Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-01
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1885 01 octobre 1885
Description : 1885/10/01 (A1,N77). 1885/10/01 (A1,N77).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543213d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N* 77,
L<0 numéro S centimes.
PREFECTURE- (VAUiMH
DEPOT LEGAL
y.y f
Jeudi. 1” o^obpe 188S
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
IfotANOB... 6 1 S £4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relatives aux annnonees et réclames doivent» tm
Algérie, être adressées à l'AGENCE HAVAS, boulevard ds la République, A^K,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, ehes M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, b :
A Paris, chex MM. ÀUDBOURG et C'«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE! eBt désignée pour l’insertioa des annonoes légales, judiciaires et autres exigées pour la. validité des procédures et ^contrats.
Alger, le 30 Septembre 1885.
Comité Contrai Républicain
élections législatives du 4 octobre 1885 .
leteTlier
DÉPUTÉ SORTANT
B 0 U R LIE R
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
11 n’est pas d’insmnations auxquelles
les adversaires de M. Bourlier n’aient eu
recours pour faire supposer que les pro
priétés de ce candidat avaient été acqui
ses d’une façon malhonnête.
ils ont été jusqu’à l’accuser d’avoir
«té-l’auteur ou le promoteur delà fu
sillade d’une famille indigène, Bea Taïeb,
dans le but de s emparer de ses biens.
Voici le récit authentique de la mort
de ceite famille :
C’était le 21 avril 487T. La colonne
du colonel Fonrehaull venait d’arriver au
secours de ca village. Une suite de pos
tes établis autour de l’Alma surveillait
l’entrée et la sortie.
Mohamed ben Taïeb, chef d’une fa
mille riche vivant sur un magnifique do
maine voisin de la propriété du maire,
M. le baron de Schonen, se présenta à
Tune des portes et demanda à péné
trer.
Sur le refus qui lui fut opposé par
la sentinelle, il insista et finit par ob
tenir de M ie sous-iieutenant des affai
res indigènes l’autorisation qu’il deman
dait.
Il venait, disait-il, solliciter le maire
de lui accorder le moyen de placer ses
troupeaux sous notre protection. 11
offrait son concours et celui de ses frè
res et clients pour la défense du vil
lage.
Le maire fit arrêter Mohamed ben
Taïeb et aux observations qui lui furent
faites, il répondit qu’il agissait sous sa
responsabilité personnelle.
Immédiatement après, M. le lieu
tenant des affaires indigènes fut requis
par le maire de lui prêter son concours
avec un peloton de chasseurspour exécu
ter des patrouilles dans la forêt de
l’Alma.
Le Maire se fit accompagner d’un
certain Tahar El Gobrini, indigène na
turalisé des environs de Palestro, qui
se prétendait créancier de la famille ben
Taïeb. Pendant la patrouille, ils se di
rigèrent vers la ferme de ces indigènes
qu’ils trouvèrent abandonnée.
Après de longues recherches, ils fini
rent par atteindre un des frères Rabbah
ben Taïeb, qui emmenait vers Rouïba,
à travers la forêt, ses parents, ses fem
mes, ses enfants et les troupeaux de
toute la famille. Ils l’arrêtèrent, se sai
sirent des hommes et des troupeaux et
amenèrent le tout à l’Alma. Âu moment
où Rabbah ben Taïebfut arrêté, il était
porteur d’une djebira contenant, dit-on ;
cinq mille francs.
Une cour martiale fut réunie par le
colonel Fourchault et se prononça, mal
gré les protestations énergiques de plu
sieurs de ses membres, pour la mort
des ben Taïeb qui furent exécutés entre
6 et 7 heures du soir, le jour du combat
de la bicoque.
Voici les noms des morts :
Si Mohamed ben Taïeb, i’aînê des
frères et chef de famille
El Hadj ben Taïeb, Rabbah ben
Taïeb, ses frères.
Abd-el-Kader, son fils.
Kalifa. son cousin.
Bareek, son neveu.
La cour martiale, réunie par le colo
nel Fourchault, était composée de :
MM Fourchault, colonel, président,
Rozier, chef d’escadron du 9* chas
seurs
Chaffaud, capitaine de zouaves, offi
cier d’ordonnance du colonel.
L’officier des affaires indigènes,
L’interprète militaire,
Un officier de la garde nationale.
Le baron de Schonen, maire de l’Al
ma, M. Bourlier, qui n'a jamais habité
l'Alma, qui se trouvait en ce moment
fart occupé à Saint Pierre-Saint-Paul,
livré au pillage, n'a participé ni de près
ni de loin aux razzias , ni à Vexécution
des BmTdieb.
Il aurait suffi aux adversaires de M.
Bourlier de consulter les archives mili
taires, ou bien encore M. le capitaine
Desnoyer et M. l’interprète militaire
Legay, tous deux aujourd'hui attachés à
la division d’Alger, et qui, le 21 avril
4871, étaient à l’Alma. Us auraient ap
pris sans retard et sans déplacement
toute la vérité.
Mais ce n’est pas la lumière qu’ils
recherchaient.
r
NéanmGOis, et après avoir assisté àlarêu-
électorale de Mustapha, on comprend,
et même on excuse presque le boucan du
Tnéâire National.
Nos deux jeunes ambitieux et leurs amis
ont, sinon honnêtement, du moins prudem
ment agi, en empêchant la réunion d’avoir
lieu. Us auraient été irrévocablement per
dus si les trois mille personnes qui se trou
vaient au Théâtre samedi, avaient pu com
parer l'éloquence de M. Marchai avec celle
de M. Leteilier et la clarté d’exposition de
M Bourlier, aux phrases longues et obscu
res de ce pauvre M. Samary, si imprudem
ment jeté dans une lutte pour laquelle il
n’était point préparé et où il va, je le crains
bien, perdre son avenir politique.
Heureusement pour nos deux jeunes
étourneaux, il n’y avait que quelques centai
nes d’électeurs à la grande salle de Musta
pha. Leur défaite aura moins d'éclat.
Mais, quoique moins nombreuse qu’à Al
ger, la réunion de Mustapha n’en a pas
!S
moins son caractère particulier. Il ne faut
pas oublier que la commune voisine a la
réputation très méritée d'être fortement ré
publicaine et même radicale, mais aussi
d’avoir beaucoup d’esprit pratique.C’est pour
cela que le succès obtenu lundi soir par nos
deux amis doit être plus remarqué. M. Le-
teliier a pris le taureau pa~ les cornes - il a
abordé enfin cette fameuse affaire de la dé
coration Jaïs dont on a voulu faire tant de
bruit, et il a été écouté ; mieux que cela,
applaudi et à diverses reprises, tant il est
vrai, qu’avec les gens intelligents, on fait
facilement entendre ie langage de la raison.
Puis, et en parlant du Tonkin, il a excité
une sorte d’enthousiasme patriotique, en
rappelant que lorsque la nouvelle de la mort
du commandant Rivière arriva au Parle»
ment français, les crédits nécesssaires pour
le venger furent votés à l’unanimité, tant à
la Chambre qu’au Sénat, par les monar**
chistes comme par les intransigeants, par
le citoyen Le Lièvre comme par lui.
Et en vérité, ceux qui affecl T * kb.-xf>v
aujourd’hui de ce qui a été fa r l'hoirom-æ
de la France, auraient, sans nui : s
ie môme. Le colonel Fallet, lui-même
l’aurait pas osé* après avoir compris, refu
ser les hommes et l'argent dont le gouver
nement avait besoin.
M. Bourlier avait devant lui son calom
niateur. Il l’a mis en demeure de venir à la
tribune formuler ses accusations calom
nieuses, mais cet appel n’a pas été entendu.
C’était prévu ; M. Bourlier a ôté écouté:
comme il méritait de l’être. Les citoyens de
Mustapha n’avaient pas permis aux hur
leurs de s’introduire dans la salie, et la po
lice n’avait pas reçu du maire Francoz, Tor
dre d’observer.sans jamais intervenir. Les per
turbateurs qui s’étaient introduits en petit
nombre ont été bien vite expulsés. Ce n’est
certes pas M. Francoz qui aurait eu l’audace
de répondre en plein Conseil municipal,
comme Ta fait hier M. Guillemin, qu’il ne
pouvait prévoir les désordres et que s’il s'eu
produisait dimanche prochain, il serait
impuissant à les réprimer.
Feuilleton de la Dépêcha Algérienne
N* 6.
LES
PAR
A. RAGOT et G. PMDEL 1,1
PROLOGUE
— Puis-je vous demander encore, conti
nua l’inconnu, ce que vous compter faire de
set enfant ?
Le colonel haussa les épaules.
— Eh bien, monsieur, dites-moi où il est,
dites-moi...
— Ceia, jamais ! s’écria avec colère le co
lonel. Jamais, entendez-vous, et si vous me
tuiez tout à l'heure, ce secret serait enterré
avec moi. Ce serait, par Dieu 1 trop com
mode. J ,y ,k . a
L’inconnu voulut insister.
•— En voilà assez, fit sèchement le colonel,
•t, lassant siffler son épée : Allons l en gar
de, monsieur, défendez-vous.
Le colonel était tombé d’aplomb sur les
tarrets avec l’habitude et les allures d’un
tireur émérite, mais son adversaire ne lui
(1) Reproduction interdite aux J*mrnaux ! qui x’ent
ptl traité arec la Société de# Ses# de Lettre*.
cédait en rien sous ce rapport. Bien campé,
ramassé sur lui-même, il attendait, l’épée
haute, que son ennemi lui donnât du fer.
On a beau dire que Ton veut mourir, que
l’on veut se faire tuer, une fois que Ton a
l’épée à la main, l’instinct de la conservation
reprend le dessus et Ton fait de son mieux
pour vendre sa peau le plus cher possible.
Enfin, le colonel risqua une feinte, et
l’épée de son adversaire croisa la sienne avec
nn enragé bruissement.
L’inconnu, le colonel s’en aperçut vite,
tirait d’une façon supérieure. Il se rendit
également compte que son adversaire le
ménageait et voulait seulement le blesser.
La rage le rendit complètement fou, et il se
mit à charger avec une véritable furie. L’in
connu rompit d’un pas, mais il revint aussi
tôt dans les armes et le colonel sentit la
pointe de son épée qui s’arrêta sur sa poi
trine. Ce fut au tour du colonel de faire un
saut de retraite ; revenant alors sur son en
nemi, il lui porta un formidable coup droit
qui partit avec la vitesse d’une balle, mais
l’inconnu avait rompu et allongeant le bras,
le colonel s’enferra jusqu’à moitié du fer.
11 tomba à genoux.
Durant tout ce combat, le dragon était
resté immobile. A la vue du colonel qui ve
nait de rouler sur le côté, il s’élança sur
l’inconnu, le sabre nu.
— A moi 1 cria le colonel, à moi \ je
meurs i
Le dragon courut à son maître, abandon
nant sa vengeance.
A ee cri, la comtesse de Maucroix sortit
du château et apparut sur la terrasse. Le
colonel l’aperçut.
— Ah 1 s’écria-t-il avec rage, vous venez
voir si réellement je meurs ; soyez maudi
te !
Et il retomba en arrière, en rendant un
flot de sang par la bouche.
L’inconnu s’enfuit épouvanté.
FIN DU PROLOGUE.
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
I
LE CHATEAU DE TRÉMEUR.
Entre la forêt de Lorges, celle de la Har-
douinaye et celle du Vaux-Blanc, daDS le
département des Côtes-du-Nord, se trouve
un immense triangle de plusieurs lieues
carrées, — nous ne saurions trop en dire le
nombre, — bordé de grandes landes valon-
nêes et tourmentées ; au milieu se trouve la
forêt de Trémeur.
Le pays est accidenté, pittoresque, sauva
ge ; les montagnes noires viennent se per
dre dans les plateaux de bruyère et des col
lines couvertes de hauts genêts et de pins
rabougris font une ceinture de forêt, qui
s’échelonne par étages.
Trémeur fat jadis un grand domaine, un
haut fief, la Hardouinaye en dépendait et le
fief s’étendait bien loin, traversant monts et
plaines jusqu’au delà de Camor. Aujour
d’hui, il ne reste plus que la forêt eile-mê-
me, quelques fermes bien cultivées, des lan
des immenses encadrant le tout, et le châ
teau. Cet ensemble constitue encqre, il faut
bien l’avouer, une superbe terre seigneu
riale
Les bois sont vastes, hautes futaies et tail
lis ; les arbres des essences les plus diver
ses y ont poussé à Tenvi et donnent à la fo
rêt de Trémeur un charme tout particulier,
à la fois doux et triste. Les ormes, les trem
bles, les frênes, les marronniers et les chê
nes séculaires entremêlent leur feuillage, et
le vert dans tous les tons, a placé là sa gam
me la plus variée.
Terre bénie de saint Hubert, Trémeur,en
dépit de tout, du progrès et des chemins de
fer, du braconnage et des fusils à percus
sion, est resté royalement giboyeux.
Le cerf s’y montra par bandes nombren- -
ses, le sanglier y foisonne, les lièvres, j es
lapins pullulent. En hiver, les bergers de»
landes rentrent de bonne heure lour.s trou
peaux et, malgré toutes leurs précautions»
les grands loups, roux et fauv^as, à chaqau
dure saison, y laissent ne nombreux vi
des.
(A suivre?).
—
rv W*
L<0 numéro S centimes.
PREFECTURE- (VAUiMH
DEPOT LEGAL
y.y f
Jeudi. 1” o^obpe 188S
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
IfotANOB... 6 1 S £4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relatives aux annnonees et réclames doivent» tm
Algérie, être adressées à l'AGENCE HAVAS, boulevard ds la République, A^K,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, ehes M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, b :
A Paris, chex MM. ÀUDBOURG et C'«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE! eBt désignée pour l’insertioa des annonoes légales, judiciaires et autres exigées pour la. validité des procédures et ^contrats.
Alger, le 30 Septembre 1885.
Comité Contrai Républicain
élections législatives du 4 octobre 1885 .
leteTlier
DÉPUTÉ SORTANT
B 0 U R LIE R
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
11 n’est pas d’insmnations auxquelles
les adversaires de M. Bourlier n’aient eu
recours pour faire supposer que les pro
priétés de ce candidat avaient été acqui
ses d’une façon malhonnête.
ils ont été jusqu’à l’accuser d’avoir
«té-l’auteur ou le promoteur delà fu
sillade d’une famille indigène, Bea Taïeb,
dans le but de s emparer de ses biens.
Voici le récit authentique de la mort
de ceite famille :
C’était le 21 avril 487T. La colonne
du colonel Fonrehaull venait d’arriver au
secours de ca village. Une suite de pos
tes établis autour de l’Alma surveillait
l’entrée et la sortie.
Mohamed ben Taïeb, chef d’une fa
mille riche vivant sur un magnifique do
maine voisin de la propriété du maire,
M. le baron de Schonen, se présenta à
Tune des portes et demanda à péné
trer.
Sur le refus qui lui fut opposé par
la sentinelle, il insista et finit par ob
tenir de M ie sous-iieutenant des affai
res indigènes l’autorisation qu’il deman
dait.
Il venait, disait-il, solliciter le maire
de lui accorder le moyen de placer ses
troupeaux sous notre protection. 11
offrait son concours et celui de ses frè
res et clients pour la défense du vil
lage.
Le maire fit arrêter Mohamed ben
Taïeb et aux observations qui lui furent
faites, il répondit qu’il agissait sous sa
responsabilité personnelle.
Immédiatement après, M. le lieu
tenant des affaires indigènes fut requis
par le maire de lui prêter son concours
avec un peloton de chasseurspour exécu
ter des patrouilles dans la forêt de
l’Alma.
Le Maire se fit accompagner d’un
certain Tahar El Gobrini, indigène na
turalisé des environs de Palestro, qui
se prétendait créancier de la famille ben
Taïeb. Pendant la patrouille, ils se di
rigèrent vers la ferme de ces indigènes
qu’ils trouvèrent abandonnée.
Après de longues recherches, ils fini
rent par atteindre un des frères Rabbah
ben Taïeb, qui emmenait vers Rouïba,
à travers la forêt, ses parents, ses fem
mes, ses enfants et les troupeaux de
toute la famille. Ils l’arrêtèrent, se sai
sirent des hommes et des troupeaux et
amenèrent le tout à l’Alma. Âu moment
où Rabbah ben Taïebfut arrêté, il était
porteur d’une djebira contenant, dit-on ;
cinq mille francs.
Une cour martiale fut réunie par le
colonel Fourchault et se prononça, mal
gré les protestations énergiques de plu
sieurs de ses membres, pour la mort
des ben Taïeb qui furent exécutés entre
6 et 7 heures du soir, le jour du combat
de la bicoque.
Voici les noms des morts :
Si Mohamed ben Taïeb, i’aînê des
frères et chef de famille
El Hadj ben Taïeb, Rabbah ben
Taïeb, ses frères.
Abd-el-Kader, son fils.
Kalifa. son cousin.
Bareek, son neveu.
La cour martiale, réunie par le colo
nel Fourchault, était composée de :
MM Fourchault, colonel, président,
Rozier, chef d’escadron du 9* chas
seurs
Chaffaud, capitaine de zouaves, offi
cier d’ordonnance du colonel.
L’officier des affaires indigènes,
L’interprète militaire,
Un officier de la garde nationale.
Le baron de Schonen, maire de l’Al
ma, M. Bourlier, qui n'a jamais habité
l'Alma, qui se trouvait en ce moment
fart occupé à Saint Pierre-Saint-Paul,
livré au pillage, n'a participé ni de près
ni de loin aux razzias , ni à Vexécution
des BmTdieb.
Il aurait suffi aux adversaires de M.
Bourlier de consulter les archives mili
taires, ou bien encore M. le capitaine
Desnoyer et M. l’interprète militaire
Legay, tous deux aujourd'hui attachés à
la division d’Alger, et qui, le 21 avril
4871, étaient à l’Alma. Us auraient ap
pris sans retard et sans déplacement
toute la vérité.
Mais ce n’est pas la lumière qu’ils
recherchaient.
r
NéanmGOis, et après avoir assisté àlarêu-
électorale de Mustapha, on comprend,
et même on excuse presque le boucan du
Tnéâire National.
Nos deux jeunes ambitieux et leurs amis
ont, sinon honnêtement, du moins prudem
ment agi, en empêchant la réunion d’avoir
lieu. Us auraient été irrévocablement per
dus si les trois mille personnes qui se trou
vaient au Théâtre samedi, avaient pu com
parer l'éloquence de M. Marchai avec celle
de M. Leteilier et la clarté d’exposition de
M Bourlier, aux phrases longues et obscu
res de ce pauvre M. Samary, si imprudem
ment jeté dans une lutte pour laquelle il
n’était point préparé et où il va, je le crains
bien, perdre son avenir politique.
Heureusement pour nos deux jeunes
étourneaux, il n’y avait que quelques centai
nes d’électeurs à la grande salle de Musta
pha. Leur défaite aura moins d'éclat.
Mais, quoique moins nombreuse qu’à Al
ger, la réunion de Mustapha n’en a pas
!S
moins son caractère particulier. Il ne faut
pas oublier que la commune voisine a la
réputation très méritée d'être fortement ré
publicaine et même radicale, mais aussi
d’avoir beaucoup d’esprit pratique.C’est pour
cela que le succès obtenu lundi soir par nos
deux amis doit être plus remarqué. M. Le-
teliier a pris le taureau pa~ les cornes - il a
abordé enfin cette fameuse affaire de la dé
coration Jaïs dont on a voulu faire tant de
bruit, et il a été écouté ; mieux que cela,
applaudi et à diverses reprises, tant il est
vrai, qu’avec les gens intelligents, on fait
facilement entendre ie langage de la raison.
Puis, et en parlant du Tonkin, il a excité
une sorte d’enthousiasme patriotique, en
rappelant que lorsque la nouvelle de la mort
du commandant Rivière arriva au Parle»
ment français, les crédits nécesssaires pour
le venger furent votés à l’unanimité, tant à
la Chambre qu’au Sénat, par les monar**
chistes comme par les intransigeants, par
le citoyen Le Lièvre comme par lui.
Et en vérité, ceux qui affecl T * kb.-xf>v
aujourd’hui de ce qui a été fa r l'hoirom-æ
de la France, auraient, sans nui : s
ie môme. Le colonel Fallet, lui-même
l’aurait pas osé* après avoir compris, refu
ser les hommes et l'argent dont le gouver
nement avait besoin.
M. Bourlier avait devant lui son calom
niateur. Il l’a mis en demeure de venir à la
tribune formuler ses accusations calom
nieuses, mais cet appel n’a pas été entendu.
C’était prévu ; M. Bourlier a ôté écouté:
comme il méritait de l’être. Les citoyens de
Mustapha n’avaient pas permis aux hur
leurs de s’introduire dans la salie, et la po
lice n’avait pas reçu du maire Francoz, Tor
dre d’observer.sans jamais intervenir. Les per
turbateurs qui s’étaient introduits en petit
nombre ont été bien vite expulsés. Ce n’est
certes pas M. Francoz qui aurait eu l’audace
de répondre en plein Conseil municipal,
comme Ta fait hier M. Guillemin, qu’il ne
pouvait prévoir les désordres et que s’il s'eu
produisait dimanche prochain, il serait
impuissant à les réprimer.
Feuilleton de la Dépêcha Algérienne
N* 6.
LES
PAR
A. RAGOT et G. PMDEL 1,1
PROLOGUE
— Puis-je vous demander encore, conti
nua l’inconnu, ce que vous compter faire de
set enfant ?
Le colonel haussa les épaules.
— Eh bien, monsieur, dites-moi où il est,
dites-moi...
— Ceia, jamais ! s’écria avec colère le co
lonel. Jamais, entendez-vous, et si vous me
tuiez tout à l'heure, ce secret serait enterré
avec moi. Ce serait, par Dieu 1 trop com
mode. J ,y ,k . a
L’inconnu voulut insister.
•— En voilà assez, fit sèchement le colonel,
•t, lassant siffler son épée : Allons l en gar
de, monsieur, défendez-vous.
Le colonel était tombé d’aplomb sur les
tarrets avec l’habitude et les allures d’un
tireur émérite, mais son adversaire ne lui
(1) Reproduction interdite aux J*mrnaux ! qui x’ent
ptl traité arec la Société de# Ses# de Lettre*.
cédait en rien sous ce rapport. Bien campé,
ramassé sur lui-même, il attendait, l’épée
haute, que son ennemi lui donnât du fer.
On a beau dire que Ton veut mourir, que
l’on veut se faire tuer, une fois que Ton a
l’épée à la main, l’instinct de la conservation
reprend le dessus et Ton fait de son mieux
pour vendre sa peau le plus cher possible.
Enfin, le colonel risqua une feinte, et
l’épée de son adversaire croisa la sienne avec
nn enragé bruissement.
L’inconnu, le colonel s’en aperçut vite,
tirait d’une façon supérieure. Il se rendit
également compte que son adversaire le
ménageait et voulait seulement le blesser.
La rage le rendit complètement fou, et il se
mit à charger avec une véritable furie. L’in
connu rompit d’un pas, mais il revint aussi
tôt dans les armes et le colonel sentit la
pointe de son épée qui s’arrêta sur sa poi
trine. Ce fut au tour du colonel de faire un
saut de retraite ; revenant alors sur son en
nemi, il lui porta un formidable coup droit
qui partit avec la vitesse d’une balle, mais
l’inconnu avait rompu et allongeant le bras,
le colonel s’enferra jusqu’à moitié du fer.
11 tomba à genoux.
Durant tout ce combat, le dragon était
resté immobile. A la vue du colonel qui ve
nait de rouler sur le côté, il s’élança sur
l’inconnu, le sabre nu.
— A moi 1 cria le colonel, à moi \ je
meurs i
Le dragon courut à son maître, abandon
nant sa vengeance.
A ee cri, la comtesse de Maucroix sortit
du château et apparut sur la terrasse. Le
colonel l’aperçut.
— Ah 1 s’écria-t-il avec rage, vous venez
voir si réellement je meurs ; soyez maudi
te !
Et il retomba en arrière, en rendant un
flot de sang par la bouche.
L’inconnu s’enfuit épouvanté.
FIN DU PROLOGUE.
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
I
LE CHATEAU DE TRÉMEUR.
Entre la forêt de Lorges, celle de la Har-
douinaye et celle du Vaux-Blanc, daDS le
département des Côtes-du-Nord, se trouve
un immense triangle de plusieurs lieues
carrées, — nous ne saurions trop en dire le
nombre, — bordé de grandes landes valon-
nêes et tourmentées ; au milieu se trouve la
forêt de Trémeur.
Le pays est accidenté, pittoresque, sauva
ge ; les montagnes noires viennent se per
dre dans les plateaux de bruyère et des col
lines couvertes de hauts genêts et de pins
rabougris font une ceinture de forêt, qui
s’échelonne par étages.
Trémeur fat jadis un grand domaine, un
haut fief, la Hardouinaye en dépendait et le
fief s’étendait bien loin, traversant monts et
plaines jusqu’au delà de Camor. Aujour
d’hui, il ne reste plus que la forêt eile-mê-
me, quelques fermes bien cultivées, des lan
des immenses encadrant le tout, et le châ
teau. Cet ensemble constitue encqre, il faut
bien l’avouer, une superbe terre seigneu
riale
Les bois sont vastes, hautes futaies et tail
lis ; les arbres des essences les plus diver
ses y ont poussé à Tenvi et donnent à la fo
rêt de Trémeur un charme tout particulier,
à la fois doux et triste. Les ormes, les trem
bles, les frênes, les marronniers et les chê
nes séculaires entremêlent leur feuillage, et
le vert dans tous les tons, a placé là sa gam
me la plus variée.
Terre bénie de saint Hubert, Trémeur,en
dépit de tout, du progrès et des chemins de
fer, du braconnage et des fusils à percus
sion, est resté royalement giboyeux.
Le cerf s’y montra par bandes nombren- -
ses, le sanglier y foisonne, les lièvres, j es
lapins pullulent. En hiver, les bergers de»
landes rentrent de bonne heure lour.s trou
peaux et, malgré toutes leurs précautions»
les grands loups, roux et fauv^as, à chaqau
dure saison, y laissent ne nombreux vi
des.
(A suivre?).
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