Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-16
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 août 1852 16 août 1852
Description : 1852/08/16 (Numéro 229-230)-1852/08/17. 1852/08/16 (Numéro 229-230)-1852/08/17.
Description : Note : un seul fascicule pour lundi et mardi. Note : un seul fascicule pour lundi et mardi.
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k669743t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉROS $29 ET 250*
89EM3A.ra : S"&s& &9 Ffll«f3 (E^alals-Roy al), si 16!
B t^S.-LÏJNDI) $6 ET MARDI 17 AOUT.
ÏSES
VSSX SB l'ABOKÏÏESE«JS*
FASISj 13 V. PA£ T&IUISTRsjj
départemïns. 18 t. —
UN NUMÉRO : «0 CENTIMES. 1
pour us pats étrangnas se reportai
au tawean qui sera pvfluè dans le Joumïlj
; es 10 et || de obaqve moijy
{Les sbevsttôms dattni des 1* ti 16
dt chaqtu «oi.-J
S'adresser, franco, pour la rédaction, à Mï CuCHEVAi-CuaiGNT, )
Les articles déposés ne sont pas rendus.
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Jpg.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
IOn s'abonne, dun ■ lei département, aux Messageries et aux Directions de poste.—-A Londres, chez MM® CowiE et fils,
' fc= A. Strasbourg, chez M. A lexandr E ) pour L'Allemagne.
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S'adresser, franco, pour l 'administration, à M.JD bnai I ï, directcwf
1er adaoacw r.r,st reçues au bureaa in journal s et che* M. PÀMS, ri^tsseai, 10, place de la Bôw«
PARIS, 16 AOUT,
Il est intéressant", dans un moment où
les entreprises de chemins de fi;r prennent
un? extension si considérable, de suivre les
progrès du so as-comptoir d'escompte des
chemins de fer, orgautsé, il y a dix-huit
mois , avec le ^concours du gouverne-,
lûaiit. Le rapport présenté ( par le con
seil d'administration a la dernière.assemblée
générale donne des renseignemehs détaillés
à ce sujet. Nous en extrayons les faits prin
cipaux.,
, Le fous-comptoir, dont le capital effectif
S'élevait, à l'époque da sa création, en juin
1851, à 866,200 .fr., l'a complété par un
nouvel appel aux compagnies anciennes
Ct aouvelies, et l'a porté à 1,9 )2 300 francs.
Le gouvernement a accordé sagarautie au
sous-comptoir jusqu'à concurrence de la
moitié du capital fourni par les compa
gnies. Il ui résulte , par conséquent, un
accrtiiïSeun-ut de 951,150 fr. dans ses res
sources < ,'F-ctives, ce qui les élève à
2,853.-430 fr. .
Grâce à cet accroissement de ressources,
le soua-comptoir a pu étendre les facilités
offi rtes au; public. Il s'est entendu d'abord
avec la chiiiTihie syndicale desagens de chan
ge pour traiter directement avec elle, "et sans,;
l'entremise des agens, toutes ies opérations
relatives aux prêts tn liquidation, tant eu
ce qui concerne la* livraison et le retrait des
ti traque pour le ve "se mail ou le recouvre
ment des fonds. La Banque de France ayant
réduit l'intérêt de 4 à 3 0/0, ii a, par une con
séquence naturelle,réduit lui-même l'intérêt
de ses prêts de 5 à 4 0/0. Aussi, malgré la
concurrence de ce grand établissement,qui a
étendu ses avances aux valeurs "dus che
mins de fer, il a vu ses opérations monter
de 9 800 000 fr. pendant le second semestre
de 1831, à 21 millions fr. pendant le pre
mier semestre de 1832. Le total des prêts,-
pendant cette année 1331-1852, a atteint
30,900 000 fr., tandié qu'il n'avait étéifhe
de 13,300,1)00 Ir. pendant l'année 1830-1831,
ce qui représente-une augmentation de 132
0/0.
Ce qui mérite d'être remarqué, c'est que
toutes les rentrées, montant à plus de 26
millions, se sont effectuées régulièrement,
sans donner lieu à aucune -poursuite, saus
laisser nu seul eif ît en souffrance.
"Les bénéliees du sous-comptoir ont été de
80,000 fr., et, comme les dépenses diverses
n'ont été qii.* d-j 32,000 fr., il est resté dis
ponible une somme de 48,000 fr., qui a per
mis de distribuer un dividende de 4 1/2 0/0
aux sousc'ript urs; résultat.d'autant plus .sa
tisfaisant .que sur ces 4 ;l/2, iryena2 1/2
qui ihaviennent du second semestre, maillé
la lédtiction operce dans le. taux dû l'-es*
corn y ie. On sait dtel 1 leurs que le sous-com'^ij"
toir a été crée, non daus un but de spécula-!
tion,màis uniquement pour desservir leg
intérêts des porteurs de titres. Le dividende
est donc, un profit ajouté aux avantages gé
néraux qu'on avait voulu obtenir, et qu'on
a'réalisés. . ,
Le rapport du conseil d'administration ,sej
termineen constatant les résultats de lahaus-es
cont nue des litres de chemins de fVr. La va-!
leur réelle des actions et obligations des
compagnies auxquelles ,1e sous - comptoir 1
prêtait son office au'1 er juillet 1831, était de
573 millions; elle était, au 1 er juillet 1832,:
de 917. millions. C'est un accroissement'
de 59 0/0, qui dotiae un aperçu de tout ce
qu'a g,igné le puys au l'établissement de l'or
dre et a l'affermissement de l'autorité.
Des re'mercîtnens mérités ont été adressés
au directeur, M, Lemaître, directeur d u mou
vement des fonds au ministère des finances,
qui a renoncé à toute indemnité pour sesj
l'on< tions et qui consacre gratuitement ses
soins au sous-comptoir.
L'assemblée a adopté, sur la proposition
du conseil d'administration, plusieurs mo
difications à ses statuts. L'uue permet de
porter le capital soeial de 2 à'4 millions.
Une autre porte que , lorsque les bénéfi
ces s'é èvf-ront à un ta«,supérieur à ce
lui qui est fixé par la Bmqùe de France:
pour ses escomptes ordinaires, la moitié 1
ae l'excédant sera employée à foemer un
fonds de réserve, et .l'autre moitié, seras
distribuée aux actionnaires/Enfin une troi-,
sième consiste à créer un comité d'escompte-
chargé d'examiner les demandes de prêt.;
Toutes ces mesures ont pour but, comme onj
toit, d'étendre et de fortifier l'institution; i
i. burat. !
LA FÊTE BU 15 AOUT.
La fête du 15 août a été l'une des plus ma-
gnifiqués que Paris ait encore vues. Il n'y a
manqué que deux choses ; le soleil d'août et
un ciel pur. Mais l'été bizarre etquinteux:
que nous avons ne nous accorde pas de telles !
faveurs mêmeenla plus belle saison et pour
un jour qui de mémoire d'homme n'avait
jamais vu de pluie. Après des chaleurs
accablantes , il nous donne, dans ie
.mois, le plus beau de nos climats, un temps
aigre, orageux, agaçant pour les nerfs et,
.fertile en rhumes et en pleuresies. Ajoutez
.à tout cela un rent rude et violent qu'il ne
.faut .pas trop maudire^ toutefois, car c'ejt
.lui qui, vraisemblablement hier, nous a pré
servés des ondées menaçantes que les nuages
ont tenues suspendues sur nosiètesuie par-
. tiede la journée. »
Tels sont 1. s obstacles qui ont contrarié la
'fête du 15 août, et qui n'ont pu, toutefois,
lui enlever son éclat et sa solennité. Rien de
plus curieux à voir que l'aspect de Paris.
Cette vaste capitale, dont la population
se grossit des contingens envoyés par la 1 pro
vince, et amenés par les trains de plaisir,
forme par elle-même le plus original des
spccifscies. Tout le monde est sur pied dès le
matin et ne se couche qu'à l'aube. Tous les
.rangs, toutes les conditions sont coufon hommes, femnifs., enfans en prennent à
cœur joie. Jamais public ne se divertit «lus
franchement et ne témoigne plus hautement
sa satisfaction.
La fête avait'été conçue de façon que
les dispositions prises pour l'illumination du
soir servissent de décoration pendant le jour.
La grande avenue des Champs-Elysées avait
été ornée de cinquantedeux fontaines Imites
de- sept mètres et d'une forme gracieuse. La
vasque rkiire était comme une vaste
coibeiile détours sur laquelle trois caria
tides .-élégantes supportaient une ombelle de
feuilles de palmier. Ces fontaines étaient
reliées entre elles par des guii-lan-ius de
verres de cou'eurs. Les candélabres à gaz. au
nombre de 150, avaient été garnis d'un in
génieux appareil figurant un N couronné et
entouré de lauriers. Au Roni-Point, s'éle
vait la statue équestre de Napoléon. Cette
statue, de M. de Nieuweikerque, est pla
cée sur un piédestal, que uous avons déjà
décrit. Le cheval au repos, mais respi
rant de loin l'odeur de la poudre , ^ est
fort bien réussi. La figure pensive et gra
ve de 1 Empereur est très belle. On trou
ve seulement que le cavalier est un peu pe
tit pour le t cheval, et l'on blâme le statuaire
d'avoir altéré la forme traditionnelle du cha
peau,en élargissant trop les ailes. Ce dernier
défaut peut être facilement réparé. L'aspect
généraliîst d'ailleurs satisfaisant et magistral.
La place de la Concorde était magnifi
que avoir; les deux grandes fontaines étaient
environnées deflèurs. Quàtrepàlmiers gigan
tesques entouraient l'obélisque. Autour de la
place, des fontaines et des candélabres for
maient une sorte de première enceinte et des
mâlspavoisésporiantdesbinnières en verres
de couleur en composaient due seconde. L'hô
tel du ministère de la marine avaitété décoré à
la façon italienne, de larges pièces flotiantesde
velours lamé-d'or. Au centre de la.galerie
avait été disposée une tribune splendidèponr
le prince-Président et pour si suite. Enfin,
en face du Palais-Bourbon, ou .voyait se des
siner les tours à çréaeàux du fort de Bard
et les cimes neigeuses du Saint-Baraard,
d'un aspect bien plus pittoresque assuré
ment que 1e fronton grec qu'on y voit
d'ordinaire. Par malheur,Ml avait fa!tu re
noncer, à raison du vent, à placer l'aigle
de Barye qui devait orner l'arc-de-triomphe
de l'Etoile.
Après ces détails préliminaires, nous al
lons raconter les principaux épisodes de la ;
l'été.
te demi et bevue de la garde nationale.
La fête a commenté par de solennelles ac
tions de grâces rendues à Dieu. Un Te Deurn
a été chanté à la Madeleine-. Des draperies
rouges semées d'abeilles d'or avaient été pla
cée» autour des colonnes du péristyle. Une
double haie de troupes d'infanterie et.de ca
valerie boidait la rue Royale. Des masses de
curieux garnissaient les ahordsde l'église et
les fenêtres voisines.A i'iutérieur.un fauteuil
avait été disposé pour le prince Président., en
face de l'autel. Le banc d'oeuvre était destiné
pour les hauts dignitaires. De chaque côté
de la nef, avaient pris place ies députations
du Sénat,'du conseil d'Etat, du Corps Lé
gislatif, de la magistrature, du barreau, de
l'armée, tons en uniforme, ou eu costume.
Le corps diplomatique y était aussi repré
sente. On y voyait un certain nombred'tiui--
formes anglais, prussiens, belges et bava
rois. Le priuce-Président, suivi de sa mai-
sou militaire , est arrivé à la porte de
de l'église à neuf heures et demie très pré
cises. M. le curé de la Maîelcnielui~a adres
sé uoé courte allocation, et les saints rites
ont commencé immédiatement. Une. messe
en musique de M. Dletseha été fort bien exé
cutée. On a n marqué le Credo , surtout le Te.
Deum et le Domine saluum. Pendant cette au-
gu-te cérémonie, la nef de la Madeleine of
frait uu très beau coup d'oeil.-H" faut regret-!
ter que la sé vérité des con-igoes, oula-parci-
mônie des distributeurs de billets, n'ait pas
permis qu'elle fût plus complètement rem-
plie. Un tiers des places étaient vides. Louis-;
Napoléon s'est retiré après la messe en ré
pondant à droite et à gauche àux saints res
pectueux qu'il rencontrait sur son passage.
A lasortiede l'église, sou départ, «mime son
arrivée, a soulevé dans la foule de nombreu
ses acclamations.
Les drapeaux de la garde nationale avaient
été bénits et distribués à l'issue de la messe.
La revue a eu liéu de onze heures à une
heure de l'après-midi. Les légions étaient
échelonnées ie long de la grande avenue des
Champs-Elysées. Le prince-Président, à che
val et suivi de son brillant cortège, a passé
sur le front destiataîilons et est venu se pla
cer devant la grille du Pont-Tupinant. Le
défilé s'est fait au bruit des musiques mili
taires. Par malheur, c'était à ce moment qu'a-
soufflé le plus cruellement la bourrasque
impitoyable qui a duré jusque verstroisheu-
res, soulevant des nuages de poussière, ren
versant les fleurs des fontaines, déchirant les:
toiles du feu d'artifice. Ces rafales ont nui!
à i'elfet du défilé, qui s'est terminé à une
heure par la belle légion de cavalerie.
régates et combat naval.
L'un des spectacles les plus curieux de la
journée d'hier a été le combat naval. Pen
dant vingt ans Paris port de mer a été' le
rèvedetoui les Parisiens. Ce rêve s'est en
partie réalisé. On a vu dans les eaux de
la Seine, daus ce vaste bassin qui s'étend
du pont d'iôna au pont d'Austerlitz, une.
frégate, montée par de vrais marins, attaquée
par des bateaux à vapeur et par des chaloupes
canonnières, canouaée par des batteries de
terre, le simulacre, en un mol, d'une bataille
navale. Il n'y manquait que'la mer. Et enco
re, sous ce ciel cliargéde gros nuages gris,'
qui laissait échapper de temps en temps un
vif rayon de soleil, le fleuve, qui avait quit
té sa teinte limoneuse pour pifcndre une
nuance dr bronza en fusion^ avait - il
quelque peu l'apparence du liquide élément
sur les côtes de Bretagne. Quoi qu.il en soit.,
le public parisien, qui avait été déjà initié
au spectacle des grandes opérations mi
litaires lors de la féte des Aigles, a,'été fami
liarisé hier avec les péripéties de,la guene
maritime. A part les membres d"y> congrès
de la paix, qui gémiront de voir #és jeux de
la fui : e et du hasard devenir l'amusement
des peuples, il nousa semhlé que tou t le mon
de a pris le plu? vif intérêt à la fête nauti
que du quai de Billy. ,■
L'emplacement destiné à servir de théâtre
au combat ar.'dl. avait été judicieusement
choisi : la Seine en cet endroit est resserré
entre deux berges d'un accès facile, et qui
tracent à peu près deu* lignes droites. Des
amphithéâtres couverts'avaient,été- disposés
sur les deux rives pour le publio mûm de
billets. Sur la rive droite se trouvait la tri
bune du prince-Président, plus élevée que
les autres, ornée de draperies de velours et
couronnée d'une aigle d'or. En face de cette
tribune se trouvait amarce la frégate-école
la Ville de Paris , environnée de ses embar
cations armées. D'-oï b tUeries figurant des
forts étaient s £ur la rive. Du côlé du
pont d'Icna se tenaient en observation l'es
deux bateaux à vapeur, l'Arcas et la Calisto,
également entourés de leurs chaloupes gar
nies de soldats et portant un pavtlîou de fan
taisie jaune, amaranthe et vert, qui était le
pavillon ennemi.
Après les courses d'yoles,, le combat naval,
selon les promesses du programme, a com
mencé à q jatre heures précises. Le scénario,
qui atteste chez sou -auteur une imagination
fertile et une entente remarquable de l'inté
rêt dramatique, était, comme on le devine,
une lutte entre la frégate la Ville de Paris
«t les vapeurs l'Arcas et la Calisto , sou
tenues, "par les batteries des forts. Voici les
divers épisodes de ce combat terrible, qui
fera époque dans les fastes parisiens :
Les forts ouvrent le feu contre la Ville-
de-Paris qui riposte avec vigueur. Le vapeur
la Calisto, commandant de l'ennemi, envoie
en reconnaissance deux embarcations ar
mées. Les sentinelles de la . Ville-de-Paris
bêlant les canots et les reçoivent par une vive
fusillade. Les canots se bâtent.de se re
plier sur l'escadrille. Alors on voit s'avancer
en ordre de bataille les embarcations de i Ar
cas et de la Calisto. Les embarcations de la
Ville-dt'-Paris , secondées par le courant,
volent à leur rencontre. Une lutte animée
s'engage; mais le canot-commandant del'en-
nemi est entouré par les gens de la frégate et
capturé. Le capitaine est forcé de rendre son
épée. On l'emmène à bord, tandis que les
canots de l'Arcas et de la Calisto se retirent
en désordre. .7
Mais l'ennemi ne se décourage pas. L'Ar-
cas vient à son tour attaquer la frégate au
bruit des tambours et des clairons. Il est re
çu par un feu terrible, et il est forcé"d'auie-
,ner son pavillon. Deux chaloupes de la fré
gate viennent en prendre possession. t)u en
voie à fond de Cale les soldats de l'Arcas, et
ceux des chaloupes victorieuses se promè-
; nent triomphalement sur le pont.
L'affaire va mal pour l'ennemi. La Calisto,
intimidée, arbore le pavillon blanc et envoie
à bord de la frégate, un. parlementaire. Uae
trêve est proclamée. Joie générale panui
tous les équipages. Des musiques militaires
retentissent sur, les deux rives. Pendant cette
suspension de cationnade.etde mousqueterie,
c'est au tour des instrumens de cuivre a entrer
en lutte. Le combat a été livré entre les aa-
ciensinstrumens. qui occu paient larive di oi te,
et ceux de M. Sax, qui étaient sur la rive
gauche. Ces dermeis, d'une taille gigantes
que, avaient ros formas étranges rentres des
buccine? romaines que noùs a fait connaître
l'Opéra dans, le Juif-Errant. Nous ne pronon
cerons pas entre les combattans, qui ouf fort
bien joué d'ailleurs les uns et les autres, -
Nous revenons au- combat naval. Durant
ce,repos fallacieux les choses tournent subi
tement au tragique pour la Ville-de-Paris.
I>'aU)v*4 7 une rév,vite éi lat»- à boïd ; -de
ca. i. Les capteurs sont pris par leurs captifs
insurgés. Les hostilités recommencent. La
Ville-de-Paris, prise entre deux feux, est ex
posée au plus gra-id danger et menacée
d'un double abordage. Ainsi va,le pionde.
La roche Tarpéienne est près du CtipUole.
Rassurez-vous, ames, sensibles fit patrio
tiques 1 la ViVe-de-Poris ne succombera pas.
Elle puise dans son dése-poir- -des forces
nouvelles. Son cdpiia'ii' 1 se conduit '-n héros.
Il fait clouer son parilion au gfani-niàt.
L'abordage a lieu; mus les fquipjges in'ic-
m ; s sont repou-sés;- ld soute aux poudres
.faitexplosion a bora de VArcas et de la Ca
listo. L'ennemi est forcé de-se rendre. Les
musiques-militaires louent toutes ensemble
le célèbre chœur la Victoire tst K à nous, et les
matelots de la frégate, perché^ dans les hu
niers, agitent leurs chapeaux et font enten
dre d'énergiques hurïahs.
Aucun accident n'a troublé çette fête nau- '
tique, dont l'effet a été fort pittoresque et
fort amusant. Les évolutions se sont faites
avec la plus grande précision et la plus éton
nante célérité. La mêlée entre les canots, la
révolte, l'abordage, ont offert l'aspect le plus
.curieux. Les anciens, eux aussi, avaient leurs
naumaehies. Une d'elles, sous le règne d'Au
guste, coûta la vie à dix mille hommes daus
un bassin creusé exprès au pied du Janicuie.
Mais les Romains, dans un te:r,ps où l'on
combattait de près, étaient, forcés de faire
tuer les gens pour donner de 1 intérêt à leurs
jeux. De nos jours, on se bal à distanee.
L'artillerie supplée/à tout par son fracas in
nocent, On peut ainsi figurer des combats ef-
froyables sans autre inconvénient que de faire
brûler beaucoup de poudre. Les marins, les
soldats du génie, les chasseurs de Yincennes,
qui composaient les équipages des vais
seaux ennemis/se divertissaient de tout leur
coêurdans cette lutte inoffeflsive. Le soir,
les Irois bàtimens ont été pavoisés et iltu-
■ minés en signe de réconciliation et d'allé
gresse.
Nous devons mentionner' les joutes et les
divertissemens nautiqdes qui ont eu lieu à
Bercy à la mème heure. Des spectacles gra
tuits ont été donnés à i'Hippoarome et aax
Arènes nationales. Dr's musiques militaires
ont exécuté des symphonies à la Bastille, au
Cliàteau-d'Eau-, a la Madeleine et au carré
Marigny.
feu d'artifice.
Le feu d'artifiee, comme nous l'avions dit,
avait é'é disposé le long.de la façade du pa
lais Bourbon. Un essai malheuseux (jui avait
été tenté sur les hauteurs du Troea^ero, lors
de la fête des Aigles, a fait revenir à cette
ancienne place, adoptée pour ces sortes de
'réjouissances publiques sous la.monarchie
dè juillet. Mais les ordonnatetirs de ia fêfc
avaient innové en prenant dcs précautions
minutieuses pour qu'un nombre considéra
ble de spectateurs pussent voir commodé
ment assis. Des amphithéâtres de bois avaient
été établis sur les deux berges de la ri
ve droite comme pour le combat naval.
En outre, un autre amphithéâtre, immense
dans son étendue, occupait la terrasse du
bord de l'eau dans toute sa longueur, et le
feu d'artifice avait été placé d'une façon lé
gèrement oblique, de telle sorte qu'il se pré
sentait à merveille aux regards des milliers
de curieux qui avaient pénétré dans cette
enceinte privilégiée. Grâce à ces habiles
dispositions,, une fùule immense de fem
mes et d'enfans ont pu jouir eu toute sécu
rité de ce magnifique spectacle. Toutes les
-fenê^rés du Garde-Meuble, du ministère delà
marine, le péristyle de la Madeleine, les Tui
leries avaient donné aussi asile à nombre de
peï'sonnes. Enfin, la place de la Concorde, la
rue Rovaie, les quais, les ponts etaientrem-
plis par des masse»de spectateurs, qui, grâce
à l'immensité du local, pouvaient circuler
sans trop de difficulté, et admir-T, sans per
dre un détail, les ineidens du feu (l'artifice.
On avait - pu remarquer d'ailleurs, dès le
matin, d'intrépides amateurs qui, poussant
la curiosité jusqu'à l'héroïsme, s'étaient assis
sur les balustrades de pierre qui environnent
-les fosses, aujourd'hui comblés, delà place
de la Concorde, alin de pouvoir griniper, au
moment.décisif, sur ce piédestal improvisé.
Le temps orageux de la matinée avait fait
craindre pour la soirée-des torrens de pluie.
On avait vu, avec désespoir, dans la journée,
uue bouffée de vent enlever, comme un ri
deau qu'on déchiré", la toile peinte qui figu
rait une des tours crénel^estlu fort de Bard.
Mais ces craintes, Dieu merci ! n'étaient pas
fondées. L'horizon-S'est rasséréné dès le cou
cher du soleil, , et, peu à peu, les nuages
amoncelés se sont dissipés en vapeurs légè
res. La canonnade et la mousqueterie du
combat naval, en ébranlant l'atmosphère,
avaie.it peut-être contribué à cet heureux
résultat. L'artillerie formidable du feu d'ar
tifice b achevé l'opération. Vers dix heuie
la grande ourse a des me sur le ii ai.tmad
son sigma lumineux, lesetoiles ont brille; et
l'on a pji jouir de la temp*ratuit d une nuit
d'été. . < ■■
Le feu d'artifice, hâtons-nous de le dire, a
,eomp)ètement réussi. Le veut, en r.bassant
la fumée en ; arrière; a permis au public d'en
contempler toutes les péripéties. De l'aveu
de tout le monde, c'est le plus beau, le plus
intéressant, plus grandfose qu'on ait encore
vu à Pans. A plusièurs reprises, des applau-
di-?emens opt éclaté sur toute la ligne des
amphithéâtres, en témoignage de la satis-
. factiou et de l'admiration des spectateurs.
On avai t eu la bonne idée de donner au
feu d'artifice une signification historique.
,Les spectacles ne sont jamais mieux.eompns
• gue lorsqu'ils s'adressent à l'imagination
-impressionnable des masses, et lorsqu'ils
sont, pour ainsi dire, un enseignement et
une leçon. On a dit avec raison que nos
j "Vieilles cathédrales ap: renaient le caté
chisme aux masses. Il est bon que nos fêtes
populaires réveillent au sein d-; la foule les
■ grands souvenirs de la gloire nationale.
Ou avait choisi dans nos annales côntem-
poraines.Tim des plus saisissans épisodes de
• la vie militaire dé Napoléon •„ le passage des
A Ipes au montS «int-Bernard. On connaît les
"détails de cetie mémorable expédition dans
laquelle l'armée fiar.çaise a renouvelé kis
prodiges des soldats d'Annibal et des leudes
de Charlemagne, cn-bravant de plus grandes
difficultés et- en- transportant à travers ces.
hauteurs'iglacées l'immense matériel des.
troupes modernes. On sait comment l'ar-
-mée française s'est emparée du fort de
Bard, qui était la clé de ce défilé et comment
elle a traversé cette route presqueinipratica- ?
-Aile, sousi'tÈU4ufirnjul capitaine.,qui déjà
'méditait le plan de fa bdtijille deMarengo.
Tel est le Mt-d'prmes dont le feu d'artifi
ce devait rappeler le sôuveiiir. A neuf heu- ;
res précises (une exactitude ponctuelle a été
l'uu'des mérites de la fête du-15 août), le
signal a été.donné par l'explosion de bom
bes tricolores, et le feu a commencé. Il a dé
buté par ".les fusées, parles chandelles ro-
maïues les. seipenteduxd'usjge. On a vu cHa
cent ieis,'on le revoit toujours avec plai
sir, tant l'œil suit volontiers ces gerbes
lumineuses dans leur projection hardie
au sein de l'ompirée, jusqu'au •moment où
elles s'épanouissent en grappes rouges et
bleues ou en pluie d'or. Uae pièce a été En
suite allumée qui a conquis tous les suffra
ges. Elle secornposiitde trois trophées gran
dioses , encadrés dans une avenue de pal
miers lumineux. Letropliéedu milieu mon
trait un N gigantesque surmonté d'une cou
ronne impériale et dominé .par une aigle aux
ailes éployées. Les mats : arcole , marengo ,
austerlitz , se lisaient,distinctement inscrits
en caractères de f -u. Des fontaines jetaient
incessamment en l'air des étincelles rouges,
bleues et blanches, qui montaient et retom-
-baient comme les boules d'un jongleur in
visible. C'était à la fois d'un elfet majestueux
et chirmant.
- Mais l'attaque du for t de -Bard commence.
Les murailles crénelées, à la lueur des flara-
iii' s du Bengale,apparaissent chargées de sol
dats autrichiens. Le siège est entamé. Le-ca- :
non gronde. Assiégeans et assiégés échan
gent les boulets et les bombes, le tout en
pièces d'artifice^ bien entendu. L'assaut est
donné. Les Français sont vainqueurs. Ils
font sauter la redoute qu'ils ont prise. Alors
s'efl' ctue le passage de 1 armée française.
Napoléon, monté sur un cheval blanc, et
vêtu comme en un jour de bataille, sur
veille le :défilé des troupes du haut d'un;
rocher. Infanterie, cavalerie, artillerie, pas
sent devant lui sur un pont dont, les arches
immenses sont dessinées par des luçurs rou
ges. Bientôt la neige commence à tomber :
cVst une pluie de feu qui retombe de tous
côtés dans le fleuve et produit l'effet le plus
pittoresque. N'importe; le passage conti-'
nue au. milieu d'une nuée étincelànte com
me celle de l'Apocalypse, au sein de laquelle ;
se dessiâe le profil des tours de Bard, des
hommes, des chevaux , de l'artillerie, et
surtout l'image du Premier Consul, calme
et immobile au milieu de cette scène de cori-
" -fusion et de tumuJte.Nous ne faisons qu'in
diquer les principaux traits de ce tableau.
Ce sont la de ces choses qui se voient, qu'on
admire et qu'on ne saurait décrire. Nous
nous contenterons de'dire que toute cette
partie du feu d'artifice a offert un spectacle
vraiment feerique. Après cela, un splendide
bouquet a projeté aù loin des milliers de gi
randoles, et l'on a vu ^'élever dans les airs
un ballon qui emportait un N lumineux et
qui laissait tomber des parachutes-rempli de
feux tricolores. ! • ?
Le prince-Président, entouré d'un brillant
cortège de généraux et de dignitaires, avait
pris place sur le balcon du ministère de' la
marine. À l'issue du feu d'artifice, une foule
compacte s'est formée en face de cette tri
bune, et a salué le prince de ses acclama
tions.
illuminations.
Les illuminations eussent été une mer
veille ; mais le vent ne l'a pas voulu. On a pu
juger de leur effet piquant et gracieux par
les parties qui ont résisté aux efforts de la
bourrasque. Ainsi, rien de plus charmant
que les deux grandes fontaines versant leurs
ondes à flots et illuminées par des lan
ternes dans des globes de cristal, l'eau
avilit préservé les lumières contre le verd ;
et la réussite était là complète. Parmi les fon
taines des Champs - EIysées-quelques-wwï
■e entièrement, allumées çt elles
!~«W8-
avaient pu être entièrement, aliumées çt elles
étaient ravissantes à voir. Sur le boulevard
les palmiers d'or ayant pour fruits des lan
ternes chinoises aux trois couleurs , for
maient aussi ua coup-d'oeil délicieux. Ou a
pu pendant quelques minutes admirer la
spirale de feu qui enveloppait la colonne de
la place Vendôme et la croix lumineuse qui
surmontait le fronton de la Madeleine. L'il
lumination splendide de la place de la Con
corde, les étoiles, les N couronnés, les cor
dons flamboyans qui.sdlonuaient les édifices.
Mais, à peine allutnées, les illuminations
étaient éteintes par les raffales, et on n'a eu
que des illuminations partielles qui faisaient
regretter le reste.
Un dernier mécompte était encore réservé
au public. Le bal des lunocens n'a pu avoir
lieu. Lèvent, qui avait enlevé une partie delà
toiture, a empêché de terminer les apprêts.
Mais on ne perdra rien pour attendre. Mardi
nous dédommagera des déconvenues de di
manche. En résumé, la fête, qui fait hon
neur à la direction des Beaux-Arts, a par-
fa t ment réussi dans tout ce qui a pu être
prévu par les habiles ordonnateurs qui ont
tu tu mérite de la corftevoir et de la prépa
rer. Il. ne leur à manqué que de pouvoir
taire luire le,soleil et enchaîner les aquilons.
Le secrétaire de Ja rédaction, i. bomfacb.
Le gouvernement publié la déclaration
suivante : _ ,
«La fête du 45 août sera l'occasion d'actes nom
breux t'e clémence qui donneront une nouvelle
preuve de la magnanimité du grince-Président.
» Le temps n'est plus où les amnisties imposées
par li s exigences de la presse et des oppositions
politiques étaient, au grand détriment de l'ordre
public, un acte de faiblesse de la {fart du gouver
nement, un triomphe pour les partis.
» 11 ne saurait être aujourd'hui question d'une
amnistie générale. Le gouvernement ne pouvait,
sans compromettre la sécurité publique, dont le
soin est son premier devoir, étendre cette, me
sure à certains hommes qui ne rêvent que le bou
leversement de la société. Mais il a pu, dans la
pleine liberté de son initiative, tt après un sé-
rieui examen, accorder le pardon su repentir et
aux malheureux que di.s "hommes tiirbulens avaient
é^ Tés. Il a ainsi concilié les inttrèts de l'huma
nité et ceux de ta tranquillité publique.
» C'est dans cet esprit que le prince-Président
a accordé la grâce entière ou des commutations de
peine à p;us de' 1,200 per-o'mes • prises parmi les
condamnés pour causes politiques ou pour délits
communs^ » .
Les actes de clémence politique ne sont
point encore publiés. Le Moniteur se borne
a f dre connaître aujourd'hui le décret sui
vant :
Art.'1 er . Seront mis immédiatement en liberté
tous les individus contre lesquels la contraintepar
corps a été exercée pour le recouvrement des amen
des* et" Irais dus par stiite de Vié'iis 5u contraven
tions relatifs aux lois sur les forêts, la pèche, Ja
cti.!sse, la police du routage et la grande voiri;.
Iîeniîse est faite à ces individus des amendes
auxquelles ils ont été condamnés.
La Gazette de France publie, en tête de son
numéro de ce soir, l'avertissement suivant :
ministère de la police générale.
(Cabinet du ministre.) '
Le ministre de la police générale , vu l'art! 32
du décret organique sur la presse du 17 février-
1852;
V» l'article pubiie dans le journal la Gazette
du France, le 14 août i832; ledit article signé
Bri*set;
Attendu que cet article contient, sur de préten
dues modifications ministérielles , des assertions
complètement erronées et de nature à sema- des
doutes sor les véritables intentions du pouvoir ;
Arrèie : *
Art. 1 er . Aux termes de l'art. 32 du décret or
ganique sur 1^ presse, un premier avertissement
est donné à.la Gazette de France dans la personne,
de MM. Brisset et Aubfy-Foucault, gérant dudit
journal.
Art. 2. Le préfet de police est chargé de l'exé
cution du présent arrête.
Paris, le 14 août 18S2. -
Signé : de maupas.
Le journal l'Ordre, de Dijon, vient/de re
cevoir, de M. le préfet de la Côte-d'Or, un'
premier avertissement, dont la teneur suit :
« Nous, préfet de la Côte-d'Or,
« Vu le n° 92; en date du 12 août courait, du
journal ïffnlrr, contenant un article extrait de
l'Union, commençant par ces mots : «.Est-ce un
» bien, est-ce un mal que la vie politique s'amor-
» tisse dans un pays comme la France? » et ter-:
mine par ceux-ci : « L'objet de la politique est de
» développer la vie morale des peuples, non de la
» détruire. » ,
Vu l'art, 32, § 3, du décret organique sur la
presse, en date du 17 février 1SS2 ;
Considérant que cet article, conforme à l'esprit
non équivoque du journal l'Ordre, a pour but de
dej-recier la Constitution du 14 janvier 1852, de
iaire croire aux lecteurs de cette feuille que le but
du gouvernement est de porter atteinte aux droits
du peuple, lorsque cette Constitution elle-même a
proclame te suffrage universel, qui est la plus
forte garantie de ces droit*, et qu'une allusion au
régime du bas-empire est un outrage au peuple
lui-même et à la vérité ;
Arrêtons :
Art. 1". Un premier avertissement est donné au
journal l'Ordre, dans la personne de son rédacteur
en chef gérant.
Art. 2. M. le commissaire central de police de
Dijon est chargé de notifier à ce rédacteur Je pré
sent arrêté, qui devra être inséré en tête du pre
mier numéro de son journal
Fait à Dijon, le 15 août 1852.
Signé : Baron de B rt.
On lit dans le Journal du Puy-de-Dômè, de
Clermont-Ferrand, du 12 août :
- « Nous avions déjà commencé l'impression d'un
article en réponse aux imputations dirigées con
tre notre rédacteur en chef par l'Ami de la Pa
trie, quand M. le commissaire de police en chef
est venu neus inviter à iusérer* l'avertissement
donne à ce journal, et nous a prévenu, rie, la
pjri de il. le prefet, que si nous répond ons
par un article violent aux violences de l Ami
■de la Patrie, nous serions l'ob et d'une sembla
ble mesure, l'intention de l'administration n'é
tant pas dfe laisser ia presse loeite s'egarer plus
long-temps dans les scandales d'une polémique
personnelle et miurieusè.
» Le gérant ëu Journal du Puy-de-Dôme,
» CHARLES THIBAUD. »
Le Salut public du Lyon publie,'dans soû
numéro du 14 août, sur la demande de M. le
recteur de l'académie, la circulaire suivante
du ministre de l'instruction publique :
« Paris, 6 août 1833*
» Monsieur le recteur, "
» Voiis êtes informé, ainsi que plusieurs de vos
collègues .qui ont cru devoir appeler mon atu ntion
sur cet abus, que le journal l'Ensf iijntm nl pri
maire, imprimé à Pithiviers (Loiret), et rédué par
M. AUard, contient des excitations lâcheuses pour
les instituteurs primaires, qu'il emrage notamment-
à se réunir dans le but de signer des pétition- col
lectives adressées au prince-Président de la Répu-
biiaue. ; •
» Vous n'ignorez pas que la feuille dont il s'a
git ne s'est pas bornée à donner à cet é^ard aux
maîtres d'imprudens'conseils, mais qu'* lie a, en
outre, déver.-é le blâuie sur les actes de l'autorité,
à l'occasion d'avertissemens adressés à plusieurs
instituteurs. , '
» Le journal l'Enseignement primaire a, ipar '
dessus tout, le lôrt grave d'être rédigé dans un Sa
pât que l'administration ne saurait trop flétrir j il
amorce habituellement les instituteurs par les plus
grossières flatteries et par l'appât d'intérêts maté-»
riels qu'il excite en affectant de s'en constituer le
défenseur. Cotte dir ction d'idées, contre laquelle
vous ne sauriez lutter avec trop d'énergie, est
d'autant plus fâcheuse, qu'elle se couvre d'un dé
vouaient apparent à des principes d'ordre qu'elle-
naine, au contraire, inccssamqp^nt. ' ••
» Il est impossible de lai-ser les hommes char
gés de l'éducation de la jeunesse-Abandonnés à de
semb'ables influences. Je vous «gooimande, Mon
sieur le recteur, de faire sentir sus instituteurs de
votre ressort qu'ils doivent au'pouvoir, qu'ils sa
doivent à eux-mêmes, de w. plus soutenir pkr
leur subvention une telle publication.
i> Vous les inviterez donc à cesser immédiat^ '
ment leur abonnement à l'EnsHqnement primaire;
ceux d'entre eux'qui ne tiendraient pas compte
sous ce rapport, de vos s-agesavis, se montr-raient
nécessairement peu pénéirés des devoirs de. leur
état et peu dignes d'en exercer les fonctions. '
» Recevez, etc.
» Le ministre de l'instruction publique^
» Signé : fortoul. »
Nous lisons dans le Courrier de Marseille
du 15 août:
sialle de l'inde. et chine.
Le Banshee, capitaine^^Hosken, est entré ce ma
tin de bonne heure dans notre port, avec la malle
de l'Inde et de Chine. Mais la malle de Bombay
qui aurait dû arriver 'e 25 du mois passé, et que
nous comptions recevoir très sûremeut par l'arri
vage de ce jour, continue à manquer. On se perd ■
eu conjectures sur le sort du bateau i'Ajhiha, de
la compagnie orientale, dont n'a plus eu de nou
velles depuis son départ de Bombay qui eût lieu à
la date du 20 juin. . * -1 >
Les correspondances reçues aujourd'hui sont
daté-s de Calcutta 3 juillet, de Bombay 15 juillet,
la Chine M jaiu. . '
La malle qui a passé par Marseille le 27 mai,
ett airivee a Point-de-Galle le. 21 juin ; et celle
qui a passé le 11 juin «n'était pas arrivée à Bom
bay le 5 juillet, jour du départ du bateau.
Les trou ies birmanes, fortes de 1,200 hommes,
ont attaqué le 26 mai le fort de Mariaban en pos
session des AnglJij, et ont été vigoureusement
repoussées. •
Le 3 juin, une expédition est partie à bord du
vapeur l'hh qHun pour alléger P<;j:u.Les Aidais,
"après avoir brûlé les pagodes dod'ennetni tiTsynt
empaaés de la ville.
La p'us grande tranquillité règne dans toutes
les autres parties de l'Inde.
NOUVELLES ÊTHAKGS&ES.
BELGIQUE.
Le Moniteur belge publie la convention eo iclue
le 9 juillet, entre la Belgique et les Pays-Bas,
en vue de _ faciliter l'éMrtssrment de commu
nications directes par chemins de fer entre, les
deux pays. Par cette cenventiçm les deux gouver-
neinens s'engagent rèr iproqueuient à avisér. à
l'établissement, aus ,; i prùehain que possible, de
chemins de fer reliant ceux des deux pays, et
spécialement d'un chemin de fer qui, partaiit de
la station des chemins de fer de l'Etat belge k
Anvers, se diri-era vers le Hollaml-ch-Diep, où
il aboutira près de Roodevaart ou du Moerciyek,
en passant soit par Rooseridaal, soit par Be di;.
Dans le cas où ce chemin-de fer passerait, par Hoo-
sendaal, il serait construit un,embrar«chemeiit de
Roosendaal jusqu'à Breda. Les divers travaux pour
l'ttabh'seiuent de la ligne dont il s'agit seront
terminés dans un délai à fixer de commun accord
par les deux gouvernemens.
Jusqu'au moment où il aura été ét «li)i un cho-
min de feç du Holbmdsch-Diepjusq'a'à Rotterdam,
par Dordrecht, le chemin de fer d'Anvers au Hol-
landsch-Diep sera mis en communication avec
Rotterdam, pour le transport des voyageurs et des
marchandises, par un service régulier de bat à va-, eur en correspondance directe avec l'arrivée
et le départ de chaque convoi de voyageurs venant
d'Anvers ou y allant. En cas d'interruption de la
navigation par les glaces , le service sera, autant
que faire se pourra, remplacé par un service régu
lier de diligences ou d'omnibus. > >
. La convention re.cferme eu outredes stipulations
qui auront pour effet de régulariser et de faciliter
les relations, par cette voie, eijjfe les deux pays.
Elle a été ratifiée par S. M. le roi des Belles le
2 août et par S. M. le .roi des Pays Bas le 27 juil
let dernier; l'échange des ratifications a été effec
tué à Bruxelles le 4 de ce mois. :
— La reine d'Angleteire s'est embarquée à An
vers samedi, mais à une, heure 'plus avancée que
celle qui avait été indiquée. Elle s'est embarquée à
deux heures et demie. Le roi Léopold l'a accom
pagnée à bord de son yacht, «ju'it n'a quitté qu 'à
Lillo. Là, un bateau à vapeur belge, qui l'atten
dait, l'a pris à son bord, et l'a ramené à Bruie les.
Voici les navires qui composaient la flottille an
glaise, leur capacité et le criitfre de leur équipage :
Victoria and Albert 7;ï0 tx. BO!) chev.
Rétribution, 1600 400 300 horn.
Harraeonta, 1040 300 210
Oïlin, 560 • 230
Sampson , 860 230
Mufjicienne, 400 230
Hlaek-Eagle, ISO 170
Vivid, 120 "
Fairy (à hélice), 120
— Lors du dernier voyage de la reine 'Angle
terre en 1816, le baron Vander Cappetie est arrive
à Anvers à burd d'un yacht royal hollandais, paur
complimenter la reine Victoria de la part du r >'i de»
Pays-Bas. Cette fois aucun diplomate hollandais n'a
été chargé d'une mission semblable.
ALLEMAGNE.
berlin, 12 août.— On dit que la Constitution
sera le sujet de réclamations de la diète ger naai
que dans" l'intérêt de la législation feder*le. tes
dernières délibérations de la diète ne permettent
pas de douter ■ que. la commission politique ne
prenne le parti de décider que l'égalité, politique
acci-T.lée aux Israélites devra cesser ;! mais on
leur laisss'ral'éçahté civile. La première applic.itioa
de celte interprétation du pacte fédéral stre faite à
la Constitution de Francfort. En ce qui concerne)*
Prusse, avant d'agir d'office, on laissera probable
ment aux chambres le temps de metire'la Consti
tution en harmonie avec le pacte fédéral. i
(Gaz. de Cologne.)
Nous avons déjà annoncé que ie service divin
en commémorât ion, de l'empereur Napoléon, avait
éprouvé des difficulté*. El' conséquence M. de Va-
rennes, ambassadeur de France , a résolu de célé
brer le service dans la çhapelîe Je, son hôtel.
Une c #iTes ?OH
89EM3A.ra : S"&s& &9 Ffll«f3 (E^alals-Roy al), si 16!
B t^S.-LÏJNDI) $6 ET MARDI 17 AOUT.
ÏSES
VSSX SB l'ABOKÏÏESE«JS*
FASISj 13 V. PA£ T&IUISTRsjj
départemïns. 18 t. —
UN NUMÉRO : «0 CENTIMES. 1
pour us pats étrangnas se reportai
au tawean qui sera pvfluè dans le Joumïlj
; es 10 et || de obaqve moijy
{Les sbevsttôms dattni des 1* ti 16
dt chaqtu «oi.-J
S'adresser, franco, pour la rédaction, à Mï CuCHEVAi-CuaiGNT, )
Les articles déposés ne sont pas rendus.
~ w
Jpg.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
IOn s'abonne, dun ■ lei département, aux Messageries et aux Directions de poste.—-A Londres, chez MM® CowiE et fils,
' fc= A. Strasbourg, chez M. A lexandr E ) pour L'Allemagne.
; l
S'adresser, franco, pour l 'administration, à M.JD bnai I ï, directcwf
1er adaoacw r.r,st reçues au bureaa in journal s et che* M. PÀMS, ri^tsseai, 10, place de la Bôw«
PARIS, 16 AOUT,
Il est intéressant", dans un moment où
les entreprises de chemins de fi;r prennent
un? extension si considérable, de suivre les
progrès du so as-comptoir d'escompte des
chemins de fer, orgautsé, il y a dix-huit
mois , avec le ^concours du gouverne-,
lûaiit. Le rapport présenté ( par le con
seil d'administration a la dernière.assemblée
générale donne des renseignemehs détaillés
à ce sujet. Nous en extrayons les faits prin
cipaux.,
, Le fous-comptoir, dont le capital effectif
S'élevait, à l'époque da sa création, en juin
1851, à 866,200 .fr., l'a complété par un
nouvel appel aux compagnies anciennes
Ct aouvelies, et l'a porté à 1,9 )2 300 francs.
Le gouvernement a accordé sagarautie au
sous-comptoir jusqu'à concurrence de la
moitié du capital fourni par les compa
gnies. Il ui résulte , par conséquent, un
accrtiiïSeun-ut de 951,150 fr. dans ses res
sources < ,'F-ctives, ce qui les élève à
2,853.-430 fr. .
Grâce à cet accroissement de ressources,
le soua-comptoir a pu étendre les facilités
offi rtes au; public. Il s'est entendu d'abord
avec la chiiiTihie syndicale desagens de chan
ge pour traiter directement avec elle, "et sans,;
l'entremise des agens, toutes ies opérations
relatives aux prêts tn liquidation, tant eu
ce qui concerne la* livraison et le retrait des
ti traque pour le ve "se mail ou le recouvre
ment des fonds. La Banque de France ayant
réduit l'intérêt de 4 à 3 0/0, ii a, par une con
séquence naturelle,réduit lui-même l'intérêt
de ses prêts de 5 à 4 0/0. Aussi, malgré la
concurrence de ce grand établissement,qui a
étendu ses avances aux valeurs "dus che
mins de fer, il a vu ses opérations monter
de 9 800 000 fr. pendant le second semestre
de 1831, à 21 millions fr. pendant le pre
mier semestre de 1832. Le total des prêts,-
pendant cette année 1331-1852, a atteint
30,900 000 fr., tandié qu'il n'avait étéifhe
de 13,300,1)00 Ir. pendant l'année 1830-1831,
ce qui représente-une augmentation de 132
0/0.
Ce qui mérite d'être remarqué, c'est que
toutes les rentrées, montant à plus de 26
millions, se sont effectuées régulièrement,
sans donner lieu à aucune -poursuite, saus
laisser nu seul eif ît en souffrance.
"Les bénéliees du sous-comptoir ont été de
80,000 fr., et, comme les dépenses diverses
n'ont été qii.* d-j 32,000 fr., il est resté dis
ponible une somme de 48,000 fr., qui a per
mis de distribuer un dividende de 4 1/2 0/0
aux sousc'ript urs; résultat.d'autant plus .sa
tisfaisant .que sur ces 4 ;l/2, iryena2 1/2
qui ihaviennent du second semestre, maillé
la lédtiction operce dans le. taux dû l'-es*
corn y ie. On sait dtel 1 leurs que le sous-com'^ij"
toir a été crée, non daus un but de spécula-!
tion,màis uniquement pour desservir leg
intérêts des porteurs de titres. Le dividende
est donc, un profit ajouté aux avantages gé
néraux qu'on avait voulu obtenir, et qu'on
a'réalisés. . ,
Le rapport du conseil d'administration ,sej
termineen constatant les résultats de lahaus-es
cont nue des litres de chemins de fVr. La va-!
leur réelle des actions et obligations des
compagnies auxquelles ,1e sous - comptoir 1
prêtait son office au'1 er juillet 1831, était de
573 millions; elle était, au 1 er juillet 1832,:
de 917. millions. C'est un accroissement'
de 59 0/0, qui dotiae un aperçu de tout ce
qu'a g,igné le puys au l'établissement de l'or
dre et a l'affermissement de l'autorité.
Des re'mercîtnens mérités ont été adressés
au directeur, M, Lemaître, directeur d u mou
vement des fonds au ministère des finances,
qui a renoncé à toute indemnité pour sesj
l'on< tions et qui consacre gratuitement ses
soins au sous-comptoir.
L'assemblée a adopté, sur la proposition
du conseil d'administration, plusieurs mo
difications à ses statuts. L'uue permet de
porter le capital soeial de 2 à'4 millions.
Une autre porte que , lorsque les bénéfi
ces s'é èvf-ront à un ta«,supérieur à ce
lui qui est fixé par la Bmqùe de France:
pour ses escomptes ordinaires, la moitié 1
ae l'excédant sera employée à foemer un
fonds de réserve, et .l'autre moitié, seras
distribuée aux actionnaires/Enfin une troi-,
sième consiste à créer un comité d'escompte-
chargé d'examiner les demandes de prêt.;
Toutes ces mesures ont pour but, comme onj
toit, d'étendre et de fortifier l'institution; i
i. burat. !
LA FÊTE BU 15 AOUT.
La fête du 15 août a été l'une des plus ma-
gnifiqués que Paris ait encore vues. Il n'y a
manqué que deux choses ; le soleil d'août et
un ciel pur. Mais l'été bizarre etquinteux:
que nous avons ne nous accorde pas de telles !
faveurs mêmeenla plus belle saison et pour
un jour qui de mémoire d'homme n'avait
jamais vu de pluie. Après des chaleurs
accablantes , il nous donne, dans ie
.mois, le plus beau de nos climats, un temps
aigre, orageux, agaçant pour les nerfs et,
.fertile en rhumes et en pleuresies. Ajoutez
.à tout cela un rent rude et violent qu'il ne
.faut .pas trop maudire^ toutefois, car c'ejt
.lui qui, vraisemblablement hier, nous a pré
servés des ondées menaçantes que les nuages
ont tenues suspendues sur nosiètesuie par-
. tiede la journée. »
Tels sont 1. s obstacles qui ont contrarié la
'fête du 15 août, et qui n'ont pu, toutefois,
lui enlever son éclat et sa solennité. Rien de
plus curieux à voir que l'aspect de Paris.
Cette vaste capitale, dont la population
se grossit des contingens envoyés par la 1 pro
vince, et amenés par les trains de plaisir,
forme par elle-même le plus original des
spccifscies. Tout le monde est sur pied dès le
matin et ne se couche qu'à l'aube. Tous les
.rangs, toutes les conditions sont coufon
cœur joie. Jamais public ne se divertit «lus
franchement et ne témoigne plus hautement
sa satisfaction.
La fête avait'été conçue de façon que
les dispositions prises pour l'illumination du
soir servissent de décoration pendant le jour.
La grande avenue des Champs-Elysées avait
été ornée de cinquantedeux fontaines Imites
de- sept mètres et d'une forme gracieuse. La
vasque rkiire était comme une vaste
coibeiile détours sur laquelle trois caria
tides .-élégantes supportaient une ombelle de
feuilles de palmier. Ces fontaines étaient
reliées entre elles par des guii-lan-ius de
verres de cou'eurs. Les candélabres à gaz. au
nombre de 150, avaient été garnis d'un in
génieux appareil figurant un N couronné et
entouré de lauriers. Au Roni-Point, s'éle
vait la statue équestre de Napoléon. Cette
statue, de M. de Nieuweikerque, est pla
cée sur un piédestal, que uous avons déjà
décrit. Le cheval au repos, mais respi
rant de loin l'odeur de la poudre , ^ est
fort bien réussi. La figure pensive et gra
ve de 1 Empereur est très belle. On trou
ve seulement que le cavalier est un peu pe
tit pour le t cheval, et l'on blâme le statuaire
d'avoir altéré la forme traditionnelle du cha
peau,en élargissant trop les ailes. Ce dernier
défaut peut être facilement réparé. L'aspect
généraliîst d'ailleurs satisfaisant et magistral.
La place de la Concorde était magnifi
que avoir; les deux grandes fontaines étaient
environnées deflèurs. Quàtrepàlmiers gigan
tesques entouraient l'obélisque. Autour de la
place, des fontaines et des candélabres for
maient une sorte de première enceinte et des
mâlspavoisésporiantdesbinnières en verres
de couleur en composaient due seconde. L'hô
tel du ministère de la marine avaitété décoré à
la façon italienne, de larges pièces flotiantesde
velours lamé-d'or. Au centre de la.galerie
avait été disposée une tribune splendidèponr
le prince-Président et pour si suite. Enfin,
en face du Palais-Bourbon, ou .voyait se des
siner les tours à çréaeàux du fort de Bard
et les cimes neigeuses du Saint-Baraard,
d'un aspect bien plus pittoresque assuré
ment que 1e fronton grec qu'on y voit
d'ordinaire. Par malheur,Ml avait fa!tu re
noncer, à raison du vent, à placer l'aigle
de Barye qui devait orner l'arc-de-triomphe
de l'Etoile.
Après ces détails préliminaires, nous al
lons raconter les principaux épisodes de la ;
l'été.
te demi et bevue de la garde nationale.
La fête a commenté par de solennelles ac
tions de grâces rendues à Dieu. Un Te Deurn
a été chanté à la Madeleine-. Des draperies
rouges semées d'abeilles d'or avaient été pla
cée» autour des colonnes du péristyle. Une
double haie de troupes d'infanterie et.de ca
valerie boidait la rue Royale. Des masses de
curieux garnissaient les ahordsde l'église et
les fenêtres voisines.A i'iutérieur.un fauteuil
avait été disposé pour le prince Président., en
face de l'autel. Le banc d'oeuvre était destiné
pour les hauts dignitaires. De chaque côté
de la nef, avaient pris place ies députations
du Sénat,'du conseil d'Etat, du Corps Lé
gislatif, de la magistrature, du barreau, de
l'armée, tons en uniforme, ou eu costume.
Le corps diplomatique y était aussi repré
sente. On y voyait un certain nombred'tiui--
formes anglais, prussiens, belges et bava
rois. Le priuce-Président, suivi de sa mai-
sou militaire , est arrivé à la porte de
de l'église à neuf heures et demie très pré
cises. M. le curé de la Maîelcnielui~a adres
sé uoé courte allocation, et les saints rites
ont commencé immédiatement. Une. messe
en musique de M. Dletseha été fort bien exé
cutée. On a n marqué le Credo , surtout le Te.
Deum et le Domine saluum. Pendant cette au-
gu-te cérémonie, la nef de la Madeleine of
frait uu très beau coup d'oeil.-H" faut regret-!
ter que la sé vérité des con-igoes, oula-parci-
mônie des distributeurs de billets, n'ait pas
permis qu'elle fût plus complètement rem-
plie. Un tiers des places étaient vides. Louis-;
Napoléon s'est retiré après la messe en ré
pondant à droite et à gauche àux saints res
pectueux qu'il rencontrait sur son passage.
A lasortiede l'église, sou départ, «mime son
arrivée, a soulevé dans la foule de nombreu
ses acclamations.
Les drapeaux de la garde nationale avaient
été bénits et distribués à l'issue de la messe.
La revue a eu liéu de onze heures à une
heure de l'après-midi. Les légions étaient
échelonnées ie long de la grande avenue des
Champs-Elysées. Le prince-Président, à che
val et suivi de son brillant cortège, a passé
sur le front destiataîilons et est venu se pla
cer devant la grille du Pont-Tupinant. Le
défilé s'est fait au bruit des musiques mili
taires. Par malheur, c'était à ce moment qu'a-
soufflé le plus cruellement la bourrasque
impitoyable qui a duré jusque verstroisheu-
res, soulevant des nuages de poussière, ren
versant les fleurs des fontaines, déchirant les:
toiles du feu d'artifice. Ces rafales ont nui!
à i'elfet du défilé, qui s'est terminé à une
heure par la belle légion de cavalerie.
régates et combat naval.
L'un des spectacles les plus curieux de la
journée d'hier a été le combat naval. Pen
dant vingt ans Paris port de mer a été' le
rèvedetoui les Parisiens. Ce rêve s'est en
partie réalisé. On a vu dans les eaux de
la Seine, daus ce vaste bassin qui s'étend
du pont d'iôna au pont d'Austerlitz, une.
frégate, montée par de vrais marins, attaquée
par des bateaux à vapeur et par des chaloupes
canonnières, canouaée par des batteries de
terre, le simulacre, en un mol, d'une bataille
navale. Il n'y manquait que'la mer. Et enco
re, sous ce ciel cliargéde gros nuages gris,'
qui laissait échapper de temps en temps un
vif rayon de soleil, le fleuve, qui avait quit
té sa teinte limoneuse pour pifcndre une
nuance dr bronza en fusion^ avait - il
quelque peu l'apparence du liquide élément
sur les côtes de Bretagne. Quoi qu.il en soit.,
le public parisien, qui avait été déjà initié
au spectacle des grandes opérations mi
litaires lors de la féte des Aigles, a,'été fami
liarisé hier avec les péripéties de,la guene
maritime. A part les membres d"y> congrès
de la paix, qui gémiront de voir #és jeux de
la fui : e et du hasard devenir l'amusement
des peuples, il nousa semhlé que tou t le mon
de a pris le plu? vif intérêt à la fête nauti
que du quai de Billy. ,■
L'emplacement destiné à servir de théâtre
au combat ar.'dl. avait été judicieusement
choisi : la Seine en cet endroit est resserré
entre deux berges d'un accès facile, et qui
tracent à peu près deu* lignes droites. Des
amphithéâtres couverts'avaient,été- disposés
sur les deux rives pour le publio mûm de
billets. Sur la rive droite se trouvait la tri
bune du prince-Président, plus élevée que
les autres, ornée de draperies de velours et
couronnée d'une aigle d'or. En face de cette
tribune se trouvait amarce la frégate-école
la Ville de Paris , environnée de ses embar
cations armées. D'-oï b tUeries figurant des
forts étaient s £ur la rive. Du côlé du
pont d'Icna se tenaient en observation l'es
deux bateaux à vapeur, l'Arcas et la Calisto,
également entourés de leurs chaloupes gar
nies de soldats et portant un pavtlîou de fan
taisie jaune, amaranthe et vert, qui était le
pavillon ennemi.
Après les courses d'yoles,, le combat naval,
selon les promesses du programme, a com
mencé à q jatre heures précises. Le scénario,
qui atteste chez sou -auteur une imagination
fertile et une entente remarquable de l'inté
rêt dramatique, était, comme on le devine,
une lutte entre la frégate la Ville de Paris
«t les vapeurs l'Arcas et la Calisto , sou
tenues, "par les batteries des forts. Voici les
divers épisodes de ce combat terrible, qui
fera époque dans les fastes parisiens :
Les forts ouvrent le feu contre la Ville-
de-Paris qui riposte avec vigueur. Le vapeur
la Calisto, commandant de l'ennemi, envoie
en reconnaissance deux embarcations ar
mées. Les sentinelles de la . Ville-de-Paris
bêlant les canots et les reçoivent par une vive
fusillade. Les canots se bâtent.de se re
plier sur l'escadrille. Alors on voit s'avancer
en ordre de bataille les embarcations de i Ar
cas et de la Calisto. Les embarcations de la
Ville-dt'-Paris , secondées par le courant,
volent à leur rencontre. Une lutte animée
s'engage; mais le canot-commandant del'en-
nemi est entouré par les gens de la frégate et
capturé. Le capitaine est forcé de rendre son
épée. On l'emmène à bord, tandis que les
canots de l'Arcas et de la Calisto se retirent
en désordre. .7
Mais l'ennemi ne se décourage pas. L'Ar-
cas vient à son tour attaquer la frégate au
bruit des tambours et des clairons. Il est re
çu par un feu terrible, et il est forcé"d'auie-
,ner son pavillon. Deux chaloupes de la fré
gate viennent en prendre possession. t)u en
voie à fond de Cale les soldats de l'Arcas, et
ceux des chaloupes victorieuses se promè-
; nent triomphalement sur le pont.
L'affaire va mal pour l'ennemi. La Calisto,
intimidée, arbore le pavillon blanc et envoie
à bord de la frégate, un. parlementaire. Uae
trêve est proclamée. Joie générale panui
tous les équipages. Des musiques militaires
retentissent sur, les deux rives. Pendant cette
suspension de cationnade.etde mousqueterie,
c'est au tour des instrumens de cuivre a entrer
en lutte. Le combat a été livré entre les aa-
ciensinstrumens. qui occu paient larive di oi te,
et ceux de M. Sax, qui étaient sur la rive
gauche. Ces dermeis, d'une taille gigantes
que, avaient ros formas étranges rentres des
buccine? romaines que noùs a fait connaître
l'Opéra dans, le Juif-Errant. Nous ne pronon
cerons pas entre les combattans, qui ouf fort
bien joué d'ailleurs les uns et les autres, -
Nous revenons au- combat naval. Durant
ce,repos fallacieux les choses tournent subi
tement au tragique pour la Ville-de-Paris.
I>'aU)v*4 7 une rév,vite éi lat»- à boïd ; -de
ca. i. Les capteurs sont pris par leurs captifs
insurgés. Les hostilités recommencent. La
Ville-de-Paris, prise entre deux feux, est ex
posée au plus gra-id danger et menacée
d'un double abordage. Ainsi va,le pionde.
La roche Tarpéienne est près du CtipUole.
Rassurez-vous, ames, sensibles fit patrio
tiques 1 la ViVe-de-Poris ne succombera pas.
Elle puise dans son dése-poir- -des forces
nouvelles. Son cdpiia'ii' 1 se conduit '-n héros.
Il fait clouer son parilion au gfani-niàt.
L'abordage a lieu; mus les fquipjges in'ic-
m ; s sont repou-sés;- ld soute aux poudres
.faitexplosion a bora de VArcas et de la Ca
listo. L'ennemi est forcé de-se rendre. Les
musiques-militaires louent toutes ensemble
le célèbre chœur la Victoire tst K à nous, et les
matelots de la frégate, perché^ dans les hu
niers, agitent leurs chapeaux et font enten
dre d'énergiques hurïahs.
Aucun accident n'a troublé çette fête nau- '
tique, dont l'effet a été fort pittoresque et
fort amusant. Les évolutions se sont faites
avec la plus grande précision et la plus éton
nante célérité. La mêlée entre les canots, la
révolte, l'abordage, ont offert l'aspect le plus
.curieux. Les anciens, eux aussi, avaient leurs
naumaehies. Une d'elles, sous le règne d'Au
guste, coûta la vie à dix mille hommes daus
un bassin creusé exprès au pied du Janicuie.
Mais les Romains, dans un te:r,ps où l'on
combattait de près, étaient, forcés de faire
tuer les gens pour donner de 1 intérêt à leurs
jeux. De nos jours, on se bal à distanee.
L'artillerie supplée/à tout par son fracas in
nocent, On peut ainsi figurer des combats ef-
froyables sans autre inconvénient que de faire
brûler beaucoup de poudre. Les marins, les
soldats du génie, les chasseurs de Yincennes,
qui composaient les équipages des vais
seaux ennemis/se divertissaient de tout leur
coêurdans cette lutte inoffeflsive. Le soir,
les Irois bàtimens ont été pavoisés et iltu-
■ minés en signe de réconciliation et d'allé
gresse.
Nous devons mentionner' les joutes et les
divertissemens nautiqdes qui ont eu lieu à
Bercy à la mème heure. Des spectacles gra
tuits ont été donnés à i'Hippoarome et aax
Arènes nationales. Dr's musiques militaires
ont exécuté des symphonies à la Bastille, au
Cliàteau-d'Eau-, a la Madeleine et au carré
Marigny.
feu d'artifice.
Le feu d'artifiee, comme nous l'avions dit,
avait é'é disposé le long.de la façade du pa
lais Bourbon. Un essai malheuseux (jui avait
été tenté sur les hauteurs du Troea^ero, lors
de la fête des Aigles, a fait revenir à cette
ancienne place, adoptée pour ces sortes de
'réjouissances publiques sous la.monarchie
dè juillet. Mais les ordonnatetirs de ia fêfc
avaient innové en prenant dcs précautions
minutieuses pour qu'un nombre considéra
ble de spectateurs pussent voir commodé
ment assis. Des amphithéâtres de bois avaient
été établis sur les deux berges de la ri
ve droite comme pour le combat naval.
En outre, un autre amphithéâtre, immense
dans son étendue, occupait la terrasse du
bord de l'eau dans toute sa longueur, et le
feu d'artifice avait été placé d'une façon lé
gèrement oblique, de telle sorte qu'il se pré
sentait à merveille aux regards des milliers
de curieux qui avaient pénétré dans cette
enceinte privilégiée. Grâce à ces habiles
dispositions,, une fùule immense de fem
mes et d'enfans ont pu jouir eu toute sécu
rité de ce magnifique spectacle. Toutes les
-fenê^rés du Garde-Meuble, du ministère delà
marine, le péristyle de la Madeleine, les Tui
leries avaient donné aussi asile à nombre de
peï'sonnes. Enfin, la place de la Concorde, la
rue Rovaie, les quais, les ponts etaientrem-
plis par des masse»de spectateurs, qui, grâce
à l'immensité du local, pouvaient circuler
sans trop de difficulté, et admir-T, sans per
dre un détail, les ineidens du feu (l'artifice.
On avait - pu remarquer d'ailleurs, dès le
matin, d'intrépides amateurs qui, poussant
la curiosité jusqu'à l'héroïsme, s'étaient assis
sur les balustrades de pierre qui environnent
-les fosses, aujourd'hui comblés, delà place
de la Concorde, alin de pouvoir griniper, au
moment.décisif, sur ce piédestal improvisé.
Le temps orageux de la matinée avait fait
craindre pour la soirée-des torrens de pluie.
On avait vu, avec désespoir, dans la journée,
uue bouffée de vent enlever, comme un ri
deau qu'on déchiré", la toile peinte qui figu
rait une des tours crénel^estlu fort de Bard.
Mais ces craintes, Dieu merci ! n'étaient pas
fondées. L'horizon-S'est rasséréné dès le cou
cher du soleil, , et, peu à peu, les nuages
amoncelés se sont dissipés en vapeurs légè
res. La canonnade et la mousqueterie du
combat naval, en ébranlant l'atmosphère,
avaie.it peut-être contribué à cet heureux
résultat. L'artillerie formidable du feu d'ar
tifice b achevé l'opération. Vers dix heuie
la grande ourse a des me sur le ii ai.tmad
son sigma lumineux, lesetoiles ont brille; et
l'on a pji jouir de la temp*ratuit d une nuit
d'été. . < ■■
Le feu d'artifice, hâtons-nous de le dire, a
,eomp)ètement réussi. Le veut, en r.bassant
la fumée en ; arrière; a permis au public d'en
contempler toutes les péripéties. De l'aveu
de tout le monde, c'est le plus beau, le plus
intéressant, plus grandfose qu'on ait encore
vu à Pans. A plusièurs reprises, des applau-
di-?emens opt éclaté sur toute la ligne des
amphithéâtres, en témoignage de la satis-
. factiou et de l'admiration des spectateurs.
On avai t eu la bonne idée de donner au
feu d'artifice une signification historique.
,Les spectacles ne sont jamais mieux.eompns
• gue lorsqu'ils s'adressent à l'imagination
-impressionnable des masses, et lorsqu'ils
sont, pour ainsi dire, un enseignement et
une leçon. On a dit avec raison que nos
j "Vieilles cathédrales ap: renaient le caté
chisme aux masses. Il est bon que nos fêtes
populaires réveillent au sein d-; la foule les
■ grands souvenirs de la gloire nationale.
Ou avait choisi dans nos annales côntem-
poraines.Tim des plus saisissans épisodes de
• la vie militaire dé Napoléon •„ le passage des
A Ipes au montS «int-Bernard. On connaît les
"détails de cetie mémorable expédition dans
laquelle l'armée fiar.çaise a renouvelé kis
prodiges des soldats d'Annibal et des leudes
de Charlemagne, cn-bravant de plus grandes
difficultés et- en- transportant à travers ces.
hauteurs'iglacées l'immense matériel des.
troupes modernes. On sait comment l'ar-
-mée française s'est emparée du fort de
Bard, qui était la clé de ce défilé et comment
elle a traversé cette route presqueinipratica- ?
-Aile, sousi'tÈU4ufirnjul capitaine.,qui déjà
'méditait le plan de fa bdtijille deMarengo.
Tel est le Mt-d'prmes dont le feu d'artifi
ce devait rappeler le sôuveiiir. A neuf heu- ;
res précises (une exactitude ponctuelle a été
l'uu'des mérites de la fête du-15 août), le
signal a été.donné par l'explosion de bom
bes tricolores, et le feu a commencé. Il a dé
buté par ".les fusées, parles chandelles ro-
maïues les. seipenteduxd'usjge. On a vu cHa
cent ieis,'on le revoit toujours avec plai
sir, tant l'œil suit volontiers ces gerbes
lumineuses dans leur projection hardie
au sein de l'ompirée, jusqu'au •moment où
elles s'épanouissent en grappes rouges et
bleues ou en pluie d'or. Uae pièce a été En
suite allumée qui a conquis tous les suffra
ges. Elle secornposiitde trois trophées gran
dioses , encadrés dans une avenue de pal
miers lumineux. Letropliéedu milieu mon
trait un N gigantesque surmonté d'une cou
ronne impériale et dominé .par une aigle aux
ailes éployées. Les mats : arcole , marengo ,
austerlitz , se lisaient,distinctement inscrits
en caractères de f -u. Des fontaines jetaient
incessamment en l'air des étincelles rouges,
bleues et blanches, qui montaient et retom-
-baient comme les boules d'un jongleur in
visible. C'était à la fois d'un elfet majestueux
et chirmant.
- Mais l'attaque du for t de -Bard commence.
Les murailles crénelées, à la lueur des flara-
iii' s du Bengale,apparaissent chargées de sol
dats autrichiens. Le siège est entamé. Le-ca- :
non gronde. Assiégeans et assiégés échan
gent les boulets et les bombes, le tout en
pièces d'artifice^ bien entendu. L'assaut est
donné. Les Français sont vainqueurs. Ils
font sauter la redoute qu'ils ont prise. Alors
s'efl' ctue le passage de 1 armée française.
Napoléon, monté sur un cheval blanc, et
vêtu comme en un jour de bataille, sur
veille le :défilé des troupes du haut d'un;
rocher. Infanterie, cavalerie, artillerie, pas
sent devant lui sur un pont dont, les arches
immenses sont dessinées par des luçurs rou
ges. Bientôt la neige commence à tomber :
cVst une pluie de feu qui retombe de tous
côtés dans le fleuve et produit l'effet le plus
pittoresque. N'importe; le passage conti-'
nue au. milieu d'une nuée étincelànte com
me celle de l'Apocalypse, au sein de laquelle ;
se dessiâe le profil des tours de Bard, des
hommes, des chevaux , de l'artillerie, et
surtout l'image du Premier Consul, calme
et immobile au milieu de cette scène de cori-
" -fusion et de tumuJte.Nous ne faisons qu'in
diquer les principaux traits de ce tableau.
Ce sont la de ces choses qui se voient, qu'on
admire et qu'on ne saurait décrire. Nous
nous contenterons de'dire que toute cette
partie du feu d'artifice a offert un spectacle
vraiment feerique. Après cela, un splendide
bouquet a projeté aù loin des milliers de gi
randoles, et l'on a vu ^'élever dans les airs
un ballon qui emportait un N lumineux et
qui laissait tomber des parachutes-rempli de
feux tricolores. ! • ?
Le prince-Président, entouré d'un brillant
cortège de généraux et de dignitaires, avait
pris place sur le balcon du ministère de' la
marine. À l'issue du feu d'artifice, une foule
compacte s'est formée en face de cette tri
bune, et a salué le prince de ses acclama
tions.
illuminations.
Les illuminations eussent été une mer
veille ; mais le vent ne l'a pas voulu. On a pu
juger de leur effet piquant et gracieux par
les parties qui ont résisté aux efforts de la
bourrasque. Ainsi, rien de plus charmant
que les deux grandes fontaines versant leurs
ondes à flots et illuminées par des lan
ternes dans des globes de cristal, l'eau
avilit préservé les lumières contre le verd ;
et la réussite était là complète. Parmi les fon
taines des Champs - EIysées-quelques-wwï
■e entièrement, allumées çt elles
!~«W8-
avaient pu être entièrement, aliumées çt elles
étaient ravissantes à voir. Sur le boulevard
les palmiers d'or ayant pour fruits des lan
ternes chinoises aux trois couleurs , for
maient aussi ua coup-d'oeil délicieux. Ou a
pu pendant quelques minutes admirer la
spirale de feu qui enveloppait la colonne de
la place Vendôme et la croix lumineuse qui
surmontait le fronton de la Madeleine. L'il
lumination splendide de la place de la Con
corde, les étoiles, les N couronnés, les cor
dons flamboyans qui.sdlonuaient les édifices.
Mais, à peine allutnées, les illuminations
étaient éteintes par les raffales, et on n'a eu
que des illuminations partielles qui faisaient
regretter le reste.
Un dernier mécompte était encore réservé
au public. Le bal des lunocens n'a pu avoir
lieu. Lèvent, qui avait enlevé une partie delà
toiture, a empêché de terminer les apprêts.
Mais on ne perdra rien pour attendre. Mardi
nous dédommagera des déconvenues de di
manche. En résumé, la fête, qui fait hon
neur à la direction des Beaux-Arts, a par-
fa t ment réussi dans tout ce qui a pu être
prévu par les habiles ordonnateurs qui ont
tu tu mérite de la corftevoir et de la prépa
rer. Il. ne leur à manqué que de pouvoir
taire luire le,soleil et enchaîner les aquilons.
Le secrétaire de Ja rédaction, i. bomfacb.
Le gouvernement publié la déclaration
suivante : _ ,
«La fête du 45 août sera l'occasion d'actes nom
breux t'e clémence qui donneront une nouvelle
preuve de la magnanimité du grince-Président.
» Le temps n'est plus où les amnisties imposées
par li s exigences de la presse et des oppositions
politiques étaient, au grand détriment de l'ordre
public, un acte de faiblesse de la {fart du gouver
nement, un triomphe pour les partis.
» 11 ne saurait être aujourd'hui question d'une
amnistie générale. Le gouvernement ne pouvait,
sans compromettre la sécurité publique, dont le
soin est son premier devoir, étendre cette, me
sure à certains hommes qui ne rêvent que le bou
leversement de la société. Mais il a pu, dans la
pleine liberté de son initiative, tt après un sé-
rieui examen, accorder le pardon su repentir et
aux malheureux que di.s "hommes tiirbulens avaient
é^ Tés. Il a ainsi concilié les inttrèts de l'huma
nité et ceux de ta tranquillité publique.
» C'est dans cet esprit que le prince-Président
a accordé la grâce entière ou des commutations de
peine à p;us de' 1,200 per-o'mes • prises parmi les
condamnés pour causes politiques ou pour délits
communs^ » .
Les actes de clémence politique ne sont
point encore publiés. Le Moniteur se borne
a f dre connaître aujourd'hui le décret sui
vant :
Art.'1 er . Seront mis immédiatement en liberté
tous les individus contre lesquels la contraintepar
corps a été exercée pour le recouvrement des amen
des* et" Irais dus par stiite de Vié'iis 5u contraven
tions relatifs aux lois sur les forêts, la pèche, Ja
cti.!sse, la police du routage et la grande voiri;.
Iîeniîse est faite à ces individus des amendes
auxquelles ils ont été condamnés.
La Gazette de France publie, en tête de son
numéro de ce soir, l'avertissement suivant :
ministère de la police générale.
(Cabinet du ministre.) '
Le ministre de la police générale , vu l'art! 32
du décret organique sur la presse du 17 février-
1852;
V» l'article pubiie dans le journal la Gazette
du France, le 14 août i832; ledit article signé
Bri*set;
Attendu que cet article contient, sur de préten
dues modifications ministérielles , des assertions
complètement erronées et de nature à sema- des
doutes sor les véritables intentions du pouvoir ;
Arrèie : *
Art. 1 er . Aux termes de l'art. 32 du décret or
ganique sur 1^ presse, un premier avertissement
est donné à.la Gazette de France dans la personne,
de MM. Brisset et Aubfy-Foucault, gérant dudit
journal.
Art. 2. Le préfet de police est chargé de l'exé
cution du présent arrête.
Paris, le 14 août 18S2. -
Signé : de maupas.
Le journal l'Ordre, de Dijon, vient/de re
cevoir, de M. le préfet de la Côte-d'Or, un'
premier avertissement, dont la teneur suit :
« Nous, préfet de la Côte-d'Or,
« Vu le n° 92; en date du 12 août courait, du
journal ïffnlrr, contenant un article extrait de
l'Union, commençant par ces mots : «.Est-ce un
» bien, est-ce un mal que la vie politique s'amor-
» tisse dans un pays comme la France? » et ter-:
mine par ceux-ci : « L'objet de la politique est de
» développer la vie morale des peuples, non de la
» détruire. » ,
Vu l'art, 32, § 3, du décret organique sur la
presse, en date du 17 février 1SS2 ;
Considérant que cet article, conforme à l'esprit
non équivoque du journal l'Ordre, a pour but de
dej-recier la Constitution du 14 janvier 1852, de
iaire croire aux lecteurs de cette feuille que le but
du gouvernement est de porter atteinte aux droits
du peuple, lorsque cette Constitution elle-même a
proclame te suffrage universel, qui est la plus
forte garantie de ces droit*, et qu'une allusion au
régime du bas-empire est un outrage au peuple
lui-même et à la vérité ;
Arrêtons :
Art. 1". Un premier avertissement est donné au
journal l'Ordre, dans la personne de son rédacteur
en chef gérant.
Art. 2. M. le commissaire central de police de
Dijon est chargé de notifier à ce rédacteur Je pré
sent arrêté, qui devra être inséré en tête du pre
mier numéro de son journal
Fait à Dijon, le 15 août 1852.
Signé : Baron de B rt.
On lit dans le Journal du Puy-de-Dômè, de
Clermont-Ferrand, du 12 août :
- « Nous avions déjà commencé l'impression d'un
article en réponse aux imputations dirigées con
tre notre rédacteur en chef par l'Ami de la Pa
trie, quand M. le commissaire de police en chef
est venu neus inviter à iusérer* l'avertissement
donne à ce journal, et nous a prévenu, rie, la
pjri de il. le prefet, que si nous répond ons
par un article violent aux violences de l Ami
■de la Patrie, nous serions l'ob et d'une sembla
ble mesure, l'intention de l'administration n'é
tant pas dfe laisser ia presse loeite s'egarer plus
long-temps dans les scandales d'une polémique
personnelle et miurieusè.
» Le gérant ëu Journal du Puy-de-Dôme,
» CHARLES THIBAUD. »
Le Salut public du Lyon publie,'dans soû
numéro du 14 août, sur la demande de M. le
recteur de l'académie, la circulaire suivante
du ministre de l'instruction publique :
« Paris, 6 août 1833*
» Monsieur le recteur, "
» Voiis êtes informé, ainsi que plusieurs de vos
collègues .qui ont cru devoir appeler mon atu ntion
sur cet abus, que le journal l'Ensf iijntm nl pri
maire, imprimé à Pithiviers (Loiret), et rédué par
M. AUard, contient des excitations lâcheuses pour
les instituteurs primaires, qu'il emrage notamment-
à se réunir dans le but de signer des pétition- col
lectives adressées au prince-Président de la Répu-
biiaue. ; •
» Vous n'ignorez pas que la feuille dont il s'a
git ne s'est pas bornée à donner à cet é^ard aux
maîtres d'imprudens'conseils, mais qu'* lie a, en
outre, déver.-é le blâuie sur les actes de l'autorité,
à l'occasion d'avertissemens adressés à plusieurs
instituteurs. , '
» Le journal l'Enseignement primaire a, ipar '
dessus tout, le lôrt grave d'être rédigé dans un Sa
pât que l'administration ne saurait trop flétrir j il
amorce habituellement les instituteurs par les plus
grossières flatteries et par l'appât d'intérêts maté-»
riels qu'il excite en affectant de s'en constituer le
défenseur. Cotte dir ction d'idées, contre laquelle
vous ne sauriez lutter avec trop d'énergie, est
d'autant plus fâcheuse, qu'elle se couvre d'un dé
vouaient apparent à des principes d'ordre qu'elle-
naine, au contraire, inccssamqp^nt. ' ••
» Il est impossible de lai-ser les hommes char
gés de l'éducation de la jeunesse-Abandonnés à de
semb'ables influences. Je vous «gooimande, Mon
sieur le recteur, de faire sentir sus instituteurs de
votre ressort qu'ils doivent au'pouvoir, qu'ils sa
doivent à eux-mêmes, de w. plus soutenir pkr
leur subvention une telle publication.
i> Vous les inviterez donc à cesser immédiat^ '
ment leur abonnement à l'EnsHqnement primaire;
ceux d'entre eux'qui ne tiendraient pas compte
sous ce rapport, de vos s-agesavis, se montr-raient
nécessairement peu pénéirés des devoirs de. leur
état et peu dignes d'en exercer les fonctions. '
» Recevez, etc.
» Le ministre de l'instruction publique^
» Signé : fortoul. »
Nous lisons dans le Courrier de Marseille
du 15 août:
sialle de l'inde. et chine.
Le Banshee, capitaine^^Hosken, est entré ce ma
tin de bonne heure dans notre port, avec la malle
de l'Inde et de Chine. Mais la malle de Bombay
qui aurait dû arriver 'e 25 du mois passé, et que
nous comptions recevoir très sûremeut par l'arri
vage de ce jour, continue à manquer. On se perd ■
eu conjectures sur le sort du bateau i'Ajhiha, de
la compagnie orientale, dont n'a plus eu de nou
velles depuis son départ de Bombay qui eût lieu à
la date du 20 juin. . * -1 >
Les correspondances reçues aujourd'hui sont
daté-s de Calcutta 3 juillet, de Bombay 15 juillet,
la Chine M jaiu. . '
La malle qui a passé par Marseille le 27 mai,
ett airivee a Point-de-Galle le. 21 juin ; et celle
qui a passé le 11 juin «n'était pas arrivée à Bom
bay le 5 juillet, jour du départ du bateau.
Les trou ies birmanes, fortes de 1,200 hommes,
ont attaqué le 26 mai le fort de Mariaban en pos
session des AnglJij, et ont été vigoureusement
repoussées. •
Le 3 juin, une expédition est partie à bord du
vapeur l'hh qHun pour alléger P<;j:u.Les Aidais,
"après avoir brûlé les pagodes dod'ennetni tiTsynt
empaaés de la ville.
La p'us grande tranquillité règne dans toutes
les autres parties de l'Inde.
NOUVELLES ÊTHAKGS&ES.
BELGIQUE.
Le Moniteur belge publie la convention eo iclue
le 9 juillet, entre la Belgique et les Pays-Bas,
en vue de _ faciliter l'éMrtssrment de commu
nications directes par chemins de fer entre, les
deux pays. Par cette cenventiçm les deux gouver-
neinens s'engagent rèr iproqueuient à avisér. à
l'établissement, aus ,; i prùehain que possible, de
chemins de fer reliant ceux des deux pays, et
spécialement d'un chemin de fer qui, partaiit de
la station des chemins de fer de l'Etat belge k
Anvers, se diri-era vers le Hollaml-ch-Diep, où
il aboutira près de Roodevaart ou du Moerciyek,
en passant soit par Rooseridaal, soit par Be di;.
Dans le cas où ce chemin-de fer passerait, par Hoo-
sendaal, il serait construit un,embrar«chemeiit de
Roosendaal jusqu'à Breda. Les divers travaux pour
l'ttabh'seiuent de la ligne dont il s'agit seront
terminés dans un délai à fixer de commun accord
par les deux gouvernemens.
Jusqu'au moment où il aura été ét «li)i un cho-
min de feç du Holbmdsch-Diepjusq'a'à Rotterdam,
par Dordrecht, le chemin de fer d'Anvers au Hol-
landsch-Diep sera mis en communication avec
Rotterdam, pour le transport des voyageurs et des
marchandises, par un service régulier de bat
et le départ de chaque convoi de voyageurs venant
d'Anvers ou y allant. En cas d'interruption de la
navigation par les glaces , le service sera, autant
que faire se pourra, remplacé par un service régu
lier de diligences ou d'omnibus. > >
. La convention re.cferme eu outredes stipulations
qui auront pour effet de régulariser et de faciliter
les relations, par cette voie, eijjfe les deux pays.
Elle a été ratifiée par S. M. le roi des Belles le
2 août et par S. M. le .roi des Pays Bas le 27 juil
let dernier; l'échange des ratifications a été effec
tué à Bruxelles le 4 de ce mois. :
— La reine d'Angleteire s'est embarquée à An
vers samedi, mais à une, heure 'plus avancée que
celle qui avait été indiquée. Elle s'est embarquée à
deux heures et demie. Le roi Léopold l'a accom
pagnée à bord de son yacht, «ju'it n'a quitté qu 'à
Lillo. Là, un bateau à vapeur belge, qui l'atten
dait, l'a pris à son bord, et l'a ramené à Bruie les.
Voici les navires qui composaient la flottille an
glaise, leur capacité et le criitfre de leur équipage :
Victoria and Albert 7;ï0 tx. BO!) chev.
Rétribution, 1600 400 300 horn.
Harraeonta, 1040 300 210
Oïlin, 560 • 230
Sampson , 860 230
Mufjicienne, 400 230
Hlaek-Eagle, ISO 170
Vivid, 120 "
Fairy (à hélice), 120
— Lors du dernier voyage de la reine 'Angle
terre en 1816, le baron Vander Cappetie est arrive
à Anvers à burd d'un yacht royal hollandais, paur
complimenter la reine Victoria de la part du r >'i de»
Pays-Bas. Cette fois aucun diplomate hollandais n'a
été chargé d'une mission semblable.
ALLEMAGNE.
berlin, 12 août.— On dit que la Constitution
sera le sujet de réclamations de la diète ger naai
que dans" l'intérêt de la législation feder*le. tes
dernières délibérations de la diète ne permettent
pas de douter ■ que. la commission politique ne
prenne le parti de décider que l'égalité, politique
acci-T.lée aux Israélites devra cesser ;! mais on
leur laisss'ral'éçahté civile. La première applic.itioa
de celte interprétation du pacte fédéral stre faite à
la Constitution de Francfort. En ce qui concerne)*
Prusse, avant d'agir d'office, on laissera probable
ment aux chambres le temps de metire'la Consti
tution en harmonie avec le pacte fédéral. i
(Gaz. de Cologne.)
Nous avons déjà annoncé que ie service divin
en commémorât ion, de l'empereur Napoléon, avait
éprouvé des difficulté*. El' conséquence M. de Va-
rennes, ambassadeur de France , a résolu de célé
brer le service dans la çhapelîe Je, son hôtel.
Une c #iTes ?OH
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