. Guillemin n’a pas hésité à
s’en attribuer le mérite.
Or, il faut qu'on sache que M Guillemin
n’est p*ur rien dans l’organisation de cette
ambulance ; le mérite en revient tout en
tier, à la Commission administrative de
l’hôpital civil de Mustapha.
Toutes les mesures étaient prises depuis
longtemps, et lorsqu’il a ôté jeconnu néces
saire de la faire fonctionner, il n’a fallu
qu’une heure pour cela, à la grande sur
prise de M. Guillemin et de son mentor M.
de Gineste.
On a assurément bien fait d’ouvrir cette
ambulance, si elle doit servir aux personnes
qui demandent leur entrée à l'hôpital et
qu’on reconnaît atteintes soit du choléra,
soit de toute autre affection épidémique ou
contagieuse.
Mais on pousserait trop loin à la Mairie
la sympathie pour ce genre d’établissement
si, comme on l’affirme, on y transporte les
malades malgré eux et malgré leur famille.
On incident s’est produit samedi dernier
qui donne raison à ceux qui pensent que la
municipalité, sans s’inquiéter de la légalité,
emploie la force brutale pour garnir l’am
bulance.
Une femme espagnole de la Gantera, pré
sumée atteinte du choléra, a été prise chez
elle et conduite à l’ambulance avec son en
fant, malgré ses énergiques protestations ;
l'enfant n’était pas malade. Ce sont là les
deux cas suspects de. samedi dernier.
Quand le mari rentra chez lui, il fut fort
étonné de n’y trouver ni sa femme ni son
enfant et alla les réclamer à l’ambulance.
Il fut très mal reçu, ou plutôt pas reçu
du tout, car on ne lui permit pas d’y entrer;
il fut même menacé d’être mis à la geôle.
Il revint deux heures plus tard, et cette fois,
plus heureux mais aussi plus irrité, il put
pénétrer dans l’ambulance où il fit un grand
vacarme, voulant emmener sa femme et
son enfant, qu'on n’avait pas le droit, di
sait-il, de retenir — et à mon avis — il avait
bien raison.
On fut obligé d’aller chercher la police,
laquelle s’empara de lui et, je crois même,;
le conduisit en prison.
En sortant, le malheureux, qui est soumis
à tous les préjugés de l’ignorance, criait à
sa femme de se méfier, qu’on voulait l’em
poisonner, et de refuser de prendre les mé
dicaments qu’on lui présenterait.
Mais quel est le plus coupable dans cette
affaire? Est-ce le père de famille qui ré
clame les siens, ou l’autorité municipale qui
les lui arrache et les retient malgré son dé
sespoir ?
Mais peu importe à M. Guillemin ; il peut
tout se permettre, l’impunité lui estacquise.
M. Firbach et surtout M. Tirman le cou
vrent de leur haute protection.
Il a pu commettre toutes les fautes, être
inconvenant envers les députés, laisser in
jurier notre sénateur, présider des réunions
anti-juives, empêcher la police d’intervenir
quand on essayait d’assommer le députa
Letellier, prendre part à la lutte électorale,
signer des proclamations contre ceux que
les citoyens d’Alger ont élus et ruiner le
commerce en publiant une note inseôsée,
sur un choléra qui n’existq que dans son
imagination troublée. Il peut bien taire vio
lence à un pauvre diable d’espagnol. M.
Tirman a des trésors d’indulgence pour lui.
La Vigie, 1 ’Akhbar perdent leur temps à
demander sa révocation, ils ne l’obtiendront
pas de M. Tirman, Ce sont les électeurs
qei se chargeront de ce soin.
Un peu de patience !
NÉCESSITÉ FAIT LOI
Il a été fait quelque bruit d’une comman
de faite par l’administration de la marine
d’une machine anglaise composée d’un mo
teur à vapeur, d’un appareil à distiller l’eau
de mer et d’un* machine à glace, et quel
ques-uns de nos confrères ont protesté avec
une certaine vivacité contre un achat effec
tué à l’étranger, au détriment, disent-iis, de
l’industrie nationale.
Voici, dans tous ses détails, cette affaire
dont on a exagéré, ce nous semble, la gra
vité :
À la fin de 1883, on demanda de Madaç-
gaScar une machine à distiller l’eau de xper
et-une machine à glace, actionnées toutes
deux par un seul moteur à vapeur. La di
rection du matériel et non celle des colo
nies savait qu’on faisait en Angleterre un
type — il n’en existe pas en France — qui
remplissait les conditions posées. Elle s’a
dressa à un fabricant anglais, et on expédia
ainsi à Tamatave un premier appareil qui
fonctionne parfaitement.
V L’été dernier, Obôck adressa une môme
demande au ministre, ridais, comme cet éta
blissement dèpeùd de là direction des colo
nies, c’est celle-ci qui s’occupa de l’achat.
Elle sé renseigna à la direction du matériel,
c’est-à-dire auprès du service technique,
qj^i lui signala l’appareil anglafs, et on fit
une seconde commande en Angleterre. Il
e§t à remarquer qu’Obock demandait d’ur-
génce les deux machines afin de donner
qùèlque bien-être à la garnison, qui n’a
parfois que de l’eau médiocre, toujours à une
température assez élevée.
ït Pouvait-on hésiter, attendre qu’une mai
son française étudiât et créât un type rem
plissant les conditions des appareils breye-
tèsiet éprouvés qu’on trouve de l’autre côté
du détroit ? L’Ejat pouvait-il se charger de
la construction pour éviter les plaintes qui
se sont produites ?
» La réponse ne fait pas doute ; le bon
sans indique qu’on a eu raison d’agir com
me on l’a fait.
» Ajoutons que les appareils en question
sont très économiques, car avec un mécani
cien et un aide on fait journellement 6,000
litres d’eau distillée et 500 kilogr, de glace,
moyennant une dépense de 700 kilogr. de
charbon.»
Certes, on peut regretter que l’argent
des contribuables aille à l’étranger, mais,
quand il s’agit d’appareils nouveaux, bre
vetés, comment faire ? On est bien forcé de
lesacheter, ne serait-ce que pour les étudier.
Le piquant de ces plaintes, c’est qu’en An
gleterre des journaux en formulaient ces
fours-ci de semblables à propos d’achats
faits par leur amirauté en France et en Al
lemagne. Ils seplaignaient d’une commande
de canons-revolvers donuêe â l’usine Hotch-
kiss de Saint-Denis et d’un achat considé
rable de poudre fait en Allemagne. Les An
glais voulaient des hotchkiss, ils les ont
achetés où on les fabriquait ; quant à la
poudre, il s’agissait d’une poudre dite cho
colat, qui donne aux projectiles plus de vi
tesse, en fatiguant moins les pièces et en
faisant peu de fumée. Ils se la sont procu
rée où elle se fabriquait, c’est-à-dire en Al
lemagne.
Informations
Parmi les primés' à l’exposition d’Anyérs*
nous avons, remarqué M. L. Tiucbant, fa~
bricant de cigares, bien connu à Alger.
Nous apprenons qu’il vient d’être fait ehe-
valier de l’ordriéde Léopold, à la suite da
cette exposition.
X r ■ v, ,
M. Jacquey, agrégé des Facultés de
droit, professeur de droit civil à l’Ecole da
droit d’Alger, est transféré en qàalilé d’a-
grégê près la Faculté de droit de Douai et
chargé, pendant l’année scolaire 1885-188Sj.
du cours complémentaire d’histoire gônêrà
du droit français public et privé.
X
M. Laulh, conseiller à la Cour d’apj
d’Alger, vient da mourir à Paris, au ma*.
ment où il faisait valoir ses droits à la re
traite. Ce magistrat était le doyen de nos
conseillers. * ;
X
M. Mangin, sous-inspecteur de 1” classe
de l’enregistrement à Oran, est nommé ins
pecteur de 2 e classe.
X
L’O fficiel publie la liste, par ordre de
mérite, des candidats nommés élèves du
service de santé militaire, à la suite du con
cours d’admission, avec les indications des
hôpitaux auxquels iis sont affectés :
Nous extrayons de cette liste les noms des
candidats affectés aux hôpitaux militaires de
d’Algérie:
Candidats à 4 inscriptions : MM. Glorget,
Victor, affecté à l’hôpital du Dey (n° 17 de
la liste) ; Benoit, Jules (n° 22), hôpital dut
Dey.
Candidat à 8 inscriptions ; M. Armynofc
du Châtelet (u° 19), hôpital du Dey
Ces élèves de vront se présenter, le 10 no
vembre prochain, aux médecins chefs des
hôpitaux auxquels ils sont affectés.
La plupart de nos confrères se sont occu
pés de l’incident qui s’est produit avant-
hier au Théâtre, à propos de Mme Collin.
Tous sont favorables à cette artiste, et
beaucoup critiquent la situation dans la
quelle se trouve notre première scène.
Parlant des abonnés, le Petit algérien
écrit les lignes suivantes :
»“ Que nous importe, à nous, qu’un direc
teur, âpre au gain, se hérisse de colère lorg*j.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 38.
PAR
L HiCSÔT et G. PRADEL- (l)
PREMIERE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
Trente-six heures après, Brigot débarquait
aux Miches, et là il se mit à chercher. Mais,
peines perdues, son ancien complice n’avait
point laissé de traces. Personne ne savait ce
qu’il était devenu.
Le père Choume, en fin matois, en vieux
limier, avait calculé jus‘e.
— Il a dû se terrer, s’était-ii dit. Il a dû
se tapir dans un endroit et il s’y tient coi.
Il faut que 123 tombe sur l’endroit, voilà
toute l’affaire. Si Crecci avait bougé, il au
rait fait parler de lui, il aurait commis
quelques méfaits, nous en aurions entendu
parler. Il faut que 123 tombe sur lui. Ce
sera peut-être long.
(1) Reproduction Interdite anx jearaaax qui n’eat
$«* trahi avec la Société dei Gens 4e Lettres.
On a toujours du goût pour son premier
métier, a dit Voltaire. Le n - 123, dans la
circonstance, était de l’avis du vieil Aroaet.
Il était né camelot. Pour se mettre à la
poursuite de l’objet de sa haine, pour avoir
un motif, sans éveiller les curiosités ni les
soupçons, de sillonner en tous points le
Poitou, la Vendée et la Bretagne,il redevint
camelot. Il fit l’acquisition d’une balle, la
garait, à Poitiers, de quelques douzaines de
cravates, de foulards et de mouchoirs aux
couleurs voyantes, pour lesquels les filles
vendent encore leurs cheveux; puis, partant
des Miches, il commença à fouiller bourgs
et villages, sans laisser da côté le plus pe
tit amas de maisons.
Doué d’une « platine » à toute épreuve,
armé de boniments originaux et typiques,
il faisait d’assez bonnes affaires et amassait
même un petit pécule. Point de frais, car 11
n’avait pas, comme le représentant de la
maison Bernay frères, un cabriolet â quatre
roues, attelé d’une ardente limousine. Com
me locomotion, le numéro 123 ne possédait
que ses « gambiiles », aui, heureusement
pour lui, avaient retrouvé toute leur élasti
cité.
Pour cette fois, son commerce allait donc
il était tout disposé à en convenir lui-même;
mais comme trouvaille, comme trace, rien.
Les rapports que le numéro 123 adressait
régulièrement tous les huit jours étaient
d’une désolante monotonie. Ils sa termi
naient tous par ces motjs : Rien de neuve,
— car 123 n’était pas fort sur l’orthographe,
— mots qui faisaient faire une grimace en
ragée au père Choume, qui n’en pouvait
mais.
— Quand je devrais faire une à une tou
tes las communes de France, se répétait
Brigot, je ne rentrerai pas à Paris aupara
vant ; ils seraient capables de me repincer.
Il s’eu allait donc de village en village,
écoulant sa balle et la remplissant dans les
grandes villes.
Le hasard l’amena ainsi à Loudéae un
jour de grande foire, et sur la place il se
mit à vanter sa marchandise étalée devant
lui et à débiter force cravates et force mou
choirs.
Malheureusement poar lui, au milieu de
la fonle, avançant à grand’peine pour tra
verser la foire, des voitures, des charrettes,
des carrioles et aussi des cavaliers faisaient
un train abominable. Pour dominer le tu
multe, Brigot était obligé d’élever la voix.
Tenez, messieurs, criait-il avec un accent
des boulevards extérieurs eu brandissant
dans l’air un solde de cravates voyantes,
horriblement passées ; tenez, messieurs, re
gardez, admirez, voilà ce qui sa fait déplus
beau, de plus nouveau, de plus aeisffi, dans
la grrraude capitale du monde civilisé. Tous
mes articles arrivent directement de Paris.
Oui, messieurs, de Paris, où j’ai eu toutes
les peines du monde à me les procurer. J’en
ai vendu six douzaines aux membres du
Jockey-Club, deux douzaines à messieurs
les « miniss », et j’ai eu l’houneur de nouer
la dernière au cou de M. le président de la
République. Je ne les vends pas, messieurs,
j’eu fais cadeau aux hommes de goût, â
ceux qui voudront plaire à leur bonne amia s
pour la moleste somme de cinquante eenti- ;
mes, autrement dit, dix sous. Il faudrait
réellement n’avoir pas dix malheureux ronds
poar se refuser ce bijou.
Il était arrivé à la fin de sa période,quand
il n’eut que le temps de se garer. Un cava
lier, qui s’était arrêté un instant pour écou
ter le boniment du camelot, venait de faire
cabrer droit son cheval, et le malheureux
123, justement effrayé, fut obligé de sauter
prestement de cô ê pour ne point être ren
versé. Quant au cavalier, il. fit volter sa,
monture sur les jambes de derrière et, en
écuyer -consommé, la guidant avec un©.,
adresse infinie au milieu du labyrinthe des:,
véhicules, se perdit dans la foute.
Brigot se remit de sa frayeur et n’attacha
aucune importance à cet incident. Pour 1©
moment, il ne songeait qu’à son commerce.
Ça marchait à merveille, la vente ! Il débi
tait des cravates par grosses, des mouchoirs
de cou à la douzaine ; tant et si bien qu’à la
fia de la journée il avait écoulé sa balle,
fait une excellente recette-et" que, le soi?
j venu, ii se disposa à rentrer à l’aubarga
pour faire sa recette, et aussi se payer un
bon souper auquel il avait pleinement droit,
car les boniments lui avaient fortement des-,
séché le gosier et creusé l’appétit.
Il y avait foule dans l’auberge ; on buvait'
force pichets et de l’eau de-vie de cidre. Les
Bretons, quand ils ont un coup dans la tête,
sont braillards en dru fie. On faisait là un?
tapage infernal. Après bien des efforts,
réussit à se glisser au fond de la salle et. âf
Le numéro 5 oontimes.
PREFECTURE D'ALGER
DEPOT LEGAL
Samedi, 7 novembre 1885.
JâUWAL POLIT
U 0 T f DIE N
A T.fltfSRTR.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 9
Un an
18
ADMINISTRATION E£ RÉDACTION :
Rue de la Marine', n° 9 , ancien hôtél Bazin.
1 1 Ηj iL JL Â
, ! 1 . ;
Tontes les communications relatives ans an&Ros «.®8 et réalssses fttfvssL afr
Algérie, être adressées à l’ASSNGS HAVAS, bonïmîfi ds la ïtépàhUqifM, Alfa;,
Un France, les communications sont reçues mvvir :
A Marseille, cher M. Ghstats ALLARD, rne dn Eausset, b ;
A Paris, ehei MM. ÀUDBÜÜRS et G 1 », place de là Bosrse, iO s
St par leurs correspondante.
Francis. .
. ... 6 42
24
La DEPÊCHH ALGERIENNE] est désig-noe pour l'insertion des Annonces légales, judiciaires e* autres eæ&fes pour la validité des procédures ©t contrats
■ " " ■, ■ "-" w """" 1 ’ -rr. 1 . 1 '■ a ——^ ■ - • ’v
Alger, le 6 Novembre 1885.
De môme qu’au prétendu Congrès des
délégués des communes, M. Guillemin s’est
présenté comme délégué de la communs
d’Alger, alors que personne, pas môme
dans le Conseil municipal, n’avait songé à
lui dônner cette délégation, de même,quand
l’ambulance de Bab-el-Oued a commencé à
fonctionner, M. Guillemin n’a pas hésité à
s’en attribuer le mérite.
Or, il faut qu'on sache que M Guillemin
n’est p*ur rien dans l’organisation de cette
ambulance ; le mérite en revient tout en
tier, à la Commission administrative de
l’hôpital civil de Mustapha.
Toutes les mesures étaient prises depuis
longtemps, et lorsqu’il a ôté jeconnu néces
saire de la faire fonctionner, il n’a fallu
qu’une heure pour cela, à la grande sur
prise de M. Guillemin et de son mentor M.
de Gineste.
On a assurément bien fait d’ouvrir cette
ambulance, si elle doit servir aux personnes
qui demandent leur entrée à l'hôpital et
qu’on reconnaît atteintes soit du choléra,
soit de toute autre affection épidémique ou
contagieuse.
Mais on pousserait trop loin à la Mairie
la sympathie pour ce genre d’établissement
si, comme on l’affirme, on y transporte les
malades malgré eux et malgré leur famille.
On incident s’est produit samedi dernier
qui donne raison à ceux qui pensent que la
municipalité, sans s’inquiéter de la légalité,
emploie la force brutale pour garnir l’am
bulance.
Une femme espagnole de la Gantera, pré
sumée atteinte du choléra, a été prise chez
elle et conduite à l’ambulance avec son en
fant, malgré ses énergiques protestations ;
l'enfant n’était pas malade. Ce sont là les
deux cas suspects de. samedi dernier.
Quand le mari rentra chez lui, il fut fort
étonné de n’y trouver ni sa femme ni son
enfant et alla les réclamer à l’ambulance.
Il fut très mal reçu, ou plutôt pas reçu
du tout, car on ne lui permit pas d’y entrer;
il fut même menacé d’être mis à la geôle.
Il revint deux heures plus tard, et cette fois,
plus heureux mais aussi plus irrité, il put
pénétrer dans l’ambulance où il fit un grand
vacarme, voulant emmener sa femme et
son enfant, qu'on n’avait pas le droit, di
sait-il, de retenir — et à mon avis — il avait
bien raison.
On fut obligé d’aller chercher la police,
laquelle s’empara de lui et, je crois même,;
le conduisit en prison.
En sortant, le malheureux, qui est soumis
à tous les préjugés de l’ignorance, criait à
sa femme de se méfier, qu’on voulait l’em
poisonner, et de refuser de prendre les mé
dicaments qu’on lui présenterait.
Mais quel est le plus coupable dans cette
affaire? Est-ce le père de famille qui ré
clame les siens, ou l’autorité municipale qui
les lui arrache et les retient malgré son dé
sespoir ?
Mais peu importe à M. Guillemin ; il peut
tout se permettre, l’impunité lui estacquise.
M. Firbach et surtout M. Tirman le cou
vrent de leur haute protection.
Il a pu commettre toutes les fautes, être
inconvenant envers les députés, laisser in
jurier notre sénateur, présider des réunions
anti-juives, empêcher la police d’intervenir
quand on essayait d’assommer le députa
Letellier, prendre part à la lutte électorale,
signer des proclamations contre ceux que
les citoyens d’Alger ont élus et ruiner le
commerce en publiant une note inseôsée,
sur un choléra qui n’existq que dans son
imagination troublée. Il peut bien taire vio
lence à un pauvre diable d’espagnol. M.
Tirman a des trésors d’indulgence pour lui.
La Vigie, 1 ’Akhbar perdent leur temps à
demander sa révocation, ils ne l’obtiendront
pas de M. Tirman, Ce sont les électeurs
qei se chargeront de ce soin.
Un peu de patience !
NÉCESSITÉ FAIT LOI
Il a été fait quelque bruit d’une comman
de faite par l’administration de la marine
d’une machine anglaise composée d’un mo
teur à vapeur, d’un appareil à distiller l’eau
de mer et d’un* machine à glace, et quel
ques-uns de nos confrères ont protesté avec
une certaine vivacité contre un achat effec
tué à l’étranger, au détriment, disent-iis, de
l’industrie nationale.
Voici, dans tous ses détails, cette affaire
dont on a exagéré, ce nous semble, la gra
vité :
À la fin de 1883, on demanda de Madaç-
gaScar une machine à distiller l’eau de xper
et-une machine à glace, actionnées toutes
deux par un seul moteur à vapeur. La di
rection du matériel et non celle des colo
nies savait qu’on faisait en Angleterre un
type — il n’en existe pas en France — qui
remplissait les conditions posées. Elle s’a
dressa à un fabricant anglais, et on expédia
ainsi à Tamatave un premier appareil qui
fonctionne parfaitement.
V L’été dernier, Obôck adressa une môme
demande au ministre, ridais, comme cet éta
blissement dèpeùd de là direction des colo
nies, c’est celle-ci qui s’occupa de l’achat.
Elle sé renseigna à la direction du matériel,
c’est-à-dire auprès du service technique,
qj^i lui signala l’appareil anglafs, et on fit
une seconde commande en Angleterre. Il
e§t à remarquer qu’Obock demandait d’ur-
génce les deux machines afin de donner
qùèlque bien-être à la garnison, qui n’a
parfois que de l’eau médiocre, toujours à une
température assez élevée.
ït Pouvait-on hésiter, attendre qu’une mai
son française étudiât et créât un type rem
plissant les conditions des appareils breye-
tèsiet éprouvés qu’on trouve de l’autre côté
du détroit ? L’Ejat pouvait-il se charger de
la construction pour éviter les plaintes qui
se sont produites ?
» La réponse ne fait pas doute ; le bon
sans indique qu’on a eu raison d’agir com
me on l’a fait.
» Ajoutons que les appareils en question
sont très économiques, car avec un mécani
cien et un aide on fait journellement 6,000
litres d’eau distillée et 500 kilogr, de glace,
moyennant une dépense de 700 kilogr. de
charbon.»
Certes, on peut regretter que l’argent
des contribuables aille à l’étranger, mais,
quand il s’agit d’appareils nouveaux, bre
vetés, comment faire ? On est bien forcé de
lesacheter, ne serait-ce que pour les étudier.
Le piquant de ces plaintes, c’est qu’en An
gleterre des journaux en formulaient ces
fours-ci de semblables à propos d’achats
faits par leur amirauté en France et en Al
lemagne. Ils seplaignaient d’une commande
de canons-revolvers donuêe â l’usine Hotch-
kiss de Saint-Denis et d’un achat considé
rable de poudre fait en Allemagne. Les An
glais voulaient des hotchkiss, ils les ont
achetés où on les fabriquait ; quant à la
poudre, il s’agissait d’une poudre dite cho
colat, qui donne aux projectiles plus de vi
tesse, en fatiguant moins les pièces et en
faisant peu de fumée. Ils se la sont procu
rée où elle se fabriquait, c’est-à-dire en Al
lemagne.
Informations
Parmi les primés' à l’exposition d’Anyérs*
nous avons, remarqué M. L. Tiucbant, fa~
bricant de cigares, bien connu à Alger.
Nous apprenons qu’il vient d’être fait ehe-
valier de l’ordriéde Léopold, à la suite da
cette exposition.
X r ■ v, ,
M. Jacquey, agrégé des Facultés de
droit, professeur de droit civil à l’Ecole da
droit d’Alger, est transféré en qàalilé d’a-
grégê près la Faculté de droit de Douai et
chargé, pendant l’année scolaire 1885-188Sj.
du cours complémentaire d’histoire gônêrà
du droit français public et privé.
X
M. Laulh, conseiller à la Cour d’apj
d’Alger, vient da mourir à Paris, au ma*.
ment où il faisait valoir ses droits à la re
traite. Ce magistrat était le doyen de nos
conseillers. * ;
X
M. Mangin, sous-inspecteur de 1” classe
de l’enregistrement à Oran, est nommé ins
pecteur de 2 e classe.
X
L’O fficiel publie la liste, par ordre de
mérite, des candidats nommés élèves du
service de santé militaire, à la suite du con
cours d’admission, avec les indications des
hôpitaux auxquels iis sont affectés :
Nous extrayons de cette liste les noms des
candidats affectés aux hôpitaux militaires de
d’Algérie:
Candidats à 4 inscriptions : MM. Glorget,
Victor, affecté à l’hôpital du Dey (n° 17 de
la liste) ; Benoit, Jules (n° 22), hôpital dut
Dey.
Candidat à 8 inscriptions ; M. Armynofc
du Châtelet (u° 19), hôpital du Dey
Ces élèves de vront se présenter, le 10 no
vembre prochain, aux médecins chefs des
hôpitaux auxquels ils sont affectés.
La plupart de nos confrères se sont occu
pés de l’incident qui s’est produit avant-
hier au Théâtre, à propos de Mme Collin.
Tous sont favorables à cette artiste, et
beaucoup critiquent la situation dans la
quelle se trouve notre première scène.
Parlant des abonnés, le Petit algérien
écrit les lignes suivantes :
»“ Que nous importe, à nous, qu’un direc
teur, âpre au gain, se hérisse de colère lorg*j.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 38.
PAR
L HiCSÔT et G. PRADEL- (l)
PREMIERE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
Trente-six heures après, Brigot débarquait
aux Miches, et là il se mit à chercher. Mais,
peines perdues, son ancien complice n’avait
point laissé de traces. Personne ne savait ce
qu’il était devenu.
Le père Choume, en fin matois, en vieux
limier, avait calculé jus‘e.
— Il a dû se terrer, s’était-ii dit. Il a dû
se tapir dans un endroit et il s’y tient coi.
Il faut que 123 tombe sur l’endroit, voilà
toute l’affaire. Si Crecci avait bougé, il au
rait fait parler de lui, il aurait commis
quelques méfaits, nous en aurions entendu
parler. Il faut que 123 tombe sur lui. Ce
sera peut-être long.
(1) Reproduction Interdite anx jearaaax qui n’eat
$«* trahi avec la Société dei Gens 4e Lettres.
On a toujours du goût pour son premier
métier, a dit Voltaire. Le n - 123, dans la
circonstance, était de l’avis du vieil Aroaet.
Il était né camelot. Pour se mettre à la
poursuite de l’objet de sa haine, pour avoir
un motif, sans éveiller les curiosités ni les
soupçons, de sillonner en tous points le
Poitou, la Vendée et la Bretagne,il redevint
camelot. Il fit l’acquisition d’une balle, la
garait, à Poitiers, de quelques douzaines de
cravates, de foulards et de mouchoirs aux
couleurs voyantes, pour lesquels les filles
vendent encore leurs cheveux; puis, partant
des Miches, il commença à fouiller bourgs
et villages, sans laisser da côté le plus pe
tit amas de maisons.
Doué d’une « platine » à toute épreuve,
armé de boniments originaux et typiques,
il faisait d’assez bonnes affaires et amassait
même un petit pécule. Point de frais, car 11
n’avait pas, comme le représentant de la
maison Bernay frères, un cabriolet â quatre
roues, attelé d’une ardente limousine. Com
me locomotion, le numéro 123 ne possédait
que ses « gambiiles », aui, heureusement
pour lui, avaient retrouvé toute leur élasti
cité.
Pour cette fois, son commerce allait donc
il était tout disposé à en convenir lui-même;
mais comme trouvaille, comme trace, rien.
Les rapports que le numéro 123 adressait
régulièrement tous les huit jours étaient
d’une désolante monotonie. Ils sa termi
naient tous par ces motjs : Rien de neuve,
— car 123 n’était pas fort sur l’orthographe,
— mots qui faisaient faire une grimace en
ragée au père Choume, qui n’en pouvait
mais.
— Quand je devrais faire une à une tou
tes las communes de France, se répétait
Brigot, je ne rentrerai pas à Paris aupara
vant ; ils seraient capables de me repincer.
Il s’eu allait donc de village en village,
écoulant sa balle et la remplissant dans les
grandes villes.
Le hasard l’amena ainsi à Loudéae un
jour de grande foire, et sur la place il se
mit à vanter sa marchandise étalée devant
lui et à débiter force cravates et force mou
choirs.
Malheureusement poar lui, au milieu de
la fonle, avançant à grand’peine pour tra
verser la foire, des voitures, des charrettes,
des carrioles et aussi des cavaliers faisaient
un train abominable. Pour dominer le tu
multe, Brigot était obligé d’élever la voix.
Tenez, messieurs, criait-il avec un accent
des boulevards extérieurs eu brandissant
dans l’air un solde de cravates voyantes,
horriblement passées ; tenez, messieurs, re
gardez, admirez, voilà ce qui sa fait déplus
beau, de plus nouveau, de plus aeisffi, dans
la grrraude capitale du monde civilisé. Tous
mes articles arrivent directement de Paris.
Oui, messieurs, de Paris, où j’ai eu toutes
les peines du monde à me les procurer. J’en
ai vendu six douzaines aux membres du
Jockey-Club, deux douzaines à messieurs
les « miniss », et j’ai eu l’houneur de nouer
la dernière au cou de M. le président de la
République. Je ne les vends pas, messieurs,
j’eu fais cadeau aux hommes de goût, â
ceux qui voudront plaire à leur bonne amia s
pour la moleste somme de cinquante eenti- ;
mes, autrement dit, dix sous. Il faudrait
réellement n’avoir pas dix malheureux ronds
poar se refuser ce bijou.
Il était arrivé à la fin de sa période,quand
il n’eut que le temps de se garer. Un cava
lier, qui s’était arrêté un instant pour écou
ter le boniment du camelot, venait de faire
cabrer droit son cheval, et le malheureux
123, justement effrayé, fut obligé de sauter
prestement de cô ê pour ne point être ren
versé. Quant au cavalier, il. fit volter sa,
monture sur les jambes de derrière et, en
écuyer -consommé, la guidant avec un©.,
adresse infinie au milieu du labyrinthe des:,
véhicules, se perdit dans la foute.
Brigot se remit de sa frayeur et n’attacha
aucune importance à cet incident. Pour 1©
moment, il ne songeait qu’à son commerce.
Ça marchait à merveille, la vente ! Il débi
tait des cravates par grosses, des mouchoirs
de cou à la douzaine ; tant et si bien qu’à la
fia de la journée il avait écoulé sa balle,
fait une excellente recette-et" que, le soi?
j venu, ii se disposa à rentrer à l’aubarga
pour faire sa recette, et aussi se payer un
bon souper auquel il avait pleinement droit,
car les boniments lui avaient fortement des-,
séché le gosier et creusé l’appétit.
Il y avait foule dans l’auberge ; on buvait'
force pichets et de l’eau de-vie de cidre. Les
Bretons, quand ils ont un coup dans la tête,
sont braillards en dru fie. On faisait là un?
tapage infernal. Après bien des efforts,
réussit à se glisser au fond de la salle et. âf
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