Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-18
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 septembre 1885 18 septembre 1885
Description : 1885/09/18 (A1,N64). 1885/09/18 (A1,N64).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448468
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 64.
PRÉFECTURE D’Ai.iiEH
DEPOT LEGAL
U/
Le numéro S centimes. ' . Vendredi, 18 septembre 188SJ
La Dépêche Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
Fjulnoe 6 1* 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent.
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Al*« *
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbill», chez M. Gdstavb ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G*®, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertioa des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 47 Septembre 4885.
Trop de Fleurs
Nos jeunes candidats intransigeants vien
nent enfin de nous donner de leurs nouvel
les. C’est bien à eux et nous les eu remer
cions du plus profond de notre cœur ; aussi
bien nous commencions à être inquiets sur
leur sort.
C’est de Bouïra que nous parvient la bon
ne nouvelle, par l’intermédiaire du Petit
Colon, écoute? :
« Un magnifique banquet a été offert par
» la population de Bouïra à MM. Marchai
» et Samary. On a eu l’attention — délica-
» te — d’illuminer l’hôtel où les deux invi-
» tés ont été reçus avec enthousiasme. »
Illumination, banquet et enthousiasme ! 1
C’est complet.
Espérons qu’à Aïu-Bessem ce sera du dé
lire et qu’à Aumale on leur dressera des
arcs-de-lriomphe.
Après la banquet, a eu lieu une réunion
où tout Bouïra assistait ; réunion cordiale
©t affectueuse , où le programme radical a
obtenu un franc succès.
' Combien cette réunion cordiale, affectueu
se! et enthousiaste laisse loin derrière elle
celle provoquée par MM. Bourlier et Letel-
lier et, où ces messieurs, ont essayé de faire
tant de bruit pour cacher leur défaite, mais
qui n’a eu d’autre résultat que de lasser les
électeurs, dont l’attitude était froide et hos
tile, alors qu’une ovation sincère a été faite
aux candidats Marchai et Samary.
Tout cela est raconté dans nn télégramme
que ces messieurs adressent au Petit Colon.
Décidément, ces virtuoses ont £un goût
pour le tam-tam et la fantasia.
Le saltimbanque sur ses tréteaux, faisant
un appel désespéré aux spectateurs, ne
tient pas un autre langage. Il vante ses
chiens errants, ses coursiers et ses écuyères,
tout comme ces messieurs de l’intransi
geance vantent leurs candidats.
Tous les colons sont avec nos amis !
s’écrie le correspondant du journal du can
didat Marchai.
« Ils reconnaissent et proclament partout
» que MM. Marchai et Samary ont pour
» eux Thounêteté, l’énergie, la connaissance
» du pays et le talent nécessaire pour les
» défendre. »
On le ne leur fait pas dire. Ils possèdent
tous les titres pour faire de bous et excel
lents députés et les colons pousseraient l’in
gratitude jusqu’à les laisser sur le carreau ?
Oh! jamais.
Au surplus, le correspondant du Petit
Colon n’a rien inventé et ces messieurs,
dans leur manifeste, nous ont fait connaître
qu’ils ont pris une part active, depuis plu
sieurs années, à toutes les importantes
questions du Conseil général, qu’ils ont
l’expérience des affaires publiques, qu’ils
connaissent les besoins du département et
qu’ils sont honnêtes.
La dépêche du Petit Colon est donc du
réchauffé et il sera nécessaire de trouver
autre chose pour continuer l’éclairage à
giorno et maintenir à son degré normal
l’enthousiasme des masses.
LES
ÉLECTIONS COMPLÉMENTAIRES
DE MUSTAPHA
Les élections municipales complémen
taires de Mustapha n’ont pas abouti diman
che dernier, par suite d’uu nombre trop
considérable d’abstentions. On s’explique
facilement la fatigue du corps électoral ap
pelé trop souvent à voter, mais il serait
très regrettable que dimanche prochain, au
second tour de scrutin, les électeurs ne se
couassent pas un peu leur apathie.
Dimanche, M. Armand, ex-secrétaire de
la Mairie, qui avait posé sa candidature, est
arrivé second avec 181 voix ; c'est peu et
c’est trop, car, eu admettant que l’on ne se
porte pas davantage au scrutin de ballot
tage, son succès serait assuré.
Or, nous n’hésitons pas à le dire, la no
mination de M. Armand, comme conseiller
municipal, serait un véritable malheur pour
la commune de Mustapha. Ce candidat, ap
puyé par le Radical, se présente, eu effet,
comme candidat de la protestation contre
un Maire autoritaire.
Obligé par ce Maire de donner sa démis
sion, M. Armand n’a qu’un but en tâchant
d’en devenir le collègue, faire échec à la
Municipalité et grouper autour de lui les
divers éléments d’opposition qui peuvent se
trouver dans le Conseil.
Or, l’intérêt de la commane est de ren
forcer la majorité actuelle du Conseil muni
cipal et non de l’affaiblir.
Le Conseil général aura dans sa prochaine
session à examiner la protestation de Mus
tapha contre la rèannexion demandée par
Alger, et il importe, on le comprendra faci
lement, de ne pas fournir contre cette pro
testation des arguments tirés de l’impuis
sance dans laquelle la commune de Mus
tapha serait de s’adminisirer elle-môme.
Or, c’est précisément ce que semblent cher
cher les radicaux du Conseil municipal de
Mustapha, en mettant à chaque occasion des
bâtons dans les roues, en enrayant la mar
che des affaires ; et le fait est d’autant plus
grave que, les plus acharnés à demander la
réannexion, sont précisément leurs collègues
en radicalisme du Conseil municipal d’Al
ger.
Dans ces conditions, nous estimons que
tous-, les électeurs qui cherchent la prospé
rité de la commune de Mustapha, doivent
écarter absolument le nom de M. Armand.
Du reste, jeudi soir, a lieu, sur l’initia
tive du Maire, une réunion publique, dans
laquelle tous les électeurs sont invités à ve
nir discuter contradictoirement les affaires
et la situation de la commune. C’est là un
grand exemple de libéralisme donné par
M. Francoz, et nous ne doutons pas que la
discussion ne fasse ressortir l’absolue néces
sité d’une entente et d’efforts communs en
vue de triompher des difficultés du moment.
Informations algériennes
On annonce la disparition prochaine de
l ’Indépendant de Mascara, journal rédigé
par M. Narcisse Faucon.
X
Le syndicat viuicole de Mostaganem pré
vient Messieurs les négociants qu’ils trouve
ront de très beaux vins de 10 à 12 degrés,
belle couleur, sans plâtre, quinze mille hec
tolitres environ.
S’adresser au bureau du syndicat.
Une liste de souscription pour l’érection
d’une statue à la mémoire du sergent du.
génie Bobillot, mort des suites de blessures
reçues glorieusement à Tuyen-Quan, circula
en ce moment à Bône.
X
M. Garaud, censeur des études (2 e classe)
au lycée d’Alger, est délégué, en la mémo
qualité, dans les fonctions de directeur du
petit lycée d’Alger (Ben-Aknoun), (emploi
nouveau).
M. Cazamian, censeur des études (1 M
classe) au lycée de Tours, est délégué dans
les fonctions de censeur des études (mémo
classe) au lycée d’Alger, en remplacement
de M. Garaud, délégué dans les fonctions d©
directeur du petit lycée d’Alger (Ben-
Aknoun).
X
M. Mathieu, professeur à titre provisoire
pour renseignement secondaire spécial
(physique) au lycée d’Aix, est nommé à
titre provisoire professeur pour l’enseigne
ment secondaire spécial (physique) au lycêa
de Constantine, en remplacement de M. Sage»
appelé à d’autres fonctions.
X
M. Firbach, préfet d’Alger, rentrant da
congé est arrivé à Alger, le 16 à 7 heures 1^4
du matin, à bord du paquebot traasatlauti-
que St-Augustin, venant de Port-Vendres.
Vite an Gongrès ! deux Congrès ! trais Congrès !
Nous empruntons au Tell l’article sui
vant :
« Les pauvres vieux du parti intransi
geant d’Alger ont été distancés en fumiste
rie par leurs élèves: Charles Marchai et
Samary. Ces deux êliacins se sont montrés*
plus habiles que Boutemaille, Lelièvre ai
môme que Basset.
» Us ont su conduire leurs anciens dans
un véritable traquenard presque entière
ment composé de leur amis et connaissan
ces, dans une réunion d’habitants des rues
Bab-Azoun et Bab-el-Oued qu’ils ont déco
rée du nom de Congrès des délégués de$
communes ; ils ont procuré une assez joli®
veste à l’ancien sénateur et un manteau
russe à cet infortuné maire de Bouïnan, qui
s’illustra jadis sur les champs de bataille du
Mexique.
» Mais les anciens du parti regimbent;
ils n’acceptent pas le petit tour d’escamota
ge qu’on leur a fait et protestent de leur
mieux contre l’ostracisme dont ils ont étA
l’objet. Le citoyen Boutemaille tant acclamé
à Rome et à Chêragas et qui n’a eu que 4
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 64.
LA
GRANDE HARNIËRE
PAR
Georges OHNET
— Allons donc ! ricana le banquier. Avec
quel argent ?
— Avec le mien !
La maison en s’écroulant n’aurait pas
produit un plus formidable effet.
— As-tu bien réfléchi, bégaya Carvajan,
à ce que tu viens de dire ?
— Oui, mou père, comme vous à ce que
vous voulez faire !
— Tu contrecarreras mes projets ?
— Je ne reculerai devant rien pour empê
cher une spoliation indigne !
— Où prends-tu l’audace de me parler
ainsi ?
— Dans l’horreur que vos actes m’ins
pirent 1
A ces mots, Carvajan s’avança menaçant
et terrible. Il parut grandir, son visage fut
bouleversé par une colère sauvage. Debout,
tout noir, les doigts crochus comme des
Î riffes, ses yeux jaunes étincelant comme
e l’or, on l’eût pris pour le génie du mai.
— Ahl c’est ainsi ! cria-t-il. Ah ! tu me
«•naces et tu m’outrages ! Eh bien \ ceux
que tu veux défendre, je les poursuivrai
sans pitié. Ah! ils ont cru opérer une diver
sion triomphante en t’attirant à eux ? Ils
ont espéré que je m’arrêterais pour ne pas
te combattre? Us verront ce que je peux
quand on me brave ! Le beau protecteur
qu’ils ont là !... Tu es bien hardi d’oser te
frotter à ton père ! Ah ! ah ! mon garçon,
j’en ai maté de plus forts que toi, et tu con
naîtras la poigne de Carvajan!... Imbé
cile, qui croit à tout ce que ces Clairefont
lui ont promis !... Mais ce sont des hypo -
crites!.,. Us se servent de toi... Us t’ont
amorcé avec la fille... Tu n’y as vu que du
feu... Ah! elle n’est pas avare de gentil
lesses. .. Demande à l’officier !... Mais elle
ne peut que te mépriser : un homme de
rien, le fils de ton père, un monsieur qui
n’est pas « de » quelque chose !... Quand
tu auras tiré les marrons du feu, ou te
chassera comme un laquais! Voyons, com
prends doue les choses... Pascal... mou
ami 1... Je ne te trompe pas, moi, je suis
franc et sincère... Tu cours à un camouflet
certain... Tu auras manqué à tous tes de
voirs, renié ton père, et tu resteras avec ta
courte honte!... Hein! tu m’écoutes?.
Réponds-moi... Tu es là, les yeux fixes.
M’entends-tu?... Voyons, veux-tu parier ?
Tu n’as pas la bouche cousue... Promets-
moi de réfléchir... Ne donne pas des cen
taines de mille francs comme ça... Sacre-
dié ! C’est difficile à gagner, l’argent... Ah !
ils ne seraient pas longs à te fricoter le tien !
Pascal... Pascal 1...
Il s’approcha du jeune homme, le prit
dans ses bras, le serra, le caressa, lui par
lant avec tendresse, avec éloquence, va
riant ses intonations, ardent à le convain
cre et à le séduire. U le trouva insensible,
muet et sourd, cuirassé par sa volonté.
Alors, bavant de colère, Carvajan cria :
— Hors d’ici, misérable ! Je te chasse !
Infâme qui vend son père, qui l’assassine !
Oui, tu me tues ! Si je ne vois pas ces Clai
refont dans le ruisseau, je meurs : je n’ai
vécu que pour cette heure-là, où je les tien
drai abattus, écrasés, sous mes talons !...
Et tu me voles ce bonheur tant attendu !...
Va-t’eu... Va-t’en donc! Je te ferais du
mal !
— Mou père !... supplia Pascal.
— Je te défends de m’appeler ton père...
Le suis-je d’abord ? J’en doute en voyant
comment tu agis.
Le jeune homme demeura muet d’horreur
devant cette fureur qui ne reculait devant
aucune menace, devant aucun blasphème.
Il fit un geste de désespoir et se dirigea vers
la porte. Son père y fut en même temps que
lui, prêt à un derqier effort :
— Pascal... Eh bien ! au moins, transi
geons, dit-il, les yeux égarés, mais le cer
veau lucide... Ne paie pas... Et je les lais
se en repos...
— Non, mon père, je n’ai plus confiance
en vous... Vous me tromperiez.
Les cheveux gris de Carvajan se hérissè
rent sur sou crâne ; il voulut frapper son
fils : ses bras retombèrent sans force. Il
essaya de crier, d’insulter, il ne put que
balbutier ;
— Si ta mère était là, elle te maudi-
rait !...
— Non, mou père, dit le jaune homme»
qui releva la tête avec orgueil.
Et, laissant le vieillard ivre de rage im-
puissante, il sortit.
Le lendemain, avec une surprise et un©
satisfaction à peu près égales, la population;
de la Neuville apprit que la querelle entrer
Clairefont et Carvajan allait prendre un©
face nouvelle, grâce à la rupture qui venait
de se produire entre le maire et sou fils. On
avait vu d’une part Fleury, Tondeur et Du
montier accourir dès le matin à la rue du
Marché et, au bout d’un temps très long,
sortir affairés, discutant et gesticulant»
D’autre part, Pascal s’était installé provi
soirement chez M* Malézeau, qui, brûlant
bravement ses vaisseaux, se déclarait pour
la famille de Clairefont.
Quelle aubaiae pour la petite ville dont lu
plate existence se traînait dans la monoto
nie, et qui, subitement, se trouvait agité©
par des émotions violentes ! Les langue©
marchaient bon train, et les commérages
prenaient des proportions à la fois effrayan
tes et risibles.
(A suivre)
PRÉFECTURE D’Ai.iiEH
DEPOT LEGAL
U/
Le numéro S centimes. ' . Vendredi, 18 septembre 188SJ
La Dépêche Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
Fjulnoe 6 1* 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent.
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Al*« *
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbill», chez M. Gdstavb ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G*®, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertioa des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 47 Septembre 4885.
Trop de Fleurs
Nos jeunes candidats intransigeants vien
nent enfin de nous donner de leurs nouvel
les. C’est bien à eux et nous les eu remer
cions du plus profond de notre cœur ; aussi
bien nous commencions à être inquiets sur
leur sort.
C’est de Bouïra que nous parvient la bon
ne nouvelle, par l’intermédiaire du Petit
Colon, écoute? :
« Un magnifique banquet a été offert par
» la population de Bouïra à MM. Marchai
» et Samary. On a eu l’attention — délica-
» te — d’illuminer l’hôtel où les deux invi-
» tés ont été reçus avec enthousiasme. »
Illumination, banquet et enthousiasme ! 1
C’est complet.
Espérons qu’à Aïu-Bessem ce sera du dé
lire et qu’à Aumale on leur dressera des
arcs-de-lriomphe.
Après la banquet, a eu lieu une réunion
où tout Bouïra assistait ; réunion cordiale
©t affectueuse , où le programme radical a
obtenu un franc succès.
' Combien cette réunion cordiale, affectueu
se! et enthousiaste laisse loin derrière elle
celle provoquée par MM. Bourlier et Letel-
lier et, où ces messieurs, ont essayé de faire
tant de bruit pour cacher leur défaite, mais
qui n’a eu d’autre résultat que de lasser les
électeurs, dont l’attitude était froide et hos
tile, alors qu’une ovation sincère a été faite
aux candidats Marchai et Samary.
Tout cela est raconté dans nn télégramme
que ces messieurs adressent au Petit Colon.
Décidément, ces virtuoses ont £un goût
pour le tam-tam et la fantasia.
Le saltimbanque sur ses tréteaux, faisant
un appel désespéré aux spectateurs, ne
tient pas un autre langage. Il vante ses
chiens errants, ses coursiers et ses écuyères,
tout comme ces messieurs de l’intransi
geance vantent leurs candidats.
Tous les colons sont avec nos amis !
s’écrie le correspondant du journal du can
didat Marchai.
« Ils reconnaissent et proclament partout
» que MM. Marchai et Samary ont pour
» eux Thounêteté, l’énergie, la connaissance
» du pays et le talent nécessaire pour les
» défendre. »
On le ne leur fait pas dire. Ils possèdent
tous les titres pour faire de bous et excel
lents députés et les colons pousseraient l’in
gratitude jusqu’à les laisser sur le carreau ?
Oh! jamais.
Au surplus, le correspondant du Petit
Colon n’a rien inventé et ces messieurs,
dans leur manifeste, nous ont fait connaître
qu’ils ont pris une part active, depuis plu
sieurs années, à toutes les importantes
questions du Conseil général, qu’ils ont
l’expérience des affaires publiques, qu’ils
connaissent les besoins du département et
qu’ils sont honnêtes.
La dépêche du Petit Colon est donc du
réchauffé et il sera nécessaire de trouver
autre chose pour continuer l’éclairage à
giorno et maintenir à son degré normal
l’enthousiasme des masses.
LES
ÉLECTIONS COMPLÉMENTAIRES
DE MUSTAPHA
Les élections municipales complémen
taires de Mustapha n’ont pas abouti diman
che dernier, par suite d’uu nombre trop
considérable d’abstentions. On s’explique
facilement la fatigue du corps électoral ap
pelé trop souvent à voter, mais il serait
très regrettable que dimanche prochain, au
second tour de scrutin, les électeurs ne se
couassent pas un peu leur apathie.
Dimanche, M. Armand, ex-secrétaire de
la Mairie, qui avait posé sa candidature, est
arrivé second avec 181 voix ; c'est peu et
c’est trop, car, eu admettant que l’on ne se
porte pas davantage au scrutin de ballot
tage, son succès serait assuré.
Or, nous n’hésitons pas à le dire, la no
mination de M. Armand, comme conseiller
municipal, serait un véritable malheur pour
la commune de Mustapha. Ce candidat, ap
puyé par le Radical, se présente, eu effet,
comme candidat de la protestation contre
un Maire autoritaire.
Obligé par ce Maire de donner sa démis
sion, M. Armand n’a qu’un but en tâchant
d’en devenir le collègue, faire échec à la
Municipalité et grouper autour de lui les
divers éléments d’opposition qui peuvent se
trouver dans le Conseil.
Or, l’intérêt de la commane est de ren
forcer la majorité actuelle du Conseil muni
cipal et non de l’affaiblir.
Le Conseil général aura dans sa prochaine
session à examiner la protestation de Mus
tapha contre la rèannexion demandée par
Alger, et il importe, on le comprendra faci
lement, de ne pas fournir contre cette pro
testation des arguments tirés de l’impuis
sance dans laquelle la commune de Mus
tapha serait de s’adminisirer elle-môme.
Or, c’est précisément ce que semblent cher
cher les radicaux du Conseil municipal de
Mustapha, en mettant à chaque occasion des
bâtons dans les roues, en enrayant la mar
che des affaires ; et le fait est d’autant plus
grave que, les plus acharnés à demander la
réannexion, sont précisément leurs collègues
en radicalisme du Conseil municipal d’Al
ger.
Dans ces conditions, nous estimons que
tous-, les électeurs qui cherchent la prospé
rité de la commune de Mustapha, doivent
écarter absolument le nom de M. Armand.
Du reste, jeudi soir, a lieu, sur l’initia
tive du Maire, une réunion publique, dans
laquelle tous les électeurs sont invités à ve
nir discuter contradictoirement les affaires
et la situation de la commune. C’est là un
grand exemple de libéralisme donné par
M. Francoz, et nous ne doutons pas que la
discussion ne fasse ressortir l’absolue néces
sité d’une entente et d’efforts communs en
vue de triompher des difficultés du moment.
Informations algériennes
On annonce la disparition prochaine de
l ’Indépendant de Mascara, journal rédigé
par M. Narcisse Faucon.
X
Le syndicat viuicole de Mostaganem pré
vient Messieurs les négociants qu’ils trouve
ront de très beaux vins de 10 à 12 degrés,
belle couleur, sans plâtre, quinze mille hec
tolitres environ.
S’adresser au bureau du syndicat.
Une liste de souscription pour l’érection
d’une statue à la mémoire du sergent du.
génie Bobillot, mort des suites de blessures
reçues glorieusement à Tuyen-Quan, circula
en ce moment à Bône.
X
M. Garaud, censeur des études (2 e classe)
au lycée d’Alger, est délégué, en la mémo
qualité, dans les fonctions de directeur du
petit lycée d’Alger (Ben-Aknoun), (emploi
nouveau).
M. Cazamian, censeur des études (1 M
classe) au lycée de Tours, est délégué dans
les fonctions de censeur des études (mémo
classe) au lycée d’Alger, en remplacement
de M. Garaud, délégué dans les fonctions d©
directeur du petit lycée d’Alger (Ben-
Aknoun).
X
M. Mathieu, professeur à titre provisoire
pour renseignement secondaire spécial
(physique) au lycée d’Aix, est nommé à
titre provisoire professeur pour l’enseigne
ment secondaire spécial (physique) au lycêa
de Constantine, en remplacement de M. Sage»
appelé à d’autres fonctions.
X
M. Firbach, préfet d’Alger, rentrant da
congé est arrivé à Alger, le 16 à 7 heures 1^4
du matin, à bord du paquebot traasatlauti-
que St-Augustin, venant de Port-Vendres.
Vite an Gongrès ! deux Congrès ! trais Congrès !
Nous empruntons au Tell l’article sui
vant :
« Les pauvres vieux du parti intransi
geant d’Alger ont été distancés en fumiste
rie par leurs élèves: Charles Marchai et
Samary. Ces deux êliacins se sont montrés*
plus habiles que Boutemaille, Lelièvre ai
môme que Basset.
» Us ont su conduire leurs anciens dans
un véritable traquenard presque entière
ment composé de leur amis et connaissan
ces, dans une réunion d’habitants des rues
Bab-Azoun et Bab-el-Oued qu’ils ont déco
rée du nom de Congrès des délégués de$
communes ; ils ont procuré une assez joli®
veste à l’ancien sénateur et un manteau
russe à cet infortuné maire de Bouïnan, qui
s’illustra jadis sur les champs de bataille du
Mexique.
» Mais les anciens du parti regimbent;
ils n’acceptent pas le petit tour d’escamota
ge qu’on leur a fait et protestent de leur
mieux contre l’ostracisme dont ils ont étA
l’objet. Le citoyen Boutemaille tant acclamé
à Rome et à Chêragas et qui n’a eu que 4
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 64.
LA
GRANDE HARNIËRE
PAR
Georges OHNET
— Allons donc ! ricana le banquier. Avec
quel argent ?
— Avec le mien !
La maison en s’écroulant n’aurait pas
produit un plus formidable effet.
— As-tu bien réfléchi, bégaya Carvajan,
à ce que tu viens de dire ?
— Oui, mou père, comme vous à ce que
vous voulez faire !
— Tu contrecarreras mes projets ?
— Je ne reculerai devant rien pour empê
cher une spoliation indigne !
— Où prends-tu l’audace de me parler
ainsi ?
— Dans l’horreur que vos actes m’ins
pirent 1
A ces mots, Carvajan s’avança menaçant
et terrible. Il parut grandir, son visage fut
bouleversé par une colère sauvage. Debout,
tout noir, les doigts crochus comme des
Î riffes, ses yeux jaunes étincelant comme
e l’or, on l’eût pris pour le génie du mai.
— Ahl c’est ainsi ! cria-t-il. Ah ! tu me
«•naces et tu m’outrages ! Eh bien \ ceux
que tu veux défendre, je les poursuivrai
sans pitié. Ah! ils ont cru opérer une diver
sion triomphante en t’attirant à eux ? Ils
ont espéré que je m’arrêterais pour ne pas
te combattre? Us verront ce que je peux
quand on me brave ! Le beau protecteur
qu’ils ont là !... Tu es bien hardi d’oser te
frotter à ton père ! Ah ! ah ! mon garçon,
j’en ai maté de plus forts que toi, et tu con
naîtras la poigne de Carvajan!... Imbé
cile, qui croit à tout ce que ces Clairefont
lui ont promis !... Mais ce sont des hypo -
crites!.,. Us se servent de toi... Us t’ont
amorcé avec la fille... Tu n’y as vu que du
feu... Ah! elle n’est pas avare de gentil
lesses. .. Demande à l’officier !... Mais elle
ne peut que te mépriser : un homme de
rien, le fils de ton père, un monsieur qui
n’est pas « de » quelque chose !... Quand
tu auras tiré les marrons du feu, ou te
chassera comme un laquais! Voyons, com
prends doue les choses... Pascal... mou
ami 1... Je ne te trompe pas, moi, je suis
franc et sincère... Tu cours à un camouflet
certain... Tu auras manqué à tous tes de
voirs, renié ton père, et tu resteras avec ta
courte honte!... Hein! tu m’écoutes?.
Réponds-moi... Tu es là, les yeux fixes.
M’entends-tu?... Voyons, veux-tu parier ?
Tu n’as pas la bouche cousue... Promets-
moi de réfléchir... Ne donne pas des cen
taines de mille francs comme ça... Sacre-
dié ! C’est difficile à gagner, l’argent... Ah !
ils ne seraient pas longs à te fricoter le tien !
Pascal... Pascal 1...
Il s’approcha du jeune homme, le prit
dans ses bras, le serra, le caressa, lui par
lant avec tendresse, avec éloquence, va
riant ses intonations, ardent à le convain
cre et à le séduire. U le trouva insensible,
muet et sourd, cuirassé par sa volonté.
Alors, bavant de colère, Carvajan cria :
— Hors d’ici, misérable ! Je te chasse !
Infâme qui vend son père, qui l’assassine !
Oui, tu me tues ! Si je ne vois pas ces Clai
refont dans le ruisseau, je meurs : je n’ai
vécu que pour cette heure-là, où je les tien
drai abattus, écrasés, sous mes talons !...
Et tu me voles ce bonheur tant attendu !...
Va-t’eu... Va-t’en donc! Je te ferais du
mal !
— Mou père !... supplia Pascal.
— Je te défends de m’appeler ton père...
Le suis-je d’abord ? J’en doute en voyant
comment tu agis.
Le jeune homme demeura muet d’horreur
devant cette fureur qui ne reculait devant
aucune menace, devant aucun blasphème.
Il fit un geste de désespoir et se dirigea vers
la porte. Son père y fut en même temps que
lui, prêt à un derqier effort :
— Pascal... Eh bien ! au moins, transi
geons, dit-il, les yeux égarés, mais le cer
veau lucide... Ne paie pas... Et je les lais
se en repos...
— Non, mon père, je n’ai plus confiance
en vous... Vous me tromperiez.
Les cheveux gris de Carvajan se hérissè
rent sur sou crâne ; il voulut frapper son
fils : ses bras retombèrent sans force. Il
essaya de crier, d’insulter, il ne put que
balbutier ;
— Si ta mère était là, elle te maudi-
rait !...
— Non, mou père, dit le jaune homme»
qui releva la tête avec orgueil.
Et, laissant le vieillard ivre de rage im-
puissante, il sortit.
Le lendemain, avec une surprise et un©
satisfaction à peu près égales, la population;
de la Neuville apprit que la querelle entrer
Clairefont et Carvajan allait prendre un©
face nouvelle, grâce à la rupture qui venait
de se produire entre le maire et sou fils. On
avait vu d’une part Fleury, Tondeur et Du
montier accourir dès le matin à la rue du
Marché et, au bout d’un temps très long,
sortir affairés, discutant et gesticulant»
D’autre part, Pascal s’était installé provi
soirement chez M* Malézeau, qui, brûlant
bravement ses vaisseaux, se déclarait pour
la famille de Clairefont.
Quelle aubaiae pour la petite ville dont lu
plate existence se traînait dans la monoto
nie, et qui, subitement, se trouvait agité©
par des émotions violentes ! Les langue©
marchaient bon train, et les commérages
prenaient des proportions à la fois effrayan
tes et risibles.
(A suivre)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.81%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.81%.
- Auteurs similaires Robe Eugène Robe Eugène /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Robe Eugène" or dc.contributor adj "Robe Eugène")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t5448468/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t5448468/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t5448468/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t5448468/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t5448468
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t5448468
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t5448468/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest