Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-21
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 octobre 1885 21 octobre 1885
Description : 1885/10/21 (A1,N97). 1885/10/21 (A1,N97).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543232p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'ALUEh
Première année. — N # 97.
HR POT ^ LEGAL
Hj© numéro S> oentimes. /’ Mercredi, 21 octobre 1885.
êJ ii H j S H L
JM. M. %^S MM JH
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIE
Algérie:...
Vu j. Nfix....
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 0
6
Un an
18
S4
. ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de îa Marine, n° 8, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications rotatives au t annnoncas et réclames , -
Algérie, être adressées à 1AGKNCK HAVAS, boulevard de la Réptsbliqos, AkU
En France, les communications sont reçue» savoir :
A Marseille, ebox M. Gustave ALLARD, rue du Bansset, 4 ;
A Paris, ehex MM. AUDBOURG et C 1 », place de la Bourse, iG-
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonoes légales, judiciaires et autres exigées pour la validité' des procédures et contrats.
Alger, le 20 Octobre 1885.
S ils
Je trouve que M. Marchai manque de
tenue. Je comprends que la défaite qu’il
vient d’éprouver devant le suffrage univer
sel l’ait quelque peu ulcéré, mais encore
faut-il en savoir prendre son parti. Quand
on est vraiment démocrate, il ne convient
pas de se montrer de trop mauvaise hu
meur contre les arrêts du suffrage universel.
Il est puéril aussi de chercher à égarer
le public en parlant de 40 voix de majorité,
quand on sait que la différence entre le
nombre des voix obtenues par M. Bourbier
et celui obtenu par M. Marchai est de près
de trois mille.
A quoi bon aussi attaquer l’élu du suf
frage universel, comme le fait M. Marchai ?
Comment ne voit-il pas que la victoire
que vient de remporter M. Bourlier l’em
pêche de répondre autrement que par le
dédain, et qu’en L’excitant comme il le fait,
M. Marchai s’expose à être comparé aux
roquets qui vous importunent de leurs
aboiements ?
M. Marchai est certainement un homme
intelligent, auquel on accorde même de
l’esprit. Tient-il à prouver qu’on s’est trom
pé ?
Que signifie cette manie de crier à la
persécution, de se plaindre de la presse
sauvage, alors qu’il sait bien que c’est dans
son journal qu’on peut trouver des calom
nies contre tout le monde, que ce sont
précisément ces calomnies qui ont indigné
la presse parisienne, et que c’est à son pro
pre journal qu’était appliquée cette épithète
de Presse sauvage, par l’un des maîtres
du journalisme contemporain ?
Est-ce que ce n’est pas lui qui a traité
Fonvielle de mouchard de la semaine san
glante? N’est-ce pas lui qui a accusé, il n’y
a pas un mois, plusieurs de ses confrères
d’avoir encaissé diverses Sommes à la Ban
que de l’Algérie sur des bons de caisse de
M. Mauguin ?
Que pense-t-il de ces vilenies et de tant
d’autres qu’il est inutile de rappeler ici?
On lui a dit des choses dures pendant la
période électorale; on a parlé de ses démêlés
avec M. Mer, d’un jugement du tribunal de
commerce le condamnant par défaut. Mais,
du moins, c’étaient là des faits vrais, indis
cutables, que M. Marchai ne pouvait nier,
qu’il n’a pas niés et qu’il ne niera pas.
Qu’il y prenne garde, à force de vouloir
se poser en victime, il finira par - amuser la
galerie.
Ainsi, avant-hier, il annonçait ru’il allait
raconter, avec preuves à l'appui, une édi
fiante histoire à la charge de ses impla
cables et lâches ennemis.
Qu’était-ce donc que cette histoire ?
Qu’allions-nous apprendre de terrible ?
Quelles étaient les preuves à l’appui ?
J’étais moi-môme passabLemont intrigué.
Est-ce que, par hasard, mes amis, anciens
ou nouveaux.seraient capables de commettre
des lâchetés contre M. Marchai.
Hélas ! la montagne est accouchée d’une
souris. La lâcheté consistait tout simple
ment dans l’exécution par M. Bourlier d’un
arrêt de la Cour rendu à son profit, il y a
six ans. Les preuves à l’appui, annoncées
avec fracas, c’était l'insertion de cet arrêt
dans les journaux de la localité.
M. Marchai s’étonne que M. Bourlier ait
attendu six ans pour exécuter cet arrêt,
pour réclamer le montant des condamna
tions prononcées. Quant à moi, ce n’est pas
la patience de M. Bourlier qui m’étonne,
mais la négligence apportée par M. Mar
chai dans le paiement de sa dette pendant
six ans, alors qu’il nous prouve que ce n’est
pas l’argent qui lui manque, — ce qui m’é
tonne ; c’est le désir de se libérer qui lui a
pris comme un coup de sang, à tel point
qu’il n’a pas eu la patience d’attendre l’huis
sier de M. Bourlier et qu’il lui a vainement
envoyé le sien ; ce qui semble établir que
M. Bourlier tenait à voir l’arrêt de la Cour
inséré dans le Petit Colon, et très peu à
recevoir les 800 francs qui lui étaient dûs.
Et, en effet, l’insertion dans le Petit Colon
de l’arrêt condamnant M. Marchai pour
diffamation n’était qu’une réponse à une
nouvelle diffamation de M. Marchai.
Le candidat, qui avait été condamné en
1879 pour diffamation au sujet de l’entre
prise d’Arbatache, avait l’audace de rééditer
cette même diffamation. M. Bourlier ne
pouvait y répondre d’une meilleure façon
qu’en forçant son calomniateur rédiciviste
à mettre le nez dans son propre fumier.
Devait-il se laisser calomnier impunément
par un candidat peu délicat.
Le confondre, avec preuves à l'appui,
était-ce une manœuvre déloyale ?
vient de perdre encore deux de ses officiers.
Il y a peu de jours, on nous annonçait la
mort de M. le lieutenant Crochat ; nous ap
prenons aujourd’hui celle de M. le capitaine
Guillot, décédé le 26 septembre dernier.
X
Le Conseil sanitaire qui s’est réuni hier
sous la présidence de M. G'enelîa, secrétaire
général de la préfecture, a décidé que les
provenances des ports d’Espagne non con
taminés feront une observation de 24 heu
res.
Le Conseil a maintenu les cinq jours de
quarantaine pour les autres provenances
d’Espagne.
X
Aux termes d’un décret en date du 14
septembre 1885, la commune de Guyotville
a été autorisée â affecter à la construction
d’un groupe scolaire un lot urbain d’une
superficie de 1580 mètres carrés, qui lui a
été concédé par décret du 28 novembre 1877,
pour l’installation d’un lavoir public.
X
En exécution de l’article 27 de la loi de
finances du 8 août 1885, trois sessions d’exa
mens auront lieu aux époques ci-après
fixées, pour l’obtention de bourses de l’Etat
en faveur des enfants appartenant aux pè
res de famille qui ont 7 enfants vivants, sa
voir :
Le jeudi, 5 novembre, pour les bourses
dans les lycées et collèges ;
Le lundi, 9 novembre, pour les bourses
dans les écoles primaires supérieures de
garçons ;
Le jeudi, 12 novembre, pour les bourses
dans les écoles primaires supérieures de
jeunes filles.
Les listes d’inscription sont ouvertes à la
Préfecture d’Alger (1 er bureau) du 15 au 28
octobre inclus, terme de rigueur.
CONSEIL GENERA
U
Compte rendu analytique officiel de la
séance du 15 octobre 1685.
Présidence de M. Garny, vice-président.
La séance est ouverte à 2 heurs 1/4.
M. ie préfet y assiste.
Absents excusés : MM. Rauzières et Tro-
lard.
Lecture et adoption du procès-verbal de
la dernière séance.
Protection des enfants du 1 er âge. Comité
départemental. Nomination d’un membre
en remplacement de M. Lepiney. — M. Go-
bel est élu par 22 voix sur 23 votants.
Préfecture d’Alger. Installation d’appa
reils téléphoniques. — l ro Commission, rap
porteur M. Obitz.
La dépense est rejetée par le Conseil.
Caserne de Gendarmerie de Fort-Natio
nal. Construction de 2 pièces et d’une cui
sine. — l r0 Commission, rapporteur M.
Obitz. Le projet s’élevant à 4,600 francs est
adopté.
^Prison et gendarmerie de Bogbarï. Cons-
traction de fosses d’aisance. — l r « Commis
sion, rapporteur M. Obitz. Le Conseil est
d’avis qu’il y a lieu de provoquer une con
férence entre la municipalité de Bogbarï,
le service des Ponts-et-Chaussées' et celui
de la voirie départementale, pour s’assurer
que l’égout collecteur projeté pourra être
établi sur la route nationale n° 1 d’Alger à
Lagbouât.
Vœu reîatif'à l’agrandissement du centre
de Bou-Medfa au moyen des terrains da la
Cie Algérienne. — i re Commission, rappor
teur M. Allan, Acte est donjjê à M. le pré
fet par la Commission d'une lettre par' la
quelle cette compagnie fait connaître que
ces terrains pourront être mis en adjudica
tion au printemps prochain.
Exploration française au lacLiba. Deman
de de subvention. 3° Commission, rappor
teur M. Allan. Cette demande est rejetée.
Société centrale de sauvetage des naulra-
gés. Demande de subvention. — 3 e Com
mission. rapporteur M Allan. Un crédit de
209 francs est voté en faveur de cette So
ciété.
Subventions à fournir par l’Etat pour les
§1
f
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 24.
LES
PAR
A. MAGOT et G. PRADEL {1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Et ce matin-là, jugez de sa joie, Mirabeau
venait de détourner un fort ragot, que Pe-
nhoël avait vu par corps, et un peu plus
loin une maîtresse laie avec sa famille, cinq
ou six marcassins, grands déjà, qui, une
fois la mère à bas, se feraient chasser com
me des lapins. Quelle leçon pour ses élèves,
les jeunes chiens de Penhoël !
Le piqueur fut obligé d’attendre le réveil
de M. le comte. Après avoir rentré Mira
beau au chenil, il se promenait d’un pas fié
vreux dans la cour, allant, venant, mau
gréant après la paresse de M. de Prémont.
Dans la cour aussi, flânait Alcide Bou-
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
pal traité avec la Société des Gens de Lettres.
vreuil, le nez au vent, admirant les écuries,
les chevaux, le château, admirant tout et se
disant que, pour lui, c’était aussi beau que
Versailles. Au détour d’un box, il se heurta
au capitaine, qui faisait sa tournée d’ins
pection, et aussitôt Bouvreuil s’en fut dans
la cour.
Au milieu de toutes les écuries, il n’avait
pu trouver la limousine. Il n’osait s’adres
ser au ca’pitaine, non plus qu’à tous ces va
lets et grooms qui le regardaient d’un air
goguenard. La brave figure de Penhoël lui
inspira confiance et il s’adressa au piqueur
pour retrouver sa jument.
— Tout à l’heure, répliqua Penhcël, je
vais être tout à vous, pour vous servir, mon
bon monsieur, mais pour l’instant il faut que
j’attende le neveu de Monsieur, pour lui
dire que Mirabeau et moi nous avons dé
tourné un sanglier ! Eh ! justement fit le
piqueur avec une exclamation de joie, ie
voici qui arrive.
M. de Prémont, à ce moment, descendait
dans la cour.
A l’aspect du commis-voyageur, il eut un
geste de surprise.
Celui-ci s’était avancé au-devant du
comte.
— Ah ça ! fit le comte en répondant du
bout des doigts au salut du représentant de
la maison Bernay frères, que diable faites-
vous ici, monsieur Bouvreuil ?
Tout en étant enchanté d’être reconnu,
Alcide Bouvreuil se montra tout déconte
nancé. Il tenait et tournait son petit cha
peau entre ses doigts et répétait, en tirant
le pied droit en arrière :
— Comment, monsieur le comte, par quel
hasard? Très honoré, monsieur le comte,
mais aussi bien surpris. Si je m’attendais à
vous trouver ici..., pardon, à avoir l'Hon
neur de vous trouver ici, je veux bien que
le loup me croque.
Pour dire le vrai, l’embarras du pauvre
Alcide avait bien, jusqu'à un certain point,
sa raison d’être, et voici pourquoi :
Il comprenait parfaitement que le comte
pouvait croire que la maison Bernay frères,
l’envoyait, lui, Alcide Bouvreuil, nouvel
Argonaute, à la conquête, c’est-à-dire au
recouvrement de quelques grosses factu
res.
Or, le comte Gontran de Prémont était un
des gros clients de la maison Bernay frères.
Et c’était de plus un client en partie dou
ble.
Dans les débuts de sa haute vie, il avait
soldé ses factures rubis sur l’ongle, les fai
sant réclamer, ne voulant point laisser à
l’addition le temps de s’accroître. Puis,
étaient venus les jours pénibles, et alors
chez les Bernay frères il avait pris sans
compter. On ne sait pas ce que la toilette
d’un élégant peut consommer de chemises
de soie, de coins-de-feu élégants, de linge
rie de toute nature, de gants, de cravates,
de parfums de tous les genres.
— Pourvu ! songeait le pauvre Bouvreuil,
que M. Gontran ne croie pas que je viens
ici lui réclamer sa note... c’est ça qui ne se
rait pas drôle, par exemple, s’il ne voyait
en moi qu’un créancier.
Alors, comme le comte, jouissant de l’em
barras de Bouvreuil, restait là, à le regar
der d’un air tant soit peu railleur, Alcide
prit son courage à deux mains et lui dit :
— Le hasard, monsieur le comte, le pur
hasard, le gros orage d’hier qui m’a obligé
à venir demander l’hospitalité à ce château.
Non, n’allez pas croire surtout, monsieur le
comte, que la maison Bernay frères m’en
voie ici pour venir auprès de vous...
— Pour ma petite note, fit M. de Pré
mont avec un haussement d’épaules.
— Il appelle ça sa petite note, murmura
Alcide : dix-neuf mille neuf cent quatre-
vingt-cinq francs et des centimes. Puis, tout
haut : — non, monsieur le comte, je ne
m’attendais certainement pas à avoir l’hon
neur de vous rencontrer ici.
— Mais alors qu’est-ce que vous venez
faire en Bretagne, mon bon Bouvreuil ?
— Créer des relations commerciales,
chercher des débouchés. Vous savez si la
maison Bernay a la spécialité de la mode
et de l'élégance. Or, la mode passe vite à
Paris, et l’élégance se défraîchit aussitôt.
Alors, tous ces brimborions, ces cravates,
ces gilets, ces sticks, ces hors-d’œuvre du
high-life, comme je i’ai entendu dire à mon
sieur le comte, nous cherchons à les écou
ler dans les prix doux en province, ou pour
la seconde ou même pour la troisième' an
née, ils font les délices des forts viveurs de
Saint-Quentin ou de Pézenas.
(A suivre .)
i
Première année. — N # 97.
HR POT ^ LEGAL
Hj© numéro S> oentimes. /’ Mercredi, 21 octobre 1885.
êJ ii H j S H L
JM. M. %^S MM JH
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIE
Algérie:...
Vu j. Nfix....
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 0
6
Un an
18
S4
. ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de îa Marine, n° 8, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications rotatives au t annnoncas et réclames , -
Algérie, être adressées à 1AGKNCK HAVAS, boulevard de la Réptsbliqos, AkU
En France, les communications sont reçue» savoir :
A Marseille, ebox M. Gustave ALLARD, rue du Bansset, 4 ;
A Paris, ehex MM. AUDBOURG et C 1 », place de la Bourse, iG-
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonoes légales, judiciaires et autres exigées pour la validité' des procédures et contrats.
Alger, le 20 Octobre 1885.
S ils
Je trouve que M. Marchai manque de
tenue. Je comprends que la défaite qu’il
vient d’éprouver devant le suffrage univer
sel l’ait quelque peu ulcéré, mais encore
faut-il en savoir prendre son parti. Quand
on est vraiment démocrate, il ne convient
pas de se montrer de trop mauvaise hu
meur contre les arrêts du suffrage universel.
Il est puéril aussi de chercher à égarer
le public en parlant de 40 voix de majorité,
quand on sait que la différence entre le
nombre des voix obtenues par M. Bourbier
et celui obtenu par M. Marchai est de près
de trois mille.
A quoi bon aussi attaquer l’élu du suf
frage universel, comme le fait M. Marchai ?
Comment ne voit-il pas que la victoire
que vient de remporter M. Bourlier l’em
pêche de répondre autrement que par le
dédain, et qu’en L’excitant comme il le fait,
M. Marchai s’expose à être comparé aux
roquets qui vous importunent de leurs
aboiements ?
M. Marchai est certainement un homme
intelligent, auquel on accorde même de
l’esprit. Tient-il à prouver qu’on s’est trom
pé ?
Que signifie cette manie de crier à la
persécution, de se plaindre de la presse
sauvage, alors qu’il sait bien que c’est dans
son journal qu’on peut trouver des calom
nies contre tout le monde, que ce sont
précisément ces calomnies qui ont indigné
la presse parisienne, et que c’est à son pro
pre journal qu’était appliquée cette épithète
de Presse sauvage, par l’un des maîtres
du journalisme contemporain ?
Est-ce que ce n’est pas lui qui a traité
Fonvielle de mouchard de la semaine san
glante? N’est-ce pas lui qui a accusé, il n’y
a pas un mois, plusieurs de ses confrères
d’avoir encaissé diverses Sommes à la Ban
que de l’Algérie sur des bons de caisse de
M. Mauguin ?
Que pense-t-il de ces vilenies et de tant
d’autres qu’il est inutile de rappeler ici?
On lui a dit des choses dures pendant la
période électorale; on a parlé de ses démêlés
avec M. Mer, d’un jugement du tribunal de
commerce le condamnant par défaut. Mais,
du moins, c’étaient là des faits vrais, indis
cutables, que M. Marchai ne pouvait nier,
qu’il n’a pas niés et qu’il ne niera pas.
Qu’il y prenne garde, à force de vouloir
se poser en victime, il finira par - amuser la
galerie.
Ainsi, avant-hier, il annonçait ru’il allait
raconter, avec preuves à l'appui, une édi
fiante histoire à la charge de ses impla
cables et lâches ennemis.
Qu’était-ce donc que cette histoire ?
Qu’allions-nous apprendre de terrible ?
Quelles étaient les preuves à l’appui ?
J’étais moi-môme passabLemont intrigué.
Est-ce que, par hasard, mes amis, anciens
ou nouveaux.seraient capables de commettre
des lâchetés contre M. Marchai.
Hélas ! la montagne est accouchée d’une
souris. La lâcheté consistait tout simple
ment dans l’exécution par M. Bourlier d’un
arrêt de la Cour rendu à son profit, il y a
six ans. Les preuves à l’appui, annoncées
avec fracas, c’était l'insertion de cet arrêt
dans les journaux de la localité.
M. Marchai s’étonne que M. Bourlier ait
attendu six ans pour exécuter cet arrêt,
pour réclamer le montant des condamna
tions prononcées. Quant à moi, ce n’est pas
la patience de M. Bourlier qui m’étonne,
mais la négligence apportée par M. Mar
chai dans le paiement de sa dette pendant
six ans, alors qu’il nous prouve que ce n’est
pas l’argent qui lui manque, — ce qui m’é
tonne ; c’est le désir de se libérer qui lui a
pris comme un coup de sang, à tel point
qu’il n’a pas eu la patience d’attendre l’huis
sier de M. Bourlier et qu’il lui a vainement
envoyé le sien ; ce qui semble établir que
M. Bourlier tenait à voir l’arrêt de la Cour
inséré dans le Petit Colon, et très peu à
recevoir les 800 francs qui lui étaient dûs.
Et, en effet, l’insertion dans le Petit Colon
de l’arrêt condamnant M. Marchai pour
diffamation n’était qu’une réponse à une
nouvelle diffamation de M. Marchai.
Le candidat, qui avait été condamné en
1879 pour diffamation au sujet de l’entre
prise d’Arbatache, avait l’audace de rééditer
cette même diffamation. M. Bourlier ne
pouvait y répondre d’une meilleure façon
qu’en forçant son calomniateur rédiciviste
à mettre le nez dans son propre fumier.
Devait-il se laisser calomnier impunément
par un candidat peu délicat.
Le confondre, avec preuves à l'appui,
était-ce une manœuvre déloyale ?
vient de perdre encore deux de ses officiers.
Il y a peu de jours, on nous annonçait la
mort de M. le lieutenant Crochat ; nous ap
prenons aujourd’hui celle de M. le capitaine
Guillot, décédé le 26 septembre dernier.
X
Le Conseil sanitaire qui s’est réuni hier
sous la présidence de M. G'enelîa, secrétaire
général de la préfecture, a décidé que les
provenances des ports d’Espagne non con
taminés feront une observation de 24 heu
res.
Le Conseil a maintenu les cinq jours de
quarantaine pour les autres provenances
d’Espagne.
X
Aux termes d’un décret en date du 14
septembre 1885, la commune de Guyotville
a été autorisée â affecter à la construction
d’un groupe scolaire un lot urbain d’une
superficie de 1580 mètres carrés, qui lui a
été concédé par décret du 28 novembre 1877,
pour l’installation d’un lavoir public.
X
En exécution de l’article 27 de la loi de
finances du 8 août 1885, trois sessions d’exa
mens auront lieu aux époques ci-après
fixées, pour l’obtention de bourses de l’Etat
en faveur des enfants appartenant aux pè
res de famille qui ont 7 enfants vivants, sa
voir :
Le jeudi, 5 novembre, pour les bourses
dans les lycées et collèges ;
Le lundi, 9 novembre, pour les bourses
dans les écoles primaires supérieures de
garçons ;
Le jeudi, 12 novembre, pour les bourses
dans les écoles primaires supérieures de
jeunes filles.
Les listes d’inscription sont ouvertes à la
Préfecture d’Alger (1 er bureau) du 15 au 28
octobre inclus, terme de rigueur.
CONSEIL GENERA
U
Compte rendu analytique officiel de la
séance du 15 octobre 1685.
Présidence de M. Garny, vice-président.
La séance est ouverte à 2 heurs 1/4.
M. ie préfet y assiste.
Absents excusés : MM. Rauzières et Tro-
lard.
Lecture et adoption du procès-verbal de
la dernière séance.
Protection des enfants du 1 er âge. Comité
départemental. Nomination d’un membre
en remplacement de M. Lepiney. — M. Go-
bel est élu par 22 voix sur 23 votants.
Préfecture d’Alger. Installation d’appa
reils téléphoniques. — l ro Commission, rap
porteur M. Obitz.
La dépense est rejetée par le Conseil.
Caserne de Gendarmerie de Fort-Natio
nal. Construction de 2 pièces et d’une cui
sine. — l r0 Commission, rapporteur M.
Obitz. Le projet s’élevant à 4,600 francs est
adopté.
^Prison et gendarmerie de Bogbarï. Cons-
traction de fosses d’aisance. — l r « Commis
sion, rapporteur M. Obitz. Le Conseil est
d’avis qu’il y a lieu de provoquer une con
férence entre la municipalité de Bogbarï,
le service des Ponts-et-Chaussées' et celui
de la voirie départementale, pour s’assurer
que l’égout collecteur projeté pourra être
établi sur la route nationale n° 1 d’Alger à
Lagbouât.
Vœu reîatif'à l’agrandissement du centre
de Bou-Medfa au moyen des terrains da la
Cie Algérienne. — i re Commission, rappor
teur M. Allan, Acte est donjjê à M. le pré
fet par la Commission d'une lettre par' la
quelle cette compagnie fait connaître que
ces terrains pourront être mis en adjudica
tion au printemps prochain.
Exploration française au lacLiba. Deman
de de subvention. 3° Commission, rappor
teur M. Allan. Cette demande est rejetée.
Société centrale de sauvetage des naulra-
gés. Demande de subvention. — 3 e Com
mission. rapporteur M Allan. Un crédit de
209 francs est voté en faveur de cette So
ciété.
Subventions à fournir par l’Etat pour les
§1
f
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 24.
LES
PAR
A. MAGOT et G. PRADEL {1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Et ce matin-là, jugez de sa joie, Mirabeau
venait de détourner un fort ragot, que Pe-
nhoël avait vu par corps, et un peu plus
loin une maîtresse laie avec sa famille, cinq
ou six marcassins, grands déjà, qui, une
fois la mère à bas, se feraient chasser com
me des lapins. Quelle leçon pour ses élèves,
les jeunes chiens de Penhoël !
Le piqueur fut obligé d’attendre le réveil
de M. le comte. Après avoir rentré Mira
beau au chenil, il se promenait d’un pas fié
vreux dans la cour, allant, venant, mau
gréant après la paresse de M. de Prémont.
Dans la cour aussi, flânait Alcide Bou-
(1) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
pal traité avec la Société des Gens de Lettres.
vreuil, le nez au vent, admirant les écuries,
les chevaux, le château, admirant tout et se
disant que, pour lui, c’était aussi beau que
Versailles. Au détour d’un box, il se heurta
au capitaine, qui faisait sa tournée d’ins
pection, et aussitôt Bouvreuil s’en fut dans
la cour.
Au milieu de toutes les écuries, il n’avait
pu trouver la limousine. Il n’osait s’adres
ser au ca’pitaine, non plus qu’à tous ces va
lets et grooms qui le regardaient d’un air
goguenard. La brave figure de Penhoël lui
inspira confiance et il s’adressa au piqueur
pour retrouver sa jument.
— Tout à l’heure, répliqua Penhcël, je
vais être tout à vous, pour vous servir, mon
bon monsieur, mais pour l’instant il faut que
j’attende le neveu de Monsieur, pour lui
dire que Mirabeau et moi nous avons dé
tourné un sanglier ! Eh ! justement fit le
piqueur avec une exclamation de joie, ie
voici qui arrive.
M. de Prémont, à ce moment, descendait
dans la cour.
A l’aspect du commis-voyageur, il eut un
geste de surprise.
Celui-ci s’était avancé au-devant du
comte.
— Ah ça ! fit le comte en répondant du
bout des doigts au salut du représentant de
la maison Bernay frères, que diable faites-
vous ici, monsieur Bouvreuil ?
Tout en étant enchanté d’être reconnu,
Alcide Bouvreuil se montra tout déconte
nancé. Il tenait et tournait son petit cha
peau entre ses doigts et répétait, en tirant
le pied droit en arrière :
— Comment, monsieur le comte, par quel
hasard? Très honoré, monsieur le comte,
mais aussi bien surpris. Si je m’attendais à
vous trouver ici..., pardon, à avoir l'Hon
neur de vous trouver ici, je veux bien que
le loup me croque.
Pour dire le vrai, l’embarras du pauvre
Alcide avait bien, jusqu'à un certain point,
sa raison d’être, et voici pourquoi :
Il comprenait parfaitement que le comte
pouvait croire que la maison Bernay frères,
l’envoyait, lui, Alcide Bouvreuil, nouvel
Argonaute, à la conquête, c’est-à-dire au
recouvrement de quelques grosses factu
res.
Or, le comte Gontran de Prémont était un
des gros clients de la maison Bernay frères.
Et c’était de plus un client en partie dou
ble.
Dans les débuts de sa haute vie, il avait
soldé ses factures rubis sur l’ongle, les fai
sant réclamer, ne voulant point laisser à
l’addition le temps de s’accroître. Puis,
étaient venus les jours pénibles, et alors
chez les Bernay frères il avait pris sans
compter. On ne sait pas ce que la toilette
d’un élégant peut consommer de chemises
de soie, de coins-de-feu élégants, de linge
rie de toute nature, de gants, de cravates,
de parfums de tous les genres.
— Pourvu ! songeait le pauvre Bouvreuil,
que M. Gontran ne croie pas que je viens
ici lui réclamer sa note... c’est ça qui ne se
rait pas drôle, par exemple, s’il ne voyait
en moi qu’un créancier.
Alors, comme le comte, jouissant de l’em
barras de Bouvreuil, restait là, à le regar
der d’un air tant soit peu railleur, Alcide
prit son courage à deux mains et lui dit :
— Le hasard, monsieur le comte, le pur
hasard, le gros orage d’hier qui m’a obligé
à venir demander l’hospitalité à ce château.
Non, n’allez pas croire surtout, monsieur le
comte, que la maison Bernay frères m’en
voie ici pour venir auprès de vous...
— Pour ma petite note, fit M. de Pré
mont avec un haussement d’épaules.
— Il appelle ça sa petite note, murmura
Alcide : dix-neuf mille neuf cent quatre-
vingt-cinq francs et des centimes. Puis, tout
haut : — non, monsieur le comte, je ne
m’attendais certainement pas à avoir l’hon
neur de vous rencontrer ici.
— Mais alors qu’est-ce que vous venez
faire en Bretagne, mon bon Bouvreuil ?
— Créer des relations commerciales,
chercher des débouchés. Vous savez si la
maison Bernay a la spécialité de la mode
et de l'élégance. Or, la mode passe vite à
Paris, et l’élégance se défraîchit aussitôt.
Alors, tous ces brimborions, ces cravates,
ces gilets, ces sticks, ces hors-d’œuvre du
high-life, comme je i’ai entendu dire à mon
sieur le comte, nous cherchons à les écou
ler dans les prix doux en province, ou pour
la seconde ou même pour la troisième' an
née, ils font les délices des forts viveurs de
Saint-Quentin ou de Pézenas.
(A suivre .)
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