Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-28
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 août 1885 28 août 1885
Description : 1885/08/28 (A1,N43). 1885/08/28 (A1,N43).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448259
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
1
Première année. — N° 43
PREFËCTÜ
DE P01
D'au; eh
legal
Le numéro S centimes.
10 /
Vendredi, 28 août 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
Frange.... O 152 524
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôïel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, su
Algérie,ê-treadressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger"
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bansset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C>«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le T Août 1885.
LES HOMMES DO JOÜR
XXIIL
M. TOLAIN
SÉNATEUR
La personnnalitè de M. Henri Toiain est
essentiellement populaire à Paris. Cet hom
me politique est un exemple vivant de ce
que peuvent la persévérance et le travail.
Sorti des derniers rangs de la société, il a
su s’élever au premier rang et prendre une
place considérable dans la vie politique de
notre époque.
M. Toiain est né à Paris, le 18 juin 1828.
Il exerça, dès l’enfance, le métier de cise
leur tout en se li/rant à des éludes d’écono
mie politique.
Nommé, en 1861, secrétaire adjoint de 1a.
Commission ouvrière pour l’exposition de
Londres et envoyé en Angleterre, en 1862,
pour y étudier et comparer les diverses
industries, il se présenta sans succès, en
4863, à la députation, comme candidat, des
ouvriers de Paris.
En 1868, il collabora au Courrier fran
çais que venait de fonder M. Vermorel. Il
était poursuivi, lorsqu’éclata la révolution
du 4 septembre
Resté à Paris pendant le siège, il fut, aux
élections du 7 novembre, nommé adjoint au
maire du li e arrondissement, par 13,046
voix sur 15,018 votants.
Le 8 février 1871, M. Toiain fut élu re
présentant de la Seine à l’Assemblée natio
nale, le trente-deuxième sur quarante-trois,
par 89,132 voix, sur 328,970 votants.
Après l’insurrection du 18 mars, il signa
la proclamation dans laquelle les députés et
les maires de Paris acceptaient les élections
municipales fixées au 26 par le comité cen
tral de la garde nationale. Porté, malgré
lui, dans le 11 e arrondissement comme can
didat à la Commune, il n’obtint que 283
voix»
Dans l’intervalle, il était revenu prendre
sa place à l’Assemblée. Sa courageuse atti
tude en présence de l'insurrection lui valut
de violentes attaques de la part des organes
accrédités de l’internationale ; sans préju
dice des calomnies des journaux conserva
teurs.
M. Toiain a pris la parole, à la Chambre,
sur la plupart des questions économiques
ou intéressant les classes laborieuses, parti
culièrement lors de la discussion sur la ma
rine marchande et les matières premières.
U déposa un projet de loi sur le droit d’as
sociation et une demande de crédit pour
l’envoi des ouvriers à l’Exposition de Vien
ne, qui furent repoussés par l’Assemblée.
Inscrit au groupe de l’Union-Républi-
caine, il vota contre les préliminaires de
paix et adopta l’amendement Wallon et les
lois constitutionnelles.
Candidat aux élections sénatoriales du 30
janvier 1876, dans le département de la
Seine, il fut élu le second sur cinq par 136
voix sur 216 électeurs.
Au nouveau Sénat, il signa la demande
d’amnistie pleine et entière avec Victor
Hugo et vota, le 3 juin, contre la dissolu
tion de la Chambre demandée par M. de
Broglie.
Au renouvellement triennal du 8 janvier
1882, il a obtenu au premier tour 99 voix et
a éfê réélu au second par ill voix sur 202
votants.
M. Toiain représente actuellement à la
Chambre haute le parti avancé, mais nulle
ment exagéré ; l’âge, M. Toiain a aujour
d'hui 57 ans, a modifié chez le sénateur de
Paris certains heurts et inégalités qui pou
vaient le faire passer pour intransigeant
Aujourd’hui, lorsque M. Toiain prend la
parole, on sait qu’on va entendre à coup
sûr une parole sensée, parfois magnifique,
toujours humanitaire.
De l’avis de tous, le sénateur de Paris est
en ce moment une des plus sympathiques
figures du Luxembourg.
En Hongrie. — Las corridas de Toros. —
Les chands d’vin.
Je ne sais pas de lecture plus attrayante,
plus intéressante, en ce moment, que celle
des lettres nous racontant les réceptions
enthousiastes, véritables ovations faites aux
quarante littérateurs, peintres, artistes, sa
vants français qui, M. de Lesseps en tête,
ont répondu à la cordiale invitation d’un
groupe de Hongrois et qui parcourent en ce
moment la Hongrie en tous sens.
Jamais invités n’ont été traités avec au
tant de luxe, de confort et de prodigalité ;
jamais programme de réjouissances et d’ex
cursions n’a été mieux combiné ; jamais
l’hospitalité n’a été exercée sur une plus
grande échelle. Mais ce qui nous touche
bien plus que la splendeur des fêtes, que la
richesse des banquets, que les baisses con
certs, les feux d’artifice, les représentations
se succédant sans relâche, c’est la part
prise, daus les villes comme dans les campa
gnes, à la réception de nos concitoyens par
les populations.
Sur les rives des fleuves, comme sur les
bords des routes et des voies ferrées, la nuit
commë le jour, jusque dans les montagnes
les plus reculées, hommes, femmes, enfants,
vieillards, tout ie monde est là en habits de
fête, agitant des drapeaux tricolores ou por
tant des bouquets, pour saluer au passage
nos compatriotes de longs vivats < Elven !
Eiven ! Vive la France ! et si, justement
émus, les excursionnistes font une halte de
quelques minutes, acceptent un bouquet et
répondent par les cris de vive la Hongrie,
l'enthousiasme ne connaît bientôt plus de
bornes.
Or, quoique pris parmi l’élite, de tels
hommages ne s’adressent pas personnelle
ment aux membres de la délégation, ceux-ci
ne sont que ie prétexte de cette magnifique
démonstration spontanée de tout un peuple
en faveur de la France. Et lorsque, dans
le concert européen, les rois et empereurs
font tout pour isoler notre patrie, pour la
mettre, en quelque sorte, au ban de l’opi
nion des nations, n’y a-t-il pas quelque
chose de consolant et de touchant à voir ce
petit peuple de la Hongrie l’acclamer, lui
faire fête et protester ainsi à sa façon, qui
est la bonne, contre les calculs de la diplo
matie, contre les ingratitudes et les oublis
du cœu”.
Comment pourrons-nous nous acquitter
un jour de la dette que nous venons de con
tracter envers la Hongrie ?
*
* *
Le Gouvernement va-t-il prendre des
mesures pour que la même loi soit appli
quée au Nord comme au Midi ; pour que ce
qui est défendu à Paris et à Lyon ne soit
pas toléré à Nimes et à Arles ? Nous vou
lons parler des combats de taureaux, et il
est temps que l’on soit fixé sur ce point ;
l’occasion est d’ailleurs tout à fait propice
pour prendre un parti!
En effet, si les organisateurs de la fête
de la presse au profit des victimes des trem
blements de terre d’ischia ont échoué dans
leur demande tendant à faire venir à l’Hip
podrome la première épée d’Espagne, le
célèbre Frascuelo, il en a été autrement
cette année à Nimes. Une grande corrida
de toros a été autorisée dans les arènes et,
sous les yeux de cinquante mille spectateurs,
sept taureaux ont été massacrés, après avoir
mis à mal une douzaine de chevaux et le
fameux Frascuelo lui-même.
Le sang a coulé à flots et c’est littérale
ment écœuré que le public s’est retiré, huant
et sifflant à la fois la maladresse des toréa
dors et le peu d’entrain de quelques-uns des
taureaux.
L’expérience ne semble-t-elle pas suffi
samment concluante dans un sens ou dans
l’autre ?
Si l’on croit que nos mœurs ont à gagner
à voir verser le sang d’animaux inoffensifs,
va bien, comme dit le Marseillais : que les
corridas soient faites sans distinction de
région. Mais si, au contraire, l’on estime
que la vue des souffrances et de la mort est
un spectacle malsain, qui ne saurait s’allier
avec les mœurs d’un peuple civilisé, qu’on
les supprime et qu’on les interdise, une bon
ne fois pour toutes,sur tout le territoire de la
République.
Les chands d’vin, à défaut d'autres qua
lités, ont au moins la persévérance. Us n’a
bandonnent rien de- leur programme qui
consiste à pouvoir impunément baptiser
leur marchandise et à nous vendre, sans
que nous puissions nous défendre, sous le
nom de . vin, telle mixture qu’il leur con
viendra de fabriquer.
Que l’on poursuive et que l’on condamne
l'épicier qui vend comme poivre la terre de
sa cave, ou l’audacieux chimiste qui débite
comme beurre naturel l’affreuse graisse ob
tenue du pétrole ; que l’on s’oppose même
par des peines sévères à ce que nos enfants
ne soient pas empoisonnés avant l’âge en
suçant des bonbons ou des jouets colorés à
l’aide des poisons les pins subtils, rien de
mieux ; le chand d’vin lui-même n’y con
tredit pas. Au besoin, il sera le premier à
dénoncer au laboratoire municipal une den
rée falsifiée ; mais malheur ! si l’on veut
l’astreindre à la loi commune, il la repousse
avec éclat. Un peu plus il remuerait les pa
vés, car ce n’est pas être en république que
de nç pas avoir la liberté de faire trois piè
ces de vin d’une à i’aide d’un copieux
mouillage et d’un habile remontage. Quant
à l’établissement scientifique qui permet à
des yeux indiscrets de pénétrer les secrets
de tous les mélanges et de les dénoncer à
la vindicte publique, il ne saurait être autre
chose qu’un dernier vestige de la tyrannie,
qu’il convient de raser comme le fut la Bas
tille.
Le Cirque d’hiver a, comme tous les ans,
entendu ressasser les variations que com-
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 43.
LA
GRANDE BARRI È R E
PAR
Georges 0HNET
Mais Antoinette, toujours sage, au milieu
même du désespoir, avait répondu aussi
tôt :
— Il ne saurait nulle part être mieux qu’à
Clairefont. Dans son appartement séparé, il
est à mille lieues du monde. Ce sera à nous
de veiller à ce qu’on ne pénètre pas jusqu’à
lui... Il ne lit aucun journal, il ne sort ja
mais... Il restera, quoi qu’il arrive, dans
une quiétude complète. S’il faut absolument
lui dire quelque chose, eh bien, nous choi
sirons au moins le moment, et nous serons
juges de l’étendue de l’aveu.
Et tous trois, réunis dans le petit salon
du rez-de-choussée, les fenêtres ouvertes
sur la terrasse, ils attendaient, dans une
anxiété plus intolérable que le mal lui-
même, l’oreille ouverte aux mille bruits du
dehors, les yeux fixés sur la montée de Clai
refont qui cheminait poudreuse et nue dans
la verdure de la colline. C’était par cette
route, qu’ils interrogeaient, que pouvait
leur venir le danger. Et dans les yeux de
la tante de Saint-Maurice éclatait le désir
mal contenu de la résistance.
Les heures passaient, raffermissant leur
courage. Le temps gagné n’était-il pas une
preuve de l’inanité de leurs appréhensions?
Si la justice avait une action à exercer, at
tendrait-elle si longtemps pour se mettre en
mouvement? Ils ignoraient tout de la légis
lation moderne. Ils ne soupçonnaient pas
les hésitations du ministère public, les ma
nœuvres de Carvajan, et la surveillance en
core discrète de la police. Ainsi que la bêle
prise au piège et qui ne trouve pas d’issue,
ils restaient immobiles, repliés sur eux-
mêmes, dans d’affreuses alternatives de
crainte et d’espérance.
Vers quatre heures, tous les jours, quand
la chaleur était tombée, le marquis avait
l’habitude de descendre et de faire un tour
dans le parc avec sa fille. Antoinette, pour
rien au monde n’eût manqué cette prome
nade. Elle se préparait à l’avance, et quand
le savant quittait son cabinet, il trouvait sa
gentille compagne qui l’attendait. Dans la
fièvre où ils étaient tous, ils oublièrent le
vieillard. Il put arriver jusqu’au milieu du
salon sans être entendu, et, posant sa main
sur l’épaule d’Antoinette :
— Eh bien ! il faut donc que je vienne
aujourd’hui chercher mon Antigone ? dit- il
en souriant.
Ils s’étaient levés et restaient immobiles
et tremblants. L’apparition du père de fa
mille avait accentué l’horreur de la situation.
Ce fut Robert qui retrouva le premier sa
présence d’esprit :
— Ab ! mon père, vous êtes en avance,
aujourd’hui. Mais cela se trouve à mer
veille : nous sortirons tous ensemble. Je
veux vous donner le bras à la place de ma
sœur... Elle vous cédera bien à moi pour
cette fois seulement.
11 y eut dans l’accent du jeune homme
une tristesse si pénétrante que des larmes
emplirent les yeux d’Antoinette. Elle se
figura son frère faisant dans ce beau parc,
où avait grandi leur enfance, sa dernière
promenade, anx côtés du père qui ne se
doutait de rien. Elle eut peur de ne pouvoir
se contenir, et, sans parler, acquiesça d’un
signe de tête. La vieillard, appuyé sur le
bras de Robert, descendait déjà les degrés
du perron, parlant, comme toujours, des
travaux qui avaient occupé sa journée. La
tante Isabelle, restée en arrière, poussa un
mugissement, et se tamponnant les yeux
avec son mouchoir :
— Antoinette, je ne peux pas vivre avec
un poids pareil sur le cœur, cria-t-elle.
Non ! c’est plus fort que moi : je sens que je
ne survivrai pas à un si rude coup ! Ro
bert ! mon neveu, le dernier des Clairefont
et des Saint-Maurice, arrêté comme un
simple voleur de fagots... Eh! quand il
aurait serré un peu trop fort cette donzelle...
Le beau malheur !
Antoinette pâlit, et jetant à la vieille Saint-
Maurice un regard brûlant :
— Tante ! vous pouvez donc admettre ?...
— Que sais-je? Le marquis, son père, en
a fait bien d’autres ; seulement, dans ce
temps-là, les filles se défendaient moins, ou
n’en mouraient pas !
— Mais il nous a engagé sa parole qu’il
n’était pour rien dans ce malheur !
— C’est vrai ! Ah ! je deviens folie ! Tu
sais combien je l’aime, ce cher enfant ! C’est
très mal ! Mais j’aurais donné tout le reste
de la famille pour lui !... J’en suis bien pu
nie, car je souffre horriblement! Vois-tu,
pour qu’une vieille endurcie comme moi se
laisse aller, il faut qu’elle ait bien du cha
grin... Mon pauvre Robert !... mon cher
petit ! ah !
Et, prise d’un violent accès de désespoir,
la tante Isabelle éclata en sanglots. Antoi
nette s’était agenouillée devant elle, la pres
sait dans ses bras, s’efforçait de la conso
ler.
— Non ! criait la vieille fille, non ! Si on
l'emmène, je l’accompagnerai, j’irai avec lui
en prison.
— Mais, tante, c’est impossible !
— Comment cela ? dit Mlle de Saint-Mau
rice avec un calme soudain. Sous la Ter
reur, mes grands parents, on me l’a bien
souvent raconté, étaient tous ensemble à La
Force...
— Mais nous ne sommes pas sous la Ter
reur, répondit Antoinette, qui ne put s’em
pêcher de sourire.
— Vraiment ! Et comment appelles-tu un
temps où des abominations, comme celle
qui nous arrive, peuvent se produire ? Ah !
c’est la fia de tout !
(A suivre.)
Première année. — N° 43
PREFËCTÜ
DE P01
D'au; eh
legal
Le numéro S centimes.
10 /
Vendredi, 28 août 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
Frange.... O 152 524
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôïel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, su
Algérie,ê-treadressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger"
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bansset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C>«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le T Août 1885.
LES HOMMES DO JOÜR
XXIIL
M. TOLAIN
SÉNATEUR
La personnnalitè de M. Henri Toiain est
essentiellement populaire à Paris. Cet hom
me politique est un exemple vivant de ce
que peuvent la persévérance et le travail.
Sorti des derniers rangs de la société, il a
su s’élever au premier rang et prendre une
place considérable dans la vie politique de
notre époque.
M. Toiain est né à Paris, le 18 juin 1828.
Il exerça, dès l’enfance, le métier de cise
leur tout en se li/rant à des éludes d’écono
mie politique.
Nommé, en 1861, secrétaire adjoint de 1a.
Commission ouvrière pour l’exposition de
Londres et envoyé en Angleterre, en 1862,
pour y étudier et comparer les diverses
industries, il se présenta sans succès, en
4863, à la députation, comme candidat, des
ouvriers de Paris.
En 1868, il collabora au Courrier fran
çais que venait de fonder M. Vermorel. Il
était poursuivi, lorsqu’éclata la révolution
du 4 septembre
Resté à Paris pendant le siège, il fut, aux
élections du 7 novembre, nommé adjoint au
maire du li e arrondissement, par 13,046
voix sur 15,018 votants.
Le 8 février 1871, M. Toiain fut élu re
présentant de la Seine à l’Assemblée natio
nale, le trente-deuxième sur quarante-trois,
par 89,132 voix, sur 328,970 votants.
Après l’insurrection du 18 mars, il signa
la proclamation dans laquelle les députés et
les maires de Paris acceptaient les élections
municipales fixées au 26 par le comité cen
tral de la garde nationale. Porté, malgré
lui, dans le 11 e arrondissement comme can
didat à la Commune, il n’obtint que 283
voix»
Dans l’intervalle, il était revenu prendre
sa place à l’Assemblée. Sa courageuse atti
tude en présence de l'insurrection lui valut
de violentes attaques de la part des organes
accrédités de l’internationale ; sans préju
dice des calomnies des journaux conserva
teurs.
M. Toiain a pris la parole, à la Chambre,
sur la plupart des questions économiques
ou intéressant les classes laborieuses, parti
culièrement lors de la discussion sur la ma
rine marchande et les matières premières.
U déposa un projet de loi sur le droit d’as
sociation et une demande de crédit pour
l’envoi des ouvriers à l’Exposition de Vien
ne, qui furent repoussés par l’Assemblée.
Inscrit au groupe de l’Union-Républi-
caine, il vota contre les préliminaires de
paix et adopta l’amendement Wallon et les
lois constitutionnelles.
Candidat aux élections sénatoriales du 30
janvier 1876, dans le département de la
Seine, il fut élu le second sur cinq par 136
voix sur 216 électeurs.
Au nouveau Sénat, il signa la demande
d’amnistie pleine et entière avec Victor
Hugo et vota, le 3 juin, contre la dissolu
tion de la Chambre demandée par M. de
Broglie.
Au renouvellement triennal du 8 janvier
1882, il a obtenu au premier tour 99 voix et
a éfê réélu au second par ill voix sur 202
votants.
M. Toiain représente actuellement à la
Chambre haute le parti avancé, mais nulle
ment exagéré ; l’âge, M. Toiain a aujour
d'hui 57 ans, a modifié chez le sénateur de
Paris certains heurts et inégalités qui pou
vaient le faire passer pour intransigeant
Aujourd’hui, lorsque M. Toiain prend la
parole, on sait qu’on va entendre à coup
sûr une parole sensée, parfois magnifique,
toujours humanitaire.
De l’avis de tous, le sénateur de Paris est
en ce moment une des plus sympathiques
figures du Luxembourg.
En Hongrie. — Las corridas de Toros. —
Les chands d’vin.
Je ne sais pas de lecture plus attrayante,
plus intéressante, en ce moment, que celle
des lettres nous racontant les réceptions
enthousiastes, véritables ovations faites aux
quarante littérateurs, peintres, artistes, sa
vants français qui, M. de Lesseps en tête,
ont répondu à la cordiale invitation d’un
groupe de Hongrois et qui parcourent en ce
moment la Hongrie en tous sens.
Jamais invités n’ont été traités avec au
tant de luxe, de confort et de prodigalité ;
jamais programme de réjouissances et d’ex
cursions n’a été mieux combiné ; jamais
l’hospitalité n’a été exercée sur une plus
grande échelle. Mais ce qui nous touche
bien plus que la splendeur des fêtes, que la
richesse des banquets, que les baisses con
certs, les feux d’artifice, les représentations
se succédant sans relâche, c’est la part
prise, daus les villes comme dans les campa
gnes, à la réception de nos concitoyens par
les populations.
Sur les rives des fleuves, comme sur les
bords des routes et des voies ferrées, la nuit
commë le jour, jusque dans les montagnes
les plus reculées, hommes, femmes, enfants,
vieillards, tout ie monde est là en habits de
fête, agitant des drapeaux tricolores ou por
tant des bouquets, pour saluer au passage
nos compatriotes de longs vivats < Elven !
Eiven ! Vive la France ! et si, justement
émus, les excursionnistes font une halte de
quelques minutes, acceptent un bouquet et
répondent par les cris de vive la Hongrie,
l'enthousiasme ne connaît bientôt plus de
bornes.
Or, quoique pris parmi l’élite, de tels
hommages ne s’adressent pas personnelle
ment aux membres de la délégation, ceux-ci
ne sont que ie prétexte de cette magnifique
démonstration spontanée de tout un peuple
en faveur de la France. Et lorsque, dans
le concert européen, les rois et empereurs
font tout pour isoler notre patrie, pour la
mettre, en quelque sorte, au ban de l’opi
nion des nations, n’y a-t-il pas quelque
chose de consolant et de touchant à voir ce
petit peuple de la Hongrie l’acclamer, lui
faire fête et protester ainsi à sa façon, qui
est la bonne, contre les calculs de la diplo
matie, contre les ingratitudes et les oublis
du cœu”.
Comment pourrons-nous nous acquitter
un jour de la dette que nous venons de con
tracter envers la Hongrie ?
*
* *
Le Gouvernement va-t-il prendre des
mesures pour que la même loi soit appli
quée au Nord comme au Midi ; pour que ce
qui est défendu à Paris et à Lyon ne soit
pas toléré à Nimes et à Arles ? Nous vou
lons parler des combats de taureaux, et il
est temps que l’on soit fixé sur ce point ;
l’occasion est d’ailleurs tout à fait propice
pour prendre un parti!
En effet, si les organisateurs de la fête
de la presse au profit des victimes des trem
blements de terre d’ischia ont échoué dans
leur demande tendant à faire venir à l’Hip
podrome la première épée d’Espagne, le
célèbre Frascuelo, il en a été autrement
cette année à Nimes. Une grande corrida
de toros a été autorisée dans les arènes et,
sous les yeux de cinquante mille spectateurs,
sept taureaux ont été massacrés, après avoir
mis à mal une douzaine de chevaux et le
fameux Frascuelo lui-même.
Le sang a coulé à flots et c’est littérale
ment écœuré que le public s’est retiré, huant
et sifflant à la fois la maladresse des toréa
dors et le peu d’entrain de quelques-uns des
taureaux.
L’expérience ne semble-t-elle pas suffi
samment concluante dans un sens ou dans
l’autre ?
Si l’on croit que nos mœurs ont à gagner
à voir verser le sang d’animaux inoffensifs,
va bien, comme dit le Marseillais : que les
corridas soient faites sans distinction de
région. Mais si, au contraire, l’on estime
que la vue des souffrances et de la mort est
un spectacle malsain, qui ne saurait s’allier
avec les mœurs d’un peuple civilisé, qu’on
les supprime et qu’on les interdise, une bon
ne fois pour toutes,sur tout le territoire de la
République.
Les chands d’vin, à défaut d'autres qua
lités, ont au moins la persévérance. Us n’a
bandonnent rien de- leur programme qui
consiste à pouvoir impunément baptiser
leur marchandise et à nous vendre, sans
que nous puissions nous défendre, sous le
nom de . vin, telle mixture qu’il leur con
viendra de fabriquer.
Que l’on poursuive et que l’on condamne
l'épicier qui vend comme poivre la terre de
sa cave, ou l’audacieux chimiste qui débite
comme beurre naturel l’affreuse graisse ob
tenue du pétrole ; que l’on s’oppose même
par des peines sévères à ce que nos enfants
ne soient pas empoisonnés avant l’âge en
suçant des bonbons ou des jouets colorés à
l’aide des poisons les pins subtils, rien de
mieux ; le chand d’vin lui-même n’y con
tredit pas. Au besoin, il sera le premier à
dénoncer au laboratoire municipal une den
rée falsifiée ; mais malheur ! si l’on veut
l’astreindre à la loi commune, il la repousse
avec éclat. Un peu plus il remuerait les pa
vés, car ce n’est pas être en république que
de nç pas avoir la liberté de faire trois piè
ces de vin d’une à i’aide d’un copieux
mouillage et d’un habile remontage. Quant
à l’établissement scientifique qui permet à
des yeux indiscrets de pénétrer les secrets
de tous les mélanges et de les dénoncer à
la vindicte publique, il ne saurait être autre
chose qu’un dernier vestige de la tyrannie,
qu’il convient de raser comme le fut la Bas
tille.
Le Cirque d’hiver a, comme tous les ans,
entendu ressasser les variations que com-
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 43.
LA
GRANDE BARRI È R E
PAR
Georges 0HNET
Mais Antoinette, toujours sage, au milieu
même du désespoir, avait répondu aussi
tôt :
— Il ne saurait nulle part être mieux qu’à
Clairefont. Dans son appartement séparé, il
est à mille lieues du monde. Ce sera à nous
de veiller à ce qu’on ne pénètre pas jusqu’à
lui... Il ne lit aucun journal, il ne sort ja
mais... Il restera, quoi qu’il arrive, dans
une quiétude complète. S’il faut absolument
lui dire quelque chose, eh bien, nous choi
sirons au moins le moment, et nous serons
juges de l’étendue de l’aveu.
Et tous trois, réunis dans le petit salon
du rez-de-choussée, les fenêtres ouvertes
sur la terrasse, ils attendaient, dans une
anxiété plus intolérable que le mal lui-
même, l’oreille ouverte aux mille bruits du
dehors, les yeux fixés sur la montée de Clai
refont qui cheminait poudreuse et nue dans
la verdure de la colline. C’était par cette
route, qu’ils interrogeaient, que pouvait
leur venir le danger. Et dans les yeux de
la tante de Saint-Maurice éclatait le désir
mal contenu de la résistance.
Les heures passaient, raffermissant leur
courage. Le temps gagné n’était-il pas une
preuve de l’inanité de leurs appréhensions?
Si la justice avait une action à exercer, at
tendrait-elle si longtemps pour se mettre en
mouvement? Ils ignoraient tout de la légis
lation moderne. Ils ne soupçonnaient pas
les hésitations du ministère public, les ma
nœuvres de Carvajan, et la surveillance en
core discrète de la police. Ainsi que la bêle
prise au piège et qui ne trouve pas d’issue,
ils restaient immobiles, repliés sur eux-
mêmes, dans d’affreuses alternatives de
crainte et d’espérance.
Vers quatre heures, tous les jours, quand
la chaleur était tombée, le marquis avait
l’habitude de descendre et de faire un tour
dans le parc avec sa fille. Antoinette, pour
rien au monde n’eût manqué cette prome
nade. Elle se préparait à l’avance, et quand
le savant quittait son cabinet, il trouvait sa
gentille compagne qui l’attendait. Dans la
fièvre où ils étaient tous, ils oublièrent le
vieillard. Il put arriver jusqu’au milieu du
salon sans être entendu, et, posant sa main
sur l’épaule d’Antoinette :
— Eh bien ! il faut donc que je vienne
aujourd’hui chercher mon Antigone ? dit- il
en souriant.
Ils s’étaient levés et restaient immobiles
et tremblants. L’apparition du père de fa
mille avait accentué l’horreur de la situation.
Ce fut Robert qui retrouva le premier sa
présence d’esprit :
— Ab ! mon père, vous êtes en avance,
aujourd’hui. Mais cela se trouve à mer
veille : nous sortirons tous ensemble. Je
veux vous donner le bras à la place de ma
sœur... Elle vous cédera bien à moi pour
cette fois seulement.
11 y eut dans l’accent du jeune homme
une tristesse si pénétrante que des larmes
emplirent les yeux d’Antoinette. Elle se
figura son frère faisant dans ce beau parc,
où avait grandi leur enfance, sa dernière
promenade, anx côtés du père qui ne se
doutait de rien. Elle eut peur de ne pouvoir
se contenir, et, sans parler, acquiesça d’un
signe de tête. La vieillard, appuyé sur le
bras de Robert, descendait déjà les degrés
du perron, parlant, comme toujours, des
travaux qui avaient occupé sa journée. La
tante Isabelle, restée en arrière, poussa un
mugissement, et se tamponnant les yeux
avec son mouchoir :
— Antoinette, je ne peux pas vivre avec
un poids pareil sur le cœur, cria-t-elle.
Non ! c’est plus fort que moi : je sens que je
ne survivrai pas à un si rude coup ! Ro
bert ! mon neveu, le dernier des Clairefont
et des Saint-Maurice, arrêté comme un
simple voleur de fagots... Eh! quand il
aurait serré un peu trop fort cette donzelle...
Le beau malheur !
Antoinette pâlit, et jetant à la vieille Saint-
Maurice un regard brûlant :
— Tante ! vous pouvez donc admettre ?...
— Que sais-je? Le marquis, son père, en
a fait bien d’autres ; seulement, dans ce
temps-là, les filles se défendaient moins, ou
n’en mouraient pas !
— Mais il nous a engagé sa parole qu’il
n’était pour rien dans ce malheur !
— C’est vrai ! Ah ! je deviens folie ! Tu
sais combien je l’aime, ce cher enfant ! C’est
très mal ! Mais j’aurais donné tout le reste
de la famille pour lui !... J’en suis bien pu
nie, car je souffre horriblement! Vois-tu,
pour qu’une vieille endurcie comme moi se
laisse aller, il faut qu’elle ait bien du cha
grin... Mon pauvre Robert !... mon cher
petit ! ah !
Et, prise d’un violent accès de désespoir,
la tante Isabelle éclata en sanglots. Antoi
nette s’était agenouillée devant elle, la pres
sait dans ses bras, s’efforçait de la conso
ler.
— Non ! criait la vieille fille, non ! Si on
l'emmène, je l’accompagnerai, j’irai avec lui
en prison.
— Mais, tante, c’est impossible !
— Comment cela ? dit Mlle de Saint-Mau
rice avec un calme soudain. Sous la Ter
reur, mes grands parents, on me l’a bien
souvent raconté, étaient tous ensemble à La
Force...
— Mais nous ne sommes pas sous la Ter
reur, répondit Antoinette, qui ne put s’em
pêcher de sourire.
— Vraiment ! Et comment appelles-tu un
temps où des abominations, comme celle
qui nous arrive, peuvent se produire ? Ah !
c’est la fia de tout !
(A suivre.)
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