PREFECTURE D'Al.CKli
Première année. — N° 44.
Le numéro 55 centimes.
DEPOT LEGAL
I ô (
Samedi, 29 août 1885.
La Dépêche Algéri
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois
Algérie 4.1*0
France 6
Six mois
O
4»
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives amt annnonces et réclames doivent, m
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger*
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbillk, chei M. Gdstavk ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chex MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des prooédnrea et contrat».
Alger, le 28 Août 4885.
LES HOMMES_DU JOUR
XXIV
JVI. DANIEL WILSON
DÉPUTÉ D’INDRE-ET-LOIRE
S’il est un homme qui a soulevé autour
de lui de grandes sympathies et de violentes
haines, c’est, sans contredit, M. Daniel Wil
son. - Ces attaques passionnées ne se sont
dessinées nettement que du jour de l’arrivée
aux affaires du député d’Indre-et-Loire et
surtout au moment où M. Wiison est devenu
le gendre de M. Grévy.
Les journaux réactionnaires, et notam
ment le Figaro, se sont plus à représenter
M. Wilson comme un homme très médiocre,
très envieux et de mœurs plus ou moins
dissolues
Cette légende, qui n’est que la consé
quence des basses jalousies qu’a excité chez
certains, la fortune politique du jeune dé
puté d’Indre-et-Loire, n’a nui eu rien à
M. Wilson que chacun connaît pour un par
fait gentleman, un homme de valeur, jouis
sant, il est vrai, d’une grande influence,
influence dont il se sert au mieux des inté
rêts de la République, ce qui enrage ces
braves soutiens d’un autel chancelant et d’un
trône définitivement démoli.
M. Wilson est né à Paris, le 6 mars 1840.
II entra, dès 21 ans, dans l’arène politique
en collaborant à divers organes parisiens.
Il se présenta au corps législatif en 1859 et
fut élu au second tour comme candidat in
dépendant avec 19,052 voix contre 6,445 ob
tenues par son concurrent monarchiste, le
trop célèbre Raoul Duval.
Après la révolution du 4 septembre, il se
rallia au groupe de la gauche à la tête du
quel était M. Grévy.
Aux élections du 8 février 1871, il fut
nommé représentant d’Indre-et-Loire, le
cinquième sur six, par plus de 30 000 voix,
et le 23 juin 1872, conseiller général pour le
canton de Loches.
D’abord membre du Centre gauche, il se
fit inscrire plus tard au groupe de l’Union
républicaine et fit partie des commissions
du budget. Il adopta l’amendement Wallon
et fut absent au moment du vote des lois
constitutionnelles. Réélu le 20 février 1876
dans l’arrondissement de Loches par 8,255
voix contre 7,331, obtenues par son concur
rent, il fit partie de la Gauche républicaine
et fut un des 363.
Energiquement combattu par l’Adminis
tration aux élections du 14 octobre, il l’em
porta avec 8,452 voix sur M. Fernand-Raoul
Duval, dont le caractère de candidat officiel
avait été spécialement marqué par une
visite personnelle du maréchal-président, et
qui n’en réunit que 5,705. M Wilson qui
n’avait cessé de faire partie de la Commis
sion du budget, en fut nommé rapporteur
général.
Il fut appelé le 29 décembre 1879 au mi
nistère des Finances comme sous-secrétaire
d’Etat et chargé spécialement dû personnel;
mais il ne resta que quelques mois à ce poste
important.
Il a été réélu en 1881, le 21 août, dans
l’arrondissement de Koches par 11099 voix,
sans concurrent.
En 1881, pour mettre le couronnement à
sa fortune politique, il épousa Mlle Alice
Grévy, fille aînée du président de la Répu
blique, qui lui apportait eu même temps
qu’une véritable fortune une influence con
sidérable.
M. Wilson a été un instant surnommé le
Warwick de ministères, mais c’est une exa
gération qui n’a pris naissance que dans
les excellents rapports du président et de
son gendre.
M. Wilson est un esprit très fin, un hom
me très actif, qui pourrait peut-être se trou
ver mal à l’aise dans un commandement
absolu mais qui, en sous ordre, rendra tou
jours de signalés services.
UNE CONFIdSÏN PLACÉE
Je disais hier que les révocations et les
mises à la retraite déplaisaient fort à l'intè
gre citoyen Basset, quand les révocations et
les mises à la retraite s’appliquaient à ses
amis, et que, dans ce cas, il ne manquait
jamais d’en faire supporter la responsabilité
au sénateur Mauguin, le plus souvent sa
chant le contraire, mais qu’il était plein
d’indulgence pour les dénonciations com
mises par ses amis.
C’est très curieux de voir combien change
la façon d’apprécier les actes, selon le mi
lieu dans lequel on vit.
Ainsi, il est de règle, dans la bonne socié
té française de ne point révéler les confi
dences que l’on nous fait, et nous considé
rons comme un acte d’indélicatesse la di
vulgation d'une conversation confidentielle,
à plus forte raison quand cette divulgation
a lieu par la voie de la presse.
Mais on ne juge pas les choses de cette
façon, à ce qu’il paraît, dans le parti qui a
pour chef, à Alger, M. Basset, et à Médéa,
M. Fallet.
Si, par impossible, je commettais l’indé
licatesse de publier ce qu’un magistrat
m’aurait dit, sous le sceau du secret, M. Bas
set n’aurait pas assez d’injures contre moi :
mais si c’est M. Fallet, l’ancien offici er de
la garde impériale, qui est indiscret,” R n’y
a pas de mal ; les purs appellent cela écrire
une lettre digne et ferme.
Voyez cependant quel usage M. Fallet
fait des confidences que lui font ceux qui
ont l’imprudence d’avoir confiance en lui.
Voici ce qu’on lit dans la lettre qu’il a
adressée au gouverneur et qu’il a fait ensui
te publier dans le Petit Colon et dans le
Radical algérien :
« Je ne 'puis oublier de mentionner l'in
cident suivant :
» Comme je revenais d'accompagner le
sous-préfet et le maire, je rencontrai le
juge de paix qui, m'emmenant à l'écart
sur la place d'Armes, me déclara confi
dentiellement qu'il était dans une posi
tion très fausse et très fâcheuse, que lors
que, la première fois, je m'étais présenté à
son domicile, il conversait avec le sous-
préfet et le maire, lesquels lui repro
chaient son manque d'énergie et l'enga
geaient vivement à faire arrêter des no
tables influents opposés à la candidature
Jouyne.
Certes., je n’adresserai pas des compli
ments au juge de paix de Médéa si réelle
ment il a tenu le propos qu’on lui prête et
je ne crois pas qu’il en reçoive de qui que
ce soit, mais je n’en admire pas moins la
candeur, d’autres diraient le cynisme, de
l’honorable colonel qui s’empresse de faire
connaître ce propos au publie, tout en dé
clarant que c’est confidentiellement qu’il
a été tenu.
M. le juge de paix de Médéa, fera bien, à
l’avenir, de mieux choisir ses confidents et
de tourner sa langue sept fois quand il vou
dra raconter à M. Fallet les secrets de son
cabinet.
Informations algériennes
Samedi dernier, à 9 heures, a eu lieu à
la cathédrale de Consfantine, le service
funèbre célébré en l’honneur de l’amiral
Courbet par l’évêque de cette ville.
L’église était pleine de monde et tontes
les autorités civiles et militaires assistaient
à la cérémonie.
La musique des zouaves a interprété
quelques airs funèbres bien appropriés à la/
circonstance. A 10 heures, la foule se reti
rait profoudément émue au souvenir dis
vaillant héros de Fou-Tchéou, dont la ma-»
rine pleurera toujours la perte.
X
Les nominations suivantes dans le service
des Douanes en Algérie comptent à partir
du 1 er septembre prochain.
M. Achard, contrôleur à Oran, est nommé-
contrôleur principal sur place.
Recevront une augmentation de traite
ment, MM. Borget, contrôleur à Oran
Amielh, contrôleur à Alger: Duval, con
trôleur ’> Oran ; Quissac, contrôleur à Oran;
Tixador, receveur à Constantine ; Julien»,
contrôleur-adjoint à Oran ; Serveiile, rece
veur à Tébessa.
M. Lamothe, contrôleur-adjoint à Oran»,
est nommé contrôleur sur place.
M. Guibéba, contrôleur-adjoint à Bône*
es', nommé contrôleur sur place.
X
Dans sa séance du 20 août, le Conseil sa
nitaire de Tunis a adopté les nouvelles me
sures suivantes :
I e La durée de la quarantaine imposée
aux provenances d’Espagne et da Gibraltar
sera portée à T jours, à dater de l’inspec
tion médicale ;
2 a Dorénavant les passagers purgeront
leur quarantaine au Lazaret de Carthage
qui vient d’ôtre ouvert.
X
L 'Officiel .enregistre .**«» .<**<»*o*
vant que l'enzel des immeubles - habbous eu
Tunisie ne pourra être constitué que par
voie d’enchères publiques.
X
En Tunisie, on annonce la prochaine ap
parition d’un nouveau journal ayant pour
titre Le Protectorat .
X
Nous apprenonaque M. Ben Sadoun, as
sesseur musulman près ie tribunal de Bône,
est nommé asseur à Blida, en remplacement
de M. Mohamed ben Ali Khodja, démission
naire.
X
Sur la désignation de M. le général com
mandant la division d’occupation de Tuni
sie, en ce qui concerne les justices de paix.
d’Aïn-Drabam et de Gabés.
Ont été chargés des fonctions de juge de:
paix : à Aïn-Draham : M. Montlezun, ca
pitaine-adjudant-major au 4 e régiment de
zouaves ;
A Nébeul : M 1 Tauchon, contrôleur civil ;
A Gabés : M.. Phoyen, capitaine au 16^
escadron du train ;
A Gafsa ; M. Harmayer, contrôleur civile
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N* 44.
LA
GRANDI HIRNIÊBE
PAR
Georges OHNET
— Allons, tante, il faut aller rejoindre
non père... Tâchez qu’il ne s’aperçoive pas
jue vous avez pleuré.
— Sois tranquille, j’aurai de la fermeté.
Elles se dirigeaient vers la terrasse, quand
a porte du salon, en s’ouvrant, les arrêta.
Sur le seuil, le vieux Bernard se montrait,
5ffaré.
— Qu’y a-t-il ? dit Antoinette éperdue.
— C’est M. Jousselin, Mademoiselle, bal-
autia le brave serviteur, le commissaire de
la ville... M. Jousselin !
Ainsi, cette heure tant redoutée, mais
qu’on espérait en secret ne devoir jamais
venir, était irrémédiablement arrivée.
Faites-le entrer,.. Mais non, on pour
rait le voir du jardin...
Les deux femmes échangèrent un regard
chargé d’épouvante et, marchant comme
dans un rêve, gagnèrent le vestibule. Un
gros homme vêtu de noir y piétinait nerveu
sement. En les voyant, il ôta son chapeau,
et, avec une grande déférence, s’adressant à
Antoinette :
— Mademoiselle, je désirerais parler à
monsieur votre frère ..
— Il se promène en ce momment dans le
parc avec mon père. Monsieur. Faut-il que
je l’appelle ?
Je vous en serais reconnaissant...
Un lourd silence se fit. Le fonctionnaire,
devant cette jeune fille si belle et si trou
blée, hésitait à parler. Les deux femmes
avaient sur les lèvres une question qu’elles
n’osaient point faire.
La tante de Saint-Maurice ne put suppor
ter l’incertitude.
— Yenez-vous pour nous le prendre,
Monsieur? demanda-t-elle d’un air terri
ble.
— Madame... mes fonctions m’imposent
un devoir pénible...
La vieille fille toléra le : « Madame »,
qu’en toute autre circonstance, elle eût ver
tement relevé.
— Mon cher monsieur, reprit-elle avec
agitation, vous êtes, si je ne me trompe, le
fils de Jousselin, qui fut autrefois le régis
seur de mon père à Saint-Maurice. Oui ?
Vous avez donc avec nous des liens de fa
mille. Vous ne voudriez pas réduire de bra
ves gens au désespoir ?... Mon neveu n’est
pas coupable. Ai-je besoin de vous le dire?...
Que faut-il faire pour qu’il reste en liberté ?
Si c’est une question d’argent, on s’arran
gera...
Le commissaire fit un geste de dénégation
étonnée.
— 11 faut que M. de Clairefont me suive,
{ dit-il doucement, car il eut vraiment pitié
de ces femmes. Je mettrai à exécuter mes
ordres tous les ménagements possibles...
— Ah ! Monsieur, c’est pour mon père
que je vous supplie! s’écria Antoinette...
Jusqu’à la constatation de l’innoîence de
mon frère, qu’il puisse ne se douter de
rien...
— Mademoiselle, vous voyez que je suis
entré seul... les agents de la force publique
sont restés au dehors... Que monsieur votre
frère me donne sa parole de me suivre sans
résistance, et nous sortirons tous les deux
sans bruit et sans scandale... Je crois, en
agissant ainsi, vous prouver que je n’ai pas
oublié ce que ma famille a pu devoir à la
vôtre.
Mlle de Clairefont inclina la tête.
— Je vous remercie, Monsieur, et je m’en
gage pour mon frère... Je vais le prévenir...
Restez, tante... vous pourrez ici lui parler
sans danger, avant qu’il s’éloigne.
Se promenant sur la terrasse, le vieillard
et son fils passèrent au pied de la fenêtre.
Ils causaient : le marquis tout à la joie en
fantine d’expliquer l’expérience qui lui occu
pait l’esprit, Robert s’efforçant d’arrêter les
îarmes qui de son cœur montaient brûlan
tes à ses yeux. Il lui semblait • qu’il allait
quitter pour toujours tout ce qui l’entourait,
et, avec un attendrissement inconnu, il re
gardait la maison, les arbres, les fleurs, le
ciel, qui ne lui avaient jamais paru si beaux.
Des sentiments qu’il n’avait pas encore si
vivement éprouvés s’éveillaient dans son
cœur ; il regrettait ses folies, condamnait
son existence inactive, maudissait les cha
grins qu’il avait causés à son père. Il eûfc
voulu tout racheter, et, en lui-même, ju
geant que son malheur était la conséquence;
de sa conduite, il l’aeceptait comme une ex
piation. De loin il vit venir sa sœur. L’alté
ration de ses traits le frappa. Il ne lui laissa
pas le temps de parler.
— Est-ce que tu viens me remplacer ? de-^
mauda-t-il, plein d’angoisse.
Elle baissa la tête tristement :
— Il y a au salon quelqu’un qui te de
mande.
— Quelque partio à arranger, dit le vieil
lard avec indulgence. Allons! mon cher»,
ne te fais pas attendre.
Les deux jeunes gens frémirent à cette;
redoutable méprise.
Robert prit le marquis dans ses bras et.
posa sur les cheveux blacns du vieillard ses
lèvres tremblantes, puis, tendant la main &
sa sœur, sans oser l’embrasser :
— Adieu, fit-il brusquement, et il s’éloi
gna.
Derrière lai le père et la fille continuèrent
leur promenade, sans parler, cette fois»
comme si, dans l’air qui les entourait»
quelques mystérieux effluves de la douleur-
d’Antoinette se fussent répandus, apportant,
au cœur du marquis une soudaine tristesse.
Arraché à grand’peine aux protestations;
éplorées de la tante Isabelle, sous la con
duite de Jousselin, Robert s’en allait dans
la direction de Couvrechamps. Les gen
darmes avaient pris les devants.
(A suivre .)
Première année. — N° 44.
Le numéro 55 centimes.
DEPOT LEGAL
I ô (
Samedi, 29 août 1885.
La Dépêche Algéri
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois
Algérie 4.1*0
France 6
Six mois
O
4»
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives amt annnonces et réclames doivent, m
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger*
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marsbillk, chei M. Gdstavk ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chex MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des prooédnrea et contrat».
Alger, le 28 Août 4885.
LES HOMMES_DU JOUR
XXIV
JVI. DANIEL WILSON
DÉPUTÉ D’INDRE-ET-LOIRE
S’il est un homme qui a soulevé autour
de lui de grandes sympathies et de violentes
haines, c’est, sans contredit, M. Daniel Wil
son. - Ces attaques passionnées ne se sont
dessinées nettement que du jour de l’arrivée
aux affaires du député d’Indre-et-Loire et
surtout au moment où M. Wiison est devenu
le gendre de M. Grévy.
Les journaux réactionnaires, et notam
ment le Figaro, se sont plus à représenter
M. Wilson comme un homme très médiocre,
très envieux et de mœurs plus ou moins
dissolues
Cette légende, qui n’est que la consé
quence des basses jalousies qu’a excité chez
certains, la fortune politique du jeune dé
puté d’Indre-et-Loire, n’a nui eu rien à
M. Wilson que chacun connaît pour un par
fait gentleman, un homme de valeur, jouis
sant, il est vrai, d’une grande influence,
influence dont il se sert au mieux des inté
rêts de la République, ce qui enrage ces
braves soutiens d’un autel chancelant et d’un
trône définitivement démoli.
M. Wilson est né à Paris, le 6 mars 1840.
II entra, dès 21 ans, dans l’arène politique
en collaborant à divers organes parisiens.
Il se présenta au corps législatif en 1859 et
fut élu au second tour comme candidat in
dépendant avec 19,052 voix contre 6,445 ob
tenues par son concurrent monarchiste, le
trop célèbre Raoul Duval.
Après la révolution du 4 septembre, il se
rallia au groupe de la gauche à la tête du
quel était M. Grévy.
Aux élections du 8 février 1871, il fut
nommé représentant d’Indre-et-Loire, le
cinquième sur six, par plus de 30 000 voix,
et le 23 juin 1872, conseiller général pour le
canton de Loches.
D’abord membre du Centre gauche, il se
fit inscrire plus tard au groupe de l’Union
républicaine et fit partie des commissions
du budget. Il adopta l’amendement Wallon
et fut absent au moment du vote des lois
constitutionnelles. Réélu le 20 février 1876
dans l’arrondissement de Loches par 8,255
voix contre 7,331, obtenues par son concur
rent, il fit partie de la Gauche républicaine
et fut un des 363.
Energiquement combattu par l’Adminis
tration aux élections du 14 octobre, il l’em
porta avec 8,452 voix sur M. Fernand-Raoul
Duval, dont le caractère de candidat officiel
avait été spécialement marqué par une
visite personnelle du maréchal-président, et
qui n’en réunit que 5,705. M Wilson qui
n’avait cessé de faire partie de la Commis
sion du budget, en fut nommé rapporteur
général.
Il fut appelé le 29 décembre 1879 au mi
nistère des Finances comme sous-secrétaire
d’Etat et chargé spécialement dû personnel;
mais il ne resta que quelques mois à ce poste
important.
Il a été réélu en 1881, le 21 août, dans
l’arrondissement de Koches par 11099 voix,
sans concurrent.
En 1881, pour mettre le couronnement à
sa fortune politique, il épousa Mlle Alice
Grévy, fille aînée du président de la Répu
blique, qui lui apportait eu même temps
qu’une véritable fortune une influence con
sidérable.
M. Wilson a été un instant surnommé le
Warwick de ministères, mais c’est une exa
gération qui n’a pris naissance que dans
les excellents rapports du président et de
son gendre.
M. Wilson est un esprit très fin, un hom
me très actif, qui pourrait peut-être se trou
ver mal à l’aise dans un commandement
absolu mais qui, en sous ordre, rendra tou
jours de signalés services.
UNE CONFIdSÏN PLACÉE
Je disais hier que les révocations et les
mises à la retraite déplaisaient fort à l'intè
gre citoyen Basset, quand les révocations et
les mises à la retraite s’appliquaient à ses
amis, et que, dans ce cas, il ne manquait
jamais d’en faire supporter la responsabilité
au sénateur Mauguin, le plus souvent sa
chant le contraire, mais qu’il était plein
d’indulgence pour les dénonciations com
mises par ses amis.
C’est très curieux de voir combien change
la façon d’apprécier les actes, selon le mi
lieu dans lequel on vit.
Ainsi, il est de règle, dans la bonne socié
té française de ne point révéler les confi
dences que l’on nous fait, et nous considé
rons comme un acte d’indélicatesse la di
vulgation d'une conversation confidentielle,
à plus forte raison quand cette divulgation
a lieu par la voie de la presse.
Mais on ne juge pas les choses de cette
façon, à ce qu’il paraît, dans le parti qui a
pour chef, à Alger, M. Basset, et à Médéa,
M. Fallet.
Si, par impossible, je commettais l’indé
licatesse de publier ce qu’un magistrat
m’aurait dit, sous le sceau du secret, M. Bas
set n’aurait pas assez d’injures contre moi :
mais si c’est M. Fallet, l’ancien offici er de
la garde impériale, qui est indiscret,” R n’y
a pas de mal ; les purs appellent cela écrire
une lettre digne et ferme.
Voyez cependant quel usage M. Fallet
fait des confidences que lui font ceux qui
ont l’imprudence d’avoir confiance en lui.
Voici ce qu’on lit dans la lettre qu’il a
adressée au gouverneur et qu’il a fait ensui
te publier dans le Petit Colon et dans le
Radical algérien :
« Je ne 'puis oublier de mentionner l'in
cident suivant :
» Comme je revenais d'accompagner le
sous-préfet et le maire, je rencontrai le
juge de paix qui, m'emmenant à l'écart
sur la place d'Armes, me déclara confi
dentiellement qu'il était dans une posi
tion très fausse et très fâcheuse, que lors
que, la première fois, je m'étais présenté à
son domicile, il conversait avec le sous-
préfet et le maire, lesquels lui repro
chaient son manque d'énergie et l'enga
geaient vivement à faire arrêter des no
tables influents opposés à la candidature
Jouyne.
Certes., je n’adresserai pas des compli
ments au juge de paix de Médéa si réelle
ment il a tenu le propos qu’on lui prête et
je ne crois pas qu’il en reçoive de qui que
ce soit, mais je n’en admire pas moins la
candeur, d’autres diraient le cynisme, de
l’honorable colonel qui s’empresse de faire
connaître ce propos au publie, tout en dé
clarant que c’est confidentiellement qu’il
a été tenu.
M. le juge de paix de Médéa, fera bien, à
l’avenir, de mieux choisir ses confidents et
de tourner sa langue sept fois quand il vou
dra raconter à M. Fallet les secrets de son
cabinet.
Informations algériennes
Samedi dernier, à 9 heures, a eu lieu à
la cathédrale de Consfantine, le service
funèbre célébré en l’honneur de l’amiral
Courbet par l’évêque de cette ville.
L’église était pleine de monde et tontes
les autorités civiles et militaires assistaient
à la cérémonie.
La musique des zouaves a interprété
quelques airs funèbres bien appropriés à la/
circonstance. A 10 heures, la foule se reti
rait profoudément émue au souvenir dis
vaillant héros de Fou-Tchéou, dont la ma-»
rine pleurera toujours la perte.
X
Les nominations suivantes dans le service
des Douanes en Algérie comptent à partir
du 1 er septembre prochain.
M. Achard, contrôleur à Oran, est nommé-
contrôleur principal sur place.
Recevront une augmentation de traite
ment, MM. Borget, contrôleur à Oran
Amielh, contrôleur à Alger: Duval, con
trôleur ’> Oran ; Quissac, contrôleur à Oran;
Tixador, receveur à Constantine ; Julien»,
contrôleur-adjoint à Oran ; Serveiile, rece
veur à Tébessa.
M. Lamothe, contrôleur-adjoint à Oran»,
est nommé contrôleur sur place.
M. Guibéba, contrôleur-adjoint à Bône*
es', nommé contrôleur sur place.
X
Dans sa séance du 20 août, le Conseil sa
nitaire de Tunis a adopté les nouvelles me
sures suivantes :
I e La durée de la quarantaine imposée
aux provenances d’Espagne et da Gibraltar
sera portée à T jours, à dater de l’inspec
tion médicale ;
2 a Dorénavant les passagers purgeront
leur quarantaine au Lazaret de Carthage
qui vient d’ôtre ouvert.
X
L 'Officiel .enregistre .**«» .<**<»*o*
vant que l'enzel des immeubles - habbous eu
Tunisie ne pourra être constitué que par
voie d’enchères publiques.
X
En Tunisie, on annonce la prochaine ap
parition d’un nouveau journal ayant pour
titre Le Protectorat .
X
Nous apprenonaque M. Ben Sadoun, as
sesseur musulman près ie tribunal de Bône,
est nommé asseur à Blida, en remplacement
de M. Mohamed ben Ali Khodja, démission
naire.
X
Sur la désignation de M. le général com
mandant la division d’occupation de Tuni
sie, en ce qui concerne les justices de paix.
d’Aïn-Drabam et de Gabés.
Ont été chargés des fonctions de juge de:
paix : à Aïn-Draham : M. Montlezun, ca
pitaine-adjudant-major au 4 e régiment de
zouaves ;
A Nébeul : M 1 Tauchon, contrôleur civil ;
A Gabés : M.. Phoyen, capitaine au 16^
escadron du train ;
A Gafsa ; M. Harmayer, contrôleur civile
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N* 44.
LA
GRANDI HIRNIÊBE
PAR
Georges OHNET
— Allons, tante, il faut aller rejoindre
non père... Tâchez qu’il ne s’aperçoive pas
jue vous avez pleuré.
— Sois tranquille, j’aurai de la fermeté.
Elles se dirigeaient vers la terrasse, quand
a porte du salon, en s’ouvrant, les arrêta.
Sur le seuil, le vieux Bernard se montrait,
5ffaré.
— Qu’y a-t-il ? dit Antoinette éperdue.
— C’est M. Jousselin, Mademoiselle, bal-
autia le brave serviteur, le commissaire de
la ville... M. Jousselin !
Ainsi, cette heure tant redoutée, mais
qu’on espérait en secret ne devoir jamais
venir, était irrémédiablement arrivée.
Faites-le entrer,.. Mais non, on pour
rait le voir du jardin...
Les deux femmes échangèrent un regard
chargé d’épouvante et, marchant comme
dans un rêve, gagnèrent le vestibule. Un
gros homme vêtu de noir y piétinait nerveu
sement. En les voyant, il ôta son chapeau,
et, avec une grande déférence, s’adressant à
Antoinette :
— Mademoiselle, je désirerais parler à
monsieur votre frère ..
— Il se promène en ce momment dans le
parc avec mon père. Monsieur. Faut-il que
je l’appelle ?
Je vous en serais reconnaissant...
Un lourd silence se fit. Le fonctionnaire,
devant cette jeune fille si belle et si trou
blée, hésitait à parler. Les deux femmes
avaient sur les lèvres une question qu’elles
n’osaient point faire.
La tante de Saint-Maurice ne put suppor
ter l’incertitude.
— Yenez-vous pour nous le prendre,
Monsieur? demanda-t-elle d’un air terri
ble.
— Madame... mes fonctions m’imposent
un devoir pénible...
La vieille fille toléra le : « Madame »,
qu’en toute autre circonstance, elle eût ver
tement relevé.
— Mon cher monsieur, reprit-elle avec
agitation, vous êtes, si je ne me trompe, le
fils de Jousselin, qui fut autrefois le régis
seur de mon père à Saint-Maurice. Oui ?
Vous avez donc avec nous des liens de fa
mille. Vous ne voudriez pas réduire de bra
ves gens au désespoir ?... Mon neveu n’est
pas coupable. Ai-je besoin de vous le dire?...
Que faut-il faire pour qu’il reste en liberté ?
Si c’est une question d’argent, on s’arran
gera...
Le commissaire fit un geste de dénégation
étonnée.
— 11 faut que M. de Clairefont me suive,
{ dit-il doucement, car il eut vraiment pitié
de ces femmes. Je mettrai à exécuter mes
ordres tous les ménagements possibles...
— Ah ! Monsieur, c’est pour mon père
que je vous supplie! s’écria Antoinette...
Jusqu’à la constatation de l’innoîence de
mon frère, qu’il puisse ne se douter de
rien...
— Mademoiselle, vous voyez que je suis
entré seul... les agents de la force publique
sont restés au dehors... Que monsieur votre
frère me donne sa parole de me suivre sans
résistance, et nous sortirons tous les deux
sans bruit et sans scandale... Je crois, en
agissant ainsi, vous prouver que je n’ai pas
oublié ce que ma famille a pu devoir à la
vôtre.
Mlle de Clairefont inclina la tête.
— Je vous remercie, Monsieur, et je m’en
gage pour mon frère... Je vais le prévenir...
Restez, tante... vous pourrez ici lui parler
sans danger, avant qu’il s’éloigne.
Se promenant sur la terrasse, le vieillard
et son fils passèrent au pied de la fenêtre.
Ils causaient : le marquis tout à la joie en
fantine d’expliquer l’expérience qui lui occu
pait l’esprit, Robert s’efforçant d’arrêter les
îarmes qui de son cœur montaient brûlan
tes à ses yeux. Il lui semblait • qu’il allait
quitter pour toujours tout ce qui l’entourait,
et, avec un attendrissement inconnu, il re
gardait la maison, les arbres, les fleurs, le
ciel, qui ne lui avaient jamais paru si beaux.
Des sentiments qu’il n’avait pas encore si
vivement éprouvés s’éveillaient dans son
cœur ; il regrettait ses folies, condamnait
son existence inactive, maudissait les cha
grins qu’il avait causés à son père. Il eûfc
voulu tout racheter, et, en lui-même, ju
geant que son malheur était la conséquence;
de sa conduite, il l’aeceptait comme une ex
piation. De loin il vit venir sa sœur. L’alté
ration de ses traits le frappa. Il ne lui laissa
pas le temps de parler.
— Est-ce que tu viens me remplacer ? de-^
mauda-t-il, plein d’angoisse.
Elle baissa la tête tristement :
— Il y a au salon quelqu’un qui te de
mande.
— Quelque partio à arranger, dit le vieil
lard avec indulgence. Allons! mon cher»,
ne te fais pas attendre.
Les deux jeunes gens frémirent à cette;
redoutable méprise.
Robert prit le marquis dans ses bras et.
posa sur les cheveux blacns du vieillard ses
lèvres tremblantes, puis, tendant la main &
sa sœur, sans oser l’embrasser :
— Adieu, fit-il brusquement, et il s’éloi
gna.
Derrière lai le père et la fille continuèrent
leur promenade, sans parler, cette fois»
comme si, dans l’air qui les entourait»
quelques mystérieux effluves de la douleur-
d’Antoinette se fussent répandus, apportant,
au cœur du marquis une soudaine tristesse.
Arraché à grand’peine aux protestations;
éplorées de la tante Isabelle, sous la con
duite de Jousselin, Robert s’en allait dans
la direction de Couvrechamps. Les gen
darmes avaient pris les devants.
(A suivre .)
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