V,
f^frfCTTTT. ffALGÉft
ÜÉÉUÏ LEGAL
Dimanche, 13 septembre 1885.
senne
EN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France.... 6 12 S4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relatives aux annnonces et réclames doiveat,
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Algar.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G‘«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 13 Septembre 1885.
Léoi
DE 1885
DÉPARTEMENT D’ALGER
Comité Clesatral ESépoMSeaSKt
ÉLECTEURS,
Nous proposons à vos suffrages les ci
toyens LSTELLIER et BOURLIER.
M. Letellier, député sortant, a su s’attirer,
pendant !a durée de son mandat, l’estime de
ses collègues de la Chambre. La place qu’il
y occupe est des plus honorables, Rappor
teur de lois importantes, entre autres de
celle sur le Divorce, il a fait partie de tou
tes les Commissions algériennes et a été élu,
trois ans de suite, membre de la Commis
sion du bulget ; il a été chargé du budget
de la justice et deux fois du budget de l’Al
gérie.
Il a rempli son mandat avec dignité, exé
cutant scrupuleusement le programme qu’il
avait accepté,, en sacrifiant ses intérêts per
sonnels et en consacrant à ses fonction 3
toute son intelligence, tout son travail et
tout son dévouement.
Nous vous demandons de voter pour lui,
afin de ne pas perdre les avantages d’une
situation politique et d’une expérience des
affaires laborieusement conquises dans l’in
térêt du département et de l’Algérie tout
sntière.
Ne pas le réélire serait une faute et un
acte d’ingralitud'3.
Nous vous demandons donc de lui conti
nuer votre confiance.
Nous vous proposons, en outre, un Algé
rien universellement estimé pour ses vastes
connaissances, son intelligence d’élite et son
amour de l’Algérie.
Ancien professeur à l’Ecole de médecine
d’Alger, M. Bourlier est membre depuis 14
ans du Conseil général et du Conseil supé
rieur ; il a consacré son existence à l’étude
de l’Algérie, de ses besoins et de toutes les
graves questions dont dépend son avenir.
Grand agriculteur, il a ici tous ses inté
rêts.
Sa place est marquée au Parlement.
Nous vous proposons cette liste afin
d’assurer, dans la mesura de vos forces,
la stabilité et le perfectionnement de
nos institutions républicaines. Yotez pour
des hommes de progrès, qui contri
bueront à la formation d’une majorité
gouvernementale sincèrement républicaine
et, se plaçant au-dessus des questions de
personne, animés seulement d’un profond
amour de leur pays, travailleront à conju
rer les périls qui pourraient menacer la Pa
trie et la République, et leur assumeront,
par la pratique d’institutions largement li
bérales, une ère nouvelle de prospérité et de
grandeur.
VIVE L’ALGÉRIE !
VIYE LA RÉPUBLIQUE !
Pour le Comité central républicain :
Mauguin, sénateur, président du Conseil
général ;
Mongellas, conseiller général, ancien
président ;
Garny, vice-président du Conseil gé
néral ;
Obïtz, vice-président du Conseil géné
ral ;
Fourrier, secrétaire du Conseil général,
maire d’Ortéansville ;
Koziell, secrétaire du Conseil général ;
Aumerat, président de la Commission
départementale ;
Borély la Sapie, conseiller général, vi
ce-président du Conseil supérieur ;
Dumain, 1 er adjoint au Maire de la ville
d’Alger ;
Mercier, adjoint au Maire de la ville
d’Alger ;
Pugliesi, maire de Saint-Eugène ;
B Arnaud, maire de Cherchell.
Les Directeurs des journaux :
La Vigie Algérienne ;
L ’ Akhbar;
Le Moniteur de l'Algérie ;
La Dépêche Algérienne ;
Le Petit Algérien,
<
A BAS LES ANCIENS
Le fameux Congrès des électeurs radicaux
délégués par les communes du département
a eu lieu hier, dans i’après-midi.
Cette fois, M. Guillemin, maire d’Alger,
avait bien voulu so souvenir que la loi lui
interdisait d’autoriser les réunions électora
les à l’Hôtel-de-Yille ; et les soi-disant dé
légués s’étaient réunis à la salle Malakoff,
qui fut jadis le théâtre des exploits du ci
toyen Basset et du citoyen Lelièvre et qui,
hier, a été le théâtre de leur effondre
ment, tant il est vrai qu’ainsi qu’ou l’a dit,
l’ingratitude est une vertu démocra'ique.
J’ai dit, plus haut, que les membres de la
réunion étaient de soi-disaut délégués.
En effet, le nombre des électeurs présents
recrutés dans des communes autres que
celle d’Alger, n'étalt que de 22, alors que
le département contient 106 communes.
Tous les autres assistants étaient des habi
tants d’Alger; il va sans dire que les uns et les
autres soit dAIger, soit d’ailleurs, n’avaient
aucune délégation. On était reçu à la porte
par des « agents de police », auxquels on
remettait, non pas les pouvoirs, mais les
cartes d’invitation signées de MM. Guil
lemin et de Ginette et autres radicaux de
date plus ou moins récente.
Parmi ces prétendus délégués des com
munes, on remarquait au bureau, faisant
fonctions de secrétaire, M. d’Armès, un gen
tilhomme, rédacteur du Radical algérien,
lequel serait fort embarrassé de dire quelle
commune lui avait fait l’honneur de le dé
léguer.
Je veux croire que MM. Guillemin, de
Gineste, Stutz, Mohring, Fallet et deux ou
trois autres, qui sont conseillers généraux
ou maires, pouvaient se considérer comme
délégués, mais il y en avait 80 au moins qui
n’avaient pas plus le droit de s’attribuer ce
titre que M. d’Armès.
Ou peut passer là dessus et ne pas atta
cher une grande importance à cette façon
d’agir des radicaux, genre Marchai, elle est
conforme à leurs habitudes.
Que MM. Samary et Marchai aient été
désignés comme candidats par 50 à 60 de
leurs camarades, il n’y a là rien qui m’é
tonne, la pièce était bien montée.
On avait fait donner le mot d’ordre par
l’illustre colonel Fallet qui aspire à la suc
cession de M. Basset comme grand élec
teur, et on avait eu soin de convoquer tous
les amis. Il s’en est trouvé 61 pour M. Sa
mary et 51 pour M. Marchai. D’aucuns pré
tendront que c’est peu, moi je trouve que
c’est beaucoup,
Le pauvre Basset, le vieux lutteur a été?
surpris de la quasi victoire de ses deux ex
amis et de la nouvelle veste que les deux
ingrats ont fait endosser à l’ancien séna
teur.
Sérieusement parlant, et quelle que soit
l’ambition de nos deux jeunes soldais de la
démocratie, on a lieu d’être surpris de leur
attitude vis-à-vis de M. Lelièvre, surtout
quand on se souvient des malédictions qu’ils
faisaient pleuvoir, eu janvier dernier, contre
nous qui avons préféré M. Mauguin au.
vieux patriarche des radicaux.
Nous étions des tigres sans pitié, sans
respect pour le grand âge du vénéré séna
teur.
Et cependant, en janvier dernier, il était
plus jeune qu’aujourd’hui.
Il y eut quelque hésitation d’ailleurs dans
notre camp,et,malgjê les griefs que Y Akhbar
et la Vigie pouvaient avoir contre l’hono
rable vieillard, les rédacteurs en chef de
ces deux journaux se séparèrent un instant
de leur ami M. Mauguin. On n’a pas oublié
que s’ils ne soutinrent pas M. Lelièvre jus
qu’au bout, ce fut la faute de l’ancien séna
teur.
Mais, pour MM. Marchai et Samary, on
doit jeter par-dessus bord un vieillard qui
barre le passage à leur ambition présomp
tueuse ; ce vieillard fût il M. Lelièvre. C’est
sans remords qu’ils acceptent la lutte, eux,
se disant radicaux, avec le vétéran du ra
dicalisme.
Certes, on - connaît mon opinion sur
l’honorable ancien sénateur ; j’ai du res
pect pour les services qu’il a rendus, mais
je ne crois pas qu’il en puisse rendre
encore, parce qu’à mon avis les opinions
qu’il professe ne sont pas de nature à affer
mir la République. Mais si je professais ces
opinions,, comme prétendent les professer
MM. Marchai et Samary, je ne voudrais
pas donner la préférence à deux jeunes
prétentieux qui, en osant opposer leur can
didature à celle du vieux lutteur, sur la dé
faite duquel ils exprimaient naguère une
douleur plus feinte que réelle, commettent,
aujourd’hui et font commettre à leurs
amis une fort vilaine action.
Feuilleton de Li DEPECHE ALGÉRIENNE
N° 59.
PAR
Georges OHNET
A cette pensée, une exaltation ardente
s’empara de la jeune fille. Eh ! quoi ! elle
délibérait quand le résultat heureux était
dans ses mains ! Un amer sourire crispa ses
lèvres. Au prix da quelle humiliation l’ob
tiendrait-elle ? Il lui faudrait aller au-
devant de Pascal, le convaincre, et l’implo
rer. Lui ayant nettement fait comprendre
un jour qu’il n’existait pas pour elle, et que
d’une Glaire?.mtjun Carvajan n’avait à atten
dre que le mépris, elle devait se présenter
en suppliante, et pleurer devant lui.
Eh bien ! ce serait avec joie. Quel sacri
fice lui coûterait pour assurer la délivrance
de son frère ? D’ailleurs, n’avait-elle pas à
expier ? N’ètait-elle pas responsable d’une
part de leur malheur commun ? Elle, s’était
montrée dédaigneuse et hautaine : elle
accepta le sacrifice de son orgueil, et s’ap
prêta à l’offrir comme uu tribut à leur en
nemi. Elle s’adresserait à Garvajau lui-
même, s’il le fallait ; elle affronter fit le
monstre, elle lui demanderait pardon de
l’avoir chassé, et lui donnerait la joie d’un
triomphe complet.
Le four là trouva dans ces dispositions.
Son parti était pris : elle ne devait plus fai
blir Elle cherchait seulement un moyen
d’ariver jusqu'à Pascal. Elle s’en rapporta
au hasard. Yers sept heures, Croix-Mesnil
vint Sa rejoindre. Le vieillard était plongé
maintenant dans une torpeur lourde. Il ne
parlait plus, et respirait fortement. Cédant
aux supplications de son ami, Antoinette
couse lit à lui laisser la garde du malade.
Elle gagna sa chambre, rafraîchit son visa
ge, et sa jeta sur son lit pour quelques ins
tants. A neuf heures, comme elle finissait
de s'habiller, le vieux Bernard gratta à la
porte et lui annonça que le docteur Margue-
ron était arrivé, amenant avec lui maître
Malézeau. La jeune fille les trouva an che
vet de sou père, Toutes las fenêtres, par
ordre du médecin, avaient été ouvertes.
L’air et la lumière entraient à flots, et le
marquis s’en était montré ranimé. Il avait
les yeux ouverts et manifestait quelques
symptômes de connaissance. La fièvre était
tombée, mais il y avait un peu de paralysie
du côté gauche. Le docteur sa déclara beau
coup plus rassuré et expliqua à Malézeau
que son malade avait eu transport au cer
veau qui semblait en bonne voie de guéri
son.
— Il ne faut pas 1e fatiguer, dit-il, et sur-
taut qu’on ne le force pas à causer... Des
cendons : j’écrirai en bas mon ordonnance.
Sur la terrasse, entre le notaire et Mlle de
Clairefont, le brave homme ne put se retenir
de parler de Robert. La veille, dans l’émo
tion des premiers soins à donner au mar
quis, il n’avait pu rencontrer le moment
favorable pour déclarer quelle saisissante
impression il l’avait emportée de la scène
de la confrontation.
— Yoyez-voas, Mademoiselle, quand je
l’ai vu s’agenouiller si simplement devant
le lit de la morte et prier, ma conscience
s’est soulevée et je me suis dit : Ou ce jeune
homme est un déterminé scélérat, ou il est
innocent.
— Oh!... il n’est pour rien dans le
maiheur, s’écria avec feu Malézeau. Il est
si loyal ! IL a dit la vérité... Un Clairefont
ne ment pas, docteur.
— Il a de terribles ennemis, reprit Mar-
gueron. Déjà toutes mes déclarations ont
été dénaturées et circulent dans La Neu
ville, accablantes pour le comte. Mais, de
vant la justice, je dirai ce que je pense..,
Et si les jurés ne sont pas circonvenus...
— Est-ce donc possible ? demanda Antoi
nette, épouvantée.
— Cela s’est vu, dit Malézeau.
Mlle de Clairefont laissa partir le docteur
et retint le notaire Elle était résolue à agir.
Permettre que Carvajan continuât à tra
vailler l opinion publique, c’était peut-être
signer la condamnation de son frère. Elle
arrêta Malézeau, ia fit asseoir près du per
ron, et, à brûle-pourpoint, elle lui dit :
— Comment faudrait-ii m’y prendre pour
avoir un entretien avec le fils de M. Car
vajan ?
Il fut stupéfait. Il pouvait s’attendre à
i
tout, excepté â uns pareille démarche II se
demanda si Antoinette, exaspérée, n’était
pas déterminée à faire quelque coup de tête.
Mais il la vit calme et réfléchie. Adroitement
il l’interrogea Elle raconta tout simplement
ce qui s’était passé la nuit précédente, et
avoua que l’ordre donné par son père lui
paraissait un commandement du ciel. En
l’écoutant, Malézeau se sentit gagné par
une émotion singulière. Peut-être était-ce
là réellement le pian le plus sage: prendre
Pascal par Iss sentiments et gagner Car
vajan par l’intérêt Peut-être faudrait-il en
arriver â un arrangement amiable, qui em
pêcherait ia vente, et livrerait le domaine
au maire de La Neuville. Mais tout n’était-il
pas préférable à l’horreur d’un p ocès cri
minel ? Le notaire, au fond de lui-même,
avait la conviction que toutes les dépositions
faites coaire Robert avaient été soufflées par
Fleury, Tondeur et consorts. Il ne se trom
pait guère. Un mot dit par Carvajan. et l’af
faire changeait de face. Au lieu d’un renvoi
devant ia cour d’assises, on pouvait obtenir
une ordonnance de non-lieu.
— Eh bien ! Mademoiselle, dit Malézeau,
sortant de ses réflexions, c’est une tentative
à faire, Mademoiselle.. .. Le fils Carvajan,
est arrivé ce malin par le chemin de fer
Il est donc à La Neuville. Mais je ne crois
pas que vous soyez tentée de rencontrer le
père? Il faut manœuvrer, adroitement. Si
vous voulez vous en rapporter à moi, Made
moiselle ...
— Je n’espère qu’en vous ..
(A suivre )„ >
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ÜÉÉUÏ LEGAL
Dimanche, 13 septembre 1885.
senne
EN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France.... 6 12 S4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relatives aux annnonces et réclames doiveat,
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Algar.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G‘«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 13 Septembre 1885.
Léoi
DE 1885
DÉPARTEMENT D’ALGER
Comité Clesatral ESépoMSeaSKt
ÉLECTEURS,
Nous proposons à vos suffrages les ci
toyens LSTELLIER et BOURLIER.
M. Letellier, député sortant, a su s’attirer,
pendant !a durée de son mandat, l’estime de
ses collègues de la Chambre. La place qu’il
y occupe est des plus honorables, Rappor
teur de lois importantes, entre autres de
celle sur le Divorce, il a fait partie de tou
tes les Commissions algériennes et a été élu,
trois ans de suite, membre de la Commis
sion du bulget ; il a été chargé du budget
de la justice et deux fois du budget de l’Al
gérie.
Il a rempli son mandat avec dignité, exé
cutant scrupuleusement le programme qu’il
avait accepté,, en sacrifiant ses intérêts per
sonnels et en consacrant à ses fonction 3
toute son intelligence, tout son travail et
tout son dévouement.
Nous vous demandons de voter pour lui,
afin de ne pas perdre les avantages d’une
situation politique et d’une expérience des
affaires laborieusement conquises dans l’in
térêt du département et de l’Algérie tout
sntière.
Ne pas le réélire serait une faute et un
acte d’ingralitud'3.
Nous vous demandons donc de lui conti
nuer votre confiance.
Nous vous proposons, en outre, un Algé
rien universellement estimé pour ses vastes
connaissances, son intelligence d’élite et son
amour de l’Algérie.
Ancien professeur à l’Ecole de médecine
d’Alger, M. Bourlier est membre depuis 14
ans du Conseil général et du Conseil supé
rieur ; il a consacré son existence à l’étude
de l’Algérie, de ses besoins et de toutes les
graves questions dont dépend son avenir.
Grand agriculteur, il a ici tous ses inté
rêts.
Sa place est marquée au Parlement.
Nous vous proposons cette liste afin
d’assurer, dans la mesura de vos forces,
la stabilité et le perfectionnement de
nos institutions républicaines. Yotez pour
des hommes de progrès, qui contri
bueront à la formation d’une majorité
gouvernementale sincèrement républicaine
et, se plaçant au-dessus des questions de
personne, animés seulement d’un profond
amour de leur pays, travailleront à conju
rer les périls qui pourraient menacer la Pa
trie et la République, et leur assumeront,
par la pratique d’institutions largement li
bérales, une ère nouvelle de prospérité et de
grandeur.
VIVE L’ALGÉRIE !
VIYE LA RÉPUBLIQUE !
Pour le Comité central républicain :
Mauguin, sénateur, président du Conseil
général ;
Mongellas, conseiller général, ancien
président ;
Garny, vice-président du Conseil gé
néral ;
Obïtz, vice-président du Conseil géné
ral ;
Fourrier, secrétaire du Conseil général,
maire d’Ortéansville ;
Koziell, secrétaire du Conseil général ;
Aumerat, président de la Commission
départementale ;
Borély la Sapie, conseiller général, vi
ce-président du Conseil supérieur ;
Dumain, 1 er adjoint au Maire de la ville
d’Alger ;
Mercier, adjoint au Maire de la ville
d’Alger ;
Pugliesi, maire de Saint-Eugène ;
B Arnaud, maire de Cherchell.
Les Directeurs des journaux :
La Vigie Algérienne ;
L ’ Akhbar;
Le Moniteur de l'Algérie ;
La Dépêche Algérienne ;
Le Petit Algérien,
<
A BAS LES ANCIENS
Le fameux Congrès des électeurs radicaux
délégués par les communes du département
a eu lieu hier, dans i’après-midi.
Cette fois, M. Guillemin, maire d’Alger,
avait bien voulu so souvenir que la loi lui
interdisait d’autoriser les réunions électora
les à l’Hôtel-de-Yille ; et les soi-disant dé
légués s’étaient réunis à la salle Malakoff,
qui fut jadis le théâtre des exploits du ci
toyen Basset et du citoyen Lelièvre et qui,
hier, a été le théâtre de leur effondre
ment, tant il est vrai qu’ainsi qu’ou l’a dit,
l’ingratitude est une vertu démocra'ique.
J’ai dit, plus haut, que les membres de la
réunion étaient de soi-disaut délégués.
En effet, le nombre des électeurs présents
recrutés dans des communes autres que
celle d’Alger, n'étalt que de 22, alors que
le département contient 106 communes.
Tous les autres assistants étaient des habi
tants d’Alger; il va sans dire que les uns et les
autres soit dAIger, soit d’ailleurs, n’avaient
aucune délégation. On était reçu à la porte
par des « agents de police », auxquels on
remettait, non pas les pouvoirs, mais les
cartes d’invitation signées de MM. Guil
lemin et de Ginette et autres radicaux de
date plus ou moins récente.
Parmi ces prétendus délégués des com
munes, on remarquait au bureau, faisant
fonctions de secrétaire, M. d’Armès, un gen
tilhomme, rédacteur du Radical algérien,
lequel serait fort embarrassé de dire quelle
commune lui avait fait l’honneur de le dé
léguer.
Je veux croire que MM. Guillemin, de
Gineste, Stutz, Mohring, Fallet et deux ou
trois autres, qui sont conseillers généraux
ou maires, pouvaient se considérer comme
délégués, mais il y en avait 80 au moins qui
n’avaient pas plus le droit de s’attribuer ce
titre que M. d’Armès.
Ou peut passer là dessus et ne pas atta
cher une grande importance à cette façon
d’agir des radicaux, genre Marchai, elle est
conforme à leurs habitudes.
Que MM. Samary et Marchai aient été
désignés comme candidats par 50 à 60 de
leurs camarades, il n’y a là rien qui m’é
tonne, la pièce était bien montée.
On avait fait donner le mot d’ordre par
l’illustre colonel Fallet qui aspire à la suc
cession de M. Basset comme grand élec
teur, et on avait eu soin de convoquer tous
les amis. Il s’en est trouvé 61 pour M. Sa
mary et 51 pour M. Marchai. D’aucuns pré
tendront que c’est peu, moi je trouve que
c’est beaucoup,
Le pauvre Basset, le vieux lutteur a été?
surpris de la quasi victoire de ses deux ex
amis et de la nouvelle veste que les deux
ingrats ont fait endosser à l’ancien séna
teur.
Sérieusement parlant, et quelle que soit
l’ambition de nos deux jeunes soldais de la
démocratie, on a lieu d’être surpris de leur
attitude vis-à-vis de M. Lelièvre, surtout
quand on se souvient des malédictions qu’ils
faisaient pleuvoir, eu janvier dernier, contre
nous qui avons préféré M. Mauguin au.
vieux patriarche des radicaux.
Nous étions des tigres sans pitié, sans
respect pour le grand âge du vénéré séna
teur.
Et cependant, en janvier dernier, il était
plus jeune qu’aujourd’hui.
Il y eut quelque hésitation d’ailleurs dans
notre camp,et,malgjê les griefs que Y Akhbar
et la Vigie pouvaient avoir contre l’hono
rable vieillard, les rédacteurs en chef de
ces deux journaux se séparèrent un instant
de leur ami M. Mauguin. On n’a pas oublié
que s’ils ne soutinrent pas M. Lelièvre jus
qu’au bout, ce fut la faute de l’ancien séna
teur.
Mais, pour MM. Marchai et Samary, on
doit jeter par-dessus bord un vieillard qui
barre le passage à leur ambition présomp
tueuse ; ce vieillard fût il M. Lelièvre. C’est
sans remords qu’ils acceptent la lutte, eux,
se disant radicaux, avec le vétéran du ra
dicalisme.
Certes, on - connaît mon opinion sur
l’honorable ancien sénateur ; j’ai du res
pect pour les services qu’il a rendus, mais
je ne crois pas qu’il en puisse rendre
encore, parce qu’à mon avis les opinions
qu’il professe ne sont pas de nature à affer
mir la République. Mais si je professais ces
opinions,, comme prétendent les professer
MM. Marchai et Samary, je ne voudrais
pas donner la préférence à deux jeunes
prétentieux qui, en osant opposer leur can
didature à celle du vieux lutteur, sur la dé
faite duquel ils exprimaient naguère une
douleur plus feinte que réelle, commettent,
aujourd’hui et font commettre à leurs
amis une fort vilaine action.
Feuilleton de Li DEPECHE ALGÉRIENNE
N° 59.
PAR
Georges OHNET
A cette pensée, une exaltation ardente
s’empara de la jeune fille. Eh ! quoi ! elle
délibérait quand le résultat heureux était
dans ses mains ! Un amer sourire crispa ses
lèvres. Au prix da quelle humiliation l’ob
tiendrait-elle ? Il lui faudrait aller au-
devant de Pascal, le convaincre, et l’implo
rer. Lui ayant nettement fait comprendre
un jour qu’il n’existait pas pour elle, et que
d’une Glaire?.mtjun Carvajan n’avait à atten
dre que le mépris, elle devait se présenter
en suppliante, et pleurer devant lui.
Eh bien ! ce serait avec joie. Quel sacri
fice lui coûterait pour assurer la délivrance
de son frère ? D’ailleurs, n’avait-elle pas à
expier ? N’ètait-elle pas responsable d’une
part de leur malheur commun ? Elle, s’était
montrée dédaigneuse et hautaine : elle
accepta le sacrifice de son orgueil, et s’ap
prêta à l’offrir comme uu tribut à leur en
nemi. Elle s’adresserait à Garvajau lui-
même, s’il le fallait ; elle affronter fit le
monstre, elle lui demanderait pardon de
l’avoir chassé, et lui donnerait la joie d’un
triomphe complet.
Le four là trouva dans ces dispositions.
Son parti était pris : elle ne devait plus fai
blir Elle cherchait seulement un moyen
d’ariver jusqu'à Pascal. Elle s’en rapporta
au hasard. Yers sept heures, Croix-Mesnil
vint Sa rejoindre. Le vieillard était plongé
maintenant dans une torpeur lourde. Il ne
parlait plus, et respirait fortement. Cédant
aux supplications de son ami, Antoinette
couse lit à lui laisser la garde du malade.
Elle gagna sa chambre, rafraîchit son visa
ge, et sa jeta sur son lit pour quelques ins
tants. A neuf heures, comme elle finissait
de s'habiller, le vieux Bernard gratta à la
porte et lui annonça que le docteur Margue-
ron était arrivé, amenant avec lui maître
Malézeau. La jeune fille les trouva an che
vet de sou père, Toutes las fenêtres, par
ordre du médecin, avaient été ouvertes.
L’air et la lumière entraient à flots, et le
marquis s’en était montré ranimé. Il avait
les yeux ouverts et manifestait quelques
symptômes de connaissance. La fièvre était
tombée, mais il y avait un peu de paralysie
du côté gauche. Le docteur sa déclara beau
coup plus rassuré et expliqua à Malézeau
que son malade avait eu transport au cer
veau qui semblait en bonne voie de guéri
son.
— Il ne faut pas 1e fatiguer, dit-il, et sur-
taut qu’on ne le force pas à causer... Des
cendons : j’écrirai en bas mon ordonnance.
Sur la terrasse, entre le notaire et Mlle de
Clairefont, le brave homme ne put se retenir
de parler de Robert. La veille, dans l’émo
tion des premiers soins à donner au mar
quis, il n’avait pu rencontrer le moment
favorable pour déclarer quelle saisissante
impression il l’avait emportée de la scène
de la confrontation.
— Yoyez-voas, Mademoiselle, quand je
l’ai vu s’agenouiller si simplement devant
le lit de la morte et prier, ma conscience
s’est soulevée et je me suis dit : Ou ce jeune
homme est un déterminé scélérat, ou il est
innocent.
— Oh!... il n’est pour rien dans le
maiheur, s’écria avec feu Malézeau. Il est
si loyal ! IL a dit la vérité... Un Clairefont
ne ment pas, docteur.
— Il a de terribles ennemis, reprit Mar-
gueron. Déjà toutes mes déclarations ont
été dénaturées et circulent dans La Neu
ville, accablantes pour le comte. Mais, de
vant la justice, je dirai ce que je pense..,
Et si les jurés ne sont pas circonvenus...
— Est-ce donc possible ? demanda Antoi
nette, épouvantée.
— Cela s’est vu, dit Malézeau.
Mlle de Clairefont laissa partir le docteur
et retint le notaire Elle était résolue à agir.
Permettre que Carvajan continuât à tra
vailler l opinion publique, c’était peut-être
signer la condamnation de son frère. Elle
arrêta Malézeau, ia fit asseoir près du per
ron, et, à brûle-pourpoint, elle lui dit :
— Comment faudrait-ii m’y prendre pour
avoir un entretien avec le fils de M. Car
vajan ?
Il fut stupéfait. Il pouvait s’attendre à
i
tout, excepté â uns pareille démarche II se
demanda si Antoinette, exaspérée, n’était
pas déterminée à faire quelque coup de tête.
Mais il la vit calme et réfléchie. Adroitement
il l’interrogea Elle raconta tout simplement
ce qui s’était passé la nuit précédente, et
avoua que l’ordre donné par son père lui
paraissait un commandement du ciel. En
l’écoutant, Malézeau se sentit gagné par
une émotion singulière. Peut-être était-ce
là réellement le pian le plus sage: prendre
Pascal par Iss sentiments et gagner Car
vajan par l’intérêt Peut-être faudrait-il en
arriver â un arrangement amiable, qui em
pêcherait ia vente, et livrerait le domaine
au maire de La Neuville. Mais tout n’était-il
pas préférable à l’horreur d’un p ocès cri
minel ? Le notaire, au fond de lui-même,
avait la conviction que toutes les dépositions
faites coaire Robert avaient été soufflées par
Fleury, Tondeur et consorts. Il ne se trom
pait guère. Un mot dit par Carvajan. et l’af
faire changeait de face. Au lieu d’un renvoi
devant ia cour d’assises, on pouvait obtenir
une ordonnance de non-lieu.
— Eh bien ! Mademoiselle, dit Malézeau,
sortant de ses réflexions, c’est une tentative
à faire, Mademoiselle.. .. Le fils Carvajan,
est arrivé ce malin par le chemin de fer
Il est donc à La Neuville. Mais je ne crois
pas que vous soyez tentée de rencontrer le
père? Il faut manœuvrer, adroitement. Si
vous voulez vous en rapporter à moi, Made
moiselle ...
— Je n’espère qu’en vous ..
(A suivre )„ >
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