Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-27
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 octobre 1885 27 octobre 1885
Description : 1885/10/27 (A1,N103). 1885/10/27 (A1,N103).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543238r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
KEKECTUliiî !>'Ai,(iKp,
Première année. — N* 103.
Le numéro 5 centimes
DEPOT
-9
EGAL
Mardi, 27 octobre 1835.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
AT.ftÉ'Rrrï „
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 S»
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnoaces et réclama* deÎTORt, as
Algérie, être adressées à l’AGENCB HAVAS, boulevard de la RèpefeM^a,. aï m „
Kn France, les communications sont reçues savoir :
A Marskillx, chez M. Gustatb ALLARD, rue du Bausset, A ;
A Pauis, che* MM. AUDBOURG et C ! », place de la Bourse, 40,
Fr â ncir .
. « f3
34
St par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIBNNB est désignée pour l’insertion de» «nnoaoeg légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 26 Octobre 1885.
Sermon de M. Ssaac Bloch
GRAND RABBIN DU DÉPARTEMENT D’ALGER
M. Isaac Bloch, grand rabbin de la pro
vince d’Alger, a prononcé le 15 septembre,
devant ses coreligionnaires, un sermon très
intéressant par le sujet qu’il traite et par
les conseils qu’il fait entendre aux Israélites
d’Algérie.
M, Bloch avait pris pour texte Y Isolement
d'Israël et l’exergue tirée des nombres :
« Voici un peuple qui habite séparément et
qui n’est point compté parmi les nations. »
L’orateur débuta par constater la presque
universalité du grief adressé à ses coreli
gionnaires «de s’isoler au milieu des nations,
de se séparer volontiers de leurs compa
triotes, en un mot, suivant une expression
vulgaire, de faire bande à part. »
Et en effet, à voir avec quelle persistance
ce reproche est reproduit à travers les âges
par des auteurs différents et maintenu jus
qu’à nos jours, on est tenté d’admettre qu’il
repose sur des bases sérieuses ; que les pa
roles et les écrits sont confirmés par des
îaits constants, indéniables.
Par de nombreuses citations, par des
recherches consciencieuses faites dans le do
maine de l’histoire, M. Isaac Bloch s’atta
che à démontrer que, cette fois, la calomnie
ne cache pas, comme d’ordinaire, une part
de vérité et que rien n’est plus faux que de
soutenir que « les tendances des Israélites
sont si contraires à celles de nos concitoyens
qu’elles empêchent éternellement de nous
unir à eux, qu’elles sont l’obstacle qui rend
vaine toute epèrance de fusoin et qu’elles
constituent de leur part une opposition
peut-être involontaire, mais réelle, par
laquelle ils deviennent indignes de la solli
citude nationale. »
» Oui, dit-il,pendant le paganisme,les Is
raélites se sont attachés à ne pas se laisser
pénétrer par les mœurs des nations païennes
qui les entouraient, à conserver intact le
dogme du monothéisme. Mais peut-on s’ar
mer contre eux d’une résistance qui a fait
leur grandeur ?
» Plus tard, sous le moyen âge, alors que
dispersés sur toute la ferre, les Juifs étaient
un objet d’horreur et de répulsion pour tou3
les autres peuples, il est constant qu’ils
sont demeurés dans l’isolement. Mais cet
état provenait-il de leur fait ou de l’atti
tude prise à leur égard?
» Parqués dans des quartiers séparés, en
dehors desquels il leur est défendu d’habi
ter, iis sont soumis à des taxes spéciales,
odieusement humiliantes ; ils sont obligés
de porter un signe de reconnaissance, in
famant sur leurs vê ements ; en un mot,
une muraille de g-lace, élevée par l’intolé
rance et le fanatisme, les environne de tous
côlés et les isole au milieu de la société eu
ropéenne. C’est pendant ces longs siècles
de misère que les cœurs se remplissent de
fiel. C'est pendant ces temps sombres de la
persécution que la race juive, naturellement
expansive et sociable, connaît la vie à part.
C’est de cet isolement forcé que ses ennemis
s’autorisent aujourd’hui pour la calomnier
et la maudire. »
Et comme preuve de l’expansabilité des
Israélites, l’orateur nous les montre dès le
jour de la délivrance par l’arrivée de la So
ciété moderne, ae pliant à toutes les lois de
la civilisation, s’y mêlant activement, ne
restant étranger à rien dans le domaine de
Part, de l’industrie et du commerce.
Aussi, en France, personne n’oserait-ii
relever encore contre les Juifs ce reproche
immérité d’isoleineat volontaire et prémé
dité.
Cependant il subsista et persévère sur cet
te terre d’Afrique la dernière arrivée à la
civilisation. Le préjugé n’est pas encore
vaincu, et il faut qu’il cède devant les faits.
M. Isaac Bloch adjure donc ses coreli
gionnaires d’être les premiers à le combat
tre et 4 le renverser.
« C’est à vous, israèlites, dit-il, qu’il ap
partient de désarmer vos ennemis par vos
progrès et d’essayer d’accomplir la fusion
malgré les obstacles élevés sous nos pas. A
ceux qui nous accusent de faire bande à
part, répondons, non-seulement en donnant
notre sang à la patrie, notre temps à la so
ciété, notre or à toutes les œuvres de
bienfaisance et de charité, mais encore en
répudiant résolument tout ce qui pourrait
nous distinguer de nos concitoyens, en
abandonnant tout à fait ce costume orien
tal qui éveille le dédain parce qu’il est la
livrée d’une civilisation arriérée, en ou
bliant cette langue arabe qui fait ressembler
à des étrangers dans leur propre pays ceux
qui s’en servent encore, enfin en extirpent
au moyen de l’instruction toutes les idées
rétrogrades qui peuvent encore germer dans
l’imagination du peuple. »
Ori ne pouvait, croyons-nous, donner de
meilleurs conseils aux Israélites d’Algérie ;
mais s’ils sont entendus, ce sera à nous de
faciliter les efforts tentés pour obtenir la
fusion, en les encourageant, en allant à eux
la main ouverte et non pas fermée, en les
accueillant au lieu de les repousser dans
l’isolement qui leur est reproché et dont
nous sommes, il faut bien le reconnaître,
quelque peu complices.
Grâce à la libéralité de M. Yiollat, ad
joint spécial dans la commune mixte du
Haut-Sehaou, l’école des garçons d’Azizga
se trouve être dotée d'un musée scolaire.
M. Yiollat est un partisan chaleureux de
l’instruction populaire et ii ne manque ja
mais aucune occasion de le prouver par ses
actes ; il a fait don de dix beaux volumes
a-ux élèves de cette localité lors de la der
nière distribution des prix.
X
Un détachement d@ Légionnaires, dont
300 volontaires, est arrivé ludi matin â
Oraü, venant, de Méeheria. Ces hommes
doivent prochainement partir pour le Ton-
kin, afin de combler les vides causés dans
les rangs de la Légion par ie feu et les ma
ladies.
X
Le Conseil général d’Oran a voté, dans sa
séance avant-hier, la réfection de la pré
fecture actuelle, dont les bureaux seront
provisoirement installés dans la maison
Gaehet, à l’extrémité du boulevard Mala-
koff.
Ii a également demandé la création d'une
ligne de chemin de fer d’intérêt général
réunissant Mostaganem à la Macta. Ce raii-
wail reliera directement la première de ces
villes à Oran, lorsque la ligne d’intérêt
local d’Oran à Arzew, votée par le Conseil
général, aura été approuvée par le gouver
nement.
X
Voici la dépêche adressée par M. le gou
verneur général de l’Algérie â M. le prési
dent de la Chambre du commerce et à M.
le Maire de Bône.
« J’ai reçu le 10 octobre Je projet approu-
» vè des nouveaux travaux du port de Bône.
» Je l’ai transmis le 15 au préfet de Coos-
» tantine en l’invitant à se concerter avec
» l’ingénieur en chef pour faire procéder à
» l’adjudication. »
X
Nous apprenons la nomination de M- Si-
card, avoué près le tribunal civil de pre
mière instance de Bône. comme avoué près
ia Cour d’appel d’Alger.
X
Les journaux de la Tunisie annoncent la
confection d’une carte viticole de la Ré
gence. Cette nouvelle est accueillie avec
plaisir. Elle est certainement appelée â, ren
dre de grands services.
«
INFORMATIONS
FRANCE
U*a «Séan^ntl. — L’Agence Havas pu
blie ia note suivante :
La Gazette de Cologne insinue que ie
gouvernement français aurait encouragé
dans une certaine mesure les armements de
la Grèce et de la Serbie. Nous sommes en
mesure d’opposer â ces assertions un dé
menti formel.
Le gouvernement français est ie premier
qui ait fait entendre des conseils de modé
ration et de prudence à la Grèce et à la Ser
bie, et depuis lors son langage a toujours
été en parfait accord avec celui des autres
puissances.
I*© directeur «Se I® i'oiHédie*
ï'ra.nçaise. — h'Officiel publie la no
mination de M. Jules Claretie, homme de
lettres, aux fonctions d’administrateur géné
ral de la Comédie-Française.
Le traitement de M. Claretie est fixé A
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 30.
LES
DMIISmWIM
PAR
L M€0T et G. PMDEL (1) *
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
— Que tu es belle 1 Suzanne, fit le capi
taine en ne pouvant détacher ses yeux de ce
radieux visage.
La jeune femme eut un mouvement de
mauvaise humeur.
— J’espère, dit-elle, que tu n’es pas venu
à cette heure pour me débiter des fadeurs.
Je suis belle, je le sais, et je désire que cet
te fatale beauté puisse faire aux hommes
tout le mal que je leur souhaite.
Et comme le capitaine se taisait, elle con
tinua plus énervée :
— Voyons, que me veux-tu ? crois-tu que
Je ne t’ai pas vu me faisant, pendant une
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
911 traité avec 1a Société ici Gêna de Lettre».
heure, dans la cour, des signes que chacun
pouvait voir et remarquer ? Qu’est-ce qui te
prend depuis quelques jours? tu De peux
tenir en place.
— Ah ! Suzanne, c’est toi qui es chan
gée !
— Enfin, que veux-tu ? fit la jeune femme
en haussant les épaules.
— Je veux te dire que ie duc a un secret.
— Quel secret ?
— Si je le savais, répliqua Cressin, ce
n’en serait plus uu.
— Ne fois donc pas l’innocent. Je te de
mande quel, secret, dans quel genre, cor
respondant à quel ordre d’idées ?
— Tout ce que je puis te dire, c’est que je
me suis déjà aperçu que le duc me cachait
quelque chose. Or, tout à l’heure j’étais der
rière lui. En remerciant cet imbécile de com
mis-voyageur — qui a trouvé moyen, soit
dit en passant, d’être une fois dans sa vie
joliment spirituel, car sans lui où serions-
nous à cette heure, je te ie demande un
peu ? — en remerciant, dis-je, ce Bouvreuil,
il lui a dit, tu entends bien : « J’ai un
grand devoir à remplir en ce monde. # Pnis
il a ajouté plus bas : » Je n’ai que trop tar
dé, le ciel m’a envoyé un avertissement. »
Suzanne baissa la tête, car les paroles de
Cressin étaient si formelles qu’elles venaient
de faire naître en elle une inquiétude. ,
— C’est bien, dit-elle, je te remercie ; il
y a évidemment quelque chose. Sois tran
quille, je le saurai.
— Suzanne, reprit le capitaine d’ane voix
sourde, et ses yeux s’allumèrent d’un désir
farouche.
— Va ! va ! Je t’ai dit que je te remerciais,
tu dois être content. Je suis brisée et rom
pue ; puis, jè te l’avouerai, j’ai eu une telle
émotion Ci tantôt,que j’éprouve un impé
rieux besoin de me reposer. Va ! et ne fais
pas de bruit. Tu as beau être mon frère,
ajouta-t-elle en riant, ii ne ferait pas bon
de te voir à une heure aussi avancée.
Et avec insistance, elle reconduisit à la
porte le capitaine, qui sortit visiblement
mêcoûtent.
Au moment où le capitaine regagnait sa
chambre, il crut encore, en traversant le
couloir qui y conduisait, enteudre un îuruit
de pas ; mais, s’étant arrêté comme la fois
précédente, il put sa convaincra qu’il se
trompait comme la première fois.
Alcide reposait du sommeil du juste, dans
un grand lit à colonnes torses. La chasse,
i Lém otion, la fatigue, le grand air, et peut-
être aussi les grands vins de la cave de
Trémeur, qui avaient abondamment circulé
au repas, tout cela réuni lui avait fait ou
blier la rencontre de Kernoeh. Non, le re
présentant de la maison Bernay frères n’y
songeait certainement plus ; il ôtait là, dor
mant sur les deux oreilles et ronflant de
tout sou cœur.
Aussi comprendra-t-on facilement la
frayeur à laquelle il dut être eu proie quand
une lumière vive fut projetée sur son visage.
La lumière le réveilla en sursaut. Il se
dressa sur son séant. Il allait crier : au vo
leur! au secours! quand il fut arrêté par 1
cette phrase prononcée à mi-voix :
— Je vous avais pourtant bien donnés
rendez-vous au château, pour vous parler
de Pierre V ara des.
C’était Kernoeh.
Alcide eut toutes les peines du monde à,
se remettre :
— Eh bien ; dit-il au bout d’un instant,,
vous pouvez vous vanter de m’avoir encore
fait une belle peur, pire que la première.
Du diable si je pansais à vous! Atiçaï
comment avez-vous fait pour entrer ?
-- Ceci, c’est mon affaire, dit Kernoeh en
allumant un candélabre, car la chambra
avait été plongée daus l’obscurité eu étei»
gaant la lanterne sourde qu’il avait à i&
main. Je vous avais dit que je viendrais, je
suis venu, me voilà ! Peu vous importe ta
reste ; qu il vous suffise de savoir que j’entre
partout, que je sais tout et que nul ne sa
doute de la puissance qui réside sous ca
misérable haillon de braconnier.
- Sacristi ! murmura Alcide, je savais,
bien que notre chère Bretagne était la terra
légendaire des farfadets, des korigans et
des sorciers ; mais je croyais cela fiai avea
ia lumière, le prog ès, les chemins de fer et
l’électricité. Et voilà que ce diable d homme
se dresse devant moi comme s’il sortait de*
dessous terre. Hum 1 tout cela n’est pas na
turel. Ouvrons l’œil et le bon et tâchons d’y
voir clair. Il connaît mon cher Pierre, U
prétend qu’il l’aime ; ce ne doit pourtant,
pas être uu méchant homme.
f
Première année. — N* 103.
Le numéro 5 centimes
DEPOT
-9
EGAL
Mardi, 27 octobre 1835.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
AT.ftÉ'Rrrï „
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 S»
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnoaces et réclama* deÎTORt, as
Algérie, être adressées à l’AGENCB HAVAS, boulevard de la RèpefeM^a,. aï m „
Kn France, les communications sont reçues savoir :
A Marskillx, chez M. Gustatb ALLARD, rue du Bausset, A ;
A Pauis, che* MM. AUDBOURG et C ! », place de la Bourse, 40,
Fr â ncir .
. « f3
34
St par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIBNNB est désignée pour l’insertion de» «nnoaoeg légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 26 Octobre 1885.
Sermon de M. Ssaac Bloch
GRAND RABBIN DU DÉPARTEMENT D’ALGER
M. Isaac Bloch, grand rabbin de la pro
vince d’Alger, a prononcé le 15 septembre,
devant ses coreligionnaires, un sermon très
intéressant par le sujet qu’il traite et par
les conseils qu’il fait entendre aux Israélites
d’Algérie.
M, Bloch avait pris pour texte Y Isolement
d'Israël et l’exergue tirée des nombres :
« Voici un peuple qui habite séparément et
qui n’est point compté parmi les nations. »
L’orateur débuta par constater la presque
universalité du grief adressé à ses coreli
gionnaires «de s’isoler au milieu des nations,
de se séparer volontiers de leurs compa
triotes, en un mot, suivant une expression
vulgaire, de faire bande à part. »
Et en effet, à voir avec quelle persistance
ce reproche est reproduit à travers les âges
par des auteurs différents et maintenu jus
qu’à nos jours, on est tenté d’admettre qu’il
repose sur des bases sérieuses ; que les pa
roles et les écrits sont confirmés par des
îaits constants, indéniables.
Par de nombreuses citations, par des
recherches consciencieuses faites dans le do
maine de l’histoire, M. Isaac Bloch s’atta
che à démontrer que, cette fois, la calomnie
ne cache pas, comme d’ordinaire, une part
de vérité et que rien n’est plus faux que de
soutenir que « les tendances des Israélites
sont si contraires à celles de nos concitoyens
qu’elles empêchent éternellement de nous
unir à eux, qu’elles sont l’obstacle qui rend
vaine toute epèrance de fusoin et qu’elles
constituent de leur part une opposition
peut-être involontaire, mais réelle, par
laquelle ils deviennent indignes de la solli
citude nationale. »
» Oui, dit-il,pendant le paganisme,les Is
raélites se sont attachés à ne pas se laisser
pénétrer par les mœurs des nations païennes
qui les entouraient, à conserver intact le
dogme du monothéisme. Mais peut-on s’ar
mer contre eux d’une résistance qui a fait
leur grandeur ?
» Plus tard, sous le moyen âge, alors que
dispersés sur toute la ferre, les Juifs étaient
un objet d’horreur et de répulsion pour tou3
les autres peuples, il est constant qu’ils
sont demeurés dans l’isolement. Mais cet
état provenait-il de leur fait ou de l’atti
tude prise à leur égard?
» Parqués dans des quartiers séparés, en
dehors desquels il leur est défendu d’habi
ter, iis sont soumis à des taxes spéciales,
odieusement humiliantes ; ils sont obligés
de porter un signe de reconnaissance, in
famant sur leurs vê ements ; en un mot,
une muraille de g-lace, élevée par l’intolé
rance et le fanatisme, les environne de tous
côlés et les isole au milieu de la société eu
ropéenne. C’est pendant ces longs siècles
de misère que les cœurs se remplissent de
fiel. C'est pendant ces temps sombres de la
persécution que la race juive, naturellement
expansive et sociable, connaît la vie à part.
C’est de cet isolement forcé que ses ennemis
s’autorisent aujourd’hui pour la calomnier
et la maudire. »
Et comme preuve de l’expansabilité des
Israélites, l’orateur nous les montre dès le
jour de la délivrance par l’arrivée de la So
ciété moderne, ae pliant à toutes les lois de
la civilisation, s’y mêlant activement, ne
restant étranger à rien dans le domaine de
Part, de l’industrie et du commerce.
Aussi, en France, personne n’oserait-ii
relever encore contre les Juifs ce reproche
immérité d’isoleineat volontaire et prémé
dité.
Cependant il subsista et persévère sur cet
te terre d’Afrique la dernière arrivée à la
civilisation. Le préjugé n’est pas encore
vaincu, et il faut qu’il cède devant les faits.
M. Isaac Bloch adjure donc ses coreli
gionnaires d’être les premiers à le combat
tre et 4 le renverser.
« C’est à vous, israèlites, dit-il, qu’il ap
partient de désarmer vos ennemis par vos
progrès et d’essayer d’accomplir la fusion
malgré les obstacles élevés sous nos pas. A
ceux qui nous accusent de faire bande à
part, répondons, non-seulement en donnant
notre sang à la patrie, notre temps à la so
ciété, notre or à toutes les œuvres de
bienfaisance et de charité, mais encore en
répudiant résolument tout ce qui pourrait
nous distinguer de nos concitoyens, en
abandonnant tout à fait ce costume orien
tal qui éveille le dédain parce qu’il est la
livrée d’une civilisation arriérée, en ou
bliant cette langue arabe qui fait ressembler
à des étrangers dans leur propre pays ceux
qui s’en servent encore, enfin en extirpent
au moyen de l’instruction toutes les idées
rétrogrades qui peuvent encore germer dans
l’imagination du peuple. »
Ori ne pouvait, croyons-nous, donner de
meilleurs conseils aux Israélites d’Algérie ;
mais s’ils sont entendus, ce sera à nous de
faciliter les efforts tentés pour obtenir la
fusion, en les encourageant, en allant à eux
la main ouverte et non pas fermée, en les
accueillant au lieu de les repousser dans
l’isolement qui leur est reproché et dont
nous sommes, il faut bien le reconnaître,
quelque peu complices.
Grâce à la libéralité de M. Yiollat, ad
joint spécial dans la commune mixte du
Haut-Sehaou, l’école des garçons d’Azizga
se trouve être dotée d'un musée scolaire.
M. Yiollat est un partisan chaleureux de
l’instruction populaire et ii ne manque ja
mais aucune occasion de le prouver par ses
actes ; il a fait don de dix beaux volumes
a-ux élèves de cette localité lors de la der
nière distribution des prix.
X
Un détachement d@ Légionnaires, dont
300 volontaires, est arrivé ludi matin â
Oraü, venant, de Méeheria. Ces hommes
doivent prochainement partir pour le Ton-
kin, afin de combler les vides causés dans
les rangs de la Légion par ie feu et les ma
ladies.
X
Le Conseil général d’Oran a voté, dans sa
séance avant-hier, la réfection de la pré
fecture actuelle, dont les bureaux seront
provisoirement installés dans la maison
Gaehet, à l’extrémité du boulevard Mala-
koff.
Ii a également demandé la création d'une
ligne de chemin de fer d’intérêt général
réunissant Mostaganem à la Macta. Ce raii-
wail reliera directement la première de ces
villes à Oran, lorsque la ligne d’intérêt
local d’Oran à Arzew, votée par le Conseil
général, aura été approuvée par le gouver
nement.
X
Voici la dépêche adressée par M. le gou
verneur général de l’Algérie â M. le prési
dent de la Chambre du commerce et à M.
le Maire de Bône.
« J’ai reçu le 10 octobre Je projet approu-
» vè des nouveaux travaux du port de Bône.
» Je l’ai transmis le 15 au préfet de Coos-
» tantine en l’invitant à se concerter avec
» l’ingénieur en chef pour faire procéder à
» l’adjudication. »
X
Nous apprenons la nomination de M- Si-
card, avoué près le tribunal civil de pre
mière instance de Bône. comme avoué près
ia Cour d’appel d’Alger.
X
Les journaux de la Tunisie annoncent la
confection d’une carte viticole de la Ré
gence. Cette nouvelle est accueillie avec
plaisir. Elle est certainement appelée â, ren
dre de grands services.
«
INFORMATIONS
FRANCE
U*a «Séan^ntl. — L’Agence Havas pu
blie ia note suivante :
La Gazette de Cologne insinue que ie
gouvernement français aurait encouragé
dans une certaine mesure les armements de
la Grèce et de la Serbie. Nous sommes en
mesure d’opposer â ces assertions un dé
menti formel.
Le gouvernement français est ie premier
qui ait fait entendre des conseils de modé
ration et de prudence à la Grèce et à la Ser
bie, et depuis lors son langage a toujours
été en parfait accord avec celui des autres
puissances.
I*© directeur «Se I® i'oiHédie*
ï'ra.nçaise. — h'Officiel publie la no
mination de M. Jules Claretie, homme de
lettres, aux fonctions d’administrateur géné
ral de la Comédie-Française.
Le traitement de M. Claretie est fixé A
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 30.
LES
DMIISmWIM
PAR
L M€0T et G. PMDEL (1) *
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
— Que tu es belle 1 Suzanne, fit le capi
taine en ne pouvant détacher ses yeux de ce
radieux visage.
La jeune femme eut un mouvement de
mauvaise humeur.
— J’espère, dit-elle, que tu n’es pas venu
à cette heure pour me débiter des fadeurs.
Je suis belle, je le sais, et je désire que cet
te fatale beauté puisse faire aux hommes
tout le mal que je leur souhaite.
Et comme le capitaine se taisait, elle con
tinua plus énervée :
— Voyons, que me veux-tu ? crois-tu que
Je ne t’ai pas vu me faisant, pendant une
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
911 traité avec 1a Société ici Gêna de Lettre».
heure, dans la cour, des signes que chacun
pouvait voir et remarquer ? Qu’est-ce qui te
prend depuis quelques jours? tu De peux
tenir en place.
— Ah ! Suzanne, c’est toi qui es chan
gée !
— Enfin, que veux-tu ? fit la jeune femme
en haussant les épaules.
— Je veux te dire que ie duc a un secret.
— Quel secret ?
— Si je le savais, répliqua Cressin, ce
n’en serait plus uu.
— Ne fois donc pas l’innocent. Je te de
mande quel, secret, dans quel genre, cor
respondant à quel ordre d’idées ?
— Tout ce que je puis te dire, c’est que je
me suis déjà aperçu que le duc me cachait
quelque chose. Or, tout à l’heure j’étais der
rière lui. En remerciant cet imbécile de com
mis-voyageur — qui a trouvé moyen, soit
dit en passant, d’être une fois dans sa vie
joliment spirituel, car sans lui où serions-
nous à cette heure, je te ie demande un
peu ? — en remerciant, dis-je, ce Bouvreuil,
il lui a dit, tu entends bien : « J’ai un
grand devoir à remplir en ce monde. # Pnis
il a ajouté plus bas : » Je n’ai que trop tar
dé, le ciel m’a envoyé un avertissement. »
Suzanne baissa la tête, car les paroles de
Cressin étaient si formelles qu’elles venaient
de faire naître en elle une inquiétude. ,
— C’est bien, dit-elle, je te remercie ; il
y a évidemment quelque chose. Sois tran
quille, je le saurai.
— Suzanne, reprit le capitaine d’ane voix
sourde, et ses yeux s’allumèrent d’un désir
farouche.
— Va ! va ! Je t’ai dit que je te remerciais,
tu dois être content. Je suis brisée et rom
pue ; puis, jè te l’avouerai, j’ai eu une telle
émotion Ci tantôt,que j’éprouve un impé
rieux besoin de me reposer. Va ! et ne fais
pas de bruit. Tu as beau être mon frère,
ajouta-t-elle en riant, ii ne ferait pas bon
de te voir à une heure aussi avancée.
Et avec insistance, elle reconduisit à la
porte le capitaine, qui sortit visiblement
mêcoûtent.
Au moment où le capitaine regagnait sa
chambre, il crut encore, en traversant le
couloir qui y conduisait, enteudre un îuruit
de pas ; mais, s’étant arrêté comme la fois
précédente, il put sa convaincra qu’il se
trompait comme la première fois.
Alcide reposait du sommeil du juste, dans
un grand lit à colonnes torses. La chasse,
i Lém otion, la fatigue, le grand air, et peut-
être aussi les grands vins de la cave de
Trémeur, qui avaient abondamment circulé
au repas, tout cela réuni lui avait fait ou
blier la rencontre de Kernoeh. Non, le re
présentant de la maison Bernay frères n’y
songeait certainement plus ; il ôtait là, dor
mant sur les deux oreilles et ronflant de
tout sou cœur.
Aussi comprendra-t-on facilement la
frayeur à laquelle il dut être eu proie quand
une lumière vive fut projetée sur son visage.
La lumière le réveilla en sursaut. Il se
dressa sur son séant. Il allait crier : au vo
leur! au secours! quand il fut arrêté par 1
cette phrase prononcée à mi-voix :
— Je vous avais pourtant bien donnés
rendez-vous au château, pour vous parler
de Pierre V ara des.
C’était Kernoeh.
Alcide eut toutes les peines du monde à,
se remettre :
— Eh bien ; dit-il au bout d’un instant,,
vous pouvez vous vanter de m’avoir encore
fait une belle peur, pire que la première.
Du diable si je pansais à vous! Atiçaï
comment avez-vous fait pour entrer ?
-- Ceci, c’est mon affaire, dit Kernoeh en
allumant un candélabre, car la chambra
avait été plongée daus l’obscurité eu étei»
gaant la lanterne sourde qu’il avait à i&
main. Je vous avais dit que je viendrais, je
suis venu, me voilà ! Peu vous importe ta
reste ; qu il vous suffise de savoir que j’entre
partout, que je sais tout et que nul ne sa
doute de la puissance qui réside sous ca
misérable haillon de braconnier.
- Sacristi ! murmura Alcide, je savais,
bien que notre chère Bretagne était la terra
légendaire des farfadets, des korigans et
des sorciers ; mais je croyais cela fiai avea
ia lumière, le prog ès, les chemins de fer et
l’électricité. Et voilà que ce diable d homme
se dresse devant moi comme s’il sortait de*
dessous terre. Hum 1 tout cela n’est pas na
turel. Ouvrons l’œil et le bon et tâchons d’y
voir clair. Il connaît mon cher Pierre, U
prétend qu’il l’aime ; ce ne doit pourtant,
pas être uu méchant homme.
f
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