Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-23
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 octobre 1885 23 octobre 1885
Description : 1885/10/23 (A1,N99). 1885/10/23 (A1,N99).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543234c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'A
C! ;
■s a 'j f
Première année. — N # 99.
JLj* *> numéro S /
JGUHiAL POLITIQUE QÜÔTSOIE
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Alg&rik 4.50 9 18
Francs 6 f® 2Ê4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les commnnieaüons relatives aox annnosaes et réclaae* dflvssfo m
Algérie, être adressées à l’AG&NCE SA VAS, bonlé'wcl do là P.épÉMqE*, t
En France, les comœEnicatïons sont reçues savoir :
A Marseille, ches SS. Güstays ALLARD, rce da Baossst, * j
A Parie, elles MM. AUDB0UR6 et C ie , place de la Bourse, iQ, ?
Et par l8ars correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est d.ésig'née pour l’insertion des annonoes légales, judiciaires et autres exigées pour la "validité dss procédure» ©i contrat*.
Alger, le 22 Octobre 1885.
ENCORE UNNIOT
Au candidat Trolard
La Dépêche algérienne a publié sans
Il reste encore un point à éclaircir dans
cette affaire.
M. le docteur Trolard est-il ou n’est-il pas
anti-juif ?
Il refuse de s’expliquer à ce sujet, parce
que, dit-il, des menaces lui ont été faites,
De quelle nature étaient ces menaces et
Louis XIY rompit la foi jurée par son aïeul
Henry IY. Une campagne formidable de ré
pression et de persécution fut organisée
contre ceux qui commettaient le crime de
vouloir garder une foi indépendante. Ceux
qui n’avaient pas « la religion du roi»étaient
punis de l’exil, de la prison, d’amendes oné
reuses.
erienoes
M. Jean (Pierre), officier d’administration,
aide comptable de 2 e classe à l’atelier des
travaux publics, n° 5, à Mers-el-Kebir, est
promu à la i r0 classe.
Il est maintenu au même établissement.
commentaires la lettre que M. le docteur
Trolard a écrite quatre jours après son arri
vée, aux rédacteurs en chef du Petit Colon
et du Radical algérien.
M. le docteur Trolard est une trop grande
personnalité à Alger et dans le départe
ment pour qu’une lettre de lai ne soit pas
commentée, surtout lorsqu’il s’agit d’expli
cations sérieuses sur sa conduite, pendant la
période électorale.
M. Trolard était-il oa n’était-il pâs can
didat à la députation ?
Le Radical algérien dit oui, le Petit Co
lon dit non ; mais le docteur Trolard ne dit
ni oui ni non.
Il a refusé d’abord, puis accepté, puis, à
la dernière heure, refusé encore.
On n’a pas fait connaître son refus en
temps utile, un seul journal l’a publié, mais
tard.
A qui la fauté sinon à M. Trolard lui-
même, qui pouvait faire annoncer son dé
sistera ont dans tous les journaux, et qui le
devait même afin de ne pas égarer la suf
frage universel.
D’ailleurs, aurait-il refusé le mandat de
député s’il eût ôté élu ? Evidemment non, à
moins qu’il n’affirme le contraire.
A mon avis, du moment que son ami le
docteur Moreau a donné connaissance au
comté radical d’une dépêche du docteur
portant acceptation de la candidature, et
que cette candidature a été acclamée par le
Comité, âTunanîmité des voix, y compris
celle du docteur Moreau, M. Trolard était
bien réellement et bien, volontairement can
didat.
J’ajoute que, malgré son désistement in-
extremis , le Comité radical avait le droit de
le maintenir sur sa liste et qu’il a bien fait
de l’exercer.
qui a pu se permettre de les lui adresser ?
Sont-ee des menaces de mort ? J’aime à
croire qu’elles n’avaient pas ce caractère ;
sont-ce des personnes connues qui les
ont faites ou se sont-elles produites sous le
voile de l’anonymat ?
En tous cas, il me semble que M. Trolard
pouvait les mépriser.
Mais il y a un grand nombre, un très
grand nombre d'amis et d’adversaire3 qui
ne le menacent pas et qui seraient néan
moins bien aises de connaîtra ses senti
ments.
Pourquoi hésiterait-il.
On lui a dit qu’un placard avait été affiché
sous son nom, au dernier moment. Ce pla
card a été publié dans le Radical Algérien,
il peut le lire. Il peut môme encore le lire
à l’heure qu’il est sur la plupart des murs
de la ville Ce qu’on lui a dit est vrai, il
peut facilement s’en assurer,et, dans ce pla
card, il est proclamé anti-juif.
S il persiste à se taire, on sera bien forcé
de croire que ceux qui se sont servis de son
nom ont eu raison de le faire. Qui ne dit
mot consent.
Le scrutin du 18 octobre a coïncidé avec
une des dates les plus fatales de notre his
toire : la Révocation de l’édit de Nantes.
A cette date se rattachent des souvenirs
détestables, les plus faits pour nous inspirer
la haine du régime cher au parti conserva
teur. S’il y a encore quelques hésitations,
subsisteront-elies quand on se sera rappelé
les violences, les injustices commises envers
des Français, les plus sages, les plus tra
vailleurs et les plus instruits de ia nation,
par des Français eux-mêmes.
Grâce à t’influence du clergé catholique,
Vouloir rester maître de sa conscience,
quel crime abominable ! « La liberté de
conscience, disait en 1675 un membre de
l’assemblée du clergé, est regardée par tous
les catholiques comme un précipice creusé
devant leurs pieds, comme un piège préparé
à leur simplicité et comme une porte ouver
te au libertinage. »
Le môme prélat demandait au roi, pour
les prêtres catholiques, l'autorisation de
pénétrer dans les demeures sans y ê!re
appelés ejt d’y interpeller les agonisants.
Voilà des gens qui osent parler des atten
tats de la République à la liberté de cons
cience des catholiques !
Mais à cette époque, aucune des institu
tions les plus sacrées de la société ne fut
respectée par les fanatiques qui poussaient
le roi à accomplir cet acte monstrueux.
La religion ? On vient de voir comment
ell8 était traitée.
Le respect de la liberté ? On refusait aux
réformés les emplois et les charges.
La famille ? Les mariages avec des pro-
* testant®, étaient’ asesimilés au concubinage,
et les en tarifs qui eh provenaient étaient
déchus du droit de succession.
L’instruction ? On supprimait les écoles,
et l’on agissait de pression pour déterminer
des enfants à sa convertir. A l’âge de sept
ans, un enfant pouvait abjurer et était ainsi
soustrait à l’autorité paternelle.
L’industrie enflé ? Les professions étaient
interdites aux hérétiques, qui comptaient
nombre d’habiles ouvriers. Tous s’en allè
rent porter à l’étranger leur talent et les
débris de leur fortune.
Que l’on compare, maintenant. Est-ce aux
partisans de l’ancien ordre de choses à re
vendiquer la défense de la propriété, de la
famille, de la liberté, de la richesse natio
nale ?
Tous les vrais Français ont eu à|cœur de
leur montrer la folia de leurs prétentions,
en repoussant en bloc tous les soi-disant
conservateurs. *
— —
X
Nous apprenons avec plaisir que le Con
seil d’administration de Paris vient de dé
signer, comme agent du Veritas, à Oràn»
M. Pierre Guizonnier, capitaine au long
cours.
X
Le Conseil général, vient de voler une.
somme de 100,000 francs pour ia construc
tion de la prison de Gu’elma.
Le projet est déjà à l’étude.
X :
La situation viticole présentée au Conseil
général par l’administration aceuse quinze,
mille cinq cent quarante-six hectares de,
vignes dans le département de Constantine.
Ce Chiffre considérable qui s’accroît cons
tamment, est le plus bel-éloge que l’on puis
se faire de la persevérâtece de nos colons,
-en même temps qu’il est une preuve de la
prospérité de notre région
X ".
Le rattachement des douars Beni-Orzed-
dine et Oalèd—Senaue-à, Ta commune de
plein exercice de Millêsimo a été également
approuvé.
Grâce à cette mesure, l’applicatiou des?
dispositions de même . nature décidées ■ •
puis longtemps en .faveur des autres villa
ges du canton de GuÿSma, va pouvoir cires
faite au premier jour.
X
Le Conseil généra! dé Constantine a émis
lundi un vœu tendant à la reprise, auprès
du ministère, de ia campagne pour le réta
blissement du droit d’octroi de mer de cinq
francs sur les vins entrant en Algérie.
Les Français dans ie Désert
Le colonel Trumelet. le sympathique offi
cier que tous les vieux algériens ont connu,
vient de rééditer un de ses premiers et des,
ses plus beaux livres":
Les Français dans le Désert
Chacun voud ra relira cas magnifiques
études, richements stylées, finement racon
tées et écrites le plus .souvent sous la tente,
après de rudes étapes au mdieu das peu
plades pauvres qui habitent les régions,
du Sud.
Le colonel Trumelet était plus que tout
N ÂNNiVERSAlRl
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 26.
LES
PREMIÈRE PARUE
DES DEUX TESTAMENTS
— Coule aux bois ! Là, mas valets ! Coule
au bois !...
Un chien donna un coup de gueule.
— Tu dis vrai, cria Penhoël
Les autres répliquèrent, huis ils se mi
rent à hurler avec furie. Le ragot, dans sou
fort, ne voulait point déguerpir.
— Il tient au ferme, cria Penhoël en ap
paraissant et en montant à cheval. Faites
donner la meute.
La meute découplée es rallia aux abois
des premiers chiens, et ce fut alors un as
sourdissant concert, que dominaient parfois
les grognements féroces du sanglier.
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
traité arec la Société des Gens de Lettres.
— Sonnez, piqueurs, cria le duc.
— Et alors les trompes entonnèrent la
fanfare du sanglier. Le s-nglier, lourd
et hochant, s’enfuit à travers les branches.
— Gare-là, ho ! fit Penhoël.
La bête débouchait dans le carrefour.
A l’aspect des cavaliers le ragot s’arrêta
un instant ; il fit claquer rageusement ses
grès contre'ses défenses ; en une seconde il
fat couvert de chiens, qu’il- secoua et ren
voya à gauche et à droite ; puis, baissant la
tête, il piqua droit devant lui, passant à cô
té de la limousine, qui se cabra, et d’Alci
de qui ne put retenir un cri de terreur.
— Sonne- la vue, Penhoël, commanda le
duc.
Le. sanglier disparut sous ia feuiliée, suivi
des quarante chiens, qui lui soufflaient le
poil. Les trompes sonnaient le bien aller, et
les cavaliers, Penhoël en tête, qui était aux
chiens, se précipitèrent sur les traces de la
meute.
Quant à Alcide, il se remit au bout d’uu
instant de sa terreur.
— Après tout, dit-il en faisant l’esprit
fort, ce n’est qu’un cochon sauvage. Seule
ment faut avouer qu’il a l'air diablement en
colère. Je crois que je ferais bien de m’en
aller.
Il mit le fouet à la main et tourna la voi
ture du côté de Trémeur. Mais, après an
instant de réflexion :
— Non ! je ne puis pas filer ainsi, surtout
après avoir demandé comme faveur la per
mission de suivre la chasse. Ah, bien !
quand je raconterai cela à mon ami Pierre,
je ne- gais pas -s'il se.jmoquerajdie moi, par
exemple. UU X i LÉi
Disai t ces moi.;, il revint une fois encore
sur ses pas et lança sa. jument sur une
grande ligne de ja fo,; êt La voix puissante
que yei»x-tù| sag* oatençftr, sans hésitation,
ad défaut , le'vanglior faisait une pointe
• l, grâce aux larges percées de Trémeur,
la cabriolet suivait facilement la chasse.
Il allait slengager dans une aiiée couver
te ; la meute, cognant à quelque distance
dans un bois de haute futaie, lui indiquait
sûrement ia route, lorsque Cocotte qui était
lancée au grand trot et commençait à, pren
dre plaisir aux aboiements des chiens et aux
éclats de la trompe, fit un grand écart et
menaça de verser ie cabriolet contre un .gros
orme . .
Un petit griffon venait de sortir du taillis
et, lui sautant aux jambes en aboyant, lui
barrait la route.
— Sac à papier 1 cria Alcide en éprouvant
une vague terreur, qu’est-ee que c’est que
ça ?
Sous les branches, une voix rude se fit
entendre :
— Paix ! Groach, criait une voix, la
paix !
Puis apparut une tête en broussaille.
C’était Kernoch.
Le meneur de loups braqua ses petits
yeux perçants sur Alcide, qui se sentait ex
cessivement mal à l’aise.
— Je ne m’étais pas trompé, murmura
Kernoch, c’est bien lui. Ob ! Providence!
merci ! c’est vous, mon Dieu, qui me l’avez
envoyé ici.
Kernoch s'approcha. dJun pas, tandis
qu’Alcide tremblant cherchait â sa ceinture
son revolver.
— N’approchez pas, : ou je tire, cria-t-il
d’uns voix, émue. Je... •,'pas... préviens
queja. ...quejesuisaiméi.
— Monsieur, dit Kernoch en cherchant à
adoucir sa rude voix, v^us , n’avez rien à
craindre, Je vous s uis sous bolsdepuis long
temps. Je suis un ami,. Vous vous nommez,
pas v- ai, m’si a Ai'îiJe Bouvreuil ?
— Yous me connaissez ? s’écria Alcide ajx
comble do fa, rur,pnso. v ; ’ ,
— O ai. Yous étos !%ml de M. Pierre Ya-
rades, irevt-ce pas?
Alcide fit un bond de stupéfaction.
— Comment savez-vous eeia?
— Ceci, c’est mon secret ; sachez seule
ment que je suis dévoué corps et âme à vo
tre ami Pierre, et écoutez-moi.
— Je vous écoule 1
— Quand quitterez-vous Trémeur?
— Certainement demain.
— Bien. Alors, jé vous verrai cette nuit.
— Mais vous êtes fou !
— Peu importe, n’ayez craints. A cetter
nuit !
Kernoch, après avoir répété de nouveau ;
* A cette nuit ! » disparut au mil ea des
branches et Cocotte pu continuer sa route.
Les aboiements devenaient plus proches*
plus furieux.
{A suivre.)
C! ;
■s a 'j f
Première année. — N # 99.
JLj* *> numéro S /
JGUHiAL POLITIQUE QÜÔTSOIE
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Alg&rik 4.50 9 18
Francs 6 f® 2Ê4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les commnnieaüons relatives aox annnosaes et réclaae* dflvssfo m
Algérie, être adressées à l’AG&NCE SA VAS, bonlé'wcl do là P.épÉMqE*, t
En France, les comœEnicatïons sont reçues savoir :
A Marseille, ches SS. Güstays ALLARD, rce da Baossst, * j
A Parie, elles MM. AUDB0UR6 et C ie , place de la Bourse, iQ, ?
Et par l8ars correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est d.ésig'née pour l’insertion des annonoes légales, judiciaires et autres exigées pour la "validité dss procédure» ©i contrat*.
Alger, le 22 Octobre 1885.
ENCORE UNNIOT
Au candidat Trolard
La Dépêche algérienne a publié sans
Il reste encore un point à éclaircir dans
cette affaire.
M. le docteur Trolard est-il ou n’est-il pas
anti-juif ?
Il refuse de s’expliquer à ce sujet, parce
que, dit-il, des menaces lui ont été faites,
De quelle nature étaient ces menaces et
Louis XIY rompit la foi jurée par son aïeul
Henry IY. Une campagne formidable de ré
pression et de persécution fut organisée
contre ceux qui commettaient le crime de
vouloir garder une foi indépendante. Ceux
qui n’avaient pas « la religion du roi»étaient
punis de l’exil, de la prison, d’amendes oné
reuses.
erienoes
M. Jean (Pierre), officier d’administration,
aide comptable de 2 e classe à l’atelier des
travaux publics, n° 5, à Mers-el-Kebir, est
promu à la i r0 classe.
Il est maintenu au même établissement.
commentaires la lettre que M. le docteur
Trolard a écrite quatre jours après son arri
vée, aux rédacteurs en chef du Petit Colon
et du Radical algérien.
M. le docteur Trolard est une trop grande
personnalité à Alger et dans le départe
ment pour qu’une lettre de lai ne soit pas
commentée, surtout lorsqu’il s’agit d’expli
cations sérieuses sur sa conduite, pendant la
période électorale.
M. Trolard était-il oa n’était-il pâs can
didat à la députation ?
Le Radical algérien dit oui, le Petit Co
lon dit non ; mais le docteur Trolard ne dit
ni oui ni non.
Il a refusé d’abord, puis accepté, puis, à
la dernière heure, refusé encore.
On n’a pas fait connaître son refus en
temps utile, un seul journal l’a publié, mais
tard.
A qui la fauté sinon à M. Trolard lui-
même, qui pouvait faire annoncer son dé
sistera ont dans tous les journaux, et qui le
devait même afin de ne pas égarer la suf
frage universel.
D’ailleurs, aurait-il refusé le mandat de
député s’il eût ôté élu ? Evidemment non, à
moins qu’il n’affirme le contraire.
A mon avis, du moment que son ami le
docteur Moreau a donné connaissance au
comté radical d’une dépêche du docteur
portant acceptation de la candidature, et
que cette candidature a été acclamée par le
Comité, âTunanîmité des voix, y compris
celle du docteur Moreau, M. Trolard était
bien réellement et bien, volontairement can
didat.
J’ajoute que, malgré son désistement in-
extremis , le Comité radical avait le droit de
le maintenir sur sa liste et qu’il a bien fait
de l’exercer.
qui a pu se permettre de les lui adresser ?
Sont-ee des menaces de mort ? J’aime à
croire qu’elles n’avaient pas ce caractère ;
sont-ce des personnes connues qui les
ont faites ou se sont-elles produites sous le
voile de l’anonymat ?
En tous cas, il me semble que M. Trolard
pouvait les mépriser.
Mais il y a un grand nombre, un très
grand nombre d'amis et d’adversaire3 qui
ne le menacent pas et qui seraient néan
moins bien aises de connaîtra ses senti
ments.
Pourquoi hésiterait-il.
On lui a dit qu’un placard avait été affiché
sous son nom, au dernier moment. Ce pla
card a été publié dans le Radical Algérien,
il peut le lire. Il peut môme encore le lire
à l’heure qu’il est sur la plupart des murs
de la ville Ce qu’on lui a dit est vrai, il
peut facilement s’en assurer,et, dans ce pla
card, il est proclamé anti-juif.
S il persiste à se taire, on sera bien forcé
de croire que ceux qui se sont servis de son
nom ont eu raison de le faire. Qui ne dit
mot consent.
Le scrutin du 18 octobre a coïncidé avec
une des dates les plus fatales de notre his
toire : la Révocation de l’édit de Nantes.
A cette date se rattachent des souvenirs
détestables, les plus faits pour nous inspirer
la haine du régime cher au parti conserva
teur. S’il y a encore quelques hésitations,
subsisteront-elies quand on se sera rappelé
les violences, les injustices commises envers
des Français, les plus sages, les plus tra
vailleurs et les plus instruits de ia nation,
par des Français eux-mêmes.
Grâce à t’influence du clergé catholique,
Vouloir rester maître de sa conscience,
quel crime abominable ! « La liberté de
conscience, disait en 1675 un membre de
l’assemblée du clergé, est regardée par tous
les catholiques comme un précipice creusé
devant leurs pieds, comme un piège préparé
à leur simplicité et comme une porte ouver
te au libertinage. »
Le môme prélat demandait au roi, pour
les prêtres catholiques, l'autorisation de
pénétrer dans les demeures sans y ê!re
appelés ejt d’y interpeller les agonisants.
Voilà des gens qui osent parler des atten
tats de la République à la liberté de cons
cience des catholiques !
Mais à cette époque, aucune des institu
tions les plus sacrées de la société ne fut
respectée par les fanatiques qui poussaient
le roi à accomplir cet acte monstrueux.
La religion ? On vient de voir comment
ell8 était traitée.
Le respect de la liberté ? On refusait aux
réformés les emplois et les charges.
La famille ? Les mariages avec des pro-
* testant®, étaient’ asesimilés au concubinage,
et les en tarifs qui eh provenaient étaient
déchus du droit de succession.
L’instruction ? On supprimait les écoles,
et l’on agissait de pression pour déterminer
des enfants à sa convertir. A l’âge de sept
ans, un enfant pouvait abjurer et était ainsi
soustrait à l’autorité paternelle.
L’industrie enflé ? Les professions étaient
interdites aux hérétiques, qui comptaient
nombre d’habiles ouvriers. Tous s’en allè
rent porter à l’étranger leur talent et les
débris de leur fortune.
Que l’on compare, maintenant. Est-ce aux
partisans de l’ancien ordre de choses à re
vendiquer la défense de la propriété, de la
famille, de la liberté, de la richesse natio
nale ?
Tous les vrais Français ont eu à|cœur de
leur montrer la folia de leurs prétentions,
en repoussant en bloc tous les soi-disant
conservateurs. *
— —
X
Nous apprenons avec plaisir que le Con
seil d’administration de Paris vient de dé
signer, comme agent du Veritas, à Oràn»
M. Pierre Guizonnier, capitaine au long
cours.
X
Le Conseil général, vient de voler une.
somme de 100,000 francs pour ia construc
tion de la prison de Gu’elma.
Le projet est déjà à l’étude.
X :
La situation viticole présentée au Conseil
général par l’administration aceuse quinze,
mille cinq cent quarante-six hectares de,
vignes dans le département de Constantine.
Ce Chiffre considérable qui s’accroît cons
tamment, est le plus bel-éloge que l’on puis
se faire de la persevérâtece de nos colons,
-en même temps qu’il est une preuve de la
prospérité de notre région
X ".
Le rattachement des douars Beni-Orzed-
dine et Oalèd—Senaue-à, Ta commune de
plein exercice de Millêsimo a été également
approuvé.
Grâce à cette mesure, l’applicatiou des?
dispositions de même . nature décidées ■ •
puis longtemps en .faveur des autres villa
ges du canton de GuÿSma, va pouvoir cires
faite au premier jour.
X
Le Conseil généra! dé Constantine a émis
lundi un vœu tendant à la reprise, auprès
du ministère, de ia campagne pour le réta
blissement du droit d’octroi de mer de cinq
francs sur les vins entrant en Algérie.
Les Français dans ie Désert
Le colonel Trumelet. le sympathique offi
cier que tous les vieux algériens ont connu,
vient de rééditer un de ses premiers et des,
ses plus beaux livres":
Les Français dans le Désert
Chacun voud ra relira cas magnifiques
études, richements stylées, finement racon
tées et écrites le plus .souvent sous la tente,
après de rudes étapes au mdieu das peu
plades pauvres qui habitent les régions,
du Sud.
Le colonel Trumelet était plus que tout
N ÂNNiVERSAlRl
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 26.
LES
PREMIÈRE PARUE
DES DEUX TESTAMENTS
— Coule aux bois ! Là, mas valets ! Coule
au bois !...
Un chien donna un coup de gueule.
— Tu dis vrai, cria Penhoël
Les autres répliquèrent, huis ils se mi
rent à hurler avec furie. Le ragot, dans sou
fort, ne voulait point déguerpir.
— Il tient au ferme, cria Penhoël en ap
paraissant et en montant à cheval. Faites
donner la meute.
La meute découplée es rallia aux abois
des premiers chiens, et ce fut alors un as
sourdissant concert, que dominaient parfois
les grognements féroces du sanglier.
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
traité arec la Société des Gens de Lettres.
— Sonnez, piqueurs, cria le duc.
— Et alors les trompes entonnèrent la
fanfare du sanglier. Le s-nglier, lourd
et hochant, s’enfuit à travers les branches.
— Gare-là, ho ! fit Penhoël.
La bête débouchait dans le carrefour.
A l’aspect des cavaliers le ragot s’arrêta
un instant ; il fit claquer rageusement ses
grès contre'ses défenses ; en une seconde il
fat couvert de chiens, qu’il- secoua et ren
voya à gauche et à droite ; puis, baissant la
tête, il piqua droit devant lui, passant à cô
té de la limousine, qui se cabra, et d’Alci
de qui ne put retenir un cri de terreur.
— Sonne- la vue, Penhoël, commanda le
duc.
Le. sanglier disparut sous ia feuiliée, suivi
des quarante chiens, qui lui soufflaient le
poil. Les trompes sonnaient le bien aller, et
les cavaliers, Penhoël en tête, qui était aux
chiens, se précipitèrent sur les traces de la
meute.
Quant à Alcide, il se remit au bout d’uu
instant de sa terreur.
— Après tout, dit-il en faisant l’esprit
fort, ce n’est qu’un cochon sauvage. Seule
ment faut avouer qu’il a l'air diablement en
colère. Je crois que je ferais bien de m’en
aller.
Il mit le fouet à la main et tourna la voi
ture du côté de Trémeur. Mais, après an
instant de réflexion :
— Non ! je ne puis pas filer ainsi, surtout
après avoir demandé comme faveur la per
mission de suivre la chasse. Ah, bien !
quand je raconterai cela à mon ami Pierre,
je ne- gais pas -s'il se.jmoquerajdie moi, par
exemple. UU X i LÉi
Disai t ces moi.;, il revint une fois encore
sur ses pas et lança sa. jument sur une
grande ligne de ja fo,; êt La voix puissante
ad défaut , le'vanglior faisait une pointe
• l, grâce aux larges percées de Trémeur,
la cabriolet suivait facilement la chasse.
Il allait slengager dans une aiiée couver
te ; la meute, cognant à quelque distance
dans un bois de haute futaie, lui indiquait
sûrement ia route, lorsque Cocotte qui était
lancée au grand trot et commençait à, pren
dre plaisir aux aboiements des chiens et aux
éclats de la trompe, fit un grand écart et
menaça de verser ie cabriolet contre un .gros
orme . .
Un petit griffon venait de sortir du taillis
et, lui sautant aux jambes en aboyant, lui
barrait la route.
— Sac à papier 1 cria Alcide en éprouvant
une vague terreur, qu’est-ee que c’est que
ça ?
Sous les branches, une voix rude se fit
entendre :
— Paix ! Groach, criait une voix, la
paix !
Puis apparut une tête en broussaille.
C’était Kernoch.
Le meneur de loups braqua ses petits
yeux perçants sur Alcide, qui se sentait ex
cessivement mal à l’aise.
— Je ne m’étais pas trompé, murmura
Kernoch, c’est bien lui. Ob ! Providence!
merci ! c’est vous, mon Dieu, qui me l’avez
envoyé ici.
Kernoch s'approcha. dJun pas, tandis
qu’Alcide tremblant cherchait â sa ceinture
son revolver.
— N’approchez pas, : ou je tire, cria-t-il
d’uns voix, émue. Je... •,'pas... préviens
queja. ...quejesuisaiméi.
— Monsieur, dit Kernoch en cherchant à
adoucir sa rude voix, v^us , n’avez rien à
craindre, Je vous s uis sous bolsdepuis long
temps. Je suis un ami,. Vous vous nommez,
pas v- ai, m’si a Ai'îiJe Bouvreuil ?
— Yous me connaissez ? s’écria Alcide ajx
comble do fa, rur,pnso. v ; ’ ,
— O ai. Yous étos !%ml de M. Pierre Ya-
rades, irevt-ce pas?
Alcide fit un bond de stupéfaction.
— Comment savez-vous eeia?
— Ceci, c’est mon secret ; sachez seule
ment que je suis dévoué corps et âme à vo
tre ami Pierre, et écoutez-moi.
— Je vous écoule 1
— Quand quitterez-vous Trémeur?
— Certainement demain.
— Bien. Alors, jé vous verrai cette nuit.
— Mais vous êtes fou !
— Peu importe, n’ayez craints. A cetter
nuit !
Kernoch, après avoir répété de nouveau ;
* A cette nuit ! » disparut au mil ea des
branches et Cocotte pu continuer sa route.
Les aboiements devenaient plus proches*
plus furieux.
{A suivre.)
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