Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-30
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 septembre 1885 30 septembre 1885
Description : 1885/09/30 (A1,N76). 1885/09/30 (A1,N76).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448588
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
I
LG K h
Première année. — N* 70.
HHEKECTUtïi:
G R POT LEGAL
X.^€> numéro 1% o«**r» tl me». ^ Mercredi. 30 septembre 1811,
'
La Dépêche Algérienne
I O
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
A BONIN EMENTS :
Tr»i» moi* Sis mois
Di an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tonte* tes communication* relatives ans annnonces et réclame* doives*. «g
Algérie, être adressée* à T AGENCE HAVAS, boulevard de la République, AJgey .
En France, le* communications sont reçues savoir :
Algérie ...
4.50 »
18
Rue de la Marine, n* 9, ancien hôtel Bazin.
A Maksiillk, ehsx M, Gcstavs ALLARD, rue du Bausset, A ;
A Pâbis, ehex MM. AUDBOURG et C 1 », place de la Bourse, iG,
Et par leurs correspondants.
Franck. ...
6 f*
24
La DÉPÊCHB ALGÉRIENNE; est désignée pour l’insertioB des annonees légales Judiciaires et autres exigées pour la -validité des procédures et contrats
Alger, le 29 Septembre 1885.
t —
Comité Central Répoblicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
LETELLTE-R
DÉPUTÉ SORTANT
BOUH LIE R
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
— ♦- —
Comité Central Républicain
Elections, législatives\du 4 octobre
frogramrae politipe.-Politiqne française
I. - Défense et propagation des-principes
républicains
II. — Séparation des Eglises et. de l’Elat,
avec réserve en ce qui concerne le culte
musulman en Algérie*.
III. — Extension de la gratuité de l’ins
truction.
IV. — Maintien du domaine colonial de
la France, sans idées de nouvelles conquê
tes.
V. __ Révision du système des impôts.
VI. — Unification des pensions de retrai
te militaires.
VII. — Réforme de la loi sur les] pensions
civiles.
VIH. — Protection ;de la production et
alu travail industriels.
IX. - Augmentation des taxes à l’im
portation sur les céréales et sur les bes
tiaux, pour mettre notre agriculture en état
lie lutter contra la concurrence étrangère.
Felitique algérienne
I. — Maintien du Gouvernement général
3ivil.
II — Maintien et perfectionnement du
Conseil supérieur.
III. — Suppression progressive de la
justice musulmane.
IY. - Extension du réseau des voies
ferrées et en général de tous les travaux
publics nécessaires à la mise en valeur de
l’Algérie.
Y. Constitution immédiate de la pro
priété chez les Indigènes.
VI — Maintien et perfectionnement d’une
législation spéciale destinée à assurer la
sécurité des colons.
VII. — Développement de l’instruction
chez les Indigènes.
VIII. — Révision de la loi sur la natura
lisation tant pour les Indigènes que pour les
étrangers habitant l’Algérie.
IX. — Réforme des impôts arabes.
X. — Développement de l’enseignement
agricole et en général de tout enseignement
professionnel.
XI. — Construction d’un nouveau câble
sous-marin entre la France et l’Algérie et
réduction des tarifs de transports.
XII. - Reprise de l’œuvre de la colonisa
tion interrompue ^depuis le rejet de la loi
des 50 millions.
XIII. — Déclassement des fortifications de
la ville d’Alger.
Le Comité central républicain,
Accepté : LETELLIER-BOURLIER.
CAÜSERIEÉECTQRALE
Enfin, nous sommes entrés dans la der
nière semaine de cette longue, trop longue
période électorale.
L'électeur n’a, croyons-nous, plus rien à
apprendre sur les candidatures en présence.
Après tout ce qui a été dit, écrit ou ressassé,
son opinion doit être faite ou elle ne se fera
jamais, On pourrait facilement, pendant ces
derniers huit jours, faire une trêve générale
et laisser au suffrage universel le temps de
se recueillir.
Mais, pour cela, il faudrait que la fièvre
qui étreint tous les partis s’apaisât, et rien
n'autorise à espérer qu’il en sera ainsi.
Au contraire, plus le moment définitif
approche, plus les attaques redoublent de
violence. C’est à qui trouvera un nouveau
pavé pour le lancer contre les candidats
adverses avec l’espérance de les renverser
définitivement.
Nous pouvons donc nous attendre à tout
de la part de nos adversaires. Calomnies,
diffamations, mensonges, ils n’épargneront
rien pour surprendre la conscience des
électeurs et comme nous sommes complè
tement inhabiles à lutter avec eux sur ce
terrain, qu'ils connaissent admirablement
pour l’avoir depuis longtemps pratiqué; ils
auraient, de ce chef, un immense avantage
sur nous si ces procédés avaient la valeur
qu’ils leur prêtent.
Heureuse ment, il n’en est pas ainsi. Le
suffrage universel est bien susceptible de
certaines surprises ; li peut parfois s’éga
rer, mais pour cela il est nécessaire qu’il
n’ait pas le temps de la réflexion, qu’il soit
en quelque sorte entraîné par une force su
périeure. Or, dans l’espèce, voilà plus de
trois semaines que MM. Bourlier et Letel-
lier sont journellement l’objet d’insultes et
de calomnies. Les électeurs ont eu tout le
temps d'en apprécier le peu de fondement,
et il serait étonnant que, même chez un cer
tain nombre, qui ne leur étaient pas sympa
thiques au début, un revirement complet ne
se soit pas produit eu voyant la persistance
avec laquelle on les traînait sur la claie.
Dans ces conditions, les calomnies, diffa
mations et mensonges de la dernière heure
ne sauraient être bien redoutables pour nos
candidats D’ailleurs, nos adversaires ont
été si prodigues de leur foudre, qu’elle com
mence à leur manquer. On s’en aperçoit
aux redites dans lesquelles ils tombent. Pour
continuer leur campagne,pour pouvoir, pen
dant huit jours encore, soutenir leur feu, ils
seront obligés de rééditer tout ce qu’ils ont
avancé jusqu’ici, ce qui, certes, n’est pas fai 1
pour rassurer l’électeur et encore moins le
convaincre.
Chaque jour qui nous rapproche du dé
nouement, affermit notre confiance dans
l’issue de la lutte, et la victoire nous la de
vrons, encore une fois de plus, autant à I&
pression de nos adversaires qu’à notre bon
droit. Il est, en effet, impossible qu’il ne se
trouve pas une majorité importante pour
comprendre que les intérêts de l’Algérie ne
sauraient être confiés ni aux rêveurs, ni au*
utopistes, ni aux violents ; et cetto majorité
votera pour les hommes dont le passé
garantit l’avenir, pour les deux seuls can
didats vraiment avouables, MM. Letelller
et Bourlier.
LE RADICAL
démenti par le RA DICAL
Le Radical Algérien avoit eu un bon
mouvement — une fois n’est pas coutume*
— Il avait fait un compte rendu pas trop
inex act de la tentative de réunion électorale
de samedi, mais cela ne pouvait durer, le
reporter assez naïf pour oublier ainsi les
usages de la maison, a dû recevoir une
verte semonce du Maîtreetle Père Loriquet-
Basset lui a donné l’ordre de se démentir.
Pour qui me prenez-vous? a dit le Sous-
Pontife de l’intransigeance, vous vous per
mettez d’écrire dans mon journal quelque
chose qui se rapproche de la vérité. Mais
vous n’y pensez pas, rectifiez-moi cela tout
de suite et dites que c’est le récit du Petit
Colon qui, seul, est exact. Je sais bien que
cela fera plaisir à Marchai que je déteste et
déplaira fort à Le Lièvre que je fais
semblant d’aimer, et qui, est terri
blement encombrant ; mais il ne faut pas
vous occuper de cela. Au fond, je ne crois
pas au succès de notre vénéré. Mon seul
espoir est dans un scrutin de ballottage et,
alors il faut que je me réserve une porte de
sortie en faveur de Marchai, malgré mon
antipathie pour lui et la différence radicale
de nos deux programmes.
Ses plumitifs ont obtempéré à ses ordres
avec cette obéissance passive qui distingue
les soMats de l’armée intransigeante.
Ainsi, il est ordonné aux lecieurs du Ra
dical de croire que c’est nous qui avons
fait acclamer d’abord Mercier, puis GuilJe-
min. C est nous qui avons payé des gens
malpropres pour nous siffler, nous huer ; ce
sont au contraire les amis de Lelièvre et de
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N* 5 .
LES
PAR
A. MC®T et G. PRADEL (, <
PROLOGUE
Elle était devenue une belle jeune fille,
instruite, intelligente ; certes, rien en elle
ne rappelait la petite mendiante de la rue
Bab-Azoun. rien ne rappelait la fille de
l’ignoble créature Je lui annonçai ma no
mination Jfe lui dis aussi que la supérieure
avait de ma part une question à lui poser,
et que je ia priais d’y répondre en toute
franchise. , . ,
La supérieure lui demanda, d après mou
désir si elle consentait à de venir ma femme.
j>ans le cas où elle éprouverait uue répug
nance quelconque à s’unir à moi, elle reste
rait quelques mois encore au couvent et, à
sa majorité, libre de ses actions, en sortirait
avec une dot plus que suffisante pour épou
ser qui bon lui semblerait.
Le lendemain je reçus ua mot de la supé-
(ïj Refrvéuettea Interdite ans j*wnatul qui n'eat
traité avec la Satiété des Geas de Lettres,
rieuro, Aline consentait à devenir ma fem
me. J’allais, affirmait-elle, au-devant de ses
vœux.
J’accourus au couvent et, toute confuse,
elle se jeta dans mes bras. Ah 1 ces jours de
bonheur ! s’écria le colonel avec un trem
blement dans la voix, qui me les rendra ?
Qui m’aurait dit alors que je devais un jour
les payer si cher !
Un mois après, Aline, la fille abandonnée,
m’épousait à Sainte-Clotilde ; elle devenait
la comtesse de Maucroix!
La voilà, cette femme, s’écria le colonel
en se levant et en désignant Aline de la
main. La voilà! Je lui avais tout donné:
nom, fortune, famille. Je lui avais donné
tout mon cœur, toute ma vie. Je l’avais
prise dans la boue, elle y retourne !
Il y eut un long silence. Ces trois êtres,
réunis dans cet étroit espace, semblaient
avoir horreur d’eux-raêmes.
La comtesse de Maucroix éprouvait une
horrible souffrance d’amour-propre. Elle
rougissait devant son amant, devant cet
homme qui ne l’aimait plus et dont elle
croyait, tout à l’heare encore, pouvoir res
saisir l’amour. Elle souffrait mille morts de
songer qu’il savait ce qu’elle avait été, d’oü
elle était sortie, qu’elle avait mendié dans
les rues d’Alger, et de qui elle était la filles
Quant au colonel, il pleurait! Il pleurait
sur sa vie brisée, sur son amour perdu.
L’autre, le troisième personnage, morne,
désespéré aussi, songeait à l’enfant.
— Maintenant, monsieur, reprit le colo
nel an bout d’un instant et en relevant la
tête ; maintenant, monsieur, que vous savez
toutes ces choses, il faut que je vous lue.
L’homme eut un haussement d’épaules
qui voulait saus doute dire que la chose lui
était parfaitement égale.
— Kern ! appela le colonel.
— Préseat ! mon colonel, répondit le dra
gon en ouvrant la porte.
— Apporte des épées.
— Bien, mon colonel.
Et le dragon apparut sur le seuil du salon
tenant à la main deux épées de combat.
— Pardon, dit doucement l’inconnu, je ne
refuse pas le duel, monsieur, je reconnais
que ma vie vous appartient, mais je me per
mettrai de vous demander si nous allons
nous battre sans témoins.
— Mon dragon vous en servira, répliqua
brusquement le colonel.
— Un témoin n’est fias suffisant, insista
l’inconnu, et si vous me tuez, comme je le
crois, comme je l’espère, vous pourrez être
inquiété, poursuivi, car on vous accusera
certainement de m’avoir assassiné.
— Que m’importe! répondit le colonel.
— IL importe à moi, monsieur, que per- j
sonne ne puisse vous reprocher ma mort.
J’ai donc une proposition à vous faire, bien
banale, bien usée, mais indispensable: nous
allons chacun écrire que notre mort est le
résultat d’un suicide, celui qui sera touché
se sera tué lui-même, et l’autre, pour cette
mort toute naturelle, n’aura nulle crainte
d’être inquiété.
— Soit! répondit le colonel.
Du papier et des plumes se trouvaient sur
un petit bonheur-du-jour placé au fond du
salon; chacun d’eux écrivit uue courte
phrase: «Je me donne volontairement la
mort », et il mit la date en signant
La femme restait impassible. Pour dire le
vrai, aucun de ces deux hommes qu’elle
avait aimés ne lui inspiiait plus ni intérêt,
ni pitié. La femme qui n’aime plus est im
placable.
Le dragon ouvrit la porte du petit salon.
— Venez, monsieur, dit le colonel, en in
citant l’inconnu à passer devant lui ; lais
sons cette femme ici, nous nous battrons sur
la terrasse.
Ils sortirent. L’inondation, roulant tout
près, avec un bruit formidable, entraînait
tout sur son passage. La pluie, serrée, con
tinuait de tomber sans cesse; malgré le
sabie, le sol de la terrasse était gras et glis
sant.
Le colonel le battit par deux ou trois fois
de sa botte, comme pour l’essayer.
— Mauvais terrain, murmura-t-il.
Au moment où le dragon remettait Tune
des épées au colonel, tandis qu’il présentait
l’autre par la poignée à l’inconnu, celui-ci,
saisissant l’arme et la fichaat à terre, s’a
vançant vers le colonel.
— Monsieur, lui dit-il, avant de nous
battre, c’est-à-dire avant de mourir, dites-
moi, jurez-moi sur l’honneur, que l’en faut
n’est pas mort.
Il y eut un silence, après lequel le colonel^
se décida à répondre : ;
— Je vous le jure i
(A suivre).
LG K h
Première année. — N* 70.
HHEKECTUtïi:
G R POT LEGAL
X.^€> numéro 1% o«**r» tl me». ^ Mercredi. 30 septembre 1811,
'
La Dépêche Algérienne
I O
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
A BONIN EMENTS :
Tr»i» moi* Sis mois
Di an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tonte* tes communication* relatives ans annnonces et réclame* doives*. «g
Algérie, être adressée* à T AGENCE HAVAS, boulevard de la République, AJgey .
En France, le* communications sont reçues savoir :
Algérie ...
4.50 »
18
Rue de la Marine, n* 9, ancien hôtel Bazin.
A Maksiillk, ehsx M, Gcstavs ALLARD, rue du Bausset, A ;
A Pâbis, ehex MM. AUDBOURG et C 1 », place de la Bourse, iG,
Et par leurs correspondants.
Franck. ...
6 f*
24
La DÉPÊCHB ALGÉRIENNE; est désignée pour l’insertioB des annonees légales Judiciaires et autres exigées pour la -validité des procédures et contrats
Alger, le 29 Septembre 1885.
t —
Comité Central Répoblicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
LETELLTE-R
DÉPUTÉ SORTANT
BOUH LIE R
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
— ♦- —
Comité Central Républicain
Elections, législatives\du 4 octobre
frogramrae politipe.-Politiqne française
I. - Défense et propagation des-principes
républicains
II. — Séparation des Eglises et. de l’Elat,
avec réserve en ce qui concerne le culte
musulman en Algérie*.
III. — Extension de la gratuité de l’ins
truction.
IV. — Maintien du domaine colonial de
la France, sans idées de nouvelles conquê
tes.
V. __ Révision du système des impôts.
VI. — Unification des pensions de retrai
te militaires.
VII. — Réforme de la loi sur les] pensions
civiles.
VIH. — Protection ;de la production et
alu travail industriels.
IX. - Augmentation des taxes à l’im
portation sur les céréales et sur les bes
tiaux, pour mettre notre agriculture en état
lie lutter contra la concurrence étrangère.
Felitique algérienne
I. — Maintien du Gouvernement général
3ivil.
II — Maintien et perfectionnement du
Conseil supérieur.
III. — Suppression progressive de la
justice musulmane.
IY. - Extension du réseau des voies
ferrées et en général de tous les travaux
publics nécessaires à la mise en valeur de
l’Algérie.
Y. Constitution immédiate de la pro
priété chez les Indigènes.
VI — Maintien et perfectionnement d’une
législation spéciale destinée à assurer la
sécurité des colons.
VII. — Développement de l’instruction
chez les Indigènes.
VIII. — Révision de la loi sur la natura
lisation tant pour les Indigènes que pour les
étrangers habitant l’Algérie.
IX. — Réforme des impôts arabes.
X. — Développement de l’enseignement
agricole et en général de tout enseignement
professionnel.
XI. — Construction d’un nouveau câble
sous-marin entre la France et l’Algérie et
réduction des tarifs de transports.
XII. - Reprise de l’œuvre de la colonisa
tion interrompue ^depuis le rejet de la loi
des 50 millions.
XIII. — Déclassement des fortifications de
la ville d’Alger.
Le Comité central républicain,
Accepté : LETELLIER-BOURLIER.
CAÜSERIEÉECTQRALE
Enfin, nous sommes entrés dans la der
nière semaine de cette longue, trop longue
période électorale.
L'électeur n’a, croyons-nous, plus rien à
apprendre sur les candidatures en présence.
Après tout ce qui a été dit, écrit ou ressassé,
son opinion doit être faite ou elle ne se fera
jamais, On pourrait facilement, pendant ces
derniers huit jours, faire une trêve générale
et laisser au suffrage universel le temps de
se recueillir.
Mais, pour cela, il faudrait que la fièvre
qui étreint tous les partis s’apaisât, et rien
n'autorise à espérer qu’il en sera ainsi.
Au contraire, plus le moment définitif
approche, plus les attaques redoublent de
violence. C’est à qui trouvera un nouveau
pavé pour le lancer contre les candidats
adverses avec l’espérance de les renverser
définitivement.
Nous pouvons donc nous attendre à tout
de la part de nos adversaires. Calomnies,
diffamations, mensonges, ils n’épargneront
rien pour surprendre la conscience des
électeurs et comme nous sommes complè
tement inhabiles à lutter avec eux sur ce
terrain, qu'ils connaissent admirablement
pour l’avoir depuis longtemps pratiqué; ils
auraient, de ce chef, un immense avantage
sur nous si ces procédés avaient la valeur
qu’ils leur prêtent.
Heureuse ment, il n’en est pas ainsi. Le
suffrage universel est bien susceptible de
certaines surprises ; li peut parfois s’éga
rer, mais pour cela il est nécessaire qu’il
n’ait pas le temps de la réflexion, qu’il soit
en quelque sorte entraîné par une force su
périeure. Or, dans l’espèce, voilà plus de
trois semaines que MM. Bourlier et Letel-
lier sont journellement l’objet d’insultes et
de calomnies. Les électeurs ont eu tout le
temps d'en apprécier le peu de fondement,
et il serait étonnant que, même chez un cer
tain nombre, qui ne leur étaient pas sympa
thiques au début, un revirement complet ne
se soit pas produit eu voyant la persistance
avec laquelle on les traînait sur la claie.
Dans ces conditions, les calomnies, diffa
mations et mensonges de la dernière heure
ne sauraient être bien redoutables pour nos
candidats D’ailleurs, nos adversaires ont
été si prodigues de leur foudre, qu’elle com
mence à leur manquer. On s’en aperçoit
aux redites dans lesquelles ils tombent. Pour
continuer leur campagne,pour pouvoir, pen
dant huit jours encore, soutenir leur feu, ils
seront obligés de rééditer tout ce qu’ils ont
avancé jusqu’ici, ce qui, certes, n’est pas fai 1
pour rassurer l’électeur et encore moins le
convaincre.
Chaque jour qui nous rapproche du dé
nouement, affermit notre confiance dans
l’issue de la lutte, et la victoire nous la de
vrons, encore une fois de plus, autant à I&
pression de nos adversaires qu’à notre bon
droit. Il est, en effet, impossible qu’il ne se
trouve pas une majorité importante pour
comprendre que les intérêts de l’Algérie ne
sauraient être confiés ni aux rêveurs, ni au*
utopistes, ni aux violents ; et cetto majorité
votera pour les hommes dont le passé
garantit l’avenir, pour les deux seuls can
didats vraiment avouables, MM. Letelller
et Bourlier.
LE RADICAL
démenti par le RA DICAL
Le Radical Algérien avoit eu un bon
mouvement — une fois n’est pas coutume*
— Il avait fait un compte rendu pas trop
inex act de la tentative de réunion électorale
de samedi, mais cela ne pouvait durer, le
reporter assez naïf pour oublier ainsi les
usages de la maison, a dû recevoir une
verte semonce du Maîtreetle Père Loriquet-
Basset lui a donné l’ordre de se démentir.
Pour qui me prenez-vous? a dit le Sous-
Pontife de l’intransigeance, vous vous per
mettez d’écrire dans mon journal quelque
chose qui se rapproche de la vérité. Mais
vous n’y pensez pas, rectifiez-moi cela tout
de suite et dites que c’est le récit du Petit
Colon qui, seul, est exact. Je sais bien que
cela fera plaisir à Marchai que je déteste et
déplaira fort à Le Lièvre que je fais
semblant d’aimer, et qui, est terri
blement encombrant ; mais il ne faut pas
vous occuper de cela. Au fond, je ne crois
pas au succès de notre vénéré. Mon seul
espoir est dans un scrutin de ballottage et,
alors il faut que je me réserve une porte de
sortie en faveur de Marchai, malgré mon
antipathie pour lui et la différence radicale
de nos deux programmes.
Ses plumitifs ont obtempéré à ses ordres
avec cette obéissance passive qui distingue
les soMats de l’armée intransigeante.
Ainsi, il est ordonné aux lecieurs du Ra
dical de croire que c’est nous qui avons
fait acclamer d’abord Mercier, puis GuilJe-
min. C est nous qui avons payé des gens
malpropres pour nous siffler, nous huer ; ce
sont au contraire les amis de Lelièvre et de
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N* 5 .
LES
PAR
A. MC®T et G. PRADEL (, <
PROLOGUE
Elle était devenue une belle jeune fille,
instruite, intelligente ; certes, rien en elle
ne rappelait la petite mendiante de la rue
Bab-Azoun. rien ne rappelait la fille de
l’ignoble créature Je lui annonçai ma no
mination Jfe lui dis aussi que la supérieure
avait de ma part une question à lui poser,
et que je ia priais d’y répondre en toute
franchise. , . ,
La supérieure lui demanda, d après mou
désir si elle consentait à de venir ma femme.
j>ans le cas où elle éprouverait uue répug
nance quelconque à s’unir à moi, elle reste
rait quelques mois encore au couvent et, à
sa majorité, libre de ses actions, en sortirait
avec une dot plus que suffisante pour épou
ser qui bon lui semblerait.
Le lendemain je reçus ua mot de la supé-
(ïj Refrvéuettea Interdite ans j*wnatul qui n'eat
traité avec la Satiété des Geas de Lettres,
rieuro, Aline consentait à devenir ma fem
me. J’allais, affirmait-elle, au-devant de ses
vœux.
J’accourus au couvent et, toute confuse,
elle se jeta dans mes bras. Ah 1 ces jours de
bonheur ! s’écria le colonel avec un trem
blement dans la voix, qui me les rendra ?
Qui m’aurait dit alors que je devais un jour
les payer si cher !
Un mois après, Aline, la fille abandonnée,
m’épousait à Sainte-Clotilde ; elle devenait
la comtesse de Maucroix!
La voilà, cette femme, s’écria le colonel
en se levant et en désignant Aline de la
main. La voilà! Je lui avais tout donné:
nom, fortune, famille. Je lui avais donné
tout mon cœur, toute ma vie. Je l’avais
prise dans la boue, elle y retourne !
Il y eut un long silence. Ces trois êtres,
réunis dans cet étroit espace, semblaient
avoir horreur d’eux-raêmes.
La comtesse de Maucroix éprouvait une
horrible souffrance d’amour-propre. Elle
rougissait devant son amant, devant cet
homme qui ne l’aimait plus et dont elle
croyait, tout à l’heare encore, pouvoir res
saisir l’amour. Elle souffrait mille morts de
songer qu’il savait ce qu’elle avait été, d’oü
elle était sortie, qu’elle avait mendié dans
les rues d’Alger, et de qui elle était la filles
Quant au colonel, il pleurait! Il pleurait
sur sa vie brisée, sur son amour perdu.
L’autre, le troisième personnage, morne,
désespéré aussi, songeait à l’enfant.
— Maintenant, monsieur, reprit le colo
nel an bout d’un instant et en relevant la
tête ; maintenant, monsieur, que vous savez
toutes ces choses, il faut que je vous lue.
L’homme eut un haussement d’épaules
qui voulait saus doute dire que la chose lui
était parfaitement égale.
— Kern ! appela le colonel.
— Préseat ! mon colonel, répondit le dra
gon en ouvrant la porte.
— Apporte des épées.
— Bien, mon colonel.
Et le dragon apparut sur le seuil du salon
tenant à la main deux épées de combat.
— Pardon, dit doucement l’inconnu, je ne
refuse pas le duel, monsieur, je reconnais
que ma vie vous appartient, mais je me per
mettrai de vous demander si nous allons
nous battre sans témoins.
— Mon dragon vous en servira, répliqua
brusquement le colonel.
— Un témoin n’est fias suffisant, insista
l’inconnu, et si vous me tuez, comme je le
crois, comme je l’espère, vous pourrez être
inquiété, poursuivi, car on vous accusera
certainement de m’avoir assassiné.
— Que m’importe! répondit le colonel.
— IL importe à moi, monsieur, que per- j
sonne ne puisse vous reprocher ma mort.
J’ai donc une proposition à vous faire, bien
banale, bien usée, mais indispensable: nous
allons chacun écrire que notre mort est le
résultat d’un suicide, celui qui sera touché
se sera tué lui-même, et l’autre, pour cette
mort toute naturelle, n’aura nulle crainte
d’être inquiété.
— Soit! répondit le colonel.
Du papier et des plumes se trouvaient sur
un petit bonheur-du-jour placé au fond du
salon; chacun d’eux écrivit uue courte
phrase: «Je me donne volontairement la
mort », et il mit la date en signant
La femme restait impassible. Pour dire le
vrai, aucun de ces deux hommes qu’elle
avait aimés ne lui inspiiait plus ni intérêt,
ni pitié. La femme qui n’aime plus est im
placable.
Le dragon ouvrit la porte du petit salon.
— Venez, monsieur, dit le colonel, en in
citant l’inconnu à passer devant lui ; lais
sons cette femme ici, nous nous battrons sur
la terrasse.
Ils sortirent. L’inondation, roulant tout
près, avec un bruit formidable, entraînait
tout sur son passage. La pluie, serrée, con
tinuait de tomber sans cesse; malgré le
sabie, le sol de la terrasse était gras et glis
sant.
Le colonel le battit par deux ou trois fois
de sa botte, comme pour l’essayer.
— Mauvais terrain, murmura-t-il.
Au moment où le dragon remettait Tune
des épées au colonel, tandis qu’il présentait
l’autre par la poignée à l’inconnu, celui-ci,
saisissant l’arme et la fichaat à terre, s’a
vançant vers le colonel.
— Monsieur, lui dit-il, avant de nous
battre, c’est-à-dire avant de mourir, dites-
moi, jurez-moi sur l’honneur, que l’en faut
n’est pas mort.
Il y eut un silence, après lequel le colonel^
se décida à répondre : ;
— Je vous le jure i
(A suivre).
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