Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-31
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 octobre 1885 31 octobre 1885
Description : 1885/10/31 (A1,N107). 1885/10/31 (A1,N107).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5432420
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PRE*
* ^ i ' ‘ 1 f ! f i *
IjU 1 U I l L
Première année. — N* 107.
numéro eentimes.
DEPOT
î
LEGAL
Samedi, 31 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Cn an
Algérie.. 4.50 9 18
Fjiancb 6 1» »4
ADMINISTRATION ST RÉDACTION :
Rue de lâ Marine, n° 9, ancien bôtel Bazin
Tontes les communications relatives aux annsoncas et récansa» ««mat, @®.
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, bonlovard de la Répahlta»®, Algsï ».
En France, les commanication* sont reçues savc-b* :
A Marsbill*, chez 55 . Gustàv* ALLARD, rue du Hausse!, A ;
A Paris, elles MM. AUDBOÜRG et O, place de la Boum, ib.
Et par lenrs éon'espondsnîr.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonees légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrat».,
Alger, le 30 Octobre 1885.
En présence de l’opposition réactionnaire
qui dépasse au moins un tiers de la repré
sentation du pays, les députés qui doivent
former une majorité gouvernementale à la
Chambre ont été amenés à examiner les
conséquences que pourrait avoir cette mi
norité conservatrice sur les affaires.
On ne s’illusionne pas sur l’attitude que
prendra à la Chambre le groupe monar
chiste. La droite se 'sra comme un seul
homme dans, un but commun : l’opposition
à oat.ance, l’opposition de parti-pris, la
plus dangereuse de toutes, incontestable
ment.
Il est donc nécessaire que les républicains
opposent à ces assauts répétés une impéné
trabilité parfaite, une solidité inébranlable,
car un défaut, d’entente pourrait occasion
ner des surprises, de graves mécomptes,
et rendre par conséquent la stabilité gou
vernementale impossible à réaliser.
Certains députés ont recherché les
moyens de prévenir ces inconvénients et ils
se sont arrêtés à l’idée de réunions pléniè
res, dans lesquelles la majorité républi
caine déterminerait, avant l’ouverture de la
session, la ligne de conduite qu’il convien
drait de tenir pendant ie cours de la légis
lature. C’est peut-être pousser un peu loin
la prévoyance, car il n’en est pas de la po
litique comme d'une expression mathéma
tique, laquelle découle nécessairement de
celle qui Ta précède et engendre forcément
celles qui la suivent. La politique ne se
résout pas par des équations. Elle est es
sentiellement contingente. Il faut à tout
instant tenir compte des circonstances et
savoir allier la fermeté "des vues quant au
but à atteindre avec les ména gements à gar
der et les concessions à faire sur les
moyens.
Même en négligeant ces considérations et
les éventualités qui peuvent empêcher la
Chambre de rester jusqu’au bout fidèle au
programme qu’elle se serait ainsi tracé, il
semble assez difficile que la majorité se
mette, en quelques séances, d’accord sur
tous les points de ce programme et adopte,
pour ainsi dire au pied levé, une solution
ferme pour tous les problèmes qui doivent
faire l’objet de son étude pendant quatre
ans.
Peut-être les promoteurs de cette idée ne
se sont-ils pas rendu un compte exact des
conditions de notre régime parlementaire et
sont-ils quelque peu hantés par des souve
nirs historiques. Le pouvoir législatif ne ré
side pas dans une Assemblée unique. Pour
qu’une mesure devienne légale, il faut qu’elle
ait reçu l’assentiment non-seulement de la
Chambre, mais aussi du Sénat. Celui-ci
n’est pas un instrument de résistance- Le
parti républicain y dispose d’une majorité
considérable, puisqu’il y a fait, en janvier
dernier, des gains aussi importants que les
pertes q/a’il vient d’éprouver à la Cbambre.
On ne s’est peut-être pas non plus assez
préoccupé, dans l’élaboration de ce projet,
des droits légitimes du pouvoir exéeutif,
lequel n’est pas entre ies mains de délégués
uniquement chargés d’appliquer les mesu
res arrêtées par la Chambre. Les ministres
ont, dans notre système constitutionnel,une
fonction toute différente. Ils ont l’initiative
des lois ; ils exercent une action dirigeante ;
ils ont autorité pour discuter ies proposi
tions émanant de l’initiative parlementaire.
Il semble difficile qu’ils abdiquent les droits
qu’ils tiennent de la Constitution et qui for
ment l’essence même du gouvernement,
pour accepter un programme qui leur se-
rait'proposé et en quelque sorte imposé par
une réunion extra-parlementaire après des
études et des déclarations plus ou moins
approfondies, et auxquelles ils auraient tout
au plus pu participer à titre individuel.
Si, présentées de celte façon, les réunions
plénières ne donnent pas tout ce qu’on est
en droit d’en attendre, l’idée même de qes
réunions est à considérer, car elle peut utile
ment servir.
Il est indiscutable qu’il est bon de prépa
rer discrètement le travail parlementaire,
de chercher les moyens les plus propres à
faire régner l’union dans le parti républi
cain.
La leçon donnée à nos représentant au 4
octobre a porté ses fruits, et le 18, les répu
blicains ont triomphé partout, grâce à une
discipline parfaite- et à l’abstraction de tout
amour-propre exagéré.
Il est donc impossible de ne pas s’arrêter
à ce grand exemple et les nouveaux élus ne
peuvent manquer de s'en souvenir.
-i ■■■— - ■ i. i . J» ?
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
.N” 33.
LES
PAR
L 1AC0T et G. PMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Comme tenue, M. Choume avait une mi
se suffisamment négligée. Il portait un com
plet trop large, taillé dans une étoffe d’une
nuance douteuse, flottant entre la lie de vin
et le brun foncé, le tout maculé de nom
breuses taches. Par contre, du linge blanc
et une cravate noire bien nouée contras
taient avec le reste du costume.
De plus, M. Choume avait des gants. Ces
gants étaient propres.
— C’est donc grave, M. Choume ? fit le
magistrat en s’adressant au petit homme,
dont les yeux, clignant sous le jeu répété
des paupières, exprimaient une satisfaction
non déguisée.
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
9 ii traité avec ia Société des Gens de Lettres.
— Monsieur le juge, répliqua-il sans ré
pondre, a vu mon petit signe ?
— Oui, et c’est même ce qui m’a fait vous
recevoir,^car i’allaisâ l’Opéra.
— J’ose espérer que monsieur le juge ne
regrettera point d’être resté. Ce que j’ai à
lui dire vaut peut-être pour moi toutes ies
symphonies de la terre.
M. ce Nantrey prit un fauteuil et désigna
de la main un siège à M. Choume ; mais
celui-ci demeura debout.
— Voyons, monsieur Choume, qu’y a-t-il?
demanda le magistrat.
— Ancienne affaire, monsieur le juge,
aucienne affaire, qui nous a donné bien du
mal, bien du tintouin, tout cela inutile. Une
affaire où moi, Choume, j’ai été joué sous
jambe comme un novice et où j’ai aussi, si
monsieur le juge me le permet, une revan
che un peu corsée à prendre.
Le petit homme parlait avec volubilité, et
ses yeux tournaient sur eux-mêmes et cli
gnaient avec une fatigante rapidité.
— Il a fallu que je fusse bien pressé pour
arriver jusqu’ici et vous prévenir, monsieur
le juge, puisque, vous m’excuserez, je l’es
père, je n’ai pas pris le temps de changer
d’habit de travail.
Le costume lie de vin, les taches de grais
se, tout cela était un déguisement.
— Je vous excuse, M. Choume, je vous
excuse, fit le magistrat ; allons au fait. De
quelle affaire s’agit-il ?
— Affaire Crecci se décida à prononcer
l’agent.
M. de Nantrey ne partagea sans dodte
Il faut qu’ils soient unis, qu’ils marchent
la main dans ia rnarn, d’abord pour avoir
raison de la coalition monarchiste, ensuite
pour ne pas faire regretter au pays d’avoir
placé en eux sa confiance, c’est-à-dire ses
espérances les plus grandes et les plus légi
times.
Informations algériennes
Le train 3 parti lundi de Philippeville a
passé sur un bœuf, au 6“ kilomètre entre
Damrémout et Saf-Saf, huit wagons ont
déraillé, dont 3 de voyageurs et 5 de mar
chandises. Ce train n’est arrivé à Constac-
tine qu’à 11 heures 45 au lieu de 7 heures 17.
Il n’y a eu aucun accident à constater.
X
Les débats de l’affaire Tournier, le maire
concussionnaire de Guettar-el-Aïche, ont
duré tou’e la nuit de samedi à dimanche.
A quatre heures du matin, à la suite du
verdict du jury, Tournier a été condamné à
deux ans de prison et 500 francs.
X
Le Conseil général d’Oran, dans sa séance
d’hier, a voté le cahier des charges qui sera
imposé à la Compagnie Franco-Algérienne,
peur la construction et l’exploitation du che
min de fer d’intérêt local d’Oran à Arzew.
Il a également a pprouvé un projet défini
tif de convention avec cette compagnie.
I!,,u ensuite clos sa session après avoir
renouvelé un vœu demandant la suppres
sion des assesseurs musulmans.
X
On laisse embarquer des vins inculpés de
fuschine, dit le Petit Fanal
l es expéditeurs prétendent qu’ils ont été
calomniés.
D’autre part, nous sommes en possession
d’une lettre et d’un tube, authentiques et
officiels, affirmant l’existence de la fus-
chine.
Où est la vérité ?
X
MM. Bordet, président de la Société
d’agriculture d’Alger ; Chabasse, président
du Comice agricole d’Alger, et Debonno,
président du Comice agricole de Boufarik
sont nommés, par arrêté préfectoral, mem
bres du Comice centrai dè vigilance chargé
de la surveiliance des vignobles et de la
recherche dn phylloxéra.
pas l’enthousiasme de M. Choume, car ii se
contenta de hausser les épaules,
— Et c’est pour et la que vous venez me
déranger !... et que vous mettez urgent sur
votre carte ! Voilà trois fois que cela vous
arrive et inutilement. Vous voyez l’af
faire Crecci partout, et vous aviez raison
tout à 1 heure : dam l’affaire Crecci, on
vous a joué comme un JObarri. Décidément,
monsieur Choume, vous baissez. Je regrette
d être obligé de vous le dire et j'ai granri’-
peur que votre visite d’aujourd’hui ne soit
pas motivée par des données plus sérieuses
que les précédentes.
L’affaire Crecci dont Venaient de parler
M. de Nantrey et M. Choume avait, deux
ans avant cette époque, préoccupé violem
ment l’opinion publique.
Un beau jour, Paris avait été inondé de
faux billets de banque. Ils étaient parfaite
ment bien imités, par'billets de 100 francs
et de 50 bancs, et il avait fallu longtemps
à la police pour s’en apercevoir. Aussi ies
faussaires avaient- ils eu la latitude d’en
écouler un fort stock que la Banque avait
mis plusieurs mois a. faire ientrer et à dé
truire. Les billets ressemblaient à s’y mé
prendre aux billets réels et sincères de ia
Banque de France : les signatures, les poin
çons, les numéros d’ordre et de série, rien
n’y manquait. Cependant il existait une la
cune.
Pour s’apercevoir de la supercherie on
n’avait qu’à prendre le billet et, le regardant
au jour, examiner sa transparence.
La tète de Mercure, qui est le dieu du
CONSEIL GENERAL
Compte rendu analytique officiel de les,
séance du 23 octobre 1885.
Présidence de M. Mauguin, sénateur
La séance est ouverte à 2 h. 1/4 du soir.
Absents : MM. Locquet, Houbé, Barnaud
et Marchai.
Absents excusés: MM. Robe, Rauzières
(malade;, Obiiz et Koziell (en mission) et
Ali-Chêrif.
Le procès-verbal de la séance précédent®
est adopté sans observations.
Bâtiments départementaux. Echange d®
l’bôleUde la Préfecture contre celui du Tré
sor. — 3 e Commission, rapporteur M Al
lan.
Cette question est ajournée.
Vœu pour la création d’un Tribunal de 1**
instance à Miliana. — 3 e Commission, rap
porteur M. Allan.
Ap?ès une discussion à laquelle prennent
part MM. Fourrier, Pourailly, Allan, Sa ma
ry et Martin, le Conseil émet un avis favo
rable à la création de ce Tribunal.
Société des Beaux-Arts d’Alger. Demande
de de subvention. — 3 e Commission, rap
porteur M. Allan.
Le rapport conclut au rejet de la deman
de.
M. Sarnary proteste et prie le Conseil d®
vouloir bien voter un crédit de 500 francs,
en faveur de la Société des Beaux- Arts.
La proposition de M Samary est rejetée
et les conclusions du rapport de la Commis
sion sont adoptées.
Justice de paix du canton Sud. Demande
de crédit, — 3 e Commission, rapporteur M„
Allan.
La Commission propose de repousser cett®
demande de crédii par la question préalable-
Adopté.
Projet de création de la commune de
Ouled-Fayet. — 3 e ’ Commission, rappor
teur M. Pourailly.
Le Conseil émet un avis favorable à la
constitution de cette commune.
Mobilier des sous-préfectures. Orléans-
ville. — 3" Commission, rapporteur M. Pour-
railly.
La somme de 5,250 francs demandée est
votée par le Conseil.
Erection d’une statue au général Margue
ritte. —■ 3 e Commission, rapporteur M. Fal
let.
Une subvention de 500 francs est accor
dée.
Vœu portant création d’un Tribunal de t w *>
instance à Médéah. — 3 e Commission, rap
porteur M. Fallet,
Sur l’avis de la 3 e Commission, le Conseil
acceuiile le vœu qui lui est soumis.
comme ce, mais aussi celui des voleurs*
laissait beaucoup à désirer.
M. de Nantrey avait été chargé de cett®.
affaire, qui avait mis sur ies dents le juge
d’instruction et la police.
On avait saisi des billets, dts porteurs de
billets, des écouleurs, des recéleurs, des,
affi iés, mais l’âme dé .l’entreprise, le chef de
là fabrication, cn n était point parvenu A
mettre la main dessus. L’accord existait
sur son nom. Les agents et les complices,
arrêtés disaient tous que le principal
coupable était un Italien nommé Crecci, et
c’était lé nom de cet Italien que l’on avait
donné à l'affaire ; c’était par ce nom qu’on
la désignait encore. Quant au signalement,
les renseignements étaient ies plus divers et
les plus opposas. Pour les uns, Crecci était
un maigre, pour d’autres un gras, pour les
uns un chevelu, pour ceux-ci fun chau
ve.
En somme, on ne savait rien sle positif.
Les reproches du juge d’instruction ailA»
rent au cœur du petit Choume ; il se redres»
sa, ses yeux se voilèrent, sa physionomie
prit une teinte de véritable tristesse, et c®
fut avec une voix troublée qu’il dit à M. d®
Nauîrey :
— Vous avez tort, monsieur, de me fairqt
des reproches qui me vont au cœur et ravi
vent des chagrins que je ne puis oublie^
(A suivre.)
* ^ i ' ‘ 1 f ! f i *
IjU 1 U I l L
Première année. — N* 107.
numéro eentimes.
DEPOT
î
LEGAL
Samedi, 31 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Cn an
Algérie.. 4.50 9 18
Fjiancb 6 1» »4
ADMINISTRATION ST RÉDACTION :
Rue de lâ Marine, n° 9, ancien bôtel Bazin
Tontes les communications relatives aux annsoncas et récansa» ««mat, @®.
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, bonlovard de la Répahlta»®, Algsï ».
En France, les commanication* sont reçues savc-b* :
A Marsbill*, chez 55 . Gustàv* ALLARD, rue du Hausse!, A ;
A Paris, elles MM. AUDBOÜRG et O, place de la Boum, ib.
Et par lenrs éon'espondsnîr.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonees légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrat».,
Alger, le 30 Octobre 1885.
En présence de l’opposition réactionnaire
qui dépasse au moins un tiers de la repré
sentation du pays, les députés qui doivent
former une majorité gouvernementale à la
Chambre ont été amenés à examiner les
conséquences que pourrait avoir cette mi
norité conservatrice sur les affaires.
On ne s’illusionne pas sur l’attitude que
prendra à la Chambre le groupe monar
chiste. La droite se 'sra comme un seul
homme dans, un but commun : l’opposition
à oat.ance, l’opposition de parti-pris, la
plus dangereuse de toutes, incontestable
ment.
Il est donc nécessaire que les républicains
opposent à ces assauts répétés une impéné
trabilité parfaite, une solidité inébranlable,
car un défaut, d’entente pourrait occasion
ner des surprises, de graves mécomptes,
et rendre par conséquent la stabilité gou
vernementale impossible à réaliser.
Certains députés ont recherché les
moyens de prévenir ces inconvénients et ils
se sont arrêtés à l’idée de réunions pléniè
res, dans lesquelles la majorité républi
caine déterminerait, avant l’ouverture de la
session, la ligne de conduite qu’il convien
drait de tenir pendant ie cours de la légis
lature. C’est peut-être pousser un peu loin
la prévoyance, car il n’en est pas de la po
litique comme d'une expression mathéma
tique, laquelle découle nécessairement de
celle qui Ta précède et engendre forcément
celles qui la suivent. La politique ne se
résout pas par des équations. Elle est es
sentiellement contingente. Il faut à tout
instant tenir compte des circonstances et
savoir allier la fermeté "des vues quant au
but à atteindre avec les ména gements à gar
der et les concessions à faire sur les
moyens.
Même en négligeant ces considérations et
les éventualités qui peuvent empêcher la
Chambre de rester jusqu’au bout fidèle au
programme qu’elle se serait ainsi tracé, il
semble assez difficile que la majorité se
mette, en quelques séances, d’accord sur
tous les points de ce programme et adopte,
pour ainsi dire au pied levé, une solution
ferme pour tous les problèmes qui doivent
faire l’objet de son étude pendant quatre
ans.
Peut-être les promoteurs de cette idée ne
se sont-ils pas rendu un compte exact des
conditions de notre régime parlementaire et
sont-ils quelque peu hantés par des souve
nirs historiques. Le pouvoir législatif ne ré
side pas dans une Assemblée unique. Pour
qu’une mesure devienne légale, il faut qu’elle
ait reçu l’assentiment non-seulement de la
Chambre, mais aussi du Sénat. Celui-ci
n’est pas un instrument de résistance- Le
parti républicain y dispose d’une majorité
considérable, puisqu’il y a fait, en janvier
dernier, des gains aussi importants que les
pertes q/a’il vient d’éprouver à la Cbambre.
On ne s’est peut-être pas non plus assez
préoccupé, dans l’élaboration de ce projet,
des droits légitimes du pouvoir exéeutif,
lequel n’est pas entre ies mains de délégués
uniquement chargés d’appliquer les mesu
res arrêtées par la Chambre. Les ministres
ont, dans notre système constitutionnel,une
fonction toute différente. Ils ont l’initiative
des lois ; ils exercent une action dirigeante ;
ils ont autorité pour discuter ies proposi
tions émanant de l’initiative parlementaire.
Il semble difficile qu’ils abdiquent les droits
qu’ils tiennent de la Constitution et qui for
ment l’essence même du gouvernement,
pour accepter un programme qui leur se-
rait'proposé et en quelque sorte imposé par
une réunion extra-parlementaire après des
études et des déclarations plus ou moins
approfondies, et auxquelles ils auraient tout
au plus pu participer à titre individuel.
Si, présentées de celte façon, les réunions
plénières ne donnent pas tout ce qu’on est
en droit d’en attendre, l’idée même de qes
réunions est à considérer, car elle peut utile
ment servir.
Il est indiscutable qu’il est bon de prépa
rer discrètement le travail parlementaire,
de chercher les moyens les plus propres à
faire régner l’union dans le parti républi
cain.
La leçon donnée à nos représentant au 4
octobre a porté ses fruits, et le 18, les répu
blicains ont triomphé partout, grâce à une
discipline parfaite- et à l’abstraction de tout
amour-propre exagéré.
Il est donc impossible de ne pas s’arrêter
à ce grand exemple et les nouveaux élus ne
peuvent manquer de s'en souvenir.
-i ■■■— - ■ i. i . J» ?
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
.N” 33.
LES
PAR
L 1AC0T et G. PMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Comme tenue, M. Choume avait une mi
se suffisamment négligée. Il portait un com
plet trop large, taillé dans une étoffe d’une
nuance douteuse, flottant entre la lie de vin
et le brun foncé, le tout maculé de nom
breuses taches. Par contre, du linge blanc
et une cravate noire bien nouée contras
taient avec le reste du costume.
De plus, M. Choume avait des gants. Ces
gants étaient propres.
— C’est donc grave, M. Choume ? fit le
magistrat en s’adressant au petit homme,
dont les yeux, clignant sous le jeu répété
des paupières, exprimaient une satisfaction
non déguisée.
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
9 ii traité avec ia Société des Gens de Lettres.
— Monsieur le juge, répliqua-il sans ré
pondre, a vu mon petit signe ?
— Oui, et c’est même ce qui m’a fait vous
recevoir,^car i’allaisâ l’Opéra.
— J’ose espérer que monsieur le juge ne
regrettera point d’être resté. Ce que j’ai à
lui dire vaut peut-être pour moi toutes ies
symphonies de la terre.
M. ce Nantrey prit un fauteuil et désigna
de la main un siège à M. Choume ; mais
celui-ci demeura debout.
— Voyons, monsieur Choume, qu’y a-t-il?
demanda le magistrat.
— Ancienne affaire, monsieur le juge,
aucienne affaire, qui nous a donné bien du
mal, bien du tintouin, tout cela inutile. Une
affaire où moi, Choume, j’ai été joué sous
jambe comme un novice et où j’ai aussi, si
monsieur le juge me le permet, une revan
che un peu corsée à prendre.
Le petit homme parlait avec volubilité, et
ses yeux tournaient sur eux-mêmes et cli
gnaient avec une fatigante rapidité.
— Il a fallu que je fusse bien pressé pour
arriver jusqu’ici et vous prévenir, monsieur
le juge, puisque, vous m’excuserez, je l’es
père, je n’ai pas pris le temps de changer
d’habit de travail.
Le costume lie de vin, les taches de grais
se, tout cela était un déguisement.
— Je vous excuse, M. Choume, je vous
excuse, fit le magistrat ; allons au fait. De
quelle affaire s’agit-il ?
— Affaire Crecci se décida à prononcer
l’agent.
M. de Nantrey ne partagea sans dodte
Il faut qu’ils soient unis, qu’ils marchent
la main dans ia rnarn, d’abord pour avoir
raison de la coalition monarchiste, ensuite
pour ne pas faire regretter au pays d’avoir
placé en eux sa confiance, c’est-à-dire ses
espérances les plus grandes et les plus légi
times.
Informations algériennes
Le train 3 parti lundi de Philippeville a
passé sur un bœuf, au 6“ kilomètre entre
Damrémout et Saf-Saf, huit wagons ont
déraillé, dont 3 de voyageurs et 5 de mar
chandises. Ce train n’est arrivé à Constac-
tine qu’à 11 heures 45 au lieu de 7 heures 17.
Il n’y a eu aucun accident à constater.
X
Les débats de l’affaire Tournier, le maire
concussionnaire de Guettar-el-Aïche, ont
duré tou’e la nuit de samedi à dimanche.
A quatre heures du matin, à la suite du
verdict du jury, Tournier a été condamné à
deux ans de prison et 500 francs.
X
Le Conseil général d’Oran, dans sa séance
d’hier, a voté le cahier des charges qui sera
imposé à la Compagnie Franco-Algérienne,
peur la construction et l’exploitation du che
min de fer d’intérêt local d’Oran à Arzew.
Il a également a pprouvé un projet défini
tif de convention avec cette compagnie.
I!,,u ensuite clos sa session après avoir
renouvelé un vœu demandant la suppres
sion des assesseurs musulmans.
X
On laisse embarquer des vins inculpés de
fuschine, dit le Petit Fanal
l es expéditeurs prétendent qu’ils ont été
calomniés.
D’autre part, nous sommes en possession
d’une lettre et d’un tube, authentiques et
officiels, affirmant l’existence de la fus-
chine.
Où est la vérité ?
X
MM. Bordet, président de la Société
d’agriculture d’Alger ; Chabasse, président
du Comice agricole d’Alger, et Debonno,
président du Comice agricole de Boufarik
sont nommés, par arrêté préfectoral, mem
bres du Comice centrai dè vigilance chargé
de la surveiliance des vignobles et de la
recherche dn phylloxéra.
pas l’enthousiasme de M. Choume, car ii se
contenta de hausser les épaules,
— Et c’est pour et la que vous venez me
déranger !... et que vous mettez urgent sur
votre carte ! Voilà trois fois que cela vous
arrive et inutilement. Vous voyez l’af
faire Crecci partout, et vous aviez raison
tout à 1 heure : dam l’affaire Crecci, on
vous a joué comme un JObarri. Décidément,
monsieur Choume, vous baissez. Je regrette
d être obligé de vous le dire et j'ai granri’-
peur que votre visite d’aujourd’hui ne soit
pas motivée par des données plus sérieuses
que les précédentes.
L’affaire Crecci dont Venaient de parler
M. de Nantrey et M. Choume avait, deux
ans avant cette époque, préoccupé violem
ment l’opinion publique.
Un beau jour, Paris avait été inondé de
faux billets de banque. Ils étaient parfaite
ment bien imités, par'billets de 100 francs
et de 50 bancs, et il avait fallu longtemps
à la police pour s’en apercevoir. Aussi ies
faussaires avaient- ils eu la latitude d’en
écouler un fort stock que la Banque avait
mis plusieurs mois a. faire ientrer et à dé
truire. Les billets ressemblaient à s’y mé
prendre aux billets réels et sincères de ia
Banque de France : les signatures, les poin
çons, les numéros d’ordre et de série, rien
n’y manquait. Cependant il existait une la
cune.
Pour s’apercevoir de la supercherie on
n’avait qu’à prendre le billet et, le regardant
au jour, examiner sa transparence.
La tète de Mercure, qui est le dieu du
CONSEIL GENERAL
Compte rendu analytique officiel de les,
séance du 23 octobre 1885.
Présidence de M. Mauguin, sénateur
La séance est ouverte à 2 h. 1/4 du soir.
Absents : MM. Locquet, Houbé, Barnaud
et Marchai.
Absents excusés: MM. Robe, Rauzières
(malade;, Obiiz et Koziell (en mission) et
Ali-Chêrif.
Le procès-verbal de la séance précédent®
est adopté sans observations.
Bâtiments départementaux. Echange d®
l’bôleUde la Préfecture contre celui du Tré
sor. — 3 e Commission, rapporteur M Al
lan.
Cette question est ajournée.
Vœu pour la création d’un Tribunal de 1**
instance à Miliana. — 3 e Commission, rap
porteur M. Allan.
Ap?ès une discussion à laquelle prennent
part MM. Fourrier, Pourailly, Allan, Sa ma
ry et Martin, le Conseil émet un avis favo
rable à la création de ce Tribunal.
Société des Beaux-Arts d’Alger. Demande
de de subvention. — 3 e Commission, rap
porteur M. Allan.
Le rapport conclut au rejet de la deman
de.
M. Sarnary proteste et prie le Conseil d®
vouloir bien voter un crédit de 500 francs,
en faveur de la Société des Beaux- Arts.
La proposition de M Samary est rejetée
et les conclusions du rapport de la Commis
sion sont adoptées.
Justice de paix du canton Sud. Demande
de crédit, — 3 e Commission, rapporteur M„
Allan.
La Commission propose de repousser cett®
demande de crédii par la question préalable-
Adopté.
Projet de création de la commune de
Ouled-Fayet. — 3 e ’ Commission, rappor
teur M. Pourailly.
Le Conseil émet un avis favorable à la
constitution de cette commune.
Mobilier des sous-préfectures. Orléans-
ville. — 3" Commission, rapporteur M. Pour-
railly.
La somme de 5,250 francs demandée est
votée par le Conseil.
Erection d’une statue au général Margue
ritte. —■ 3 e Commission, rapporteur M. Fal
let.
Une subvention de 500 francs est accor
dée.
Vœu portant création d’un Tribunal de t w *>
instance à Médéah. — 3 e Commission, rap
porteur M. Fallet,
Sur l’avis de la 3 e Commission, le Conseil
acceuiile le vœu qui lui est soumis.
comme ce, mais aussi celui des voleurs*
laissait beaucoup à désirer.
M. de Nantrey avait été chargé de cett®.
affaire, qui avait mis sur ies dents le juge
d’instruction et la police.
On avait saisi des billets, dts porteurs de
billets, des écouleurs, des recéleurs, des,
affi iés, mais l’âme dé .l’entreprise, le chef de
là fabrication, cn n était point parvenu A
mettre la main dessus. L’accord existait
sur son nom. Les agents et les complices,
arrêtés disaient tous que le principal
coupable était un Italien nommé Crecci, et
c’était lé nom de cet Italien que l’on avait
donné à l'affaire ; c’était par ce nom qu’on
la désignait encore. Quant au signalement,
les renseignements étaient ies plus divers et
les plus opposas. Pour les uns, Crecci était
un maigre, pour d’autres un gras, pour les
uns un chevelu, pour ceux-ci fun chau
ve.
En somme, on ne savait rien sle positif.
Les reproches du juge d’instruction ailA»
rent au cœur du petit Choume ; il se redres»
sa, ses yeux se voilèrent, sa physionomie
prit une teinte de véritable tristesse, et c®
fut avec une voix troublée qu’il dit à M. d®
Nauîrey :
— Vous avez tort, monsieur, de me fairqt
des reproches qui me vont au cœur et ravi
vent des chagrins que je ne puis oublie^
(A suivre.)
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