Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-07-20
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 juillet 1885 20 juillet 1885
Description : 1885/07/20 (A1,N4). 1885/07/20 (A1,N4).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544787k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 4
Le numéro S centimes.
WiÊFMTUnE F) ALGER
UEM LEGAL
i
» Ljindi, 20 juillet 1885.
Administrateur: P. FONTANA.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Rédacteur en chef : AUMERAT.
Algérie .
France.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 9
6 12
Un an
18
84
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent en
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rne du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C io , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 18 juillet 1885.
Questions et Faits du jour
Nous allons avoir sous peu un ambassa
deur chinois à Paris. Les bonnes relations
rompues depuis trois ans entre les deux
pays vont reprendre de plus belle. On passe
l’éponge sur la destruction de Fou-Tchéou,
on oublie les victimes qui dorment au Ton-
kin de leur dernier sommeil.
Espérons cependant pour le bon accord
qui doit, désormais, régner entre la France
et la Chine, que le célestial qui nous arrive
à toute vapeur u’est pas la doublure d’un
Li-Fong-Pao ou le diminutif d’un marquis
Tseng.
Ce personnage à la longue queue arrive
sans doute avec un programme bien arrêté
et, qualité essentielle, conciliable avec nos
intérêts.
Il poussera, il faut le croire, à la réalisa
tion de ce fameux projet d’établissement de
railways en Chine, dont il est parlé dans le
protocole, Si nous n’avons pas obtenu par
la voie des armes et sur le champ, des bé
néfices que nous étions en droit d’attendre,
espérons qu’ils nous arriveront petit à pe
tit par la voie diplomatique.
Bon nombre de journaux se disent en me
sure d’annoncer les élections pour le 27 sep
tembre. Cette date, assez justifiée vu les
évènements et les affaires qui restent à ré
gler, nous semble irrationnelle sur un point.
En effet, le MiQistre de la guerre a décidé
que les réservistes seraient appelés le 21
septembre. Or, le 27 septembre, une grande
partie de la population qui vote, la plus
active, sinon la plus intelligente, se trouve
ra dans l’impossib'lité de se prononcer dams
la plus importante question du pays, bridée
qu’elle sera par le règlement militaire. Il y
.a là une anomalie que certains ennemis de
la République ne manqueront pas d’inter
préter dans le sens le plus défavorable. On
voit d’ici les mots de pression électorale,
de tour de passe-passe, d’infamie et cent
autre clichés de même valeur.
Pour éviter ces exagérations qui pour
raient avoir une certaine influence sur les
résultat final, il serait peut être sage de re
culer la date des élections.
Le général de Courcy annonce son pro
chain départ pour Haî-Phong. Décomman
dant du corps expéditionnaire se propose
d’aller conférer dans cette ville avec les gé
néraux Brière de l’Isle et Négrier.
Le général de Courcy va s’entendre avec
ces officiers généraux afin de parer, sans
doute, aux retours offensifs qui pourraient
se produire du côté de l’Annam. C’est là
une sage précaution qui ne peut manquer
de porter ses fruits. L’esprit de plusieurs
vaut mieux que celui d’un seul, disait Na
poléon à Bernadotte, quelques jours avant
Iéna. Le grand capitaine n’avait pas tort.
Sans vouloir rapprocher, même de loin,
le général de Courcy de l’illustre guerrier,
nous pouvons également approuver plei
nement la conduite de l’ancien commandant
du 10® corps. Le général trouvera peut-être,
dans cette conférence, la solution de l’affaire
de Hué.
Ses mesures prises, le général retournera
dans l’Annam par là côte, il visitera tous
les ports du littoral pour connaître exac
tement les forces du pays et ses moyens de
défense.
Son retour à Hué s’effectuera, nous en
avons la conviction, le plus prosaïquement
du monde. Cette fois, pas de surprise à
craindre. Les Annamites savent ce qn’il en
coûte.
NOS RADICAUX
L ’Akhbar faisait hier un portrait fort
amusant de nos radicaux, genre algérien,
qu’il faut toujours se garder de confondre
avec les radicaux français.
Je serai plus indulgent que mon confrère.
Son portrait, si ressemblant qu’il soit, ne
s’applique point à la majorité des radicaux
de l’Algérie ; mais à une toute petite mino
rité dont on s’exagère l’importance par le
tapage qu’elle fait, mais dont il est facile de
constater la faiblesse dans les luttes électo
rales.
UAkhbar a voulu parler sans doute de
la petite coterie radicale qui à Alger, a pour
chef, le citoyen Lapeyre.
Il n’a pas voulu parler non plus des radi
caux de Constantine et d’Oran, avec les
quels d’ailleurs, il est ordinairement d’ac
cord.
Ces derniers ont aussi leur originalité.
Ils sont autonomistes ; mais ils disent
pourquoi, et sont toujours conséquents avec
leurs doctrines. A Alger, ils sont assimila
teurs. Mais, sauf la suppression du gouver
nement général qu’ils réclament sans jamais
donner—et pour cause — une raison vala
ble, ils acceptent toutes les exceptions sans
le moindre murmure ; à Constantine et à
Cran les radicaux sont — je ne dirai pas
arabophobes — je ne crois pas qu'il y en
ait en Algérie, mais, partisans d’un certain
arbitraire vis-à-vis des indigènes, tandis
que, dans la rue de la Casbah on proclame
l’égalité des indigènes et des français de
vant la loi : ce dont je les louerais volon
tiers s’ils mettaient le principe en pratique,
ce qu’ils se gardent bien de faire.
Il n’y a pas d’ailleurs à leur en faire le re
proche. C’est par ignorance, le plus sou
vent, qu’ils pêchent. Leur seul tort, peut-
être, est d’essayer de temps à autre de rai
sonner.
Informations algériennes
La Commission chargée d’examiner le
projet de création du port de Mostaganem a
approuvé le projet. M. Jacques a été nom
mé rapporteur.
X
Nous apprenons que le projet de conces
sion du chemin de fer d’Oran à Arzew est
en très bonne voie.
Le Conseil d’Etat est saisi et une solution
favorable est prochaine.
X
Le Conseil générai de la Seine a voté le
crédit de 20G francs pour l’érection d’une
statue au sergent Blandan.
X
208 postes-vigies sont installés en Kaby-
lie depuis le 1" juillet, pour surveiller les
massifs forestiers, en exécution de la loi du
17 juillet 1874 sur les incendies de forêts.
Chaque poste est composé de deux pié
tons et d’un cavalier.
Il y a donc 624 indigènes et 208 montu
res employas chaque jour au service de sur
veillance.
X
Par arrêté du 10 juillet 1885, pHs confor
mément aux dispositions de l’arrêté du 20
juillet 1881, la médaille d’argent a été con
férée aux instituteurs, institutrices et direc
trices d’écoles maternelles dont les noms
suivent :
M. Petit Louis-Philippe, instituteur public
à Marengo.
Mme Deltour Amélie, institutrice publi
que à Alger.
M. Cerma Louis-Omer, directeur de l’école
communale de Souk-Ahras.
Mlle Yallette Léa, directrice de l’école
communale de la rue Damrémont à Cons
tantine.
M. Dreyfus Samuel, instituteur public à
Mostaganem.
X
M. Forcioli, sénateur de Constantine, a
adressé la lettre suivante à M. Chaleil, ré
dacteur en chef du Républicain :
Chaleil, Constantine,
J’ai démenti la lettre du Zèramna dès
que j’en ai eu le-texte sous les yeux. C’est
un faux.
M. Carvajan, sa liste aux élections munici
pales, et ces messieurs savent que le jour
où il a été nommé maire, je me suis piqué
le nez. ah! mais à fond... comme ça se
doit en l’honneur d’un ami !... Ah ! je
l’aime, M. Carvajan, autant que j’abomine
les gens d’en face... Mais il ne les chérit
pas non plus... et c’est lai qui nous en dé
barrassera.. .
Il montra le poing à la colline sur laquelle
se dressait, entre les arbres, le château de
Clairefont, et, s’excitant lui-même au sou
venir de sa récente aventure :
— Ah ! brigand, va ! M’attacher comme
un corbeau crevé, exposé dans un champ
au bout d’une perche!... Mais tu me le
paieras, ou que ce que je bois me serve de
poison !
Et il wvala d’un trait un verre de bière
que Pourtois' venait de verser pour Pascal.
— Dites donc, Chassevent, s’écria le ca-
baretier mêcoatent, faudrait nous flanquer
un peu la paix avec vos histoires... Nous
aimerions mieux écouter, monsieur, que
nous revoyons dans le pays avec bien de la
satisfaction... Je vous ai connu tout petit,
monsieur Pascal, et quand vous vous pro
meniez avec votre bonne chère dame de
mère, je vous ai bien souvent reçu dans
mon établissement... Oh ! il est changé de
puis les temps !... Mais vous aussi... Et
vous voilà bel homme, da... vous qui étiez
un peu maigriot, soit dit sans vous offen
ser ...
■—Vous ne m’offensez pas, répondit Pascal,
les yeux baissés, et comme absorbé par une
Pour celles annoncées par Y Indépendant
et que je ne connais pas encore, vous pour
rez en contt ôler l’exactitude au moyen des
originaux adressés aux destinataires.
Si ces dernières lettres étaient vraies, j©
poursuivrais le journal pour vol.
Si elles éiaient fabriquées, je le poursui
vrais pour faux.
En tous cas, ce sont là des procédés indi
gnes d’une presse qui se respecte.
FORCIOLI.
X
Par arrêté du Gouverneur, M. Barbait
André, secrétaire du syndicat de TOued
Magoum (Arzew), est nommé courtier ma
ritime à Arzew, en remplacement de M.,
Saunier.
X
Pendant le 2 e trimestre de 4885 (13 janvier
au 42 avril), les douanes tunisiennes ont
constaté les résultats suivants ■
Importations 44.555.433 piastres.
Exportations 7.795.289 —
X
La commune mixte de Bordj-bou-Arré-
ridj vient de voter une somme 400 francs
pour l’érection d’un monurr à Victor
Hugo.
X
Si El-Hadj ben Ahmed, adjv
Zemala est n ommô chevalier de v
d’honneur.
X
M. Couanon, inspecteur de l'agriculture,
délégué régional pour le phylloxéra, est
arrivé hier matin.
M. Couanon se rend à Tiemcen, pour
étudier le phylloxéra dont la présence a été
signalée dans les environs de cette localité
-o-
L’Élection de BEédéa
C’est demain qu’a lieu l’élection d’un
conseiller général dans la circonscription
de Médéa, en remplacement de M. Lépiney,,.
Deux candidats sont en présence :
Jouyne, le sympathique avocat d'Alger, et
M. Fallet, colonel en retraite.
Tous nos vœux sont pour M. Jouyne,
dont nous espérons bien enregistrer le suc
cès lundi matin.
L’ITALIE EN AFRIQUE
Une dépêche arrivée lundi à Rome an
nonce que, le 8 juillet, il y avait deux cent
trente-sept malades à Massouah.
Depuis le commencement de juillet, le
nombre des malades augmente régulière
ment chaque jour, malgré le repos absolu
auquel la température élevée condamne la,
garnison.
profonde méditation,.. Tout est bien chan
gé, en effet... hommes et choses...
— Et tout chaogera bien davantage avant
peu, dit Fleury d’une voix coupante...
Nous avons la guerre ici, monsieur Carva-
jan, entre votre père et le marquis de ClaU,
refont... Il y a trente ans que les hostilités
sont engagées, et nous approchons du dé
nouement. Les gens d’en haut sont bien,
perdus, allez Ils n’ont pas de chance d’en
réchapper, car c’est votre père qui les tient v
Vous êtes arrivé pour assister à la victoire,, v
Soyez le bienvenu, monsieur Pascal...
Le greffier tendit au jeune homme une
main crochue comme une griffe, que celui-
ci ne vit pas sans doute, car il la laissa re
tomber sans la serrer.
Immobile, debout, il songeait. Dans son
souvenir la récente aventure repassait. II
voyait une belle jeune fille à cheval, mar
chant lentement sous la voûte fraîche des
arbres, escortée par un grand lévrier. Un
inconnu sautait dans le chemin creux de
vant elle, et lui demandait sa route. Grave
ment, avec uce fière complaisance, elle lui
servait de guide Au moment de la quitter
respectueusement, il la priait de lui dire
son nom, et c’était Mlle de Clairefont, la fille
de celui que l’on citait comme l’ennemi de
son père. Il semblait alors à Pascal qu’une
ombre descendait sur la jeune fille et qu’il
la voyait vêtue de noir, le front penché sous
de lourds ennuis, son beau visage cïeusë
par le chagrin. Elle marchait en silence, les
yeux rougis et fixés vers la terre, toute
seule comme abandonnée. Le chemin, vert
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 4.
LA
EIABSIËRE
PAR
Georges OHNET
— Ne fais pas le malin, dit Tondeur : il
t’aplatirait d’une seule calotte...
— Oh! malheur de malheur! La pro
chaine fois, j’irai avec mon fusil... Et aussi
sûr que nous sommes là, je lui fais/ son af
faire !
— Allons ! allons ! Chassevent, vous n’ê-
tes pas aussi rageur que vous vouiez le faire
croire, interrompit Fleury, et vous dites
des bêtises dans ce moment-ci...
— Jamais je ne lui pardonnerai ce qu’il
m’a fait, reprit le braconnier d’un air som
bre.. . Quand on le saura, tout le pays va
se ficher de moi... Ah ! ces gens de Claire
font ! Quand donc aurons-nous réglé leur
compte ?
Il lança un horrible juron et, jetant à
Fleury un regard sinistre :
— Oui, que M. Carvajan se charge du
père... Et moi je me charge du fils...
A cette association répugnante faite par
Chassevent. à ce rapprochement odieux de
son père et du vagabond, Pascal se leva
avec violence, et, le visage enflammé par la
colère :
— Je vous défends, misérable drôle, de
prononcer le nom de M. Carvajan...
— Parce que ? demanda Chassevent, d’un
ton à la fois goguenard et menaçant.
— Parce que c’est mon père
Ces mots produisirent un changement im
médiat dans l’attitude des trois hommes.
Pourtois avança respectueusement une
chaise, Fleury ehiquenauda sa redingote
crasseuse, et redressa sa cravate fripée,
Chasseveut porta la main au foulard qui lui
servait de coiffure. La femme Pourtois elle-
même, du haut de son comptoir, daigna
sourire entre ses deux tire lires en métal
blanc.
— Ah ! vous êtes le fils à M. Carvajan ?
dit le braconnier avec volubilité... C’est
une autre affaire... M. Carvajan, voyez-
vous, c’est notre homme, et il n’y a pas de
danger que nous cherchions à le contra
rier. .. Je ne lui ai, moi, tant seulement ja
mais pris un lapin dans ses bois de La
Moncelle... Et pourtant il y en a, bon
sang ! que c’en est gris !... M. Carvajan !...
On peut dire que je lui suis dévoué. S’il
voulait avoir ma fille chez lui comme ser
vante. .. il l’aurait, quoiqu’elle soit fiérote...
Mais elle en a bien le droit : elle est assez
gentille! C’est moi qui lui ai distribué, à
Le numéro S centimes.
WiÊFMTUnE F) ALGER
UEM LEGAL
i
» Ljindi, 20 juillet 1885.
Administrateur: P. FONTANA.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Rédacteur en chef : AUMERAT.
Algérie .
France.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 9
6 12
Un an
18
84
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent en
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rne du Bausset, 4 :
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C io , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
Alger, le 18 juillet 1885.
Questions et Faits du jour
Nous allons avoir sous peu un ambassa
deur chinois à Paris. Les bonnes relations
rompues depuis trois ans entre les deux
pays vont reprendre de plus belle. On passe
l’éponge sur la destruction de Fou-Tchéou,
on oublie les victimes qui dorment au Ton-
kin de leur dernier sommeil.
Espérons cependant pour le bon accord
qui doit, désormais, régner entre la France
et la Chine, que le célestial qui nous arrive
à toute vapeur u’est pas la doublure d’un
Li-Fong-Pao ou le diminutif d’un marquis
Tseng.
Ce personnage à la longue queue arrive
sans doute avec un programme bien arrêté
et, qualité essentielle, conciliable avec nos
intérêts.
Il poussera, il faut le croire, à la réalisa
tion de ce fameux projet d’établissement de
railways en Chine, dont il est parlé dans le
protocole, Si nous n’avons pas obtenu par
la voie des armes et sur le champ, des bé
néfices que nous étions en droit d’attendre,
espérons qu’ils nous arriveront petit à pe
tit par la voie diplomatique.
Bon nombre de journaux se disent en me
sure d’annoncer les élections pour le 27 sep
tembre. Cette date, assez justifiée vu les
évènements et les affaires qui restent à ré
gler, nous semble irrationnelle sur un point.
En effet, le MiQistre de la guerre a décidé
que les réservistes seraient appelés le 21
septembre. Or, le 27 septembre, une grande
partie de la population qui vote, la plus
active, sinon la plus intelligente, se trouve
ra dans l’impossib'lité de se prononcer dams
la plus importante question du pays, bridée
qu’elle sera par le règlement militaire. Il y
.a là une anomalie que certains ennemis de
la République ne manqueront pas d’inter
préter dans le sens le plus défavorable. On
voit d’ici les mots de pression électorale,
de tour de passe-passe, d’infamie et cent
autre clichés de même valeur.
Pour éviter ces exagérations qui pour
raient avoir une certaine influence sur les
résultat final, il serait peut être sage de re
culer la date des élections.
Le général de Courcy annonce son pro
chain départ pour Haî-Phong. Décomman
dant du corps expéditionnaire se propose
d’aller conférer dans cette ville avec les gé
néraux Brière de l’Isle et Négrier.
Le général de Courcy va s’entendre avec
ces officiers généraux afin de parer, sans
doute, aux retours offensifs qui pourraient
se produire du côté de l’Annam. C’est là
une sage précaution qui ne peut manquer
de porter ses fruits. L’esprit de plusieurs
vaut mieux que celui d’un seul, disait Na
poléon à Bernadotte, quelques jours avant
Iéna. Le grand capitaine n’avait pas tort.
Sans vouloir rapprocher, même de loin,
le général de Courcy de l’illustre guerrier,
nous pouvons également approuver plei
nement la conduite de l’ancien commandant
du 10® corps. Le général trouvera peut-être,
dans cette conférence, la solution de l’affaire
de Hué.
Ses mesures prises, le général retournera
dans l’Annam par là côte, il visitera tous
les ports du littoral pour connaître exac
tement les forces du pays et ses moyens de
défense.
Son retour à Hué s’effectuera, nous en
avons la conviction, le plus prosaïquement
du monde. Cette fois, pas de surprise à
craindre. Les Annamites savent ce qn’il en
coûte.
NOS RADICAUX
L ’Akhbar faisait hier un portrait fort
amusant de nos radicaux, genre algérien,
qu’il faut toujours se garder de confondre
avec les radicaux français.
Je serai plus indulgent que mon confrère.
Son portrait, si ressemblant qu’il soit, ne
s’applique point à la majorité des radicaux
de l’Algérie ; mais à une toute petite mino
rité dont on s’exagère l’importance par le
tapage qu’elle fait, mais dont il est facile de
constater la faiblesse dans les luttes électo
rales.
UAkhbar a voulu parler sans doute de
la petite coterie radicale qui à Alger, a pour
chef, le citoyen Lapeyre.
Il n’a pas voulu parler non plus des radi
caux de Constantine et d’Oran, avec les
quels d’ailleurs, il est ordinairement d’ac
cord.
Ces derniers ont aussi leur originalité.
Ils sont autonomistes ; mais ils disent
pourquoi, et sont toujours conséquents avec
leurs doctrines. A Alger, ils sont assimila
teurs. Mais, sauf la suppression du gouver
nement général qu’ils réclament sans jamais
donner—et pour cause — une raison vala
ble, ils acceptent toutes les exceptions sans
le moindre murmure ; à Constantine et à
Cran les radicaux sont — je ne dirai pas
arabophobes — je ne crois pas qu'il y en
ait en Algérie, mais, partisans d’un certain
arbitraire vis-à-vis des indigènes, tandis
que, dans la rue de la Casbah on proclame
l’égalité des indigènes et des français de
vant la loi : ce dont je les louerais volon
tiers s’ils mettaient le principe en pratique,
ce qu’ils se gardent bien de faire.
Il n’y a pas d’ailleurs à leur en faire le re
proche. C’est par ignorance, le plus sou
vent, qu’ils pêchent. Leur seul tort, peut-
être, est d’essayer de temps à autre de rai
sonner.
Informations algériennes
La Commission chargée d’examiner le
projet de création du port de Mostaganem a
approuvé le projet. M. Jacques a été nom
mé rapporteur.
X
Nous apprenons que le projet de conces
sion du chemin de fer d’Oran à Arzew est
en très bonne voie.
Le Conseil d’Etat est saisi et une solution
favorable est prochaine.
X
Le Conseil générai de la Seine a voté le
crédit de 20G francs pour l’érection d’une
statue au sergent Blandan.
X
208 postes-vigies sont installés en Kaby-
lie depuis le 1" juillet, pour surveiller les
massifs forestiers, en exécution de la loi du
17 juillet 1874 sur les incendies de forêts.
Chaque poste est composé de deux pié
tons et d’un cavalier.
Il y a donc 624 indigènes et 208 montu
res employas chaque jour au service de sur
veillance.
X
Par arrêté du 10 juillet 1885, pHs confor
mément aux dispositions de l’arrêté du 20
juillet 1881, la médaille d’argent a été con
férée aux instituteurs, institutrices et direc
trices d’écoles maternelles dont les noms
suivent :
M. Petit Louis-Philippe, instituteur public
à Marengo.
Mme Deltour Amélie, institutrice publi
que à Alger.
M. Cerma Louis-Omer, directeur de l’école
communale de Souk-Ahras.
Mlle Yallette Léa, directrice de l’école
communale de la rue Damrémont à Cons
tantine.
M. Dreyfus Samuel, instituteur public à
Mostaganem.
X
M. Forcioli, sénateur de Constantine, a
adressé la lettre suivante à M. Chaleil, ré
dacteur en chef du Républicain :
Chaleil, Constantine,
J’ai démenti la lettre du Zèramna dès
que j’en ai eu le-texte sous les yeux. C’est
un faux.
M. Carvajan, sa liste aux élections munici
pales, et ces messieurs savent que le jour
où il a été nommé maire, je me suis piqué
le nez. ah! mais à fond... comme ça se
doit en l’honneur d’un ami !... Ah ! je
l’aime, M. Carvajan, autant que j’abomine
les gens d’en face... Mais il ne les chérit
pas non plus... et c’est lai qui nous en dé
barrassera.. .
Il montra le poing à la colline sur laquelle
se dressait, entre les arbres, le château de
Clairefont, et, s’excitant lui-même au sou
venir de sa récente aventure :
— Ah ! brigand, va ! M’attacher comme
un corbeau crevé, exposé dans un champ
au bout d’une perche!... Mais tu me le
paieras, ou que ce que je bois me serve de
poison !
Et il wvala d’un trait un verre de bière
que Pourtois' venait de verser pour Pascal.
— Dites donc, Chassevent, s’écria le ca-
baretier mêcoatent, faudrait nous flanquer
un peu la paix avec vos histoires... Nous
aimerions mieux écouter, monsieur, que
nous revoyons dans le pays avec bien de la
satisfaction... Je vous ai connu tout petit,
monsieur Pascal, et quand vous vous pro
meniez avec votre bonne chère dame de
mère, je vous ai bien souvent reçu dans
mon établissement... Oh ! il est changé de
puis les temps !... Mais vous aussi... Et
vous voilà bel homme, da... vous qui étiez
un peu maigriot, soit dit sans vous offen
ser ...
■—Vous ne m’offensez pas, répondit Pascal,
les yeux baissés, et comme absorbé par une
Pour celles annoncées par Y Indépendant
et que je ne connais pas encore, vous pour
rez en contt ôler l’exactitude au moyen des
originaux adressés aux destinataires.
Si ces dernières lettres étaient vraies, j©
poursuivrais le journal pour vol.
Si elles éiaient fabriquées, je le poursui
vrais pour faux.
En tous cas, ce sont là des procédés indi
gnes d’une presse qui se respecte.
FORCIOLI.
X
Par arrêté du Gouverneur, M. Barbait
André, secrétaire du syndicat de TOued
Magoum (Arzew), est nommé courtier ma
ritime à Arzew, en remplacement de M.,
Saunier.
X
Pendant le 2 e trimestre de 4885 (13 janvier
au 42 avril), les douanes tunisiennes ont
constaté les résultats suivants ■
Importations 44.555.433 piastres.
Exportations 7.795.289 —
X
La commune mixte de Bordj-bou-Arré-
ridj vient de voter une somme 400 francs
pour l’érection d’un monurr à Victor
Hugo.
X
Si El-Hadj ben Ahmed, adjv
Zemala est n ommô chevalier de v
d’honneur.
X
M. Couanon, inspecteur de l'agriculture,
délégué régional pour le phylloxéra, est
arrivé hier matin.
M. Couanon se rend à Tiemcen, pour
étudier le phylloxéra dont la présence a été
signalée dans les environs de cette localité
-o-
L’Élection de BEédéa
C’est demain qu’a lieu l’élection d’un
conseiller général dans la circonscription
de Médéa, en remplacement de M. Lépiney,,.
Deux candidats sont en présence :
Jouyne, le sympathique avocat d'Alger, et
M. Fallet, colonel en retraite.
Tous nos vœux sont pour M. Jouyne,
dont nous espérons bien enregistrer le suc
cès lundi matin.
L’ITALIE EN AFRIQUE
Une dépêche arrivée lundi à Rome an
nonce que, le 8 juillet, il y avait deux cent
trente-sept malades à Massouah.
Depuis le commencement de juillet, le
nombre des malades augmente régulière
ment chaque jour, malgré le repos absolu
auquel la température élevée condamne la,
garnison.
profonde méditation,.. Tout est bien chan
gé, en effet... hommes et choses...
— Et tout chaogera bien davantage avant
peu, dit Fleury d’une voix coupante...
Nous avons la guerre ici, monsieur Carva-
jan, entre votre père et le marquis de ClaU,
refont... Il y a trente ans que les hostilités
sont engagées, et nous approchons du dé
nouement. Les gens d’en haut sont bien,
perdus, allez Ils n’ont pas de chance d’en
réchapper, car c’est votre père qui les tient v
Vous êtes arrivé pour assister à la victoire,, v
Soyez le bienvenu, monsieur Pascal...
Le greffier tendit au jeune homme une
main crochue comme une griffe, que celui-
ci ne vit pas sans doute, car il la laissa re
tomber sans la serrer.
Immobile, debout, il songeait. Dans son
souvenir la récente aventure repassait. II
voyait une belle jeune fille à cheval, mar
chant lentement sous la voûte fraîche des
arbres, escortée par un grand lévrier. Un
inconnu sautait dans le chemin creux de
vant elle, et lui demandait sa route. Grave
ment, avec uce fière complaisance, elle lui
servait de guide Au moment de la quitter
respectueusement, il la priait de lui dire
son nom, et c’était Mlle de Clairefont, la fille
de celui que l’on citait comme l’ennemi de
son père. Il semblait alors à Pascal qu’une
ombre descendait sur la jeune fille et qu’il
la voyait vêtue de noir, le front penché sous
de lourds ennuis, son beau visage cïeusë
par le chagrin. Elle marchait en silence, les
yeux rougis et fixés vers la terre, toute
seule comme abandonnée. Le chemin, vert
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 4.
LA
EIABSIËRE
PAR
Georges OHNET
— Ne fais pas le malin, dit Tondeur : il
t’aplatirait d’une seule calotte...
— Oh! malheur de malheur! La pro
chaine fois, j’irai avec mon fusil... Et aussi
sûr que nous sommes là, je lui fais/ son af
faire !
— Allons ! allons ! Chassevent, vous n’ê-
tes pas aussi rageur que vous vouiez le faire
croire, interrompit Fleury, et vous dites
des bêtises dans ce moment-ci...
— Jamais je ne lui pardonnerai ce qu’il
m’a fait, reprit le braconnier d’un air som
bre.. . Quand on le saura, tout le pays va
se ficher de moi... Ah ! ces gens de Claire
font ! Quand donc aurons-nous réglé leur
compte ?
Il lança un horrible juron et, jetant à
Fleury un regard sinistre :
— Oui, que M. Carvajan se charge du
père... Et moi je me charge du fils...
A cette association répugnante faite par
Chassevent. à ce rapprochement odieux de
son père et du vagabond, Pascal se leva
avec violence, et, le visage enflammé par la
colère :
— Je vous défends, misérable drôle, de
prononcer le nom de M. Carvajan...
— Parce que ? demanda Chassevent, d’un
ton à la fois goguenard et menaçant.
— Parce que c’est mon père
Ces mots produisirent un changement im
médiat dans l’attitude des trois hommes.
Pourtois avança respectueusement une
chaise, Fleury ehiquenauda sa redingote
crasseuse, et redressa sa cravate fripée,
Chasseveut porta la main au foulard qui lui
servait de coiffure. La femme Pourtois elle-
même, du haut de son comptoir, daigna
sourire entre ses deux tire lires en métal
blanc.
— Ah ! vous êtes le fils à M. Carvajan ?
dit le braconnier avec volubilité... C’est
une autre affaire... M. Carvajan, voyez-
vous, c’est notre homme, et il n’y a pas de
danger que nous cherchions à le contra
rier. .. Je ne lui ai, moi, tant seulement ja
mais pris un lapin dans ses bois de La
Moncelle... Et pourtant il y en a, bon
sang ! que c’en est gris !... M. Carvajan !...
On peut dire que je lui suis dévoué. S’il
voulait avoir ma fille chez lui comme ser
vante. .. il l’aurait, quoiqu’elle soit fiérote...
Mais elle en a bien le droit : elle est assez
gentille! C’est moi qui lui ai distribué, à
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