Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-15
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 septembre 1885 15 septembre 1885
Description : 1885/09/15 (A1,N61). 1885/09/15 (A1,N61).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448437
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 61.
PRÉFÊCTUÜF.
Le numéro S centimes.
D'AUEfi
Mardi, 15 septembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
Ci ai
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclames doives*, «h,
Algérie, être adressées à l'AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Algee „
En France, les communications sont reçues savoir :
Algérie...
France....
4.50 9
O 12
18
24
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, ehez MM. AUDB0UR6 et C‘*, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 44 Septembre 4885.
LES HOMMES DD JOUR
XXX Vil!
M. JULES ROCHE
DÉPUTÉ DU VAR
Après le formidable succès que Tient de
remporter dans le Var M. Jules Roche, eu
rendaut compte de sou mandat, nous ne
pouvons mieux faire que donner la biogra
phie de cet homme politique jeune encore,
mais qni a su prendre au Parlement, dans
un espace de temps relativement court, une
place considérable.
M. Jules Roche, né à Serrière, le 22 mai
1841, est le neveu de l’évôque de Gap, mort
en 1880. Elève du collège Stanislas, il fit ses
études de droit à Paris, s’inscrivit au bar
reau de Lyon et fut candidat de l’opposition
aux élections de 1868 pour le Conseil géné
ral de l’Ardèche. Il devint, en 1870, rédac-
cteur en chef du journal de Y Ardèche, où il
combattit l’empire.
Nommé secrétaire général à Privas, après
le 4 septembre, il se porta aux élections de
lévrier 1871, pour l’assemblée nationale et
échoua avec la liste républicaine, mais
réunit environ 26,000 voix. Révoqué alors de
ses fonctions de secrétaire général de l’Ar
dèche, il fut réintégré dans l’administration
au mois de mai, comme secrétaire général
du Var, fonctions qu’il perdit l’année sui
vante.
De 1874 à 1876, il fut rédacteur de jour
naux républicains dans le Jura, puis dans
la Savoie ; il vint ensuite à Paris, fut rédac
teur du Petit Parisien, du Siècle, puis du
Rappel, et entra au journal de M. Clémen-
ceau, la Justice, lors de sa fondation. Elu,
©u 1879, conseiller municipal de Paris, pour
le quartier do Bercy, il siégea à l’extrême
gauche, fut rapporteur du budget des cultes
de la ville de Faris, soutint la thèse du refus
absolu de toute subventiou et fit rejeter les
dépenses obligatoires. M. Roche présenta
aussi au Conseil un rapport sur les immeu
bles appartenant à la Tille et occupés gra
tuitement. par les congrégations. Réélu, le 9
janvier 1881, dans le même quartier par
1,209 voix, il fut choisi comme vice-prési
dent du Conseil municipal.
Aux élections législatives du 21 août 1881,
M. Roche s’est porté candidat dans la pre
mière circonscription de Privas, dans le XIP
arrondissement de Paris et dans l’arrondis
sement de Draguignan. Il échoua dans la
première avec 4,273 voix, obtint dans le
XIP arrondissement de Paris 3,847 voix sur
12,818 votants et fut élu à Draguignan par
7,072 voix contre 6,091 partagées entre deux
concurrents républicains. Son attitude à la
Chambre, pendant toute la législature, a
été parfaite. Il s’est montré travailleur infa
tigable, républicain sérieux et homme d’une
compétence incontestable.
Son élection dans le Yar ne fait de doute
pour personne. M. Jules Roche sera, cette
fois-ci, envoyé à la Chambre avec une ma
jorité écrasante.
UN COUP DE TAM-TAM
Ce n’est pas un programme, c’est du ma
caroni que viennent de s’offrir, après l’avoir
fait mijoter un tantinet, MM.Samary et Mar
chai.
Le plat «ational italien se compose de 28
cylindres creux fabriqués par M. Marchai
de complicité avec M. Samary qui s’y con
naît dans l’art de pétrir la pâte chère aux
Napolitains.
Ces 28 cylindres, ou articles — comme on
voudra — accomodés au gratin, n’ont pas
trouvé grâce devant le grand électeur, fabri
cant breveté S. G. D. G. de programmes
politiques, pas même l’article relatif à la ré
vision de la loi sur les faillites.
M. Basset professe paralt-il une horreur
profonde à l’endroit du macaroni ; c’est vrai
ment jouer de malheur.
Nous n’insisterons pas sur la partie poli
tique du programme élaboré par les candi
dats du Petit Colon , car il ressemble à tous
les programmes. Nous n'en retiendrons que
l’article relatif à la répudiation de la politi
que d’aventure.
Cet article comportait quelques dévelop
pements et le chef de bataillon Marchai au
rait dû nous dire ce qu’il entendait par la
politique d’aventure.
Il aurait dû nous dire s’il considérait com
me une aventure l’acte patriotique et natio
nal consistant à venger la mort du brave
commandant Rivière et de ses vaillants sol
dats chargés de défendre l’honneur du dra
peau français.
Fallait-il commettre la suprême lâcheté
de laisser impuni un pareil acte ?
Fallait-il, en 1830, laisser sans châtiment
l’outrage fait à Alger à notre représentant
et à notre pavillon ?
Qu’on le dise si on l’ose.
Le programme algérien est vaste, telle
ment vaste qu’il comprend une foule de
questions qui ne sont pas du ressort du Par
lement et que le pouvoir exécutif peut ré
soudre.
Il en est ainsi pour la mise au concours
des offices ministériels, pour le maintien du
gouvernement général, pour l’organisation
des chantiers de pénitenciers et pour l’utili—
satiou de ces derniers à la création d’exploi
tations rurales, ce qui existe, au surplus, à
Berrouaghia, sans que les candidats radi
caux aient l’air de s’en douter.
Viennent ensuite les grands travaux d’u
tilité publique : Chemins de fer, entretien
du réseau des routes nationales, ports, bar
rages, canaux, reboisement, déclassement
des fortifications, etc., etc., toutes choses
pour lesquelles ou n’aurait, jusqu’à présent,
absolument rien fait, grâce à l’ignorance et
à l’apathie de nos députés.
Il nous semblait cependânt que le projet
de loi sur le chemin de fer deLaghouat avait
été voté par le Sénat et que l’entretien du ré
seau de nos routes nationales avait fait l’ob
jet d'un rapport qui a été rédigé, il y a près
de deux ans, par M. Mauguin, alors député.
C’est, paraît il, une erreur.
Au surplus, nos candidats radicaux ont
pris à tâche de nous enlever toute illusion
à cet égard.
Nous avons eu, jusqu’à présent, la naïveté
de croire que, malgré l’absence au Parle
ment de i T iugéûieur Samary, quelques tra
vaux avaient été exécutés en Algérie depuis
la conquête et que cette année encore
M. Letellier obtenait de la Chambre des
députés plusieurs millions dans ce but.
Nous avons également cru un instant, et
M. Guillemin a partagé avec nous cette
croyance, que l’honorable M. Letellier
s’était occupé d’une façon trè3 active du
déclassement des fortifications d’Alger.
Il n’en ôtait rien, encore une de nos illu
sions qui s’envole.
Heureusement que MM. Samary et Mar
chai seront là pour prendre sérieusement en
mains nos intérêts trop longtemps sacrifiés.
Entre temps, ils s’occuperont du projet de
l’arrière-port d’Alger qui est à l’étude, ce
que nous leur apprenons avec plaisir, et de
l’assimilation de la taxe télégraphique qui
est acceptée par nos gouvernants, en atten
dant qu’elle le soit par le parlement.
Si nous avons le bonheur de voir les can
didats radicaux élus, nous verrons les mil
lions affluer en Algérie, qui verra ainsi tout
d’un coup aboutir tous les projets de ponts,
routes, canaux, chemins de fer, etc., etc.*
l’âge d’or ! Mais nous n’en avons pas
fini avec les bons mots, et nous en entea*»
drons bien d’autres.
Informations algériennes
Nous croyons savoir que l'administration*
d’accord avec la municipalité de Tizi-
Ouzou, est dans l’intention de créer pro
chainement, dans cette dernière ville, un
emploi de vérificateur des poids et mesures.
X
C’est avec grand plaisir que la nomma--»,
tion de M. Nicolas, comme défenseur à,
Tizi-Ouzou, a été accueillie par la popula
tion.
X
Dans sa dernière et récente session, la
Conseil municipal de Bordj-Ménaïel aaanu«
lé ses délibérations antérieures tendant à
obtenir le transfert du marché des Issers à
proximité de la future gare.
L’assemblée municipale se base sur les
habitudes invétérées des indigènes qui re
noncent difficilement à leurs coutumes sé
culaires et sont toujours revêches au pro
grès.
X
Eu vue de remédier autant, que possible,,
à l’incendie qui vient de se produire, la mu
nicipalité de Dra-el-Mizan vient de décidée
le reboisement, sur un autre point, d’une
parcelle d’une trentaine d’hectares affectée
au communal.
Elle a voté, à cet effet, pour commencer
les travaux, uu crédit de 300 fraucs, qu’elle
met à la disposition du service des forêts.
X -
Les travaux d'entreprise de la route de
Bougie, entre Tamda et Azazga, interrom
pus à la date du 1 er août, à cause des fortes-
chaleurs, vont reprendre incessamment ieur
cours, la température s’étant considérable
ment radoucie depuis quelques jours.
Pendant tout le mois d’août, un seul tâ
cheron a continué d’apporter sur les accote
ments de la route la caillasse nécessaire à
l’empierrement. On peut espérer qu’a vaut
l’hiver la route sera mise eu état suffisant
pour être praticable sur tout son parcours
entre Tizi-Ouzou et Azazga.
X
Nous apprenons que M. Pelloiio, capitaine
au long cours, est nommé agent gèoèral de
la Compagnie d’assurances, le Registre
Maritime, en remplacement de M. J. Cas
tel, décédé.
Nos félicitations à M Pelloiio et à la Coru
Feuilleton de LA DÉPÊCHÉ ALGÉRIENNE
n° 61.
LA
GBAHBE1AMÈRE
PAR
Georges OHNET
— Je sais, Mademoiselle, ce qui vous
amène, dit-il de cette belle voix profonde
qui allait au cœur de Carvajan lui-même,
et il semble que j’ai eu le pressentiment que
je devais vous voir aujourd’hui, car je suis
allé hier à Rouen pour m’informer de votre
Irère.
Elle pouesa uu cri de joyeuse surprise, et
une teinte rosée s’étendit sur ses joues, en
se voyant si promptement et si bien com
prise.
— Il était en bonne santé, et très calme,
m’a-t-on assuré. Quant à l’affaire en elle-
même, les magistrats sont jusqu’ici fort si
lencieux.
— Peut-être rieu n’est-il encore décidé,
fit-elle en joignant les mains... Peut-être
serait-il temps encore !. .Ah ! Monsieur,
si vous vouliez joindre vos efforts aux nô
tres ! Je sens que je puis compter sur vous,
que votre esprit est juste, et votre cœur gé
néreux. Je vous en prie, parlez pour nous à
M. Carvajan !...
Pascal pâlit à cetta terrible demande qui
assimilait sou père à un bourreau dont on
veut désarmer la cruauté. Antoinette crai
gnit de l’avoir offensé : elle prit un air ca
ressant.
— Pardonnez-mol, dit-elle, si je vous ai
déplu... Mais ce que j’ai à vous demander
est si difficile à dire!.. Je ne veux pas
prononcer une parole qui puisse vous paraî
tre irrespectueuse pour votre père, et, ce
pendant, il faut que je vous fasse compren
dre que nous venons demander grâce...
Noue sommes à sa discrétion, à la vôtre...
Tout ce qui sera exigé nous paraîtra facile,
si nous pouvons obtenir un peu plus d’in
dulgence pour le pauvre Robert... Tout,
vous entendez, vous entendez, Monsieur ?
Et c’est parc® que nous avons jugé que votre
intercession serait plus puissante que nulle
autre que je me suis adressée à vous.
Ainsi, c’était à son frère seul qu’elle avait
pensé. Dans le secret de son esprit, aucun
penchant ne l’avait entraînée vers Pascal.
Son cœur était fermé à ce qui n’était pas
Robert, et, pour l'amour de lui seulement,
elle avait pris sur elle de vaincre sa fierté,
et d« supplier. Il chassa toute vaine espé
rance de tendresse, il glaça sa pensée, il
apaisa les bouillonnements de sou sang.
— Si vous saviez comme nous sommes
durement éprouvés ! poursuivit la jeune
fille. A la suite d’ane entrevue avec M. Car-
vajan... Oh ! je ne l’accuse pas !... mon
père est tombé malade et nous inspire les
plus vives inquiétudes... Tout m’accable à
la fois, vous le voyez, et je ne sais de quel
côté me tourner pour ne pas voir une me
nace de malheur. Je suis seule à Claire-
font. Et sans un ami dévoué qui est venu à
mon aide...
Un soupçon traversa le cœur de Pascal :
il changea de visage, ses poings se crispè
rent.
— M. de Croix-Mesnil, murmura-t-il
sourdement.
— Oui, M. de Croix-Mesnil. De son affec
tion pour nous il n’aura obtenu que des
soucis et de la tristesse, le pauvre gar
çon !...
Ce fut si doux, si tendre, et cependant si
indifférent, que Pascal revint à la vie.
— Croyez, Mademoiselle, déclara-t-il, que
je suis prêt à tout tenter pour vous satisfai
re... Mais je ne puis engager que moi, et
c’est de mou père qus voue voulez que je
vocs réponde.
Il sembla à Antoinette que celui qu’elle
voulait conquérir lui échappait.
— N’avez-vous pas tout pouvoir sur lui ?
reprit-elle avec ardeur. N’ai-je pas vu
que le place vous occupiez dans ses pré
occupations ? Oh ! je vous prie, soyez pour
nous un allié bienveillantt prenez notre
cause en mains !... Nous n’avons plus d’es
poir qu'en vous... Robert! Rien ne nous
touche que Robert ; et nous abandonnerons
tout ce qui n’est pas lui.
— Votre terre, votre château, le reste de
votre fortune... n’est-il pas vrai ? dit amè
rement le jeune homme.
Elle resta silencieuse. Pour la seconde
fois elle avait fait l’offre. Et ne fallait-il pas
eu arriver là ? Malézeau ne lui avait pas
caché que ce serait le mot décisif pour le
banquier.
La Grande-Marnière, le but de ses efforts*
ie rêve de son ambition, la proie montrée à.
ses alliés, Mlle de CJairefont sentit qu’elle
avançait sur un terrain brûlant, mais ne
devait-elle point, dans ce traité de capitula
tion suprême, spécifier les conditions?...
Elle n’osait plus parler et regardait Pascal
qui marchait dans le cabinet, le front lourd.
Il s’arrêta, passa la main sur ses yeux,,
laissa échapper un soupir qui ressemblait à
un sanglot, et s’assit près de la fenêtre, pa
raissant oublier complètement qu’il n’était,
pas seul. Il souffrait. Antoinette fut saisie
de pitié : elle alla à lui et, avec un accent
qui le fit frissonner.
— Vous ai-je blessé ? Je vous en prie*
pardonnez-moi !
Il la regarda d’un air sombre.
— Blessé, moi? dit-il. Gomment? Est-ce
qu’on blesse un Carvajan en lui offrant de
l’argent ?
II eut un rire douloureux. Elle resta in
terdite et glacée.
— Pourquoi serais-je si sensible ? pour
suivit-il. Ne sait-on pas que l'intérêt est la*
règle unique de cette maison où nous sont-
mes ?... Le langage que vous tenez est rai'»
sonnable et logique. Après tout, il ne s’agit
que d’une affaire ! Vous ne me connaisses
pas, vous ne savez pas si j’ai une conscience
et un cœur... D’où vous viendrait ce
soupçon que j’ai souffert de ce qui se passe
autour de moi ? Qui vous aurait révélé mes
répugnances et mes douleurs ? Auriez-vous
,
T
PRÉFÊCTUÜF.
Le numéro S centimes.
D'AUEfi
Mardi, 15 septembre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
Ci ai
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclames doives*, «h,
Algérie, être adressées à l'AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Algee „
En France, les communications sont reçues savoir :
Algérie...
France....
4.50 9
O 12
18
24
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 :
A Paris, ehez MM. AUDB0UR6 et C‘*, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 44 Septembre 4885.
LES HOMMES DD JOUR
XXX Vil!
M. JULES ROCHE
DÉPUTÉ DU VAR
Après le formidable succès que Tient de
remporter dans le Var M. Jules Roche, eu
rendaut compte de sou mandat, nous ne
pouvons mieux faire que donner la biogra
phie de cet homme politique jeune encore,
mais qni a su prendre au Parlement, dans
un espace de temps relativement court, une
place considérable.
M. Jules Roche, né à Serrière, le 22 mai
1841, est le neveu de l’évôque de Gap, mort
en 1880. Elève du collège Stanislas, il fit ses
études de droit à Paris, s’inscrivit au bar
reau de Lyon et fut candidat de l’opposition
aux élections de 1868 pour le Conseil géné
ral de l’Ardèche. Il devint, en 1870, rédac-
cteur en chef du journal de Y Ardèche, où il
combattit l’empire.
Nommé secrétaire général à Privas, après
le 4 septembre, il se porta aux élections de
lévrier 1871, pour l’assemblée nationale et
échoua avec la liste républicaine, mais
réunit environ 26,000 voix. Révoqué alors de
ses fonctions de secrétaire général de l’Ar
dèche, il fut réintégré dans l’administration
au mois de mai, comme secrétaire général
du Var, fonctions qu’il perdit l’année sui
vante.
De 1874 à 1876, il fut rédacteur de jour
naux républicains dans le Jura, puis dans
la Savoie ; il vint ensuite à Paris, fut rédac
teur du Petit Parisien, du Siècle, puis du
Rappel, et entra au journal de M. Clémen-
ceau, la Justice, lors de sa fondation. Elu,
©u 1879, conseiller municipal de Paris, pour
le quartier do Bercy, il siégea à l’extrême
gauche, fut rapporteur du budget des cultes
de la ville de Faris, soutint la thèse du refus
absolu de toute subventiou et fit rejeter les
dépenses obligatoires. M. Roche présenta
aussi au Conseil un rapport sur les immeu
bles appartenant à la Tille et occupés gra
tuitement. par les congrégations. Réélu, le 9
janvier 1881, dans le même quartier par
1,209 voix, il fut choisi comme vice-prési
dent du Conseil municipal.
Aux élections législatives du 21 août 1881,
M. Roche s’est porté candidat dans la pre
mière circonscription de Privas, dans le XIP
arrondissement de Paris et dans l’arrondis
sement de Draguignan. Il échoua dans la
première avec 4,273 voix, obtint dans le
XIP arrondissement de Paris 3,847 voix sur
12,818 votants et fut élu à Draguignan par
7,072 voix contre 6,091 partagées entre deux
concurrents républicains. Son attitude à la
Chambre, pendant toute la législature, a
été parfaite. Il s’est montré travailleur infa
tigable, républicain sérieux et homme d’une
compétence incontestable.
Son élection dans le Yar ne fait de doute
pour personne. M. Jules Roche sera, cette
fois-ci, envoyé à la Chambre avec une ma
jorité écrasante.
UN COUP DE TAM-TAM
Ce n’est pas un programme, c’est du ma
caroni que viennent de s’offrir, après l’avoir
fait mijoter un tantinet, MM.Samary et Mar
chai.
Le plat «ational italien se compose de 28
cylindres creux fabriqués par M. Marchai
de complicité avec M. Samary qui s’y con
naît dans l’art de pétrir la pâte chère aux
Napolitains.
Ces 28 cylindres, ou articles — comme on
voudra — accomodés au gratin, n’ont pas
trouvé grâce devant le grand électeur, fabri
cant breveté S. G. D. G. de programmes
politiques, pas même l’article relatif à la ré
vision de la loi sur les faillites.
M. Basset professe paralt-il une horreur
profonde à l’endroit du macaroni ; c’est vrai
ment jouer de malheur.
Nous n’insisterons pas sur la partie poli
tique du programme élaboré par les candi
dats du Petit Colon , car il ressemble à tous
les programmes. Nous n'en retiendrons que
l’article relatif à la répudiation de la politi
que d’aventure.
Cet article comportait quelques dévelop
pements et le chef de bataillon Marchai au
rait dû nous dire ce qu’il entendait par la
politique d’aventure.
Il aurait dû nous dire s’il considérait com
me une aventure l’acte patriotique et natio
nal consistant à venger la mort du brave
commandant Rivière et de ses vaillants sol
dats chargés de défendre l’honneur du dra
peau français.
Fallait-il commettre la suprême lâcheté
de laisser impuni un pareil acte ?
Fallait-il, en 1830, laisser sans châtiment
l’outrage fait à Alger à notre représentant
et à notre pavillon ?
Qu’on le dise si on l’ose.
Le programme algérien est vaste, telle
ment vaste qu’il comprend une foule de
questions qui ne sont pas du ressort du Par
lement et que le pouvoir exécutif peut ré
soudre.
Il en est ainsi pour la mise au concours
des offices ministériels, pour le maintien du
gouvernement général, pour l’organisation
des chantiers de pénitenciers et pour l’utili—
satiou de ces derniers à la création d’exploi
tations rurales, ce qui existe, au surplus, à
Berrouaghia, sans que les candidats radi
caux aient l’air de s’en douter.
Viennent ensuite les grands travaux d’u
tilité publique : Chemins de fer, entretien
du réseau des routes nationales, ports, bar
rages, canaux, reboisement, déclassement
des fortifications, etc., etc., toutes choses
pour lesquelles ou n’aurait, jusqu’à présent,
absolument rien fait, grâce à l’ignorance et
à l’apathie de nos députés.
Il nous semblait cependânt que le projet
de loi sur le chemin de fer deLaghouat avait
été voté par le Sénat et que l’entretien du ré
seau de nos routes nationales avait fait l’ob
jet d'un rapport qui a été rédigé, il y a près
de deux ans, par M. Mauguin, alors député.
C’est, paraît il, une erreur.
Au surplus, nos candidats radicaux ont
pris à tâche de nous enlever toute illusion
à cet égard.
Nous avons eu, jusqu’à présent, la naïveté
de croire que, malgré l’absence au Parle
ment de i T iugéûieur Samary, quelques tra
vaux avaient été exécutés en Algérie depuis
la conquête et que cette année encore
M. Letellier obtenait de la Chambre des
députés plusieurs millions dans ce but.
Nous avons également cru un instant, et
M. Guillemin a partagé avec nous cette
croyance, que l’honorable M. Letellier
s’était occupé d’une façon trè3 active du
déclassement des fortifications d’Alger.
Il n’en ôtait rien, encore une de nos illu
sions qui s’envole.
Heureusement que MM. Samary et Mar
chai seront là pour prendre sérieusement en
mains nos intérêts trop longtemps sacrifiés.
Entre temps, ils s’occuperont du projet de
l’arrière-port d’Alger qui est à l’étude, ce
que nous leur apprenons avec plaisir, et de
l’assimilation de la taxe télégraphique qui
est acceptée par nos gouvernants, en atten
dant qu’elle le soit par le parlement.
Si nous avons le bonheur de voir les can
didats radicaux élus, nous verrons les mil
lions affluer en Algérie, qui verra ainsi tout
d’un coup aboutir tous les projets de ponts,
routes, canaux, chemins de fer, etc., etc.*
l’âge d’or ! Mais nous n’en avons pas
fini avec les bons mots, et nous en entea*»
drons bien d’autres.
Informations algériennes
Nous croyons savoir que l'administration*
d’accord avec la municipalité de Tizi-
Ouzou, est dans l’intention de créer pro
chainement, dans cette dernière ville, un
emploi de vérificateur des poids et mesures.
X
C’est avec grand plaisir que la nomma--»,
tion de M. Nicolas, comme défenseur à,
Tizi-Ouzou, a été accueillie par la popula
tion.
X
Dans sa dernière et récente session, la
Conseil municipal de Bordj-Ménaïel aaanu«
lé ses délibérations antérieures tendant à
obtenir le transfert du marché des Issers à
proximité de la future gare.
L’assemblée municipale se base sur les
habitudes invétérées des indigènes qui re
noncent difficilement à leurs coutumes sé
culaires et sont toujours revêches au pro
grès.
X
Eu vue de remédier autant, que possible,,
à l’incendie qui vient de se produire, la mu
nicipalité de Dra-el-Mizan vient de décidée
le reboisement, sur un autre point, d’une
parcelle d’une trentaine d’hectares affectée
au communal.
Elle a voté, à cet effet, pour commencer
les travaux, uu crédit de 300 fraucs, qu’elle
met à la disposition du service des forêts.
X -
Les travaux d'entreprise de la route de
Bougie, entre Tamda et Azazga, interrom
pus à la date du 1 er août, à cause des fortes-
chaleurs, vont reprendre incessamment ieur
cours, la température s’étant considérable
ment radoucie depuis quelques jours.
Pendant tout le mois d’août, un seul tâ
cheron a continué d’apporter sur les accote
ments de la route la caillasse nécessaire à
l’empierrement. On peut espérer qu’a vaut
l’hiver la route sera mise eu état suffisant
pour être praticable sur tout son parcours
entre Tizi-Ouzou et Azazga.
X
Nous apprenons que M. Pelloiio, capitaine
au long cours, est nommé agent gèoèral de
la Compagnie d’assurances, le Registre
Maritime, en remplacement de M. J. Cas
tel, décédé.
Nos félicitations à M Pelloiio et à la Coru
Feuilleton de LA DÉPÊCHÉ ALGÉRIENNE
n° 61.
LA
GBAHBE1AMÈRE
PAR
Georges OHNET
— Je sais, Mademoiselle, ce qui vous
amène, dit-il de cette belle voix profonde
qui allait au cœur de Carvajan lui-même,
et il semble que j’ai eu le pressentiment que
je devais vous voir aujourd’hui, car je suis
allé hier à Rouen pour m’informer de votre
Irère.
Elle pouesa uu cri de joyeuse surprise, et
une teinte rosée s’étendit sur ses joues, en
se voyant si promptement et si bien com
prise.
— Il était en bonne santé, et très calme,
m’a-t-on assuré. Quant à l’affaire en elle-
même, les magistrats sont jusqu’ici fort si
lencieux.
— Peut-être rieu n’est-il encore décidé,
fit-elle en joignant les mains... Peut-être
serait-il temps encore !. .Ah ! Monsieur,
si vous vouliez joindre vos efforts aux nô
tres ! Je sens que je puis compter sur vous,
que votre esprit est juste, et votre cœur gé
néreux. Je vous en prie, parlez pour nous à
M. Carvajan !...
Pascal pâlit à cetta terrible demande qui
assimilait sou père à un bourreau dont on
veut désarmer la cruauté. Antoinette crai
gnit de l’avoir offensé : elle prit un air ca
ressant.
— Pardonnez-mol, dit-elle, si je vous ai
déplu... Mais ce que j’ai à vous demander
est si difficile à dire!.. Je ne veux pas
prononcer une parole qui puisse vous paraî
tre irrespectueuse pour votre père, et, ce
pendant, il faut que je vous fasse compren
dre que nous venons demander grâce...
Noue sommes à sa discrétion, à la vôtre...
Tout ce qui sera exigé nous paraîtra facile,
si nous pouvons obtenir un peu plus d’in
dulgence pour le pauvre Robert... Tout,
vous entendez, vous entendez, Monsieur ?
Et c’est parc® que nous avons jugé que votre
intercession serait plus puissante que nulle
autre que je me suis adressée à vous.
Ainsi, c’était à son frère seul qu’elle avait
pensé. Dans le secret de son esprit, aucun
penchant ne l’avait entraînée vers Pascal.
Son cœur était fermé à ce qui n’était pas
Robert, et, pour l'amour de lui seulement,
elle avait pris sur elle de vaincre sa fierté,
et d« supplier. Il chassa toute vaine espé
rance de tendresse, il glaça sa pensée, il
apaisa les bouillonnements de sou sang.
— Si vous saviez comme nous sommes
durement éprouvés ! poursuivit la jeune
fille. A la suite d’ane entrevue avec M. Car-
vajan... Oh ! je ne l’accuse pas !... mon
père est tombé malade et nous inspire les
plus vives inquiétudes... Tout m’accable à
la fois, vous le voyez, et je ne sais de quel
côté me tourner pour ne pas voir une me
nace de malheur. Je suis seule à Claire-
font. Et sans un ami dévoué qui est venu à
mon aide...
Un soupçon traversa le cœur de Pascal :
il changea de visage, ses poings se crispè
rent.
— M. de Croix-Mesnil, murmura-t-il
sourdement.
— Oui, M. de Croix-Mesnil. De son affec
tion pour nous il n’aura obtenu que des
soucis et de la tristesse, le pauvre gar
çon !...
Ce fut si doux, si tendre, et cependant si
indifférent, que Pascal revint à la vie.
— Croyez, Mademoiselle, déclara-t-il, que
je suis prêt à tout tenter pour vous satisfai
re... Mais je ne puis engager que moi, et
c’est de mou père qus voue voulez que je
vocs réponde.
Il sembla à Antoinette que celui qu’elle
voulait conquérir lui échappait.
— N’avez-vous pas tout pouvoir sur lui ?
reprit-elle avec ardeur. N’ai-je pas vu
que le place vous occupiez dans ses pré
occupations ? Oh ! je vous prie, soyez pour
nous un allié bienveillantt prenez notre
cause en mains !... Nous n’avons plus d’es
poir qu'en vous... Robert! Rien ne nous
touche que Robert ; et nous abandonnerons
tout ce qui n’est pas lui.
— Votre terre, votre château, le reste de
votre fortune... n’est-il pas vrai ? dit amè
rement le jeune homme.
Elle resta silencieuse. Pour la seconde
fois elle avait fait l’offre. Et ne fallait-il pas
eu arriver là ? Malézeau ne lui avait pas
caché que ce serait le mot décisif pour le
banquier.
La Grande-Marnière, le but de ses efforts*
ie rêve de son ambition, la proie montrée à.
ses alliés, Mlle de CJairefont sentit qu’elle
avançait sur un terrain brûlant, mais ne
devait-elle point, dans ce traité de capitula
tion suprême, spécifier les conditions?...
Elle n’osait plus parler et regardait Pascal
qui marchait dans le cabinet, le front lourd.
Il s’arrêta, passa la main sur ses yeux,,
laissa échapper un soupir qui ressemblait à
un sanglot, et s’assit près de la fenêtre, pa
raissant oublier complètement qu’il n’était,
pas seul. Il souffrait. Antoinette fut saisie
de pitié : elle alla à lui et, avec un accent
qui le fit frissonner.
— Vous ai-je blessé ? Je vous en prie*
pardonnez-moi !
Il la regarda d’un air sombre.
— Blessé, moi? dit-il. Gomment? Est-ce
qu’on blesse un Carvajan en lui offrant de
l’argent ?
II eut un rire douloureux. Elle resta in
terdite et glacée.
— Pourquoi serais-je si sensible ? pour
suivit-il. Ne sait-on pas que l'intérêt est la*
règle unique de cette maison où nous sont-
mes ?... Le langage que vous tenez est rai'»
sonnable et logique. Après tout, il ne s’agit
que d’une affaire ! Vous ne me connaisses
pas, vous ne savez pas si j’ai une conscience
et un cœur... D’où vous viendrait ce
soupçon que j’ai souffert de ce qui se passe
autour de moi ? Qui vous aurait révélé mes
répugnances et mes douleurs ? Auriez-vous
,
T
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