Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-29
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 juillet 1852 29 juillet 1852
Description : 1852/07/29 (Numéro 211). 1852/07/29 (Numéro 211).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 211.
S*BE.%fcX i ma <£« M«i< (Palals-ïlayat), ni 10."
1} 1852.-JEU»! 29 JUILLET.
9JUS »S L'ABOMEfSSUBKV
PARIS....... 13 ï. PAJ& TRMSSTfi*,
BKPARTKMENS. tS F. — -
TJN -NUMÉRO : ®û CENTIMES.
POUR- LES PAYS ÉTRANGEBS SO repCTtSI
' bu tableaa qui sera publie dan» lejounial, '
los 10 et 35 da chaque "moisi
Met ttsm&vuns datentdt* i« ei 1$
c£* chaqtt* tneit}
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
\ ;-y
S'adresser, franco,' pour la rédactien , à M, CycaKVll-ClA^siC
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et fils»! S'adresser, franco, pour l'administration, « tM ^ DenaiN , directeur!
Les annonces sont reçues au bureau du journal; et chox M. PAKIS, régistear, 10, place ie Ja
PARIS, 28 JUILLET.
/ • Nos free-traders, tout glorieux du nou
veau succès que le libre-échange vient d'ob
tenir dans les élections anglaises, s'empres
sent d'en conclure que leur principe favori
déit triompher également de ce côté du dé
troit. Après la consécration que le verdict
électoral vient de donner aux réformes opé
rées par sir Robert Peel et lord John Russell,
le système protecteur n'a plus, s'il faut kg en
croire, qu'à baisser la tête et à se rendre à dis
crétion partout oùilsubsiste encore. C'est une
défaite universelle. Les élèctions du Royau
me-Uni n'ont pas seulement sanctionné l'a
bolition du Corn-Laws en Angleterre; el
les ont encore, sans que nous nous en
doutions, abrogé notre tarif de douanes, et,
comme dirait Ml Proudhon, l'heure de la
liquidation de notre vieux système écono
miques sonné sans retour.
Si les ânglomanes qui tiennent ce laagage
■voulaient se donner la peine d'examiner les
causes qui ont amené le triomphe du libre-
échange chez nos voisins, il leur serait facile
de reconnaître que le résultat des dermeres
élections s'explique par une situation toute
particulière à la Grande-Bretagne. 11 y a,
de l'autre côte'de la Manche, une nïajorite
acquise au free-trade, nous ne faisons nulle
difficulté de le reconnaître. Mais comment
cette majorité s'est-elle formée? Quels sont
les élémens qui la composent? Voilà ce qu'il
importe de rechercher avant d'en conclure
qu'on puisse également trouver chez nous
upe majorité pourles principes qui ont pré
valu en Angleterre.
Les Anglais sont, comme on sait, doués
d'un sens trop pratique pour's'éprendre
d'une théorie. Il y a long-temps qu'Adam
Smilh a publié ses trois volumes sur la
Richesse des Nations.-Le libre-échange n'é
tait donc pas chose nouvelle pour eux ;
mais ils le laissaient dans les livres, et
il faut voir avec quelle ironie M. Can-
ning, malgré le libéralisme de ses doc
trines économiques, se moquait encore
en 1822, dans une brochure célèbre, des
freé-traders- de cette époque.' Si le libre-
échange çt finipar triompher, ce n'est pas à
titre de découverte économique, c'est que sa
victoire est devenue nécessaire à upe masse
d'intérêts qui avaient la prépondérance' et
qui par cela même devaient l'emporter.
} La législation de l'Angleterre a été, jus
que dans ces "derniers temps, la législation
la plus énergiquement protectrice, qui ait
jamais existé. Elle embrassait tout à la fois
les intérêts agricoles et les; intérêts indus
triels. Les g'-ains étrangers étaiçnt frap
pés de droits énormes ; l'importation des
tissus était prohibée,, et l'on avait décrété
la peine capitale; contre quiconque ferait
sortir du Royaume-Uni une machine à filer
le coton. Ainsi la Grande-Bretagne avait
poussé le système de la protection jusqu'à
ses conséquences les plus extrêmes; elle n'a
vait pas craint, pour en assurer l'exécution^
de recourir même à la peine de mort. 1
Cependant l'intérêt industriel et l'intérêt
agricole , qui avaient vécu en bonne intelli
gence sous l'empire de cette législation,-se
séparèrent il y a quelques années. Les ma
nufacturiers, qui étaient maîtres de tous les
marchés extérieurs, s'aperçurent que la pro-
tection leur était désormais inutile. Ils ré
clamèrent donc l'abolition de tous les tarifs
qui frappaient les produits fabriqués ou
agricoles. C'était une réforme radicale, fnais
-qui ne pouvait avoir que des avantages
pour eux. Ils n'avaient pas à craindre de
"voiries produits fabriqués de l'étranger "ve
nir leur faire concurrence sur le marché
anglais, et ils espéraient, en provoquant
l'importation des produits agricoles, attein
dre un double but : -abaisser le prix des
salaires et s'ouvrir de nouveaux déb.ouchés.
Telle a donc été l'origine du libre-échange
en Angleterre. C'est l'industrie elle-même,
"qui, après avoir grandi et s'être élevée au
plus haut degré de puissance à l'abri du sys
tème protecieur le plus excessif qu'on eût
jamais vu, a donné le signal de l'agitation
en faveur du frec-trade. Manchester fut le ber
ceau de la ligue. Des comités s'organisèrent
dans tous les-centres de fabriques. Les manu
facturiers souscrivirent des sommes considé
rables pour subvenir aux frais de la propa
gande. Ils n'expédiaient pas de ballots de
marchandises sans y joindre quelques exem
plaires d'un discours de Cobden ou d'un
pamphlet de Thompson.
L'intérêt agricole essaya de s'opposer au
mouvement, mais il*n'était pas de force à
résister. D'une part, il était moins actif,
moins entreprenant que son rival ; d'autre
part, il était dans une mauvaise position
pour se défendre. Le sol britannique ne
suffit plus à nourrir ses habitans,et l'impor
tation des grains étrangers est une nécessité
impérieuSe pour l'alimentation du pays.
Ajoutons que toute la surface du terri
toire est entre les mains d'une aristocra
tie peu nombreuse. Quel beau thème de
déclamation pour les ligueurs 1 Aussi en
ont-ils largement usé. C'est au côté poli
tique et social dë la question qu'ils s'at
tachaient surtout pour émouvoir' les mas
ses. C était la spoliation seigneuriale, ainsi
qu ils rappelaient eux-mêmes, qui excitait
leur verve et qui était leur grand prétexte
d'agitation.,
La question ainsi posée, le résultat de la
lutte ne pouvait être douteux.' Tout dépen
dait, en effet, de la force numérique des
classes de la population engagées dans les
deux intérêts. La classe -manufacturière,
qui ne représentait guère , auv commen
cement de ce siècle, que la moitié de la
population totale de la Grande-Bretagne, en
constitue aujourd'hui les deux tiers. Ainsi,
chez nos voisins, les industriels sont main
tenant en nombre double des agriculteurs.
La victoire devait donc nécessairement leur
rester.
C'est là ce qui explique le succès du libre-
échange dans les diverses élections qui ont
eu lieu depuis douze, ans. Le libre-échange
est l'œuvre ' de la classe industrielle. C'est la
classe industrielle qui lui à donné naissance
et qui le soutient. Pourquoi y renoncerait-
elle aujourd'hui? L'agriculture, il est vrai,
est en grande souffrance ; le prix du blé
est .tombé au dessous du taux reconnu
nécessaire pour l'indemniser de ses frais de
toute sorte; elle est obligée de laisser en
pâturage Une partie du .sol qu'elle cultivait
en grains. Mais qu'importe à la classe in
dustrielle? Si les céréales étrangères en
combrent les porte du Royaume-Uni, il
n'y entre pas plus de produits fabriqués
qu'auparavant, et l'importation des blés'ne
fait que faciliter l'exportation de ses tissus,
de sa quincaillerie, de sa houille, de ses fers.
Il n'y avait donc pas de raison pour que la
classe industrielle, qui a la majorité dans les
comices électoraux, ne maintînt pas un sys
tème dont elle a eu l'initiative, et dont elle
n'a recueilli que les profits.
Les,élections ont été ce qu'elles devaient
être d'après les forces respectives des inté
rêts qui étaien t en lutte. Le parti protection
niste a plutôt gagné. Les agriculteurs ont fait
des efforts, et certains ports, comme Liver-
pool, ont protesté hautement contre l'appli
cation du libre-échange aux relations mari
times. Mais, malgré toutes ces recrues, la
victoire n'en devait pas moins rester aux
gros bataillons. La classe industrielle,
n'ayant voulu faire aucune concession à
l'agriculture, a triomphé. Le ministère de
lord Derby avait tellement prévu ce ré-,
sultat, qu'il n'avait pas même Voulu por
ter la lutte électorale sur un terrain où il
lui était impossible de réussir.
Nous laissons à l'avenir le soin de pronon
cer sur le régime auquel les prétentions ex
clusives de la classe industrielle ont soumis
l'AngMerre. Le Royaume-lu ai est placé au
jourd'hui dans cette situation, qu'il est for
cé de demander à l'étranger le tiers de sa
consommation en blé. C'est un acte de har
diesse. Mais la hardiesse n'est-elle pas ici de
la témérité? L f Angleterre ne peut assurer sa
nourriture qu'à une condition, celle de rester
toujours maîtresse des mers. Il. faut qu'elle
puisse en tout temps, même en pleine guer
re, faire entrer dans ses ports les huit à ilix
mille bâtimens de 200 à 300 tonneaux qui
sont nécessaires pour transporter la massé de
céréales qu'elle tire de l'extérieur. Or, a-t-
elle fait un pacte avec la victoire? Après
avoir été maîtres du continent, n'avons-nous
pas été exposés à de tristes retours?
Quoi qu'il en soit, nous demandons com
ment le triomphe du libre-échange en An
gleterre pourrait amener son triomphe chez
nous. L 'initiative de la réforme commerciale ;
opérée dans la Grande-Bretagne, est partie,
comme nous venons de l'expliquer, non-pas
d'économistes, de théoriciens ou de profes
seurs, mais des manufacturiers eux-mêmes.
Lemouvementaétéetestresté exclusivement
industriel. Que voyons-nous en France ? Ces
cjasses manufacturières, au concours des
quelles le libre-échange a dû son succès de,
l'autre 1 côté du détroit, il les rencontre chez
nous parmi ses adversaire» les plus déclarés.
La ligue de Manchester comptait autour d'elle"
plus de cent comités locaux qui s'étaient for
més dans les principaux centres industriels de
l'Angleterre. Nos villes de fabrique, au con
traire, qu'elles soient situées au nord ou au
midi, à l'est ou à l'ouest, qu'elles tissent la
laine, le coton ou le lin, qu'elles produisent
le fer ou qu'elles le mettent en œuvre, se
prononcent -vivement contre un système
qui les ruinerait de fond en comble et qui
mettrait sur le pavé tous les ouvriers qu'el
les emploient. L'agriculture, par l'organe de
son conseil-général, de ses congrès et de
ses comices, ne s'élève pas avec moins d'é
nergie contre l'applicaiion d'une théorie
qui ne lui serait pas moins funeste. Ainsi, à
la différence dé ce qui a lieu en Angleterre,
le libre-échange ne s'appuie en France sur
aucun des deux [grands intérêts du pays. Il
est également repousse, à peu d'exceptions
près, parlés Classes industrielles et par les
classes agricoles. Le mouvement quel'on
cherche à créer en sa faveur est complète
ment factice. C'est l'œuvre de quelques éco
nomistes qui, suivant l'expression de M.
Rossi, font abstraction de la nationalité,
du temps et de l'espace, et qui prétendent
nous mettre, au régime de théories précon.*''
çuesv II échouera donc précisément -parce
qu'il ne rencontre en France aucun des ap
puis qui l'ont fait réussir en Angleterre.
J. Bl'JSAT.
L'augmentation toujourscroissante del'en-
caisse "du trésor a permis au mini&tre des fi
nances, de rembourser à la Banque de France
25 millions à compte sur le prêt de 30 milr
lions que la Banque avait fait au trésor au
mois de mars 1848.
Ce remboursement a été effectué le 26 du
courant.
On a souvent répété en France, sur la foi
des journaux de Berlin, que, dans la ques
tion du Zollverein, certains Etats de la coa
lition de Darmstadt, ; se .montraient ingrats
envers la Prusse, qui les avait sauvés des
révolutionnaires et de l'anarchie. Nous li
sions récemment dans une brochure dont
la publication à Leîpsick n'a pu être désa
gréable au gouvernement saxon, qu'au mo
ment ou éclata l'insurrection de Dresde, la
Saxe avait envoyé à la Prusse un contingent,
de six mille hommes. Pour triompher de l'é
meute, le ministre de la guerre à Dresde n'a-
vait plus à sa disposition que deux mille sol
dats. Néanmoins il engagea la lutté, et en
même temps il expédiait a" Berlin courrier
sur courrier pour demander- des renforts.
Au bout de trois jours, lorsque l'insurrec
tion, était déjà refoulée sur presque tcus les
points, le cabinet prussien répondit aux
instantes sollicitations du ministre de Saxe
par l'envoi de troîi bataillons. Est-ce:avec
une si modeste démonstration que la Prusse
peut se glorifier d'avoir sauvé la monarchie
saxonne?
Quoi qu'il en soit, le langage de la presse
prussienne paraît avoir vivement froissé
l'opinion publique en Saxe. Les correspon
dances de ce pays et le Journal de Dresde,
organe officiel du gouvernement, y revien
nent sans cesse. On se plaint avec une
certaine amertume du- ton des feuilles
berlinoises. On ne pensç pas méconnaître
les services rendus ni manquer aux devoirs
de bon voisinage en n'acceptant pas aveuglé
ment les solutions et les volontés de la Prusse
dans le rè#lemeut des difficultés que soulève
le renouvellemenidu Zollverein. D'ailleurs la
Saxe n'a-t-eile pas aussi contre son associée,"
des griefs dont le moindre n'est pas assu
rément 1e traité du 7 septembre, conclu par
là Prusse avec le Hanovre, sans le concours
et à l'iosu des "autres Etats du Zollverein.
Le 28 novembre dernier, dans le discours
d'ouverture des chambres prussiennes, M. de
Mariteuffel s'exprimait ainsi, au sujet du
traité du 7 S'ptembre 1851 « 11 ouvre au
développement du Zollverein tout entier
un avenir plein d'espoir pour toutps ses
branches de production et 4e commerce. »
Voilà l'affirmation du ministre prussien;
mais l'Allemagne du centre et du-midi en
juge autrement. S'il faut en croire un
.document dont nous trouvons l'analyse dans
le Correspondant de Hambourg, le traité avec le
I&novr&c&ii&ÎBera dans les recettesannuel-
les de l'union douanière une diminution
d'environ 2 millions de thalers (7,500.000 f,).
La Saxe n'estime pas à moinsde200,000 tha
lers (750,000 fr.) la diminution que le traité
de septembre fera subir à sa part proportion
nelle dans les recettes, et qu'il faudra couvrir
par la création de nouveaux impôt. Le cabi
net de Dresdequi a formellement déclaré que
a depuis;dix-huit aiis, la Saxe s'est bientrou-
véedu Zollverein, » n'hésitera pas saas doute à
faire un sacrifice en faveur de sonrenouvelle-
meut, mais il voudrait rencontrer une juste
réciprocité du côté de la Prusse, et, de con
cert avec les signataires des protocoles de
Darmstàdt (Bavière, les Deux-Hesses et Nas
sau), il insiste pour- obtenir l'annexion de
l'Autriche.
On objecte que jusqu'à ce jour les recettes
dontJa réparti lion a pour base la population
de chaque Etat, n'ont pas également profité
à tous les membres du Zollverein; qu'ainsi
la part de la Prusse n'a pas augmenté
en proportion de celle des autres associés
et particulièrement de la Saxe. Il est vrai
qu'avant 1834 le revenu des douanes en
Saxe'n'était que d'environ 6 silbergros-
chen (I) par tête ou 75 centimes , tan
dis qu'il s'élève aujourd'hui à 21 silbergros
ou 2 fï., 625 (2). Mais si l'on compare les
. anciennes et les nouvelles recettes, il con
vient ausssi d'opposer l'un à l'autre les
' de,ux.tari|-j, jVnt6rieurement £ son annexion,
au Zollverein qui remonta... au 30 mars
1833, la Saxe avait, en matière de doua-,
nés , un tarif extrêmement modéré. Le
sucre et le café, par exemple, ne payaient
par quintal (3). que 10 silbergros ( 1 fr.
25 c, ) de droits d'entrée : ces deux den t
rées paient aujourd'hui:5 et 6 thalers ( 18 tri
75 .c. et 22 lr. 50 c. ). De 5 silbergros (0, fr.
625) le tarif du* tabac eh feuilles a été porte a
5 1/2 thalers (20 fr. 62 c.). Les étoffes de co
ton, au lieu de 1 thaler (3 fr. 75) acquittent
un droitde 50 thalers (187 f. 50c.) ; les soieries,
au lieu de3 3/ t thalers (14 fr. 06 c.), un droit
de 110 thalers (412 fr. 50 c.) par quintal du
Zollverein, ou 825 fr. pour 100 kilogrammes.
Ces différences considérables entre l'ancien
et le nouveau tarif n'ont que peu profité à la
Saxe. Ses recettes de douanes se sont accrues,
mais les surcharges imposées par le tarif gé
nérai aux consommateurs saxons ne sont pas
toujeurs rentrées dans le trésor de là Saxe,
et les finances prussiennes en ont eu leur
large part. En un mot, pendant la période
1834-1845, la Saxe a donné plus qu'elle n'a
reçu/et le total des sommes qu'elle a versées
-dans la caisse du Zollverein dépasse l'ensem
ble de ses recetfes de près de 6 millions de
thalers, ou de 22,500,000 fr.
(1) Le silbergrosctaen ^aut 1/30® de thaler ou
0 fr. 125. ,
{2) En 1834, la part delà Saxe dans les recettes
du Zollverein, part- proportionnelle à la popula
tion, a été de 827,718 tfialars, ou 3^103,942 fr. 50 c.;
en 1845, elle a été de 1,549,239 th. (3,809,646 fr.
• 25 c.) Les comptes des dernières années ne sont
pas publiés.
(3) Le quintal du Zollverein vaut. 50 kilogram
mes.
Nous avons cru devoir nous -arrêter un
instant sur ces détails, parce qu'e nous ï trou
vons l'explication naturelle de l'opposition
légitime que-la Saxe fait aujoura hui à la
Prusse dans les conférences douanières. Au
milieu des Etats secondaires de l'Allemagne,
la Saxe tient le premier rang, et elle doit à
ces Etats ainsi qu'à elle-même, de- ne rien
négliger pour défendre les véritables intérêts
de tous les membres de l'association germa
nique. E- berhy..
La Gazette d'Augsbourg du 25 juillet donne,
sous la rubrique de Vienne, la nouvelle sui
vante, que nous avons déjà annoncée à nos
lecteurs *
' « La négociation relative aux quarantai
ne^ qu® suivait ici un agent français, M. Da-
vid'est aminée. Le gouvernement autri
chien s'est prononcé contre l'avis du com
merce de Trieste, qb. v ue voulait point de
quarantaine contre la pesie. -Toutefois, la
quarantaine ne sera que de courte ! ir ee. La
proposition de là France sera bientôt aai?^".
tée par tous les gouvernemens européens.
Les gouvernemens de Russie, de Prusse et
de Piémont ont déjà adhéré, et Naples sui
vra leur exemple. »
A la date du 15 de ce mois, l'ambassade
anglaise à Constantiaople n'avait encor&rien
terminé au sujet dé la Satisfaction qu'elle a
demandée à la Porte pour l'affaire du Victo-
ry, ainsi que pour t £S„naauyais traitemens
infligés à un Anglais. On prétendait que les
exigences du colonel Rose avait été trouvées
exorbitantes; toutefois, on espérait, qu'il se
montrerait un peu plus traitable afin de fa
ciliter la solution de ces fâcheuses affaires. En
attendant, la colonie anglaise de Constanti-
nople accablait le colonel Rose de députa-
tionset de requêtes pour le pousser à agir
vigoureusement. Quant à la Porte, elle pa
raissait fermement décidée à faire ce que lui'
prescrivait la justice, mais rien de plus.
Le gouvernement turc avait communi
qué au chargé d'affaires de France les ins
tructions qu'il doit donner à Afif-Bey, rela
tivement à l'exécution dè la convention pas
sée avec le marquis de Lavalttte pour la
solution de la question des lieux saints. Il
paraît.que ces instructions sont conformes
à ce qui a été convenu, et que, loin de
chercher à éluder ou à atténuer aucune
des clauses du traité, la Porte, sur cer
tains points, a' .de passé ses engagemens.
Ainsi , sous ce rapport, ce serait une af
faire terminée, sans l'existence du fir-
man donné, aux Gr-ecs, par lequel les droits
des Latins, reconnus précédemment, sont de
fait mis au néant. II semblait douteux aux
Français habitant Constantinople,, que la'
France pût consentir à laisser passer ce
firman sans protestation; et, sur l'a vis de
la prochaine arrivée du marquis de Lavalette
avant l'expiration de son congé, le-bruit s'é
tait répandu qu'il arrivait avec des instruc
tions très énergiques du Président dt, la Ré
publique pour demander des explications au
sujet de la délivrance de ce firman.
L'affaire relative à l'assassinat du P. Basi
le, a Antioche, était à la veille de recevoir
uue solution. La commission chargée de
suivre ce procès, a fait son rapport, et l'on
pensait que la sentence serait rendue sous
peu de jours. *
On parlait plus que jamais d'un prochain
remaniement du ministère. Notre corres
pondant y croit fort peu en ce moment.
L'expérience, nous écrit-il, a prouvé que,
dans ce pays," ces sortes de changemens
étaient ia plupart du temps imprévus et n'é
taient guère précédés d'aucune rumeur.
Il était question, depuis quelques jours,
de donner à Riza-Pacha un gouvernement
important en province.
Les dernières nouvelles de Syrie sont sa
tisfaisantes ; la tranquillité paraît rétablie
sur tous les points où elle avait été troublée,
mais des désordres ont éclaté en Candie et à
Ténédos. Cependant les mesures énergiques
que s'est hâté de prendre, le gouvernement
pourles réprimer, permettaient d'espérer
qu'ils n'acquerraient aucune gravité.
Le 43 juillet, on a célébré, par un temps
magnifique, la nuit de Kadir-Ghedjessi. Le
Bosphore et tous les bâtimens de la flotte
étaient illuminés, et lorsque, à "onze heures
du soir, le sultan s'est embarqué à l'échelle
de Tophana, au sortir de la mosquée, de
nombreux feux d'artifice ont été tirés sur
plusieurs points à la fois. Une ligne d'em
barcations, sur lesquelles brûlaient des feux
du Bengale, de différentes couleurs, ont l
éclairé le cortège impérial jusqu'ai
- Tchéragan.: - .
M. Rolland, membre de l'Assem
tituante, et M. Rouet, membre de
Assemblée et de l'Assemblee national
arrivés à Constantinople par le dernië
quebotfrançais. M. Rolland est à Constanti
nople pour les affaires de M. de Lamartine.
• • . L. BONIFACE.
Nous croyons devoir donner Je texte au
thentique du firman relatif aux lieux saints,
dont il est question dans la lettre de notre
correspondant. Une traduction de ce docu
ment, faite non pas sur l'original, mais sur
une traduction grecque,publiée par les jour
naux d'Athènes, a déjà paru dans la plupart
des feuilles parisiennes, et l'autiienticite en
a été^ contestée. La traduction qu'on va lire, et
qui éstentre nos mains depuis quelque temps
déjà, a été faite sur l'original .turc, à Gwns-
tantinople même, par une personne égale
ment versée dans les deux langues. La lec
ture de ce document peut seule bien-faire
comprendre l'état de la négociation relative
àùx !ieUi saints, au retour de M. de Lava
lette à Co". nstanliQ0 P' e -
Le sécrétai."® de la rédaction, t. eoniface.
' FIRMAN ADRESSÉ E!T A Hafiz-Ahmed-Pocht, gouver? 1 ^^ de Jêrma->
lem, ainsi qu'au cadi et aux memuT e S du con-
se il municipal de ladite ville, en daté de. la
dernière décade de djémazwul-ewel 1268
(du 12 au 21 mars 1852). - -
(Traduction du turc.)
Les contestations. qui s'élevaient de temps en
temps entre la nation grecque et la communauté
latine, au sujet de certains lieux de Visitation si
tués, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de Jéru
salem, venant d'être renouvelée^, une commission,
composée de muchirs, dé kâzi-askers et autres
fonctionnaires, a été formée pour examiner cette
question dans tous ses détails. Cette commission;
et les differens conseils des ministres tenus posté
rieurement pour le même objet, ont déclaré com
me- résultat de leurs investigations :
1° Que les lieux en litige entre les deux parties,"
sont : la grande coupole de l'église de la Résurrec
tion ; là petite coupole, au-dessus de l'endroit ap
pelé Tombeau de Jésus, sur qui soit la paix ! et si
tué dans l'intériéur de cette même église; la pierre
de l'Onction ; le Calvaire, qui se trouve égale
ment dans l'église'de la Résurrection ; les sept
arceaux de Marie; la grande église située .aH
village deBeitléhem, y compris la grotte delà Na
tivité de Jésus, sur qui soit 1a paix ! qui se trouva
sous ladite égli-e, et qui est l'endroit précis de 1»
naissance; enfin le tombeau de Sainte-Marie, eu
qui 1 Dieu se complaise !
2° Que parmi ces lieux, la grande coupole dont
il est fait mention, appartenant à l'église entière,
les prétentions des Latins d'en avoir la jouissance
exclusive, ainsi que de la petite foupel •, de la
pierre de P©ne'kion, du Calvaire,-des sept arceai'x
de Marie et de la grande église, et du' lieu de là
Nativité situés à Reitlhëëm lié sont pas fondées en
droit, et que le statu quo de tous ce;- lieux doit
être maintenu;
3° Que,-ainsi que les Grees, les Latins et les Ar
méniens avaient autrefois reçu une clé des deux
portes du Nord et du Sud-E-t de ladite grotte de
la Nativité, ainsi que de l'une des portes de
l'église où elle est située, cette disposition^ sanc
tionnée par le firman impérial accordé à la nation
grecque, l'an de Théâtre 1170 (de l'ère chrétienne
1757) doit être maintenue sur le même pied ; mais
que, comme il n'a jamais été permis que cette dis
position ni l'état actuel de ladite église fuss eut al
térés, que la communauté latine y exerçât son
culte, ni enfin qu'aucune des deux parties, en in
troduisant des innovations, soit pour le passage de
l'église à la grotte, soit ssus d'autres rapports,
modifiât en rien ce qui existé aujourd'hui et
a été de tous temps, l'on ne devrajamais admettre
de prétentions à cet égard ; <
. 4' Qu'aucun changement ne doit être fait à l'é
tat actuel des portes de ladite église;
5° Que les deux jardins attenant au couvent des
Francs, à Béitlehem, et réclamés par les Latins,
étant placés, d'après le3 anciens, et les nouveaux
documens, sous la surveillance commune des deux,
parties, cet état de choses doit être confirmé ;
6° Que, bien qiic la communauté latine, se ba
sant sur certains firman s qu'elle a en mains, pré
tende à la jouissance exclusive du tombeau de
Sainte-Marie, cette prétention est également in
juste;
7° QHe , néanmoins, puisque aujourd'hui leg
Grecs, lçs Arméniens, les Syriens et les Coptes
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 29 JUILLET.
IL FAUT QUE JEUNESSE SE PASSE."
xxu.
— Eh bien ! docteur, que pensez-vous de
notre malade, à présent? disait le vicomte
de Fenestrange à Hector Godard, en se pro
menant un matin avec lui dans le parc , à
l'issue du déjeûner et en fumant un cigare.
— Ma foi, répondit le docteur, je vous
avouerai franchement, entre nous, que j'a
vais toujours considéré l'art que j'exerce
eemme le plus conjectural qui soit au mon
de , après la politique pourtant...
.—Eh bien! vous aveu changé d'avis?
— Oui; puisque vous m'y forcez, je dois
vous dire que toutes les fois que les méde
cins et les politiques, conjecturent quelque
chose, il y a toute probabilité qu'il arrivera
diamétralement le contraire. Exemple : Il y
avait mille à parier contre un, pour toutes
sortes de raisons pathologiques, dont je vous
fais grâce, que Tristan succomberait à son
ma), dans la nuit même où il a été frappé.
Eh bien 1 il s'est écoulé, depuis lors, quinze
jours à .peine, et le voilà aujourd'hui en
pleine convalescence.
— Et à quoi, docteur, attribuez-vous une
cure si inespérée ?
— Parbleu 1 d'autres vqus diraient peut-
être : à mon talent I Moi, je vous répondrai
tout simplement : au hasard 1
— Et moi qui ne suis ni médecin, ni scep
tique comme vous v je vous dirai aue j'attri
bue cette cure merveilleuse à l'influence
d'un doux baiser d« vierge et de deux beaux
yeux qui sont venus compléter l'œuvre.
— Allons! pour peu que vous y teniez, je
U reproduction est interdite,
présenterai un mémoire à l'Académie de mé
decine , pour démontrer que le plus sûr re
mède contre la fièvre pernicieuse consiste
dans un baiser de vierge, et je demanderai
l'insertion de ce remède dans la prochaine
édition du Codex. ,
— Toujours railleur, cher docteur 1
— Moi! non certes pas! Je suis pleine
ment de votre avis dans le cas qui nous oc
cupe. Et, au fait, l'amour tue tant de monde
ici-bas que, quand il sauverait par hasard
un pauvre diable, il serait encore furieuse
ment en reste avec l'humanité.
' —Ainsi, vous considères notre ami com
me sauvé?
— Oh ! complètement.
— Et vous ne redouteriez pas pour lui les
périls de quelque émotion plus ou moins
violente? '
— Diable! que voulez-vous dire? Est-ce
que cette drôlesse de Florentine reparaîtrait
sur l'horizon?
— Oh ! non, pas que je. sache.
— Est-ce que cette jeune et charmante
"Vendéenne, qui nous a été d'un si grand se
cours, menacerait de se retirer?
— Allons donc!
— Eh bien ! que me parlez-vous d'émo
tions pour mon malade ? Je n'en connais pas
d'autres qui puissent exercer sur lui une in
fluence vraiment funeste.
— Vous m'en répondez, docteur? <
— Je vous en réponds..
— Il suffit.
Et Fenestrange respira, comme si sa poi
trine venait d'être dégagée d'un grand poids.
— J'ai à causer avec Tristan, ajouta-t-il,
vous m'excuserez de vou&fausser compagnie.
Je suis bien aise de le voir, avant l'heure
où Louise vient d'ordinaire; car alors il n'a
plus d'yeux, ni d'oreilles que pour elle.
Fenestrange se dirigea vers h chambre
qu'occupait le jeune comte : celui-ci était
levé, enveloppé dans sa robe de chambra et
assis à une fenêtre, d'où l'on découvrait
4'un des angles de la maison cui'iale. C'était
le phare lumineux vers lequel ses yeux
étaient ineessàmment fixés. Seulement ce
n'était point, "comme dans la fable si tou
chante d'Héro et Léandre, la jeune fille qui
attendait son amant, c'était elle qurvenait à
lui, par un renversement de rôles que lama-
Iadie de Tristan expliquait suffisamment.
Comme s'il «ût appréhendé de perdre un
seul des mouvemens de sa bien-aimée, ou
même de ne pas là découvrir assez tôt, le
malade tënait à la main un télescope, sous le
prétexte fort plausible d'embrasser une plus
grande étendue de paysage.
— Diable! dit Fenestrange en entrant,
est-ce que tu étudies l'astronomie en plein
midi?
Tristan rougit légèrement.
— Après cela, ajouta le vicomte, il y a, je
crois, des astres qu'on ne peut voir qi/à cette
heure-là.
Là-dessus, notre gentilhomme s'assit, et
il y eut un silence. >
Les deux interlocuteurs étaient respective
ment embirrassés.
— J'ai quelque chose d'assez important à
te dire, s'écria Fenestrange.
— Et moi aussi, dit Tristan.
,— Comme cela se rencontre ! Eh bien !
parle, je te dirai ensuite ee .que j'ai à t'ap-
prendre.
—■ Non, je préfère parler après vous, mon
ami.
— Comme il te plaira, mon garçon.
Un nouveau silence s'établit, suivi, delà
part du vicomte, d'un gros soupir.
— Je vous écoute, reprit Tristan.
— Ouf I repartit Fenestrange qui, prenant
' eûfin sa résolution, ajouta en forme d'exorde
ex afjrupto : pourquoi ne" m'as-tu pas laissé
me battre à ta place avec le boyard?
— Voilà une étrange question! je vous
l'ai dit alors, mon ami, et je vous le répète :
est-ce que je pouvais laisser à qui que ce
soit au monde le soin de venger t l'insulte
faitèà ma mère? Maispourquoi me reparler
de ce duel que tout me-faitune loi d'oublier?
— Parce,que tu m'as enlevé, ce jour-là.,
l'unique occasion que je pusse jamais ren
contrer d'expier une grande faute, un crime
même.
— Un crime, que voulez-vous dire?
—Ecoute, Tristan, depuis cette soirée fata
le passée au restaurant de la Maison-d'Or, tu
m'as vu souvent sombre, embarrassé; ce qui
est tout-à-fait antipathique à mon caractère,
à mes habitudes. C'est que j'ai là sur la
conscience un poids qui m'étouffe et dont il
faut que je me débarrasse. Oui,moi, presque
uu vieillard, j'ai un pardon à te demander
à toi, jeune homme.
— linpardon! eh quoi! auriez-vous par
aventure découvert à mamère'le motif de ce
duel? .
— Non, grâce au ciel, ta mère ignore et
ignorera toute sa vie, je l'espère, qu'elle a:
pii êti*e compromise uu instant par une mi
sérable créature? -que tu as châtiée comme
elle le.méritait et de lafaçonla plus sensible
pour une pareille drôlesse. Mais ce que je
dois.t'apprendre, c'est que cette lettre dont^
le prince a osé dotaner lecture... „
— Cette lettre... eh bien ! ne l'avez-vqus
pas fait parvenir, par une voie indirecte,
entre les mains de ma mère, comme je vous
l'avais demandé?
—- Oui, mais sais-tu qui avait livré cette
lettre à Florentine?
— Non, le hasard, peut-être, -ou plutôt
quelque infâme larcin.
-r Ni le hasard, ni un larcin, mon chtr
Tristan, mais une inexcusable imprudencej
un criminel aveuglement, suite d'une ridi
cule fantaisie de vieillard qui se conduisait
en jeune homme, et qui, pour expier sa con
duite, aurait dû mourir de mêmé. Tristan,
le coupable est devant toi, il est à genoux,
et il ne se relèvera pas que tu ne lui aies
pardonné.
. En parlant ainsi; Fenestrange s'était es
effet agenouillé devant son jeune ami, qui,
en proie à mille sensations pénibles, l'écou-
tai t avec consternation.
— 0 ! mon Dieu, s'écria Tristan, vous, le
meilleur, le plus ancien de mes amis I c'est
impossible 1 Je ne vous crois pas, je ne veux
ni ne puis vous croire si coupable I
Fenestrange acheva de porter le jour dans
l'ame de Tristan, en lui révélant tous les dé
tails de son voyage avec Florentine, et il
montra un repentir si profond et si sincère
de ses torts, que le jeune comte, qui n'avait
d'ailleurs que trop appris à sesdépens toute
la puissance des artifices de cette perfide en
chanteresse, ne put s'empêcher d'ouvrir ses
bras au coupable repentant. Aussi bien, s'il
luiétait pénible d'apprendre que Pimpruden-
ee de Fenestrange avait été la cause d'un scan
dale si terrible pour l'honneur de sa famille,
il éprouvait un grand adoucissement à sa
douleur, en songeant que toute réparation
n'était pas impossible. Et puis,' il aimai t, et,
il faut bien le dire, tout l'autorisait à penser
Ïuil avait cessé d'être pour Louise un objet
'aversion et presque d'épouvante. Or, il n'y
a rien qui, porte à l'indulgence comme une
pareille situation de l'ame.
— A mon tour, s'écriâ-t-il de vous faire
ma.confession ! ,
— Oh! pour celle-là, reprit le vicomte en
souriant, je la.devine d'avance, mon garçon,
et je n'ai pas besoin pour voir clair dans ton
cœur de l'aide d'un télescope.
— Oui, mais ce que vous ne savez pas, c'est
que j'ai résolu d'épouser Louise, et que je
compte sur vous pour vaincre les scrupules
de cette jeune fille et pour déterminer ma
mère à consentir à mon bonheur.
Diable!... diable!...
" — Oh ! je sais d'avance tout ce que vous
allez me dire •. qu'elle n'a ai fortune, ni nais
sance. Qu'importe, si j'ai assez de tout cela
Eour deux, et si elle y supplée d'ailleurs si
ienpar ce qu'on trouve trop rarement réuni,
tous les talens qui charment la vie et toutes
les qualités du cœur I Hélas ! hélas ! si, au lieu
de connaître Louise il y a trois mois à peine,
je l'eusse connue avant Florentine, que de
malheurs n'eussé-je pas évités ! que de lar
mes j'aurais épargnées à ma pauvre mère!
sans parler du bien de mon pere que j 'ai si
follement dépensé et qui me resterait encore!
— C'est-à-diré que tu veux faire un ma
riage d'inclination, comme on disait de moa
temps, et que tu veux, me persuader que
c'est un mariage de raison. A la bonne heure,
mon garçon, ce n'est pas moi qui te jetterai"
la pierre, parce que j'ai fait à peu près de
même que toi. Feu Mme de Fenestrange n'é
tait pas la nièce d'un curé, c'est vrai ; mais
elle n'était ni noble, ni riche, ce qui ne l'a
pas empêchée d'être u n modèlede fidélité. Ah !
mon garçon, je te souhiite une femmecomme
celle-là. Il est vrai quu, nous autres mauvais
sujets, je ne sais comment nous faisons ;
mais il semble que nous exerçons sur le sexe
une espèce de fascination, et je crois, ma'
parole d'honneur, que les femmes aiment
d'autant plus leurs amans ou leurs maris,
qu'elles sont moins assurées de leur' fidélité.
On ne tient vraiment qu'à ce qu'ofl est mé~
■ gacé de perdre.
^ Tristan n'était nullement en disposition,
de fiancer dans la discussion d'une pareille
thèsexie casuistique amoureuse; aussi s'em-
pressa-V il de ramener la conversation au but
qu'il s'était proposé. Dans ce moment, d'ail-_
leurs, une élégante américaine venait de fran-*
chir 1a grille du château, et Louise en descen
dait; car la marquise, pensant bien en cela
être agréable à son fils, n'avait pas voulu que
les pèlerinages de la jeune fille au château
s'accomplissent pédestrement; et, malgré la
résistance de Louise, il avait bien fallu qu'elle
obéît.
S*BE.%fcX i ma <£« M«i< (Palals-ïlayat), ni 10."
1} 1852.-JEU»! 29 JUILLET.
9JUS »S L'ABOMEfSSUBKV
PARIS....... 13 ï. PAJ& TRMSSTfi*,
BKPARTKMENS. tS F. — -
TJN -NUMÉRO : ®û CENTIMES.
POUR- LES PAYS ÉTRANGEBS SO repCTtSI
' bu tableaa qui sera publie dan» lejounial, '
los 10 et 35 da chaque "moisi
Met ttsm&vuns datentdt* i« ei 1$
c£* chaqtt* tneit}
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
\ ;-y
S'adresser, franco,' pour la rédactien , à M, CycaKVll-ClA^siC
Les,articles déposés ne sont pas rendus.
en chef, 10» s'ahnne, demies département, au s Meuagerlet et exxDirecïûnt de postei*~A Londres, cfez MM, C ovie
| ^ ~ A Strasbourg, eAezM. kLmm>ss } pour l'Allemagne*' .
et fils»! S'adresser, franco, pour l'administration, « tM ^ DenaiN , directeur!
Les annonces sont reçues au bureau du journal; et chox M. PAKIS, régistear, 10, place ie Ja
PARIS, 28 JUILLET.
/ • Nos free-traders, tout glorieux du nou
veau succès que le libre-échange vient d'ob
tenir dans les élections anglaises, s'empres
sent d'en conclure que leur principe favori
déit triompher également de ce côté du dé
troit. Après la consécration que le verdict
électoral vient de donner aux réformes opé
rées par sir Robert Peel et lord John Russell,
le système protecteur n'a plus, s'il faut kg en
croire, qu'à baisser la tête et à se rendre à dis
crétion partout oùilsubsiste encore. C'est une
défaite universelle. Les élèctions du Royau
me-Uni n'ont pas seulement sanctionné l'a
bolition du Corn-Laws en Angleterre; el
les ont encore, sans que nous nous en
doutions, abrogé notre tarif de douanes, et,
comme dirait Ml Proudhon, l'heure de la
liquidation de notre vieux système écono
miques sonné sans retour.
Si les ânglomanes qui tiennent ce laagage
■voulaient se donner la peine d'examiner les
causes qui ont amené le triomphe du libre-
échange chez nos voisins, il leur serait facile
de reconnaître que le résultat des dermeres
élections s'explique par une situation toute
particulière à la Grande-Bretagne. 11 y a,
de l'autre côte'de la Manche, une nïajorite
acquise au free-trade, nous ne faisons nulle
difficulté de le reconnaître. Mais comment
cette majorité s'est-elle formée? Quels sont
les élémens qui la composent? Voilà ce qu'il
importe de rechercher avant d'en conclure
qu'on puisse également trouver chez nous
upe majorité pourles principes qui ont pré
valu en Angleterre.
Les Anglais sont, comme on sait, doués
d'un sens trop pratique pour's'éprendre
d'une théorie. Il y a long-temps qu'Adam
Smilh a publié ses trois volumes sur la
Richesse des Nations.-Le libre-échange n'é
tait donc pas chose nouvelle pour eux ;
mais ils le laissaient dans les livres, et
il faut voir avec quelle ironie M. Can-
ning, malgré le libéralisme de ses doc
trines économiques, se moquait encore
en 1822, dans une brochure célèbre, des
freé-traders- de cette époque.' Si le libre-
échange çt finipar triompher, ce n'est pas à
titre de découverte économique, c'est que sa
victoire est devenue nécessaire à upe masse
d'intérêts qui avaient la prépondérance' et
qui par cela même devaient l'emporter.
} La législation de l'Angleterre a été, jus
que dans ces "derniers temps, la législation
la plus énergiquement protectrice, qui ait
jamais existé. Elle embrassait tout à la fois
les intérêts agricoles et les; intérêts indus
triels. Les g'-ains étrangers étaiçnt frap
pés de droits énormes ; l'importation des
tissus était prohibée,, et l'on avait décrété
la peine capitale; contre quiconque ferait
sortir du Royaume-Uni une machine à filer
le coton. Ainsi la Grande-Bretagne avait
poussé le système de la protection jusqu'à
ses conséquences les plus extrêmes; elle n'a
vait pas craint, pour en assurer l'exécution^
de recourir même à la peine de mort. 1
Cependant l'intérêt industriel et l'intérêt
agricole , qui avaient vécu en bonne intelli
gence sous l'empire de cette législation,-se
séparèrent il y a quelques années. Les ma
nufacturiers, qui étaient maîtres de tous les
marchés extérieurs, s'aperçurent que la pro-
tection leur était désormais inutile. Ils ré
clamèrent donc l'abolition de tous les tarifs
qui frappaient les produits fabriqués ou
agricoles. C'était une réforme radicale, fnais
-qui ne pouvait avoir que des avantages
pour eux. Ils n'avaient pas à craindre de
"voiries produits fabriqués de l'étranger "ve
nir leur faire concurrence sur le marché
anglais, et ils espéraient, en provoquant
l'importation des produits agricoles, attein
dre un double but : -abaisser le prix des
salaires et s'ouvrir de nouveaux déb.ouchés.
Telle a donc été l'origine du libre-échange
en Angleterre. C'est l'industrie elle-même,
"qui, après avoir grandi et s'être élevée au
plus haut degré de puissance à l'abri du sys
tème protecieur le plus excessif qu'on eût
jamais vu, a donné le signal de l'agitation
en faveur du frec-trade. Manchester fut le ber
ceau de la ligue. Des comités s'organisèrent
dans tous les-centres de fabriques. Les manu
facturiers souscrivirent des sommes considé
rables pour subvenir aux frais de la propa
gande. Ils n'expédiaient pas de ballots de
marchandises sans y joindre quelques exem
plaires d'un discours de Cobden ou d'un
pamphlet de Thompson.
L'intérêt agricole essaya de s'opposer au
mouvement, mais il*n'était pas de force à
résister. D'une part, il était moins actif,
moins entreprenant que son rival ; d'autre
part, il était dans une mauvaise position
pour se défendre. Le sol britannique ne
suffit plus à nourrir ses habitans,et l'impor
tation des grains étrangers est une nécessité
impérieuSe pour l'alimentation du pays.
Ajoutons que toute la surface du terri
toire est entre les mains d'une aristocra
tie peu nombreuse. Quel beau thème de
déclamation pour les ligueurs 1 Aussi en
ont-ils largement usé. C'est au côté poli
tique et social dë la question qu'ils s'at
tachaient surtout pour émouvoir' les mas
ses. C était la spoliation seigneuriale, ainsi
qu ils rappelaient eux-mêmes, qui excitait
leur verve et qui était leur grand prétexte
d'agitation.,
La question ainsi posée, le résultat de la
lutte ne pouvait être douteux.' Tout dépen
dait, en effet, de la force numérique des
classes de la population engagées dans les
deux intérêts. La classe -manufacturière,
qui ne représentait guère , auv commen
cement de ce siècle, que la moitié de la
population totale de la Grande-Bretagne, en
constitue aujourd'hui les deux tiers. Ainsi,
chez nos voisins, les industriels sont main
tenant en nombre double des agriculteurs.
La victoire devait donc nécessairement leur
rester.
C'est là ce qui explique le succès du libre-
échange dans les diverses élections qui ont
eu lieu depuis douze, ans. Le libre-échange
est l'œuvre ' de la classe industrielle. C'est la
classe industrielle qui lui à donné naissance
et qui le soutient. Pourquoi y renoncerait-
elle aujourd'hui? L'agriculture, il est vrai,
est en grande souffrance ; le prix du blé
est .tombé au dessous du taux reconnu
nécessaire pour l'indemniser de ses frais de
toute sorte; elle est obligée de laisser en
pâturage Une partie du .sol qu'elle cultivait
en grains. Mais qu'importe à la classe in
dustrielle? Si les céréales étrangères en
combrent les porte du Royaume-Uni, il
n'y entre pas plus de produits fabriqués
qu'auparavant, et l'importation des blés'ne
fait que faciliter l'exportation de ses tissus,
de sa quincaillerie, de sa houille, de ses fers.
Il n'y avait donc pas de raison pour que la
classe industrielle, qui a la majorité dans les
comices électoraux, ne maintînt pas un sys
tème dont elle a eu l'initiative, et dont elle
n'a recueilli que les profits.
Les,élections ont été ce qu'elles devaient
être d'après les forces respectives des inté
rêts qui étaien t en lutte. Le parti protection
niste a plutôt gagné. Les agriculteurs ont fait
des efforts, et certains ports, comme Liver-
pool, ont protesté hautement contre l'appli
cation du libre-échange aux relations mari
times. Mais, malgré toutes ces recrues, la
victoire n'en devait pas moins rester aux
gros bataillons. La classe industrielle,
n'ayant voulu faire aucune concession à
l'agriculture, a triomphé. Le ministère de
lord Derby avait tellement prévu ce ré-,
sultat, qu'il n'avait pas même Voulu por
ter la lutte électorale sur un terrain où il
lui était impossible de réussir.
Nous laissons à l'avenir le soin de pronon
cer sur le régime auquel les prétentions ex
clusives de la classe industrielle ont soumis
l'AngMerre. Le Royaume-lu ai est placé au
jourd'hui dans cette situation, qu'il est for
cé de demander à l'étranger le tiers de sa
consommation en blé. C'est un acte de har
diesse. Mais la hardiesse n'est-elle pas ici de
la témérité? L f Angleterre ne peut assurer sa
nourriture qu'à une condition, celle de rester
toujours maîtresse des mers. Il. faut qu'elle
puisse en tout temps, même en pleine guer
re, faire entrer dans ses ports les huit à ilix
mille bâtimens de 200 à 300 tonneaux qui
sont nécessaires pour transporter la massé de
céréales qu'elle tire de l'extérieur. Or, a-t-
elle fait un pacte avec la victoire? Après
avoir été maîtres du continent, n'avons-nous
pas été exposés à de tristes retours?
Quoi qu'il en soit, nous demandons com
ment le triomphe du libre-échange en An
gleterre pourrait amener son triomphe chez
nous. L 'initiative de la réforme commerciale ;
opérée dans la Grande-Bretagne, est partie,
comme nous venons de l'expliquer, non-pas
d'économistes, de théoriciens ou de profes
seurs, mais des manufacturiers eux-mêmes.
Lemouvementaétéetestresté exclusivement
industriel. Que voyons-nous en France ? Ces
cjasses manufacturières, au concours des
quelles le libre-échange a dû son succès de,
l'autre 1 côté du détroit, il les rencontre chez
nous parmi ses adversaire» les plus déclarés.
La ligue de Manchester comptait autour d'elle"
plus de cent comités locaux qui s'étaient for
més dans les principaux centres industriels de
l'Angleterre. Nos villes de fabrique, au con
traire, qu'elles soient situées au nord ou au
midi, à l'est ou à l'ouest, qu'elles tissent la
laine, le coton ou le lin, qu'elles produisent
le fer ou qu'elles le mettent en œuvre, se
prononcent -vivement contre un système
qui les ruinerait de fond en comble et qui
mettrait sur le pavé tous les ouvriers qu'el
les emploient. L'agriculture, par l'organe de
son conseil-général, de ses congrès et de
ses comices, ne s'élève pas avec moins d'é
nergie contre l'applicaiion d'une théorie
qui ne lui serait pas moins funeste. Ainsi, à
la différence dé ce qui a lieu en Angleterre,
le libre-échange ne s'appuie en France sur
aucun des deux [grands intérêts du pays. Il
est également repousse, à peu d'exceptions
près, parlés Classes industrielles et par les
classes agricoles. Le mouvement quel'on
cherche à créer en sa faveur est complète
ment factice. C'est l'œuvre de quelques éco
nomistes qui, suivant l'expression de M.
Rossi, font abstraction de la nationalité,
du temps et de l'espace, et qui prétendent
nous mettre, au régime de théories précon.*''
çuesv II échouera donc précisément -parce
qu'il ne rencontre en France aucun des ap
puis qui l'ont fait réussir en Angleterre.
J. Bl'JSAT.
L'augmentation toujourscroissante del'en-
caisse "du trésor a permis au mini&tre des fi
nances, de rembourser à la Banque de France
25 millions à compte sur le prêt de 30 milr
lions que la Banque avait fait au trésor au
mois de mars 1848.
Ce remboursement a été effectué le 26 du
courant.
On a souvent répété en France, sur la foi
des journaux de Berlin, que, dans la ques
tion du Zollverein, certains Etats de la coa
lition de Darmstadt, ; se .montraient ingrats
envers la Prusse, qui les avait sauvés des
révolutionnaires et de l'anarchie. Nous li
sions récemment dans une brochure dont
la publication à Leîpsick n'a pu être désa
gréable au gouvernement saxon, qu'au mo
ment ou éclata l'insurrection de Dresde, la
Saxe avait envoyé à la Prusse un contingent,
de six mille hommes. Pour triompher de l'é
meute, le ministre de la guerre à Dresde n'a-
vait plus à sa disposition que deux mille sol
dats. Néanmoins il engagea la lutté, et en
même temps il expédiait a" Berlin courrier
sur courrier pour demander- des renforts.
Au bout de trois jours, lorsque l'insurrec
tion, était déjà refoulée sur presque tcus les
points, le cabinet prussien répondit aux
instantes sollicitations du ministre de Saxe
par l'envoi de troîi bataillons. Est-ce:avec
une si modeste démonstration que la Prusse
peut se glorifier d'avoir sauvé la monarchie
saxonne?
Quoi qu'il en soit, le langage de la presse
prussienne paraît avoir vivement froissé
l'opinion publique en Saxe. Les correspon
dances de ce pays et le Journal de Dresde,
organe officiel du gouvernement, y revien
nent sans cesse. On se plaint avec une
certaine amertume du- ton des feuilles
berlinoises. On ne pensç pas méconnaître
les services rendus ni manquer aux devoirs
de bon voisinage en n'acceptant pas aveuglé
ment les solutions et les volontés de la Prusse
dans le rè#lemeut des difficultés que soulève
le renouvellemenidu Zollverein. D'ailleurs la
Saxe n'a-t-eile pas aussi contre son associée,"
des griefs dont le moindre n'est pas assu
rément 1e traité du 7 septembre, conclu par
là Prusse avec le Hanovre, sans le concours
et à l'iosu des "autres Etats du Zollverein.
Le 28 novembre dernier, dans le discours
d'ouverture des chambres prussiennes, M. de
Mariteuffel s'exprimait ainsi, au sujet du
traité du 7 S'ptembre 1851 « 11 ouvre au
développement du Zollverein tout entier
un avenir plein d'espoir pour toutps ses
branches de production et 4e commerce. »
Voilà l'affirmation du ministre prussien;
mais l'Allemagne du centre et du-midi en
juge autrement. S'il faut en croire un
.document dont nous trouvons l'analyse dans
le Correspondant de Hambourg, le traité avec le
I&novr&c&ii&ÎBera dans les recettesannuel-
les de l'union douanière une diminution
d'environ 2 millions de thalers (7,500.000 f,).
La Saxe n'estime pas à moinsde200,000 tha
lers (750,000 fr.) la diminution que le traité
de septembre fera subir à sa part proportion
nelle dans les recettes, et qu'il faudra couvrir
par la création de nouveaux impôt. Le cabi
net de Dresdequi a formellement déclaré que
a depuis;dix-huit aiis, la Saxe s'est bientrou-
véedu Zollverein, » n'hésitera pas saas doute à
faire un sacrifice en faveur de sonrenouvelle-
meut, mais il voudrait rencontrer une juste
réciprocité du côté de la Prusse, et, de con
cert avec les signataires des protocoles de
Darmstàdt (Bavière, les Deux-Hesses et Nas
sau), il insiste pour- obtenir l'annexion de
l'Autriche.
On objecte que jusqu'à ce jour les recettes
dontJa réparti lion a pour base la population
de chaque Etat, n'ont pas également profité
à tous les membres du Zollverein; qu'ainsi
la part de la Prusse n'a pas augmenté
en proportion de celle des autres associés
et particulièrement de la Saxe. Il est vrai
qu'avant 1834 le revenu des douanes en
Saxe'n'était que d'environ 6 silbergros-
chen (I) par tête ou 75 centimes , tan
dis qu'il s'élève aujourd'hui à 21 silbergros
ou 2 fï., 625 (2). Mais si l'on compare les
. anciennes et les nouvelles recettes, il con
vient ausssi d'opposer l'un à l'autre les
' de,ux.tari|-j, jVnt6rieurement £ son annexion,
au Zollverein qui remonta... au 30 mars
1833, la Saxe avait, en matière de doua-,
nés , un tarif extrêmement modéré. Le
sucre et le café, par exemple, ne payaient
par quintal (3). que 10 silbergros ( 1 fr.
25 c, ) de droits d'entrée : ces deux den t
rées paient aujourd'hui:5 et 6 thalers ( 18 tri
75 .c. et 22 lr. 50 c. ). De 5 silbergros (0, fr.
625) le tarif du* tabac eh feuilles a été porte a
5 1/2 thalers (20 fr. 62 c.). Les étoffes de co
ton, au lieu de 1 thaler (3 fr. 75) acquittent
un droitde 50 thalers (187 f. 50c.) ; les soieries,
au lieu de3 3/ t thalers (14 fr. 06 c.), un droit
de 110 thalers (412 fr. 50 c.) par quintal du
Zollverein, ou 825 fr. pour 100 kilogrammes.
Ces différences considérables entre l'ancien
et le nouveau tarif n'ont que peu profité à la
Saxe. Ses recettes de douanes se sont accrues,
mais les surcharges imposées par le tarif gé
nérai aux consommateurs saxons ne sont pas
toujeurs rentrées dans le trésor de là Saxe,
et les finances prussiennes en ont eu leur
large part. En un mot, pendant la période
1834-1845, la Saxe a donné plus qu'elle n'a
reçu/et le total des sommes qu'elle a versées
-dans la caisse du Zollverein dépasse l'ensem
ble de ses recetfes de près de 6 millions de
thalers, ou de 22,500,000 fr.
(1) Le silbergrosctaen ^aut 1/30® de thaler ou
0 fr. 125. ,
{2) En 1834, la part delà Saxe dans les recettes
du Zollverein, part- proportionnelle à la popula
tion, a été de 827,718 tfialars, ou 3^103,942 fr. 50 c.;
en 1845, elle a été de 1,549,239 th. (3,809,646 fr.
• 25 c.) Les comptes des dernières années ne sont
pas publiés.
(3) Le quintal du Zollverein vaut. 50 kilogram
mes.
Nous avons cru devoir nous -arrêter un
instant sur ces détails, parce qu'e nous ï trou
vons l'explication naturelle de l'opposition
légitime que-la Saxe fait aujoura hui à la
Prusse dans les conférences douanières. Au
milieu des Etats secondaires de l'Allemagne,
la Saxe tient le premier rang, et elle doit à
ces Etats ainsi qu'à elle-même, de- ne rien
négliger pour défendre les véritables intérêts
de tous les membres de l'association germa
nique. E- berhy..
La Gazette d'Augsbourg du 25 juillet donne,
sous la rubrique de Vienne, la nouvelle sui
vante, que nous avons déjà annoncée à nos
lecteurs *
' « La négociation relative aux quarantai
ne^ qu® suivait ici un agent français, M. Da-
vid'est aminée. Le gouvernement autri
chien s'est prononcé contre l'avis du com
merce de Trieste, qb. v ue voulait point de
quarantaine contre la pesie. -Toutefois, la
quarantaine ne sera que de courte ! ir ee. La
proposition de là France sera bientôt aai?^".
tée par tous les gouvernemens européens.
Les gouvernemens de Russie, de Prusse et
de Piémont ont déjà adhéré, et Naples sui
vra leur exemple. »
A la date du 15 de ce mois, l'ambassade
anglaise à Constantiaople n'avait encor&rien
terminé au sujet dé la Satisfaction qu'elle a
demandée à la Porte pour l'affaire du Victo-
ry, ainsi que pour t £S„naauyais traitemens
infligés à un Anglais. On prétendait que les
exigences du colonel Rose avait été trouvées
exorbitantes; toutefois, on espérait, qu'il se
montrerait un peu plus traitable afin de fa
ciliter la solution de ces fâcheuses affaires. En
attendant, la colonie anglaise de Constanti-
nople accablait le colonel Rose de députa-
tionset de requêtes pour le pousser à agir
vigoureusement. Quant à la Porte, elle pa
raissait fermement décidée à faire ce que lui'
prescrivait la justice, mais rien de plus.
Le gouvernement turc avait communi
qué au chargé d'affaires de France les ins
tructions qu'il doit donner à Afif-Bey, rela
tivement à l'exécution dè la convention pas
sée avec le marquis de Lavalttte pour la
solution de la question des lieux saints. Il
paraît.que ces instructions sont conformes
à ce qui a été convenu, et que, loin de
chercher à éluder ou à atténuer aucune
des clauses du traité, la Porte, sur cer
tains points, a' .de passé ses engagemens.
Ainsi , sous ce rapport, ce serait une af
faire terminée, sans l'existence du fir-
man donné, aux Gr-ecs, par lequel les droits
des Latins, reconnus précédemment, sont de
fait mis au néant. II semblait douteux aux
Français habitant Constantinople,, que la'
France pût consentir à laisser passer ce
firman sans protestation; et, sur l'a vis de
la prochaine arrivée du marquis de Lavalette
avant l'expiration de son congé, le-bruit s'é
tait répandu qu'il arrivait avec des instruc
tions très énergiques du Président dt, la Ré
publique pour demander des explications au
sujet de la délivrance de ce firman.
L'affaire relative à l'assassinat du P. Basi
le, a Antioche, était à la veille de recevoir
uue solution. La commission chargée de
suivre ce procès, a fait son rapport, et l'on
pensait que la sentence serait rendue sous
peu de jours. *
On parlait plus que jamais d'un prochain
remaniement du ministère. Notre corres
pondant y croit fort peu en ce moment.
L'expérience, nous écrit-il, a prouvé que,
dans ce pays," ces sortes de changemens
étaient ia plupart du temps imprévus et n'é
taient guère précédés d'aucune rumeur.
Il était question, depuis quelques jours,
de donner à Riza-Pacha un gouvernement
important en province.
Les dernières nouvelles de Syrie sont sa
tisfaisantes ; la tranquillité paraît rétablie
sur tous les points où elle avait été troublée,
mais des désordres ont éclaté en Candie et à
Ténédos. Cependant les mesures énergiques
que s'est hâté de prendre, le gouvernement
pourles réprimer, permettaient d'espérer
qu'ils n'acquerraient aucune gravité.
Le 43 juillet, on a célébré, par un temps
magnifique, la nuit de Kadir-Ghedjessi. Le
Bosphore et tous les bâtimens de la flotte
étaient illuminés, et lorsque, à "onze heures
du soir, le sultan s'est embarqué à l'échelle
de Tophana, au sortir de la mosquée, de
nombreux feux d'artifice ont été tirés sur
plusieurs points à la fois. Une ligne d'em
barcations, sur lesquelles brûlaient des feux
du Bengale, de différentes couleurs, ont l
éclairé le cortège impérial jusqu'ai
- Tchéragan.: - .
M. Rolland, membre de l'Assem
tituante, et M. Rouet, membre de
Assemblée et de l'Assemblee national
arrivés à Constantinople par le dernië
quebotfrançais. M. Rolland est à Constanti
nople pour les affaires de M. de Lamartine.
• • . L. BONIFACE.
Nous croyons devoir donner Je texte au
thentique du firman relatif aux lieux saints,
dont il est question dans la lettre de notre
correspondant. Une traduction de ce docu
ment, faite non pas sur l'original, mais sur
une traduction grecque,publiée par les jour
naux d'Athènes, a déjà paru dans la plupart
des feuilles parisiennes, et l'autiienticite en
a été^ contestée. La traduction qu'on va lire, et
qui éstentre nos mains depuis quelque temps
déjà, a été faite sur l'original .turc, à Gwns-
tantinople même, par une personne égale
ment versée dans les deux langues. La lec
ture de ce document peut seule bien-faire
comprendre l'état de la négociation relative
àùx !ieUi saints, au retour de M. de Lava
lette à Co". nstanliQ0 P' e -
Le sécrétai."® de la rédaction, t. eoniface.
' FIRMAN ADRESSÉ E!T
lem, ainsi qu'au cadi et aux memuT e S du con-
se il municipal de ladite ville, en daté de. la
dernière décade de djémazwul-ewel 1268
(du 12 au 21 mars 1852). - -
(Traduction du turc.)
Les contestations. qui s'élevaient de temps en
temps entre la nation grecque et la communauté
latine, au sujet de certains lieux de Visitation si
tués, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de Jéru
salem, venant d'être renouvelée^, une commission,
composée de muchirs, dé kâzi-askers et autres
fonctionnaires, a été formée pour examiner cette
question dans tous ses détails. Cette commission;
et les differens conseils des ministres tenus posté
rieurement pour le même objet, ont déclaré com
me- résultat de leurs investigations :
1° Que les lieux en litige entre les deux parties,"
sont : la grande coupole de l'église de la Résurrec
tion ; là petite coupole, au-dessus de l'endroit ap
pelé Tombeau de Jésus, sur qui soit la paix ! et si
tué dans l'intériéur de cette même église; la pierre
de l'Onction ; le Calvaire, qui se trouve égale
ment dans l'église'de la Résurrection ; les sept
arceaux de Marie; la grande église située .aH
village deBeitléhem, y compris la grotte delà Na
tivité de Jésus, sur qui soit 1a paix ! qui se trouva
sous ladite égli-e, et qui est l'endroit précis de 1»
naissance; enfin le tombeau de Sainte-Marie, eu
qui 1 Dieu se complaise !
2° Que parmi ces lieux, la grande coupole dont
il est fait mention, appartenant à l'église entière,
les prétentions des Latins d'en avoir la jouissance
exclusive, ainsi que de la petite foupel •, de la
pierre de P©ne'kion, du Calvaire,-des sept arceai'x
de Marie et de la grande église, et du' lieu de là
Nativité situés à Reitlhëëm lié sont pas fondées en
droit, et que le statu quo de tous ce;- lieux doit
être maintenu;
3° Que,-ainsi que les Grees, les Latins et les Ar
méniens avaient autrefois reçu une clé des deux
portes du Nord et du Sud-E-t de ladite grotte de
la Nativité, ainsi que de l'une des portes de
l'église où elle est située, cette disposition^ sanc
tionnée par le firman impérial accordé à la nation
grecque, l'an de Théâtre 1170 (de l'ère chrétienne
1757) doit être maintenue sur le même pied ; mais
que, comme il n'a jamais été permis que cette dis
position ni l'état actuel de ladite église fuss eut al
térés, que la communauté latine y exerçât son
culte, ni enfin qu'aucune des deux parties, en in
troduisant des innovations, soit pour le passage de
l'église à la grotte, soit ssus d'autres rapports,
modifiât en rien ce qui existé aujourd'hui et
a été de tous temps, l'on ne devrajamais admettre
de prétentions à cet égard ; <
. 4' Qu'aucun changement ne doit être fait à l'é
tat actuel des portes de ladite église;
5° Que les deux jardins attenant au couvent des
Francs, à Béitlehem, et réclamés par les Latins,
étant placés, d'après le3 anciens, et les nouveaux
documens, sous la surveillance commune des deux,
parties, cet état de choses doit être confirmé ;
6° Que, bien qiic la communauté latine, se ba
sant sur certains firman s qu'elle a en mains, pré
tende à la jouissance exclusive du tombeau de
Sainte-Marie, cette prétention est également in
juste;
7° QHe , néanmoins, puisque aujourd'hui leg
Grecs, lçs Arméniens, les Syriens et les Coptes
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 29 JUILLET.
IL FAUT QUE JEUNESSE SE PASSE."
xxu.
— Eh bien ! docteur, que pensez-vous de
notre malade, à présent? disait le vicomte
de Fenestrange à Hector Godard, en se pro
menant un matin avec lui dans le parc , à
l'issue du déjeûner et en fumant un cigare.
— Ma foi, répondit le docteur, je vous
avouerai franchement, entre nous, que j'a
vais toujours considéré l'art que j'exerce
eemme le plus conjectural qui soit au mon
de , après la politique pourtant...
.—Eh bien! vous aveu changé d'avis?
— Oui; puisque vous m'y forcez, je dois
vous dire que toutes les fois que les méde
cins et les politiques, conjecturent quelque
chose, il y a toute probabilité qu'il arrivera
diamétralement le contraire. Exemple : Il y
avait mille à parier contre un, pour toutes
sortes de raisons pathologiques, dont je vous
fais grâce, que Tristan succomberait à son
ma), dans la nuit même où il a été frappé.
Eh bien 1 il s'est écoulé, depuis lors, quinze
jours à .peine, et le voilà aujourd'hui en
pleine convalescence.
— Et à quoi, docteur, attribuez-vous une
cure si inespérée ?
— Parbleu 1 d'autres vqus diraient peut-
être : à mon talent I Moi, je vous répondrai
tout simplement : au hasard 1
— Et moi qui ne suis ni médecin, ni scep
tique comme vous v je vous dirai aue j'attri
bue cette cure merveilleuse à l'influence
d'un doux baiser d« vierge et de deux beaux
yeux qui sont venus compléter l'œuvre.
— Allons! pour peu que vous y teniez, je
U reproduction est interdite,
présenterai un mémoire à l'Académie de mé
decine , pour démontrer que le plus sûr re
mède contre la fièvre pernicieuse consiste
dans un baiser de vierge, et je demanderai
l'insertion de ce remède dans la prochaine
édition du Codex. ,
— Toujours railleur, cher docteur 1
— Moi! non certes pas! Je suis pleine
ment de votre avis dans le cas qui nous oc
cupe. Et, au fait, l'amour tue tant de monde
ici-bas que, quand il sauverait par hasard
un pauvre diable, il serait encore furieuse
ment en reste avec l'humanité.
' —Ainsi, vous considères notre ami com
me sauvé?
— Oh ! complètement.
— Et vous ne redouteriez pas pour lui les
périls de quelque émotion plus ou moins
violente? '
— Diable! que voulez-vous dire? Est-ce
que cette drôlesse de Florentine reparaîtrait
sur l'horizon?
— Oh ! non, pas que je. sache.
— Est-ce que cette jeune et charmante
"Vendéenne, qui nous a été d'un si grand se
cours, menacerait de se retirer?
— Allons donc!
— Eh bien ! que me parlez-vous d'émo
tions pour mon malade ? Je n'en connais pas
d'autres qui puissent exercer sur lui une in
fluence vraiment funeste.
— Vous m'en répondez, docteur? <
— Je vous en réponds..
— Il suffit.
Et Fenestrange respira, comme si sa poi
trine venait d'être dégagée d'un grand poids.
— J'ai à causer avec Tristan, ajouta-t-il,
vous m'excuserez de vou&fausser compagnie.
Je suis bien aise de le voir, avant l'heure
où Louise vient d'ordinaire; car alors il n'a
plus d'yeux, ni d'oreilles que pour elle.
Fenestrange se dirigea vers h chambre
qu'occupait le jeune comte : celui-ci était
levé, enveloppé dans sa robe de chambra et
assis à une fenêtre, d'où l'on découvrait
4'un des angles de la maison cui'iale. C'était
le phare lumineux vers lequel ses yeux
étaient ineessàmment fixés. Seulement ce
n'était point, "comme dans la fable si tou
chante d'Héro et Léandre, la jeune fille qui
attendait son amant, c'était elle qurvenait à
lui, par un renversement de rôles que lama-
Iadie de Tristan expliquait suffisamment.
Comme s'il «ût appréhendé de perdre un
seul des mouvemens de sa bien-aimée, ou
même de ne pas là découvrir assez tôt, le
malade tënait à la main un télescope, sous le
prétexte fort plausible d'embrasser une plus
grande étendue de paysage.
— Diable! dit Fenestrange en entrant,
est-ce que tu étudies l'astronomie en plein
midi?
Tristan rougit légèrement.
— Après cela, ajouta le vicomte, il y a, je
crois, des astres qu'on ne peut voir qi/à cette
heure-là.
Là-dessus, notre gentilhomme s'assit, et
il y eut un silence. >
Les deux interlocuteurs étaient respective
ment embirrassés.
— J'ai quelque chose d'assez important à
te dire, s'écria Fenestrange.
— Et moi aussi, dit Tristan.
,— Comme cela se rencontre ! Eh bien !
parle, je te dirai ensuite ee .que j'ai à t'ap-
prendre.
—■ Non, je préfère parler après vous, mon
ami.
— Comme il te plaira, mon garçon.
Un nouveau silence s'établit, suivi, delà
part du vicomte, d'un gros soupir.
— Je vous écoute, reprit Tristan.
— Ouf I repartit Fenestrange qui, prenant
' eûfin sa résolution, ajouta en forme d'exorde
ex afjrupto : pourquoi ne" m'as-tu pas laissé
me battre à ta place avec le boyard?
— Voilà une étrange question! je vous
l'ai dit alors, mon ami, et je vous le répète :
est-ce que je pouvais laisser à qui que ce
soit au monde le soin de venger t l'insulte
faitèà ma mère? Maispourquoi me reparler
de ce duel que tout me-faitune loi d'oublier?
— Parce,que tu m'as enlevé, ce jour-là.,
l'unique occasion que je pusse jamais ren
contrer d'expier une grande faute, un crime
même.
— Un crime, que voulez-vous dire?
—Ecoute, Tristan, depuis cette soirée fata
le passée au restaurant de la Maison-d'Or, tu
m'as vu souvent sombre, embarrassé; ce qui
est tout-à-fait antipathique à mon caractère,
à mes habitudes. C'est que j'ai là sur la
conscience un poids qui m'étouffe et dont il
faut que je me débarrasse. Oui,moi, presque
uu vieillard, j'ai un pardon à te demander
à toi, jeune homme.
— linpardon! eh quoi! auriez-vous par
aventure découvert à mamère'le motif de ce
duel? .
— Non, grâce au ciel, ta mère ignore et
ignorera toute sa vie, je l'espère, qu'elle a:
pii êti*e compromise uu instant par une mi
sérable créature? -que tu as châtiée comme
elle le.méritait et de lafaçonla plus sensible
pour une pareille drôlesse. Mais ce que je
dois.t'apprendre, c'est que cette lettre dont^
le prince a osé dotaner lecture... „
— Cette lettre... eh bien ! ne l'avez-vqus
pas fait parvenir, par une voie indirecte,
entre les mains de ma mère, comme je vous
l'avais demandé?
—- Oui, mais sais-tu qui avait livré cette
lettre à Florentine?
— Non, le hasard, peut-être, -ou plutôt
quelque infâme larcin.
-r Ni le hasard, ni un larcin, mon chtr
Tristan, mais une inexcusable imprudencej
un criminel aveuglement, suite d'une ridi
cule fantaisie de vieillard qui se conduisait
en jeune homme, et qui, pour expier sa con
duite, aurait dû mourir de mêmé. Tristan,
le coupable est devant toi, il est à genoux,
et il ne se relèvera pas que tu ne lui aies
pardonné.
. En parlant ainsi; Fenestrange s'était es
effet agenouillé devant son jeune ami, qui,
en proie à mille sensations pénibles, l'écou-
tai t avec consternation.
— 0 ! mon Dieu, s'écria Tristan, vous, le
meilleur, le plus ancien de mes amis I c'est
impossible 1 Je ne vous crois pas, je ne veux
ni ne puis vous croire si coupable I
Fenestrange acheva de porter le jour dans
l'ame de Tristan, en lui révélant tous les dé
tails de son voyage avec Florentine, et il
montra un repentir si profond et si sincère
de ses torts, que le jeune comte, qui n'avait
d'ailleurs que trop appris à sesdépens toute
la puissance des artifices de cette perfide en
chanteresse, ne put s'empêcher d'ouvrir ses
bras au coupable repentant. Aussi bien, s'il
luiétait pénible d'apprendre que Pimpruden-
ee de Fenestrange avait été la cause d'un scan
dale si terrible pour l'honneur de sa famille,
il éprouvait un grand adoucissement à sa
douleur, en songeant que toute réparation
n'était pas impossible. Et puis,' il aimai t, et,
il faut bien le dire, tout l'autorisait à penser
Ïuil avait cessé d'être pour Louise un objet
'aversion et presque d'épouvante. Or, il n'y
a rien qui, porte à l'indulgence comme une
pareille situation de l'ame.
— A mon tour, s'écriâ-t-il de vous faire
ma.confession ! ,
— Oh! pour celle-là, reprit le vicomte en
souriant, je la.devine d'avance, mon garçon,
et je n'ai pas besoin pour voir clair dans ton
cœur de l'aide d'un télescope.
— Oui, mais ce que vous ne savez pas, c'est
que j'ai résolu d'épouser Louise, et que je
compte sur vous pour vaincre les scrupules
de cette jeune fille et pour déterminer ma
mère à consentir à mon bonheur.
Diable!... diable!...
" — Oh ! je sais d'avance tout ce que vous
allez me dire •. qu'elle n'a ai fortune, ni nais
sance. Qu'importe, si j'ai assez de tout cela
Eour deux, et si elle y supplée d'ailleurs si
ienpar ce qu'on trouve trop rarement réuni,
tous les talens qui charment la vie et toutes
les qualités du cœur I Hélas ! hélas ! si, au lieu
de connaître Louise il y a trois mois à peine,
je l'eusse connue avant Florentine, que de
malheurs n'eussé-je pas évités ! que de lar
mes j'aurais épargnées à ma pauvre mère!
sans parler du bien de mon pere que j 'ai si
follement dépensé et qui me resterait encore!
— C'est-à-diré que tu veux faire un ma
riage d'inclination, comme on disait de moa
temps, et que tu veux, me persuader que
c'est un mariage de raison. A la bonne heure,
mon garçon, ce n'est pas moi qui te jetterai"
la pierre, parce que j'ai fait à peu près de
même que toi. Feu Mme de Fenestrange n'é
tait pas la nièce d'un curé, c'est vrai ; mais
elle n'était ni noble, ni riche, ce qui ne l'a
pas empêchée d'être u n modèlede fidélité. Ah !
mon garçon, je te souhiite une femmecomme
celle-là. Il est vrai quu, nous autres mauvais
sujets, je ne sais comment nous faisons ;
mais il semble que nous exerçons sur le sexe
une espèce de fascination, et je crois, ma'
parole d'honneur, que les femmes aiment
d'autant plus leurs amans ou leurs maris,
qu'elles sont moins assurées de leur' fidélité.
On ne tient vraiment qu'à ce qu'ofl est mé~
■ gacé de perdre.
^ Tristan n'était nullement en disposition,
de fiancer dans la discussion d'une pareille
thèsexie casuistique amoureuse; aussi s'em-
pressa-V il de ramener la conversation au but
qu'il s'était proposé. Dans ce moment, d'ail-_
leurs, une élégante américaine venait de fran-*
chir 1a grille du château, et Louise en descen
dait; car la marquise, pensant bien en cela
être agréable à son fils, n'avait pas voulu que
les pèlerinages de la jeune fille au château
s'accomplissent pédestrement; et, malgré la
résistance de Louise, il avait bien fallu qu'elle
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