Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-19
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 septembre 1885 19 septembre 1885
Description : 1885/09/19 (A1,N65). 1885/09/19 (A1,N65).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544847m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Le numéro SS
n'iEl :
n* ai., ge h
Première année. — N° 65
oentim es.
hi-:i'or
I.EGiU.
i
Samedi, 19 septembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN!
(
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les eommnnications relatives aox annnonces et réclames doivent, us-
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Al*œr,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbillk, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, A :
A Paris, chez'MM. AUDBOURG et C*«, place de la Bourse, iO,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et aut^s exigées pour la ■validité des procédures et contrats
Alger, le 4 8 Septembre 1885.
15W—— ■ a,mm
Notre feuilleton, LA GRANDE
MARNIÈRE, tirant à sa fin, nous
commencerons prochainement :
Les Drames de l’Honneur
Roman dû à la plume autorisée de
MM. Racot et Georges Pradel qui
occupent actuellement une haute place
dans le journalisme parisien.
Cette œuvre remplie de situations
«mouvantes est d’un intérêt poignant
du prologue à l’épilogue.
L’intrigue serrée, s’il en fut, est
menée avec une habilité hors de pair ;
les situations palpitantes s’y placent à
chaque instant et l’intérêt ne fait que
croître pour arriver au paroxysme de
Tcmotionnant.
Nous ne préjugeons pas en affirmant
que nos lecteurs feront un excellent
accueil à ce drame aussi élégamment
écrit qu’intéressant.
CHRONIQUEjLECTÜLE
Le scrutin du 4 octobre, s’annonce sous
les meilleures auspices et tc-ut nous donne
le droit d'espérer que les trois départements
algériens, enverront, à la Chambre, six dé
putés ayant pour mission d’aller renforcer
la majorité républicaine gouvernementale.
Dans le département d’A.lger, grâce à l’am-
îjition hâtive de deux jeunes gens qui s’in
titulent modestement, des lutteurs infati
gables, nous n’avons pas à craindre le
succès du seul candidat intransigeant qui,
par soa passé, pouvait être redoutable.
L’égoïsme de MM. Marchai et Samary l’a
emporté sur ie respect et la reconnaissance.
M. Lelièvre est trahi par les intransi
geants de la dernière heure : les Gineste»
les Fallet, les Figarol, et surtout par ses
deux jeunes amis, devenus ses rivaux.
***
Après avoir visité toutes les villes et tous
Ls centres de l’Est du département et y
avoir reçu partout, un accueil qui présage la
victoire, nos deux candidats visitent l’Ouest
et y reçoivent le même accueil ; à Orléans-
ville, à Charron, à Malakoff ils ont obtenu
un légitime succès. Il eu sera de même à
Alger.
Ou peut en dire autant du département
d’Oran. Nul ne doute assurément du succès
d’Etienne, ce n’est pas la majorité qu’il ob
tiendra, mais la presque unanimité des suf
frages. M. Dessoliers le suivra de près, sa
politiqoe étant la môme que celle de son
ami. Oo peut remarquer d’ailleurs que de
puis qu’Etienne et Dessoliers sont entrés en
campagne, on n’entend plus parler de l’idéo
logue Sabatier et de sa politique anti- colo-
looiale.
A Constantine, la lutte est plus chaude
pareeque les intransigeants y sont, non pas
plus nombreux, mais plus tapageurs.
Il y a, d’ailleurs, à la tête du parti intran
sigeant quelques personnages qui, s’ils n’ont
pas droit au prix Monthyon, sont fort intel
ligents.
M. Fawtier a, dit-on, la parole assez sé
duisante, on l’applaudit volontiers, mais on
se garde bien de le suivre et encore moins
de voter pour lui. On sait que les convic
tions sont absentes chez lui et l’estime dont
veut bien l’honorer M. Forcioli, ne suffira
pas à détruire la mauvaise opinion qu’on a
de lui dans la province de Constantine et
môme dans les deux autres.
M. Forcioli, d’ailleurs, n’est pas de force
à jouer dans le département de Constantine,
le rôle que joue M. Etienne dans le départe
ment d’Oran. Il s’en faut. Je crois même
qu’il a été bien téméraire en acceptant la
candidature à côté de celle de M. Fawtier.
Il court ainsi à une défaite à peu près
certaine et qui aura pour conséquence for
cée sa démission de sénateur.
[donnations algériennes
Après avoir quitté Tiemcen, M. Etienne a
visité, dimanche, Teray, Sebdou et Lamori-
cière, il a recueilli partout l’adhésion affec
tueuse des électeurs.
M. Courtot, maire de Lamoricière, est
venu au-devant de M. Etienne jusqu’à
Aïn-Isser, et à sou arrivée à Lamoricière,
un grand banquet était offert au député,
par M. Courtot et chez lui.
Aujourd’hui, M. Etienne visite Zarouela,
Sidi-Brahim, les Trembles, Sidi-Khaled,
Bou-Kanefis, Tabla et Chanzy. Il sera mer
credi au Téiagh et à la Téuira.
X
Nous apprenons le départ pour Tébessa
de M Tournade, docteur militaire à Souk-
Ahras. Il est remplacé par M. le docteur
Yilligens, de Boue.
X
Nous apprenons qu’en vue des futurs tra
vaux du chemin de fer de Souk-Ahras à
Tébessa, un service de diligences va être
établi entre Bône et Souk-Ahras.
Nous ne pouvons que faire des vœux pour la
réalisation de ce projet qui, eu augmentant
encore les moyens de communication avec
Bône, rendrait les plus grands services à
Souk-Ahras.
X
Les rues de Tunis vont être enfin dotées
de plaques indicatrices et les maisons de
numéros.
L’importante commande que la munici
palité avait faite à une des premières mai
sons de France vient d’être livrée et, à la
fin de la semaine dernière, les plaques arri
vaient à Tunis.
Elles sont en métal à fond bleu émaillé,
les lettres sont en blanc.
X
Le Conseil municipal de Bllda a voté un
emprunt de 40,900 francs pour la construc
tion de quatre écoles primaires.
X
L’Officiel Tunisien publie un décret met
tant à la charge des propriétaires les frais
de fourniture et de pose des plaques de nu
méros des maisons de la ville de Tunis. Le
prix est de 2 piastres, 1,25 par plaque.
X
Le même journal publie un décret éten
dant la compétence des tribunaux français
de la Régence.
Nous donnerons dans un prochain numéro
le texte de ce décret.
X
M. Rossi est attaché eu qualité de con
ducteur des Ponts-et-Chaussées au service
des travaux publics de la Régence.
—-
Correspondance oranaise
Oran, le 16 septembre 1885.
Hier au soir, réunion du Conseil munici
pal pour la continuation de la session ordi
naire.
L’ordre du jour contient de nombreuses
questions dont les plus importantes, telles
que l’étude d’une gare centrale, du cahier
des charges des Pompes funèbres,du compte
administratif de 1884 et l’affermage des
eaux de la ville, ont été renvoyées à la
séance de vendredi prochain.
D'ici là, le Maire est prié de faire savoir
par la vo e de la presse que la Commission
chargée de s’occuper de la création d’une
gare centrale, se réunira cette semaine pour
l’étude de cette question et serait heureuse
de recevoir tous les projets qu’on voudra lui
soumettre à ce sujet.
Le rapporteur de la Commission des éco
les, M. Djian, a lu un rapport sur l’origine
et le développement de la bibliothèque po
pulaire de la Mosquée, dont je détache la
passage suivant Puisse sa lecture intéresser
nos jeunes instituteurs et les stimuler.
« Fondée en mai 1882, dit le rapporteur,
à la suite d’une conférence faite par son
créa'eurM. Renard, la Bibliothèque popu
laire de la Mosquée prit bien vite sous sa
direction une extension de jour en jour plus
grande.
» Aujourd’hui elle compte 1,300 volume®
tous reliés, et la subvention de 600 francs,
votée par le Conseil municipal pour l’année
1885, reste à employer.
» Une nouvelle armoire vient d’être acquise
et M. Renard pense qu’elle ne tardera pas
à se remplir de livres.
» Du 19 octobre 1882, date de son ouverture,
au 1 er septembre de l’année courante, la Bi
bliothèque a prêté 18,000 volumes.
» Les diverses catégories de lecteurs qui
fréquentent cette bibliothèque, peuvent se
répartir ainsi :
» Citoyens de toutes professions, 58 0/0r.
» Dames ou demoiselles, 12 0/0.
» Jeunes gens (élèves du collège, des éco
les communales et libres), 17 0/0.
» Militaires de la garnison, 13 0/0.
» Ou voit par ce petit exposé combien de
services la Bibliothèque populaire de la
Mosquée rend à toutes les classes de notre
population.
o La prospérité de cette œuvre est due tout
entière au zèle et à l’activité de soa fonda
teur, M Renard.
» Elle est l’objet de ses plus constantes
préoccupations et on peut dire qu’il lui cou-
/ . | r ' ■—
Feuilleton de LA DÊPÊCIIE ALGÉRIENNE
n° 65.
Les Dumontier avaient raconté aux Le-
glorieux que Pascal, affolé par Antoinette
de Clairefont, avait osé tenir tête à son père,
et cette confidence, embellie par les Leglo-
rieux de quelques broderies de leur façon,
tournait maintenant à la calomnie. On di
sait courammennt que Pascal, surpris avec
la demoiselle du château, avait été chassé
par le bauquier indigné. Il avait presque
fallu arracher Carvajan des mains de
son fils qui voulait gl’étrangler. Aurait-on
jamais attendu de tels excès de ce jeune
Momme qui paraissait si convenable ? Ab !
la démoralisation marchait bien ! Autrefois
®n n’aurait pas vu ça ! Mais la punition se
rait exemplaire, et ces intrigants de Claire
font ne gagneraient rien à avoir fomenté
la discorde, car le maire, qui les avait mé
nagés jusque-là, était maintenant décidé à
les accabler. Il savait des choses décisives
sar l’affaire du jeune comte, et il les dirait :
•a pouvait compter au moins sur une con
damnation aux travaux forcés à perpétuité,
la faiblesse des juges ne permettant pas
d’espérer une condamnation à mort. Et, le
jour même du procès, le domaine de Clai
refont, vendu à l’audience des criées, serait
adjugé à Carvajan.
Un autre récit, favorable, celui-là, à Pas
cal, mais tout aussi gros d’inexactitudes,
était mis eu circulation par les partisans du
château :
— Ah ! le maire était dans de beaux
draps, et il allait sans doute être révoqué,
car il avait fait prêter par des hom
mes de paille de l’argent à cinquante
pour cent à ce pauvre innocent de marquis.
De plus, il connaissait le véritable assassin
de Rose Chassevent, et il l’avait fait passer
en pays étranger pour le soustraire à l’action
de la justice, et perdre plus sûrement le
malheureux Robert, qui était innocent, mes
amis, comme l’enfaDt qui vient de naître.
Pascal avait tout découvert, et. indigné, il
avait voulu forcer son père à entrer en ar
rangement avec le marquis et à dénoncer le
vrai coupable. Mais Carvajan avait résisté :
alors le fils était parti, en déclarant qu’il
défendrait lai-môme Robert de Clairefont en
cour d’assises, et saurait bien empêcher la
vente du domaine.
La Neuville, en deux jours, avait perdu
sa physionomie habituelle. Ce n’était plus
la petite cité tranquille et somnolente, dont
les habitants traînaillaient leurs plaisirs ou
leurs affaires, s’efforçant de tuer le temps
qui leur paraissait long. Tout était en mou
vement et en rumeur. Les rues, ordinaire
ment désertes, s’emplissaient du matin au
soir de curieux et de bavards, s’informant
de porte en porte, discourant, bataillant,
qui pour le maire, qui pour le marquis. Et,
ce qu’ou ne se rappelait pas avoir vu de
mémoire d’homme, des paris s’engageaient
sur le résultat de la lutte.
Les femmes se prononçaient pour le mar
quis. Pascal avait emporté avec lui toutes
les sympathies des âmes sensibles. Il ai
mait ! Etait-il rien de plus intéressant ?
Les hommes, plus à terre, et connaissant
par expérience la terrible puissance du
maire, hochaient la tête, augurant mal du
résultat pour M. de Clairefont et pour sou
fils : « On ne résiste pas à Carvajan, chu
chotaient-ils de la bouche à l’oreille : quand
ses intérêts sont en jeu, il est capable de
tout. Et, cette fois, il y a, en plus, sou or
gueil qui est de la partie. Pascal est un
honnête et brave garçon, mais il sera brisé
comme un brin d herbe. Dans quelle diable
d’affaire s'embarque-t-il, pour des gens qui
ne lui sont de rien ? Feu d’amour, feu de
paille ! Un petit tour de six semaines lui
aurait fait oublier la belle Antoinette. Et il
ne se serait pas brouillé à jamais avec son
père ! »
Les oisifs allaient rôder autour de la
maison de la rue du Marché pour tâcher de
surprendre quelques détails nouveaux. Mais
le triste logis restait silencieux, pas un pli
de rideau ne bougeait, la porte demeurait
close, et Carvajan, enfermé chez lui, ne
montrait pas au dehors son visage sombre.
Jamais cœur humain n’avait été rongé par
une colère plus effroyable. Depuis le départ
de son fils, le tyran de La Neuville n’avait
ni dormi ni mangé. Il avait passé la nuit
et le jour à arpenter son cabinet d’un pas
furieux, dépensant dans un mouvement
acharné toutes les violences qui bouillon
naient en lui. Malézeau lui avait fait savoir
qu’il venait de toucher pour son . compte, et
de mettre à son crédit, le montant des som
mes, capital, intérêts et frais, dont était dé
biteur le marquis de Clairefont.
Ainsi c’était fini, et l’œuvre patiente d®
trente années se trouvait ruinée en un ins
tant, Le clerc qui apportait la lettre du no
taire s’était enfui, épouvanté par l’explosion
d’une de ces rages populacières, où les gros,
mots tombaient des lèvres de l’ancien com
mis de Gâtelier, comme la fange déborde
du ruisseau. La servante, entendant un
bruit terrible dans le cabinet de son maître»
avait craint pour lui une attaque d’apo
plexie, et s’était hasardée à entr’ouvrir la
porte. Elle avait aperçu Carvajan blême,,
écumant, qui frappait ses meubles à grands
coups en les accablant d’injures II l’avait
vue et s’était élancé sur elle en criant :
— Tu oses m’espionner ! Ya-t’en, idiote,
ou je t’écrase 1
Tremblante comme la feuille, la petite s’é
tait réfugiée dans sa cuisine et. le soir mê
me, avait raconté l’incident aux eommères
du marché.
— Bonne sainte Vierge ! quel homme 1 II
était quasiment fou ! Il grinçait des dents...
J’en ai été toute épouffàe... Je ne voudrais
pas être dans la chemise de ses ennemis.
Marchez !
(A suivre)*
LA
GMIDE MARMÈRE
PAR
Georges OHNET
n'iEl :
n* ai., ge h
Première année. — N° 65
oentim es.
hi-:i'or
I.EGiU.
i
Samedi, 19 septembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN!
(
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les eommnnications relatives aox annnonces et réclames doivent, us-
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Al*œr,
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbillk, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, A :
A Paris, chez'MM. AUDBOURG et C*«, place de la Bourse, iO,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et aut^s exigées pour la ■validité des procédures et contrats
Alger, le 4 8 Septembre 1885.
15W—— ■ a,mm
Notre feuilleton, LA GRANDE
MARNIÈRE, tirant à sa fin, nous
commencerons prochainement :
Les Drames de l’Honneur
Roman dû à la plume autorisée de
MM. Racot et Georges Pradel qui
occupent actuellement une haute place
dans le journalisme parisien.
Cette œuvre remplie de situations
«mouvantes est d’un intérêt poignant
du prologue à l’épilogue.
L’intrigue serrée, s’il en fut, est
menée avec une habilité hors de pair ;
les situations palpitantes s’y placent à
chaque instant et l’intérêt ne fait que
croître pour arriver au paroxysme de
Tcmotionnant.
Nous ne préjugeons pas en affirmant
que nos lecteurs feront un excellent
accueil à ce drame aussi élégamment
écrit qu’intéressant.
CHRONIQUEjLECTÜLE
Le scrutin du 4 octobre, s’annonce sous
les meilleures auspices et tc-ut nous donne
le droit d'espérer que les trois départements
algériens, enverront, à la Chambre, six dé
putés ayant pour mission d’aller renforcer
la majorité républicaine gouvernementale.
Dans le département d’A.lger, grâce à l’am-
îjition hâtive de deux jeunes gens qui s’in
titulent modestement, des lutteurs infati
gables, nous n’avons pas à craindre le
succès du seul candidat intransigeant qui,
par soa passé, pouvait être redoutable.
L’égoïsme de MM. Marchai et Samary l’a
emporté sur ie respect et la reconnaissance.
M. Lelièvre est trahi par les intransi
geants de la dernière heure : les Gineste»
les Fallet, les Figarol, et surtout par ses
deux jeunes amis, devenus ses rivaux.
***
Après avoir visité toutes les villes et tous
Ls centres de l’Est du département et y
avoir reçu partout, un accueil qui présage la
victoire, nos deux candidats visitent l’Ouest
et y reçoivent le même accueil ; à Orléans-
ville, à Charron, à Malakoff ils ont obtenu
un légitime succès. Il eu sera de même à
Alger.
Ou peut en dire autant du département
d’Oran. Nul ne doute assurément du succès
d’Etienne, ce n’est pas la majorité qu’il ob
tiendra, mais la presque unanimité des suf
frages. M. Dessoliers le suivra de près, sa
politiqoe étant la môme que celle de son
ami. Oo peut remarquer d’ailleurs que de
puis qu’Etienne et Dessoliers sont entrés en
campagne, on n’entend plus parler de l’idéo
logue Sabatier et de sa politique anti- colo-
looiale.
A Constantine, la lutte est plus chaude
pareeque les intransigeants y sont, non pas
plus nombreux, mais plus tapageurs.
Il y a, d’ailleurs, à la tête du parti intran
sigeant quelques personnages qui, s’ils n’ont
pas droit au prix Monthyon, sont fort intel
ligents.
M. Fawtier a, dit-on, la parole assez sé
duisante, on l’applaudit volontiers, mais on
se garde bien de le suivre et encore moins
de voter pour lui. On sait que les convic
tions sont absentes chez lui et l’estime dont
veut bien l’honorer M. Forcioli, ne suffira
pas à détruire la mauvaise opinion qu’on a
de lui dans la province de Constantine et
môme dans les deux autres.
M. Forcioli, d’ailleurs, n’est pas de force
à jouer dans le département de Constantine,
le rôle que joue M. Etienne dans le départe
ment d’Oran. Il s’en faut. Je crois même
qu’il a été bien téméraire en acceptant la
candidature à côté de celle de M. Fawtier.
Il court ainsi à une défaite à peu près
certaine et qui aura pour conséquence for
cée sa démission de sénateur.
[donnations algériennes
Après avoir quitté Tiemcen, M. Etienne a
visité, dimanche, Teray, Sebdou et Lamori-
cière, il a recueilli partout l’adhésion affec
tueuse des électeurs.
M. Courtot, maire de Lamoricière, est
venu au-devant de M. Etienne jusqu’à
Aïn-Isser, et à sou arrivée à Lamoricière,
un grand banquet était offert au député,
par M. Courtot et chez lui.
Aujourd’hui, M. Etienne visite Zarouela,
Sidi-Brahim, les Trembles, Sidi-Khaled,
Bou-Kanefis, Tabla et Chanzy. Il sera mer
credi au Téiagh et à la Téuira.
X
Nous apprenons le départ pour Tébessa
de M Tournade, docteur militaire à Souk-
Ahras. Il est remplacé par M. le docteur
Yilligens, de Boue.
X
Nous apprenons qu’en vue des futurs tra
vaux du chemin de fer de Souk-Ahras à
Tébessa, un service de diligences va être
établi entre Bône et Souk-Ahras.
Nous ne pouvons que faire des vœux pour la
réalisation de ce projet qui, eu augmentant
encore les moyens de communication avec
Bône, rendrait les plus grands services à
Souk-Ahras.
X
Les rues de Tunis vont être enfin dotées
de plaques indicatrices et les maisons de
numéros.
L’importante commande que la munici
palité avait faite à une des premières mai
sons de France vient d’être livrée et, à la
fin de la semaine dernière, les plaques arri
vaient à Tunis.
Elles sont en métal à fond bleu émaillé,
les lettres sont en blanc.
X
Le Conseil municipal de Bllda a voté un
emprunt de 40,900 francs pour la construc
tion de quatre écoles primaires.
X
L’Officiel Tunisien publie un décret met
tant à la charge des propriétaires les frais
de fourniture et de pose des plaques de nu
méros des maisons de la ville de Tunis. Le
prix est de 2 piastres, 1,25 par plaque.
X
Le même journal publie un décret éten
dant la compétence des tribunaux français
de la Régence.
Nous donnerons dans un prochain numéro
le texte de ce décret.
X
M. Rossi est attaché eu qualité de con
ducteur des Ponts-et-Chaussées au service
des travaux publics de la Régence.
—-
Correspondance oranaise
Oran, le 16 septembre 1885.
Hier au soir, réunion du Conseil munici
pal pour la continuation de la session ordi
naire.
L’ordre du jour contient de nombreuses
questions dont les plus importantes, telles
que l’étude d’une gare centrale, du cahier
des charges des Pompes funèbres,du compte
administratif de 1884 et l’affermage des
eaux de la ville, ont été renvoyées à la
séance de vendredi prochain.
D'ici là, le Maire est prié de faire savoir
par la vo e de la presse que la Commission
chargée de s’occuper de la création d’une
gare centrale, se réunira cette semaine pour
l’étude de cette question et serait heureuse
de recevoir tous les projets qu’on voudra lui
soumettre à ce sujet.
Le rapporteur de la Commission des éco
les, M. Djian, a lu un rapport sur l’origine
et le développement de la bibliothèque po
pulaire de la Mosquée, dont je détache la
passage suivant Puisse sa lecture intéresser
nos jeunes instituteurs et les stimuler.
« Fondée en mai 1882, dit le rapporteur,
à la suite d’une conférence faite par son
créa'eurM. Renard, la Bibliothèque popu
laire de la Mosquée prit bien vite sous sa
direction une extension de jour en jour plus
grande.
» Aujourd’hui elle compte 1,300 volume®
tous reliés, et la subvention de 600 francs,
votée par le Conseil municipal pour l’année
1885, reste à employer.
» Une nouvelle armoire vient d’être acquise
et M. Renard pense qu’elle ne tardera pas
à se remplir de livres.
» Du 19 octobre 1882, date de son ouverture,
au 1 er septembre de l’année courante, la Bi
bliothèque a prêté 18,000 volumes.
» Les diverses catégories de lecteurs qui
fréquentent cette bibliothèque, peuvent se
répartir ainsi :
» Citoyens de toutes professions, 58 0/0r.
» Dames ou demoiselles, 12 0/0.
» Jeunes gens (élèves du collège, des éco
les communales et libres), 17 0/0.
» Militaires de la garnison, 13 0/0.
» Ou voit par ce petit exposé combien de
services la Bibliothèque populaire de la
Mosquée rend à toutes les classes de notre
population.
o La prospérité de cette œuvre est due tout
entière au zèle et à l’activité de soa fonda
teur, M Renard.
» Elle est l’objet de ses plus constantes
préoccupations et on peut dire qu’il lui cou-
/ . | r ' ■—
Feuilleton de LA DÊPÊCIIE ALGÉRIENNE
n° 65.
Les Dumontier avaient raconté aux Le-
glorieux que Pascal, affolé par Antoinette
de Clairefont, avait osé tenir tête à son père,
et cette confidence, embellie par les Leglo-
rieux de quelques broderies de leur façon,
tournait maintenant à la calomnie. On di
sait courammennt que Pascal, surpris avec
la demoiselle du château, avait été chassé
par le bauquier indigné. Il avait presque
fallu arracher Carvajan des mains de
son fils qui voulait gl’étrangler. Aurait-on
jamais attendu de tels excès de ce jeune
Momme qui paraissait si convenable ? Ab !
la démoralisation marchait bien ! Autrefois
®n n’aurait pas vu ça ! Mais la punition se
rait exemplaire, et ces intrigants de Claire
font ne gagneraient rien à avoir fomenté
la discorde, car le maire, qui les avait mé
nagés jusque-là, était maintenant décidé à
les accabler. Il savait des choses décisives
sar l’affaire du jeune comte, et il les dirait :
•a pouvait compter au moins sur une con
damnation aux travaux forcés à perpétuité,
la faiblesse des juges ne permettant pas
d’espérer une condamnation à mort. Et, le
jour même du procès, le domaine de Clai
refont, vendu à l’audience des criées, serait
adjugé à Carvajan.
Un autre récit, favorable, celui-là, à Pas
cal, mais tout aussi gros d’inexactitudes,
était mis eu circulation par les partisans du
château :
— Ah ! le maire était dans de beaux
draps, et il allait sans doute être révoqué,
car il avait fait prêter par des hom
mes de paille de l’argent à cinquante
pour cent à ce pauvre innocent de marquis.
De plus, il connaissait le véritable assassin
de Rose Chassevent, et il l’avait fait passer
en pays étranger pour le soustraire à l’action
de la justice, et perdre plus sûrement le
malheureux Robert, qui était innocent, mes
amis, comme l’enfaDt qui vient de naître.
Pascal avait tout découvert, et. indigné, il
avait voulu forcer son père à entrer en ar
rangement avec le marquis et à dénoncer le
vrai coupable. Mais Carvajan avait résisté :
alors le fils était parti, en déclarant qu’il
défendrait lai-môme Robert de Clairefont en
cour d’assises, et saurait bien empêcher la
vente du domaine.
La Neuville, en deux jours, avait perdu
sa physionomie habituelle. Ce n’était plus
la petite cité tranquille et somnolente, dont
les habitants traînaillaient leurs plaisirs ou
leurs affaires, s’efforçant de tuer le temps
qui leur paraissait long. Tout était en mou
vement et en rumeur. Les rues, ordinaire
ment désertes, s’emplissaient du matin au
soir de curieux et de bavards, s’informant
de porte en porte, discourant, bataillant,
qui pour le maire, qui pour le marquis. Et,
ce qu’ou ne se rappelait pas avoir vu de
mémoire d’homme, des paris s’engageaient
sur le résultat de la lutte.
Les femmes se prononçaient pour le mar
quis. Pascal avait emporté avec lui toutes
les sympathies des âmes sensibles. Il ai
mait ! Etait-il rien de plus intéressant ?
Les hommes, plus à terre, et connaissant
par expérience la terrible puissance du
maire, hochaient la tête, augurant mal du
résultat pour M. de Clairefont et pour sou
fils : « On ne résiste pas à Carvajan, chu
chotaient-ils de la bouche à l’oreille : quand
ses intérêts sont en jeu, il est capable de
tout. Et, cette fois, il y a, en plus, sou or
gueil qui est de la partie. Pascal est un
honnête et brave garçon, mais il sera brisé
comme un brin d herbe. Dans quelle diable
d’affaire s'embarque-t-il, pour des gens qui
ne lui sont de rien ? Feu d’amour, feu de
paille ! Un petit tour de six semaines lui
aurait fait oublier la belle Antoinette. Et il
ne se serait pas brouillé à jamais avec son
père ! »
Les oisifs allaient rôder autour de la
maison de la rue du Marché pour tâcher de
surprendre quelques détails nouveaux. Mais
le triste logis restait silencieux, pas un pli
de rideau ne bougeait, la porte demeurait
close, et Carvajan, enfermé chez lui, ne
montrait pas au dehors son visage sombre.
Jamais cœur humain n’avait été rongé par
une colère plus effroyable. Depuis le départ
de son fils, le tyran de La Neuville n’avait
ni dormi ni mangé. Il avait passé la nuit
et le jour à arpenter son cabinet d’un pas
furieux, dépensant dans un mouvement
acharné toutes les violences qui bouillon
naient en lui. Malézeau lui avait fait savoir
qu’il venait de toucher pour son . compte, et
de mettre à son crédit, le montant des som
mes, capital, intérêts et frais, dont était dé
biteur le marquis de Clairefont.
Ainsi c’était fini, et l’œuvre patiente d®
trente années se trouvait ruinée en un ins
tant, Le clerc qui apportait la lettre du no
taire s’était enfui, épouvanté par l’explosion
d’une de ces rages populacières, où les gros,
mots tombaient des lèvres de l’ancien com
mis de Gâtelier, comme la fange déborde
du ruisseau. La servante, entendant un
bruit terrible dans le cabinet de son maître»
avait craint pour lui une attaque d’apo
plexie, et s’était hasardée à entr’ouvrir la
porte. Elle avait aperçu Carvajan blême,,
écumant, qui frappait ses meubles à grands
coups en les accablant d’injures II l’avait
vue et s’était élancé sur elle en criant :
— Tu oses m’espionner ! Ya-t’en, idiote,
ou je t’écrase 1
Tremblante comme la feuille, la petite s’é
tait réfugiée dans sa cuisine et. le soir mê
me, avait raconté l’incident aux eommères
du marché.
— Bonne sainte Vierge ! quel homme 1 II
était quasiment fou ! Il grinçait des dents...
J’en ai été toute épouffàe... Je ne voudrais
pas être dans la chemise de ses ennemis.
Marchez !
(A suivre)*
LA
GMIDE MARMÈRE
PAR
Georges OHNET
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