Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-20
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 octobre 1885 20 octobre 1885
Description : 1885/10/20 (A1,N96). 1885/10/20 (A1,N96).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543231b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
remière année. — N° 96.
PREFECTURE D'ALGER
DEPOT LEGAL
Le numéro g» eentî mcg. / Mardi, 20 octobre 1885j
558*
JOURNAL POLITSQUE ÜU0TI0IE
ALd&RIE.
Francs. .
" ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
ün an
Î8
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Manne, n* 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes los çonrnmnieatkœs relatifs ans annnon®» et réclames iefrttf. «b®
Algérie, etro adressées à TAGiaNCK HAVAS, boaievsrd de la République, t
Rn France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbillb, chez M. Gdstayb ALLARD, me du Bausaet, b :
A Paris, chez MM. AUDBOÜRG et C‘«, place de la Bourse’, iÔ,
St par leurs correspondants.
L * I>nPE0HE est désignée pouf l’insertion de. «nnonoes légale., judloiaire» et «utres existes ponr la validité de. procédure» et contrat.
Alger, le 19 Octobre 4885.
M. Guillemin vient d’obtenir dn Ministre
de l’instruction publique, un nouveau congé
d’un an. Il va donc pouvoir conserveries
fonctions de Maire auxquelles il se cram
ponne d’autant plus qu’il est incapable de
les ïemplir. Résignons-nous à subir ce sin
gulier magistrat jusqu’au renouvellement du
Conseil municipal, car il ne faut pas comp
ter sur une révocation, si méritée qu’elle
soit.
Infortunés habitants d’Alger ! comme il
leur en coûte aujourd’hui d’avoir donné leur
confiance à un oiseau de passage comme si
parmi eux, il u’y avait pas un homme capa
ble !
Ne croyez pascependantque M.Guillemic
se soit aperça de son insuffisance. Il s’en
faut. Notre professeur est tellement con
vaincu qu’il est appelé à faire le bonheur
de tous ceux qui voudront bien l’honorer
de leur confiance qu’il veut agrandir le cer
cle de son action. Alger ne lui suffit plus.
Il lui faut encore Mustapha et Saint-Eugène,
quoique adversaire, à ce qu’on lui a dit, de
la politique de conquêtes, il voudrait bien
faire la conquête de ces deux communes li
mitrophes.
Il y a deux ans, il essaya de conquérir
Saint-Eugène par la voie des armes, mais
sans succès. Vis-à-vis de Mustapha, et saus
doute grâce aux conseils de Tuitra-radical
baron de G ineste, il emploie les moyens di
plomatiques.
Il temporise, attend le moment opportun.
C’est pourquoi peut-être il retarde tant qu’il
peut l’envoi du dossier à la Préfecture. C’est
en vain qu’on 1& réclama au Conseil géné
ral, M. Guillemin qui est malin sait que la
majorité n’est pas favorable à ses projets
d’annexion, il préfère attendre que cette
assemblée soit renouvelé®, que la majorité
se déplace et vienne se grouper autour de
là peut-être les idées des habitants de
Mustapha se modifieront ; ne les a-t-on
pas vus, le 4 octobre dernier, donner
leurs suffrages aux candidats patronnés
par M. Guillemiu ? A ceux qui ne cachent
pas leurs désirs d’absorption des deux com
munes suburbaines, à MM. Marchai et Sa-
mary enfla, qui ont déclaré vouloir la réan-
nexiou ? N'est-il donc pas permis de croire
que si les électeurs de Mustapha étaient de
nouveau consultés, ils ne seraient plus aussi
opposés à une réannexion.
Le fait est que l’illusion est permise. On
n’a jamais vu une pareille inconséquence de
la part d’hommes intelligents, et je n’oserais
pas trop m’opposer à une nouvelle enquête
si elle était demandée.
Informations algériennes
Du 10 au 17 septembre dernier, il a été
procédé, au siège de l’administration de la
commune mixte de Dra-el-Mizan, à la ven
te aux enchères publiques de 3,000 oliviers
meehmels épars sur le territoire, au profit
de la dite commune.
Cette vente a produit la somme assez
ronde de 8,000 francs.
X
Un décret en date du 8 septembre der
nier a prononcé la soumission au régime
forestier de 153 hectares de terrains boisés
situés daus le douar de 1 Oaed-Chender.
Ce boisement est peuplé de chênes-lièges
dont la mise eu valeur, moyennant |de lé
gers sacrifices de la part de la commune,
pourra produire, eu p9u d’années, un reve
nu assuré qui dépassera certainement 3,000
francs.
La municipalité d’Haussonviller a donc
fait acte de sagesse eu plaçanl ce commu
nal sous la protection du service des forêts.
X
M. le Gouverneur général s’est enfin dé
cidé à supprimer la circonscription médicale
de colonisation de Tizi-Ouzou; nous croyons
savoir que bon nombre de demandes sont
parvenues à la municipalité de cette ville de
la part des praticiens de la métropole, qui
sollicitent le poste de médecin communal.
La nomination du titulaire aura certaine
ment lieu avant la fin du mois courant.
Par décision de M. le Gouverneur géné
rai eu date du 10 octobre courant, M. le
Docteur Reynaud, médecin de colonisation
à Blad-Guitouu, a été désigné pour remplir
les mêmes fonctions au poste de Dellys-Ré-
beval, en remplacement de M. Santelli, offi
cier de santé, médecin de colonisation au
xiliaire, appelé en la môme qualité à Dra-
el-Mizau.
M. Agussol, titulaire de cette dernière
circonscription, remplace M. Reynaud à
Blad-Guitoun.
X
M. le sénateur Forcioli est parti avant-
hier samedi, à 9 heures, par le traiu de
Bône.
Il s'embarquera à Bône pour Marseille et
de là se rendra à Paris.
Les joyeux qui s’étaient compromis dans
les troubles de Bel-Abbès viennent de pas
ser en conseil de guerre. Ils ont été ac
quittés.
Nous regrettons cette mansuétude de l’au
torité militaire.
Gela encourage les désordres et accentue
les inimitiés.
LES CONCESSIONS GRATUITES
Par divers décrets des concessions gra
tuites ont été concédées dans les conditions
suivantes :
«1° A l’hôpital civil d’Oran d’une parcelle
de. terrain domanial de 36 ares 65 centiares,
dépendant du lot n° 238, section Est du
plan de la ville d’Oran, et formant l’empla
cement et les abords d’un bassin-réservoir
et d’un asile des vieillards.
« 2° A la commune de Guyotville (dépar
tement d’Alger), 1’ autorisation d’affecter à
la construction d’un groupe scolaire le loi
urbain n° 55 du village de Guyotville, d’une
superficie de 1580 mètres carrés, qui lui a
été concédé par décrets du 23 novembre
1877 pour l’installation d’un lavoir public.
« 3° A la commune de Coléa (département
d’Alger), pour servir à l’ouverture des rues
Serradj et de Cherchell, d’un emplacement
domauial situé dans la ville de Coléa et pré
sentant une superficie de 186 mètres car
rés.
« 4* A la commune de Collo (département
de Constant!ne), pour être affecté à l’agran
dissement de la cour de l’école des garçons,
d'un emplacement à bâtir portant le u‘ 10
du plan de la ville de Collo et présentant
une superficie de 81 mètres carrés.
« A la commune de Cçastautine, pour
servir à l’installation d’une école commu
nale :
« 1° D’une maison en ruines située A
Constantine. impasse rue Combes, n° 91*
d’une superficie de 138 métrés carrés 29 dé
cimètres carrés ;
« 2° D’uya construction mauresque, dite
« Zaouïa Nahman Bay » située rue du 23*
de Ligne, ,n° 19, d’une superficie totale de.
174 mètres carrés 5 décimètres carrés, ainsi
que d’une petite boutique attenante et por
tant le n° 21 de la même rue, d’une super
ficie de 9 mètres carrés 55 décimètres car
rés. »
REMPLACEMENT DES ZWHS
Un arrêté du gouverneur général du $
octobre 1848 ordonnait la réunion au Do
maine de l’Etat de tous les immeubles ap
partenant aux mosquées, marabouts, zaouïas
et eu général à tous les établissements reli
gieux musulmans, encore régis exception
nellement par les djemaas.
Cet arrêté, qui n’était que l’application de
celui du général en chef de l’armée d’A
frique, du 8 septembre 1830, de l’arrêté
ministériel du 23 mars 1843, dont les dispo
sitions ont été confirmées par la loi du 16)
juin 1851, n’avait pas été partout suivi d’exé
cution.
Il reste, entre autres, en Kabylie, plu
sieurs immeubles affectés à des zaouïas
dont le service des Domaines n’a pas encore
pris possession, et qui sont gérés au profit
des établissements religieux ou scolaires
musulmans.
Ces immeubles, situés dans les communes
mixtes d’Azeffoun et du Diurjura ainsi que
dans la commune d’Isserville, ont ensemble
une valeur de 23,000 francs environ.
M. le Sous-Préfet de Tizi-Ouzou, après
avoir reconnu qu’on ne peut eu tirer aucun
parti au point de vue de la colonisation,
vient de proposer de les remettre aux com
munes sur le territoire desquelles ils se
trouvent, à charge par ces dernières de les
utiliser ou d’en affecter les revenus à la créa
tion d’Ecoles arabes françaises.
Envisagée au point de vue des résultats*
cette solution est évidemment la seule pra
tique et Tou ne peut qu’applaudir à l’intel
ligente initiative de l’administrateur qui a
su formuler une semblable proposition
JURISPRUDENCE
Nous trouvons dans le dernier cahier dn
Journal de la Jurisprudence de la Cour'
d’appelj un arrêt particuliérement impor
tant sur une que tioa relative à l’application
de la loi du 26 juillet 1873.
Feuilleton do la Dépêche Algérienne
N* 23.
LES
PAR
4. MC0T et G. PRiDEL (l)
PREMIERE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
— N’ayez crainte, mon enfant, dit-il à
voix basse. Ne tremblez pas et ne retirez
point votre main. Laissez-moi vous le dire,
Suzanne, et ne détournez point la tête : c’est
un ami qui vous parle, un ami qui est bien
vieux, bien seul, et qui ne vous demande
rien, sinon un peu de confiance. A mon âge
que peut-on espérer et que pourriez-vous
craindre ?
— Monsieur.... fit Suzanne hésitante.
A ce moment, un éclair suivi d’une déto
nation épouvantable ébranla le château, et
toutes les cataractes dn ciel éclatèrent à la
lois.
Suzanne n’avait point retiré ta main. Ef-
(1) Reprodqeües tnteriUta bh J omnmx fol m’«at
tr*.H4 üVv'S la Société tes Qtm 4* Lettre».
frayée, elle se jeta dans les bras du duc. La
pluie crépitait contre les vitraux et tombait
à torrents.
Une voix forte, jeune et claire, une voix
bon eufant comme le bruit de la tempête,
s© fit entendre. Ou ébranlait la cloche de la
grille d’honneur en criant :
— Cordon, s’il vous plaît, et comme on
n’ouvrait pas, la même voix reprit.
Puis un coup de pistolet se fit entendre.
A ce bruit, la jeune femme fit un bond.
— Ah 1 mon Dieu, s’écria-t-elle, un coup
de feu !
Le duc s’ètait avancé au haut du grand
escalier. Il donna quelques ordres d’une
voix tonnante. Des domestiques se précipi
tèrent effarés.
La pluie et avec elle une grêle serrée con
tinuaient de tomber à torrents.
— Mais ouvrez donc, criait la voix ; pour
l’amour du ciel ! Vous allez me faire noyer.
La grille tourna sur ses gonds et une voi
ture de forme étrange entra à grand fracas
dans la cour. Elle était traînée par une
alerte petite jument limousine, «ruée de
quelques grelots. Derrière la voiture, un
énorme coffre à toile vernie arrivait jusqu'à
la hauteur du siège. Il sortit de cette car
riole un homme d’une trentaine d’années,
recouvert d’uu ulster de voyage. Pour com
mencer, il se trouva en face du capitaine
Cressin, lequel était eii forte méchant hu
meur.
On venait de le déranger ce cher capi
taine ; il était en train de faire une jolie
partie de billard avec l’intendant, tout en
sirotant quelques verres de fine champa
gne et en humant de parfaits Puros. La
cloche de la grille l’avait intrigué ; quant à
la détonation de l’arme à feu, elle lui
avait fait abandonner sa partie, ce qui était
d’autant plus méritoire qu’il avait bien une
douzaine de points d’avance.
— Pardon, excuse, fit le nouveau venu en
se secouant comme un barbet, car il était
littéralement trempé. Je vous demande mille
pardons, pourriez-vous me dire où est l’é
curie ?
— Ah ça ! éclata le capitaine, est-ce que
vous prenez le château de Trémeur pour
nue auberge ?
— Ah ! ça s’appelle Trémeur ! Comment
dites-vous ? Trémeur ? Eh bien ! je ne suis
réellement pas fâché de le savoir. Seule
ment, mou cher monsieur, tout en vous
demandant tous les pardons imaginables,
je vous prierai de remarquer que je prends
un véritable bain, et si vous voulez bien me
permettre...
— Je vous permets de f. . .cher le camp,
et un peu plus vite que ça.
— Vous croyez que je vais m’eu retour
ner au milieu de la nuit, par cet orage,
perdu daus des bois où il y a des sangliers
et des loups, uu tas de mauvaises bêtes
dont j'ai la plus grande peur ?... Jamais
de la vie.
Ah ça 1 monsieur, fit le capitaine en éle
vant la voix, car il commençait à être à an
joli point de colère, voulez-vous vous en
aller, oui on non ?
— Moi ? jamais de la vie 1 Je vous dis que
je me suis perdu, égaré, que j’ai une peur
atroce dans les bois, là, êtes-vous content ?
J’ai vu des lumières, j’ai pressé Cocotte,
une rude bête, allez ! Éde ne bronche pas
sous un coup de tonnerre. Elle n’est pas
comme moi. La nuit, la foudre, les bois,
voyez-vous ; je n’ai pas un fil de sec et je
tremble comme une feuille. J’ai uue frousse
du diable. J’ai sonné, sonneras-tu, rien ^
alors, comme j’ai toujours sur moi un re
volver, parce que faut prendre ses précau
tions, pas vrai ? Pau ! j’ai tiré un coup eu
l’air.Oh ! faut bien que j’aie été forcé, allez î
car je u’aime pas, j’ai horreur des détona
tions ; seulement, je vous ferai observer
que nous sommes là à causer sous la pluie
et qu’il tombe de vraies hallebardes.
— Voulez-vous vous en aller, oui ou non T
hurla le capitaine.
— Ah bien ! ce ne serait pas à faire. Vous,
n’êtes réellement pas gentil. Comment ! je
me trouve perdu au fond de la Bretagne. Je
suis pris par un orage dont je vous fais ju
ge, et vous me campez à la porte comme
un rien-du-tout. Là, vrai, si c’est comme
ça que se conduit la noblesse, je ne la re
connais plus ! Ou me l’a changée !
Le duc, en entendant le diapason des voix,
s’élever, avait saisi au vol les dernières pa
roles. II s’avança au-devant du nouveau,
venu, qui, sous Fondée et tout eu discutant*
tenait toujours la bride de sa limousine.
— Monsieur, lui dit-il, on n’a jamais de»»
mandé en vain l’hospitalité chez moi. Jj(
château de ma famille il n’y a jamais eu d»
tourne-bride. Quoique, je l’avoue, ne soit
PREFECTURE D'ALGER
DEPOT LEGAL
Le numéro g» eentî mcg. / Mardi, 20 octobre 1885j
558*
JOURNAL POLITSQUE ÜU0TI0IE
ALd&RIE.
Francs. .
" ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
ün an
Î8
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Manne, n* 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes los çonrnmnieatkœs relatifs ans annnon®» et réclames iefrttf. «b®
Algérie, etro adressées à TAGiaNCK HAVAS, boaievsrd de la République, t
Rn France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbillb, chez M. Gdstayb ALLARD, me du Bausaet, b :
A Paris, chez MM. AUDBOÜRG et C‘«, place de la Bourse’, iÔ,
St par leurs correspondants.
L * I>nPE0HE est désignée pouf l’insertion de. «nnonoes légale., judloiaire» et «utres existes ponr la validité de. procédure» et contrat.
Alger, le 19 Octobre 4885.
M. Guillemin vient d’obtenir dn Ministre
de l’instruction publique, un nouveau congé
d’un an. Il va donc pouvoir conserveries
fonctions de Maire auxquelles il se cram
ponne d’autant plus qu’il est incapable de
les ïemplir. Résignons-nous à subir ce sin
gulier magistrat jusqu’au renouvellement du
Conseil municipal, car il ne faut pas comp
ter sur une révocation, si méritée qu’elle
soit.
Infortunés habitants d’Alger ! comme il
leur en coûte aujourd’hui d’avoir donné leur
confiance à un oiseau de passage comme si
parmi eux, il u’y avait pas un homme capa
ble !
Ne croyez pascependantque M.Guillemic
se soit aperça de son insuffisance. Il s’en
faut. Notre professeur est tellement con
vaincu qu’il est appelé à faire le bonheur
de tous ceux qui voudront bien l’honorer
de leur confiance qu’il veut agrandir le cer
cle de son action. Alger ne lui suffit plus.
Il lui faut encore Mustapha et Saint-Eugène,
quoique adversaire, à ce qu’on lui a dit, de
la politique de conquêtes, il voudrait bien
faire la conquête de ces deux communes li
mitrophes.
Il y a deux ans, il essaya de conquérir
Saint-Eugène par la voie des armes, mais
sans succès. Vis-à-vis de Mustapha, et saus
doute grâce aux conseils de Tuitra-radical
baron de G ineste, il emploie les moyens di
plomatiques.
Il temporise, attend le moment opportun.
C’est pourquoi peut-être il retarde tant qu’il
peut l’envoi du dossier à la Préfecture. C’est
en vain qu’on 1& réclama au Conseil géné
ral, M. Guillemin qui est malin sait que la
majorité n’est pas favorable à ses projets
d’annexion, il préfère attendre que cette
assemblée soit renouvelé®, que la majorité
se déplace et vienne se grouper autour de
là peut-être les idées des habitants de
Mustapha se modifieront ; ne les a-t-on
pas vus, le 4 octobre dernier, donner
leurs suffrages aux candidats patronnés
par M. Guillemiu ? A ceux qui ne cachent
pas leurs désirs d’absorption des deux com
munes suburbaines, à MM. Marchai et Sa-
mary enfla, qui ont déclaré vouloir la réan-
nexiou ? N'est-il donc pas permis de croire
que si les électeurs de Mustapha étaient de
nouveau consultés, ils ne seraient plus aussi
opposés à une réannexion.
Le fait est que l’illusion est permise. On
n’a jamais vu une pareille inconséquence de
la part d’hommes intelligents, et je n’oserais
pas trop m’opposer à une nouvelle enquête
si elle était demandée.
Informations algériennes
Du 10 au 17 septembre dernier, il a été
procédé, au siège de l’administration de la
commune mixte de Dra-el-Mizan, à la ven
te aux enchères publiques de 3,000 oliviers
meehmels épars sur le territoire, au profit
de la dite commune.
Cette vente a produit la somme assez
ronde de 8,000 francs.
X
Un décret en date du 8 septembre der
nier a prononcé la soumission au régime
forestier de 153 hectares de terrains boisés
situés daus le douar de 1 Oaed-Chender.
Ce boisement est peuplé de chênes-lièges
dont la mise eu valeur, moyennant |de lé
gers sacrifices de la part de la commune,
pourra produire, eu p9u d’années, un reve
nu assuré qui dépassera certainement 3,000
francs.
La municipalité d’Haussonviller a donc
fait acte de sagesse eu plaçanl ce commu
nal sous la protection du service des forêts.
X
M. le Gouverneur général s’est enfin dé
cidé à supprimer la circonscription médicale
de colonisation de Tizi-Ouzou; nous croyons
savoir que bon nombre de demandes sont
parvenues à la municipalité de cette ville de
la part des praticiens de la métropole, qui
sollicitent le poste de médecin communal.
La nomination du titulaire aura certaine
ment lieu avant la fin du mois courant.
Par décision de M. le Gouverneur géné
rai eu date du 10 octobre courant, M. le
Docteur Reynaud, médecin de colonisation
à Blad-Guitouu, a été désigné pour remplir
les mêmes fonctions au poste de Dellys-Ré-
beval, en remplacement de M. Santelli, offi
cier de santé, médecin de colonisation au
xiliaire, appelé en la môme qualité à Dra-
el-Mizau.
M. Agussol, titulaire de cette dernière
circonscription, remplace M. Reynaud à
Blad-Guitoun.
X
M. le sénateur Forcioli est parti avant-
hier samedi, à 9 heures, par le traiu de
Bône.
Il s'embarquera à Bône pour Marseille et
de là se rendra à Paris.
Les joyeux qui s’étaient compromis dans
les troubles de Bel-Abbès viennent de pas
ser en conseil de guerre. Ils ont été ac
quittés.
Nous regrettons cette mansuétude de l’au
torité militaire.
Gela encourage les désordres et accentue
les inimitiés.
LES CONCESSIONS GRATUITES
Par divers décrets des concessions gra
tuites ont été concédées dans les conditions
suivantes :
«1° A l’hôpital civil d’Oran d’une parcelle
de. terrain domanial de 36 ares 65 centiares,
dépendant du lot n° 238, section Est du
plan de la ville d’Oran, et formant l’empla
cement et les abords d’un bassin-réservoir
et d’un asile des vieillards.
« 2° A la commune de Guyotville (dépar
tement d’Alger), 1’ autorisation d’affecter à
la construction d’un groupe scolaire le loi
urbain n° 55 du village de Guyotville, d’une
superficie de 1580 mètres carrés, qui lui a
été concédé par décrets du 23 novembre
1877 pour l’installation d’un lavoir public.
« 3° A la commune de Coléa (département
d’Alger), pour servir à l’ouverture des rues
Serradj et de Cherchell, d’un emplacement
domauial situé dans la ville de Coléa et pré
sentant une superficie de 186 mètres car
rés.
« 4* A la commune de Collo (département
de Constant!ne), pour être affecté à l’agran
dissement de la cour de l’école des garçons,
d'un emplacement à bâtir portant le u‘ 10
du plan de la ville de Collo et présentant
une superficie de 81 mètres carrés.
« A la commune de Cçastautine, pour
servir à l’installation d’une école commu
nale :
« 1° D’une maison en ruines située A
Constantine. impasse rue Combes, n° 91*
d’une superficie de 138 métrés carrés 29 dé
cimètres carrés ;
« 2° D’uya construction mauresque, dite
« Zaouïa Nahman Bay » située rue du 23*
de Ligne, ,n° 19, d’une superficie totale de.
174 mètres carrés 5 décimètres carrés, ainsi
que d’une petite boutique attenante et por
tant le n° 21 de la même rue, d’une super
ficie de 9 mètres carrés 55 décimètres car
rés. »
REMPLACEMENT DES ZWHS
Un arrêté du gouverneur général du $
octobre 1848 ordonnait la réunion au Do
maine de l’Etat de tous les immeubles ap
partenant aux mosquées, marabouts, zaouïas
et eu général à tous les établissements reli
gieux musulmans, encore régis exception
nellement par les djemaas.
Cet arrêté, qui n’était que l’application de
celui du général en chef de l’armée d’A
frique, du 8 septembre 1830, de l’arrêté
ministériel du 23 mars 1843, dont les dispo
sitions ont été confirmées par la loi du 16)
juin 1851, n’avait pas été partout suivi d’exé
cution.
Il reste, entre autres, en Kabylie, plu
sieurs immeubles affectés à des zaouïas
dont le service des Domaines n’a pas encore
pris possession, et qui sont gérés au profit
des établissements religieux ou scolaires
musulmans.
Ces immeubles, situés dans les communes
mixtes d’Azeffoun et du Diurjura ainsi que
dans la commune d’Isserville, ont ensemble
une valeur de 23,000 francs environ.
M. le Sous-Préfet de Tizi-Ouzou, après
avoir reconnu qu’on ne peut eu tirer aucun
parti au point de vue de la colonisation,
vient de proposer de les remettre aux com
munes sur le territoire desquelles ils se
trouvent, à charge par ces dernières de les
utiliser ou d’en affecter les revenus à la créa
tion d’Ecoles arabes françaises.
Envisagée au point de vue des résultats*
cette solution est évidemment la seule pra
tique et Tou ne peut qu’applaudir à l’intel
ligente initiative de l’administrateur qui a
su formuler une semblable proposition
JURISPRUDENCE
Nous trouvons dans le dernier cahier dn
Journal de la Jurisprudence de la Cour'
d’appelj un arrêt particuliérement impor
tant sur une que tioa relative à l’application
de la loi du 26 juillet 1873.
Feuilleton do la Dépêche Algérienne
N* 23.
LES
PAR
4. MC0T et G. PRiDEL (l)
PREMIERE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
— N’ayez crainte, mon enfant, dit-il à
voix basse. Ne tremblez pas et ne retirez
point votre main. Laissez-moi vous le dire,
Suzanne, et ne détournez point la tête : c’est
un ami qui vous parle, un ami qui est bien
vieux, bien seul, et qui ne vous demande
rien, sinon un peu de confiance. A mon âge
que peut-on espérer et que pourriez-vous
craindre ?
— Monsieur.... fit Suzanne hésitante.
A ce moment, un éclair suivi d’une déto
nation épouvantable ébranla le château, et
toutes les cataractes dn ciel éclatèrent à la
lois.
Suzanne n’avait point retiré ta main. Ef-
(1) Reprodqeües tnteriUta bh J omnmx fol m’«at
tr*.H4 üVv'S la Société tes Qtm 4* Lettre».
frayée, elle se jeta dans les bras du duc. La
pluie crépitait contre les vitraux et tombait
à torrents.
Une voix forte, jeune et claire, une voix
bon eufant comme le bruit de la tempête,
s© fit entendre. Ou ébranlait la cloche de la
grille d’honneur en criant :
— Cordon, s’il vous plaît, et comme on
n’ouvrait pas, la même voix reprit.
Puis un coup de pistolet se fit entendre.
A ce bruit, la jeune femme fit un bond.
— Ah 1 mon Dieu, s’écria-t-elle, un coup
de feu !
Le duc s’ètait avancé au haut du grand
escalier. Il donna quelques ordres d’une
voix tonnante. Des domestiques se précipi
tèrent effarés.
La pluie et avec elle une grêle serrée con
tinuaient de tomber à torrents.
— Mais ouvrez donc, criait la voix ; pour
l’amour du ciel ! Vous allez me faire noyer.
La grille tourna sur ses gonds et une voi
ture de forme étrange entra à grand fracas
dans la cour. Elle était traînée par une
alerte petite jument limousine, «ruée de
quelques grelots. Derrière la voiture, un
énorme coffre à toile vernie arrivait jusqu'à
la hauteur du siège. Il sortit de cette car
riole un homme d’une trentaine d’années,
recouvert d’uu ulster de voyage. Pour com
mencer, il se trouva en face du capitaine
Cressin, lequel était eii forte méchant hu
meur.
On venait de le déranger ce cher capi
taine ; il était en train de faire une jolie
partie de billard avec l’intendant, tout en
sirotant quelques verres de fine champa
gne et en humant de parfaits Puros. La
cloche de la grille l’avait intrigué ; quant à
la détonation de l’arme à feu, elle lui
avait fait abandonner sa partie, ce qui était
d’autant plus méritoire qu’il avait bien une
douzaine de points d’avance.
— Pardon, excuse, fit le nouveau venu en
se secouant comme un barbet, car il était
littéralement trempé. Je vous demande mille
pardons, pourriez-vous me dire où est l’é
curie ?
— Ah ça ! éclata le capitaine, est-ce que
vous prenez le château de Trémeur pour
nue auberge ?
— Ah ! ça s’appelle Trémeur ! Comment
dites-vous ? Trémeur ? Eh bien ! je ne suis
réellement pas fâché de le savoir. Seule
ment, mou cher monsieur, tout en vous
demandant tous les pardons imaginables,
je vous prierai de remarquer que je prends
un véritable bain, et si vous voulez bien me
permettre...
— Je vous permets de f. . .cher le camp,
et un peu plus vite que ça.
— Vous croyez que je vais m’eu retour
ner au milieu de la nuit, par cet orage,
perdu daus des bois où il y a des sangliers
et des loups, uu tas de mauvaises bêtes
dont j'ai la plus grande peur ?... Jamais
de la vie.
Ah ça 1 monsieur, fit le capitaine en éle
vant la voix, car il commençait à être à an
joli point de colère, voulez-vous vous en
aller, oui on non ?
— Moi ? jamais de la vie 1 Je vous dis que
je me suis perdu, égaré, que j’ai une peur
atroce dans les bois, là, êtes-vous content ?
J’ai vu des lumières, j’ai pressé Cocotte,
une rude bête, allez ! Éde ne bronche pas
sous un coup de tonnerre. Elle n’est pas
comme moi. La nuit, la foudre, les bois,
voyez-vous ; je n’ai pas un fil de sec et je
tremble comme une feuille. J’ai uue frousse
du diable. J’ai sonné, sonneras-tu, rien ^
alors, comme j’ai toujours sur moi un re
volver, parce que faut prendre ses précau
tions, pas vrai ? Pau ! j’ai tiré un coup eu
l’air.Oh ! faut bien que j’aie été forcé, allez î
car je u’aime pas, j’ai horreur des détona
tions ; seulement, je vous ferai observer
que nous sommes là à causer sous la pluie
et qu’il tombe de vraies hallebardes.
— Voulez-vous vous en aller, oui ou non T
hurla le capitaine.
— Ah bien ! ce ne serait pas à faire. Vous,
n’êtes réellement pas gentil. Comment ! je
me trouve perdu au fond de la Bretagne. Je
suis pris par un orage dont je vous fais ju
ge, et vous me campez à la porte comme
un rien-du-tout. Là, vrai, si c’est comme
ça que se conduit la noblesse, je ne la re
connais plus ! Ou me l’a changée !
Le duc, en entendant le diapason des voix,
s’élever, avait saisi au vol les dernières pa
roles. II s’avança au-devant du nouveau,
venu, qui, sous Fondée et tout eu discutant*
tenait toujours la bride de sa limousine.
— Monsieur, lui dit-il, on n’a jamais de»»
mandé en vain l’hospitalité chez moi. Jj(
château de ma famille il n’y a jamais eu d»
tourne-bride. Quoique, je l’avoue, ne soit
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