Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-22
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 août 1885 22 août 1885
Description : 1885/08/22 (A1,N37). 1885/08/22 (A1,N37).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544819c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 37.
t .a S centimes.
PREFECTURE D‘AI.GF.1
DEPOT LEGAL
\ù(
Samedi, 22 août i 885»
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois
Algérie. 4.50
France 6
Six mois
9
12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin,
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, e<
Algérie, ê+re adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Algev.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C'«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
" ™ llditë ******* * "
Alger, le 21 Août 1885.
LES HOMMES,DU JODR
XVI
M. ARTHUR RANG
DÉPUTÉ DE SEINE
Le nom de Ranc est un des plus populai
res dans la députation actuelle de la Seine.
Il n’eu pouvait être autrement d’ailleurs.
Mêlé depuis sa jeunesse à toutes les luttes
politiques, ou le voit impliqué, à vingt-deux
ans, dans le complot dit de l’Opéra-Comi-
que et déporté en Algérie d’où il s’échappe
pour passer eu Espagne. Plus tard, rentré
en France, à la laveur de l’amnistie de 1859,
il écrit dans de nombreux journaux ce qui
lui vaut de non moins nombreuses condam
nations pour délits de presse.
M. Ranc qui, en effet, avait accompli ses
débuts de journaliste dans la simple loge du
correcteur d’épreuves, n’avait gardé que peu
de temps cet emploi un peu trop modeste et
bientôt, passé de l’atelier à ta salle de ré
daction, il était entré comme collaborateur,
d’abord au Courrier du dimanche, puis au
Journal de Paris, au Nain Jaune, au Ré
veil, à la Cloche, au Diable à quatre et à la
Marseillaise .
Maire du neuvième arrondissement de Pa
ris, après le 4 septembre, représentant de la
Seine, élu le dix-septièmesur quarante-trois
aux élections de février 1871, il allait bientôt
siéger sur les bancs de la Commune où l’en
voyaient les électeurs du neuvième arron
dissement.
Ii donna d’aileurs bientôt sa démission,
lorsque fut publié le décret relatif aux ota
ges et ne s’occupa plus des affaires de la
Commune.
Cependant, malgré le rôle qu’il y avait
joué, il ne fut l’objet d’aucune poursuite, ce
dont M. Raoul Duval jugea à propos de s’é
mouvoir. A deux reprises, le 16 août 1871,
puis le 20 septembre suivant, il déposait
donc sur le bureau une double demande
d’interpellation qui devait n’être suivie d’au
cun résultat.
Dix-huit mois s’écoulèrent ainsi sans que
M. Ranc fut inquiété le moins du monde, et
il paraissait définitivement oublié, lorsque,
par un vote du 11 mai 1873, le département
du Rhône l’envoya siéger à Versailles.
On sait que quelques jours après, M.
Thiers se relirait du pouvoir, ce qui avait
notamment pour effet de remettre sur le
tapis la question de la complicité de M.
Ranc dans les affaires du gouvernement in
surrectionnel.
Saisie, le 13 juin 1873, par M. le capitaine
Grimai, alors rapporteur près les conseils
de guerre, d’une demande de poursuites
contre M. Arthur Ranc, l’Assemblée, sur les
propositions de M. Naim Baragnon, accor
dait l’autorisation dont il s’agit, et le 13 oc
tobre suivant, M. Ranc, qui heureusement
s’était enfui, était condamné à la peine de
mort.
Depuis, rentré au Parlement, il a repris
cette plume de journaliste qu’il manie si
bien, et ses articles du Voltaire, empreints
d’un parfait esprit de sagesse et de raison
politique, sont justement remarqués. La
place de M. Ranc est tout indiquée dans la
nouvelle Chambre, comme elle l’était dans
l’ancienne, et le proscrit de l’Empire a le
droit de compter sur tous les suffrages de la
démocratie parisienne
Et le Radical algérien se vautre dans le
ridicule, quand dans sa super be ignorance
il déclare qu’il s’interposera entre messieurs
les administrateurs et leurs victimes et les
arrachera à leur justice.
Comment s’y prendra-t-il cet agent d’af
faires,qui sait cependant à quoi s’en tenir et
qui semble ue parler qu’à des idiots ; com
ment s’y prendra-t-il, dis-je, pour empê
cher le Conseil de Préfecture de prononcer
'éviction des colons qui ne remplissent pas
les obligations du contrat ?
Parions qu’il va me répondre que j'ai
ouvert une souscription pour élever une
statue à Napoléon III.
M. Lesbros est aujourd’hui l’un des vété
rans de la préfecture, où il a conquis ses
grades un à un. Les hautes fonctions qui lui
sont confiées sont la juste récompense de
son zèle jamais en défaut et d’uu travail
persévérant.
X
De nouveaux incendies forestiers s’étant
produits dans la région des Beni-Salah
(département de Constantine), M. le Gou
verneur général a frappé de séquestre, par
arrêté de ce jour (20 août), le territoire des
communesde Reguegma, Ouled Serim-Beni-
Amar et Talha, de la commune mixte de
Zérizer.
M. Basset, l’agent d’affaires, n’est pas par
tisan de la résidence obligatoire pour U;
attributaires de concessions territoriales, ci u
moins il le-dit, et je n’y vois pas, pour ma
part, un grand danger. Il y a beaucoup de
gens qui pensent que les terres appartenant
à 1 Etat et devant servir au peuplement de
la colonie, doivent être données gratuite
ment, sans aucune condition, exemptes de
tout impôt, et affranchies même de touh
hypothèque.
Il en est d’autres qui pensent, au con
traire, que toutes les terres domaniales doi
vent être vendues.
Je suis avec ces derniers, je veux le colon
libre dans la terre libre, mais je comprends
aussi que le colon auquel on accorde tout
pour rien peut être tenu à certaines obliga
tions. Je crois, en outre, que le colon qui a
librement contracté avec l’Administration
et qui a pr;s l’engagement de résider dans
sa concession, doit tenir son engagement
envers l’Etat, comme l’Etat doit tenir les
siens envers le concessionnaire.
Je crois, enfin, qu’en supposant que
la législation actuelle soit stupide et digne
des sots qui l'ont inventée, comme le dit,
avec son atticisme ordinaire, le noble et
intéressant ami de M. Hérail, ce n’est ni au
Préfet ni au Gouverneur qu’il y aurait lieu
de s’en prendre, puisqu’on pronçant l’évic
tion sur un arrêté du Conseil de Préfecture,
ils ne font qu’exécuter un déeret^qu’ils n’ont
pas fait euxirêmes,^puisqu’il date de 1878 et
émane de l’autorité législative de ce pays.
M. Loterey, avocat-défenseur à Tunis, est
mort à bord du vapeur courrier le Charles-
Quint, sur lequel il s’était embarqué pour
passer un mois en France. Le corps
a ou être emporté jusqu’à Marseille et a
r.A être jeté à la mer avec le cérémonial
d'usage.
X
e dernier courrier de Tanger annonce la
, vnort de Sidi Tûbi-ôe«*fHü«, gouverneur de
: -S.?fË, qui avait été chargé, en 1878, dj’une
!"• mission extraordinaire auprès de S. M.l’em-
. • nur d’Adlemagne. j
>lîdi Benhima, indépendamment dq sa
i v ■ officielle, était un des plus anciens
' négociants de Fez.
X
Ou a aperçu d’Oran, sur la côte Est, un
incendie qui paraissait être considérable.
Le feu devait être approximativement au
Nord-Est de Cristel, sur le haut cje la
falaise, entre la pointe de l’Aiguille carrières de Kléber.
Le fort flottant le Tonnant est entré,
hier matin, dans le port d’Oran, et s’est
amarré à la jetée Ste-Thérèse.
C’est une masse colossale. Le vaisseau est
armé de deux canons énormes l’un à l’avant,
l’autre à l’arrière.
Le Tonnant se rend à Toulon.
X
L’installation, à Oran, de l’iambulance
dans le local du dispensaire touchant à l’hô
pital est un fait accompli.
X
Par décision de M. le Gouverneur géné
ral, M Lesbros a été désigné pour remplir
les fonctions de viee-prési ient du Conseil
de Préfecture de Constantine.
Correspondance oranaise
Oran,le 18 août 1885.
Le Maire a publié hier, en ville, un arrêté
relatif aux questions d’hygiène. Les com
missions de logements insalubres doivent
commencer leur tournée et signaler à la
rigueur de l’autorité les propriétaires qui ne
se conformeraient pas strictement à leurs
observations et aux règlements de police
concernant la salubrité. Iiest toujours dan
gereux de toucher à cette classe si intéres
sante et si redoutable qu’on appelle les pro
priétaires,et un simple locataire comme moi
risquerait fort d’être châtié de tant de témé
rité Mais, sapristi, il y en a qui en prennent
trop à leur aise. Ils ne songent qu’à amas
ser le plus de loyers possible et bâtissent.en
dépit de l’hygiène, d’immenses geôles où ils
peuvent fourrer le plus de familles. Telles
de nombreuses maisons de la rue d’Auster
litz. On m’a signalé aussi, dans la rue des
Jardins, un gros propriétaire possédant
presque toute l’aile droite de ce quartier,
dont les maisons sont dans un état de mal
propreté repoussante. On remarque surtout
que le trottoir n’est pas pavé comme l’exi
gent les réglements de police. Ce qui fait
qu’il se produit facilement dans ce passage,
qui s’étend sur un grand parcours, des ca
vités toujours dangereuses pour lespassauts,
et se transformant souvent en mare où i’eau
peut venir se décomposer.
Les rigoles qui bordent cette chaussée
sont aussi dans un état de très mauvais
entretien. Je signale donc cette situation à
M. Qui de Droit, et je pense qu’il s’empres*.
sera d’y mettre fia.
*
* *
Les esprits sont en effervescence dans le
quartier israélite. Une importante réunion
de juifs marocains a eu lieu hier soir, et a
décidé la séparation de cette grande catégo
rie de la population juive de la communauté
générale.
Les Israélites marocains ont été vivement
blessés d’un procédé de M. Kanouï à l’égard
Feuilleton
LA DEPECHE
N° 37.
PAR
Georges Qfl.NET
Mais, au même moment, Robert saisit
Rose au passage, l’enleva des bras de son
danseur, et la déposa p esque défaillante
sur une chaise. Le berger s’était arrêté et
revenait vers Rose, avec un grondement
inarticulé...
— Il n’est pas content ! s’écria Tondeur
en riant jusqu’à s’étrangler... Vous allez
voir qu’il va réclamer.
De jeune comte fronça le sourcil : il dit
au Roussot sourdement.
— En voilà assez ! Allons ! houste ! A tes
moutons !
Le gars ne paraissait pas disposé à obéir,
et restait obstinément planté devant la belle
fille. Robert, comme s’il faisait sauter d’une
chiquenaude une chenille rampant sur le
calice d’une fleur, d’un revers de main en
voya l’entêté pirouetter dans le jardin.
— Ah ! soupira Rose, en ouvrant les
yeux, j’ai cru que j’allais perdre le souffle.
— Uu peu de puncfi, dit gaiement le
jeune comte, et il n’y paraîtra plus.
— Je vous remercie bien, fit Rose, je
n’aime pas les choses fortes... J ai reçu
trop de claques du père Chassevent quand
il avait bu... D’ailleurs, il va falloir que je
rentre...
— Est-ce que tu as assez de la danse ?...
Ma foi, il fait trop chaud.
L’orchestre entamait un quadrille, et déjà
les coupies se formaient. Robert, abandon
nant ses amis, sortit a v ec Rose, et la con
duisit sous ia tonnelle obscure. Au milieu
de la ripaille générale, ils étaient bien
seuls. Nul ne. faisait attention à eux. Ces
ivrognes n’avaient plus d’yeux que pour
leur verre, et d’oreilles que pour Chasse-
vent qui continuait à chanter. Les jeunes
gens restèrent ainsi quelques minutes sans
parler, écoutant les vociférations qui sui
vaient la terminaison de chaque couplet.
Robert s’était approché très près de Rose,
et, peu à peu, de sou bras, lui avait entouré
la taille Elle ne se défendit pas. Elle sem
blait rêveuse, elle habituellement vive et
gaie comme un oiseau. Elle frissonna et
nouant autour de sa tête l’écharpe qui lui
avait servi de coiffure pour venir :
— Je me refroidis ici...
- Tu as le cou nu. Ce n’est pas pru
dent. ..
Il prit dans la poche de sa jaquette un
joli foulard bleu à bordure rouge, et, le lui
tendant :
— Tiens, voilà une cravate.
Elle fit un mouvement de joie en froissant
la soie souple et douce.
— Vous êtes gentil, dit-elle. Mais ne
restons pas dans cette odeur de boisson et
dans ce tapage.
-- Eh bien ! marchons, dit Robert ; et, se
levant, il la fit passer devant lui pour sor
tir du jardin. Derrière eux, agile et silen
cieux, le Roussot s’était glissé.
A cent pas du cabaret, ils s’arrêtèrent au
bord du sentier qui montait vers a Grande
Maroière La maison de Pourtois, les bos
quets et ia salle de danse, flambaient au
travers des arbres, mais la clameur, qui
était la voix de cette foule en liesse, se per
dait dans les airs, déjà affaiblie par la dis
tance. Dans l’obscurité transparente de la
nuit, des formes apparaissaient confuses,
puis plus précises à mesure qu’elles appro
chaient. C'étaient des gens de La Saucelle
ou de Couvrechamps qui, ayant à se lever
de bonne heure, malgré la fête, rentraient
avant la fin de la danse. Une voix gogue
narde dit :
— On ne te dévalisera pas en chemin, la
Rose, puisque te voilà sous la garde d’un
hardi cavalier.
— Notre monsieur veut bien me conduire
jusqu’à la traverse de Clairefont, mes bonn-
nes gens, répliqua la fille... Y a-t-il grand
mal à ça ?
— Non, au contraire... Mais ne t’arrête
pas, car il y a du bien beau gazon au bord
de la route...
Robert se mit à rire. Rose, mécontente,
s’écarta de lui.
— Yous voyez : ou me raille à cause de
vous ; il vaut mieux que je m’en aille toute
seule.
Tl la prit par les bras, et,- très doucement,
la bouche contre i’oreiile de la belle:
— Reste donc, Rosette. Nous allons causer
du père Chassevent et de la petite maison
que. tu désires.
Et, abandonnant le grand chemin, iis
prirent le sentier qui montait vers le plateau
à travers les escarpements déserts de la col
line. Le Roussot les suivait toujours, d’un
pas souple et félin, sans qu’une pierre rou
lante et sans qu’une branche froissée révélât
sa présence. Iis marchaient lentement, et le
passage était si étroit qu’ils étaient forcés
de se serrer très près l’un de l’autre. La
lune n’était pas encore levée, et les étoiles
se faisaient complaisantes, car elles éclai
raient bien faiblement les ténèbres. Rose et
Robert allaient doucement, enlacés mainte-^
nant, et respirant l’cdeur exquise de la
bruyère en fleurs que la fraîcheur de la nuit
faisait s’exhaler. De temps en temps, scan
dant leurs paroles, comme un doux frémis
sement d’ailes, un bruit de baisers s’envo
lait, et, dans l’ombre, jaloux écho de cette
caressante harmonie, s’élevait une plainte
sourde comme celle d’une bête blessée qui
grince et menace.
Ils montaient, sans se presser, jouissant
de cette heure délicieuse, dans le calme pro
fond qui s’étendait autour d’eux. Le bruit
de la fête ne leur parvenait plus que comme
un vague murmure, et, enivrés par cette
poésie puissante qui se dégageait de la terre
embaumée et du ciel resplendissant, ils se
serraient dans une étreinte plus amoureuse.
Et, plus gémissante, plus irritée, plus jap**
t .a S centimes.
PREFECTURE D‘AI.GF.1
DEPOT LEGAL
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Samedi, 22 août i 885»
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois
Algérie. 4.50
France 6
Six mois
9
12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin,
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, e<
Algérie, ê+re adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Algev.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C'«, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
" ™ llditë ******* * "
Alger, le 21 Août 1885.
LES HOMMES,DU JODR
XVI
M. ARTHUR RANG
DÉPUTÉ DE SEINE
Le nom de Ranc est un des plus populai
res dans la députation actuelle de la Seine.
Il n’eu pouvait être autrement d’ailleurs.
Mêlé depuis sa jeunesse à toutes les luttes
politiques, ou le voit impliqué, à vingt-deux
ans, dans le complot dit de l’Opéra-Comi-
que et déporté en Algérie d’où il s’échappe
pour passer eu Espagne. Plus tard, rentré
en France, à la laveur de l’amnistie de 1859,
il écrit dans de nombreux journaux ce qui
lui vaut de non moins nombreuses condam
nations pour délits de presse.
M. Ranc qui, en effet, avait accompli ses
débuts de journaliste dans la simple loge du
correcteur d’épreuves, n’avait gardé que peu
de temps cet emploi un peu trop modeste et
bientôt, passé de l’atelier à ta salle de ré
daction, il était entré comme collaborateur,
d’abord au Courrier du dimanche, puis au
Journal de Paris, au Nain Jaune, au Ré
veil, à la Cloche, au Diable à quatre et à la
Marseillaise .
Maire du neuvième arrondissement de Pa
ris, après le 4 septembre, représentant de la
Seine, élu le dix-septièmesur quarante-trois
aux élections de février 1871, il allait bientôt
siéger sur les bancs de la Commune où l’en
voyaient les électeurs du neuvième arron
dissement.
Ii donna d’aileurs bientôt sa démission,
lorsque fut publié le décret relatif aux ota
ges et ne s’occupa plus des affaires de la
Commune.
Cependant, malgré le rôle qu’il y avait
joué, il ne fut l’objet d’aucune poursuite, ce
dont M. Raoul Duval jugea à propos de s’é
mouvoir. A deux reprises, le 16 août 1871,
puis le 20 septembre suivant, il déposait
donc sur le bureau une double demande
d’interpellation qui devait n’être suivie d’au
cun résultat.
Dix-huit mois s’écoulèrent ainsi sans que
M. Ranc fut inquiété le moins du monde, et
il paraissait définitivement oublié, lorsque,
par un vote du 11 mai 1873, le département
du Rhône l’envoya siéger à Versailles.
On sait que quelques jours après, M.
Thiers se relirait du pouvoir, ce qui avait
notamment pour effet de remettre sur le
tapis la question de la complicité de M.
Ranc dans les affaires du gouvernement in
surrectionnel.
Saisie, le 13 juin 1873, par M. le capitaine
Grimai, alors rapporteur près les conseils
de guerre, d’une demande de poursuites
contre M. Arthur Ranc, l’Assemblée, sur les
propositions de M. Naim Baragnon, accor
dait l’autorisation dont il s’agit, et le 13 oc
tobre suivant, M. Ranc, qui heureusement
s’était enfui, était condamné à la peine de
mort.
Depuis, rentré au Parlement, il a repris
cette plume de journaliste qu’il manie si
bien, et ses articles du Voltaire, empreints
d’un parfait esprit de sagesse et de raison
politique, sont justement remarqués. La
place de M. Ranc est tout indiquée dans la
nouvelle Chambre, comme elle l’était dans
l’ancienne, et le proscrit de l’Empire a le
droit de compter sur tous les suffrages de la
démocratie parisienne
Et le Radical algérien se vautre dans le
ridicule, quand dans sa super be ignorance
il déclare qu’il s’interposera entre messieurs
les administrateurs et leurs victimes et les
arrachera à leur justice.
Comment s’y prendra-t-il cet agent d’af
faires,qui sait cependant à quoi s’en tenir et
qui semble ue parler qu’à des idiots ; com
ment s’y prendra-t-il, dis-je, pour empê
cher le Conseil de Préfecture de prononcer
'éviction des colons qui ne remplissent pas
les obligations du contrat ?
Parions qu’il va me répondre que j'ai
ouvert une souscription pour élever une
statue à Napoléon III.
M. Lesbros est aujourd’hui l’un des vété
rans de la préfecture, où il a conquis ses
grades un à un. Les hautes fonctions qui lui
sont confiées sont la juste récompense de
son zèle jamais en défaut et d’uu travail
persévérant.
X
De nouveaux incendies forestiers s’étant
produits dans la région des Beni-Salah
(département de Constantine), M. le Gou
verneur général a frappé de séquestre, par
arrêté de ce jour (20 août), le territoire des
communesde Reguegma, Ouled Serim-Beni-
Amar et Talha, de la commune mixte de
Zérizer.
M. Basset, l’agent d’affaires, n’est pas par
tisan de la résidence obligatoire pour U;
attributaires de concessions territoriales, ci u
moins il le-dit, et je n’y vois pas, pour ma
part, un grand danger. Il y a beaucoup de
gens qui pensent que les terres appartenant
à 1 Etat et devant servir au peuplement de
la colonie, doivent être données gratuite
ment, sans aucune condition, exemptes de
tout impôt, et affranchies même de touh
hypothèque.
Il en est d’autres qui pensent, au con
traire, que toutes les terres domaniales doi
vent être vendues.
Je suis avec ces derniers, je veux le colon
libre dans la terre libre, mais je comprends
aussi que le colon auquel on accorde tout
pour rien peut être tenu à certaines obliga
tions. Je crois, en outre, que le colon qui a
librement contracté avec l’Administration
et qui a pr;s l’engagement de résider dans
sa concession, doit tenir son engagement
envers l’Etat, comme l’Etat doit tenir les
siens envers le concessionnaire.
Je crois, enfin, qu’en supposant que
la législation actuelle soit stupide et digne
des sots qui l'ont inventée, comme le dit,
avec son atticisme ordinaire, le noble et
intéressant ami de M. Hérail, ce n’est ni au
Préfet ni au Gouverneur qu’il y aurait lieu
de s’en prendre, puisqu’on pronçant l’évic
tion sur un arrêté du Conseil de Préfecture,
ils ne font qu’exécuter un déeret^qu’ils n’ont
pas fait euxirêmes,^puisqu’il date de 1878 et
émane de l’autorité législative de ce pays.
M. Loterey, avocat-défenseur à Tunis, est
mort à bord du vapeur courrier le Charles-
Quint, sur lequel il s’était embarqué pour
passer un mois en France. Le corps
a ou être emporté jusqu’à Marseille et a
r.A être jeté à la mer avec le cérémonial
d'usage.
X
e dernier courrier de Tanger annonce la
, vnort de Sidi Tûbi-ôe«*fHü«, gouverneur de
: -S.?fË, qui avait été chargé, en 1878, dj’une
!"• mission extraordinaire auprès de S. M.l’em-
. • nur d’Adlemagne. j
>lîdi Benhima, indépendamment dq sa
i v ■ officielle, était un des plus anciens
' négociants de Fez.
X
Ou a aperçu d’Oran, sur la côte Est, un
incendie qui paraissait être considérable.
Le feu devait être approximativement au
Nord-Est de Cristel, sur le haut cje la
falaise, entre la pointe de l’Aiguille
Le fort flottant le Tonnant est entré,
hier matin, dans le port d’Oran, et s’est
amarré à la jetée Ste-Thérèse.
C’est une masse colossale. Le vaisseau est
armé de deux canons énormes l’un à l’avant,
l’autre à l’arrière.
Le Tonnant se rend à Toulon.
X
L’installation, à Oran, de l’iambulance
dans le local du dispensaire touchant à l’hô
pital est un fait accompli.
X
Par décision de M. le Gouverneur géné
ral, M Lesbros a été désigné pour remplir
les fonctions de viee-prési ient du Conseil
de Préfecture de Constantine.
Correspondance oranaise
Oran,le 18 août 1885.
Le Maire a publié hier, en ville, un arrêté
relatif aux questions d’hygiène. Les com
missions de logements insalubres doivent
commencer leur tournée et signaler à la
rigueur de l’autorité les propriétaires qui ne
se conformeraient pas strictement à leurs
observations et aux règlements de police
concernant la salubrité. Iiest toujours dan
gereux de toucher à cette classe si intéres
sante et si redoutable qu’on appelle les pro
priétaires,et un simple locataire comme moi
risquerait fort d’être châtié de tant de témé
rité Mais, sapristi, il y en a qui en prennent
trop à leur aise. Ils ne songent qu’à amas
ser le plus de loyers possible et bâtissent.en
dépit de l’hygiène, d’immenses geôles où ils
peuvent fourrer le plus de familles. Telles
de nombreuses maisons de la rue d’Auster
litz. On m’a signalé aussi, dans la rue des
Jardins, un gros propriétaire possédant
presque toute l’aile droite de ce quartier,
dont les maisons sont dans un état de mal
propreté repoussante. On remarque surtout
que le trottoir n’est pas pavé comme l’exi
gent les réglements de police. Ce qui fait
qu’il se produit facilement dans ce passage,
qui s’étend sur un grand parcours, des ca
vités toujours dangereuses pour lespassauts,
et se transformant souvent en mare où i’eau
peut venir se décomposer.
Les rigoles qui bordent cette chaussée
sont aussi dans un état de très mauvais
entretien. Je signale donc cette situation à
M. Qui de Droit, et je pense qu’il s’empres*.
sera d’y mettre fia.
*
* *
Les esprits sont en effervescence dans le
quartier israélite. Une importante réunion
de juifs marocains a eu lieu hier soir, et a
décidé la séparation de cette grande catégo
rie de la population juive de la communauté
générale.
Les Israélites marocains ont été vivement
blessés d’un procédé de M. Kanouï à l’égard
Feuilleton
LA DEPECHE
N° 37.
PAR
Georges Qfl.NET
Mais, au même moment, Robert saisit
Rose au passage, l’enleva des bras de son
danseur, et la déposa p esque défaillante
sur une chaise. Le berger s’était arrêté et
revenait vers Rose, avec un grondement
inarticulé...
— Il n’est pas content ! s’écria Tondeur
en riant jusqu’à s’étrangler... Vous allez
voir qu’il va réclamer.
De jeune comte fronça le sourcil : il dit
au Roussot sourdement.
— En voilà assez ! Allons ! houste ! A tes
moutons !
Le gars ne paraissait pas disposé à obéir,
et restait obstinément planté devant la belle
fille. Robert, comme s’il faisait sauter d’une
chiquenaude une chenille rampant sur le
calice d’une fleur, d’un revers de main en
voya l’entêté pirouetter dans le jardin.
— Ah ! soupira Rose, en ouvrant les
yeux, j’ai cru que j’allais perdre le souffle.
— Uu peu de puncfi, dit gaiement le
jeune comte, et il n’y paraîtra plus.
— Je vous remercie bien, fit Rose, je
n’aime pas les choses fortes... J ai reçu
trop de claques du père Chassevent quand
il avait bu... D’ailleurs, il va falloir que je
rentre...
— Est-ce que tu as assez de la danse ?...
Ma foi, il fait trop chaud.
L’orchestre entamait un quadrille, et déjà
les coupies se formaient. Robert, abandon
nant ses amis, sortit a v ec Rose, et la con
duisit sous ia tonnelle obscure. Au milieu
de la ripaille générale, ils étaient bien
seuls. Nul ne. faisait attention à eux. Ces
ivrognes n’avaient plus d’yeux que pour
leur verre, et d’oreilles que pour Chasse-
vent qui continuait à chanter. Les jeunes
gens restèrent ainsi quelques minutes sans
parler, écoutant les vociférations qui sui
vaient la terminaison de chaque couplet.
Robert s’était approché très près de Rose,
et, peu à peu, de sou bras, lui avait entouré
la taille Elle ne se défendit pas. Elle sem
blait rêveuse, elle habituellement vive et
gaie comme un oiseau. Elle frissonna et
nouant autour de sa tête l’écharpe qui lui
avait servi de coiffure pour venir :
— Je me refroidis ici...
- Tu as le cou nu. Ce n’est pas pru
dent. ..
Il prit dans la poche de sa jaquette un
joli foulard bleu à bordure rouge, et, le lui
tendant :
— Tiens, voilà une cravate.
Elle fit un mouvement de joie en froissant
la soie souple et douce.
— Vous êtes gentil, dit-elle. Mais ne
restons pas dans cette odeur de boisson et
dans ce tapage.
-- Eh bien ! marchons, dit Robert ; et, se
levant, il la fit passer devant lui pour sor
tir du jardin. Derrière eux, agile et silen
cieux, le Roussot s’était glissé.
A cent pas du cabaret, ils s’arrêtèrent au
bord du sentier qui montait vers a Grande
Maroière La maison de Pourtois, les bos
quets et ia salle de danse, flambaient au
travers des arbres, mais la clameur, qui
était la voix de cette foule en liesse, se per
dait dans les airs, déjà affaiblie par la dis
tance. Dans l’obscurité transparente de la
nuit, des formes apparaissaient confuses,
puis plus précises à mesure qu’elles appro
chaient. C'étaient des gens de La Saucelle
ou de Couvrechamps qui, ayant à se lever
de bonne heure, malgré la fête, rentraient
avant la fin de la danse. Une voix gogue
narde dit :
— On ne te dévalisera pas en chemin, la
Rose, puisque te voilà sous la garde d’un
hardi cavalier.
— Notre monsieur veut bien me conduire
jusqu’à la traverse de Clairefont, mes bonn-
nes gens, répliqua la fille... Y a-t-il grand
mal à ça ?
— Non, au contraire... Mais ne t’arrête
pas, car il y a du bien beau gazon au bord
de la route...
Robert se mit à rire. Rose, mécontente,
s’écarta de lui.
— Yous voyez : ou me raille à cause de
vous ; il vaut mieux que je m’en aille toute
seule.
Tl la prit par les bras, et,- très doucement,
la bouche contre i’oreiile de la belle:
— Reste donc, Rosette. Nous allons causer
du père Chassevent et de la petite maison
que. tu désires.
Et, abandonnant le grand chemin, iis
prirent le sentier qui montait vers le plateau
à travers les escarpements déserts de la col
line. Le Roussot les suivait toujours, d’un
pas souple et félin, sans qu’une pierre rou
lante et sans qu’une branche froissée révélât
sa présence. Iis marchaient lentement, et le
passage était si étroit qu’ils étaient forcés
de se serrer très près l’un de l’autre. La
lune n’était pas encore levée, et les étoiles
se faisaient complaisantes, car elles éclai
raient bien faiblement les ténèbres. Rose et
Robert allaient doucement, enlacés mainte-^
nant, et respirant l’cdeur exquise de la
bruyère en fleurs que la fraîcheur de la nuit
faisait s’exhaler. De temps en temps, scan
dant leurs paroles, comme un doux frémis
sement d’ailes, un bruit de baisers s’envo
lait, et, dans l’ombre, jaloux écho de cette
caressante harmonie, s’élevait une plainte
sourde comme celle d’une bête blessée qui
grince et menace.
Ils montaient, sans se presser, jouissant
de cette heure délicieuse, dans le calme pro
fond qui s’étendait autour d’eux. Le bruit
de la fête ne leur parvenait plus que comme
un vague murmure, et, enivrés par cette
poésie puissante qui se dégageait de la terre
embaumée et du ciel resplendissant, ils se
serraient dans une étreinte plus amoureuse.
Et, plus gémissante, plus irritée, plus jap**
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