Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-14
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 octobre 1885 14 octobre 1885
Description : 1885/10/14 (A1,N90). 1885/10/14 (A1,N90).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543226r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PliRPFlCTUliK D'AI.URK
Première année. — N* 90.
OEI'OT LEGAL
* j
L» numéro SS oentimos. Mercredi, 14 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ALGÉRIE.
Fsanchï. .
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 ©
6 $2
. Un an
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relative.», an* ..«iitcLües et réclaaMk Mngt »
Algérie,etre adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la R«ÿs«bliqae,Sjm:’t
En France, les communications or;» reçues savoir ■
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Raussei i -
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place do la Bourse, 19,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l'insertion des annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 13 Octobre 1885.
LE RADICAL
et les 30 Millions
Le Radical algérien qui a fait, on s’en
souvient, campagne avec les ennemis de
F Algérie contre le projet des 50 millions,
nous raconte à propos des motifs qui ont
fait repousser le dit projet des choses très
curieuses, complètement inédites, et tire de
ses révélations des prophéties quelque peu
terrifiantes pour l’avenir.
Tout d'abord, quoi que l’on en ait dit,
l’insuffisance du budget et la crainte de
voir les indigènes victimes de l’expropria
tion forcée ne sont absolument pour rien
dans la défaite des promoteurs du projet.
La Chambre a repoussé la demande de 50
millions parce qu’estimant au prix qu’elle
vaut, la moralité de l’administration algé
rienne, elle n’a pas voulu fournir à celle-ci
les moyens de concéder gratuitement, non
à des colons sérieux, mais aux parasites
qui grouillent autour des préfectures et du
gouvernement, ou à des électeurs influents,
des terres achetées aux indigènes avec les
deniers de l’Etat.
« Q n n’ignorait pas non plus à la Cham
bre, continue notre confrère, que tel député,
aussitôt le projet de ioi déposé, se serait em
pressé d’acheter, à 15 sous i’hectare, des
terres aux indigènes avec l’espoir prochain
de les revendre 200 à 300 fr. à l’Etat, qui
les aurait lui-même rétrocédées gratui
tement aux concessionnaires amis.
»Unenuée de tripoteurs avaient déjà l’eau
à la bouche, parce qu’ils avaient la toute-
puissanci au gouvernement générai et qu’ils
espéraient dicter aux bureaux les emplaee*
ments des nouveaux villages à construire
avec les 50 millions. »
C’est en vain, il est vrai, que l’on cher
cherait la moindre trace dans les discus
sions qui ont eu lieu, soit dans les commis
sions, soit en séance publique, des griefs
prêtés à la Chambre par le Radical. C'était
cependant bien le cas pour les députés radi
caux de les porter à la tribune et d’éclairer
l’opinion sur les motifs vrais qui faisaient
rejeter le projet. Mais le Radical le sait,
lui, et nous devons nous contenter de son
affirmation.
« Ah ! si M. Tirman, continue notre con
frère, au lieu de ce projet suspect à tant de
titres, fût venu demander à la Chambre, non
pas 50 mais 100 millions, en disant ceci:
depuis que nous faisons de la colonisation
dans le Tell, nous avons créé tant de villa
ges ; sur ce nombre il y en a un chiffre de
tant qui sont en voie de prospérité, d’au
tres vont en décroissant, parce qu’il leur
manque certains travaux indispensables;
enfin tant de villages vont disparaître, si on
ne leur accorde les moyens de vivre, par des
dépenses de chemin ou des travaux d’hydrau
lique; si au projet on eût annexé des devis de
travaux à créer pour rendre prospères tous
les anciens centres créés dans le Tell, tels
que routes, barrages, canaux, puits, abreu
voirs, etc., est-ce que jamais une Chambre
française (la somme serait-elle 100 mil
lions), aurait refusé à l'Algérie les subsides
nécessaires à sa prospérité, à sa vie, alors
surtout qu’elle venait de voter un demi-
milliard pour la conquête des mines de
charbon de l’Annam et du Tonkin? »
Est-ce que, par hasard, le Radical par
lerait du projet de loi comme les aveugles
des couleurs, sans même en avoir lu et mé
dité le texte ? C’est à croire, car, de l’avis de
tous, jamais projet n’a été plus complet,
plus entouré de travaux préparatoires de
toute sorte, plus bourré de chiffres indiscu-
tables, de renseignements, exacts et de do
cuments probants que celui dont il est ques
tion.
D’ailleurs, il faudrait s’entendre, est-ce
parce que l’administration algérienne et
notre députation n’inspiraient pas confiance
à la Chambre, ou bien parce que le projet a
été jugé insuffisant, que les 50 millions ont
été refusés ? Le doute que laisse planer
d’article du Radical sur ce point, cependant
de la plus haute importance, nuit quelque
peu à-ses conclusions qui sont de représen
ter l’Algérie comme vouée à la môme dé
considération sous la prochaine Chambre
que sous l’ancienne, en raison des élections
qui y renvoient, à peu de chose près, la
même députation.
Bien entendu que tout eût été changé et
que nous aurions obtenu tout ce que nous
pouvions désirer, si les radicaux eussent
triomphé. Mais on néglige de nous dire
quelle liste devait l’emporter pour nous
assurer la considération et les faveurs de 1 1
Chambre. Est-ce celle qui portait les noms
de MM. Le Lièvre et Trolard ou la liste
Marchal-Samary ?
Le point est cependant important à savoir,
puisque chaque liste s’appuyait sur uu
programme absolument différent. Nous se
rions heureux de voir, dans la suite pro
chaine à l’article que nous venons d’exami
ner, le Radical s’expliquer d’une façon
précise.
Défense des vignes Algériennes
CONFÉRENCE DES DÉLÉGUÉS1
Yoicî le procès-verbal de la réunion des
délégués algériens réuris à Lyon afin de
prendre les mesures les plus propres à em
pêcher la propagation du phylloxéra dans
les vignes algériennes.
« Dans la salle des réunions du Palais de
la Bourse, squs la présidence de M. le
docteur Crolas, l’un des hommes les plus
compétents dans la question phylloxérique,
se trouvaient réunis un certain nombre de
nos concitoyens de la région ayant des in
térêts en Algérie. Ils étaient venus pour
entendre M. Couanon, délégué envoyé par
le ministère de l’Agriculture en Algérie lors
de la constatation du phylloxéra, à Mausou-
rah, près Tlemcen.
» M. Couanon, après avoir pris en Algé
rie les mesures les plus énergiques . et fait
détruire, sous ses yeux, les taches de Man-
ourah et de Sidi-hel-Abbès, est revenu en
France, à la tôle d’une mission composée
de MM. Bauguil, professeur d’agriculture
de la province de Constantiue ; Ferrier,
expert de l’arrondissement de Constantiue ;
Forger, expert de l’arrcnd. de Philippeville ;
Chouitlou, expert de l’arrondissement de
Bougie ; Renier, expert de l’arrondissement
de Guelma ; Bleicher, expert de l’arrondis
sement de Cherchell ; Benoît, expert de
l’arrondiseement de Boufarik ; Perrin, ex
pert de l’arrondissement de Sidi-bel-Abbès;
. Petit, expert de Mers-el-Kebir.
» M. Crolas présente les membres de la
mission, fait ressortir leur mérite et leur
dévouement, l’importance du rôle qu’ils ont
à jouer dans notre belle colonie, et donne
la parole à M. Couanon, leur chef si dis
tingué.
M Couanon a fait ressortir, dans un lan
gage net, clair, précis, le danger que cons
tituait pour le vignoble algérien qui offrait
de si belles espérances, la présence de l’in
secte dévastateur. Mais, a-t-il ajouté bien
vite, sa découverte à Mansourah aura peut-
être un précieux avantage pour la colonie,
c’est de ne pas la laisser s’endormir dans
une sécurité trompeuse.
» Le voyage d études que je viens de fai
re en Frauce et eu Suisse surtout, ajoute-
t il, me permet de vous dire : Veillez veil
lez énergiquement : mais ayez confiance en
l’avenir.
» Dans notre tournée en Suisse, nous
avons constaté en effet qu’avec une loi mô
me moins énergique que celle qui régit
l’Algérie, ou est arrivé à paralyser complè
tement la propagation du fléau en le détrui
sant partout où il se montre.
» Il faut donc de la vigilance et de l’ô-
nergie et elle le vous fera point défaut, car
l’administration et le gouvernement de l’Al
gérie sont absolument résolus à sauvegar
der vos intérêts.
» La destruction des vignes phylloxérêes.
a été opérée radicalement et les experts qui
m’accompagnent sont venus pour compléter
leur éducation en visitant les pays phvl-
loxérés. 3
» En France, ils ont pu constater les ra
vages, les résultats obtenus par les traite-,
niants culturaux, mai-’, en Suisse seulement
iis ont pu constater la préservation des vi
gnobles grâce aux mesures de destruction
appliquées dès le débat de l’invasion.
» C’est donc dans l’applicalioa vigoureuse
et rigide de cette loi qu’est le salât, et pour
arriver à un résultat, il faut que l’initiative
privée se joigne aux effo ts administratifs,
» M. Bauguil prend, ensuite la parole et
confirme en tout point les opinions émises
par M. Couanon.
» Il affirme à la réunion que les agents,
chargés de la surv iilanee des vignobles en
Algérie feront leur devoir, et que, au reste,
lui-même et tous ses collaborateurs oat déjà
fait de nombreuses tournées dans leurs cir
conscriptions respectives. Jusqu’à présent
ijs ont eu ie plaisir de ne constater aucune
autre tache phylloxérique.
» Ils poarsui roui leur mission, car, pro
priétaires eux-mêmes, ils sont directement
intéressés à ce qu les taches soient signa
lées dès la début, afin de pouvoir les anéan
tir.
» Comme M Couanon, il espère que le
concours de tous les propriétaires ne leur
fera pas défaut.
» M. Deyma, propriétaire à Mondovî,
propose à la réunion, pour compléter les
mesures déjà prises par l’administration, la
formation de syndicats locaux ayant pour
but de surveiller les vignobles à l’aide d’a
gents spéciaux.
» Il propose également de réunir les fonds
nécessaires pour faire distribuer gratui
tement en Algérie une brochure sur le phyl
loxéra, afin de faire comprendre aux colons
les dangers que court la colonie s’ils restent
inactifs, comptant sur la richesse du sol et
l’énergie de la végétation.
* Il voudrait qu’à côté des daDgers signa
lés, la brochure résumât les mesures èt,
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 17.
LES
PAR
L RAC0T et G. PMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX. TESTAMENTS
C’est un finaud, ce gommeux, un roué,
un sondeur, comme ils appellent ça, ces
messieurs, dans leur langage imagé.
— Que veux-tu qu’il me fasse ?
— A toi, rien ! Mais j’ai peur qu’il ne
nous desserve auprès du duc. Tu comprends
bien qu’il ne va pas voir d’un bon œil dans
ce tombeau de famille qu’il considère déjà
comme ses propres, sur cette, terre qu’il
regarde déjà comme à lui, une jeune femme
belle comme tu l’es, car — ici le capitaine
ouvrit une parenthèse et son œil s’alluma
en regardant Suzanne — tu es plus char
mante, plus belle que jamais.
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
PM traité avec la Société des Gens de Lettres.
— Tais-toi, flatteur.
— Eh bien ! où en était-je ? car lorsque
je rencontre tes yenx, je deviens fou, ma
parole d’honneur.
— Tu me disais que le comte, en me
voyant ici...
— Ne serait pas flatté le moins du monde
et qu’il allait faire feu des quatre pieds pour
te démolir le mieux et le plus vite possible.
— Qu’il essaie ! s’écria Suzanne en fem
me sûre de sa beauté : Tu vas te mettre
martel en tête bien inutilement, mon bon
Amato. Nous verrons s’il restera, lui aussi,
indifférent à ces yeux-là.
Et la jeune femme jeta un coquet regard
à la glace qu’elle avait derrière elle.
— Mais c’est qu’il est gardé à carreau.
— Il y a une femme ?
— Oui, il n’y en a qu’une.
— C’est plus grave.
— Le comte Gontran de Trémeur est tenu
depuis un mois en charte privée par une
demoiselle de mœurs plus que légères qui
se fait appeler Mlle Blanche de Nerville et
qui est très intelligente et très jolie. J’ai ma
police à Paris.
— Tu la connais ?
— Non, mais j’ai des renseignements
sûrs. Mlle de Nerville a de grands appétits;
elle n’aime pas M. de Trémeur, mais elle le
garde. La raison en est bien simple : elle
aussi, sans doute, à fait prendre ses rensei
gnements. Elle sait que le duc est malade,
vieux, usé, que le comte est son unique
héritier, que Trémeur et ses dépendances
représentent bien trois cent mille livres de
rentes.
— Trois cent mille livres de rentes, ex
clama Suzanne en ouvrant des yeux émer
veillés.
— Oui, ma fille, au bas mot. Or, tu com
prends qu’on n’éconduit pas un chevalier
servant qui a en perspective un pareil sac.
— Franchement, elle aurait tort.
— Le comte de Gontran est follement
épris de la Nerville ; il ne la quitte que
lorsqu’il ne peut pas faire autrement. C’est
poussé dans ses derniers retranchements
par les huissiers, les saisies, les affiches de
toutes les couleurs, qu’il vient se réfugier
auprès de son oncle. Il y restera le moins
possible, probablement ie temps qu’il faut
pour se faire donner de l’argent. Mais en
core faut-il guetter i’occasion ; le duc est
souvent souffrant, souvent de mauvaise
humeur, jll faut que le neveu attende le
moment propice. Après quoi, il repartira et
ira retrouver la Nerville.
— Il l’aime beaucoup ?
— Oui, qu’il soit joueur, qu’il aime les
chevaux, elle est, pour le moment, sa seule
et vraie passion.
— Eh bien 1 malgré tout, on en viendra à
bout, dit Suzanne après un moment de ré
flexion. Maintenant, passons en revue la
situation : elle est bien simple.
— Tu es aux cœur de la place ; sauras-tu
t’y maintenir ?
— Comment peux-tu en douter ? N’es-tu
point satisfait du résultat obtenu?
— Oui, j’en conviens, tu as été parfaite.
Je donnerais cinq louis pour avoir assisté A.
la rencontre dans la forêt.
— Ç’a été d’une simplicité essentiellement
dramatique. Le duc n'y a vu que du feu..,.
— Parbleu !
—■ Du reste, il me fait Feffet d’être assez
simple ton seigneur et naître.
— Simple, oui. et malgré, cela, défiant*
Dama, il a été très exploité, la pauvre cher
homme, et à son âge je ne crois point qu’il
ait la prétention de jouer encore par lui-
même les jeunes premiers.
— Ta, ta, ta, ta ; à n’importe quel âge un
homme finit par croire deux lèpres jeunes
qui lui disent : je t’aime. C'est comme l’es-,
pérance, cette folie-là, ça ne s’envie qu’avec;
la vie.
— As-tu attendu longtemps dans la fo
rêt ?
— Non, j’étais partie de Loudéac vers troist
heures ; il y avait vingt minutes à peu près
que j’étais sur la ligne, assise comme une;
pauvre égarée, quand j’ai anerçu le duc
avec son valet de chambre. Alors, je me
suis levée etlui ai demandé timidement mon.
chemin. Si tu avais vu le pauvre homme, U
était médusé ! Le tonnerre serait, tombé de
vant lui sur la route, qu’il n’aurait pas été
plus stupéfié.
— Je le crois bien, répliqua le capitaine
en fixant sur Suzanne des yeux ardents, tn
es si belle !
— Heureusement ! reprit Suzanne avec
une triviale insouciance et en levant lest
épaules ; sans cela î
(A suivre )„
Première année. — N* 90.
OEI'OT LEGAL
* j
L» numéro SS oentimos. Mercredi, 14 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ALGÉRIE.
Fsanchï. .
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 ©
6 $2
. Un an
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relative.», an* ..«iitcLües et réclaaMk Mngt »
Algérie,etre adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la R«ÿs«bliqae,Sjm:’t
En France, les communications or;» reçues savoir ■
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Raussei i -
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place do la Bourse, 19,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l'insertion des annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 13 Octobre 1885.
LE RADICAL
et les 30 Millions
Le Radical algérien qui a fait, on s’en
souvient, campagne avec les ennemis de
F Algérie contre le projet des 50 millions,
nous raconte à propos des motifs qui ont
fait repousser le dit projet des choses très
curieuses, complètement inédites, et tire de
ses révélations des prophéties quelque peu
terrifiantes pour l’avenir.
Tout d'abord, quoi que l’on en ait dit,
l’insuffisance du budget et la crainte de
voir les indigènes victimes de l’expropria
tion forcée ne sont absolument pour rien
dans la défaite des promoteurs du projet.
La Chambre a repoussé la demande de 50
millions parce qu’estimant au prix qu’elle
vaut, la moralité de l’administration algé
rienne, elle n’a pas voulu fournir à celle-ci
les moyens de concéder gratuitement, non
à des colons sérieux, mais aux parasites
qui grouillent autour des préfectures et du
gouvernement, ou à des électeurs influents,
des terres achetées aux indigènes avec les
deniers de l’Etat.
« Q n n’ignorait pas non plus à la Cham
bre, continue notre confrère, que tel député,
aussitôt le projet de ioi déposé, se serait em
pressé d’acheter, à 15 sous i’hectare, des
terres aux indigènes avec l’espoir prochain
de les revendre 200 à 300 fr. à l’Etat, qui
les aurait lui-même rétrocédées gratui
tement aux concessionnaires amis.
»Unenuée de tripoteurs avaient déjà l’eau
à la bouche, parce qu’ils avaient la toute-
puissanci au gouvernement générai et qu’ils
espéraient dicter aux bureaux les emplaee*
ments des nouveaux villages à construire
avec les 50 millions. »
C’est en vain, il est vrai, que l’on cher
cherait la moindre trace dans les discus
sions qui ont eu lieu, soit dans les commis
sions, soit en séance publique, des griefs
prêtés à la Chambre par le Radical. C'était
cependant bien le cas pour les députés radi
caux de les porter à la tribune et d’éclairer
l’opinion sur les motifs vrais qui faisaient
rejeter le projet. Mais le Radical le sait,
lui, et nous devons nous contenter de son
affirmation.
« Ah ! si M. Tirman, continue notre con
frère, au lieu de ce projet suspect à tant de
titres, fût venu demander à la Chambre, non
pas 50 mais 100 millions, en disant ceci:
depuis que nous faisons de la colonisation
dans le Tell, nous avons créé tant de villa
ges ; sur ce nombre il y en a un chiffre de
tant qui sont en voie de prospérité, d’au
tres vont en décroissant, parce qu’il leur
manque certains travaux indispensables;
enfin tant de villages vont disparaître, si on
ne leur accorde les moyens de vivre, par des
dépenses de chemin ou des travaux d’hydrau
lique; si au projet on eût annexé des devis de
travaux à créer pour rendre prospères tous
les anciens centres créés dans le Tell, tels
que routes, barrages, canaux, puits, abreu
voirs, etc., est-ce que jamais une Chambre
française (la somme serait-elle 100 mil
lions), aurait refusé à l'Algérie les subsides
nécessaires à sa prospérité, à sa vie, alors
surtout qu’elle venait de voter un demi-
milliard pour la conquête des mines de
charbon de l’Annam et du Tonkin? »
Est-ce que, par hasard, le Radical par
lerait du projet de loi comme les aveugles
des couleurs, sans même en avoir lu et mé
dité le texte ? C’est à croire, car, de l’avis de
tous, jamais projet n’a été plus complet,
plus entouré de travaux préparatoires de
toute sorte, plus bourré de chiffres indiscu-
tables, de renseignements, exacts et de do
cuments probants que celui dont il est ques
tion.
D’ailleurs, il faudrait s’entendre, est-ce
parce que l’administration algérienne et
notre députation n’inspiraient pas confiance
à la Chambre, ou bien parce que le projet a
été jugé insuffisant, que les 50 millions ont
été refusés ? Le doute que laisse planer
d’article du Radical sur ce point, cependant
de la plus haute importance, nuit quelque
peu à-ses conclusions qui sont de représen
ter l’Algérie comme vouée à la môme dé
considération sous la prochaine Chambre
que sous l’ancienne, en raison des élections
qui y renvoient, à peu de chose près, la
même députation.
Bien entendu que tout eût été changé et
que nous aurions obtenu tout ce que nous
pouvions désirer, si les radicaux eussent
triomphé. Mais on néglige de nous dire
quelle liste devait l’emporter pour nous
assurer la considération et les faveurs de 1 1
Chambre. Est-ce celle qui portait les noms
de MM. Le Lièvre et Trolard ou la liste
Marchal-Samary ?
Le point est cependant important à savoir,
puisque chaque liste s’appuyait sur uu
programme absolument différent. Nous se
rions heureux de voir, dans la suite pro
chaine à l’article que nous venons d’exami
ner, le Radical s’expliquer d’une façon
précise.
Défense des vignes Algériennes
CONFÉRENCE DES DÉLÉGUÉS1
Yoicî le procès-verbal de la réunion des
délégués algériens réuris à Lyon afin de
prendre les mesures les plus propres à em
pêcher la propagation du phylloxéra dans
les vignes algériennes.
« Dans la salle des réunions du Palais de
la Bourse, squs la présidence de M. le
docteur Crolas, l’un des hommes les plus
compétents dans la question phylloxérique,
se trouvaient réunis un certain nombre de
nos concitoyens de la région ayant des in
térêts en Algérie. Ils étaient venus pour
entendre M. Couanon, délégué envoyé par
le ministère de l’Agriculture en Algérie lors
de la constatation du phylloxéra, à Mausou-
rah, près Tlemcen.
» M. Couanon, après avoir pris en Algé
rie les mesures les plus énergiques . et fait
détruire, sous ses yeux, les taches de Man-
ourah et de Sidi-hel-Abbès, est revenu en
France, à la tôle d’une mission composée
de MM. Bauguil, professeur d’agriculture
de la province de Constantiue ; Ferrier,
expert de l’arrondissement de Constantiue ;
Forger, expert de l’arrcnd. de Philippeville ;
Chouitlou, expert de l’arrondissement de
Bougie ; Renier, expert de l’arrondissement
de Guelma ; Bleicher, expert de l’arrondis
sement de Cherchell ; Benoît, expert de
l’arrondiseement de Boufarik ; Perrin, ex
pert de l’arrondissement de Sidi-bel-Abbès;
. Petit, expert de Mers-el-Kebir.
» M. Crolas présente les membres de la
mission, fait ressortir leur mérite et leur
dévouement, l’importance du rôle qu’ils ont
à jouer dans notre belle colonie, et donne
la parole à M. Couanon, leur chef si dis
tingué.
M Couanon a fait ressortir, dans un lan
gage net, clair, précis, le danger que cons
tituait pour le vignoble algérien qui offrait
de si belles espérances, la présence de l’in
secte dévastateur. Mais, a-t-il ajouté bien
vite, sa découverte à Mansourah aura peut-
être un précieux avantage pour la colonie,
c’est de ne pas la laisser s’endormir dans
une sécurité trompeuse.
» Le voyage d études que je viens de fai
re en Frauce et eu Suisse surtout, ajoute-
t il, me permet de vous dire : Veillez veil
lez énergiquement : mais ayez confiance en
l’avenir.
» Dans notre tournée en Suisse, nous
avons constaté en effet qu’avec une loi mô
me moins énergique que celle qui régit
l’Algérie, ou est arrivé à paralyser complè
tement la propagation du fléau en le détrui
sant partout où il se montre.
» Il faut donc de la vigilance et de l’ô-
nergie et elle le vous fera point défaut, car
l’administration et le gouvernement de l’Al
gérie sont absolument résolus à sauvegar
der vos intérêts.
» La destruction des vignes phylloxérêes.
a été opérée radicalement et les experts qui
m’accompagnent sont venus pour compléter
leur éducation en visitant les pays phvl-
loxérés. 3
» En France, ils ont pu constater les ra
vages, les résultats obtenus par les traite-,
niants culturaux, mai-’, en Suisse seulement
iis ont pu constater la préservation des vi
gnobles grâce aux mesures de destruction
appliquées dès le débat de l’invasion.
» C’est donc dans l’applicalioa vigoureuse
et rigide de cette loi qu’est le salât, et pour
arriver à un résultat, il faut que l’initiative
privée se joigne aux effo ts administratifs,
» M. Bauguil prend, ensuite la parole et
confirme en tout point les opinions émises
par M. Couanon.
» Il affirme à la réunion que les agents,
chargés de la surv iilanee des vignobles en
Algérie feront leur devoir, et que, au reste,
lui-même et tous ses collaborateurs oat déjà
fait de nombreuses tournées dans leurs cir
conscriptions respectives. Jusqu’à présent
ijs ont eu ie plaisir de ne constater aucune
autre tache phylloxérique.
» Ils poarsui roui leur mission, car, pro
priétaires eux-mêmes, ils sont directement
intéressés à ce qu les taches soient signa
lées dès la début, afin de pouvoir les anéan
tir.
» Comme M Couanon, il espère que le
concours de tous les propriétaires ne leur
fera pas défaut.
» M. Deyma, propriétaire à Mondovî,
propose à la réunion, pour compléter les
mesures déjà prises par l’administration, la
formation de syndicats locaux ayant pour
but de surveiller les vignobles à l’aide d’a
gents spéciaux.
» Il propose également de réunir les fonds
nécessaires pour faire distribuer gratui
tement en Algérie une brochure sur le phyl
loxéra, afin de faire comprendre aux colons
les dangers que court la colonie s’ils restent
inactifs, comptant sur la richesse du sol et
l’énergie de la végétation.
* Il voudrait qu’à côté des daDgers signa
lés, la brochure résumât les mesures èt,
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 17.
LES
PAR
L RAC0T et G. PMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX. TESTAMENTS
C’est un finaud, ce gommeux, un roué,
un sondeur, comme ils appellent ça, ces
messieurs, dans leur langage imagé.
— Que veux-tu qu’il me fasse ?
— A toi, rien ! Mais j’ai peur qu’il ne
nous desserve auprès du duc. Tu comprends
bien qu’il ne va pas voir d’un bon œil dans
ce tombeau de famille qu’il considère déjà
comme ses propres, sur cette, terre qu’il
regarde déjà comme à lui, une jeune femme
belle comme tu l’es, car — ici le capitaine
ouvrit une parenthèse et son œil s’alluma
en regardant Suzanne — tu es plus char
mante, plus belle que jamais.
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
PM traité avec la Société des Gens de Lettres.
— Tais-toi, flatteur.
— Eh bien ! où en était-je ? car lorsque
je rencontre tes yenx, je deviens fou, ma
parole d’honneur.
— Tu me disais que le comte, en me
voyant ici...
— Ne serait pas flatté le moins du monde
et qu’il allait faire feu des quatre pieds pour
te démolir le mieux et le plus vite possible.
— Qu’il essaie ! s’écria Suzanne en fem
me sûre de sa beauté : Tu vas te mettre
martel en tête bien inutilement, mon bon
Amato. Nous verrons s’il restera, lui aussi,
indifférent à ces yeux-là.
Et la jeune femme jeta un coquet regard
à la glace qu’elle avait derrière elle.
— Mais c’est qu’il est gardé à carreau.
— Il y a une femme ?
— Oui, il n’y en a qu’une.
— C’est plus grave.
— Le comte Gontran de Trémeur est tenu
depuis un mois en charte privée par une
demoiselle de mœurs plus que légères qui
se fait appeler Mlle Blanche de Nerville et
qui est très intelligente et très jolie. J’ai ma
police à Paris.
— Tu la connais ?
— Non, mais j’ai des renseignements
sûrs. Mlle de Nerville a de grands appétits;
elle n’aime pas M. de Trémeur, mais elle le
garde. La raison en est bien simple : elle
aussi, sans doute, à fait prendre ses rensei
gnements. Elle sait que le duc est malade,
vieux, usé, que le comte est son unique
héritier, que Trémeur et ses dépendances
représentent bien trois cent mille livres de
rentes.
— Trois cent mille livres de rentes, ex
clama Suzanne en ouvrant des yeux émer
veillés.
— Oui, ma fille, au bas mot. Or, tu com
prends qu’on n’éconduit pas un chevalier
servant qui a en perspective un pareil sac.
— Franchement, elle aurait tort.
— Le comte de Gontran est follement
épris de la Nerville ; il ne la quitte que
lorsqu’il ne peut pas faire autrement. C’est
poussé dans ses derniers retranchements
par les huissiers, les saisies, les affiches de
toutes les couleurs, qu’il vient se réfugier
auprès de son oncle. Il y restera le moins
possible, probablement ie temps qu’il faut
pour se faire donner de l’argent. Mais en
core faut-il guetter i’occasion ; le duc est
souvent souffrant, souvent de mauvaise
humeur, jll faut que le neveu attende le
moment propice. Après quoi, il repartira et
ira retrouver la Nerville.
— Il l’aime beaucoup ?
— Oui, qu’il soit joueur, qu’il aime les
chevaux, elle est, pour le moment, sa seule
et vraie passion.
— Eh bien 1 malgré tout, on en viendra à
bout, dit Suzanne après un moment de ré
flexion. Maintenant, passons en revue la
situation : elle est bien simple.
— Tu es aux cœur de la place ; sauras-tu
t’y maintenir ?
— Comment peux-tu en douter ? N’es-tu
point satisfait du résultat obtenu?
— Oui, j’en conviens, tu as été parfaite.
Je donnerais cinq louis pour avoir assisté A.
la rencontre dans la forêt.
— Ç’a été d’une simplicité essentiellement
dramatique. Le duc n'y a vu que du feu..,.
— Parbleu !
—■ Du reste, il me fait Feffet d’être assez
simple ton seigneur et naître.
— Simple, oui. et malgré, cela, défiant*
Dama, il a été très exploité, la pauvre cher
homme, et à son âge je ne crois point qu’il
ait la prétention de jouer encore par lui-
même les jeunes premiers.
— Ta, ta, ta, ta ; à n’importe quel âge un
homme finit par croire deux lèpres jeunes
qui lui disent : je t’aime. C'est comme l’es-,
pérance, cette folie-là, ça ne s’envie qu’avec;
la vie.
— As-tu attendu longtemps dans la fo
rêt ?
— Non, j’étais partie de Loudéac vers troist
heures ; il y avait vingt minutes à peu près
que j’étais sur la ligne, assise comme une;
pauvre égarée, quand j’ai anerçu le duc
avec son valet de chambre. Alors, je me
suis levée etlui ai demandé timidement mon.
chemin. Si tu avais vu le pauvre homme, U
était médusé ! Le tonnerre serait, tombé de
vant lui sur la route, qu’il n’aurait pas été
plus stupéfié.
— Je le crois bien, répliqua le capitaine
en fixant sur Suzanne des yeux ardents, tn
es si belle !
— Heureusement ! reprit Suzanne avec
une triviale insouciance et en levant lest
épaules ; sans cela î
(A suivre )„
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