Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-26
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 septembre 1885 26 septembre 1885
Description : 1885/09/26 (A1,N72). 1885/09/26 (A1,N72).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544854w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année* — N* 72.
PREFECTURE n'Aî.CEM
DEPOT legal
Le numéro K centimes. ^ \ ’
Samedi,. 26 septembre 1885
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 354
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les çommnnications relatives aux annnonces et réclames doive*». «».
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, bonlevard de la Répabliqsa, Alftet 1
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Ransset, 4 ;
A Paris, chex MM. AUDBOURG et G 5 », place de la Bourse, iû.
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertioa des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 25 Septembre 1885.
Comité Central Républicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
LETELLIER
DÉPUTÉ SORTANT
BOURLIER
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
Nous commençons aujourd’hui en
feuilleton :
Les Drames de l'Honneur
Le magnifique roman de MM. Ra-
cot et Georges Pradel.
r : —
Les Souvenirs
DE fl, MARCHAI ET SÂMARY
Connnaisant l'immense popularité dont I
jouit M. Bouiiier dans l’intérieur, parmi les
populations agricoles, ses adversaires ont
essayède le calomnier en entretenant les élec-
teursde ses affaires personnelles et les en pré
sentant sous un jour défavorable. M. Bour-
lier leur a répondu par des déclarations si
nettes, qu’ils ont été obligés de reconnaître
que leurs accusations étaient fausses, et ils
ont été réduits au silence sur ce point.
Ils ont alors voulu entamer cette popula
rité en le présentant comme l’ennemi de la
colonisation.
C’était laide ; autant aurait valu préten
dre que M. Lelièvre était un fervent catho
lique ou M. Trolard un adversaire du re
boisement de l’Algérie.
C’est alors qu’ils ont imaginé de le mon
trer comme l’inventeur de la résidence per
sonnelle et obligatoire des colons venant de
France, dans les localités où se trouvent les
concessions qui leur ont été gratuitement
attribuées.
Il va sans dire qu’ils considèrent cette
condition comme une véritable infamie.
Ils ne se sont pas bornés à l’écrire dans
leurs journaux ; les deux candidats ont cru
devoir renouveler cette accusation eu réu
nion publique, comme si l’expression de
cette opinion était un crime de lèse-coloni-
sation.
M. Samary qui a une mémoire remarqua
ble, trop remarquable môme, on l’a vu l’au
tre jour, quand, devant ses citations de
chiffres, ses amis eux-mêmes ont dû crier :
assez ! assez !
M, Samary donc nous a dit : « Qu’il se
souvenait qu’en 1869, M. Bourlier avait pro
posé au Conseil supérieur, en qualité de
membre de cette assemblée, cette fameuse
condition de résidence, contre laquelle MM.
Marchai et Samary s’indignent depuis quel
ques jours, sans jamais avoir protesté con
tre elle au Conseil général. »
J’ai retenu cette déclaration de M. Sama
ry. Il me semblait que le jeune candidat, si
prodigieuse que fût sa mémoire, ne pouvait
se souvenir de si loin puisqu’il n'habite Al
ger que depuis 1874.
Il pourrait, il est vrai, me répondre qu’il
a lu les volumes du Conseil supérieur et j’ai
voulu m’assurer s’il disait vrai, en compul
sant moi-même les procès-verbaux de cette
assemblée.
J’ai le regret de dire que M. Samary s’est
trompé, ce qui est d’autant plus regrettable,
qu’en se trompant il a également trompé
ceux qui l’écoutaient.
Les procès-verbaux du Conseil supérieur
en 1869 n’ont pas été rendus publics, il n’a
donc pu les lire, et, en supposant qu’il en
ait eu connaissance dans les bureaux du
gouvernement général, il n’a pu y voir ce
qu’il a avancé en séance publique, c’est-à-
dire que la résidence personnelle avait été
proposée par M. Bourlier.
Il y a une raison bien simple pour déga
ger M. Bourlier de toute responsabilité à ce
sujet — si toutefois responsabilité il y a —
c’est que M. Bourlier ne faisait pas partie du
Conseil supérieur en 1869, ni en 1870, ni en
1871, ni en 1872. Ce n’est qu’en 1872 qu’il
fut élu conseiller général de Maison-Carrée,
et en décembre 1873 qu’il arriva au Conseil
supérieur.
Or, la résidence personnelle des attribu
tions avait été proposée en 1872. C’est l’a
miral de Gueydon qui en est l’inventeur et
qui la fit accepter par le Conseil supérieur,
dont, je le répète, M. Bourlier ne faisait pas
partie. Or, il est bon de remarquer que M.
de Gueydon a toujours été cousidé par le
Petit Colon comme un gouverneur modèle,
M. Marchai n’a jamais laissé passer une
occasion de faire son éloge.
Comment expliquer l’engouement de notre
jeune candidat pour un colonisateur qui a
inventé la résidence personnelle, alors que
M. Bourlier est réputé ennemi des colons,
parce qu’il croit, comme M. de Gueydon
e;ue, pour faire le peuplement en Algérie, il
ne faut pas donner gratuitement les terres
à ceux qui veulent continuer leur commerce
à Paris ou à Lyon ?
Mais M. de Gueydon n’est pas candidat
comme M. Bourlier et comme il n’est guère
possible de combattre autrement que par des
sophismes un homme dont la candidature
s’impose bien plus qu’il ne la pose, il faut
donc se résigner à des contradictions.
Je ne veux pas discuter à fond, en ce
moment, cette question de la résidence per
sonnelle. Il me serait facile de démontrer
que l’Etat, en donnant gratuitement des ter
res, a le droit et le devoir d’imposer cer
taines conditions, qu8 les colons béné
ficiaires ont acceptées et pris l’engagement
de remplir. Je me borne à dire que, sauf
quelques exception^, la résidence, person
nelle n’est désagréable qu’aux spéculateurs,
aux paresseux.
Ce De sont point ces colons-là, qui feront
avancer l’œuvre de la colonisation. Ce ne
sont point les vrais colons et M. Bourlier est
l’ami des colons et surtout de la colonisa
tion.
MM. Marchai et Samary peuvent-ils en
dire autant ?
L’Organisation du Boucan
Toujours le même procédé de la part de
nos adversaires. Pendant qu'ils inventent et
colportent le bruit d’un prétendu mot d'or
dre donné aux employés pour qu’ils aient â
assister à la réunion publique de samedi,
les chefs du parti font recruter, avec le plus
grand soin, les éléments d’une cabale mons
tre, destinée à couvrir les voix de MM. Le-
tellier et Bourlier sous les clameurs les
huées et les sifflets Rien n’est négligé envue
d’atteindre ce but. Et nous n’inventons pas,
nous,nous constatons des faits dautnousavons
la preuve entre les mains, témoin ce propos
entendu de nos oreilles : « Jamais le théâtre
d’Alger n’aura vu b ucan pareil à celui que
nous organisons. Mais aussi Marchai et
Basset n’épargnent rien. »
C’est ainsi que les radicaux entendent la
liberté de la discussion.
Précieux documents
Voici de quêUe façon les radicaux jugent
MM. Marchai et Samary :
« Marengo, le 22 septembre 1885.
» Monsieur le Directeur du Radical „
Alger.
» J’ai Phonoeur de vous adresser sous ce
pli la copie de deux lettres que j’ai envoyées
a M. Cb. Mardi 1, réducteur en chef du
Petit Colon et candidat à la dépatation,
pour le département d’Alger.
» Recevez, Monsieur, etc ,
» C. Jongla. »
« Marengo, le 15 septembre 1885.
» Monsieur Ch. Marchai, rédacteur en
chef du Petit Colon,
Alger.
» Dans la réunion du Comité républicain
radical tenue le 10 s pterabre courant, vous
avez pris l’engagement de retirer votre can
didature devant MM. Le Lièvre et Trolard
si ceux-ci acceptaient le programme du
Comité ; or, devant, l’acceptation non équi
voque du citoyen Le Lièvre, je serais très
Feuilleton de la Dcpèehe Algérienne
N° 1.
LES
PAR
A. IAC0T et G. PRABEL[(I)
PROLOGUE
I
l’inondation
Les pluies torrentielles de l’automne de
1855 avaient fait déborder la Loire. Le vieux
fleuve roulait ses ondes grises et sinistres,
entraînant tout sur son passage. Devenu
torrent furieux, il tordait les arbres, broyait
les ponts, enlevant comme fétus la chau
mière du pauvre et le château du riche.
La pluie continuait de tomber, cette pluie
grêle, serrée, diffuse : nappe d’eau divisée
qni fouette sans merci ni trêve, comme du
rent s’abattre les déluges de Noé et de Dau-
calion.
Entre tous, l’eau est le fléau maudit.
On fait la part du feu, on lutte contre la
peste, on fuit devant la guerre.
(1) Reproduction interdite aux pers onnes qui n’ont
f til traité axec la Société des Gens de Lettres.
L’eau ne veut point de part, ne supporte
pas de lutte elle atteint, elle submerge,
elle prend tout.
A quelques kilomètres au-dessus deVara-
des, la petite ville blanche si gracieusement
assise sur la rive droite de la Loire, se mon
tre un coquet château dont les tourelles
élancées et pointues disparaissent au milieu
d’un fouillis de saules et de trembles. Rien
de riant comme cette demeure blanche per
due dans le vert ; les jardins descendent eu
gradins jusqu’à une terrasse chargée de
charmes qui borde la rivière, et la Loire
s’élargit en cet endroit, semblable à un
étang immense, comme si les eaux du fleu
ve avaient regret de quitter sitôt l’aspect du
riant manoir.
Hélas ! au moment où commence cette
histoire le sombre et l’horrible étaient ve
nus s’abattre sur ce coin perdu si char
mant.
Le fleuve ébranlait la terrasse, secouant
et menaçant les charmes. Comme une cata
pulte enragée, l’eau furieuse battait la mu -
raille ; on eût dit que, rugissante et féroce,
elle voulait, dans des tourbillons affolés,
engloutir les arbres et le château.
Il faisait nuit, et la pluie tombait sans
relâche. Au sommet de l’oudée, traversant
la buée opaque, la lune brouillée et voilée
apparaissait à peine, comme un œil glau
que d’uu jaune pâle, assez cependant pour
éclairer de lueurs funèbres l’implacable
montée de l’inondation.
La solitude f un désert émouvant ! tout
avait fui ! Et du milieu de ce vide partaient
des craquements, des trépidations sinistres.
Des arbres se tordaient contre des roches,
des débris sans nom se déchiquetaient et se
hachaient dans une morsure suprême, et,
perdus dans ce fouillis funèbre, des cada
vres humains, des cadavres de bêtes, plon
geaient avec un bruit sourd, pour reparaître
un peu plus loin, entraîués par le tourbil
lon.
Au milieu de l’immense nappe d’eau qui
roule furibonde, une b orque a osé s’aventu
rer. Elle disparaît parfois entre les vagues;
elle est heurtée, bousculée par des troncs
d’arbres ; parfois l’eau la couvre et l’entraî
ne ; elle apparaît cependant, luttant avec
une énergie désespérée.
Un seul homme la monte, et ses bras ner
veux se raidissent pour tâcher de maintenir
le frêle esquif dans le sens du courant.
Partie de la rive opposée à Varades, la
barque est entraînée avec une rapidité ver
tigineuse. Il y a folie à s’aventurer ainsi sur
le torrent ; l’homme qui roule à cette heure
au milieu des vagues doit savoir qu’il va
au-devant de la mort.
Qu’importe, il nage avec la rage que don
ne le désespoir ; il fend la lame avec une
force et une adresse inouïes, et lorsqu’un
toarbillon fait tourner sa barque sur elle-
même, il la maintient eu quelques coups
d’aviron et reprend sa marche.
C’est un bachot, un de ces canots à fond
plat que l’on emploie pour naviguer et pour
pécher sur la Seine et la Loire ; l’homme
est grand, fort, vigoureux ; mais malgré
tout sa tâche est rude, la sueur ruisselante
inonde son front et son cou, et des siffle
ments s’échappent de sa poitrine.
— Je n’arriverai jamais, répète-t-il en
voyant la roule parcourue, en voyant celle
qui lui reste à parcourir encore, et en se
rendant compte, d’un rapide regard jeté en
arrière, qu’il a toujours suivi le milieu du
courant et que ses efforts surhumains n’out
réussi qu’à le faire dévier de quelques mè
tres
Vingt fois il essaya de mettre le bachot
en travers, mais alors la lame furieuse le
prenait, le roulait, et l’homme sentait qu’il
allait chavirer.
— Mon Dieu ! prenez pitié de moi, mur
mura-t-il encore, et donnez-moi la force
d’accomplir ma tâche !
Après bien des efforts, un remou de cou
rant le prit de biais et le rapprocha de la
rive. Un soupir d’un indicible soulagement
s’exhala de ses lèvres. L’homme se dirigeait
évidemment vers le château dont il a été
parlé plus haut. En un instant il atteignit ia
terrasse. Mais là le péril devint plus grand,
encore, et il n’eut pas le temps d’en mesurer
toute l’étendue. Une trombe s’abattit sur la
barque au moment où la proue du bachot
heurtait contre un enfoncement de la mu--
raille, daDS lequel se trouvait une porte
conduisant au bord de l’eau par une suite
de gradins. Ua amas de troncs d’arbres, de
grosses branches, venait de s’engager sous
le fond du bachot et le maintenait dans une
position presque verticale.
L’homme, par la pression, eut ses avirons
arrachés des mains ; lui-même roufa an
PREFECTURE n'Aî.CEM
DEPOT legal
Le numéro K centimes. ^ \ ’
Samedi,. 26 septembre 1885
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 354
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les çommnnications relatives aux annnonces et réclames doive*». «».
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, bonlevard de la Répabliqsa, Alftet 1
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Ransset, 4 ;
A Paris, chex MM. AUDBOURG et G 5 », place de la Bourse, iû.
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertioa des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 25 Septembre 1885.
Comité Central Républicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
LETELLIER
DÉPUTÉ SORTANT
BOURLIER
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
Nous commençons aujourd’hui en
feuilleton :
Les Drames de l'Honneur
Le magnifique roman de MM. Ra-
cot et Georges Pradel.
r : —
Les Souvenirs
DE fl, MARCHAI ET SÂMARY
Connnaisant l'immense popularité dont I
jouit M. Bouiiier dans l’intérieur, parmi les
populations agricoles, ses adversaires ont
essayède le calomnier en entretenant les élec-
teursde ses affaires personnelles et les en pré
sentant sous un jour défavorable. M. Bour-
lier leur a répondu par des déclarations si
nettes, qu’ils ont été obligés de reconnaître
que leurs accusations étaient fausses, et ils
ont été réduits au silence sur ce point.
Ils ont alors voulu entamer cette popula
rité en le présentant comme l’ennemi de la
colonisation.
C’était laide ; autant aurait valu préten
dre que M. Lelièvre était un fervent catho
lique ou M. Trolard un adversaire du re
boisement de l’Algérie.
C’est alors qu’ils ont imaginé de le mon
trer comme l’inventeur de la résidence per
sonnelle et obligatoire des colons venant de
France, dans les localités où se trouvent les
concessions qui leur ont été gratuitement
attribuées.
Il va sans dire qu’ils considèrent cette
condition comme une véritable infamie.
Ils ne se sont pas bornés à l’écrire dans
leurs journaux ; les deux candidats ont cru
devoir renouveler cette accusation eu réu
nion publique, comme si l’expression de
cette opinion était un crime de lèse-coloni-
sation.
M. Samary qui a une mémoire remarqua
ble, trop remarquable môme, on l’a vu l’au
tre jour, quand, devant ses citations de
chiffres, ses amis eux-mêmes ont dû crier :
assez ! assez !
M, Samary donc nous a dit : « Qu’il se
souvenait qu’en 1869, M. Bourlier avait pro
posé au Conseil supérieur, en qualité de
membre de cette assemblée, cette fameuse
condition de résidence, contre laquelle MM.
Marchai et Samary s’indignent depuis quel
ques jours, sans jamais avoir protesté con
tre elle au Conseil général. »
J’ai retenu cette déclaration de M. Sama
ry. Il me semblait que le jeune candidat, si
prodigieuse que fût sa mémoire, ne pouvait
se souvenir de si loin puisqu’il n'habite Al
ger que depuis 1874.
Il pourrait, il est vrai, me répondre qu’il
a lu les volumes du Conseil supérieur et j’ai
voulu m’assurer s’il disait vrai, en compul
sant moi-même les procès-verbaux de cette
assemblée.
J’ai le regret de dire que M. Samary s’est
trompé, ce qui est d’autant plus regrettable,
qu’en se trompant il a également trompé
ceux qui l’écoutaient.
Les procès-verbaux du Conseil supérieur
en 1869 n’ont pas été rendus publics, il n’a
donc pu les lire, et, en supposant qu’il en
ait eu connaissance dans les bureaux du
gouvernement général, il n’a pu y voir ce
qu’il a avancé en séance publique, c’est-à-
dire que la résidence personnelle avait été
proposée par M. Bourlier.
Il y a une raison bien simple pour déga
ger M. Bourlier de toute responsabilité à ce
sujet — si toutefois responsabilité il y a —
c’est que M. Bourlier ne faisait pas partie du
Conseil supérieur en 1869, ni en 1870, ni en
1871, ni en 1872. Ce n’est qu’en 1872 qu’il
fut élu conseiller général de Maison-Carrée,
et en décembre 1873 qu’il arriva au Conseil
supérieur.
Or, la résidence personnelle des attribu
tions avait été proposée en 1872. C’est l’a
miral de Gueydon qui en est l’inventeur et
qui la fit accepter par le Conseil supérieur,
dont, je le répète, M. Bourlier ne faisait pas
partie. Or, il est bon de remarquer que M.
de Gueydon a toujours été cousidé par le
Petit Colon comme un gouverneur modèle,
M. Marchai n’a jamais laissé passer une
occasion de faire son éloge.
Comment expliquer l’engouement de notre
jeune candidat pour un colonisateur qui a
inventé la résidence personnelle, alors que
M. Bourlier est réputé ennemi des colons,
parce qu’il croit, comme M. de Gueydon
e;ue, pour faire le peuplement en Algérie, il
ne faut pas donner gratuitement les terres
à ceux qui veulent continuer leur commerce
à Paris ou à Lyon ?
Mais M. de Gueydon n’est pas candidat
comme M. Bourlier et comme il n’est guère
possible de combattre autrement que par des
sophismes un homme dont la candidature
s’impose bien plus qu’il ne la pose, il faut
donc se résigner à des contradictions.
Je ne veux pas discuter à fond, en ce
moment, cette question de la résidence per
sonnelle. Il me serait facile de démontrer
que l’Etat, en donnant gratuitement des ter
res, a le droit et le devoir d’imposer cer
taines conditions, qu8 les colons béné
ficiaires ont acceptées et pris l’engagement
de remplir. Je me borne à dire que, sauf
quelques exception^, la résidence, person
nelle n’est désagréable qu’aux spéculateurs,
aux paresseux.
Ce De sont point ces colons-là, qui feront
avancer l’œuvre de la colonisation. Ce ne
sont point les vrais colons et M. Bourlier est
l’ami des colons et surtout de la colonisa
tion.
MM. Marchai et Samary peuvent-ils en
dire autant ?
L’Organisation du Boucan
Toujours le même procédé de la part de
nos adversaires. Pendant qu'ils inventent et
colportent le bruit d’un prétendu mot d'or
dre donné aux employés pour qu’ils aient â
assister à la réunion publique de samedi,
les chefs du parti font recruter, avec le plus
grand soin, les éléments d’une cabale mons
tre, destinée à couvrir les voix de MM. Le-
tellier et Bourlier sous les clameurs les
huées et les sifflets Rien n’est négligé envue
d’atteindre ce but. Et nous n’inventons pas,
nous,nous constatons des faits dautnousavons
la preuve entre les mains, témoin ce propos
entendu de nos oreilles : « Jamais le théâtre
d’Alger n’aura vu b ucan pareil à celui que
nous organisons. Mais aussi Marchai et
Basset n’épargnent rien. »
C’est ainsi que les radicaux entendent la
liberté de la discussion.
Précieux documents
Voici de quêUe façon les radicaux jugent
MM. Marchai et Samary :
« Marengo, le 22 septembre 1885.
» Monsieur le Directeur du Radical „
Alger.
» J’ai Phonoeur de vous adresser sous ce
pli la copie de deux lettres que j’ai envoyées
a M. Cb. Mardi 1, réducteur en chef du
Petit Colon et candidat à la dépatation,
pour le département d’Alger.
» Recevez, Monsieur, etc ,
» C. Jongla. »
« Marengo, le 15 septembre 1885.
» Monsieur Ch. Marchai, rédacteur en
chef du Petit Colon,
Alger.
» Dans la réunion du Comité républicain
radical tenue le 10 s pterabre courant, vous
avez pris l’engagement de retirer votre can
didature devant MM. Le Lièvre et Trolard
si ceux-ci acceptaient le programme du
Comité ; or, devant, l’acceptation non équi
voque du citoyen Le Lièvre, je serais très
Feuilleton de la Dcpèehe Algérienne
N° 1.
LES
PAR
A. IAC0T et G. PRABEL[(I)
PROLOGUE
I
l’inondation
Les pluies torrentielles de l’automne de
1855 avaient fait déborder la Loire. Le vieux
fleuve roulait ses ondes grises et sinistres,
entraînant tout sur son passage. Devenu
torrent furieux, il tordait les arbres, broyait
les ponts, enlevant comme fétus la chau
mière du pauvre et le château du riche.
La pluie continuait de tomber, cette pluie
grêle, serrée, diffuse : nappe d’eau divisée
qni fouette sans merci ni trêve, comme du
rent s’abattre les déluges de Noé et de Dau-
calion.
Entre tous, l’eau est le fléau maudit.
On fait la part du feu, on lutte contre la
peste, on fuit devant la guerre.
(1) Reproduction interdite aux pers onnes qui n’ont
f til traité axec la Société des Gens de Lettres.
L’eau ne veut point de part, ne supporte
pas de lutte elle atteint, elle submerge,
elle prend tout.
A quelques kilomètres au-dessus deVara-
des, la petite ville blanche si gracieusement
assise sur la rive droite de la Loire, se mon
tre un coquet château dont les tourelles
élancées et pointues disparaissent au milieu
d’un fouillis de saules et de trembles. Rien
de riant comme cette demeure blanche per
due dans le vert ; les jardins descendent eu
gradins jusqu’à une terrasse chargée de
charmes qui borde la rivière, et la Loire
s’élargit en cet endroit, semblable à un
étang immense, comme si les eaux du fleu
ve avaient regret de quitter sitôt l’aspect du
riant manoir.
Hélas ! au moment où commence cette
histoire le sombre et l’horrible étaient ve
nus s’abattre sur ce coin perdu si char
mant.
Le fleuve ébranlait la terrasse, secouant
et menaçant les charmes. Comme une cata
pulte enragée, l’eau furieuse battait la mu -
raille ; on eût dit que, rugissante et féroce,
elle voulait, dans des tourbillons affolés,
engloutir les arbres et le château.
Il faisait nuit, et la pluie tombait sans
relâche. Au sommet de l’oudée, traversant
la buée opaque, la lune brouillée et voilée
apparaissait à peine, comme un œil glau
que d’uu jaune pâle, assez cependant pour
éclairer de lueurs funèbres l’implacable
montée de l’inondation.
La solitude f un désert émouvant ! tout
avait fui ! Et du milieu de ce vide partaient
des craquements, des trépidations sinistres.
Des arbres se tordaient contre des roches,
des débris sans nom se déchiquetaient et se
hachaient dans une morsure suprême, et,
perdus dans ce fouillis funèbre, des cada
vres humains, des cadavres de bêtes, plon
geaient avec un bruit sourd, pour reparaître
un peu plus loin, entraîués par le tourbil
lon.
Au milieu de l’immense nappe d’eau qui
roule furibonde, une b orque a osé s’aventu
rer. Elle disparaît parfois entre les vagues;
elle est heurtée, bousculée par des troncs
d’arbres ; parfois l’eau la couvre et l’entraî
ne ; elle apparaît cependant, luttant avec
une énergie désespérée.
Un seul homme la monte, et ses bras ner
veux se raidissent pour tâcher de maintenir
le frêle esquif dans le sens du courant.
Partie de la rive opposée à Varades, la
barque est entraînée avec une rapidité ver
tigineuse. Il y a folie à s’aventurer ainsi sur
le torrent ; l’homme qui roule à cette heure
au milieu des vagues doit savoir qu’il va
au-devant de la mort.
Qu’importe, il nage avec la rage que don
ne le désespoir ; il fend la lame avec une
force et une adresse inouïes, et lorsqu’un
toarbillon fait tourner sa barque sur elle-
même, il la maintient eu quelques coups
d’aviron et reprend sa marche.
C’est un bachot, un de ces canots à fond
plat que l’on emploie pour naviguer et pour
pécher sur la Seine et la Loire ; l’homme
est grand, fort, vigoureux ; mais malgré
tout sa tâche est rude, la sueur ruisselante
inonde son front et son cou, et des siffle
ments s’échappent de sa poitrine.
— Je n’arriverai jamais, répète-t-il en
voyant la roule parcourue, en voyant celle
qui lui reste à parcourir encore, et en se
rendant compte, d’un rapide regard jeté en
arrière, qu’il a toujours suivi le milieu du
courant et que ses efforts surhumains n’out
réussi qu’à le faire dévier de quelques mè
tres
Vingt fois il essaya de mettre le bachot
en travers, mais alors la lame furieuse le
prenait, le roulait, et l’homme sentait qu’il
allait chavirer.
— Mon Dieu ! prenez pitié de moi, mur
mura-t-il encore, et donnez-moi la force
d’accomplir ma tâche !
Après bien des efforts, un remou de cou
rant le prit de biais et le rapprocha de la
rive. Un soupir d’un indicible soulagement
s’exhala de ses lèvres. L’homme se dirigeait
évidemment vers le château dont il a été
parlé plus haut. En un instant il atteignit ia
terrasse. Mais là le péril devint plus grand,
encore, et il n’eut pas le temps d’en mesurer
toute l’étendue. Une trombe s’abattit sur la
barque au moment où la proue du bachot
heurtait contre un enfoncement de la mu--
raille, daDS lequel se trouvait une porte
conduisant au bord de l’eau par une suite
de gradins. Ua amas de troncs d’arbres, de
grosses branches, venait de s’engager sous
le fond du bachot et le maintenait dans une
position presque verticale.
L’homme, par la pression, eut ses avirons
arrachés des mains ; lui-même roufa an
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