Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-23
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 août 1885 23 août 1885
Description : 1885/08/23 (A1,N38). 1885/08/23 (A1,N38).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544820k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N” 38.
PRÉFECTURE D'ALGER
DEPOT LEGAL
1 0/
Le numéro 5 centimes
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 £4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
La DÉPÊCHE
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, «s
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille,' chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, cbex MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
ALGÉRIENNE est désignée pour l'insertion des annonces legales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures
Alger, le 22 Août 1885.
LES HGMJffiDU JOUR
XV11I
M. RIBOT
DÉPUTÉ DE SAINT-OMER.
et contrats.
M. Alexandre Ribot est un des nouveaux
hommes politiques les plus distingués du
Parlement. Il est aujourd’hui présideot du
centre gauche et jouit d’une grande
influence aussi bien parmi ses électeurs
qu’au près de ses collègues.
Il est né à Saint-Omer, le 7 février 1842.
Lauréat de la Faculté de droit de Paris en
1863, il fut reçu docteur l'année suivante
et, en outre, licencié ès-lettres. Il s’inscrivit
au barreau de Paris et devint premier
secrétaire de la conférence des avocats. Il
fut nommé substitut du tribunal de la Seine
le 2 mars 1870 et devint secrétaire de la So
ciété de Législation comparée. Appelé par
M. Dufaure, en mars 1875, au ministère de
la justice, en qualité de directeur des affai
res criminelles et des grâces, il échangea
ces fonctions contre celles de secrétaire gé
néral, avec le titre de conseiller d’Etat en
service extraordinaire. Il donna sa démis
sion en décembre 1876, lors de la retraite
de M. Dufaure et rentra au barreau de Pa
ris. Pendant la période du 16 Mai, il fit par
tie du Comité de résistance légale et on lui
attribua la rédaction du mémoire publié
contre le délai de convocation des électeurs.
Après l’invalidation de M. Dussaussoy, dé
puté de la 2 e circonscription de Boulogne-
sur-Mer, il se porta contre lui, comme can
didat républicain et fut élu, le 7 avril 1878,
par 7,532 voix contre 6,465 obtenues par
son concurrent bonapartiste. Il prit place
au centre gauche et vota contre l'amnistie
qu’il combattit à la tribune, contre le retour
des Chambres à Paris et contre le projet de
loi sur l’enseignement supérieur. Mais, pro
fond ennemi du cléricalisme, ce en quoi il
se rapprochait beaucoup de son maître
M. Dufaure, il s’éleva avec virulence contre
les congrégations non autorisées aux
applaudissements de toute la fraction répu
blicaine du Parlement.
M. Ribot est un des hommes les plus
marquants de la gauche modérée et les atta
ques injustes et passionnées de l’extrême
gauche ne l’ont pas empêché d’être réélu, le
21 août 1881, dans la 2 e circonscription de
Boulogne, par 6,497 voix contre 6,020 obte
nues par M. Duhamel, ex-secrétaire de la
présidence,
M. Ribot est un homme de gouvernement
par excellence et le discours qu’il vient de
prononcer, il y a deux mois à peine, à Saint-
Omer, sera aux élections prochaines le
programme des modérés..
La place de M. Ribot est toute marquée
dans la nouvelle Chambre et son influence
est tellement considérable dans le Pas-de-
Calais, que nous doutons qu’on cherche à
lui disputer son siège de député.
Les singes distance!
Il n’y a pas que le Comice agricole de
Médéah qui s’occupe de politique et s’exerce
à défendre les intérêts de la ville où il siège,
en semant la zizanie ou du moins en cher
chant à la semer entre les habitants de cet
te ville, et même entre la ville et son repré
sentant au Sénat.
C’est au moyen du Comice agricole que
nos pseudo-intransigeants algériens espè
rent détruire l’union de la représentation
algérienne à Paris, et ils ont trouvé à Mé
déah de vulgaires ambitieux pour les secon
der et des naïfs qui croient que la meilleure
manière d’obtenir le chemin de fer de La-
ghouat, passant par Médéah, intra-muros,
c’est d’avoir des représentants à la Chambre
n’ayant d’autre politique que celle d’insulter
chaque matin le sénateur du département
d’Alger.
Mais, je le répète, il n’y a pas que le Co
mice agricole de Médéah, et il faut dire, à
la louange de MM. Fallet, Figarol, Reynard
et autres, qu’ils n’ont fait que suivre l’exemp le
qui leur était donné par les monarchistes ré
fugiés dans les Comices agricoles de la
Métropole.
Ces derniers aussi envoient des manifes
tes politiques au nom des Comices-
Ils se sont réunis à Paris en assemblée
générale des sociétés agricoles de France,et
ont pris d’importantes résolutions, non cer
tes contre le Phylloxéra, le Peronospora ou
l’Altise — absolument comme à Médéa —
mais contre le régime républicain et les
hommes qui le représentent, lesquels sont
l’unique cause de la crise agricole, comme
M. Mauguin, malgré ses efforts est cause
des retards apportés dans l’exécution du
chemin de fer de Médéa.
J’ai sous les yeux la circulaire que cette
assemblée a adressée à tous les maires et
conseillers municipaux de la métropole et
de l’Algérie. Elle est signée de M. Estance-
lin, président de l’assemblée, et des mem
bres du bureau qui sont : MM. Louis Hervé,
directeur de la Gazette des Campagnes ;
Merson, président de la Ligue agricole de
l’Ouest ; général Robert, sénateur et général
comte de Geslin, président du Comice agri
cole de Briey.
Cette circulaire est curieuse. Ses rédac-
dacteprs déclarent, d’abord, qu’ils n’ont pas
à s’occuper de la forme de gouvernement,
puis ils font le procès du gouvernement ré
publicain et, enfin, ils invitent les maires et
conseillers à s’unir aux comices agricoles
pour former une liste électorale qui portera
le nom de Liste nationale de l’agriculture
et de l’industrie, mais qui, bien entendu, ne
contiendra que des noms de réactionnaires.
M. Estancelin, qu’on appelait en 1848 le
jeune Estancelin, a tout prévu; il a même
rédigé la délibération à prendre par les
Conseils municipaux.
Je crois bien que le Comice agricole de
Médéa ne voudra pas rester en arrière de
M. Estancelin et proposera, lui aussi, sa
liste nationale de l’agriculture et de l’in
dustrie, sur laquelle ne figureront point
évidemment ceux qui ne se prosterneront
pas devant les soixante-cinq mille livres de
rente que M. Fallet se flatte de posséder;
ce qui est uu graud, un très grand mérite,
effaçant bien des défauts aux yeux de M.
Charles Marchai et de M. Karoubi, devenu
ses intimes amis, malgré la différence des
religions et l’horrenr que le judaïsme ins
pire au rédacteur en chef du Petit Colon.
Informations algériennes
M. Best St-Ange, maire de la commu
ne de l’Arba, vient de donner sa démission.
Nous regrettons cette détermination, qui
prive la commune d’un homme intelligent
et dévoué à ses intérêts.
X
M. Dauzon, maître de port à Alger, vient
d’être désigné pour remplir les mêmes fonc
tions au lazeret du cap Matifou.
X
Nous apprenons que M. Renoux, ancien
administrateur de la commune mixte du
Djurjura, vieut d’être nommé vice-consul
du Portugal à Alger.
Des élections complémentaires au Conseil
municipal de Sétif, pour remplacer MM.
Dumas, Ollive et. Delcamp, auront lieu le
dimanche, 30 août courant.
X
Cette année, la cérémonie de la rentrée
des tribunaux aura uu caractère plus im
posant.
A part le discouis de la rentrée qui sera
prononcé par M. Marsan, substitut du pro
cureur général, aura lieu, dans la même
audience, l’installation 'de M. CammartiD,
nommé premier président à la cour d’appel
d’Alger.
X
M. Blanchet,receveur de l’enregistrement.
Domaines et Timbre de 6° classe en Algé
rie, est nommé à Montpazier (Dordogne).
M. Fabre, sous-lieutenant des Douanes à
Oran, est nommé à Bougie.
M. Castola, lieutenant à Nemours, est
nommé à Oran.
MM. Simon, contrôleur à Alger ; Roglia-
no, commis à Alger ; Lucciana, sous-ins
pecteur à Oran ; Genova, contrôleur A
Bône ; Belgodère, contrôleur à Oran, et
Castola, contrôleur-adjoint à Philippeville*
ont reçu une augmentation de traitement.
X
M. Etienne a débarqué mardi soir à Al
ger. Il est arrivé par le bateau venant de
Port-Vendres, et n’a pas eu de quarantaine
à subir, malgré ce qu’en on dit certains
journaux.
Après quelques jours de séjour à Alger,
le sympathique député se rendra dans la
province o’Oran.
M. Dessoliers ne quittera Paris que dans
quelques jours.
X
La Société hippique de Mostaganem in
forme le public que l’époque de ses Courses
d’automne a été fixée définitivement pour
cette année aux 13 et 14 septembre.
X
Par décret en date du 16 août 1885, M*
Naërt (Louis-Léopold), capitaine au titre
étranger au 2 e régiment étranger, a été ad-»
mis à servir au titre français pour prendre
rang dans son grade actuel à la date du
décret précité.
X
M. Fortunato est nommé au poste créé de
maître de port de 4 e classe à Oran.
X
Dans les élections complémentaires qui
ont eu lieu samedi dernier à Bel-Abbès, M.
Aalhelme Perret a été proclamé maire par
11 voix sur 21 votants, au premier tour.
MM. Terrin, qui a obtenu 11 voix, et Ville-
neuve 13, sont élus premier et deuxième
adjoint, après un scrutin de ballottage.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 38.
LA
GRÂRDE MAMERS
PAR
Georges OHNET
Le poussah n’eut pas le temps de faire un
pas. Au loin, un cri déchirant qui le glaça
retentit, puis deux fois ce nom répété avec
une indicible expression d’épouvante : a Ro
bert ! Robert ! »
— Qu’est-ce que c’est que ça ? fit Chasse-
vent en saisissant avec force le bras du ca-
baretier.
— On dirait quelqu’un qu’on égorge !
balbutia Pourtois dont les dents claquaient.
—r Sacrédié ! il faut courir voir... A deux
hommes, nous ne laisserons pas tuer un
malheureux sans aller à son aide.
— Cbassevent, n’y allons pas ! supplia le
poussah. C’est du côté de la Grande-Marniè-
re !
— Eh ! quand ça serait du côté du diable,
j’y vais, répliqua le braconnier, dont l’ivres
se parut complètement dissipée.
Il prit son élan, et Pourtois, terrifié, ai
mant encore mieux le suivre que de rester
seul, s’engagea derrière lui à travers les
genêts. Chassevent, avec l’instinct du chas
seur, piquait droit dans la direction où le
cri s’était fait entendre, et, de ses gros sou
liers ferrés, il arpentait les herbes, sans ti
tuber. Il fit ainsi une centaine de mètres,
ayant toujours le cabaretier à la remorque,
tournant avec une adresse miraculeuse les
trous et les fondrières dent le terrain était
semé. Puis, t il s’arrêta pour écouter, rete
nant sa respiration haletante. Devant eux,
dans un foud, des gémissements se faisaient
encore entendre. Sans dire un mot, la bra
connier repartit, étouffant autant qu’il le
pouvait le bruit de sa course. Mais il avait
été entendu, car une forme confuse s’était
levée vivement, comme un grand fauve qui
détale, et s’éloignait rapide, bondissant sur
la déclivité du valloa.
— Il va nous échapper... Aoh ! tiens bon,
Pourtois !... cria Cbassevent, excitant son
compagnon, comme s’il appuyait ses chiens.
Le fugitif, en reconnaissant la voix du va
gabond, s’était brusquement arrêté. II parut
se courber, comme s’il posait à terre uu far
deau dont il voulait se décharger, et, libre
de ses mouvements, reprenant sa course
avec une agilité plus grande, il gagna le
plateau et disparut.
— Il nous échappe ! cria Cbassevent,
mais il a jeté bas un paquet... Il faut voir
ce que c’est...
En quelques secondes, ils arrivèrent au
bord d’une excavation ancienne, dans la
quelle la bruyère avait poussé. Au fond, gi
sait une forme blanche.
— On dirait une femme ! s’écria avec une
horrible émotion Pourtois, qui ruisselait de
sueur.
— Je descends ! dit Chassevent. Et, s’ac
crochant aux racines, se cramponnant aux
pierres, il parvint jusqu’en bas. Il se mit à
genoux, approcha son visage, puis, se reje
tant en arriére avec un cri rauque :
— C’est ma fille !
A ces mots effrayants, Pourtois trouva des
ailes Moitié sautant, moitié glissant, il re
joignit son camarade, saisit Rose inanimée
dans ses bras, lui souleva la tête, et, ne per
dant pas sa présence d’esprit :
— De la lumière, cria-t-il.
Instantanément, le braconnier sortit de sa
poche un rat de cave, des allumettes, et on
vit clair. Dans ce trou noir, c’était un spec
tacle effrayant que celui de ces deux hom
mes penchés sur cette femme, à la lueur
rougeâtre de ce lumignou. Rose, livide, les
lèvres noires, les yeux éteints, avait autour
du cou son écharpe serrée comme unecorde.
Pourtois, avec difficulté, la dénoua... Un
horrible soupir s’échappa de la bouche de
l’enfant, ses yeux clignèrent avec une af
freuse expression d’angoisse, puis se fermè
rent ; elle battit l’air de ses bras et se ren
versa en arriére.
— Grand Dieu !... Mais elle est morte !.
gémit le cabaretier...
— Ob ! hurla Chassevent... Ma fille !...
ma petite Rose... Mais qui a fait le coup ?
Il se frappa le front, puis, avec une ex
pression de haine indicible :
— Ça ne peut être que ce gredin de Clai-
refont*! Il é'ait là... c’est lui. Ab ! canaille !
— Qu’est-ce que vous dites ? Vous deve
nez fou ! s’écria Pourtois. Vous savez bien
que nous avons vu rentrer M. Robert avant
d’entendre crier !...
— C’est lui ! c’est lui ! repr’t Chassevent,
avec une fureur croissante. Ob ! mais ma
fille... il me la paiera! Il saura ce que
coût î une enfant bonne et douce comme elle
était !
— Eh ! avant tout, voyons donc s’il n’y a
pas moyen de la ranimer. Ma maison est à
deux pas... Allous-y...
Ils soulevèrent la pauvre fille, dont les
mains devenaient froides, et, dans la demi-
clarté du jour naissant, ils descendirent vers
le cabaret.
VII
Il était sept heures du matin, et Carva—
jan, fidèle à ses habitudes rnatineuses, mar
chait déjà depuis longtemps dans son cabi
net comme un ours en cage. Le silence •
s’étendait encore sur la ville, engourdie par
le sommeil d’un lendemain de fête. Le so
leil montait éclatant dans le ciel. Enfilant
obliquement la rue étroite et haute, un de
ses rayons dorait la fenêtre du vieux logis
et traçait sur le plancher une raie lumi
neuse. Dans la traîaée blonde qui perçait le
rideau, des atomes poudreux dansaient
comme des sylphes ailés. Et malgré cette
clarté joyeuse et chaude, Carvajan, sombre,
le front lourd, tournait et retournait daqs
son esprit das pensées amères.
Ainsi, au moment ou il croyait toucher au
but et n’avoir plus qu à étendre la main
pour recevoir le prix de trente ans de luttes».
PRÉFECTURE D'ALGER
DEPOT LEGAL
1 0/
Le numéro 5 centimes
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 £4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
La DÉPÊCHE
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, «s
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille,' chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, cbex MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
ALGÉRIENNE est désignée pour l'insertion des annonces legales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures
Alger, le 22 Août 1885.
LES HGMJffiDU JOUR
XV11I
M. RIBOT
DÉPUTÉ DE SAINT-OMER.
et contrats.
M. Alexandre Ribot est un des nouveaux
hommes politiques les plus distingués du
Parlement. Il est aujourd’hui présideot du
centre gauche et jouit d’une grande
influence aussi bien parmi ses électeurs
qu’au près de ses collègues.
Il est né à Saint-Omer, le 7 février 1842.
Lauréat de la Faculté de droit de Paris en
1863, il fut reçu docteur l'année suivante
et, en outre, licencié ès-lettres. Il s’inscrivit
au barreau de Paris et devint premier
secrétaire de la conférence des avocats. Il
fut nommé substitut du tribunal de la Seine
le 2 mars 1870 et devint secrétaire de la So
ciété de Législation comparée. Appelé par
M. Dufaure, en mars 1875, au ministère de
la justice, en qualité de directeur des affai
res criminelles et des grâces, il échangea
ces fonctions contre celles de secrétaire gé
néral, avec le titre de conseiller d’Etat en
service extraordinaire. Il donna sa démis
sion en décembre 1876, lors de la retraite
de M. Dufaure et rentra au barreau de Pa
ris. Pendant la période du 16 Mai, il fit par
tie du Comité de résistance légale et on lui
attribua la rédaction du mémoire publié
contre le délai de convocation des électeurs.
Après l’invalidation de M. Dussaussoy, dé
puté de la 2 e circonscription de Boulogne-
sur-Mer, il se porta contre lui, comme can
didat républicain et fut élu, le 7 avril 1878,
par 7,532 voix contre 6,465 obtenues par
son concurrent bonapartiste. Il prit place
au centre gauche et vota contre l'amnistie
qu’il combattit à la tribune, contre le retour
des Chambres à Paris et contre le projet de
loi sur l’enseignement supérieur. Mais, pro
fond ennemi du cléricalisme, ce en quoi il
se rapprochait beaucoup de son maître
M. Dufaure, il s’éleva avec virulence contre
les congrégations non autorisées aux
applaudissements de toute la fraction répu
blicaine du Parlement.
M. Ribot est un des hommes les plus
marquants de la gauche modérée et les atta
ques injustes et passionnées de l’extrême
gauche ne l’ont pas empêché d’être réélu, le
21 août 1881, dans la 2 e circonscription de
Boulogne, par 6,497 voix contre 6,020 obte
nues par M. Duhamel, ex-secrétaire de la
présidence,
M. Ribot est un homme de gouvernement
par excellence et le discours qu’il vient de
prononcer, il y a deux mois à peine, à Saint-
Omer, sera aux élections prochaines le
programme des modérés..
La place de M. Ribot est toute marquée
dans la nouvelle Chambre et son influence
est tellement considérable dans le Pas-de-
Calais, que nous doutons qu’on cherche à
lui disputer son siège de député.
Les singes distance!
Il n’y a pas que le Comice agricole de
Médéah qui s’occupe de politique et s’exerce
à défendre les intérêts de la ville où il siège,
en semant la zizanie ou du moins en cher
chant à la semer entre les habitants de cet
te ville, et même entre la ville et son repré
sentant au Sénat.
C’est au moyen du Comice agricole que
nos pseudo-intransigeants algériens espè
rent détruire l’union de la représentation
algérienne à Paris, et ils ont trouvé à Mé
déah de vulgaires ambitieux pour les secon
der et des naïfs qui croient que la meilleure
manière d’obtenir le chemin de fer de La-
ghouat, passant par Médéah, intra-muros,
c’est d’avoir des représentants à la Chambre
n’ayant d’autre politique que celle d’insulter
chaque matin le sénateur du département
d’Alger.
Mais, je le répète, il n’y a pas que le Co
mice agricole de Médéah, et il faut dire, à
la louange de MM. Fallet, Figarol, Reynard
et autres, qu’ils n’ont fait que suivre l’exemp le
qui leur était donné par les monarchistes ré
fugiés dans les Comices agricoles de la
Métropole.
Ces derniers aussi envoient des manifes
tes politiques au nom des Comices-
Ils se sont réunis à Paris en assemblée
générale des sociétés agricoles de France,et
ont pris d’importantes résolutions, non cer
tes contre le Phylloxéra, le Peronospora ou
l’Altise — absolument comme à Médéa —
mais contre le régime républicain et les
hommes qui le représentent, lesquels sont
l’unique cause de la crise agricole, comme
M. Mauguin, malgré ses efforts est cause
des retards apportés dans l’exécution du
chemin de fer de Médéa.
J’ai sous les yeux la circulaire que cette
assemblée a adressée à tous les maires et
conseillers municipaux de la métropole et
de l’Algérie. Elle est signée de M. Estance-
lin, président de l’assemblée, et des mem
bres du bureau qui sont : MM. Louis Hervé,
directeur de la Gazette des Campagnes ;
Merson, président de la Ligue agricole de
l’Ouest ; général Robert, sénateur et général
comte de Geslin, président du Comice agri
cole de Briey.
Cette circulaire est curieuse. Ses rédac-
dacteprs déclarent, d’abord, qu’ils n’ont pas
à s’occuper de la forme de gouvernement,
puis ils font le procès du gouvernement ré
publicain et, enfin, ils invitent les maires et
conseillers à s’unir aux comices agricoles
pour former une liste électorale qui portera
le nom de Liste nationale de l’agriculture
et de l’industrie, mais qui, bien entendu, ne
contiendra que des noms de réactionnaires.
M. Estancelin, qu’on appelait en 1848 le
jeune Estancelin, a tout prévu; il a même
rédigé la délibération à prendre par les
Conseils municipaux.
Je crois bien que le Comice agricole de
Médéa ne voudra pas rester en arrière de
M. Estancelin et proposera, lui aussi, sa
liste nationale de l’agriculture et de l’in
dustrie, sur laquelle ne figureront point
évidemment ceux qui ne se prosterneront
pas devant les soixante-cinq mille livres de
rente que M. Fallet se flatte de posséder;
ce qui est uu graud, un très grand mérite,
effaçant bien des défauts aux yeux de M.
Charles Marchai et de M. Karoubi, devenu
ses intimes amis, malgré la différence des
religions et l’horrenr que le judaïsme ins
pire au rédacteur en chef du Petit Colon.
Informations algériennes
M. Best St-Ange, maire de la commu
ne de l’Arba, vient de donner sa démission.
Nous regrettons cette détermination, qui
prive la commune d’un homme intelligent
et dévoué à ses intérêts.
X
M. Dauzon, maître de port à Alger, vient
d’être désigné pour remplir les mêmes fonc
tions au lazeret du cap Matifou.
X
Nous apprenons que M. Renoux, ancien
administrateur de la commune mixte du
Djurjura, vieut d’être nommé vice-consul
du Portugal à Alger.
Des élections complémentaires au Conseil
municipal de Sétif, pour remplacer MM.
Dumas, Ollive et. Delcamp, auront lieu le
dimanche, 30 août courant.
X
Cette année, la cérémonie de la rentrée
des tribunaux aura uu caractère plus im
posant.
A part le discouis de la rentrée qui sera
prononcé par M. Marsan, substitut du pro
cureur général, aura lieu, dans la même
audience, l’installation 'de M. CammartiD,
nommé premier président à la cour d’appel
d’Alger.
X
M. Blanchet,receveur de l’enregistrement.
Domaines et Timbre de 6° classe en Algé
rie, est nommé à Montpazier (Dordogne).
M. Fabre, sous-lieutenant des Douanes à
Oran, est nommé à Bougie.
M. Castola, lieutenant à Nemours, est
nommé à Oran.
MM. Simon, contrôleur à Alger ; Roglia-
no, commis à Alger ; Lucciana, sous-ins
pecteur à Oran ; Genova, contrôleur A
Bône ; Belgodère, contrôleur à Oran, et
Castola, contrôleur-adjoint à Philippeville*
ont reçu une augmentation de traitement.
X
M. Etienne a débarqué mardi soir à Al
ger. Il est arrivé par le bateau venant de
Port-Vendres, et n’a pas eu de quarantaine
à subir, malgré ce qu’en on dit certains
journaux.
Après quelques jours de séjour à Alger,
le sympathique député se rendra dans la
province o’Oran.
M. Dessoliers ne quittera Paris que dans
quelques jours.
X
La Société hippique de Mostaganem in
forme le public que l’époque de ses Courses
d’automne a été fixée définitivement pour
cette année aux 13 et 14 septembre.
X
Par décret en date du 16 août 1885, M*
Naërt (Louis-Léopold), capitaine au titre
étranger au 2 e régiment étranger, a été ad-»
mis à servir au titre français pour prendre
rang dans son grade actuel à la date du
décret précité.
X
M. Fortunato est nommé au poste créé de
maître de port de 4 e classe à Oran.
X
Dans les élections complémentaires qui
ont eu lieu samedi dernier à Bel-Abbès, M.
Aalhelme Perret a été proclamé maire par
11 voix sur 21 votants, au premier tour.
MM. Terrin, qui a obtenu 11 voix, et Ville-
neuve 13, sont élus premier et deuxième
adjoint, après un scrutin de ballottage.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
n° 38.
LA
GRÂRDE MAMERS
PAR
Georges OHNET
Le poussah n’eut pas le temps de faire un
pas. Au loin, un cri déchirant qui le glaça
retentit, puis deux fois ce nom répété avec
une indicible expression d’épouvante : a Ro
bert ! Robert ! »
— Qu’est-ce que c’est que ça ? fit Chasse-
vent en saisissant avec force le bras du ca-
baretier.
— On dirait quelqu’un qu’on égorge !
balbutia Pourtois dont les dents claquaient.
—r Sacrédié ! il faut courir voir... A deux
hommes, nous ne laisserons pas tuer un
malheureux sans aller à son aide.
— Cbassevent, n’y allons pas ! supplia le
poussah. C’est du côté de la Grande-Marniè-
re !
— Eh ! quand ça serait du côté du diable,
j’y vais, répliqua le braconnier, dont l’ivres
se parut complètement dissipée.
Il prit son élan, et Pourtois, terrifié, ai
mant encore mieux le suivre que de rester
seul, s’engagea derrière lui à travers les
genêts. Chassevent, avec l’instinct du chas
seur, piquait droit dans la direction où le
cri s’était fait entendre, et, de ses gros sou
liers ferrés, il arpentait les herbes, sans ti
tuber. Il fit ainsi une centaine de mètres,
ayant toujours le cabaretier à la remorque,
tournant avec une adresse miraculeuse les
trous et les fondrières dent le terrain était
semé. Puis, t il s’arrêta pour écouter, rete
nant sa respiration haletante. Devant eux,
dans un foud, des gémissements se faisaient
encore entendre. Sans dire un mot, la bra
connier repartit, étouffant autant qu’il le
pouvait le bruit de sa course. Mais il avait
été entendu, car une forme confuse s’était
levée vivement, comme un grand fauve qui
détale, et s’éloignait rapide, bondissant sur
la déclivité du valloa.
— Il va nous échapper... Aoh ! tiens bon,
Pourtois !... cria Cbassevent, excitant son
compagnon, comme s’il appuyait ses chiens.
Le fugitif, en reconnaissant la voix du va
gabond, s’était brusquement arrêté. II parut
se courber, comme s’il posait à terre uu far
deau dont il voulait se décharger, et, libre
de ses mouvements, reprenant sa course
avec une agilité plus grande, il gagna le
plateau et disparut.
— Il nous échappe ! cria Cbassevent,
mais il a jeté bas un paquet... Il faut voir
ce que c’est...
En quelques secondes, ils arrivèrent au
bord d’une excavation ancienne, dans la
quelle la bruyère avait poussé. Au fond, gi
sait une forme blanche.
— On dirait une femme ! s’écria avec une
horrible émotion Pourtois, qui ruisselait de
sueur.
— Je descends ! dit Chassevent. Et, s’ac
crochant aux racines, se cramponnant aux
pierres, il parvint jusqu’en bas. Il se mit à
genoux, approcha son visage, puis, se reje
tant en arriére avec un cri rauque :
— C’est ma fille !
A ces mots effrayants, Pourtois trouva des
ailes Moitié sautant, moitié glissant, il re
joignit son camarade, saisit Rose inanimée
dans ses bras, lui souleva la tête, et, ne per
dant pas sa présence d’esprit :
— De la lumière, cria-t-il.
Instantanément, le braconnier sortit de sa
poche un rat de cave, des allumettes, et on
vit clair. Dans ce trou noir, c’était un spec
tacle effrayant que celui de ces deux hom
mes penchés sur cette femme, à la lueur
rougeâtre de ce lumignou. Rose, livide, les
lèvres noires, les yeux éteints, avait autour
du cou son écharpe serrée comme unecorde.
Pourtois, avec difficulté, la dénoua... Un
horrible soupir s’échappa de la bouche de
l’enfant, ses yeux clignèrent avec une af
freuse expression d’angoisse, puis se fermè
rent ; elle battit l’air de ses bras et se ren
versa en arriére.
— Grand Dieu !... Mais elle est morte !.
gémit le cabaretier...
— Ob ! hurla Chassevent... Ma fille !...
ma petite Rose... Mais qui a fait le coup ?
Il se frappa le front, puis, avec une ex
pression de haine indicible :
— Ça ne peut être que ce gredin de Clai-
refont*! Il é'ait là... c’est lui. Ab ! canaille !
— Qu’est-ce que vous dites ? Vous deve
nez fou ! s’écria Pourtois. Vous savez bien
que nous avons vu rentrer M. Robert avant
d’entendre crier !...
— C’est lui ! c’est lui ! repr’t Chassevent,
avec une fureur croissante. Ob ! mais ma
fille... il me la paiera! Il saura ce que
coût î une enfant bonne et douce comme elle
était !
— Eh ! avant tout, voyons donc s’il n’y a
pas moyen de la ranimer. Ma maison est à
deux pas... Allous-y...
Ils soulevèrent la pauvre fille, dont les
mains devenaient froides, et, dans la demi-
clarté du jour naissant, ils descendirent vers
le cabaret.
VII
Il était sept heures du matin, et Carva—
jan, fidèle à ses habitudes rnatineuses, mar
chait déjà depuis longtemps dans son cabi
net comme un ours en cage. Le silence •
s’étendait encore sur la ville, engourdie par
le sommeil d’un lendemain de fête. Le so
leil montait éclatant dans le ciel. Enfilant
obliquement la rue étroite et haute, un de
ses rayons dorait la fenêtre du vieux logis
et traçait sur le plancher une raie lumi
neuse. Dans la traîaée blonde qui perçait le
rideau, des atomes poudreux dansaient
comme des sylphes ailés. Et malgré cette
clarté joyeuse et chaude, Carvajan, sombre,
le front lourd, tournait et retournait daqs
son esprit das pensées amères.
Ainsi, au moment ou il croyait toucher au
but et n’avoir plus qu à étendre la main
pour recevoir le prix de trente ans de luttes».
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