Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 octobre 1852 13 octobre 1852
Description : 1852/10/13 (Numéro 286). 1852/10/13 (Numéro 286).
Description : Note : erreur de numérotation, corrcetion... Note : erreur de numérotation, corrcetion manuscrite.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
mj no 280.7
BUKË1U1L fi'ne «le Valois (PalaivjRoyal), u° A®.
B 1854. — MERCREDI 15 OCTOBRE.
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IS ET DEPARTEMENS .
8 fr. pour trois mois.
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poen les pays étrangers , se reporter auv
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[a mi
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» ; * -ni .bureau du journal.
.uico, pour l'administration
de-vain, directeur. . r;.'
/ - ~~J$i
place de la Ronr^^;
PARIS',112 OCTOBRE<
Le voyage du prince-Président de la Répu
blique dans le département de la Gironde,
les vœux que les populations lui ont expo
sés, la bienveillance avec laquelle il en a
écouté, l'expression, nous ramènent à l'exa-
men des projets en discussion pour l'amé
lioration des passes de la Garonne. Nous
hous étions bornés à faire connaître la natu
re des obstacles que rencontre la navigation
dans cette partie du fleuve; il nous reste à
examiner au moyen de quels travaux on
parviendra à rectifier son cours et à le dé 1
barrasser des bancs de vases dont il est obs
trué.
On sait que la Garonne et la Dordogne,
après avoir traversé chacune les déparle-
mens ' qu'elles arrosent, viennent se réunir
et verser en commun leurs eaux dans la Gi
ronde. Leur confluent commence à la pointe
d'une sorte de promontoire qu'on appelle le
Bec d'Ambès. En cet endroit, l'embouchure
de la Garonne est - semée de bancs sablon
neux et- vaseux qui; forment:, une succes
sion d'îles; en même temps, sur la rive'gau
che, des dépôts de môme espèce apportés
par le fleuve ou par la marée montante, ont
pris de la consistance, ét. bordent la terre
ferme d'une couche longitudinale de vases
tantôt submergées, tantôt laissées à sec.
Ainsi, le cours du fleuve se trouve rétréci;
ses fonds s'élèvent; il devient, inaccessible
aux navires d'un fort tonnage. En outre, ces
terrains marécageux peuvent devenir mal
sains. L'humidité qu'ils répandent peut oc-
casioner au printemps des gelées funestes
aux précieux vignobles des environs.
On reconnaît la nécessité de rejeter ces
alluvions loin du. fleuve, et, pour opérer
cette expulsion, l'agent le plus puissant se
rait le fleuve même.il faudrait donner à son
cours assez de régularité ,et de force pour
qu'il entraîne-et reporte àla mer les dépôts
accumulés à son embouchure. Or, ce qui dé
truit la force et la régularité du courant, ce
sont ces attérissemens mêmes.
Il y a deux sortes de courans dans les ri
vières à marée : celui qui remonte le fleuve
quand-les eaux de la mer y. entrent avec le
flux ; "Celui qui descend de la source et qui
court vers l'Océan. Le premier est plus pro
pre à reiouler les sables et les vases dans le.
fleuve qu'à en balayer le lit; le second, au
contraire, tend à pousser loin de ses rives et
de son embouchure les dépôts qui le gênent.
Seul, ce dernier courant n'est pas toujours
assez fort pour se délivrer de ces obstacles,
mais uni, à l'heure du reflux, aux flots qui
sont entrés dans son lit avec la marée, il ac-
uier tune puissance généralement suffisante.
~ D'après cet exposé, on comprend qu'il est
très important dé ménager au flot qui monte
de l'Océan, pendant le flux, une entrée
large et facile, dans le fleuve. Plus la masse
d'eau qu'il y introduit est' grande, plus le
couvant qui descend, à l'heure du reflux, a
de puissance.
■ Les îles formées à l'embouchure de la Ga
ronne, les attérissemens élevés le long des
rives en cet endroit, contrarient le couis
naturel du flot à son entrée et le rejettent
vers la Dordogne, dont l'accès, est large et
facile. Qu'en est-il résulté? C'est que le pre
mier des deux fleuves ne reçoit plus les bà-
mens d'un grand tirant, d'eau quand ils
sont pesamment chargés, et qu'avant de re
monter jusqu'à Bordeaux, ils sont fréquem
ment obligés de déposer une partie de leur
cargaison à Blaye. -
Que faut-il pour rendre à la Garonne la
masse d'eau de marée qui lui est nécessaire
et au courant naturel du-fleuve son libre ac-
vès dans la Gironde et a la mer?
• ingénieurs habiles ont proposé, 1 un,
enl828, l'autre, tout récemment, d'établir
à l'embouchure de la Garonne des digues
longitudinales, sortes de rives nouvelles,
substituées aux anciennes, placées en avant
des alluvions ," et destinées à réunir entre
elles toutes les eaux du fleuve dnns une
passe unique. ...
Au premier aspect, ce projet paraît devoir
.atteindre le but ; mais, en supposant même
qu'il réussit, son exécution blesserait des in
térèts trop nombreux et trop importans pour
être négligés. En effet,.une digue longitudi
nale, construite dans le lit du fleuve, assez
loin de la rive gauche, et destinée à rassem
bler toutes les eaux entre elles et la digue op
posée, ne laisserait passer derrière elle qu'un
maigre filet d'eau,qui deviendrait bientôt sta
gnante, et ainsi, les liabitans de cette rive se
trouveraient privés du fleuve qui fertilise et
assainit la contrée; à sa place, un marais in
fect borderait les terres arrosées aujourd'hui
par un courant vivifiant. Or, aucune popu
lation, aucune province, si pauvres qu'elles
soient, ne doivent être exposées à devenir
victimes d'un, tel changement. Mais quand on
songe que le pays qui pourrait le subir est
le Médoc, on conçoit l'impossibilité de s'ar
rêter à une telle combinaison.
On ne peut pourtant faire autrement que
de consoliderlesrives dufleuve, afin d'empê
cher qu'il ne dissipe les forces de son courant
en le traînant sur les bancs de sable. Des
liabitans du pays, instruits et versés depuis
long-temps dans l'étude de cette question si
importante pour l'avenir de Bordeaux, en
tre autres M. le vicomte de Vivens, ont posé
pour base à tout projet d'amélioration des
passes de la Garonne que le lit du fleuve ne
serait nullement rétréci. Ils font remarquer
quelaGaronnen'ajamaisfaitde-déviationhors
deson lit naturel. Elle n'a pas empiété, soit à
droite, soit à gauche, sur les terres voisines.
Au contraire ce sont les terrains d'alluvions,
et les empiétëmens aveugles des propriétai
res riverains qui ont envahi son cours. Il
s'agit donc, non de le resserrer, mais de lui
rendre touie sa largeur, et de le faire couler
à pleins bords entre ses rives naturelles.
Donc, loin de jeter des digues dans le lit
de la Garonne, il faut délivrer ses bords des
attérissemens qui s'y sont formés, et- ap
puyer ensuite sur les véritables rives, du
fleuve des murailles contre lesquelles s'écou
lera facilement le courant.
Si l'on construit des digues, il faut qu'el
les soient en arrière, non en avant des ter
rains d'alluvions; il faut qu'elles entourent
ou du. moins qu'elles éperonnent les îles, de
manière à les resserrer' dans de justes li
mites et à empêcher de grandir incessam
ment en s'appropriant les vases mobiles
qu'elles arrêtent maintenant au passage ; il
faut que ces digues conservent à la rive
gauche comme à la-rive droite les eaux vives
du fleuve, et leur rendent en même temps à
toutes deux ces passes de trois mètres, de
profondeur que la navigation ancienne y
trouvait toujours.
L'expérience déjà acquise ne permet pas
de douter que des travaux sagement diri
gés iraient le résultat désiré. Cependant ce
serait trop présumer des forces de l'homme
que de se tenir d'avance pour assuré qu'un
fleuve suivra la direction imprimée par les
ingénieurs avec la même docilité que la pen
te tracée par lamain du Créateur. C'est donc
avec une: hésitation raisonnable qu'il faut
procéder. Le génie demandeT> millions pour
exécuter les travaux dont il a conçu le
jlan : c'est une somme très considérable
et qu'il serait fâcheux de dépenser inuti
lement. Il sera donc prudent de ne pren
dre, dans cette question, aucun de ces par
tis tranchés où l'on est obligé de persis
ter jusqu'à la fin. L'effet des travaux entre
pris se fera sentir au fur et à mesure de leur
exécution'. L'expérience permettra de recti
fier ce - qu'il pourrait y avoir de défectueux
en des plans en partie basés sur des conjec
tures.
Une discussion s'est engagée nu sujet du
mode de construction • des digues mêmes.
On a proposé de jeter tout simplement des
pierres dans le fleuve, en comptant,pour les
consolider, sur l'action des eaux et sur le
tassement opéré par leur propre masse. Ce
système est vivement combattu parM.de.
Vivens, qui craint que les pierres jetées au
fond du fleuve ne soient dispersées par le cou
rant et n'apportent à la navigation de nou
veaux obstacles. Il suffit de signaler cette
opinion, en faisant remarquer, d'ailleurs,
que cette espèce de construction est celle
qui a été adoptée et qui a parfaitement-
réussi dans la Seine.
Enfin, d'autres liabitans du pays, dont
l'expérience est également incontestable, ne
voudraient construire aucune espèce de di
gues. A leur avis, on doit se borner à curer le
fleuve. Ils croient qu'on réussirait à le débar
rasser de tout le limon qui obstrue son cours
par un dragage puissant. Toute l'opération,
disent-ils, ne coûterait que 250,000 fr. Ce
moyen nous semble devoir être employé;si-'
multanément avec les digues : seul, il serait
insuffisant, ou, du moins, son elfet serait !
passager. Ce ne seraient pas 250,000 francs •
une fois payes, mais 250,000 francs tous
les trdis ou quatre ans, qu'il faudrait- dé- ,
peuser pour maint,enir dans la Garonne le
fond qu'on veut y retrouver. L'action du
fleuve entre les digues est, au contraire, con
tinuelle, et ce mode de curage réunit à une
grande puissance l'avantage de ne rien
coûter. denain.
Rentrée du prince-Président à Paris.
Le prince-Président arrivera à Paris le sa
medi j(j octobre, à trois heures.
S- A. sera reçue à la gare du chemin
e fer d'Orléans par ses ministres, par
Mgr l'archevêque de Paris et son clergé, par
le prince président du Sénat et MM. les sé
nateurs, par M. le président du Corps Lé
gislatif et les députés présens à Paris, par
MM. les conseillers d'Etat, par le grand-
chancelier de la Légion d'honneur, par le
général commandant en chef l'armée de Pa
ris, par le général commandant supérieur
des gardes nationales de la Seine, par les
officiers généraux des armées de terre et de
mer, par les membres de la cour de cassa
tion et de la cour des comptes, par des dé-
putations des tribunaux et par les princi
paux fonctionnaires publics.
S. A. trouvera, sur la place de la Bastille,
M.-le préfet de la Seine et les coi'ps munici-
îaux de Paris et de la banlieue. Elle suivra
es boulevards, la rue Royale, la place de la
Concorde, et entrera par le jardin au palais
des Tuileries, où elle trouvera réunis les
membres de sa famille". .
Voici les dispositions militaires prises pour
la rentrée du prince-Président dans la capi
tale :
S. A. devant rentrer à Paris le 1G du courant, le
général en chef parte à la connaissance dos troupes
les dispositions suivantes : - .
Le prince-Président arrivera à trois heures à l'em
barcadère du chemin de fer d'Orléans. '
MM. les officiers-générauxde l'armée de Paris f t
MM. les officiers-généraux sans troupe s'y*trouveront
)our recevoir S. A.; ils seront en grande tenue,.eu-
otte blanche et-boites à l'ccuycre; Ils suivront lo
prince à cheval. " ...
S. A. se rendra aux Tuileries par : s
I.e pont d'Austerlitz ;
La rue de la Contrescarpe ;
La place do la Bastille ;
Les boulevards ;
La rue Royale ;
La place de la Concorde;
La grille et le jardin des Tuileries.
Les troupes seront ainsi disposées; :
Un escadron de la garde nationale à cheval, de
Paris, avec son étendard et le colonel;
Les deux escadrons des guides, sous les ordres du
commandant Reille;
Ces trois .escadrons, en colonne serrée par peloton,
sur le boulevard de l'Hôpital, leur droite vers la
place Walunbert, formeront 1 escorte de S. Ai jus.
qu'à la sortie du pont d'Austerlitz. M. lo colonel,
marquis do Caulincourt, en prendra le commande
ment.
La brigade Partouneaux et le 12» régiment de dra
gons seront formés en colonne serrée par peloton sur
a place de la Bastille, à droite de la colonne de Juil
let, leur.droit» vers le boulevard, leur gauche vers la
rue de la Contrescarpe, en ayant, soin de ne pas mas
quer le débouché de cette rue. .
Les cinq autres escadrons de la garde nationale à
cheval seront placés dans l'ordre indiqué ci-dessus,
enLa division de cavalerie de réserve, formée aussi en
olonne serrée par peloton, Se placera sur le quai do
la Râpée, sa droite à hauteur du.pont d'Austerlitz
laissant ce pont entièrement libre. Ces escadrons sui
: -vront le cortège du prince, aussitôt que S. A. aura
rpassé le pont.
, ■ Le colonel marquis de Caulincourt, dès qu'il dé-
bouchera de la rue Contrescarpe, prendra le trot avec
sea trois escadrons. Il se portera cfe sa personne, avec
■^escadron de la garde nationale, en avant des cinq
escadrons de cotte garde placés comme il a été indi
qué plus haut. Les deux escadrons des-guides se por
teront à la- gauche des six escadrons de la garde na
tionale à cheval et marcheront eu tête de la brigade
Partouneaux. Cet officier général aura soin de leur
ménager l'espace nécessaire.
Le cortège de S. A. se trouvera alors composé ain
si qu'il suit :
]° Un escadron' de la garde nationale à cheval,
- 2» I/état-major général de la garde nationale;
3° Cinq escadrons de la garde nationale à cheval;
4° Les deux escadrons des guides;
5° Le.général en chef de l'armée de Paris, le gé
néral chef d'état-major et les officiers de l'état-major
général; - ,
6° Le général de division commandant la l re divi
sion militaire et son état^major ;
7° Le général'commandant la place de Paris et l'é
tat-major de la place ;
8° Le général comte Partouneaux, les huit esca
drons de lanciers et les quatre escadrons du 12? ré
giment de dragons;
B° Les aides-de-camp et la. maison militaire du
Prince, précédant S. A.
les officiers généraux, marchant derrière
S. A.,
- 11° M .le général Korte et les seize escadrons de sa
division.
La haie sera formée, à partir du débouché du pont
d'Austerlitz à la rive droite de la Seine, par la garde
nationale et l'infanterie de l'armée de Paris : la garde
nationale à droite , l'infanterie à gauche;. les deux
troupes se faisant face.
Les deux bataillons de la gendarmerie mobile se
ront formés en bataille dans la cour des Tuileries
ainsi que les dix compagnies du génie, et y atten
dront S. A.:
Les batteries d'artillerie de l'armée seront placées
sur le Cours-la-Reine, leur droite vers la place de la
Concorde, de manière à ne pas masquer le pont, où
,se trouvera un axe dç.triomphe, et à laisser complè
tement libre le passage sur le quai de la Conférence
et celui des Tuileries.
En arrivant sur la place do la Concorde, lo colonel
de la-garde nationale a cheval de Paris se dirigera,
avec le 1" escadron de cette garde et les deux esca
drons des guides, vers la grillé du Pont-Tournant et
précédera dans le jardin des Tuileries S. A.
Parvenus en face du palais, ces escadrons seront
placés promptement à droite et à gauche, formant la
haie, et ouvrant ainsi le passage à S. A. qui en
trera parla voûte du pavillon de l'Horloge. Ils iront,
ensuite, se mettre en bataille dans la grande allée du
jardin.
Les cinq autres escadrons do la garde nationale à
cheval, les huit escadrons do lanciers,ceux du 12° do
dragons, prendront le trot au commandement du gé
néral comte Partouneaux, qui portera toute.cette ca
valerie, par le quai des Tuileries, sur la place du
Carrousel, où elle se formera en bataille.
Les escadrons aux ordres de M. le général Korte se
formeront en colonne serrée sur la place de la Con
corde, et. dans l'avenue des Champs-Elysées.
Au fur et à mesure du passage du prince, l'infan
terie se ploiera en colonne-serree par régiment, et at
tendra de nouveaux ordres. Il en sera de même de
toute la cavalerie, placée comme il vient d'être dit.
Toutes les troupes, en grande tenue, devront être
rendues aux points qui leur s--ont assignes, à deux
heures et demie. L'intention formel c du prince est
qu'elles n'arrivent pas plus tôt.
L'infanterie sera formée sur deux rangs; elle n'aura
pas ses effets de campement.
Les escadrons de cavalerie seront de quarante-huit
files, autant que possible.
Une batterie d'artillerie sera envoyée au rond-point
de la barrière du Trône, par les soins du général Hu-'
bert. Elle commencera à tirer cent et un coups de ca
non à l'arrivé de S. A. à l'embarcadère.
Cent et un coups-de canon seront tirés également
aux Invalides, à commencer de quatre heures de IV
pirs-midi. .. ' , - "
La haie d'infanterie .sera formée sur le granit des
trottoirs, de mani; re que la chaussée soit entièrement
libre pour la cavalerie.
. Les troupes bordant la haie seront placées sur les
points les plus rapprochés de leurs casernes ou forts,
afin qu'elles aient -le moins possible de chemin à par
courir pour aller et venir.
Le service de- la gare sera fait par la garde répu
blicaine à pied et à cheval.
M. le général commandant la 1'° division militaire
est chargé de donner tous les ordres nécessaires pour
assurer le placement des troupes et l'exécution des
dispositions qui précèdent.
Au quartier général, à Paris,-le'il octobre 1852.
te général commandant en chef.
MAGNAN.
Les préparatifs pour laréception du prince-
Président, sont commencés sur plusieurs
points de la ligne qu'il doit parcourir.
Entre le pont d'Austerlitz et la grille du
Jardin-des-Plantes, on a abattu les jeunes
arbres qui se trouvent du côté du boule
vard, et l'on a commencé à dresser les char
pentes pour l'arc de triomphe. Il sera à peu
près de la dimension de laPorte-Saiiit-Denis
et offrira une arcade principale.et.deux plus
petites, comme ce monument.
L'arc de triomphe de la place de la Bas
tille n'offre pas encore de travaux extérieurs.
Les travaux sont plus avancés pour celui
qui s'élèvera à la hauteur du nouveau cir
que, vers la rue de Ménilmontant,
Un quatrième ave de triomphe s'éléve aus
si au boulevard du Temple, à peu-prés en
face du Jardin-Turc.
- Il y en aura d'autres encore de ce point
à la Madeleine où/il en sera construi t un qui
fera façade, à ce que l'on croit, avec celui'
qui décorera l'cutivc du i.unvl de la Concorde
Sur tout le parcours, la plus grande par-
lie des maisons seront tendues et pavoisées
Quelques journaux avaient annoncé que la
Bourse serait fermée samedi. Il n ; en sera
rien; les opérations sur lcà fonds publics se
terminent à trois' heures, et c'est à cette
licurc-là seulement que le prince-Président
est attendu à la gare.
Il y aura congé de sortie pour les élèves
des lycées.
On annonce que Ues nombreux ouvriers
des r>' : et 0 e arrondissemens, ayant sollicité
l'autorisation d'élever sur le boulevard Saint-
Denis, un arc de triomphe près duquel se
placeraient lesdivers corps d'état, bannières
en tête, cotte autorisation a été donnée.
Les maires et adjoints des communes du
département de la Seine se réuniront sa
medi sur la place de la Bastille.
Déjà dans plusieurs communes, à Cour-
bevoie notamment, les maires ont fait con
naître à leurs administrés que s'ils voulaient
former des députalions, qui s'adjoindraient
à la municipalité, ils demanderaient pour
ces députations une place à Paris. 11 paraît
que cette idée a été saisie avec empresse
ment.
La commission municipale de Paris, fai
sant aussi fonctions de conseil général "de la
Seine, se réunira jeudi pour s'occuper du
vote d'iine adressé au prince-Président qui
lui sera présentée samedi à sa rentrée dans
Paris. L..BONIFACE,
La réponse du prince Louis-Napoléon au
discours de M. le président de la chambre de
commerce de Bordeaux, a été affichée de
grand matin dans tout Paris. Cette publica
tion officielle se termine ainsi :
« Ce discours, fréquemment interrompu
par les applaudissemens de l'auditoire, se
termine au milieu des cris unanimes de :
Vive l'Empereur ! »
Nous ne pouvons, au surplus, mieux ca
ractériser l'effet produit par les paroles du
chef de l'Etat qu'en citant le passage suivant
du discours d'adieux adressé par le maire
de Bordeaux au prince-Président :
« Les magnifiques paroles que vous avez
prononcées hier au soir vibreront long-temps
au fond de nos cœurs, car nous avions ins
tinctivement compris que l'Empire, c'est la
paix, c'est le progrès social, c'est l'expression
là plut! glorieuse et' la plus puissante de la
nationalité française. . S
» Allez, .Monseigneur, où la Providence
vous conduit; mais du haut de ce trône im
mortalisé par votre oncle, pensez 'quelque
fois aux Bordelais qui vous aiment. D'ici
nous ferons des vœux afin que Dieu vous ac
corde assez de jours pour accomplir votre
>ainte mission et -pour jouir encore nvec
nous du bonheur que vous nous aurez don
né.— Vive l'Empereur ! »
K La France entière, nous n'hésitons pas à
dire , éprouvera'le sentiment de recon
naissance qu'exprime si bien. .M. le maire de.
Bordeaux. l. ho>'iface.
VOYAGE DU I>Rii\ T CE-PRESIDENT.
Le chef de l'Etat se rapproche chaque
jour de Paris. Il a couché hier à Bochefort;
il couche ce soir à la Rochelle. ,
DÉPÊCHES [TÉI. ÉGIUPIIIQCKS .
AngouJéme, 11 octobre, neuf heures
dix minutes du soir.
S. A. a quitte Angouléwe ce.matin à sept heu
re». Mgr t'évôque et son clergé, les principaux
fonctionnaires du département assistaient à, son
départ.
La population en masse s'était portée,sur la li
gne que devait parcourir la voiture.
Dés que le prince a paru, il a été salué par des
acclamations qui l'ont accompagné jusqu'à la sor
tie du faubourg.
A Hiersac, deux arcs-de-triqmphe avaient été
dressés à l'entrée et à la sortie du bourg. Les lia
bitans de toutes les communes environnantes for
maient une haie profonde ; sur les chapeaux des
inscriptions en grosses lettres de Vioe l'Empereur}
C'est le seul cri qui ait été proféré penclant la tra
versée de ce département,
À Jarnac, les fiots de la population étaient en
core plus nombreux et plus pressés.
Tous les propriétaires de ces riches cflfiipngnes
étaient accourus, et manifestaient leur ardente
sympathie par los vivat les plus énergiques.
Enfin, à Cognac, à l'entrée de la ville, le prince
été reçu par le maire et le corps municipal, sous
un arc de triomphe très remarquable, et
tait à-son fronton les. inscription* i .Vive. I
rcur.' Vive. Napoléon lfl !
U est impossible de décrire l'ivresse ol l'enthou
siasme des populations. .Les figures étaient ra
dieuses et re$piraient le bonheur. Le passage du
prince dans la Charente a été une marche triom
phale qui laissera dans les cœurs un impérissable
souvenir.
A midi, S. A. a quitté le département pour en
trer dans la Charente-Inférieure, où l'attendaient
de nouvelles ovations.
La santé du prince est excellente.
Poitiers, 1"2 octobre, 8 heures.
Rochcfort, le H octobre.
Partout les populations avaient quitté leurs vil
lages pour se porter sur le passage du prince ;
cela a été une marche triomphale d'Angouléme il
ltoehefort, où le prince est arrivé ;Y cinq heures
et demie, au milieu des acclamations les plus
sympathiques et des cris de vive l'Empereur! et
de vive Napoléon III!
La santé de S. A. est parfaite.
Ou écrit de Bordeaux, 8 octobre, neuf
heures du soir :
L
dix
nal ■ >, .... ... j....—. i. ... i............. .j. 11 u.
ger, de ses vicaires-généraux et de son clergé, a
d'abord été admis .auprès du prince.
I.e vénérable archevêque lui a adressé un dis
cours pleindes meilleurs sentimens, et auquel S. A.
a répondu de la manière la plus gracieuse.
La cour d'appel, les sous-préfets du départe
ment, le conseil de préfecture, le conseil général,
le conseil municipal, l'état-major de la garnison,
tous les corps et autorités civils et militaires, les
vieux soldats de l'Uni pire, et plusieurs conseils
généraux des départeincns voisins ont successive
ment défilé devant le prince. Les cris de Vive Na
poléon III! vive l'Empereur! ont plusieurs fois
éclaté pendant la réception.
Le prince a donné la croix de la Légion-d'Hon-
neur à'M. l'abbé Lange, véritable héros de la cha
rité chrétienne, dont Mgr l'archevêque n'a eu qu'à
faire connaître à S. A. l'admirable dévoûment
pour que le prince ait résolu' de le récom
penser. Le vénérable prêtre a reçu la distinc
tion qu'il méritait si bien avec autant de recon '
naissance que de surprise et d'émotion. I.e prince
a prononcé des paroles touchantes en remettant "
la croix à celui qu'il a appelé le père des pauvres.
La décoration de la Légion-d'Honneur a égale
ment été accordée M. l'abbé Martial, grand
vicaire.
Le prince a fait l'accueil le plus cordial au
ieux général d'Armagnac ; il a témoigné sa bien
veillance au corps de la gendarmerie, aux dépu-
lation». des départemens voisins de la Gironde à
la synagogue israélite de Bordeaux; dont il a déco
ré le grand rabbin, le savant M. Marx.
A la suite des réceptions -officielles, le prince a
bien, voulu admettre une députation de jeunes
filles de.la Teste qui ont eu l'honneur de lui pré
senter une corbeille remplie d'échantillons des
produits divers de leur pays.
Les réceptions ont eu lieu dans les grands ap
partenions de l'ancien Palais-Royal,, qui avaient
été décorés et meublés a\ec splendeur pour re
cevoir le prince. Parmi les richesses qui v
avaient été réunies , on remarquait un meu
ble légué par le général Uertrand, et renfer
mant un buste do Napoléon ,. un recueil de maxi
mes militaires annotées par lui-même , une croix
d'officier de la Légion-d'Honneur, et divers ob
jets qui ont servi ;ï l'usage personnel de l'Empe
reur. Les plus beaux tableaux anciens et moder
nes du musée de lîordeaux ornaient les apparto-
îneus du prince.
A muli, le prince ost monte a cheval pour se
rendre l'esplanade des Uuinconees, où étaient
rangées les troupes de la garnison et la garde na
tionale. Les anciens militairos de l'iimpire, au
nombre de cinq cents environ, avaient demandé
et obtenu 1-hqnneur d'être aussi passés en revue
'ia,r le princo.
Dos estrades avaient été dressées dans 1e haut
•de la place; elles étaient garnies de dames élégam
ment parées.
Une foule immense se pressait aux abords de
lté place, une des plus belles et des plus vastes
do> l'Jinropo,
Los troupes de Ja garnison se composaient des
16 e , 17 e et 7;i° régimens de ligne, du 13 e régiment
do chasseurs à cheval el de plusieurs batteries
d'artillerie.
Le princo est arrivé à midi et demi, accompa
gné d'un nombreux état-major, dans lequel on
remarquait le ministre de la guerre, les généraux
d'Hautpoul, Aupick, Tartas/ Favreau, Fouché,
d'Armagnac.
Le prince a parcouru au galop le front des ré
gimens. 11 a été accueilli par les cris de : Vire
l'Empereur! qui se sont prolongés sur toute l'é-
tendue des lignes. S. A. est ensuite venue se pla
cer dans l'hémicycle pour le défilé, qui s'est ac
compli avec un ensemble parfait et aux cris de •
Vive -l'Empereur ! répétés au loin par la foule., ' ■
- Après le défilé, le prince a passé en revue les
vieux militaires, qui, par leur tenue martiale et
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 13 OCTOBRE,
COSITI£SS13
DE MMJLÉ0N.
XXXVjL
' ou l'on VOIT enfin BRILIEH FN ,PF.U d 'ABC-EN-
ciel. — i.e chevalier lugottext sb tboi vf.
SACRIFIIÏ. ' ,1 » '
Je m'étais jeté de dépit sur mon divan, et
laissai -la chanoinesse et le chevalier poursui
vre leur échange de civilités. Parla force des
choses, j'en arrivais' à une abdication com
plète; ctqu'aurais-jc fait die mieux? Mon do
micile était devenu la proie des impprUms j
tout, le monde y commandait, excepté moi ;
ou y entrait .comme dans un lieu public. Eu
m'isolant, en restant à l'écart, je protestais
contre cette violence, et opposais » une usur
pation évidente la majesté sileaci.CHS.e /Je
droit.
(1 manquait d'ailleurs à cette scène un per
sonnage, «i je l'attendais : c'était Lucien.
Chaque minute qui sï-coulait le rapprochait
de nous ; il allait paraîtra, A tout' prendre,
-sa présence n'ajoutait pas d'embarras npii?
yeàu, Jtif. offrait un moyen de dénouer la si
tuation. Die jijupi s'agissait-il ? D'un peu de
peisévéj'ancc. 11 éla^i impossible que, de
guerre lajï&e, Eulalie n'opérai pu» s f 7.rp|.raite,
et alors nous rcEjf.ious maîtres du terrain.
En nous montrant- plue obstinés quelle,
nous devions l'amener là; et, pmr flcliever
ce qui restait à faire, »oyg ayions la nuit en
tière devant nous. Sous cette iinprpgsion, je
jjjfc* La reproduction fcst interdite*, ' ■
retrouvai mon sang-froid, et me renfermai
dans l'impassibilité la plus complète.
Ni le chevalier, ni la chanoinesse n'étaient
d'humeur à m'-imiter ; ils se connaissaient
de longue main et avaient beaucoup de cho
ses à se dire ; à peine en face l'un de l'au
tre, ils en vinrent à des complimens où le
ton s'élevait petit à petit et qui insensible
ment tournaient à l'aigre :
" v™- 'J'oujours fringant, ce liigobert ! disait-
elle.
— Et vous toujours imposante, ma chère !
répondait-il.
— Ali cà! chevalier, vous jetez donc des
sortiléges'sur les journaux? Ils sont pleins
(Je ypufi.
— Mon Dieu! EulQlip, il en est d'eux
comme des juges des jeux ilo'ravix ! Il faijt s « t
voir les prendre !
— Le fat ! dit la chanoinesse à demi-voix.
— Son clou est rivé ! dit tout bas le che
valier.
L'fi?ilrptiep continua dans ces termes et
sur ce pic'd, tantôt c{iug|iqfie, tantôt badin.
Les deux adversaires étaient dignes i'tin dé
l'autre, et le tournoi ne manqua pas
'd'intérêt. De loin en loin, Rigobert, pressé
j;rop yivement. se retournait vers ' moi
et m'interrogeait du regard. U semblait me
■demander ce que signifiait cetfe rencontre
et pourquoi un rendez-vous sérieux déviait
ainsi de son objet. Par un geste, je me por
tais alors à $on secours, l'exli'ortais à la pa
tience pf m'excusais d'un procédé si inhos
pitalier. Tout eèja dans un jon mijet ef, sa;is
me mêler à la querelle. Cependant il y eut
un moment où cette réserve ne me fut plus
nprmise. Le nom de Lucien venait d'être
^prononcé et Eujalis y insistait d'une façon
significative'. Je craignais que le chevalier
s'y méprît ot ne commît une indiscrétion';
j'interyms. .
— Chànbinessç, lifi dis r je, ménageqns les
absens. 'Penez, j'entends des pas ; c'est peùt-
étre Lucien qui arrive; je l'attends ce soir.
—Dali! s'écria-t-elle, que ne le disiez-vous
plus tôt! Eh bien! s'il est là, mon cher, vous
pouvez être oertain que mon agent n'est pas
loin; c'est le corps e't l'ombre, tout va s'é»
claircir.
En effet, un petit mouvement, sensible de
l'intérieur, venait d'avoir lieu dans mon an
tichambre ; la clé avait tourné dans la ser
rure et, en se rapprochant de la porte, on
distinguait un son confus de voix daqs la
ctirèclion de l'escalier. Je n'y tins pas, et lais
sant les champions aux prises, j'allai .vers le
bruit. C'était ma xemme de service qui échan
geait des explications avec un laquais de fort
bonne mine chargé d'un message pour moi.
Il avait l'ordre formel de me le remettre en
niants propres et i]e. voulait pas s'pii cjcssn.b
sir, ' - '
— M. Nébomieène! disait-il avec un ac
cent alsacien des plus prononcés.
Ma servante avait beau l'assurer que j'é
tais sorti et offrir son entremise, le laquais
n'admettait pas cette combinaison : il von-;,
lait exécuteras ordres à la leitre-ej me ré='"
clamait en chair et en os. La négociation'en
était là, lorsque je me montrai.
—M. Nébomicene ! répéta le laquais en se
tournant de mon côté.
» C'pst- infii ! lui disv-je.
11 m'examina un instant eu homme qui a
l'habitude des missions secrètes et lient à ce"
que les lettres ne se trompent pas de desti
nation. Ce coup-d'œil me fut lïivorable, il
faut le croire, et lui démqnlra mou jdentiié^
càr'iiYexécuta '
— Foilà, dit-il en me remettant la pré
cieuse missive, et se retirant après un pro
fond salut, ■ .
Je ne savais que penser de ce message et
du tour mystérieux qu'on y avait pris, lorsr
que je jetai les yeux sur l'adresse,
— ïje Lucien 1 m'écriairje. Et c'est un la?
quais'qiji rapporte ! Pqint dé doute; c'est d§
chez la comtesse qu'il m'écrit.
Je brisai le cachet avec impatience et em
brassai d'un regard l'ensemble du billet ; il
se composait de quelques lignes tracées à la
hâte :
- « Mon cousin,
» Je suis vraiment confus de ce que je
,» vais vous dire et ne sais comment m'ex-
v» cuker.Il faut que je connaisse votre bonté
» pour en avoir le courage. Je ne puis me
. « rendre prés de voua éi vous envoie un
» 1 exprès. Tout s'est expliqué, tout s'est ar-
» rangé; il n'y avait dans tout cela qu'un
» malentendu'et un peu d'enfantillage de
- » ma pai't. Il n'en reste rien, si ce n'est le
» très vif regret cle vous avoir donné ce
» souci et cai|sé ce Ut; peine, Que votre ctour
y ly^o je pardonne, et'si vous avez associé'
» quelqu'un à s ma confidence, veuillez le
» comprendre dans les excuses que je vous
» fais -fit les remercimens que je vous
» adressât"',
» Sitôt que je serai libre, j'irai vyus rat
» conter les chû?Cb avec plus de détail.
» Lucien. » r
Le premier sentiment que j'éprouvai à la
lecture de ce billet fut un soulagement inef
fable. Il me sembla que je respirais li
brement et cju'ojq ru'enievait'un poids de
qèsoii&'le cœur. Plus susceptible, j'aurais pu
trouver beaucoup à repVendre dans la con
duite de Lucien, dans la manière dont il
m'aVait engagé et dégagé, en ne se çtnrunu-
niquant pas et eir me iaisstirit d'ans les térié=
iffes, ÇèsUêhciircs.jé les pénétrais; je voyais
le doigt de la comtesse présent'dans tout
ceci : la querelle a\ait dû naître clic:; pllq
et .y mourir. Dès cm'eiio en avait eu
le soupctiii^cUé u'dyilit e» cesse que les
JlCïés ne Tussent accommodées. Pour son
honneur et son repos, il lui impqrta.it d'ar-.
réter dès le début' que affaire où son uom
pouvait être mêlé, Eu vain aurait-on cher
ché à donner le change au public; il ne s'y
serait point mépris et il en eût toujours trans
piré quelque chose, Sous aucun prétexte,
élle ne voulait qu'il en fût ainsi. C'était donc
elle, elle évidemment/qui avait conseillé et
imposé au besoin une conciliation; c'était
elle qui avait vaincu les résistances et enlevé
à Lucien l'honneur de descendre pour, la
première fois sur fo terrain, A quel prix?
Dieu le sait,
Cet arrangement avait été conclu sans
moi, en dehors de moi, et pourtant j'en
éprouvais la même satisfaction que si j'y
eusse mis la main; au fond de mon ame,
j'en bénissais la comtesse. iVJa responsa
bilité n'était plus en jeu, mon esprit
retrouvait son repos. Je pouvais le lende
main écrire à la mère de Mérinval d'une
main ferme et affranchie de soucis; aucun
deuil ne troublait mes perspectives. Qu'im
portaient quelques échecs 4e vanité ?
laient-ils seulement la peine qu'on eu tint
cornple ? Non. L'issue dé l'altturc effaçait et
cqùVrait tout. Seulement il me restait enco
re un soin et un devoir, c'était d'informer
Rigobert de ce qui se passât, Au risque
d'indisposer la chanoinesse, je l'arrachai de
ses inait'is p.i le pris a part. Quand nous fû-
rries seuls et à l'abri des oreillés indiscrètes,
je lui racontai tout. Rien de plus curieux
que la figure du chevalier à mesure que
j'avançais dans cpvte communication. Un
ta court
sQt^a ne se peut pas, s'écria-t-il.
. —Comment! répliquai-je, cela ne se peut
pas? Mais cela est, chevalier,
—Je vqus répète que cda.no se peut pas,
mon cher, ■ .
"•Voilà qui est fort ! .
.' —Cela ne se peut pas ! vous dis-ia; c'est
tout uniment impossible,. Une alfuire su
perbe 1 U faut qu'elle ait son cours^
I —îMais, Rigobert que vous êtes, quand je
vous annonce que c'est arrangé ' arrangé,
entendez-vous?
—Vous me le diriez cent fois, Népomu-
cèn.e, cent millions de fois, et sur tous les
tons de la gamme, que j'en reviendrais à
mon re frein : Cela ne se peut pas.
— Vrai! chevalier, vous m'impatientez.
— Désolé, mon cher, mais je n'ai rien à
en rabattre, Que diable? il est trop tard :
le duel est rédigé, les notes sont prêtes ;
nous n'acceptons plus d'arrangement.
— Vous plaisantez, Rigobert?
—Jamais la-dessus, Népornucène, jamais'-
Quand il s'agit d'une fusée dans les ionr-
fnul la saisir.
Mai?, quand je vous dis qu'il y renonce,
chevalier 1 .
— Alors, je n'y renonce pas, mon cher:
Chacun son droit; j'invoque le mien.
— C'est-à-dire qu'il devrait se battre -à
cause de vous ; est-ce ainsi que vous- l'en
tendez,. Rigobert ?f
• a cause de lui ou à cause de moi, peu
importe, mon. cher, pourvu que mes notes
passent. Aimez-vous mieux les faire publier
sans que l'affaire ait lieu ? Cela s'est vu et of
fre quelques avantages. "
— Mais non, mais non, chevalier.
— Alors j'en reviens à dire que les choses
doivent aller leur train. Nous n'écoutons
plus rien,, nous ,repoussons toute espèce
d'explications. Il n'y a qu'un mot qui sei-ve,
'est de s'aligner, Dites, Népomucene, tout
st-il réglé» lo lieu, l'heure, les armes, les.
c
est
distances, les conditions du combat?
Rigobert s'était animé en parlant ; il allai*
et venait on gesticulant avec feu. La pensée
que ses, notes ne passeraient.pas ulcérait soa
ame; plutôt que^de s'y résigner, il eût pré
BUKË1U1L fi'ne «le Valois (PalaivjRoyal), u° A®.
B 1854. — MERCREDI 15 OCTOBRE.
Prix de l'abonnement.
IS ET DEPARTEMENS .
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un numéro : "85 centimes.
poen les pays étrangers , se reporter auv
tableau publié dans le journal, les 10 et
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' S'adresser, franco, pour la ridaction, à m. cl 1 ciiev^l-ciatugîsy,
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On s aboi.m, dam les déparlemens, aux Alesscgsries et aux .Directions de poste.— A Londres, chez MM. C onvie et fils:
— A Strasbourg-, chez A!. A lexandre , pour l'Allemagne. "
> . S'adresser, fr
[a mi
Les annonces sont reçuesViez M. PAN1S, régisseur, 10,
» ; * -ni .bureau du journal.
.uico, pour l'administration
de-vain, directeur. . r;.'
/ - ~~J$i
place de la Ronr^^;
PARIS',112 OCTOBRE<
Le voyage du prince-Président de la Répu
blique dans le département de la Gironde,
les vœux que les populations lui ont expo
sés, la bienveillance avec laquelle il en a
écouté, l'expression, nous ramènent à l'exa-
men des projets en discussion pour l'amé
lioration des passes de la Garonne. Nous
hous étions bornés à faire connaître la natu
re des obstacles que rencontre la navigation
dans cette partie du fleuve; il nous reste à
examiner au moyen de quels travaux on
parviendra à rectifier son cours et à le dé 1
barrasser des bancs de vases dont il est obs
trué.
On sait que la Garonne et la Dordogne,
après avoir traversé chacune les déparle-
mens ' qu'elles arrosent, viennent se réunir
et verser en commun leurs eaux dans la Gi
ronde. Leur confluent commence à la pointe
d'une sorte de promontoire qu'on appelle le
Bec d'Ambès. En cet endroit, l'embouchure
de la Garonne est - semée de bancs sablon
neux et- vaseux qui; forment:, une succes
sion d'îles; en même temps, sur la rive'gau
che, des dépôts de môme espèce apportés
par le fleuve ou par la marée montante, ont
pris de la consistance, ét. bordent la terre
ferme d'une couche longitudinale de vases
tantôt submergées, tantôt laissées à sec.
Ainsi, le cours du fleuve se trouve rétréci;
ses fonds s'élèvent; il devient, inaccessible
aux navires d'un fort tonnage. En outre, ces
terrains marécageux peuvent devenir mal
sains. L'humidité qu'ils répandent peut oc-
casioner au printemps des gelées funestes
aux précieux vignobles des environs.
On reconnaît la nécessité de rejeter ces
alluvions loin du. fleuve, et, pour opérer
cette expulsion, l'agent le plus puissant se
rait le fleuve même.il faudrait donner à son
cours assez de régularité ,et de force pour
qu'il entraîne-et reporte àla mer les dépôts
accumulés à son embouchure. Or, ce qui dé
truit la force et la régularité du courant, ce
sont ces attérissemens mêmes.
Il y a deux sortes de courans dans les ri
vières à marée : celui qui remonte le fleuve
quand-les eaux de la mer y. entrent avec le
flux ; "Celui qui descend de la source et qui
court vers l'Océan. Le premier est plus pro
pre à reiouler les sables et les vases dans le.
fleuve qu'à en balayer le lit; le second, au
contraire, tend à pousser loin de ses rives et
de son embouchure les dépôts qui le gênent.
Seul, ce dernier courant n'est pas toujours
assez fort pour se délivrer de ces obstacles,
mais uni, à l'heure du reflux, aux flots qui
sont entrés dans son lit avec la marée, il ac-
uier tune puissance généralement suffisante.
~ D'après cet exposé, on comprend qu'il est
très important dé ménager au flot qui monte
de l'Océan, pendant le flux, une entrée
large et facile, dans le fleuve. Plus la masse
d'eau qu'il y introduit est' grande, plus le
couvant qui descend, à l'heure du reflux, a
de puissance.
■ Les îles formées à l'embouchure de la Ga
ronne, les attérissemens élevés le long des
rives en cet endroit, contrarient le couis
naturel du flot à son entrée et le rejettent
vers la Dordogne, dont l'accès, est large et
facile. Qu'en est-il résulté? C'est que le pre
mier des deux fleuves ne reçoit plus les bà-
mens d'un grand tirant, d'eau quand ils
sont pesamment chargés, et qu'avant de re
monter jusqu'à Bordeaux, ils sont fréquem
ment obligés de déposer une partie de leur
cargaison à Blaye. -
Que faut-il pour rendre à la Garonne la
masse d'eau de marée qui lui est nécessaire
et au courant naturel du-fleuve son libre ac-
vès dans la Gironde et a la mer?
• ingénieurs habiles ont proposé, 1 un,
enl828, l'autre, tout récemment, d'établir
à l'embouchure de la Garonne des digues
longitudinales, sortes de rives nouvelles,
substituées aux anciennes, placées en avant
des alluvions ," et destinées à réunir entre
elles toutes les eaux du fleuve dnns une
passe unique. ...
Au premier aspect, ce projet paraît devoir
.atteindre le but ; mais, en supposant même
qu'il réussit, son exécution blesserait des in
térèts trop nombreux et trop importans pour
être négligés. En effet,.une digue longitudi
nale, construite dans le lit du fleuve, assez
loin de la rive gauche, et destinée à rassem
bler toutes les eaux entre elles et la digue op
posée, ne laisserait passer derrière elle qu'un
maigre filet d'eau,qui deviendrait bientôt sta
gnante, et ainsi, les liabitans de cette rive se
trouveraient privés du fleuve qui fertilise et
assainit la contrée; à sa place, un marais in
fect borderait les terres arrosées aujourd'hui
par un courant vivifiant. Or, aucune popu
lation, aucune province, si pauvres qu'elles
soient, ne doivent être exposées à devenir
victimes d'un, tel changement. Mais quand on
songe que le pays qui pourrait le subir est
le Médoc, on conçoit l'impossibilité de s'ar
rêter à une telle combinaison.
On ne peut pourtant faire autrement que
de consoliderlesrives dufleuve, afin d'empê
cher qu'il ne dissipe les forces de son courant
en le traînant sur les bancs de sable. Des
liabitans du pays, instruits et versés depuis
long-temps dans l'étude de cette question si
importante pour l'avenir de Bordeaux, en
tre autres M. le vicomte de Vivens, ont posé
pour base à tout projet d'amélioration des
passes de la Garonne que le lit du fleuve ne
serait nullement rétréci. Ils font remarquer
quelaGaronnen'ajamaisfaitde-déviationhors
deson lit naturel. Elle n'a pas empiété, soit à
droite, soit à gauche, sur les terres voisines.
Au contraire ce sont les terrains d'alluvions,
et les empiétëmens aveugles des propriétai
res riverains qui ont envahi son cours. Il
s'agit donc, non de le resserrer, mais de lui
rendre touie sa largeur, et de le faire couler
à pleins bords entre ses rives naturelles.
Donc, loin de jeter des digues dans le lit
de la Garonne, il faut délivrer ses bords des
attérissemens qui s'y sont formés, et- ap
puyer ensuite sur les véritables rives, du
fleuve des murailles contre lesquelles s'écou
lera facilement le courant.
Si l'on construit des digues, il faut qu'el
les soient en arrière, non en avant des ter
rains d'alluvions; il faut qu'elles entourent
ou du. moins qu'elles éperonnent les îles, de
manière à les resserrer' dans de justes li
mites et à empêcher de grandir incessam
ment en s'appropriant les vases mobiles
qu'elles arrêtent maintenant au passage ; il
faut que ces digues conservent à la rive
gauche comme à la-rive droite les eaux vives
du fleuve, et leur rendent en même temps à
toutes deux ces passes de trois mètres, de
profondeur que la navigation ancienne y
trouvait toujours.
L'expérience déjà acquise ne permet pas
de douter que des travaux sagement diri
gés iraient le résultat désiré. Cependant ce
serait trop présumer des forces de l'homme
que de se tenir d'avance pour assuré qu'un
fleuve suivra la direction imprimée par les
ingénieurs avec la même docilité que la pen
te tracée par lamain du Créateur. C'est donc
avec une: hésitation raisonnable qu'il faut
procéder. Le génie demandeT> millions pour
exécuter les travaux dont il a conçu le
jlan : c'est une somme très considérable
et qu'il serait fâcheux de dépenser inuti
lement. Il sera donc prudent de ne pren
dre, dans cette question, aucun de ces par
tis tranchés où l'on est obligé de persis
ter jusqu'à la fin. L'effet des travaux entre
pris se fera sentir au fur et à mesure de leur
exécution'. L'expérience permettra de recti
fier ce - qu'il pourrait y avoir de défectueux
en des plans en partie basés sur des conjec
tures.
Une discussion s'est engagée nu sujet du
mode de construction • des digues mêmes.
On a proposé de jeter tout simplement des
pierres dans le fleuve, en comptant,pour les
consolider, sur l'action des eaux et sur le
tassement opéré par leur propre masse. Ce
système est vivement combattu parM.de.
Vivens, qui craint que les pierres jetées au
fond du fleuve ne soient dispersées par le cou
rant et n'apportent à la navigation de nou
veaux obstacles. Il suffit de signaler cette
opinion, en faisant remarquer, d'ailleurs,
que cette espèce de construction est celle
qui a été adoptée et qui a parfaitement-
réussi dans la Seine.
Enfin, d'autres liabitans du pays, dont
l'expérience est également incontestable, ne
voudraient construire aucune espèce de di
gues. A leur avis, on doit se borner à curer le
fleuve. Ils croient qu'on réussirait à le débar
rasser de tout le limon qui obstrue son cours
par un dragage puissant. Toute l'opération,
disent-ils, ne coûterait que 250,000 fr. Ce
moyen nous semble devoir être employé;si-'
multanément avec les digues : seul, il serait
insuffisant, ou, du moins, son elfet serait !
passager. Ce ne seraient pas 250,000 francs •
une fois payes, mais 250,000 francs tous
les trdis ou quatre ans, qu'il faudrait- dé- ,
peuser pour maint,enir dans la Garonne le
fond qu'on veut y retrouver. L'action du
fleuve entre les digues est, au contraire, con
tinuelle, et ce mode de curage réunit à une
grande puissance l'avantage de ne rien
coûter. denain.
Rentrée du prince-Président à Paris.
Le prince-Président arrivera à Paris le sa
medi j(j octobre, à trois heures.
S- A. sera reçue à la gare du chemin
e fer d'Orléans par ses ministres, par
Mgr l'archevêque de Paris et son clergé, par
le prince président du Sénat et MM. les sé
nateurs, par M. le président du Corps Lé
gislatif et les députés présens à Paris, par
MM. les conseillers d'Etat, par le grand-
chancelier de la Légion d'honneur, par le
général commandant en chef l'armée de Pa
ris, par le général commandant supérieur
des gardes nationales de la Seine, par les
officiers généraux des armées de terre et de
mer, par les membres de la cour de cassa
tion et de la cour des comptes, par des dé-
putations des tribunaux et par les princi
paux fonctionnaires publics.
S. A. trouvera, sur la place de la Bastille,
M.-le préfet de la Seine et les coi'ps munici-
îaux de Paris et de la banlieue. Elle suivra
es boulevards, la rue Royale, la place de la
Concorde, et entrera par le jardin au palais
des Tuileries, où elle trouvera réunis les
membres de sa famille". .
Voici les dispositions militaires prises pour
la rentrée du prince-Président dans la capi
tale :
S. A. devant rentrer à Paris le 1G du courant, le
général en chef parte à la connaissance dos troupes
les dispositions suivantes : - .
Le prince-Président arrivera à trois heures à l'em
barcadère du chemin de fer d'Orléans. '
MM. les officiers-générauxde l'armée de Paris f t
MM. les officiers-généraux sans troupe s'y*trouveront
)our recevoir S. A.; ils seront en grande tenue,.eu-
otte blanche et-boites à l'ccuycre; Ils suivront lo
prince à cheval. " ...
S. A. se rendra aux Tuileries par : s
I.e pont d'Austerlitz ;
La rue de la Contrescarpe ;
La place do la Bastille ;
Les boulevards ;
La rue Royale ;
La place de la Concorde;
La grille et le jardin des Tuileries.
Les troupes seront ainsi disposées; :
Un escadron de la garde nationale à cheval, de
Paris, avec son étendard et le colonel;
Les deux escadrons des guides, sous les ordres du
commandant Reille;
Ces trois .escadrons, en colonne serrée par peloton,
sur le boulevard de l'Hôpital, leur droite vers la
place Walunbert, formeront 1 escorte de S. Ai jus.
qu'à la sortie du pont d'Austerlitz. M. lo colonel,
marquis do Caulincourt, en prendra le commande
ment.
La brigade Partouneaux et le 12» régiment de dra
gons seront formés en colonne serrée par peloton sur
a place de la Bastille, à droite de la colonne de Juil
let, leur.droit» vers le boulevard, leur gauche vers la
rue de la Contrescarpe, en ayant, soin de ne pas mas
quer le débouché de cette rue. .
Les cinq autres escadrons de la garde nationale à
cheval seront placés dans l'ordre indiqué ci-dessus,
en
olonne serrée par peloton, Se placera sur le quai do
la Râpée, sa droite à hauteur du.pont d'Austerlitz
laissant ce pont entièrement libre. Ces escadrons sui
: -vront le cortège du prince, aussitôt que S. A. aura
rpassé le pont.
, ■ Le colonel marquis de Caulincourt, dès qu'il dé-
bouchera de la rue Contrescarpe, prendra le trot avec
sea trois escadrons. Il se portera cfe sa personne, avec
■^escadron de la garde nationale, en avant des cinq
escadrons de cotte garde placés comme il a été indi
qué plus haut. Les deux escadrons des-guides se por
teront à la- gauche des six escadrons de la garde na
tionale à cheval et marcheront eu tête de la brigade
Partouneaux. Cet officier général aura soin de leur
ménager l'espace nécessaire.
Le cortège de S. A. se trouvera alors composé ain
si qu'il suit :
]° Un escadron' de la garde nationale à cheval,
- 2» I/état-major général de la garde nationale;
3° Cinq escadrons de la garde nationale à cheval;
4° Les deux escadrons des guides;
5° Le.général en chef de l'armée de Paris, le gé
néral chef d'état-major et les officiers de l'état-major
général; - ,
6° Le général de division commandant la l re divi
sion militaire et son état^major ;
7° Le général'commandant la place de Paris et l'é
tat-major de la place ;
8° Le général comte Partouneaux, les huit esca
drons de lanciers et les quatre escadrons du 12? ré
giment de dragons;
B° Les aides-de-camp et la. maison militaire du
Prince, précédant S. A.
les officiers généraux, marchant derrière
S. A.,
- 11° M .le général Korte et les seize escadrons de sa
division.
La haie sera formée, à partir du débouché du pont
d'Austerlitz à la rive droite de la Seine, par la garde
nationale et l'infanterie de l'armée de Paris : la garde
nationale à droite , l'infanterie à gauche;. les deux
troupes se faisant face.
Les deux bataillons de la gendarmerie mobile se
ront formés en bataille dans la cour des Tuileries
ainsi que les dix compagnies du génie, et y atten
dront S. A.:
Les batteries d'artillerie de l'armée seront placées
sur le Cours-la-Reine, leur droite vers la place de la
Concorde, de manière à ne pas masquer le pont, où
,se trouvera un axe dç.triomphe, et à laisser complè
tement libre le passage sur le quai de la Conférence
et celui des Tuileries.
En arrivant sur la place do la Concorde, lo colonel
de la-garde nationale a cheval de Paris se dirigera,
avec le 1" escadron de cette garde et les deux esca
drons des guides, vers la grillé du Pont-Tournant et
précédera dans le jardin des Tuileries S. A.
Parvenus en face du palais, ces escadrons seront
placés promptement à droite et à gauche, formant la
haie, et ouvrant ainsi le passage à S. A. qui en
trera parla voûte du pavillon de l'Horloge. Ils iront,
ensuite, se mettre en bataille dans la grande allée du
jardin.
Les cinq autres escadrons do la garde nationale à
cheval, les huit escadrons do lanciers,ceux du 12° do
dragons, prendront le trot au commandement du gé
néral comte Partouneaux, qui portera toute.cette ca
valerie, par le quai des Tuileries, sur la place du
Carrousel, où elle se formera en bataille.
Les escadrons aux ordres de M. le général Korte se
formeront en colonne serrée sur la place de la Con
corde, et. dans l'avenue des Champs-Elysées.
Au fur et à mesure du passage du prince, l'infan
terie se ploiera en colonne-serree par régiment, et at
tendra de nouveaux ordres. Il en sera de même de
toute la cavalerie, placée comme il vient d'être dit.
Toutes les troupes, en grande tenue, devront être
rendues aux points qui leur s--ont assignes, à deux
heures et demie. L'intention formel c du prince est
qu'elles n'arrivent pas plus tôt.
L'infanterie sera formée sur deux rangs; elle n'aura
pas ses effets de campement.
Les escadrons de cavalerie seront de quarante-huit
files, autant que possible.
Une batterie d'artillerie sera envoyée au rond-point
de la barrière du Trône, par les soins du général Hu-'
bert. Elle commencera à tirer cent et un coups de ca
non à l'arrivé de S. A. à l'embarcadère.
Cent et un coups-de canon seront tirés également
aux Invalides, à commencer de quatre heures de IV
pirs-midi. .. ' , - "
La haie d'infanterie .sera formée sur le granit des
trottoirs, de mani; re que la chaussée soit entièrement
libre pour la cavalerie.
. Les troupes bordant la haie seront placées sur les
points les plus rapprochés de leurs casernes ou forts,
afin qu'elles aient -le moins possible de chemin à par
courir pour aller et venir.
Le service de- la gare sera fait par la garde répu
blicaine à pied et à cheval.
M. le général commandant la 1'° division militaire
est chargé de donner tous les ordres nécessaires pour
assurer le placement des troupes et l'exécution des
dispositions qui précèdent.
Au quartier général, à Paris,-le'il octobre 1852.
te général commandant en chef.
MAGNAN.
Les préparatifs pour laréception du prince-
Président, sont commencés sur plusieurs
points de la ligne qu'il doit parcourir.
Entre le pont d'Austerlitz et la grille du
Jardin-des-Plantes, on a abattu les jeunes
arbres qui se trouvent du côté du boule
vard, et l'on a commencé à dresser les char
pentes pour l'arc de triomphe. Il sera à peu
près de la dimension de laPorte-Saiiit-Denis
et offrira une arcade principale.et.deux plus
petites, comme ce monument.
L'arc de triomphe de la place de la Bas
tille n'offre pas encore de travaux extérieurs.
Les travaux sont plus avancés pour celui
qui s'élèvera à la hauteur du nouveau cir
que, vers la rue de Ménilmontant,
Un quatrième ave de triomphe s'éléve aus
si au boulevard du Temple, à peu-prés en
face du Jardin-Turc.
- Il y en aura d'autres encore de ce point
à la Madeleine où/il en sera construi t un qui
fera façade, à ce que l'on croit, avec celui'
qui décorera l'cutivc du i.unvl de la Concorde
Sur tout le parcours, la plus grande par-
lie des maisons seront tendues et pavoisées
Quelques journaux avaient annoncé que la
Bourse serait fermée samedi. Il n ; en sera
rien; les opérations sur lcà fonds publics se
terminent à trois' heures, et c'est à cette
licurc-là seulement que le prince-Président
est attendu à la gare.
Il y aura congé de sortie pour les élèves
des lycées.
On annonce que Ues nombreux ouvriers
des r>' : et 0 e arrondissemens, ayant sollicité
l'autorisation d'élever sur le boulevard Saint-
Denis, un arc de triomphe près duquel se
placeraient lesdivers corps d'état, bannières
en tête, cotte autorisation a été donnée.
Les maires et adjoints des communes du
département de la Seine se réuniront sa
medi sur la place de la Bastille.
Déjà dans plusieurs communes, à Cour-
bevoie notamment, les maires ont fait con
naître à leurs administrés que s'ils voulaient
former des députalions, qui s'adjoindraient
à la municipalité, ils demanderaient pour
ces députations une place à Paris. 11 paraît
que cette idée a été saisie avec empresse
ment.
La commission municipale de Paris, fai
sant aussi fonctions de conseil général "de la
Seine, se réunira jeudi pour s'occuper du
vote d'iine adressé au prince-Président qui
lui sera présentée samedi à sa rentrée dans
Paris. L..BONIFACE,
La réponse du prince Louis-Napoléon au
discours de M. le président de la chambre de
commerce de Bordeaux, a été affichée de
grand matin dans tout Paris. Cette publica
tion officielle se termine ainsi :
« Ce discours, fréquemment interrompu
par les applaudissemens de l'auditoire, se
termine au milieu des cris unanimes de :
Vive l'Empereur ! »
Nous ne pouvons, au surplus, mieux ca
ractériser l'effet produit par les paroles du
chef de l'Etat qu'en citant le passage suivant
du discours d'adieux adressé par le maire
de Bordeaux au prince-Président :
« Les magnifiques paroles que vous avez
prononcées hier au soir vibreront long-temps
au fond de nos cœurs, car nous avions ins
tinctivement compris que l'Empire, c'est la
paix, c'est le progrès social, c'est l'expression
là plut! glorieuse et' la plus puissante de la
nationalité française. . S
» Allez, .Monseigneur, où la Providence
vous conduit; mais du haut de ce trône im
mortalisé par votre oncle, pensez 'quelque
fois aux Bordelais qui vous aiment. D'ici
nous ferons des vœux afin que Dieu vous ac
corde assez de jours pour accomplir votre
>ainte mission et -pour jouir encore nvec
nous du bonheur que vous nous aurez don
né.— Vive l'Empereur ! »
K La France entière, nous n'hésitons pas à
dire , éprouvera'le sentiment de recon
naissance qu'exprime si bien. .M. le maire de.
Bordeaux. l. ho>'iface.
VOYAGE DU I>Rii\ T CE-PRESIDENT.
Le chef de l'Etat se rapproche chaque
jour de Paris. Il a couché hier à Bochefort;
il couche ce soir à la Rochelle. ,
DÉPÊCHES [TÉI. ÉGIUPIIIQCKS .
AngouJéme, 11 octobre, neuf heures
dix minutes du soir.
S. A. a quitte Angouléwe ce.matin à sept heu
re». Mgr t'évôque et son clergé, les principaux
fonctionnaires du département assistaient à, son
départ.
La population en masse s'était portée,sur la li
gne que devait parcourir la voiture.
Dés que le prince a paru, il a été salué par des
acclamations qui l'ont accompagné jusqu'à la sor
tie du faubourg.
A Hiersac, deux arcs-de-triqmphe avaient été
dressés à l'entrée et à la sortie du bourg. Les lia
bitans de toutes les communes environnantes for
maient une haie profonde ; sur les chapeaux des
inscriptions en grosses lettres de Vioe l'Empereur}
C'est le seul cri qui ait été proféré penclant la tra
versée de ce département,
À Jarnac, les fiots de la population étaient en
core plus nombreux et plus pressés.
Tous les propriétaires de ces riches cflfiipngnes
étaient accourus, et manifestaient leur ardente
sympathie par los vivat les plus énergiques.
Enfin, à Cognac, à l'entrée de la ville, le prince
été reçu par le maire et le corps municipal, sous
un arc de triomphe très remarquable, et
tait à-son fronton les. inscription* i .Vive. I
rcur.' Vive. Napoléon lfl !
U est impossible de décrire l'ivresse ol l'enthou
siasme des populations. .Les figures étaient ra
dieuses et re$piraient le bonheur. Le passage du
prince dans la Charente a été une marche triom
phale qui laissera dans les cœurs un impérissable
souvenir.
A midi, S. A. a quitté le département pour en
trer dans la Charente-Inférieure, où l'attendaient
de nouvelles ovations.
La santé du prince est excellente.
Poitiers, 1"2 octobre, 8 heures.
Rochcfort, le H octobre.
Partout les populations avaient quitté leurs vil
lages pour se porter sur le passage du prince ;
cela a été une marche triomphale d'Angouléme il
ltoehefort, où le prince est arrivé ;Y cinq heures
et demie, au milieu des acclamations les plus
sympathiques et des cris de vive l'Empereur! et
de vive Napoléon III!
La santé de S. A. est parfaite.
Ou écrit de Bordeaux, 8 octobre, neuf
heures du soir :
L
dix
nal ■ >, .... ... j....—. i. ... i............. .j. 11 u.
ger, de ses vicaires-généraux et de son clergé, a
d'abord été admis .auprès du prince.
I.e vénérable archevêque lui a adressé un dis
cours pleindes meilleurs sentimens, et auquel S. A.
a répondu de la manière la plus gracieuse.
La cour d'appel, les sous-préfets du départe
ment, le conseil de préfecture, le conseil général,
le conseil municipal, l'état-major de la garnison,
tous les corps et autorités civils et militaires, les
vieux soldats de l'Uni pire, et plusieurs conseils
généraux des départeincns voisins ont successive
ment défilé devant le prince. Les cris de Vive Na
poléon III! vive l'Empereur! ont plusieurs fois
éclaté pendant la réception.
Le prince a donné la croix de la Légion-d'Hon-
neur à'M. l'abbé Lange, véritable héros de la cha
rité chrétienne, dont Mgr l'archevêque n'a eu qu'à
faire connaître à S. A. l'admirable dévoûment
pour que le prince ait résolu' de le récom
penser. Le vénérable prêtre a reçu la distinc
tion qu'il méritait si bien avec autant de recon '
naissance que de surprise et d'émotion. I.e prince
a prononcé des paroles touchantes en remettant "
la croix à celui qu'il a appelé le père des pauvres.
La décoration de la Légion-d'Honneur a égale
ment été accordée M. l'abbé Martial, grand
vicaire.
Le prince a fait l'accueil le plus cordial au
ieux général d'Armagnac ; il a témoigné sa bien
veillance au corps de la gendarmerie, aux dépu-
lation». des départemens voisins de la Gironde à
la synagogue israélite de Bordeaux; dont il a déco
ré le grand rabbin, le savant M. Marx.
A la suite des réceptions -officielles, le prince a
bien, voulu admettre une députation de jeunes
filles de.la Teste qui ont eu l'honneur de lui pré
senter une corbeille remplie d'échantillons des
produits divers de leur pays.
Les réceptions ont eu lieu dans les grands ap
partenions de l'ancien Palais-Royal,, qui avaient
été décorés et meublés a\ec splendeur pour re
cevoir le prince. Parmi les richesses qui v
avaient été réunies , on remarquait un meu
ble légué par le général Uertrand, et renfer
mant un buste do Napoléon ,. un recueil de maxi
mes militaires annotées par lui-même , une croix
d'officier de la Légion-d'Honneur, et divers ob
jets qui ont servi ;ï l'usage personnel de l'Empe
reur. Les plus beaux tableaux anciens et moder
nes du musée de lîordeaux ornaient les apparto-
îneus du prince.
A muli, le prince ost monte a cheval pour se
rendre l'esplanade des Uuinconees, où étaient
rangées les troupes de la garnison et la garde na
tionale. Les anciens militairos de l'iimpire, au
nombre de cinq cents environ, avaient demandé
et obtenu 1-hqnneur d'être aussi passés en revue
'ia,r le princo.
Dos estrades avaient été dressées dans 1e haut
•de la place; elles étaient garnies de dames élégam
ment parées.
Une foule immense se pressait aux abords de
lté place, une des plus belles et des plus vastes
do> l'Jinropo,
Los troupes de Ja garnison se composaient des
16 e , 17 e et 7;i° régimens de ligne, du 13 e régiment
do chasseurs à cheval el de plusieurs batteries
d'artillerie.
Le princo est arrivé à midi et demi, accompa
gné d'un nombreux état-major, dans lequel on
remarquait le ministre de la guerre, les généraux
d'Hautpoul, Aupick, Tartas/ Favreau, Fouché,
d'Armagnac.
Le prince a parcouru au galop le front des ré
gimens. 11 a été accueilli par les cris de : Vire
l'Empereur! qui se sont prolongés sur toute l'é-
tendue des lignes. S. A. est ensuite venue se pla
cer dans l'hémicycle pour le défilé, qui s'est ac
compli avec un ensemble parfait et aux cris de •
Vive -l'Empereur ! répétés au loin par la foule., ' ■
- Après le défilé, le prince a passé en revue les
vieux militaires, qui, par leur tenue martiale et
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 13 OCTOBRE,
COSITI£SS13
DE MMJLÉ0N.
XXXVjL
' ou l'on VOIT enfin BRILIEH FN ,PF.U d 'ABC-EN-
ciel. — i.e chevalier lugottext sb tboi vf.
SACRIFIIÏ. ' ,1 » '
Je m'étais jeté de dépit sur mon divan, et
laissai -la chanoinesse et le chevalier poursui
vre leur échange de civilités. Parla force des
choses, j'en arrivais' à une abdication com
plète; ctqu'aurais-jc fait die mieux? Mon do
micile était devenu la proie des impprUms j
tout, le monde y commandait, excepté moi ;
ou y entrait .comme dans un lieu public. Eu
m'isolant, en restant à l'écart, je protestais
contre cette violence, et opposais » une usur
pation évidente la majesté sileaci.CHS.e /Je
droit.
(1 manquait d'ailleurs à cette scène un per
sonnage, «i je l'attendais : c'était Lucien.
Chaque minute qui sï-coulait le rapprochait
de nous ; il allait paraîtra, A tout' prendre,
-sa présence n'ajoutait pas d'embarras npii?
yeàu, Jtif. offrait un moyen de dénouer la si
tuation. Die jijupi s'agissait-il ? D'un peu de
peisévéj'ancc. 11 éla^i impossible que, de
guerre lajï&e, Eulalie n'opérai pu» s f 7.rp|.raite,
et alors nous rcEjf.ious maîtres du terrain.
En nous montrant- plue obstinés quelle,
nous devions l'amener là; et, pmr flcliever
ce qui restait à faire, »oyg ayions la nuit en
tière devant nous. Sous cette iinprpgsion, je
jjjfc* La reproduction fcst interdite*, ' ■
retrouvai mon sang-froid, et me renfermai
dans l'impassibilité la plus complète.
Ni le chevalier, ni la chanoinesse n'étaient
d'humeur à m'-imiter ; ils se connaissaient
de longue main et avaient beaucoup de cho
ses à se dire ; à peine en face l'un de l'au
tre, ils en vinrent à des complimens où le
ton s'élevait petit à petit et qui insensible
ment tournaient à l'aigre :
" v™- 'J'oujours fringant, ce liigobert ! disait-
elle.
— Et vous toujours imposante, ma chère !
répondait-il.
— Ali cà! chevalier, vous jetez donc des
sortiléges'sur les journaux? Ils sont pleins
(Je ypufi.
— Mon Dieu! EulQlip, il en est d'eux
comme des juges des jeux ilo'ravix ! Il faijt s « t
voir les prendre !
— Le fat ! dit la chanoinesse à demi-voix.
— Son clou est rivé ! dit tout bas le che
valier.
L'fi?ilrptiep continua dans ces termes et
sur ce pic'd, tantôt c{iug|iqfie, tantôt badin.
Les deux adversaires étaient dignes i'tin dé
l'autre, et le tournoi ne manqua pas
'd'intérêt. De loin en loin, Rigobert, pressé
j;rop yivement. se retournait vers ' moi
et m'interrogeait du regard. U semblait me
■demander ce que signifiait cetfe rencontre
et pourquoi un rendez-vous sérieux déviait
ainsi de son objet. Par un geste, je me por
tais alors à $on secours, l'exli'ortais à la pa
tience pf m'excusais d'un procédé si inhos
pitalier. Tout eèja dans un jon mijet ef, sa;is
me mêler à la querelle. Cependant il y eut
un moment où cette réserve ne me fut plus
nprmise. Le nom de Lucien venait d'être
^prononcé et Eujalis y insistait d'une façon
significative'. Je craignais que le chevalier
s'y méprît ot ne commît une indiscrétion';
j'interyms. .
— Chànbinessç, lifi dis r je, ménageqns les
absens. 'Penez, j'entends des pas ; c'est peùt-
étre Lucien qui arrive; je l'attends ce soir.
—Dali! s'écria-t-elle, que ne le disiez-vous
plus tôt! Eh bien! s'il est là, mon cher, vous
pouvez être oertain que mon agent n'est pas
loin; c'est le corps e't l'ombre, tout va s'é»
claircir.
En effet, un petit mouvement, sensible de
l'intérieur, venait d'avoir lieu dans mon an
tichambre ; la clé avait tourné dans la ser
rure et, en se rapprochant de la porte, on
distinguait un son confus de voix daqs la
ctirèclion de l'escalier. Je n'y tins pas, et lais
sant les champions aux prises, j'allai .vers le
bruit. C'était ma xemme de service qui échan
geait des explications avec un laquais de fort
bonne mine chargé d'un message pour moi.
Il avait l'ordre formel de me le remettre en
niants propres et i]e. voulait pas s'pii cjcssn.b
sir, ' - '
— M. Nébomieène! disait-il avec un ac
cent alsacien des plus prononcés.
Ma servante avait beau l'assurer que j'é
tais sorti et offrir son entremise, le laquais
n'admettait pas cette combinaison : il von-;,
lait exécuteras ordres à la leitre-ej me ré='"
clamait en chair et en os. La négociation'en
était là, lorsque je me montrai.
—M. Nébomicene ! répéta le laquais en se
tournant de mon côté.
» C'pst- infii ! lui disv-je.
11 m'examina un instant eu homme qui a
l'habitude des missions secrètes et lient à ce"
que les lettres ne se trompent pas de desti
nation. Ce coup-d'œil me fut lïivorable, il
faut le croire, et lui démqnlra mou jdentiié^
càr'iiYexécuta '
— Foilà, dit-il en me remettant la pré
cieuse missive, et se retirant après un pro
fond salut, ■ .
Je ne savais que penser de ce message et
du tour mystérieux qu'on y avait pris, lorsr
que je jetai les yeux sur l'adresse,
— ïje Lucien 1 m'écriairje. Et c'est un la?
quais'qiji rapporte ! Pqint dé doute; c'est d§
chez la comtesse qu'il m'écrit.
Je brisai le cachet avec impatience et em
brassai d'un regard l'ensemble du billet ; il
se composait de quelques lignes tracées à la
hâte :
- « Mon cousin,
» Je suis vraiment confus de ce que je
,» vais vous dire et ne sais comment m'ex-
v» cuker.Il faut que je connaisse votre bonté
» pour en avoir le courage. Je ne puis me
. « rendre prés de voua éi vous envoie un
» 1 exprès. Tout s'est expliqué, tout s'est ar-
» rangé; il n'y avait dans tout cela qu'un
» malentendu'et un peu d'enfantillage de
- » ma pai't. Il n'en reste rien, si ce n'est le
» très vif regret cle vous avoir donné ce
» souci et cai|sé ce Ut; peine, Que votre ctour
y ly^o je pardonne, et'si vous avez associé'
» quelqu'un à s ma confidence, veuillez le
» comprendre dans les excuses que je vous
» fais -fit les remercimens que je vous
» adressât"',
» Sitôt que je serai libre, j'irai vyus rat
» conter les chû?Cb avec plus de détail.
» Lucien. » r
Le premier sentiment que j'éprouvai à la
lecture de ce billet fut un soulagement inef
fable. Il me sembla que je respirais li
brement et cju'ojq ru'enievait'un poids de
qèsoii&'le cœur. Plus susceptible, j'aurais pu
trouver beaucoup à repVendre dans la con
duite de Lucien, dans la manière dont il
m'aVait engagé et dégagé, en ne se çtnrunu-
niquant pas et eir me iaisstirit d'ans les térié=
iffes, ÇèsUêhciircs.jé les pénétrais; je voyais
le doigt de la comtesse présent'dans tout
ceci : la querelle a\ait dû naître clic:; pllq
et .y mourir. Dès cm'eiio en avait eu
le soupctiii^cUé u'dyilit e» cesse que les
JlCïés ne Tussent accommodées. Pour son
honneur et son repos, il lui impqrta.it d'ar-.
réter dès le début' que affaire où son uom
pouvait être mêlé, Eu vain aurait-on cher
ché à donner le change au public; il ne s'y
serait point mépris et il en eût toujours trans
piré quelque chose, Sous aucun prétexte,
élle ne voulait qu'il en fût ainsi. C'était donc
elle, elle évidemment/qui avait conseillé et
imposé au besoin une conciliation; c'était
elle qui avait vaincu les résistances et enlevé
à Lucien l'honneur de descendre pour, la
première fois sur fo terrain, A quel prix?
Dieu le sait,
Cet arrangement avait été conclu sans
moi, en dehors de moi, et pourtant j'en
éprouvais la même satisfaction que si j'y
eusse mis la main; au fond de mon ame,
j'en bénissais la comtesse. iVJa responsa
bilité n'était plus en jeu, mon esprit
retrouvait son repos. Je pouvais le lende
main écrire à la mère de Mérinval d'une
main ferme et affranchie de soucis; aucun
deuil ne troublait mes perspectives. Qu'im
portaient quelques échecs 4e vanité ?
laient-ils seulement la peine qu'on eu tint
cornple ? Non. L'issue dé l'altturc effaçait et
cqùVrait tout. Seulement il me restait enco
re un soin et un devoir, c'était d'informer
Rigobert de ce qui se passât, Au risque
d'indisposer la chanoinesse, je l'arrachai de
ses inait'is p.i le pris a part. Quand nous fû-
rries seuls et à l'abri des oreillés indiscrètes,
je lui racontai tout. Rien de plus curieux
que la figure du chevalier à mesure que
j'avançais dans cpvte communication. Un
ta court
sQt^a ne se peut pas, s'écria-t-il.
. —Comment! répliquai-je, cela ne se peut
pas? Mais cela est, chevalier,
—Je vqus répète que cda.no se peut pas,
mon cher, ■ .
"•Voilà qui est fort ! .
.' —Cela ne se peut pas ! vous dis-ia; c'est
tout uniment impossible,. Une alfuire su
perbe 1 U faut qu'elle ait son cours^
I —îMais, Rigobert que vous êtes, quand je
vous annonce que c'est arrangé ' arrangé,
entendez-vous?
—Vous me le diriez cent fois, Népomu-
cèn.e, cent millions de fois, et sur tous les
tons de la gamme, que j'en reviendrais à
mon re frein : Cela ne se peut pas.
— Vrai! chevalier, vous m'impatientez.
— Désolé, mon cher, mais je n'ai rien à
en rabattre, Que diable? il est trop tard :
le duel est rédigé, les notes sont prêtes ;
nous n'acceptons plus d'arrangement.
— Vous plaisantez, Rigobert?
—Jamais la-dessus, Népornucène, jamais'-
Quand il s'agit d'une fusée dans les ionr-
fnul la saisir.
Mai?, quand je vous dis qu'il y renonce,
chevalier 1 .
— Alors, je n'y renonce pas, mon cher:
Chacun son droit; j'invoque le mien.
— C'est-à-dire qu'il devrait se battre -à
cause de vous ; est-ce ainsi que vous- l'en
tendez,. Rigobert ?f
• a cause de lui ou à cause de moi, peu
importe, mon. cher, pourvu que mes notes
passent. Aimez-vous mieux les faire publier
sans que l'affaire ait lieu ? Cela s'est vu et of
fre quelques avantages. "
— Mais non, mais non, chevalier.
— Alors j'en reviens à dire que les choses
doivent aller leur train. Nous n'écoutons
plus rien,, nous ,repoussons toute espèce
d'explications. Il n'y a qu'un mot qui sei-ve,
'est de s'aligner, Dites, Népomucene, tout
st-il réglé» lo lieu, l'heure, les armes, les.
c
est
distances, les conditions du combat?
Rigobert s'était animé en parlant ; il allai*
et venait on gesticulant avec feu. La pensée
que ses, notes ne passeraient.pas ulcérait soa
ame; plutôt que^de s'y résigner, il eût pré
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