Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-24
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 août 1885 24 août 1885
Description : 1885/08/24 (A1,N39). 1885/08/24 (A1,N39).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544821x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 39.
HiEFECTUlilï D'AI.GEH
m:po? legal '
Le numéroïS centimes. / - (
Lundi, 24 aott 1885J
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
Algérie 4.50 9
Frange 6 *2
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes les communications relatives anr annnonces et réclames doivent, «t
Algérie, e-,re adressées a 1 AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger,
18
24
Hue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. ÀUDBOURG et C'«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGERIENNE est désignée pour l'insertion des annonces légales, jqdiciaires et autres exigées pour la validité des procedures et contrat»
Alger, le 23 Août 1885.
LES HOMMES DD JOUR
XIX
M. COCH ERY
DÉPUTÉ DU LOIRET
Peu de gens connaissent la vie politique
de M. Cochery O a s’est plu à le considérer
comme un ministre des postes et des télê-
S raphes, un administrateur et rien de plus.
'est un grand tort. M. Cochery a eu une
existence politique des mieux remplies et a
marqué sa place parmi les hommes de notre
pays avant de prendre ce portefeuille des
Postes qu’il a gardé pendant près de huit
ans.
M. Cochery est né à Paris, le 25 avril
4819. Il fit "ses études au collège Bourbon,
suivit les cours de droit et se lit recevoir
avocat, à vingt ans. A la révolution de
février 1848, il fut nommé chef de cabinet
du ministre de la justice. Dans la nuit même
du 24 au 25, il avait été chargé d’organiser
la manutention militaire pour subvenir aux
besoins urgents de la population ouvrière.
Après avoir refusé diverses fonctions judi
ciaires et administratives, il quitta môme
celles de chef de cabinet pour rentrer au
barreau, plaida de nombreuses affaires
politiques et défendit notamment les jour
naux la Voix du Peuple, la Reforme , etc.
A partir de 1856, il s’occupa spécialement
de journalisme. Administrateur de Y Avenir
national, il profita de la loi nouvelle sur la
presse, en 1868, pour créer, dans le dépar
tement du Loiret, Y Indépendance de Mon-
targis. Porté comme candidat de l’opposi
tion démocratique, dans la 3" circonscrip
tion de ce département, aux élections géné
rales de mai 1869, il fut vivement combattu
par l’administration et obtint néanmoins,au
premier tour de scrutin 11643 vox contre 8,831
données au candidat officiel, le vicomte de
Grouchy sur 27,842 votants. Il passa au
second tour, avec 13,911 voix contre 13,238
obtenues par son adversaire. M. Cochery
prit place au centre gauche et signa la
demande d’interpellation des 116 députés du
tiers-parti libéral.
Au mois de juillet 1870, il interpella le
gouvernement sur la candidature du prince
de Hohenzolleru à la couronne d’Espague
et vota contre la guerre. Après la révolu
tion du 4 septembre, il se rallia à M. Grévy
et fut au nombre des députés qui offrirent
au Gouvernement de la Défense de confir
mer ses pouvoirs, sous condition du main
tien provisoire du corps législatif. Chargé,
en qualité de commissaire général, de la
dêfeose du Loiret, il assista aux combats
livrés devant Orléans, accompagna M. Thiers
à Versailles, lors des négociations relatives
à un armistice et s’associa, à Tours, aux
protestations des anciens députés qui récla
maient la convocation d’une assemblée. Aux
élections du 8 février 1871, il fut nommé
représentant du Loiret â T Assemblé natio-
nrle, le premier sur sept par 51,341 voix.
Il prit place au centre gauche et se rap
procha,plus tard,de la gauche républicaine.
Il fit partie régulièrement, depuis 1871, de
la Commission du budget et fut rapporteur
des différentes propositions politiques ou
d’affaires. Il soutint les diverses proposi
tions tendant à l’établissement de la Répu
blique et adopta les lois constitutionnelles.
Aux élections du 20 février 1876, pour la
Chambre des députés, il fut élu dsus l’ar
rondissement de Montargis par 13.862 voix,
sans concurrent. Après l’acte du 16 Mai, il
fut un des 363 députés des gauches réunies
qui refusèrent leur vote de confiance au
cabinet de Broglie.
Aux élections du 14 octobre, sa candida
ture fut vivement combattue par l’adminis
tration. Il n’eu fut pas moins élu par 14,042
voix contre M. de Boyenval, candidat offi
ciel qui en recueillit à peine 5,500.
Il entra au ministère des finances comme
sous-secrétaire d Etat ea 1877. Le 1 er mars,
il réunit les services des postes et des télé
graphes sous une même direction, transfor
mée par décret du 5 février 1879, en un
ministère spécial.
Aux élections législatives de 1881, il fut
réélu à Montargis par 15,374 voix, sans
concurrent.
IL a conservé le ministère des postes et
des télégraphes sous les différents cabinets
qui se sont'succédés jusqu’au 27 mars.
Il a suivi M. Jules Ferry dans sa chute, et
on peut dire de lui, qu’il a quttté les postes
après y avoir apporté des améliorations de
toute nature et la conscience nette. A sa
chute, on l’a accusé de gredineries indigues
et incompatibles avec sa nature loyale et
franche.
Les électeurs de Montargis savent du
reste à quoi s’eu tenir, et aux prochaines
élections ils enverront de nouveau à la
Chambre, leur ancien représentant qui n’a
pas dévié un seul instant de la ligne répu
blicaine.
- ;BSggSBK—
Revue Fantaisiste de la Semaine
Les médecins et la comtesse .— Situation
à prendre. — Les fabriques de bache
liers. — La suppression du baccalau
réat. — Les aventures de Madame X...
— Deux désespoirs pour un.
Les médecins font beaucoup parler d’eux
depuis quelque temps ; trop même, suivant
la vieille comtesse de Rizsalé, qui ne peut
leur pardonner de faire tant de bruit, alors
qu’aujourd’hui, comme hier, il u’y eu a pas
un seul capable de guérir uu simple Cory
za.
— Beaux merles, vraiment, dit-elle, pour
prétendre arracher à la mort ses secrets les
plus intimes, qui ne savent pas seulement
prévenir ma migraine.
Aussi, la comtesse ne veut-elle entendre
parler ni de vaccination anti-cholérique, ni
de fécondation artificielle.
Ces sujets de conversation sont soigneu
sement consignés à la porte de son salon.
Par contre, elle se montre très curieuse des
progrès de l’application du procédé qui va
permettre d’éclairer à giorno l’intérieur des
corps et d’y plonger un regard indiscret.
— Enfin,a-t-elle dit àsoa inséparable amie
la baronne de Cassetout, je vais donc savoir
ce que tu as dans le ventre !
La baronne ne paraît pas. il est vrai, dis
posée à se prêter à l’expérience, il est dou
teux qu’elle consente jamais à se laisser des
cendre une lampeélectrique dansl’æsophage
pouT plaire à son amie, mais la science n’y
perdra rien, et voici une nouvelle carrière
qui s’ouvre devant les bacheliers maigres et
sans emploi. Celle de sujet translucide com
me le fut presque l’homme-squelette.
Plusieurs concurrents, m’assure-t-on,
s’entraînent déjà par un travail préparatoire
assidu, afia d’être^/]ffiyqu f b suffisammant affi
nés, pour qu’uue (rbouinue T - à l’intérieur,
on puisse suivre,à travers leur peau devenue
transparente, les] mouvements des princi
paux organes.
Or, comme chaque académie de médecine
ne peut manquer de s’attacher un ou deux
de ces sujets, il y a là des situations nou
velles à prendre. Avis aux amateurs.
*
* *
A propos de bacheliers, voici l’époque à
laquelle s’étalent, à la quatrième page des
journaux, l’adresse et les mérites de certai
nes institutions qui ont la spécialité de cette
fabrication.
Les parents des candidats révoqués à la
dernière session, peuvent s’y adresser en
toute confiance, suivant la capacité d’inges
tion de leur fils, il sera reçu en novembre
ou à Pâques. La réception sera même ga
rantie par traité, si le sujet vaut mettre un
peu de bonne volonté et ne pas contrarier
les nourrisseurs, chargés de lui embusquer
le latin et l’histoire,4 à l’aide d’uu appareil
&
rappelant ceux à l’usage des poulets à Pôii-*
grais.
Le directeur de cet établissement recon
naît avoir reçu un âne, et s’engage, à date
fixe, à livrer un bachelier, moyennant telle
ou telle somme payée comptant, car le
marchandage n’est pas interdit, et l’on traite
de gré à gré.
Et il est question de supprimer le bacca
lauréat qui donne lieu à une industrie aussi
intéressante ! Allons donc !
Napoléon prétendait à Toulon que le ca
non qui devait le tuer n’était pas encore
fondu, nous gagerions beaucoup que le mi-*
nistre qui aura la vigueur nécessaire pour
renverser d’un coup de pied la vieille mar
mite du bachot, n’est pas encore né. Les
choses les plus inutiles sont celles qui ont
la chance de vivre le plus longtemps, sousr
notre beau pays de France ; à ce titre, le
bachot a encore une longue existence de
vant lui,
***
La rentrée subite de la belle Mme X....
chez sa mère et le rapprochement qui s’est
opéré entre son mari et M, B... font, en ce
moment, l’objet de toutes les conversations
d’Alger. Personne n’ignorait, en effet, ni les
douces et intimes relations qui, depuis deux
ans, existaient entre Mme X... et l’heureux
B..., ni le chagrin profond qu’en éprouvait
X... Si ses youx eussent été des pistolets,
B... aurait été vingt fois pour une foudroyés
en pleine rue, et, de son côté, ce dernier no
pouvait entrevoir sou rival légal, sans éprou
ver le désir de lui sauter au cou et de
l’étrangler net.
Quel évènement a donc nu éteindre ces
deux haines ? Yoilà ce que Ton demande
partout sans trouver la solution vraie. Com
me la personne de qui je la tiens ne m’a pas
imposé de garder le silence, je me risque à
la donner à mon tour.
Ces jours derniers, X... prit une grande
résolution, celle de sortir par un scandale
violent de la situation odieuse et ridicule
que lui faisaient sa femme et B...
Sans chercher quelque traquenard inédit,
il partait très ostensiblement par le der
nier train pour Blida, annonçant qu’il serait
deux jours absent s’arrêtait à la Maison-Car
rés, et, à onze heures du soir, accompagnée
du commissaire, préalablement prévenu,,
frappait à la porte du logement oü.une heu
re avant, on avait vu entrer sa femme.
Pour ne pas se laisser emporter par la
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 39
PAR
Georges OHNET
Tout ça, rapport à mon amitié pour
notre cher bon monsieur le maire, que Dieu
conserve !... Ah ! y a de la politique dans
l’affaire... Oui! Ah! les gredins !,.. Mais
ça ne se passera pas comme ça .. On n’a
pas le droit d’enlever à un pauvre homme la
consolation de ses vieux ans !
Vainement, Pourtois, troublé au milieu
de tous ces curieux, pressé de questions
auxquelles il n’osait pas répondre, essayait
de faire taire l’ivrogne. Celui-ci braillait
comme un porc qu’on égorge, et se roulait
sur sa borne avec des contorsions d’épilep
tique. En voyant paraître Carvajan, il de
vint subitement beaucoup plus calme et, se
courbant comme s’il allait se prosterner sur
le pavé :
— Ah ! voilà notre défenseur !... Ah !
monsieur le maire, prenez pitié d’un pauvre
vieux qui n’espère qu’en vous pour obtenir
justice... Ah ! saint nom du bon Dieu ! Qué
malheur ! Une enfant qui était si bien por
tante hier soir ! Qu’elle dansait comme une
reine !
Et il recommença à crier en se tordant les
bras.
— Allons, Chassevent, taisez-vous !... Il
est inutile d’ameuter le quartier, dit Carva
jan avec sévérité... Pourtois, conduisez de
dans mon bureau. Quant à vous, bonnes
gens... rentrez chez vous... Et ne prenez
pas au mot ce malheureux que le chagriu
rend fou... Les juges sauront découvrir la
vérité.
Et, laissant ses administrés sous l’influen
ce de ces paroles pleines d’une modération
calculée, il rejoignit vivement Chassevent et
Pourtois.
Dans son cabinet, adossé à la cheminée,
le regard froid et le ton tranchant, il dit au
braconnier :
— Qui accuses-tu ?... Car, si je te com
prends bien, tu accuses quelqu’un.
Et comme le vieux vaurien ouvrait la
Douche pour parler.
— Fais attention à ce que tu vas répon
dre!... Tu te trouves devant ul. magis
trat. ..
— Ah ! je me trouverais devant Notre-
Seigneur lui-même, que ça serait tout de
même... Le jeune homme du château a
passé près de nous une minute seulement
avant l’affaire...
— Chassevent, tu sais bien qu’il n’allait
pas de ce côté-ià ! interrompit Pourtois avec
désolation.
— Qui prouve qu’il n’a pas fait un détour
l’instant d'après ?... s’écria avec violence le
braconnier. D’ailleurs, tu ne Tas pas vu: tu
étais couché sur le dos... Tu es si gros
qu’on aurait pu t’apercevoir de la route...
— Vous craignez donc d’être découverts ?
demanda Carvajan. Qu’est-ce que vous fai
siez ?
— Rien du tout, dit le vagabond d’un air
menaçant. Mais chacun sa manière... Moi,
la nuit, j’aime pas les rencontres... Y a tant
de mauvaises gens !
— Ainsi, tu donnes à entendre que ce
pourrait bien être M. Robert...
Carvajan n’osa pas aller plus loin. Ses
joues pâles se raarbrèreut de rouge. Et, fai
sant peser sur le braconnier un regard fau
ve, comme s’il craignait qu’il ne se rétrac
tât :
— Mesure bien l’importance d’une pareil
le déclaration...
— Eb ! croyez-vous que je vas mettre
tant de mitaines ? D’ailleurs, il n’a ras été
vu que par nous... Les Tubœuf de Couvre-
champs lui ont parlé au coin du raidillon de
la Grande Marnière en quittant la fête
Il était alors avec l’enfant... Ah ! bon sang!
quelle infamie !... Une pauvre gentille
créature comme elle !... Ah!... Qui n’a
vait jamais fait de mal à personne, bien au
contraire ! Ah ! ah !
— Ne crie plus, dit froidement Carvajan ;
il n’y a pas d’étrangers pour t’entendre, et,
à nous, tu nous fends inutilement la tête.
Le braconnier se tut et regarda avec hu
milité celui qui lisait si clairement dans sa
conscience.
— Sais-tu, reprit le maire, que si c’est le
fils de Clairefont qui a fait le coup, dans un
de ces mouvements de violence, dont il n’est
que trop coutumier, tu pourrais bien, en te
portant partie civile, attraper une vingtaine
de mille francs de dommages-intérêts.
A ces mots, les yeux de Chassevent paru
rent près de lui sortir de la tête. Toute sou
ivresse se dissipa, comme si ou lui avait ad
ministré un philtre souverain. Il devint,
aussi froid que la pierre.
— Vous croyez, monsieur le maire, de
manda-t-il doucereusement, qu’avec un bon
procès, on pourrait leur tirer une grosse;
somme ?
— Mais j'en suis convaincu...
— Vingt mille francs ! Ah ! si vous vou
liez me conseiller dans cette affaire-là, je
serais joliment certain de m'en tirer avec le
pain de mes vieux jours assuré... mon boa
cher monsieur le maire...
— C’est mon devoir de le faire. On sait
que j’ai toujours défendu le faible coutre le
tort.,.
— Alors ils sont cuits ! s’écria le vaga
bond avec une joie furieuse.
Il es juissa un geste de triomphe ; un peu:
plus, il dansait.
— Mais, Chassevent, interjelta Pourtois.'
consterné, vous savez bien que la petite ap
pelait : Robert ! Robert ! Donc, ce n’était
pas lui qui la tenait.
— Elle criait : Robert ! comme on crie : à
l’assassin ! interrompit Chassevent avec fu
rie. De quoi te mêles-tu, gros soufflé ? Est-
ce que tu peux être pris aux sérieux ? Ta
étais si troublé que tu ne savais plus ni ce
que tu entendais, ni ce que tu voyais..»
Vingt mille francs ! Pour sûr quq c’est
HiEFECTUlilï D'AI.GEH
m:po? legal '
Le numéroïS centimes. / - (
Lundi, 24 aott 1885J
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
Algérie 4.50 9
Frange 6 *2
Un an
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Tontes les communications relatives anr annnonces et réclames doivent, «t
Algérie, e-,re adressées a 1 AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger,
18
24
Hue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. ÀUDBOURG et C'«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGERIENNE est désignée pour l'insertion des annonces légales, jqdiciaires et autres exigées pour la validité des procedures et contrat»
Alger, le 23 Août 1885.
LES HOMMES DD JOUR
XIX
M. COCH ERY
DÉPUTÉ DU LOIRET
Peu de gens connaissent la vie politique
de M. Cochery O a s’est plu à le considérer
comme un ministre des postes et des télê-
S raphes, un administrateur et rien de plus.
'est un grand tort. M. Cochery a eu une
existence politique des mieux remplies et a
marqué sa place parmi les hommes de notre
pays avant de prendre ce portefeuille des
Postes qu’il a gardé pendant près de huit
ans.
M. Cochery est né à Paris, le 25 avril
4819. Il fit "ses études au collège Bourbon,
suivit les cours de droit et se lit recevoir
avocat, à vingt ans. A la révolution de
février 1848, il fut nommé chef de cabinet
du ministre de la justice. Dans la nuit même
du 24 au 25, il avait été chargé d’organiser
la manutention militaire pour subvenir aux
besoins urgents de la population ouvrière.
Après avoir refusé diverses fonctions judi
ciaires et administratives, il quitta môme
celles de chef de cabinet pour rentrer au
barreau, plaida de nombreuses affaires
politiques et défendit notamment les jour
naux la Voix du Peuple, la Reforme , etc.
A partir de 1856, il s’occupa spécialement
de journalisme. Administrateur de Y Avenir
national, il profita de la loi nouvelle sur la
presse, en 1868, pour créer, dans le dépar
tement du Loiret, Y Indépendance de Mon-
targis. Porté comme candidat de l’opposi
tion démocratique, dans la 3" circonscrip
tion de ce département, aux élections géné
rales de mai 1869, il fut vivement combattu
par l’administration et obtint néanmoins,au
premier tour de scrutin 11643 vox contre 8,831
données au candidat officiel, le vicomte de
Grouchy sur 27,842 votants. Il passa au
second tour, avec 13,911 voix contre 13,238
obtenues par son adversaire. M. Cochery
prit place au centre gauche et signa la
demande d’interpellation des 116 députés du
tiers-parti libéral.
Au mois de juillet 1870, il interpella le
gouvernement sur la candidature du prince
de Hohenzolleru à la couronne d’Espague
et vota contre la guerre. Après la révolu
tion du 4 septembre, il se rallia à M. Grévy
et fut au nombre des députés qui offrirent
au Gouvernement de la Défense de confir
mer ses pouvoirs, sous condition du main
tien provisoire du corps législatif. Chargé,
en qualité de commissaire général, de la
dêfeose du Loiret, il assista aux combats
livrés devant Orléans, accompagna M. Thiers
à Versailles, lors des négociations relatives
à un armistice et s’associa, à Tours, aux
protestations des anciens députés qui récla
maient la convocation d’une assemblée. Aux
élections du 8 février 1871, il fut nommé
représentant du Loiret â T Assemblé natio-
nrle, le premier sur sept par 51,341 voix.
Il prit place au centre gauche et se rap
procha,plus tard,de la gauche républicaine.
Il fit partie régulièrement, depuis 1871, de
la Commission du budget et fut rapporteur
des différentes propositions politiques ou
d’affaires. Il soutint les diverses proposi
tions tendant à l’établissement de la Répu
blique et adopta les lois constitutionnelles.
Aux élections du 20 février 1876, pour la
Chambre des députés, il fut élu dsus l’ar
rondissement de Montargis par 13.862 voix,
sans concurrent. Après l’acte du 16 Mai, il
fut un des 363 députés des gauches réunies
qui refusèrent leur vote de confiance au
cabinet de Broglie.
Aux élections du 14 octobre, sa candida
ture fut vivement combattue par l’adminis
tration. Il n’eu fut pas moins élu par 14,042
voix contre M. de Boyenval, candidat offi
ciel qui en recueillit à peine 5,500.
Il entra au ministère des finances comme
sous-secrétaire d Etat ea 1877. Le 1 er mars,
il réunit les services des postes et des télé
graphes sous une même direction, transfor
mée par décret du 5 février 1879, en un
ministère spécial.
Aux élections législatives de 1881, il fut
réélu à Montargis par 15,374 voix, sans
concurrent.
IL a conservé le ministère des postes et
des télégraphes sous les différents cabinets
qui se sont'succédés jusqu’au 27 mars.
Il a suivi M. Jules Ferry dans sa chute, et
on peut dire de lui, qu’il a quttté les postes
après y avoir apporté des améliorations de
toute nature et la conscience nette. A sa
chute, on l’a accusé de gredineries indigues
et incompatibles avec sa nature loyale et
franche.
Les électeurs de Montargis savent du
reste à quoi s’eu tenir, et aux prochaines
élections ils enverront de nouveau à la
Chambre, leur ancien représentant qui n’a
pas dévié un seul instant de la ligne répu
blicaine.
- ;BSggSBK—
Revue Fantaisiste de la Semaine
Les médecins et la comtesse .— Situation
à prendre. — Les fabriques de bache
liers. — La suppression du baccalau
réat. — Les aventures de Madame X...
— Deux désespoirs pour un.
Les médecins font beaucoup parler d’eux
depuis quelque temps ; trop même, suivant
la vieille comtesse de Rizsalé, qui ne peut
leur pardonner de faire tant de bruit, alors
qu’aujourd’hui, comme hier, il u’y eu a pas
un seul capable de guérir uu simple Cory
za.
— Beaux merles, vraiment, dit-elle, pour
prétendre arracher à la mort ses secrets les
plus intimes, qui ne savent pas seulement
prévenir ma migraine.
Aussi, la comtesse ne veut-elle entendre
parler ni de vaccination anti-cholérique, ni
de fécondation artificielle.
Ces sujets de conversation sont soigneu
sement consignés à la porte de son salon.
Par contre, elle se montre très curieuse des
progrès de l’application du procédé qui va
permettre d’éclairer à giorno l’intérieur des
corps et d’y plonger un regard indiscret.
— Enfin,a-t-elle dit àsoa inséparable amie
la baronne de Cassetout, je vais donc savoir
ce que tu as dans le ventre !
La baronne ne paraît pas. il est vrai, dis
posée à se prêter à l’expérience, il est dou
teux qu’elle consente jamais à se laisser des
cendre une lampeélectrique dansl’æsophage
pouT plaire à son amie, mais la science n’y
perdra rien, et voici une nouvelle carrière
qui s’ouvre devant les bacheliers maigres et
sans emploi. Celle de sujet translucide com
me le fut presque l’homme-squelette.
Plusieurs concurrents, m’assure-t-on,
s’entraînent déjà par un travail préparatoire
assidu, afia d’être^/]ffiyqu f b suffisammant affi
nés, pour qu’uue (rbouinue T - à l’intérieur,
on puisse suivre,à travers leur peau devenue
transparente, les] mouvements des princi
paux organes.
Or, comme chaque académie de médecine
ne peut manquer de s’attacher un ou deux
de ces sujets, il y a là des situations nou
velles à prendre. Avis aux amateurs.
*
* *
A propos de bacheliers, voici l’époque à
laquelle s’étalent, à la quatrième page des
journaux, l’adresse et les mérites de certai
nes institutions qui ont la spécialité de cette
fabrication.
Les parents des candidats révoqués à la
dernière session, peuvent s’y adresser en
toute confiance, suivant la capacité d’inges
tion de leur fils, il sera reçu en novembre
ou à Pâques. La réception sera même ga
rantie par traité, si le sujet vaut mettre un
peu de bonne volonté et ne pas contrarier
les nourrisseurs, chargés de lui embusquer
le latin et l’histoire,4 à l’aide d’uu appareil
&
rappelant ceux à l’usage des poulets à Pôii-*
grais.
Le directeur de cet établissement recon
naît avoir reçu un âne, et s’engage, à date
fixe, à livrer un bachelier, moyennant telle
ou telle somme payée comptant, car le
marchandage n’est pas interdit, et l’on traite
de gré à gré.
Et il est question de supprimer le bacca
lauréat qui donne lieu à une industrie aussi
intéressante ! Allons donc !
Napoléon prétendait à Toulon que le ca
non qui devait le tuer n’était pas encore
fondu, nous gagerions beaucoup que le mi-*
nistre qui aura la vigueur nécessaire pour
renverser d’un coup de pied la vieille mar
mite du bachot, n’est pas encore né. Les
choses les plus inutiles sont celles qui ont
la chance de vivre le plus longtemps, sousr
notre beau pays de France ; à ce titre, le
bachot a encore une longue existence de
vant lui,
***
La rentrée subite de la belle Mme X....
chez sa mère et le rapprochement qui s’est
opéré entre son mari et M, B... font, en ce
moment, l’objet de toutes les conversations
d’Alger. Personne n’ignorait, en effet, ni les
douces et intimes relations qui, depuis deux
ans, existaient entre Mme X... et l’heureux
B..., ni le chagrin profond qu’en éprouvait
X... Si ses youx eussent été des pistolets,
B... aurait été vingt fois pour une foudroyés
en pleine rue, et, de son côté, ce dernier no
pouvait entrevoir sou rival légal, sans éprou
ver le désir de lui sauter au cou et de
l’étrangler net.
Quel évènement a donc nu éteindre ces
deux haines ? Yoilà ce que Ton demande
partout sans trouver la solution vraie. Com
me la personne de qui je la tiens ne m’a pas
imposé de garder le silence, je me risque à
la donner à mon tour.
Ces jours derniers, X... prit une grande
résolution, celle de sortir par un scandale
violent de la situation odieuse et ridicule
que lui faisaient sa femme et B...
Sans chercher quelque traquenard inédit,
il partait très ostensiblement par le der
nier train pour Blida, annonçant qu’il serait
deux jours absent s’arrêtait à la Maison-Car
rés, et, à onze heures du soir, accompagnée
du commissaire, préalablement prévenu,,
frappait à la porte du logement oü.une heu
re avant, on avait vu entrer sa femme.
Pour ne pas se laisser emporter par la
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 39
PAR
Georges OHNET
Tout ça, rapport à mon amitié pour
notre cher bon monsieur le maire, que Dieu
conserve !... Ah ! y a de la politique dans
l’affaire... Oui! Ah! les gredins !,.. Mais
ça ne se passera pas comme ça .. On n’a
pas le droit d’enlever à un pauvre homme la
consolation de ses vieux ans !
Vainement, Pourtois, troublé au milieu
de tous ces curieux, pressé de questions
auxquelles il n’osait pas répondre, essayait
de faire taire l’ivrogne. Celui-ci braillait
comme un porc qu’on égorge, et se roulait
sur sa borne avec des contorsions d’épilep
tique. En voyant paraître Carvajan, il de
vint subitement beaucoup plus calme et, se
courbant comme s’il allait se prosterner sur
le pavé :
— Ah ! voilà notre défenseur !... Ah !
monsieur le maire, prenez pitié d’un pauvre
vieux qui n’espère qu’en vous pour obtenir
justice... Ah ! saint nom du bon Dieu ! Qué
malheur ! Une enfant qui était si bien por
tante hier soir ! Qu’elle dansait comme une
reine !
Et il recommença à crier en se tordant les
bras.
— Allons, Chassevent, taisez-vous !... Il
est inutile d’ameuter le quartier, dit Carva
jan avec sévérité... Pourtois, conduisez de
dans mon bureau. Quant à vous, bonnes
gens... rentrez chez vous... Et ne prenez
pas au mot ce malheureux que le chagriu
rend fou... Les juges sauront découvrir la
vérité.
Et, laissant ses administrés sous l’influen
ce de ces paroles pleines d’une modération
calculée, il rejoignit vivement Chassevent et
Pourtois.
Dans son cabinet, adossé à la cheminée,
le regard froid et le ton tranchant, il dit au
braconnier :
— Qui accuses-tu ?... Car, si je te com
prends bien, tu accuses quelqu’un.
Et comme le vieux vaurien ouvrait la
Douche pour parler.
— Fais attention à ce que tu vas répon
dre!... Tu te trouves devant ul. magis
trat. ..
— Ah ! je me trouverais devant Notre-
Seigneur lui-même, que ça serait tout de
même... Le jeune homme du château a
passé près de nous une minute seulement
avant l’affaire...
— Chassevent, tu sais bien qu’il n’allait
pas de ce côté-ià ! interrompit Pourtois avec
désolation.
— Qui prouve qu’il n’a pas fait un détour
l’instant d'après ?... s’écria avec violence le
braconnier. D’ailleurs, tu ne Tas pas vu: tu
étais couché sur le dos... Tu es si gros
qu’on aurait pu t’apercevoir de la route...
— Vous craignez donc d’être découverts ?
demanda Carvajan. Qu’est-ce que vous fai
siez ?
— Rien du tout, dit le vagabond d’un air
menaçant. Mais chacun sa manière... Moi,
la nuit, j’aime pas les rencontres... Y a tant
de mauvaises gens !
— Ainsi, tu donnes à entendre que ce
pourrait bien être M. Robert...
Carvajan n’osa pas aller plus loin. Ses
joues pâles se raarbrèreut de rouge. Et, fai
sant peser sur le braconnier un regard fau
ve, comme s’il craignait qu’il ne se rétrac
tât :
— Mesure bien l’importance d’une pareil
le déclaration...
— Eb ! croyez-vous que je vas mettre
tant de mitaines ? D’ailleurs, il n’a ras été
vu que par nous... Les Tubœuf de Couvre-
champs lui ont parlé au coin du raidillon de
la Grande Marnière en quittant la fête
Il était alors avec l’enfant... Ah ! bon sang!
quelle infamie !... Une pauvre gentille
créature comme elle !... Ah!... Qui n’a
vait jamais fait de mal à personne, bien au
contraire ! Ah ! ah !
— Ne crie plus, dit froidement Carvajan ;
il n’y a pas d’étrangers pour t’entendre, et,
à nous, tu nous fends inutilement la tête.
Le braconnier se tut et regarda avec hu
milité celui qui lisait si clairement dans sa
conscience.
— Sais-tu, reprit le maire, que si c’est le
fils de Clairefont qui a fait le coup, dans un
de ces mouvements de violence, dont il n’est
que trop coutumier, tu pourrais bien, en te
portant partie civile, attraper une vingtaine
de mille francs de dommages-intérêts.
A ces mots, les yeux de Chassevent paru
rent près de lui sortir de la tête. Toute sou
ivresse se dissipa, comme si ou lui avait ad
ministré un philtre souverain. Il devint,
aussi froid que la pierre.
— Vous croyez, monsieur le maire, de
manda-t-il doucereusement, qu’avec un bon
procès, on pourrait leur tirer une grosse;
somme ?
— Mais j'en suis convaincu...
— Vingt mille francs ! Ah ! si vous vou
liez me conseiller dans cette affaire-là, je
serais joliment certain de m'en tirer avec le
pain de mes vieux jours assuré... mon boa
cher monsieur le maire...
— C’est mon devoir de le faire. On sait
que j’ai toujours défendu le faible coutre le
tort.,.
— Alors ils sont cuits ! s’écria le vaga
bond avec une joie furieuse.
Il es juissa un geste de triomphe ; un peu:
plus, il dansait.
— Mais, Chassevent, interjelta Pourtois.'
consterné, vous savez bien que la petite ap
pelait : Robert ! Robert ! Donc, ce n’était
pas lui qui la tenait.
— Elle criait : Robert ! comme on crie : à
l’assassin ! interrompit Chassevent avec fu
rie. De quoi te mêles-tu, gros soufflé ? Est-
ce que tu peux être pris aux sérieux ? Ta
étais si troublé que tu ne savais plus ni ce
que tu entendais, ni ce que tu voyais..»
Vingt mille francs ! Pour sûr quq c’est
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