Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-11-01
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1885 01 novembre 1885
Description : 1885/11/01 (A1,N108). 1885/11/01 (A1,N108).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543243b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
HHEFECTUliK Û'ALüEh
DEPOT LEGAL
Première année. — N* 108.
l/e numér o F» centimes.
pr.
Dimanche, 1 "novembre 1885,
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Al GÊRTW
ABONNEMENTS
Trois mois
............ 4.50
Sii mois
O
Un an
48
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, a 0 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les commnnieatior.x relatives ans annnoiacas et réclame* «#■,
Algérie, être adressées à l’AGMCl HAVAS, boulevard de ia .Répâbiiçn»,, A,1$m ,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Mabsbilih, che% M. Gostavb ALLARD, raa dn Bausmet, 4 ;
A Paris, chex MSS. ÂUDBOÏJRS et G 1 *, place de la Boms, 40,
Et par leurs correspondants.
ÎTft A ■NTCIR
O
1»
24
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légale», judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et coniratss.
Alger, le 31 Octobre 1885.
Voirie Municipale d’Alger
DEUX POIDS ET DEUX MESURES
Le service de la voirie est-il chargé d’as
surer la stricte application des règlements
de voirie ? ou bien ses règlements ne sont-
ils que de vains mots et ne les dpplique-t-on
que selon le bon caprice ?
On a institué un comité chargé de tran
cher les différends qui peuvent naître entre
les propriétaires et la voirie sur l’interpré
tation des règlements, mais les décisions de
ce comité sont-elles toujours respectées,
et Monsieur 1® Maire tient-il la main à ce
qu’elles soient observées ?
Ou bien n’est- ce qu’une comédie ? Nous
nous contenterons, pour cette fois, de parler
des récentes constructions des rues du Chê
ne, des Tanneurs, de Nemours 1 et 1 bis,
Porte-Neuve et Hamma. Prochainement,
ous signalerons les nombreux écarts que la
voirie tolère sans doute, par négligence mu
nicipale.
En attendant,, nous demandons â Monsieur
le Maire qu’il nous donne acte des faits sui
vants que nous lui signalons. Comment se
fait-il qu’on ait toléré la violation des rè-
glements en ce qui concerne les hauteurs
des maisons construites rue des Tanneurs,
rue du Chêne, rue du Hamma (hôtel d’Eu
rope), rue Nemours, 1, et rue Porte-Neuve ,
alors qu on a fait appliquer le règlement
d’une façon rigoureuse au propriétaire de la
maison rue Nemours, 1 bis.
Nous sommes persuadé d’avance, qu’on
nous répondra que, pour la rue des Tan
neurs, c’est Monsieur le Maire d’Alger, qui
a autorisé le propriétaire à passer outre sur
la décision du comité de voirie, que pour la
rue du Chêne et celle du Hamma, le comité
de voirie a fermé les yeux.
Enfin, pour la rue Porte-Neuve, a-t-on
fermé les yeux aussi ?
Il s’agit là d’un exhaussement de 5 à 6
mètres, pourtant.
Il est bien évident que M. l’agent-voyer a
dû verbaliser et qu’il a soumis le cas à M.
le Maire et au Comité de la voirie, seuls au
torisés à faire démolir ces sureièvements de
plus d’un étage — ou à accepter le fait ac
compli, ce qui se fait le plus généralement.
Il est un fait certain, en tout cas, c’est que
les règlements sont violés d’une manière
flagrante et que s’ils le sont aussi souvent,
c’est qu’il doit exister un vice dans la ré
glementation des pouvoirs.
Nous venons de dire que sans doute M.
l’agent-voyer a verbalisé.
Mais à quoi servent ces procès- verbaux,
si aucune suite sérieuse ne leur est donnée?
Car si quelquefois on donne suite à ceux
résultant de légères contraventions, c’est
tout bonnement pour pouvoir en épargner
de plus graves.
Nous ne citerons pour aujourd’hui qu’un
seul exemple : Le propriétaire de l’immeu
ble situé rue de Nemours, demandait l’auto
risation de reprendre en fondation, l’angle
de sa maison qui menaçait ruine ; le service
de la voirie crut de son devoir de ne point
répondre à cette demande. —• Le proprié
taire fatigué d’attendre fit commencer les
travaux sans aucune autorisation. — Le ser
vice de la voirie dressa plusieurs procès-
verbaux, pour la forme seulement.
L’Inspecteur, démissionnaire depuis, et
dont nous reparlerons une autre fois, en
avait dressé une quinzaine pour son compte
et on n’a donné suite à aucun d’eux! Mys
tère! Mystère!
Ce qu’il y a de plus surprenant, c’est que,
lorsque les travaux furent complètement
terminés, une autorisation fut, délivrée sous
la rubique : Socle et blanchiment.
Qui a-t-on voulu tromper en délivrant
une autorisation tronquée et ne concordant
pas avec les travaux exécutés. Ou se le de
mande !
Niera-î-on que dans ce service il existe
deux poids et deux mesures ?
Sur qui doit en retomber la responsabi
lité ?
Informations algériennes
A Oran, M. Dentié a été élu capitaine des
sapeurs-pompiers par 57 voix sur 58 vo
tants ; M. Augé, sous-lieutenant, a été élu
lieutenant par 54 voix sur 60 votants ; et M.
Leclerc, sergent, a été élu sous-lieutenant
par 23 voix sur 26 votants.
X
L’autorité militaire, de concert avec l’au
torité civile, a décidé l’évacuation complète
des casernes de la Légion, de Bel-Abbès, en
présence des cas suspects qui continuent à
se produire avec une certaine recrudescen
ce. Les troupes vont être installées à 3 kilo
mètres de la ville, sur le communal de
Frouda,
X
Nous apprenons avec peine la mort de M.
Victor Badani, capitaine au 3 e régiment de
zouaves, décé lé à Hué, le 3 septembre 1885,
dans sa 42° année.
Cela porte à sept, croyons-nous, le nom
bre d’officiers décédés au Tonkin depuis le
départ du bataillon.
X
La parcelle de terrain domanial connue
sous le nom de Beni-Mclek, située sur le
territoire de la commune de Phïlippeville,
d’une contenance de 152 hectares, est affec
tée au servi e des Forêts pour être soumise
au régime forestier.
X
M. le directeur des postes et télégraphes
nous fait connaître qu’un bureau télégra
phique municipal est ouvert, à partir de ce
jour, à Morris, à la correspondance officielle
et privée.
X
Un arrêté de M. le Préfet a nommé une
commission d’enquête au sujet de la trans
formation de la gare et de la translation de
l’arrêt actuel de Bir-el-Arch.
La commission se réunira à Saint-Arnaud
et sera présidée par M. le Sous-Préfet de
Sètif.
X ^
Nos renseignements particuliers, dit le
Républicain, nous permettent d’annoncer
qu’un second mouvement dans la magistra
ture algérienne, comprenant un conseillsr à
la Cour d’appel d’Alger, sera signé par le
ebef de l’Etat.
La
rasiie en Aïoene
Nous disions, dans notre numéro du 4 oc
tobre, écrit la France militaire, que le
général Delebecque, commandant le 19 e
corps d’armée, avait rendu compte au Mi
nistre de la guerre, que tout symptôme d’a
gitation avait disparu dans les Aurès et que
l’ordre était parfait ; nous ajoutions que
c’était eu vertu de cette lettre que le Minis
tre de la guerre avait décidé le renvoi de la
classe pour le 15 octobre, c’est-à-dire aussi
tôt après les grandes manœuvres.
Quelles sont les impérieuses raisons qui
ont fait revenir le Ministre sur sa décision
et qui l’ont déterminé à maintenir en Algé
rie les hommes de la classe 1880, « jusqu’à
l’arrivée de leurs remplaçants ? »
On ne peut alléguer l’état des esprits ea
Algérie, car, du moment qu’un homme coin**
me le générai Delebecque, afïhme qu’il n’y
a pas d’inquiétude à concevoir, il est à pré
sumer que la chose est exacte Les troubles
de T Aurès ? En reproduisant ces jours der
niers un entrefilet de l’Echo du Sahara qui
réduisait à leur juste valeur les bruits qui
avaient couru à ce sujet, nous avons prouvé
qu’ils avaient été inventés par un journal à
court de nouvelles.
On objectera peut-être qu’il y a à prendre
en considération le vide que ferait la classe
libérable dans les corps de troupe stationnés
en Algérie. Il y aura de toutes façons, du
jour où |a classe est renvoyée jusqu’à l'in
corporation de la classe nouvelle, un vide
plus ou moins eonsinérable Mais enfin, ce
vide est prévu, et nous ne voyons pas trop
pourquoi il est prévu pour la France et non
pour l’Algérie qui, selon l’expression consa
crée, en est le prolongement.
Cette théorie du vide n’est guère soute
nable.
Nous ne comprenons donc pas bien pour
quoi les soldais servant en Algérie, et som
me toute, servant d’une façon autrement
dure que leurs camarades de France, sont
retenus sous les drapeaux trois mois apFès
ceux-ci.
Si nous avons bonne mémoire, les classes
1875, 1878 et 1879 ont, été successivement
iibérées en Algérie fin septembre et courant
octobre. Etaient exceptés les hommes ap-
partenant-au train des équipages, aux sec
tions d’infirmiers, de secrétaires d’état-
major et d’ouvriers d’administration ; le
départ de la classe aurait réduit ces corps à
une telle pénurie d’hommes que le service
n’eût pu être assuré.
Il y a certainement Soin de cette mesure
partielle et absolument motivée à la déci
sion prise le 23 septembre dernier de rete
nir les hommes appartenant aux autres
armes, dans lesquelles le renvoi d’une classe
ne porte aucun préjudice au service.
Si l’Algérie, ce prolongement de la
France , n’était pas dans un état de paix,
nous comprendrions la mesure ; si même
elle était â la distance de nos colonies des
Antilles, nous la comprendrions encore.
Mais l’Algérie est à trente-six heures de
Marseille, et, au moindre symptôme d’agi
tation, des renforts seraient vite arrivés.
Notre confrère a parfaitement raison. Le
retard qu’on met à la libération de la classe
1880, ne s’explique pas du tout.
Les autres classes ayant été libérées au
mois de septembre, il aurait été équitable
d'en user de même envers celle qui nous
occupe.
On ne l’a pas fait. C’est là un tort qu’on
ne peut réparer, dans une certaine mesure,
qu’en renvoyant au plus tôt dans leurs,
foyers les hommes dé la cla-se .1880.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 34.
LES
PAR
L MCO! et G. PMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
EES DEUX TESTAMENTS
Yous savez, monsieur le juge, ai-je besoin
de vous le rappeler ? que je ne suis pas en
tré à la sûreté par intérêt. Quand ce ban
quier voleur, ce Varada, qui a échappé lui
aussi à la recherche de la justice, m’a dé
pouillé de la plus grande partie de ma for
tune, qui n’était pas considérable, si vous le
voulez, mais qui comptait encore deux cent
bons mille francs ; ma femme a été frappée
et est morte presque subitement, ma fille la
suivait peu de temps après dans la tombe.
Je me trouvais seul, désespéré ; il me res
tait trois mille livres de rentes avec les
quelles je pouvais me retirer dans un coin
et attendre tristement, mais tranquillement
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
yai traité avec la Société des Gêna de Lettre*.
la fin de mes jours. Au lieu de cela, j’ai
demandé à entrer à la sûreté comme une
faveur. J’ai juré de me venger, et je me suis
mis à faire la chasse aux assassins et aux
voleurs. Mais ai-je manqué à mes nouveaux
devoirs, n’ai-je pas toujours été solide au
poste ? Oq m’appelle mouchard. Mouchard !
Oui, je suis un mouchard, mais je suis fier
de ce titre : c’est mon plus cher bien, c’est
ma vengeance ! Il me servira à retrouver ce
Varada, que Dieu confonde 1 C’est vrai, je
vo : s Yarada partout, je me suis figuré que
ce Yarada et ce Crecci, qui nous ont tant
fait courir, n’étaient qu’un seul et même
personnage.
Yoilà pourquoi je vois aussi Crecci par
tout ; mais ce n’est pas une raison, allez,
monsieur le juge, pour me faire des repro
ches que je ne crois pas mériter.
M. de Nantrey s’aperçut qu’il avait blessé,
sans le vouloir, le pauvre Cboume. Avant
tout, le magistrat était intègre et juste, aussi
reprit-ii vivement :
— Yous vous méprenez, monsieur Chou-
me, vous vous méprenez ; je ne vous fais
point de reproches et je suis désolé que vous
ayez donné à mes paroles une portée qu’el
les ne sauraient avoir. Je regrette que nous
n’ayons pu arriver à un bon résultat au
sujet de l’affaire Crecci. J’ai peur que nous
ne parvenions point à la terminer au gré de
la justice et de la loi. Quant à vous, mon
sieur Choume, je n’ai jamais douté de votre
loyauté, ni de votre zèle.
Ces quelques paroles ramenèrent le calme
sur le front du petit Choume, et ses yeux
recommencèrent à clignoter. Sortant de la
poche de son paletot un papier qu’il y avait
caché, il le mit sous les yeux du juge d’ins
truction.
—■ Connaissez-vous ça, monsieur le juge?
dit-il d’un air triomnhant.
— Ça, fit M. de Nantrey en saisissant le
papier et en l'examinant à la lueur de ia
lampe, c’est un billet Crecci.
— J’ai pincé tout à l heure, au cabaret de
la Boule-Noire, l’homme qui essayait de le
changer.
— Et cet homme, où est-il?
— Je l’ai là, en bas, dans un fiacre, avec
deux agents.
— Eli ! que ne le disiez-vous plus tôt !
s’écria en se levant prédfpitamment M. de
Nantrey.
M. Choume, en voyant l’agitation du juge
d’instruction et la vivacité qu’il avait appor
tée dans ces derniers mots, jouit immédia
tement de son triomphe. Ses paupières se
mirent à battre avec une rapidité vertigi
neuse, et ses lèvres se crispèrent et dessi
nèrent unô grimace qui avait sans doute la
prétention de ressembler à un sourire.
— Eh bien, qu’attendez-vous, monsieur
Choume? dit le juge. Faites monter cet
homme, nous allons l’interroger.
L’agent se disposait à sortir, mais, eu
passant devant une glace, il aperçut sa pro
pre image et vit qu’à sa toilette de conven
tion il manquait un important détail. Fouil
lant précipitamment dans l’une de ses po
ches, il en retira des lunettes qu’il mit aus
sitôt; seulement, M. Choume s’était trompé
de poche: il était entré chez M. de Nantrey
avec des lunettes b eues, il allait en sortir
avec d’énormes bèsicles vertes qui, plus en»
core que les premières, le rendaient mécon
naissable.
M. de Nantrey, quelqu’habitué qn’il fût
aux excentricités de l'agent, ne put s’empê
cher de sourira et fit remarquer à.M. Chou-
me cette substitution.
— Pas celles-là, lui dit-il.
Choume refouilla dans ses poches et ent
retira une demi-douzaine de paires de lu
nettes, lorgnons et oreillères, des formes las
plus variées, le tout s’enchevêtrant dans
une fausse barbe et des favoris po tiches.
Une fois les premières lunettes ajustées,*
l’agent descendit et arriva en un instant à
la portière du fiacre, qui était demeuré le.
long du trottoir de la maison du faubourg.
Saint-Honoré. Sur un signe de M. Choume,..
les deux sergents de ville firent descendra
l’homme. Il avait les poucettes et se trouvait
dans l’impossibilité de filer.
M. de Nantrey s’était dé nouveau assis
devant son bureau, quand M. Choume, suivi
de sa capture, pénétra dans ie cabinet dût
juge d’instruction.
Sans prononcer un mot, M. Choume dé
signa de la main le sujet à-son chef, ea
ayant l’air de dire :
— Voilà!
M. de Nantrey jeta un rapide coup d’œiï
sur ie sujet et secoua silencieusement la
tête. Le juge n’avait point l’air aussi satis
fit que son agent.
L’homme qui venait d’entrer dans le ca-
DEPOT LEGAL
Première année. — N* 108.
l/e numér o F» centimes.
pr.
Dimanche, 1 "novembre 1885,
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Al GÊRTW
ABONNEMENTS
Trois mois
............ 4.50
Sii mois
O
Un an
48
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, a 0 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les commnnieatior.x relatives ans annnoiacas et réclame* «#■,
Algérie, être adressées à l’AGMCl HAVAS, boulevard de ia .Répâbiiçn»,, A,1$m ,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Mabsbilih, che% M. Gostavb ALLARD, raa dn Bausmet, 4 ;
A Paris, chex MSS. ÂUDBOÏJRS et G 1 *, place de la Boms, 40,
Et par leurs correspondants.
ÎTft A ■NTCIR
O
1»
24
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légale», judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et coniratss.
Alger, le 31 Octobre 1885.
Voirie Municipale d’Alger
DEUX POIDS ET DEUX MESURES
Le service de la voirie est-il chargé d’as
surer la stricte application des règlements
de voirie ? ou bien ses règlements ne sont-
ils que de vains mots et ne les dpplique-t-on
que selon le bon caprice ?
On a institué un comité chargé de tran
cher les différends qui peuvent naître entre
les propriétaires et la voirie sur l’interpré
tation des règlements, mais les décisions de
ce comité sont-elles toujours respectées,
et Monsieur 1® Maire tient-il la main à ce
qu’elles soient observées ?
Ou bien n’est- ce qu’une comédie ? Nous
nous contenterons, pour cette fois, de parler
des récentes constructions des rues du Chê
ne, des Tanneurs, de Nemours 1 et 1 bis,
Porte-Neuve et Hamma. Prochainement,
ous signalerons les nombreux écarts que la
voirie tolère sans doute, par négligence mu
nicipale.
En attendant,, nous demandons â Monsieur
le Maire qu’il nous donne acte des faits sui
vants que nous lui signalons. Comment se
fait-il qu’on ait toléré la violation des rè-
glements en ce qui concerne les hauteurs
des maisons construites rue des Tanneurs,
rue du Chêne, rue du Hamma (hôtel d’Eu
rope), rue Nemours, 1, et rue Porte-Neuve ,
alors qu on a fait appliquer le règlement
d’une façon rigoureuse au propriétaire de la
maison rue Nemours, 1 bis.
Nous sommes persuadé d’avance, qu’on
nous répondra que, pour la rue des Tan
neurs, c’est Monsieur le Maire d’Alger, qui
a autorisé le propriétaire à passer outre sur
la décision du comité de voirie, que pour la
rue du Chêne et celle du Hamma, le comité
de voirie a fermé les yeux.
Enfin, pour la rue Porte-Neuve, a-t-on
fermé les yeux aussi ?
Il s’agit là d’un exhaussement de 5 à 6
mètres, pourtant.
Il est bien évident que M. l’agent-voyer a
dû verbaliser et qu’il a soumis le cas à M.
le Maire et au Comité de la voirie, seuls au
torisés à faire démolir ces sureièvements de
plus d’un étage — ou à accepter le fait ac
compli, ce qui se fait le plus généralement.
Il est un fait certain, en tout cas, c’est que
les règlements sont violés d’une manière
flagrante et que s’ils le sont aussi souvent,
c’est qu’il doit exister un vice dans la ré
glementation des pouvoirs.
Nous venons de dire que sans doute M.
l’agent-voyer a verbalisé.
Mais à quoi servent ces procès- verbaux,
si aucune suite sérieuse ne leur est donnée?
Car si quelquefois on donne suite à ceux
résultant de légères contraventions, c’est
tout bonnement pour pouvoir en épargner
de plus graves.
Nous ne citerons pour aujourd’hui qu’un
seul exemple : Le propriétaire de l’immeu
ble situé rue de Nemours, demandait l’auto
risation de reprendre en fondation, l’angle
de sa maison qui menaçait ruine ; le service
de la voirie crut de son devoir de ne point
répondre à cette demande. —• Le proprié
taire fatigué d’attendre fit commencer les
travaux sans aucune autorisation. — Le ser
vice de la voirie dressa plusieurs procès-
verbaux, pour la forme seulement.
L’Inspecteur, démissionnaire depuis, et
dont nous reparlerons une autre fois, en
avait dressé une quinzaine pour son compte
et on n’a donné suite à aucun d’eux! Mys
tère! Mystère!
Ce qu’il y a de plus surprenant, c’est que,
lorsque les travaux furent complètement
terminés, une autorisation fut, délivrée sous
la rubique : Socle et blanchiment.
Qui a-t-on voulu tromper en délivrant
une autorisation tronquée et ne concordant
pas avec les travaux exécutés. Ou se le de
mande !
Niera-î-on que dans ce service il existe
deux poids et deux mesures ?
Sur qui doit en retomber la responsabi
lité ?
Informations algériennes
A Oran, M. Dentié a été élu capitaine des
sapeurs-pompiers par 57 voix sur 58 vo
tants ; M. Augé, sous-lieutenant, a été élu
lieutenant par 54 voix sur 60 votants ; et M.
Leclerc, sergent, a été élu sous-lieutenant
par 23 voix sur 26 votants.
X
L’autorité militaire, de concert avec l’au
torité civile, a décidé l’évacuation complète
des casernes de la Légion, de Bel-Abbès, en
présence des cas suspects qui continuent à
se produire avec une certaine recrudescen
ce. Les troupes vont être installées à 3 kilo
mètres de la ville, sur le communal de
Frouda,
X
Nous apprenons avec peine la mort de M.
Victor Badani, capitaine au 3 e régiment de
zouaves, décé lé à Hué, le 3 septembre 1885,
dans sa 42° année.
Cela porte à sept, croyons-nous, le nom
bre d’officiers décédés au Tonkin depuis le
départ du bataillon.
X
La parcelle de terrain domanial connue
sous le nom de Beni-Mclek, située sur le
territoire de la commune de Phïlippeville,
d’une contenance de 152 hectares, est affec
tée au servi e des Forêts pour être soumise
au régime forestier.
X
M. le directeur des postes et télégraphes
nous fait connaître qu’un bureau télégra
phique municipal est ouvert, à partir de ce
jour, à Morris, à la correspondance officielle
et privée.
X
Un arrêté de M. le Préfet a nommé une
commission d’enquête au sujet de la trans
formation de la gare et de la translation de
l’arrêt actuel de Bir-el-Arch.
La commission se réunira à Saint-Arnaud
et sera présidée par M. le Sous-Préfet de
Sètif.
X ^
Nos renseignements particuliers, dit le
Républicain, nous permettent d’annoncer
qu’un second mouvement dans la magistra
ture algérienne, comprenant un conseillsr à
la Cour d’appel d’Alger, sera signé par le
ebef de l’Etat.
La
rasiie en Aïoene
Nous disions, dans notre numéro du 4 oc
tobre, écrit la France militaire, que le
général Delebecque, commandant le 19 e
corps d’armée, avait rendu compte au Mi
nistre de la guerre, que tout symptôme d’a
gitation avait disparu dans les Aurès et que
l’ordre était parfait ; nous ajoutions que
c’était eu vertu de cette lettre que le Minis
tre de la guerre avait décidé le renvoi de la
classe pour le 15 octobre, c’est-à-dire aussi
tôt après les grandes manœuvres.
Quelles sont les impérieuses raisons qui
ont fait revenir le Ministre sur sa décision
et qui l’ont déterminé à maintenir en Algé
rie les hommes de la classe 1880, « jusqu’à
l’arrivée de leurs remplaçants ? »
On ne peut alléguer l’état des esprits ea
Algérie, car, du moment qu’un homme coin**
me le générai Delebecque, afïhme qu’il n’y
a pas d’inquiétude à concevoir, il est à pré
sumer que la chose est exacte Les troubles
de T Aurès ? En reproduisant ces jours der
niers un entrefilet de l’Echo du Sahara qui
réduisait à leur juste valeur les bruits qui
avaient couru à ce sujet, nous avons prouvé
qu’ils avaient été inventés par un journal à
court de nouvelles.
On objectera peut-être qu’il y a à prendre
en considération le vide que ferait la classe
libérable dans les corps de troupe stationnés
en Algérie. Il y aura de toutes façons, du
jour où |a classe est renvoyée jusqu’à l'in
corporation de la classe nouvelle, un vide
plus ou moins eonsinérable Mais enfin, ce
vide est prévu, et nous ne voyons pas trop
pourquoi il est prévu pour la France et non
pour l’Algérie qui, selon l’expression consa
crée, en est le prolongement.
Cette théorie du vide n’est guère soute
nable.
Nous ne comprenons donc pas bien pour
quoi les soldais servant en Algérie, et som
me toute, servant d’une façon autrement
dure que leurs camarades de France, sont
retenus sous les drapeaux trois mois apFès
ceux-ci.
Si nous avons bonne mémoire, les classes
1875, 1878 et 1879 ont, été successivement
iibérées en Algérie fin septembre et courant
octobre. Etaient exceptés les hommes ap-
partenant-au train des équipages, aux sec
tions d’infirmiers, de secrétaires d’état-
major et d’ouvriers d’administration ; le
départ de la classe aurait réduit ces corps à
une telle pénurie d’hommes que le service
n’eût pu être assuré.
Il y a certainement Soin de cette mesure
partielle et absolument motivée à la déci
sion prise le 23 septembre dernier de rete
nir les hommes appartenant aux autres
armes, dans lesquelles le renvoi d’une classe
ne porte aucun préjudice au service.
Si l’Algérie, ce prolongement de la
France , n’était pas dans un état de paix,
nous comprendrions la mesure ; si même
elle était â la distance de nos colonies des
Antilles, nous la comprendrions encore.
Mais l’Algérie est à trente-six heures de
Marseille, et, au moindre symptôme d’agi
tation, des renforts seraient vite arrivés.
Notre confrère a parfaitement raison. Le
retard qu’on met à la libération de la classe
1880, ne s’explique pas du tout.
Les autres classes ayant été libérées au
mois de septembre, il aurait été équitable
d'en user de même envers celle qui nous
occupe.
On ne l’a pas fait. C’est là un tort qu’on
ne peut réparer, dans une certaine mesure,
qu’en renvoyant au plus tôt dans leurs,
foyers les hommes dé la cla-se .1880.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 34.
LES
PAR
L MCO! et G. PMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
EES DEUX TESTAMENTS
Yous savez, monsieur le juge, ai-je besoin
de vous le rappeler ? que je ne suis pas en
tré à la sûreté par intérêt. Quand ce ban
quier voleur, ce Varada, qui a échappé lui
aussi à la recherche de la justice, m’a dé
pouillé de la plus grande partie de ma for
tune, qui n’était pas considérable, si vous le
voulez, mais qui comptait encore deux cent
bons mille francs ; ma femme a été frappée
et est morte presque subitement, ma fille la
suivait peu de temps après dans la tombe.
Je me trouvais seul, désespéré ; il me res
tait trois mille livres de rentes avec les
quelles je pouvais me retirer dans un coin
et attendre tristement, mais tranquillement
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
yai traité avec la Société des Gêna de Lettre*.
la fin de mes jours. Au lieu de cela, j’ai
demandé à entrer à la sûreté comme une
faveur. J’ai juré de me venger, et je me suis
mis à faire la chasse aux assassins et aux
voleurs. Mais ai-je manqué à mes nouveaux
devoirs, n’ai-je pas toujours été solide au
poste ? Oq m’appelle mouchard. Mouchard !
Oui, je suis un mouchard, mais je suis fier
de ce titre : c’est mon plus cher bien, c’est
ma vengeance ! Il me servira à retrouver ce
Varada, que Dieu confonde 1 C’est vrai, je
vo : s Yarada partout, je me suis figuré que
ce Yarada et ce Crecci, qui nous ont tant
fait courir, n’étaient qu’un seul et même
personnage.
Yoilà pourquoi je vois aussi Crecci par
tout ; mais ce n’est pas une raison, allez,
monsieur le juge, pour me faire des repro
ches que je ne crois pas mériter.
M. de Nantrey s’aperçut qu’il avait blessé,
sans le vouloir, le pauvre Cboume. Avant
tout, le magistrat était intègre et juste, aussi
reprit-ii vivement :
— Yous vous méprenez, monsieur Chou-
me, vous vous méprenez ; je ne vous fais
point de reproches et je suis désolé que vous
ayez donné à mes paroles une portée qu’el
les ne sauraient avoir. Je regrette que nous
n’ayons pu arriver à un bon résultat au
sujet de l’affaire Crecci. J’ai peur que nous
ne parvenions point à la terminer au gré de
la justice et de la loi. Quant à vous, mon
sieur Choume, je n’ai jamais douté de votre
loyauté, ni de votre zèle.
Ces quelques paroles ramenèrent le calme
sur le front du petit Choume, et ses yeux
recommencèrent à clignoter. Sortant de la
poche de son paletot un papier qu’il y avait
caché, il le mit sous les yeux du juge d’ins
truction.
—■ Connaissez-vous ça, monsieur le juge?
dit-il d’un air triomnhant.
— Ça, fit M. de Nantrey en saisissant le
papier et en l'examinant à la lueur de ia
lampe, c’est un billet Crecci.
— J’ai pincé tout à l heure, au cabaret de
la Boule-Noire, l’homme qui essayait de le
changer.
— Et cet homme, où est-il?
— Je l’ai là, en bas, dans un fiacre, avec
deux agents.
— Eli ! que ne le disiez-vous plus tôt !
s’écria en se levant prédfpitamment M. de
Nantrey.
M. Choume, en voyant l’agitation du juge
d’instruction et la vivacité qu’il avait appor
tée dans ces derniers mots, jouit immédia
tement de son triomphe. Ses paupières se
mirent à battre avec une rapidité vertigi
neuse, et ses lèvres se crispèrent et dessi
nèrent unô grimace qui avait sans doute la
prétention de ressembler à un sourire.
— Eh bien, qu’attendez-vous, monsieur
Choume? dit le juge. Faites monter cet
homme, nous allons l’interroger.
L’agent se disposait à sortir, mais, eu
passant devant une glace, il aperçut sa pro
pre image et vit qu’à sa toilette de conven
tion il manquait un important détail. Fouil
lant précipitamment dans l’une de ses po
ches, il en retira des lunettes qu’il mit aus
sitôt; seulement, M. Choume s’était trompé
de poche: il était entré chez M. de Nantrey
avec des lunettes b eues, il allait en sortir
avec d’énormes bèsicles vertes qui, plus en»
core que les premières, le rendaient mécon
naissable.
M. de Nantrey, quelqu’habitué qn’il fût
aux excentricités de l'agent, ne put s’empê
cher de sourira et fit remarquer à.M. Chou-
me cette substitution.
— Pas celles-là, lui dit-il.
Choume refouilla dans ses poches et ent
retira une demi-douzaine de paires de lu
nettes, lorgnons et oreillères, des formes las
plus variées, le tout s’enchevêtrant dans
une fausse barbe et des favoris po tiches.
Une fois les premières lunettes ajustées,*
l’agent descendit et arriva en un instant à
la portière du fiacre, qui était demeuré le.
long du trottoir de la maison du faubourg.
Saint-Honoré. Sur un signe de M. Choume,..
les deux sergents de ville firent descendra
l’homme. Il avait les poucettes et se trouvait
dans l’impossibilité de filer.
M. de Nantrey s’était dé nouveau assis
devant son bureau, quand M. Choume, suivi
de sa capture, pénétra dans ie cabinet dût
juge d’instruction.
Sans prononcer un mot, M. Choume dé
signa de la main le sujet à-son chef, ea
ayant l’air de dire :
— Voilà!
M. de Nantrey jeta un rapide coup d’œiï
sur ie sujet et secoua silencieusement la
tête. Le juge n’avait point l’air aussi satis
fit que son agent.
L’homme qui venait d’entrer dans le ca-
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