Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-18
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 juin 1852 18 juin 1852
Description : 1852/06/18 (Numéro 170). 1852/06/18 (Numéro 170).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 170.
ruix os h ' aboïiheesw
• paris....... 13 f. pau .TR1MJESTHÏ.
ïépahtemens. 16 F. ■ —
DN NDMiaO : 20 CENTIMES.
popr xb3 pats étrangers , sa reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 et 25 de chaque moi*. ' -
Les abonnemens datent dtt 1" et ifi
de chaque mois.
fiBUS&SSÀBJX s rw® île ralèii . alaii-Boyal); n' t O.
B 1852. — VEJVDHEDI 48 JUIN.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M« C ucheval- C larignï,
.. Les articles déposés ne sont pas rendus)!
en chef.
On s'abonne, dans les dêpartemens, aux Messageries ut avx Directions de pastel—A Lmires, thet MM" Cowia et fils
.. — A Strasbourg, ches M. ALV.XAggp^oMf l'AHetwanSï ^ ^ ■
| S'adresser, t'raticoi pour l'administration, S M. D énain, directeur-,
! Les annonces «ontreçues an borean^ujournal; et^bre K.»KiS. ^àgL- ^ni-, H?,„Blfirifl lf
PAitis,*i7 mm.
Parmi les nouveaux impôts que le gou
vernement propose de créer pour rétablir
un équilibre stable dans nos budgets, la
taxe sur certains objets de luxe est celle qui,
du moins en principe, paraît devoir soule
ver le moins d'objections.Rien de plus juste,
en effet, que de demander au superflu de la
^richesse une participation dans les dépen
ses destinées à assurer la sécurité sociale.
Le point • important, c'est de se maintenir
dans des limites convenables, et de ne pas
proscrire le luxe en l'imposant.
On sait que les impôts de ce genre existent
depuis long-temps en Angleterre. Ils portent
sur les domestiques mâles, sur les voitures,
sur les chevaux, sur les chiens, sur les ar
moiries et sur la poudre de coiffure. Rappe
lons succinctement d'après quel mode ils
sont établis.
L'impôt sur les domestiques ou serviteurs
à gages, n'atteint que les domestiques mâ
les. Il varie suivant que le maître est ou n'est
pas marié, et augmente progressivemeirt
avec le nombre des domestiques employés.
Si le maître est marié, la taxe est de 30 fr.
pourun seul domestique, de 38 fr. 75 c. pour
chacun lorsqu'ils sont deux, de 47 fr. 50 c.
par tête lorsqu'ils sont trois, et ainsi de suite
j ùsqù'au chiffre de 9b fr. 60 c. qui est. dû pour
chaque domestique dansles maisons où il en
existe onze. A ce dernier nombre, l'impôt tolal
s'élève à 1,037.fr, Au-dessus, la progression
croissante cesse, et il n'est plus payé que
95 fr. 60: c. par domestique en sus. Si le
maître est célibataire, la taxe est plus forte :
- elle est île £5 fr. pour un seul domestique,
de "126 fr; pour deux, à raison de 63 fr. par
chacun, et ainsi 4e suite, jusqu'au nombre
de onze, à.partir duquel chaque domestique
en sus est taxé à 120 fr. Il y a d'ailleurs de
nombreuses exceptions, qui ont été princi
palement admises depuis trente ans, et qu'il
serait trop long d'ériumérer.
L'impôt sur los voitures ne frappe que les
toitures de lux-e; il est progressif comme le
précédent et varie en raison du nombre de
roues. Chaque voiture de maître à quatre
roues est imposée à raison de 150 fr. si le
propriétaire n'en- possède qu'une seule, à
162 fi\ s'il en a deux, à 175 fr. lorsqu'il en a
trois, et ainsi progressivement juequ'à-neiif,
nombre auquel le maximum de la taxe appli
cable est de 226 fr. 85 c. C'est 2,042 fr. pour
neuf voitures et 226 fr. 85 pour chaque voilure
déplus. Ajoutons que chaque caisse ou corps
additionnel de voiture placé sur le même
train, donne lieu à une taxe supplémentaire
de 78 fr. 75 c. Pour les voitures à quatre
roues, attelées d'un.seul cheval, la taxe est
uniformément de 112 fr. 50 c.; pour les
voitures à deux roues, c'est 81 fr. 25 e.
si elles sont traînées par un seul cheval,,
112 fr. 50 c. si elles en. ont deux ou un
plus grand nombre, et 38 fr. 75 c. en sus
pour toute caîfee additionnelle.
Les chevaux de selle et de trait, apparte
nant a des particuliers, et ceux qui sont loués
pour l annee, sont assujettis à une taxe de
36 fr. pourun seul cheval, de 59 fr. par tête
lorsque la meme personne en possède deux,
de 6!» fr. 30 c. par tête si elle en a trois, et
ainsi progressivenient jusqu'à vingt ; de telle
sorte que le propriétaire de vingt chevaux
paie 1,650 fr. La taxe sur les chevaux de
course est uniformément de 87 fr. 50 c. Les
chevaux de louage sont soumis à un impôt
fixe de 36 fr. * •
Quant aux chiens, toute personne ayant
en sa possession un ou plusieurs lévriers est
taxée à 25 fr. pour chacun de ces animaux,
Pour les autres chiens,tels que chiens courons,
chiens couchans ou d'arrê!, épagneuls, etc.,
il est dû 10 fr. pour un seul, et 17 fr. par
tète lorsque le nombre est plus considérable.
La loi admet l'abonnement à 900 fr. pour une
meute. Les chiens de ferme et les chiens de
berger sont exemptés depuis 1834. La remi-
se-du droit est accordée, sur un certificat du
ministre de la paroisse et de plusieurs ha-
bitans respectables, au pauvre exempt des
impositions' locales , lorsqu'il ne possède
qu'un chien autre qu'Un chien de chasse.
La taxe sur les armoiries est de 60 fr.,
lorsque le contribuable est déjà assujètti à
l'impôt des voitures, de 30 fr. lorsqu'il n'est
passible que de l'impôt des portes et fenêi
très, et de 15 fr. seulement s'il n'est imposé
ni à l'une ni à l'autre de ces contributions.
Enfin toute personne qui porte de la pou
dre est soumise à un impôt annuel de 29 f. 25
payable par la personne elle-même ou par
les maîtres pour leur domestique.
Tels sont les impôts somptuairès établis
dans la Grande-Bretagne. Ils produisent un
peu plus de 32 millions. Un journal faisait
remarquer que le produit de ces impôts, loin
de suivre la progression des autres taxes,
avait diminué d'un million et demi depuis
vingPcinq ans, et il s'étonnait d'un sembla
ble résultat en: présence du développement
considérable de la richesse publique en An
gleterre. Cette diminution s'explique tout
naturellement. L'impôt sur la poudre, par
exemple, n'atteint plus aujourd'hui que les
magistrats, qui se couvrent encore d'énor
mes , perruques dans l'exercice de leurs
fonctions, et que les grands seigneurs qui
tiennent à ce que leurs domestiques aient
la tête poudrée. Mais ce qui a occâsioné sur
tout une réduction dans le produit des taxes
sur les.domestiques, sur les chevaux et sur
les chitfns, ce sont" les nombreuses exemp
tions qui ont été prononcées depuis quinze
ou vingt ans. L'impôt sur les voitures, qui
n'a pas été entamé par des concessions, pré
sente au" contraire une forte augmentation.
On comprend toutefois que les impôts,sur
le luxe doivent subir, dans leur application
en France, des fuodifications appropriées à
la différence de' nos mœurs et de notre-état
économique et social. Les fortunes ne sont
pas agglomérées chez nous comme en Angle
terre. La terre est exclusivement possédée, de
l'autre côté du détroit, par quarante mille pro- >
priétaires,e} elle est cultivée par ce qu'on a ap
pelé une bourgeoisieagricole, la classe des fer
miers, qui est très riche, qui a des chevaux et
des voitures', qui chasse avecses maîtres. Rien
de pareil Glïez nous. Notre pays est surtout
un pays de petite propriété et de petite
culture. Sur il millions de cotes que pré
sente le relevé dès contributions directes,
vous en trouvez 5,441,000 inférieures à 5 fr.,
1,818,000 de 5 â 10 fr., 1,614,000 de 10 à
20 fr., 791,000 de 20 à 30 fr., etc., etc.- Les
conditions • moyennes sont beaucoup plus
nombreuses chez nous, mais la richesse y*
est plus rare, et les impôts de luxe doivent -
par conséquent être assis et"calculés en rai-"
son de cette situation.
Ainsi le gouvernement ne propose pas d'é
tablir en France l'impôt sur les domestiques
mâles qui existe en Angleterre. Un impôt de
cette nature Saurait pas en effet le même ca
ractère chez nous. que chez nos voi&u « Ce
ne serait plus, en général, une taxe somp-
tuaire. A .part quelques individualités, le
nombre des gens de seivice est assez rigou
reusement proportionné à la fortune de ce
lui qui les emploie. Il est donc très prena
ble que, si l'on eût importé cet impôt chez
nous, il eût entraîné des réformes dans beau
coup de maisons et mis beaucoup de domes
tiques sur le pavé, ©n eût frappé les servi
teurs à gages plus encore que les maîtres
eux-mê:i.es.
Les impôts sur les voitures, sur les che
vaux et sur les chiens, les seuls que l'on pro
pose d'emprunter à l'Angleterre, ont été mo
difiés conformément à l'état de la propriété
en France. Ils sont proportionnels et non
progressifs. Le système progressif, dit
l'exposé des motifs, peut convenir à un
pays dans lequel l'impôt ne s'adresse qu'à
des fortunes puissantes ; chez nous, il
ne. serait en harmonie ni avec les idées,
ni avec la diffusion des fortunes , ni avec
leur organisation. Cependant, les impôts
ne sont pas fixés d'une manière .uni
forme. Ils varient suivant les localités, en
raison de la population. Faibles dans les
petites villes et dans les communes ru -
raies, ils sont beaucoup plus considérables
dans les grandes cités. C'est ce qui a lieu
également pour les patentes et pour plusieurs
autres impôls. Ils n'atteignent, d'ailleurs,
jamais un chiffre aussi élevé qu'en Angle
terre.
D'après le projet de loi, l'impôt sur les
voitures à deux roues est de I0.fr. au mini
mum et de 60 fr. au maximum ; l'impôt sur
les voitures à quatre roues descend jusqu'à
20 fr. et monte jusqu'à 120 fr. Nous avons
dit qu'il était en Angleterre de 81 fr. 23 pour
les premières, de 150 fr. pour les secon
des, et qu'il s'élevait même jusqu'à 226 fr.
par voiture pour les personnes qui en possé
daient neuf. On voit donc que la taxe
proposée est beaucoup moindre que celle
qui est perçue de l'autre côté de la Manche..
Pour ce qui est du droit additionnel établi
sur les voitures armoriées, il est le même
dans les deux pays.,
. Les chevaux de luxe paieront de 10à60fr.
suivant la population des communes -dans
lesquelles résident les propriétaires. Eu An
gleterre, l'impôt n'est que de 36 fr. pour ce
lui qui n'a qu'un cheval ; mais il est de 59 fr.
par tête quand la même personne en possède
deux, et il monte j usqu'à: 82 fr. quand elle
eh a uQ.plus grand nombre. L'impôt sera
donc moindre chez nous, sauf pour la per
sonne qùi 'ne -possèdb qu'un cheval et - qui
h^byfijj&ris ou une /jommune de plus de
50^00&aiBfcS. .***:.
Les chîéns ne paieroijt^que Sir. par tête,
conformément au projet qui avait réuni,
l'année dernière, les suffrages' de la moitié
des vôtans. L'impôt en Angleterre est de 10,
17 et25;fr. La taxe qu'on propose' d'établir
chez nous esl..dcffi£i^Qmmûlns^^ a-
ble.Oa exempte, d'ailleurs, comme chez nos
voisins, • les chiens employés à la garde et à
la conduite des troupeaux. On exempte éga
lement lés chiens des aveugles. L'impôt sur
les chiens«.n'a pas seulement un but fiscal.
Les ch'ienslse sont multipliés depuis quel
ques aimées ; ils prélèvent une part assez no-,
table sur la consommation alimentaire du
pays, et c'est d'ailleurs à leur grand, nombre
qu'il fâùt atlnbuer'lu fréquence desaceidens-
causés par la rage. Il y a là un mal auquel
l'impôt doit remédier. *
■ On calcule que ces trois impôts produiront
10 millions, savoir : la taxe sur les voilures
4,«t les taxes sur les chevaux et sur les chiens,
.chacune 3. te serait deux tiers de moins .
qu'en Angleterre : ce qui s'explique par la
modération des droits et. par la moindre
etendue de la matière imposable.
On a cherché encore dansl'établissemen t de
ces taxes un autre avantage, celui d'enlever
un texte de déclamations aux démagogues.
Combien de fois "n'a-t-on pas accusé nos "
divers gouvernemens de ménager toujours'
les rkhes pour reporter tout le poids des:
charges sur les pauvres ! Les impôts soaap-
tuaires couperaient,court à toutes ces impu
tations malveillantes, et quand le peuple saura
que les-contributions établies sur les voitu
res, les chevaux et les chiens ne peuvent
rendre que 10 millions, il accueillera moins
facilement, les projets de ces utopistes qui
prétendent bouleverser tout notre système
de contributions pour atteindre une popu
lation de riclxes qui n'existe que dans leur
^ imagination.
Peut-être objectera-t-on, au point de vue de
la pratique, la crainte que les frais de percep
tion ne soient hors de proportion avec le
rendement. Mais nous avons une adtriinis
tratiop des contributions, toute montée et
qui se chargera du recouvrement de ces
impôts sans grande augmentation de dé
penses. Il serait d'ailleurs à désirer que,
pour assurer laperception, le gouvernement
fît intervenir les municipalités, en leur ac
cordant une part dans le produit. On y ga
gnerait deux choses : la première, défaire ac
cepter plus facilement les nouveaux impôts,
en les dépouillant de tout caractère tracas-
sier; la se coude, d'être plus certain d'at
teindre toute la matière imposable'.
j. burat.
lN[ous recevons des nouvelles de la colonne
expéditionnaire qui, sous le commandement
du général Mac-Maton, opère dans la partie
orientale de la petite Kabylie. Une dépêche
télégraphique, à la date du 1 er juin, a an
noncé, au gouverneur général, qu'à la suite
d'un brillant combat livré, le 31 mai, aux
contingens rebelles, et dont nous reparlerons
tout à l'heure, le général Mac-Mahon avait
porté son camp le même jour sur le territoire
desM'Chat. Cette tribu s'est empressée de de
mander l'aman, sans la moindre tentative de
résistance. De plus, les deux fractions des Ou-
led-Aideun, qui ne s'étaient pas encore sou
mises, se sont rendues au camp pour se ran
ger au devoir. La colonne se trouvait sur la
lisière du territoire des Beni-Tou-Fout, qui
paraissent avoir abjuré toute pensée d'hos
tilité. Il est donc très probable que le géné
ral Mac-Mahon, qui ne. comptait arriver à
Collo que du 10 au 13, y, sera vers le 8. On ne
peut que s'en féliciter. Il aura plus de temps
devant lui pour organiser l'occupation dé
finitive de Collo et pour soumettre, avant les
chaleurs extrêmes, les peuplades du massif
montagneux qui dominé cette ville.
L'occupation définitive de Collo est l'un,
des points les plus, intéressans de l'expédi
tion du général Mac-Mahon. Cette petite-
torités françaises. Elle était gouvernée tiar un
caïd indigène investi par nous et qui nous
obéissait. On a compris la nécessité de la pla
cer définitivement sous notre pouvoir direct
et d'en faire une cité française. Collo, quoique
déchu de son ancienne importance,doit jouer
un certain rôle dans l'avenir commercial et
maritime de l'Algérie. Avant d'appartenir
aux Turcs, la ville maure de Collo était assez
puissante et assez peuplée pour se maintenir
îndéprndante contre les souverains de Tunis
et de Constantine. Elle avait une banlieue
étendue et pouvait mettre sur pied environ
dix mille hommes. Elle tomba au pouvoir
des Turcs en 1520. Collo était à cette époque
<.le port de Constantine qui dut se soumettre
immédiatement à Barberousse. Aujourd'hui
Collo n'est plus indispensable à l'existence de
Constantine. La création de Philippeville
(l'ancienne Russicada des Romains) et la ré
surrection de Stora ont changé cet état de
choses.
Collo'{en Arabe Calla, Coul ou Goullou)
est actuellement un gros bourg de deux
mille ames, sur le bord de la mer, et près
d'un mouillage où les bàlimens sontàl'abri
des vents du nord-ouest, très dangereux sur
cette côte. Les Romains y avaient bâti une
ville très considérable, dans les ruines de
laquelle se trouvent enclavées les construc
tions modernes.Les habitans de Collo ,accou-
tumés depuis long-temps au commerce des
Européens, y sont plus hospitaliers et plus
doux que ceux du littoral Kabyle. Avant notre
conquête, et de temps immémorial, Collo était
ouvert au négoce; les Vénitiens, les Génois,
les Flamands, les Français y avaient été ac
cueillis. Les Français et surtout les Proven
çaux, yétaient en grand renom. Collo est cer
tainement appelé à un rôle très florissant dès
que la civilisation aura pénétré dans ces con
trées. Quoique composée de hauteurs, cette
région abonde en fruits, en blé, en pâturages,
en troupeaux. Le bois à brûler n'y est ni ra
re, ni cher, grâce aux belles forêts des mon
tagnes voisines. Les Turcs en tiraient, en où-
tre, des bois de construction qui peuvent
être charriés sur l'Oued-Kebir. Le corail
est très abondant sur les côtes, et les
riiontagnes recèlent des mines de cuivre
et de cristal de roche non encore exploi
tées. "Collo, comme Bougie, comme Djid
jelli, comme Philippeville, comme la Càl-
le, est destiné'à devenir un port important
dès que la colonisation aura transformé nos
possessions africaines. L'occupation fran
çaise va y donner une vive impulsion au
commerce et y appeler une-population plus
nombreuse. L'expédition du général Mac-
Mahon aura pour résultat de lui soumettre
les tribus montagnardes de la banlieue.
.. Les renseignemens'qui nous parviennent
sur les opérations du général Mac-Mahon,
constatent qu'il a eu jusqu'à présent à vain
cre des difficultés plus sérieuses 1 qu'on ne le
croyait d'abord. Lors de l'arrivée de la co
lonne, les tribus jusqu'alors hésitantes se
sont montrées décidément hostiles. On peut
attribuer jusqu'à certain point ces disposi
tions aux prophéties et aux encouragemens
du chérif Bou-Sbeah dont la défaite éclatante
a- marqué, pour ainsi dire, le premier pas
de la colonne expéditionnaire. On sait qne
cette défaite a eu lieu le 21 mai, La colonne
a ensuite causé aux Ouled-Aidouù des per
tes qui peuvent etre ovaluees a un million.
La sévérité de-cet .«Xftafyleiat porte ses fruiis.
Le 23, la brigade du générât Bosquet châtia
les Ouléd-Ameur. fraction des Beni-fCtab.
Du 24 au 27, qji recouvra 1 impôt des rebel
les qui avait sollicite 1 aman; le 29, on apprit
que Bou-Sbeah avait reparu avec ses contin
gens chez les M'cliat. Le 30, on reçut la sou
mission des'OUled-Ktiassem; deux de leurs
chefs reçurent le bornons- d'investiture. Le
31 fut signalé par une nouvelle rencontre
avec les bandes du chérif Bou-Sbeah, qui
fut encore battu, et qui laissa sur la place'
une centaine'des siens. Tels sont les événe-
mens qui nous amènent jusqu'au 1" juin et
jusqu'à l'entrée de la colonne sur le territoire
des Beni-Toufout pour se rendre à Coilo.
Il est fort remarquable que les.luttes ar
mées qui viennent de se passer sur l'Oued-
Kebir-et dans la Kabylie de Collo, n'ont eu
aucun retentissement dans la Kabyliè de
Djidjelli. Les routes sont restées libres et sû
res. Le marché de Djidjelli conserve son ac
tivité. Le chérif Bou-Bagherla est tou
jours réduit à l'inaction, quoiqu'il ait ré-
"pandû à profusion dans le pays une fausse
correspondance avec nos agens, ayant pour
but de faire croire que nous sommes trahis
par eux.
Nous avons raconté les événement graves
qui viennent d'éclater à Guelma. On sait que,
dans la nuit, les Ouled-Dhan, qui occupent
un assez vaste territoire à trois lieues de
Guelma, se sont subitement insurgés, ont
attaqué le camp d'Aïn-Souda, ont chassé les
travailleurs et ont menacé Guelma. Le com
mandant de zouaves a envoyé sur les lieux
quatre compagnies de zouaves et soixante-
dix chevaux réguliers. En outre, le gouver
neur-général a l'ait embarquer sur l'Oréno-
gue, les quatre compagnies d'élite du 12 e de
ligne, sous les ordres du commandant Sor
bier. Le bâtiment, parti d'Alger le 7, était à
Dellys le même jour, y prenait le 1" batail
lon de chasseurs à pied et devait arriver à
Bone le 8. Ces troupes d'élite sont une force
suffisante pour infliger un châtiment exem
plaire aux rebelles et pour étouffer toute
velléité d'insurrection dans les montagnes
voisines de Constantine. Cette agitation, dans
une contrée jusqu'à présent fort tranquille,
s'explique par Une circonstance que nous
avons déjà indiquée. L'année" 1852 est dési
gnée,par des prophéties, comme l'époque de
l'apparition du Moulé-Sâ (maître de l'heure),
qui doit exterminer les iûfidèles et expulser
les Français du territoire algérien. 1852
devait donc être fatal à notre pays à plus
d'un titre. Le pronostic a déjà été conjuré.
chez nous. Espérons qu'il en sera de même
pour nos possessions africaines.
HENRY CACVAtN.
Il y aura demain Vendredi séance aa
Corps Législatif.
ordbe du jouh.
A trois heures, séance publique..
Communication du gouvernement.
Rapport annuel de la commission de surveil
lance des caisses d'amortissement et des dépôts et
consignations sur la situation de ces deux caisses,
conformément à la loi du 28 avril 1816.
& ee ..
projet de loi relatif aux impôts sur les toitu
res, les chevaux, les chiens, l'alcool, le papier,
et les transmissions d'immeubles, a nommé
aujourd'hui M. le comte de Bdissy d'Anglas
président, et M, le comte Fr. de Lagrangô
secrétaire. .
. La commission de sept membres chargée
de l'examen du projet de loi relatif à ïa réé
lection des membres des conseils généraux,
des conseils d'arrondissement et des conseils
municipaux, a nommé M. Monier de la Si-
zeranne président, et M. Dubois (d'Angers)
secrétaire.
On parle beaucoup d'urie prolongation de
la session. Ou voudrait donner au Corps
Législatif le temps de voter tous les projets
de loi qui lui ont été soumis et même quel
ques projets dont il n'est pas encore saisi,
tels, par exemple, que le projet de loi
sur le chemin de Bordeaux à Cette. C'est,
dit-on, afin de pouvoir défendre en personne
ce projet devant le conseil d'Etat, qne M. le
ministre des travaux publics a renoncé à se
gendre à Nancy. Le chemin de Cherbourg
paraît aussi occuperle ministre.
Un journal dit g propos de ce dernier
proiet : « On assure qu'il vient d'être dé
cide , en principe, que la concession du
chemin de fer de Cherbourg serait faite à la
compagnie du chemin de fer de Rouen et
qu'un projet de loi, dans-ce sens, serait pré
senté au Corps Législatif. » -
On annonce ce soir que la prolongation
de la session serait d'une quinzaine de jours.
La clôture de la session aurait ainsi lieu vers
le 15 juillet; l. bonifacs, :
Nous recevons des nouvelles de Rio-Janei
ro, du 14 mai. Les affaires, en- général,
étaient très actives à cette date, mais la liè
vre jaune faisait toujours beaucoup de ra
vages , principalement sur les étrangers.
Plus de 600 personnes étaient mortes de
celte maladie depuis le commencement du
mois. Parmi les victimes, se trouve M. de
Jouy, secrétaire de l'-a r.bassade française,
qui est mort le 11. Depuis deux jours, la
maladie sévissait moins : on attribuait cette
amélioration de l'état sanitaire â.Jasaigon
d'hiver dans laquelle on était entré.
L'Oscar , capitaine Laboice, parti du Havre
le 11 mars dernier pour San-Francisco, ayant
à son bord 268 émigrans de la loterie des
lingots d'or, est arrivé à Rio le 7 irai. Tous
les émigrans se louent des attentions dù ca
pitaine, qui,, malgré le grand nombre de
passagers qu'il a à conduire, a toujours
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 48 JUIN.
■
LA CENTIÈME REPRÉSENTATION
DË !H EltCADET.
On donnait, l'autre soir, au théâtre du
Gymnase dramatique, la centième représen
tation de Mercadct-le-Faiseur , cette œuvre
posthume de M. de Balzac, dont l'apparition,
on s'en souvient, excita à un si haut point la
curiosité parisienne. Sans nous être rien' dit,
sans rend' z-vous pris à l'avance, et très cer
tains d'aiileurs de nous y rencontrer, nous
nous trouvâmes, ce soir-là, une douzaine d'a-
mÎ3 ,passionuPS. admirateurs de cemort illus
tre, mêlés à la queue dont les tronçons .ser
pentaient, dès six heures, sur le boulevard
Bonne-Nouvelle..J}ous avions tous assisté, il
y a dix mois, à la première représentation de
l'ouvrage, et nous accourions pi< usemeut à
ce jubilé de la gloire.el du génie, comme nous
sommes allés l'an passé et comcné nous
irons chaque année, le 18 août, déposer des
couronnes d'immortelles sur la tombe provi
soire' de ce grand écrivain.
M. de Balzac n'était point de ces hommes
qu'on aime à demi. Ceux qui ont eu l'hon
neur de l'approcher et de le connaître con
servent avec une sorte de religion le culte de
sa mémoire dans la meilleure place de leurs
souvenirs et de leur cœur. Cette vie pleine
de luttes sans cesse renouvelées, çe combat
de loutes les heures, sans trêve, ni merci,
résument d'une façon si complété l'exis
tence des lettrés au XIX e siècle, qu'il nous
est impossible de ne. pas voir dans cette
grande et doulou^fîsjx figure la personni-
îlcatioa d'une c!a^é®*entière d'individus.
C'-est pourquoi Dieu, qui est souverainement
juste, lui fera dans l'avenir uae part de
gloire d'autant plus large et d'autant plus
incontestée, que sa vie a été plus tourmen
tée et plus amère. C'est pourquoi il nous
appartient, à nous qui sommes les humbles
sacristains d'ua temple dont il fut, lui, le
pontife radieux, de veiller à. ce que ses au
tels soient toujours ornés de fleurs nouvel
les, et à ce que l'encens brûle incessamment
dans les cassolettes. — Que ces cassolettes
soient d'or ou de cuivre, le métal ne fait rien
à l'affaire. — Si l'encens est pur, la condi
tion essentielle n'est-elle pas remplie?
Lorsque nous entrâmes dans la salle, elle
était comble, à l'exception des avant-scènes,
de plusieurs loges de face et d'une certaine
quantité de fauteuils d'orchestre Iqués d'a
vance et restés vides. Le hasard nous plaça à
côté d'un homme de quarante-cinq ans,
(l'un très grand air, habillé avec la plus ex
quise élégance, et'de qui la boutonnière
était fleurie d'une rosette où se fondaient,
dans un pêle-mêle harmonieux, tous les or
dres de i'Europe eA toutes les nuances dé
l'arc-en-eiel. On eût. dit une de ces fleurs
impossibles et charmantes que Diaz invente
dans ses jours de soleil et de belle humeur
pour le plus grand désespoir des horticul
teurs et pour la plus grande honte des jar
diniers. Mon voisin parcourait l'Entr'acte
d'un œil distrait, et je me complus à étudier
celte tète fine et distinguée, me demandant •
si je n'avais pas eu déjà la bonne fortune de
le rencontrer quelque part, et cherehautà
mettre un nom sur sa ligure. Quand il eut
terminé sa lecture, il se leva, tournale dos
à la scène, tira de sa poche un binocle en
veloppé-dans un étui en cuir de Russie ( t se
mit a lorgner la salle: Sur h s flancs de l'étui
qu'il déposa sur le velours de son fauteuil,
un E tt un R, surmontés d'une couronne
de comte, étaient gravéien lettres d'or. A
chaque instant mon voisin souriait et sa
luait de la main. Machinalement, mon
regard suivit Ja direction de son regard et
et je ne fu* pas peu surpris en constatant
que saluts et sourires s'adressaient exclusi
vement aux loges inoccupées. Lorsqu'il rut
terminé la revue -{les loges, il lorgna l'or
chestre ; et cet étrange plienornèn.: se renou
vela. Son binocle, qui courait de stalles en
stalles, ne s'arrèt'ût que sur les stalles vides;
alors il inclinait légèrement la tête ou faisait
un signe imperceptibledubout.de ses doigts
finement gantés. ,, >
— C'est un fou! pensai-je, domiaé par cet
orgueil detestable qui nous porte à considérer
qomme insensés tous ceux dont les actions
ou les discours ûous sont inintelligible.5 et à
taxer de folies les choses dont le sens réel
nous échappe.
Comme s'il eût voulu m'ôter jusqu'au
moindre doute à cet égard, mon voisin se
pencha vers le fauteuil placé à sa gauche et
parut échanger quelques paroles avec un
spectateur imaginaire. Ce 'fauteuil était de
ceux qu'on avait retenus dans la Journée;
un carton fixé au dossier indiquait que la
place était louée, et sans doute le locataire,
encore absent, ne se préoccupait que de la
grande pièce. J'ai oublié de dire que le spec
tacle commençait par un vaudeviile du ré
pertoire. ■
En ce moment,•• un de rne3 amis entra à
l'orcheslre, passa de\anl moi, serra la main
que je lui tendis et me salua par-mon nom.
Mon voisin se retourna aussitôt et me consi
déra quelques iastans avec assez d'attention.
— Parbleu! mon cher compatriote, —car
vous êtes d&la Charnue, je crois, — je suis
ravi de vous voir, me dit-il après un court
silence.
— A qui ai-jc l'honneur de parler? deman-
dai-je surpris au plus haut point.
L'inconnu fouilla dans sa poche et me ten
dit sa carte le plus galamment du monde.
L'étonnement. faillit m'arracher un cri; Dieu
merci, il empira dans mon gosier. Sur cette
carte je lus ces mots :
I E COSITE EL'GÈXE DE BASTIGXAC. '
- M. de Ra&lignac? répétai-je d'une voix
incrédule.
— En personne. *
— Celui qui est né à RuffcG?
— Précisément.
— Le cousin de Mme de Bauséanl?
— Lui-même.
— C'est vous qui avez vécu dans la pen
sion bourgeoise de Mme Vauquer, née. de
Confl-ms ? , -
— Juste. -
•— Qui avez connu le père Goriot et Vau
trin?
— Sans doute.
— Ainsi vous existez? lui demandai-je as
sez bêtement.
M. de Rastignac se prit à sourire.
— Trouvez-vous donc que j'aie l'apparen
ce d'un fantôme? dit-il en frisant sa mousta
che.
— Monsieur, hasardai-je, que M. de Bal
zac vous ait emprunté voire personnalité,
qu'iWen ait tiré parti dans l'édification de son
œuvre immense, je le comprends à.merveil
le ; mais qu'il vous ait pris votre nom ! voilà
ce que je ne saurais croire.
— Je l'avais autorisé, reprit M. de Rasti
gnac.
— Vous?
— Non seulement moi, mais aussi mes-
amis. Nous l'avions tous autorisé.
— Tous, dites-vous?
— Certes.
— De qui parlez-vous ? y
— De ceux qui sont dans celte salle et que
ja viens de saluer. *■
— Où donc sont-ils ?
— C'est juste yw)»s ne pouvez les voir.
— M.deRa-ligna-ft&aeha légèrdinentmon
front avec 1 index de sa main droite. Si lé
gère qu'eût été l'imposition de son doigt sur"
mon épidémie, je ressentis une secous-e
électrique des plus vives ; et il me sembla
que je venais de subir une'opération compa
rable à celle de la cataracte.
— Regardez à présent, me dit M. de Ras
tignac.
D'un geste, il m'indiqua les loges et les
stalles que j'avais cru. s vides. ELes étaient
occupé,-s pàr des messieurs et par des dames
causant et riant ensemble, comme des om
bres, assurément, eussent été incapables de
le faire.
— Ils y sont presque tous, me dit l'ancien
pensionnaire do la maison Vauquer. Les
priheipaux personnages de la Comédie hu-
maine out fait comme vous; ils sont venus
saluer la centième représentation de Merca-
det, e l ils applaudiront si fort, si fort, que le
bruit de leurs bravos réjouira Balzac dans sa
tombe.
J'étais abasourdi.
-r Est-ce que je rêve? Deviens-je fou? me
demandai-je a moi-même.
— Vous'êtes sceptique, mon cher compa
triote, continua M., de Rastignac; il vous
faut des preuves ; en voici qui vous satisfe
ront, j'imagine, quelque saint Thomas que
vous puissiez être.
Et se penchant un peu en arrière, il inter
pella un spectateur.
— Nathan ? dit-il.
— Cher comte? .
— Où et quand votre prochain drame ?
— Je finis la pièce d'ouverture pour l'Am
bigu-Comique-. j
— M'enverrez-vous une loge?
— Vous êtes déjà inscrit.
. — Du Bruel ?
> —. Plaît-il? '
— Vous devenez bien paresseux depuis
que vous êtes de l'Académie.
— Moi? J'ai cinq actes en répétition au
Vaudeville et deux acte? aux Variétés.
— A la bonne heure! Ju naperçuis pas
votre femme?
.— Tulliâ? Elle est dans la troisième bai-
giioire.
— Seule?
— Avec'la Palférine.
— Horace, est-il vrai que ce pauvre vida-
me de Pamiers soit au plus bas?
— Il est mort aujourd'hui, à cinq heures.
— Comment l ie docteur lîianchou tue ses
malades, ni plus ni moins qu'un chirurgien
de village?
— Eh ! mon cher, je ne suis pour rien
dans l'affaire, Il est mort desesquatre-vingt-
dix-sept ans sonnés !
— Bixiou, vos dernières caricatures ne'
valent pas le djable.
— Parbleu!"je voudrais bien vous y voir,
vous, avec la censure!
— Bonjour, Léon de Lora, bonjour Stid-
mann, votre exposition est superbe ; mes en-
fans! vous êtes les princes du Musée. Dites-
donc, Sùdmaiin, Pradier vient de mourir....
Voilà une behe place'à prendre.
— Hélas ! cher comte, il y a des hommes
qu'on ne remplace pas ! .
Toutes ces questions et toutes ces réponses
bondirent commelesvolansquedeux joueurs
habiles s'envoient et se renvoient dans une
partie de raquettes bien menée.
M. de Rastignac £e tourna de mon côté.
— Etes-vous toujours aussi incrédule ?
me demanda-t-il avec un lin sourire. y
— Moi, Monsieur? Dieu me gtyek (j ou .
ter de votre parole! : . :
La vérité est que if! 'ne savais ni que croirai
ni que.pen |er, " v
A mesure que mon célèbre compatriote
les interpellait ainsi, d'un œil avide je con
templais tous ces nommes Sont les noms
sont devenus, grâce à M. de Balzac, bien plus
que parleurs travaux, populaires dans tou
te l'Europe civilisée. A l'exception de Bixiou,
maigre, assez piètrement vêtu, et point
décoré, les autres m'apparureBt cossus, dé
corés et dans l'état de santé le plus florissant.
Mme Tullia du Bruel, encore fort appétis
sante, portait, non sans grâce, cet embon
point aimable qui envahit, les danseuses*
lorsqu'elles font succéder, sans transition,
les douceurs du far nitnte aux incessantes
tortures .de leur rude métier. La Palférine
accoudé familièrement sur le dossier de "sa
chaise, étalait une chemise idéale et un gilet
impossible.
— Est-ce que M. -de la Palférine ne voit
plus Mme de Rochegude? demandai-je à M.
de Rastignac. ,
— Il est revenu complètement à la Taell©
Tullia. Il assure que, tout compte fait le
cuisinier de du Bruel est l'un des plus gra'n^
artistes qui soient à Paris.
— Mme de Rochegude vit-elle encore ?
— Vous pouvez |a voir dans la première
avant-scène de rez-de-chaussée,
— Qui donc l'accompagne?
— Conli.
— Conti, le célèbre musicien?
-7- Dam ! vous savez la chanson : „
Et l'on revient toujours
A ses premiers amours I
Je me sentis pris d'un vif désir d'examiner
de près cette artificieuse blonde qui fut tant
aimée par le jeune baron Calyste du Guénic
(voir Béoirix) et j'eus recours au binocle.de
"M. de Rastignac. Mme de Rochegude, deve
nue osseuse et filandreuse, maigrie, flétrie,
les yeux cernés, avait fleuri ses ruines pré
maturées par les conceptions les plus ingé
nieuses de l'article-Paris, Comme le soîr
ruix os h ' aboïiheesw
• paris....... 13 f. pau .TR1MJESTHÏ.
ïépahtemens. 16 F. ■ —
DN NDMiaO : 20 CENTIMES.
popr xb3 pats étrangers , sa reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 et 25 de chaque moi*. ' -
Les abonnemens datent dtt 1" et ifi
de chaque mois.
fiBUS&SSÀBJX s rw® île ralèii . alaii-Boyal); n' t O.
B 1852. — VEJVDHEDI 48 JUIN.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M« C ucheval- C larignï,
.. Les articles déposés ne sont pas rendus)!
en chef.
On s'abonne, dans les dêpartemens, aux Messageries ut avx Directions de pastel—A Lmires, thet MM" Cowia et fils
.. — A Strasbourg, ches M. ALV.XAggp^oMf l'AHetwanSï ^ ^ ■
| S'adresser, t'raticoi pour l'administration, S M. D énain, directeur-,
! Les annonces «ontreçues an borean^ujournal; et^bre K.»KiS. ^àgL- ^ni-, H?,„Blfirifl lf
PAitis,*i7 mm.
Parmi les nouveaux impôts que le gou
vernement propose de créer pour rétablir
un équilibre stable dans nos budgets, la
taxe sur certains objets de luxe est celle qui,
du moins en principe, paraît devoir soule
ver le moins d'objections.Rien de plus juste,
en effet, que de demander au superflu de la
^richesse une participation dans les dépen
ses destinées à assurer la sécurité sociale.
Le point • important, c'est de se maintenir
dans des limites convenables, et de ne pas
proscrire le luxe en l'imposant.
On sait que les impôts de ce genre existent
depuis long-temps en Angleterre. Ils portent
sur les domestiques mâles, sur les voitures,
sur les chevaux, sur les chiens, sur les ar
moiries et sur la poudre de coiffure. Rappe
lons succinctement d'après quel mode ils
sont établis.
L'impôt sur les domestiques ou serviteurs
à gages, n'atteint que les domestiques mâ
les. Il varie suivant que le maître est ou n'est
pas marié, et augmente progressivemeirt
avec le nombre des domestiques employés.
Si le maître est marié, la taxe est de 30 fr.
pourun seul domestique, de 38 fr. 75 c. pour
chacun lorsqu'ils sont deux, de 47 fr. 50 c.
par tête lorsqu'ils sont trois, et ainsi de suite
j ùsqù'au chiffre de 9b fr. 60 c. qui est. dû pour
chaque domestique dansles maisons où il en
existe onze. A ce dernier nombre, l'impôt tolal
s'élève à 1,037.fr, Au-dessus, la progression
croissante cesse, et il n'est plus payé que
95 fr. 60: c. par domestique en sus. Si le
maître est célibataire, la taxe est plus forte :
- elle est île £5 fr. pour un seul domestique,
de "126 fr; pour deux, à raison de 63 fr. par
chacun, et ainsi 4e suite, jusqu'au nombre
de onze, à.partir duquel chaque domestique
en sus est taxé à 120 fr. Il y a d'ailleurs de
nombreuses exceptions, qui ont été princi
palement admises depuis trente ans, et qu'il
serait trop long d'ériumérer.
L'impôt sur los voitures ne frappe que les
toitures de lux-e; il est progressif comme le
précédent et varie en raison du nombre de
roues. Chaque voiture de maître à quatre
roues est imposée à raison de 150 fr. si le
propriétaire n'en- possède qu'une seule, à
162 fi\ s'il en a deux, à 175 fr. lorsqu'il en a
trois, et ainsi progressivement juequ'à-neiif,
nombre auquel le maximum de la taxe appli
cable est de 226 fr. 85 c. C'est 2,042 fr. pour
neuf voitures et 226 fr. 85 pour chaque voilure
déplus. Ajoutons que chaque caisse ou corps
additionnel de voiture placé sur le même
train, donne lieu à une taxe supplémentaire
de 78 fr. 75 c. Pour les voitures à quatre
roues, attelées d'un.seul cheval, la taxe est
uniformément de 112 fr. 50 c.; pour les
voitures à deux roues, c'est 81 fr. 25 e.
si elles sont traînées par un seul cheval,,
112 fr. 50 c. si elles en. ont deux ou un
plus grand nombre, et 38 fr. 75 c. en sus
pour toute caîfee additionnelle.
Les chevaux de selle et de trait, apparte
nant a des particuliers, et ceux qui sont loués
pour l annee, sont assujettis à une taxe de
36 fr. pourun seul cheval, de 59 fr. par tête
lorsque la meme personne en possède deux,
de 6!» fr. 30 c. par tête si elle en a trois, et
ainsi progressivenient jusqu'à vingt ; de telle
sorte que le propriétaire de vingt chevaux
paie 1,650 fr. La taxe sur les chevaux de
course est uniformément de 87 fr. 50 c. Les
chevaux de louage sont soumis à un impôt
fixe de 36 fr. * •
Quant aux chiens, toute personne ayant
en sa possession un ou plusieurs lévriers est
taxée à 25 fr. pour chacun de ces animaux,
Pour les autres chiens,tels que chiens courons,
chiens couchans ou d'arrê!, épagneuls, etc.,
il est dû 10 fr. pour un seul, et 17 fr. par
tète lorsque le nombre est plus considérable.
La loi admet l'abonnement à 900 fr. pour une
meute. Les chiens de ferme et les chiens de
berger sont exemptés depuis 1834. La remi-
se-du droit est accordée, sur un certificat du
ministre de la paroisse et de plusieurs ha-
bitans respectables, au pauvre exempt des
impositions' locales , lorsqu'il ne possède
qu'un chien autre qu'Un chien de chasse.
La taxe sur les armoiries est de 60 fr.,
lorsque le contribuable est déjà assujètti à
l'impôt des voitures, de 30 fr. lorsqu'il n'est
passible que de l'impôt des portes et fenêi
très, et de 15 fr. seulement s'il n'est imposé
ni à l'une ni à l'autre de ces contributions.
Enfin toute personne qui porte de la pou
dre est soumise à un impôt annuel de 29 f. 25
payable par la personne elle-même ou par
les maîtres pour leur domestique.
Tels sont les impôts somptuairès établis
dans la Grande-Bretagne. Ils produisent un
peu plus de 32 millions. Un journal faisait
remarquer que le produit de ces impôts, loin
de suivre la progression des autres taxes,
avait diminué d'un million et demi depuis
vingPcinq ans, et il s'étonnait d'un sembla
ble résultat en: présence du développement
considérable de la richesse publique en An
gleterre. Cette diminution s'explique tout
naturellement. L'impôt sur la poudre, par
exemple, n'atteint plus aujourd'hui que les
magistrats, qui se couvrent encore d'énor
mes , perruques dans l'exercice de leurs
fonctions, et que les grands seigneurs qui
tiennent à ce que leurs domestiques aient
la tête poudrée. Mais ce qui a occâsioné sur
tout une réduction dans le produit des taxes
sur les.domestiques, sur les chevaux et sur
les chitfns, ce sont" les nombreuses exemp
tions qui ont été prononcées depuis quinze
ou vingt ans. L'impôt sur les voitures, qui
n'a pas été entamé par des concessions, pré
sente au" contraire une forte augmentation.
On comprend toutefois que les impôts,sur
le luxe doivent subir, dans leur application
en France, des fuodifications appropriées à
la différence de' nos mœurs et de notre-état
économique et social. Les fortunes ne sont
pas agglomérées chez nous comme en Angle
terre. La terre est exclusivement possédée, de
l'autre côté du détroit, par quarante mille pro- >
priétaires,e} elle est cultivée par ce qu'on a ap
pelé une bourgeoisieagricole, la classe des fer
miers, qui est très riche, qui a des chevaux et
des voitures', qui chasse avecses maîtres. Rien
de pareil Glïez nous. Notre pays est surtout
un pays de petite propriété et de petite
culture. Sur il millions de cotes que pré
sente le relevé dès contributions directes,
vous en trouvez 5,441,000 inférieures à 5 fr.,
1,818,000 de 5 â 10 fr., 1,614,000 de 10 à
20 fr., 791,000 de 20 à 30 fr., etc., etc.- Les
conditions • moyennes sont beaucoup plus
nombreuses chez nous, mais la richesse y*
est plus rare, et les impôts de luxe doivent -
par conséquent être assis et"calculés en rai-"
son de cette situation.
Ainsi le gouvernement ne propose pas d'é
tablir en France l'impôt sur les domestiques
mâles qui existe en Angleterre. Un impôt de
cette nature Saurait pas en effet le même ca
ractère chez nous. que chez nos voi&u « Ce
ne serait plus, en général, une taxe somp-
tuaire. A .part quelques individualités, le
nombre des gens de seivice est assez rigou
reusement proportionné à la fortune de ce
lui qui les emploie. Il est donc très prena
ble que, si l'on eût importé cet impôt chez
nous, il eût entraîné des réformes dans beau
coup de maisons et mis beaucoup de domes
tiques sur le pavé, ©n eût frappé les servi
teurs à gages plus encore que les maîtres
eux-mê:i.es.
Les impôts sur les voitures, sur les che
vaux et sur les chiens, les seuls que l'on pro
pose d'emprunter à l'Angleterre, ont été mo
difiés conformément à l'état de la propriété
en France. Ils sont proportionnels et non
progressifs. Le système progressif, dit
l'exposé des motifs, peut convenir à un
pays dans lequel l'impôt ne s'adresse qu'à
des fortunes puissantes ; chez nous, il
ne. serait en harmonie ni avec les idées,
ni avec la diffusion des fortunes , ni avec
leur organisation. Cependant, les impôts
ne sont pas fixés d'une manière .uni
forme. Ils varient suivant les localités, en
raison de la population. Faibles dans les
petites villes et dans les communes ru -
raies, ils sont beaucoup plus considérables
dans les grandes cités. C'est ce qui a lieu
également pour les patentes et pour plusieurs
autres impôls. Ils n'atteignent, d'ailleurs,
jamais un chiffre aussi élevé qu'en Angle
terre.
D'après le projet de loi, l'impôt sur les
voitures à deux roues est de I0.fr. au mini
mum et de 60 fr. au maximum ; l'impôt sur
les voitures à quatre roues descend jusqu'à
20 fr. et monte jusqu'à 120 fr. Nous avons
dit qu'il était en Angleterre de 81 fr. 23 pour
les premières, de 150 fr. pour les secon
des, et qu'il s'élevait même jusqu'à 226 fr.
par voiture pour les personnes qui en possé
daient neuf. On voit donc que la taxe
proposée est beaucoup moindre que celle
qui est perçue de l'autre côté de la Manche..
Pour ce qui est du droit additionnel établi
sur les voitures armoriées, il est le même
dans les deux pays.,
. Les chevaux de luxe paieront de 10à60fr.
suivant la population des communes -dans
lesquelles résident les propriétaires. Eu An
gleterre, l'impôt n'est que de 36 fr. pour ce
lui qui n'a qu'un cheval ; mais il est de 59 fr.
par tête quand la même personne en possède
deux, et il monte j usqu'à: 82 fr. quand elle
eh a uQ.plus grand nombre. L'impôt sera
donc moindre chez nous, sauf pour la per
sonne qùi 'ne -possèdb qu'un cheval et - qui
h^byfijj&ris ou une /jommune de plus de
50^00&aiBfcS. .***:.
Les chîéns ne paieroijt^que Sir. par tête,
conformément au projet qui avait réuni,
l'année dernière, les suffrages' de la moitié
des vôtans. L'impôt en Angleterre est de 10,
17 et25;fr. La taxe qu'on propose' d'établir
chez nous esl..dcffi£i^Qmmûlns^^ a-
ble.Oa exempte, d'ailleurs, comme chez nos
voisins, • les chiens employés à la garde et à
la conduite des troupeaux. On exempte éga
lement lés chiens des aveugles. L'impôt sur
les chiens«.n'a pas seulement un but fiscal.
Les ch'ienslse sont multipliés depuis quel
ques aimées ; ils prélèvent une part assez no-,
table sur la consommation alimentaire du
pays, et c'est d'ailleurs à leur grand, nombre
qu'il fâùt atlnbuer'lu fréquence desaceidens-
causés par la rage. Il y a là un mal auquel
l'impôt doit remédier. *
■ On calcule que ces trois impôts produiront
10 millions, savoir : la taxe sur les voilures
4,«t les taxes sur les chevaux et sur les chiens,
.chacune 3. te serait deux tiers de moins .
qu'en Angleterre : ce qui s'explique par la
modération des droits et. par la moindre
etendue de la matière imposable.
On a cherché encore dansl'établissemen t de
ces taxes un autre avantage, celui d'enlever
un texte de déclamations aux démagogues.
Combien de fois "n'a-t-on pas accusé nos "
divers gouvernemens de ménager toujours'
les rkhes pour reporter tout le poids des:
charges sur les pauvres ! Les impôts soaap-
tuaires couperaient,court à toutes ces impu
tations malveillantes, et quand le peuple saura
que les-contributions établies sur les voitu
res, les chevaux et les chiens ne peuvent
rendre que 10 millions, il accueillera moins
facilement, les projets de ces utopistes qui
prétendent bouleverser tout notre système
de contributions pour atteindre une popu
lation de riclxes qui n'existe que dans leur
^ imagination.
Peut-être objectera-t-on, au point de vue de
la pratique, la crainte que les frais de percep
tion ne soient hors de proportion avec le
rendement. Mais nous avons une adtriinis
tratiop des contributions, toute montée et
qui se chargera du recouvrement de ces
impôts sans grande augmentation de dé
penses. Il serait d'ailleurs à désirer que,
pour assurer laperception, le gouvernement
fît intervenir les municipalités, en leur ac
cordant une part dans le produit. On y ga
gnerait deux choses : la première, défaire ac
cepter plus facilement les nouveaux impôts,
en les dépouillant de tout caractère tracas-
sier; la se coude, d'être plus certain d'at
teindre toute la matière imposable'.
j. burat.
lN[ous recevons des nouvelles de la colonne
expéditionnaire qui, sous le commandement
du général Mac-Maton, opère dans la partie
orientale de la petite Kabylie. Une dépêche
télégraphique, à la date du 1 er juin, a an
noncé, au gouverneur général, qu'à la suite
d'un brillant combat livré, le 31 mai, aux
contingens rebelles, et dont nous reparlerons
tout à l'heure, le général Mac-Mahon avait
porté son camp le même jour sur le territoire
desM'Chat. Cette tribu s'est empressée de de
mander l'aman, sans la moindre tentative de
résistance. De plus, les deux fractions des Ou-
led-Aideun, qui ne s'étaient pas encore sou
mises, se sont rendues au camp pour se ran
ger au devoir. La colonne se trouvait sur la
lisière du territoire des Beni-Tou-Fout, qui
paraissent avoir abjuré toute pensée d'hos
tilité. Il est donc très probable que le géné
ral Mac-Mahon, qui ne. comptait arriver à
Collo que du 10 au 13, y, sera vers le 8. On ne
peut que s'en féliciter. Il aura plus de temps
devant lui pour organiser l'occupation dé
finitive de Collo et pour soumettre, avant les
chaleurs extrêmes, les peuplades du massif
montagneux qui dominé cette ville.
L'occupation définitive de Collo est l'un,
des points les plus, intéressans de l'expédi
tion du général Mac-Mahon. Cette petite-
torités françaises. Elle était gouvernée tiar un
caïd indigène investi par nous et qui nous
obéissait. On a compris la nécessité de la pla
cer définitivement sous notre pouvoir direct
et d'en faire une cité française. Collo, quoique
déchu de son ancienne importance,doit jouer
un certain rôle dans l'avenir commercial et
maritime de l'Algérie. Avant d'appartenir
aux Turcs, la ville maure de Collo était assez
puissante et assez peuplée pour se maintenir
îndéprndante contre les souverains de Tunis
et de Constantine. Elle avait une banlieue
étendue et pouvait mettre sur pied environ
dix mille hommes. Elle tomba au pouvoir
des Turcs en 1520. Collo était à cette époque
<.le port de Constantine qui dut se soumettre
immédiatement à Barberousse. Aujourd'hui
Collo n'est plus indispensable à l'existence de
Constantine. La création de Philippeville
(l'ancienne Russicada des Romains) et la ré
surrection de Stora ont changé cet état de
choses.
Collo'{en Arabe Calla, Coul ou Goullou)
est actuellement un gros bourg de deux
mille ames, sur le bord de la mer, et près
d'un mouillage où les bàlimens sontàl'abri
des vents du nord-ouest, très dangereux sur
cette côte. Les Romains y avaient bâti une
ville très considérable, dans les ruines de
laquelle se trouvent enclavées les construc
tions modernes.Les habitans de Collo ,accou-
tumés depuis long-temps au commerce des
Européens, y sont plus hospitaliers et plus
doux que ceux du littoral Kabyle. Avant notre
conquête, et de temps immémorial, Collo était
ouvert au négoce; les Vénitiens, les Génois,
les Flamands, les Français y avaient été ac
cueillis. Les Français et surtout les Proven
çaux, yétaient en grand renom. Collo est cer
tainement appelé à un rôle très florissant dès
que la civilisation aura pénétré dans ces con
trées. Quoique composée de hauteurs, cette
région abonde en fruits, en blé, en pâturages,
en troupeaux. Le bois à brûler n'y est ni ra
re, ni cher, grâce aux belles forêts des mon
tagnes voisines. Les Turcs en tiraient, en où-
tre, des bois de construction qui peuvent
être charriés sur l'Oued-Kebir. Le corail
est très abondant sur les côtes, et les
riiontagnes recèlent des mines de cuivre
et de cristal de roche non encore exploi
tées. "Collo, comme Bougie, comme Djid
jelli, comme Philippeville, comme la Càl-
le, est destiné'à devenir un port important
dès que la colonisation aura transformé nos
possessions africaines. L'occupation fran
çaise va y donner une vive impulsion au
commerce et y appeler une-population plus
nombreuse. L'expédition du général Mac-
Mahon aura pour résultat de lui soumettre
les tribus montagnardes de la banlieue.
.. Les renseignemens'qui nous parviennent
sur les opérations du général Mac-Mahon,
constatent qu'il a eu jusqu'à présent à vain
cre des difficultés plus sérieuses 1 qu'on ne le
croyait d'abord. Lors de l'arrivée de la co
lonne, les tribus jusqu'alors hésitantes se
sont montrées décidément hostiles. On peut
attribuer jusqu'à certain point ces disposi
tions aux prophéties et aux encouragemens
du chérif Bou-Sbeah dont la défaite éclatante
a- marqué, pour ainsi dire, le premier pas
de la colonne expéditionnaire. On sait qne
cette défaite a eu lieu le 21 mai, La colonne
a ensuite causé aux Ouled-Aidouù des per
tes qui peuvent etre ovaluees a un million.
La sévérité de-cet .«Xftafyleiat porte ses fruiis.
Le 23, la brigade du générât Bosquet châtia
les Ouléd-Ameur. fraction des Beni-fCtab.
Du 24 au 27, qji recouvra 1 impôt des rebel
les qui avait sollicite 1 aman; le 29, on apprit
que Bou-Sbeah avait reparu avec ses contin
gens chez les M'cliat. Le 30, on reçut la sou
mission des'OUled-Ktiassem; deux de leurs
chefs reçurent le bornons- d'investiture. Le
31 fut signalé par une nouvelle rencontre
avec les bandes du chérif Bou-Sbeah, qui
fut encore battu, et qui laissa sur la place'
une centaine'des siens. Tels sont les événe-
mens qui nous amènent jusqu'au 1" juin et
jusqu'à l'entrée de la colonne sur le territoire
des Beni-Toufout pour se rendre à Coilo.
Il est fort remarquable que les.luttes ar
mées qui viennent de se passer sur l'Oued-
Kebir-et dans la Kabylie de Collo, n'ont eu
aucun retentissement dans la Kabyliè de
Djidjelli. Les routes sont restées libres et sû
res. Le marché de Djidjelli conserve son ac
tivité. Le chérif Bou-Bagherla est tou
jours réduit à l'inaction, quoiqu'il ait ré-
"pandû à profusion dans le pays une fausse
correspondance avec nos agens, ayant pour
but de faire croire que nous sommes trahis
par eux.
Nous avons raconté les événement graves
qui viennent d'éclater à Guelma. On sait que,
dans la nuit, les Ouled-Dhan, qui occupent
un assez vaste territoire à trois lieues de
Guelma, se sont subitement insurgés, ont
attaqué le camp d'Aïn-Souda, ont chassé les
travailleurs et ont menacé Guelma. Le com
mandant de zouaves a envoyé sur les lieux
quatre compagnies de zouaves et soixante-
dix chevaux réguliers. En outre, le gouver
neur-général a l'ait embarquer sur l'Oréno-
gue, les quatre compagnies d'élite du 12 e de
ligne, sous les ordres du commandant Sor
bier. Le bâtiment, parti d'Alger le 7, était à
Dellys le même jour, y prenait le 1" batail
lon de chasseurs à pied et devait arriver à
Bone le 8. Ces troupes d'élite sont une force
suffisante pour infliger un châtiment exem
plaire aux rebelles et pour étouffer toute
velléité d'insurrection dans les montagnes
voisines de Constantine. Cette agitation, dans
une contrée jusqu'à présent fort tranquille,
s'explique par Une circonstance que nous
avons déjà indiquée. L'année" 1852 est dési
gnée,par des prophéties, comme l'époque de
l'apparition du Moulé-Sâ (maître de l'heure),
qui doit exterminer les iûfidèles et expulser
les Français du territoire algérien. 1852
devait donc être fatal à notre pays à plus
d'un titre. Le pronostic a déjà été conjuré.
chez nous. Espérons qu'il en sera de même
pour nos possessions africaines.
HENRY CACVAtN.
Il y aura demain Vendredi séance aa
Corps Législatif.
ordbe du jouh.
A trois heures, séance publique..
Communication du gouvernement.
Rapport annuel de la commission de surveil
lance des caisses d'amortissement et des dépôts et
consignations sur la situation de ces deux caisses,
conformément à la loi du 28 avril 1816.
& ee ..
projet de loi relatif aux impôts sur les toitu
res, les chevaux, les chiens, l'alcool, le papier,
et les transmissions d'immeubles, a nommé
aujourd'hui M. le comte de Bdissy d'Anglas
président, et M, le comte Fr. de Lagrangô
secrétaire. .
. La commission de sept membres chargée
de l'examen du projet de loi relatif à ïa réé
lection des membres des conseils généraux,
des conseils d'arrondissement et des conseils
municipaux, a nommé M. Monier de la Si-
zeranne président, et M. Dubois (d'Angers)
secrétaire.
On parle beaucoup d'urie prolongation de
la session. Ou voudrait donner au Corps
Législatif le temps de voter tous les projets
de loi qui lui ont été soumis et même quel
ques projets dont il n'est pas encore saisi,
tels, par exemple, que le projet de loi
sur le chemin de Bordeaux à Cette. C'est,
dit-on, afin de pouvoir défendre en personne
ce projet devant le conseil d'Etat, qne M. le
ministre des travaux publics a renoncé à se
gendre à Nancy. Le chemin de Cherbourg
paraît aussi occuperle ministre.
Un journal dit g propos de ce dernier
proiet : « On assure qu'il vient d'être dé
cide , en principe, que la concession du
chemin de fer de Cherbourg serait faite à la
compagnie du chemin de fer de Rouen et
qu'un projet de loi, dans-ce sens, serait pré
senté au Corps Législatif. » -
On annonce ce soir que la prolongation
de la session serait d'une quinzaine de jours.
La clôture de la session aurait ainsi lieu vers
le 15 juillet; l. bonifacs, :
Nous recevons des nouvelles de Rio-Janei
ro, du 14 mai. Les affaires, en- général,
étaient très actives à cette date, mais la liè
vre jaune faisait toujours beaucoup de ra
vages , principalement sur les étrangers.
Plus de 600 personnes étaient mortes de
celte maladie depuis le commencement du
mois. Parmi les victimes, se trouve M. de
Jouy, secrétaire de l'-a r.bassade française,
qui est mort le 11. Depuis deux jours, la
maladie sévissait moins : on attribuait cette
amélioration de l'état sanitaire â.Jasaigon
d'hiver dans laquelle on était entré.
L'Oscar , capitaine Laboice, parti du Havre
le 11 mars dernier pour San-Francisco, ayant
à son bord 268 émigrans de la loterie des
lingots d'or, est arrivé à Rio le 7 irai. Tous
les émigrans se louent des attentions dù ca
pitaine, qui,, malgré le grand nombre de
passagers qu'il a à conduire, a toujours
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 48 JUIN.
■
LA CENTIÈME REPRÉSENTATION
DË !H EltCADET.
On donnait, l'autre soir, au théâtre du
Gymnase dramatique, la centième représen
tation de Mercadct-le-Faiseur , cette œuvre
posthume de M. de Balzac, dont l'apparition,
on s'en souvient, excita à un si haut point la
curiosité parisienne. Sans nous être rien' dit,
sans rend' z-vous pris à l'avance, et très cer
tains d'aiileurs de nous y rencontrer, nous
nous trouvâmes, ce soir-là, une douzaine d'a-
mÎ3 ,passionuPS. admirateurs de cemort illus
tre, mêlés à la queue dont les tronçons .ser
pentaient, dès six heures, sur le boulevard
Bonne-Nouvelle..J}ous avions tous assisté, il
y a dix mois, à la première représentation de
l'ouvrage, et nous accourions pi< usemeut à
ce jubilé de la gloire.el du génie, comme nous
sommes allés l'an passé et comcné nous
irons chaque année, le 18 août, déposer des
couronnes d'immortelles sur la tombe provi
soire' de ce grand écrivain.
M. de Balzac n'était point de ces hommes
qu'on aime à demi. Ceux qui ont eu l'hon
neur de l'approcher et de le connaître con
servent avec une sorte de religion le culte de
sa mémoire dans la meilleure place de leurs
souvenirs et de leur cœur. Cette vie pleine
de luttes sans cesse renouvelées, çe combat
de loutes les heures, sans trêve, ni merci,
résument d'une façon si complété l'exis
tence des lettrés au XIX e siècle, qu'il nous
est impossible de ne. pas voir dans cette
grande et doulou^fîsjx figure la personni-
îlcatioa d'une c!a^é®*entière d'individus.
C'-est pourquoi Dieu, qui est souverainement
juste, lui fera dans l'avenir uae part de
gloire d'autant plus large et d'autant plus
incontestée, que sa vie a été plus tourmen
tée et plus amère. C'est pourquoi il nous
appartient, à nous qui sommes les humbles
sacristains d'ua temple dont il fut, lui, le
pontife radieux, de veiller à. ce que ses au
tels soient toujours ornés de fleurs nouvel
les, et à ce que l'encens brûle incessamment
dans les cassolettes. — Que ces cassolettes
soient d'or ou de cuivre, le métal ne fait rien
à l'affaire. — Si l'encens est pur, la condi
tion essentielle n'est-elle pas remplie?
Lorsque nous entrâmes dans la salle, elle
était comble, à l'exception des avant-scènes,
de plusieurs loges de face et d'une certaine
quantité de fauteuils d'orchestre Iqués d'a
vance et restés vides. Le hasard nous plaça à
côté d'un homme de quarante-cinq ans,
(l'un très grand air, habillé avec la plus ex
quise élégance, et'de qui la boutonnière
était fleurie d'une rosette où se fondaient,
dans un pêle-mêle harmonieux, tous les or
dres de i'Europe eA toutes les nuances dé
l'arc-en-eiel. On eût. dit une de ces fleurs
impossibles et charmantes que Diaz invente
dans ses jours de soleil et de belle humeur
pour le plus grand désespoir des horticul
teurs et pour la plus grande honte des jar
diniers. Mon voisin parcourait l'Entr'acte
d'un œil distrait, et je me complus à étudier
celte tète fine et distinguée, me demandant •
si je n'avais pas eu déjà la bonne fortune de
le rencontrer quelque part, et cherehautà
mettre un nom sur sa ligure. Quand il eut
terminé sa lecture, il se leva, tournale dos
à la scène, tira de sa poche un binocle en
veloppé-dans un étui en cuir de Russie ( t se
mit a lorgner la salle: Sur h s flancs de l'étui
qu'il déposa sur le velours de son fauteuil,
un E tt un R, surmontés d'une couronne
de comte, étaient gravéien lettres d'or. A
chaque instant mon voisin souriait et sa
luait de la main. Machinalement, mon
regard suivit Ja direction de son regard et
et je ne fu* pas peu surpris en constatant
que saluts et sourires s'adressaient exclusi
vement aux loges inoccupées. Lorsqu'il rut
terminé la revue -{les loges, il lorgna l'or
chestre ; et cet étrange plienornèn.: se renou
vela. Son binocle, qui courait de stalles en
stalles, ne s'arrèt'ût que sur les stalles vides;
alors il inclinait légèrement la tête ou faisait
un signe imperceptibledubout.de ses doigts
finement gantés. ,, >
— C'est un fou! pensai-je, domiaé par cet
orgueil detestable qui nous porte à considérer
qomme insensés tous ceux dont les actions
ou les discours ûous sont inintelligible.5 et à
taxer de folies les choses dont le sens réel
nous échappe.
Comme s'il eût voulu m'ôter jusqu'au
moindre doute à cet égard, mon voisin se
pencha vers le fauteuil placé à sa gauche et
parut échanger quelques paroles avec un
spectateur imaginaire. Ce 'fauteuil était de
ceux qu'on avait retenus dans la Journée;
un carton fixé au dossier indiquait que la
place était louée, et sans doute le locataire,
encore absent, ne se préoccupait que de la
grande pièce. J'ai oublié de dire que le spec
tacle commençait par un vaudeviile du ré
pertoire. ■
En ce moment,•• un de rne3 amis entra à
l'orcheslre, passa de\anl moi, serra la main
que je lui tendis et me salua par-mon nom.
Mon voisin se retourna aussitôt et me consi
déra quelques iastans avec assez d'attention.
— Parbleu! mon cher compatriote, —car
vous êtes d&la Charnue, je crois, — je suis
ravi de vous voir, me dit-il après un court
silence.
— A qui ai-jc l'honneur de parler? deman-
dai-je surpris au plus haut point.
L'inconnu fouilla dans sa poche et me ten
dit sa carte le plus galamment du monde.
L'étonnement. faillit m'arracher un cri; Dieu
merci, il empira dans mon gosier. Sur cette
carte je lus ces mots :
I E COSITE EL'GÈXE DE BASTIGXAC. '
- M. de Ra&lignac? répétai-je d'une voix
incrédule.
— En personne. *
— Celui qui est né à RuffcG?
— Précisément.
— Le cousin de Mme de Bauséanl?
— Lui-même.
— C'est vous qui avez vécu dans la pen
sion bourgeoise de Mme Vauquer, née. de
Confl-ms ? , -
— Juste. -
•— Qui avez connu le père Goriot et Vau
trin?
— Sans doute.
— Ainsi vous existez? lui demandai-je as
sez bêtement.
M. de Rastignac se prit à sourire.
— Trouvez-vous donc que j'aie l'apparen
ce d'un fantôme? dit-il en frisant sa mousta
che.
— Monsieur, hasardai-je, que M. de Bal
zac vous ait emprunté voire personnalité,
qu'iWen ait tiré parti dans l'édification de son
œuvre immense, je le comprends à.merveil
le ; mais qu'il vous ait pris votre nom ! voilà
ce que je ne saurais croire.
— Je l'avais autorisé, reprit M. de Rasti
gnac.
— Vous?
— Non seulement moi, mais aussi mes-
amis. Nous l'avions tous autorisé.
— Tous, dites-vous?
— Certes.
— De qui parlez-vous ? y
— De ceux qui sont dans celte salle et que
ja viens de saluer. *■
— Où donc sont-ils ?
— C'est juste yw)»s ne pouvez les voir.
— M.deRa-ligna-ft&aeha légèrdinentmon
front avec 1 index de sa main droite. Si lé
gère qu'eût été l'imposition de son doigt sur"
mon épidémie, je ressentis une secous-e
électrique des plus vives ; et il me sembla
que je venais de subir une'opération compa
rable à celle de la cataracte.
— Regardez à présent, me dit M. de Ras
tignac.
D'un geste, il m'indiqua les loges et les
stalles que j'avais cru. s vides. ELes étaient
occupé,-s pàr des messieurs et par des dames
causant et riant ensemble, comme des om
bres, assurément, eussent été incapables de
le faire.
— Ils y sont presque tous, me dit l'ancien
pensionnaire do la maison Vauquer. Les
priheipaux personnages de la Comédie hu-
maine out fait comme vous; ils sont venus
saluer la centième représentation de Merca-
det, e l ils applaudiront si fort, si fort, que le
bruit de leurs bravos réjouira Balzac dans sa
tombe.
J'étais abasourdi.
-r Est-ce que je rêve? Deviens-je fou? me
demandai-je a moi-même.
— Vous'êtes sceptique, mon cher compa
triote, continua M., de Rastignac; il vous
faut des preuves ; en voici qui vous satisfe
ront, j'imagine, quelque saint Thomas que
vous puissiez être.
Et se penchant un peu en arrière, il inter
pella un spectateur.
— Nathan ? dit-il.
— Cher comte? .
— Où et quand votre prochain drame ?
— Je finis la pièce d'ouverture pour l'Am
bigu-Comique-. j
— M'enverrez-vous une loge?
— Vous êtes déjà inscrit.
. — Du Bruel ?
> —. Plaît-il? '
— Vous devenez bien paresseux depuis
que vous êtes de l'Académie.
— Moi? J'ai cinq actes en répétition au
Vaudeville et deux acte? aux Variétés.
— A la bonne heure! Ju naperçuis pas
votre femme?
.— Tulliâ? Elle est dans la troisième bai-
giioire.
— Seule?
— Avec'la Palférine.
— Horace, est-il vrai que ce pauvre vida-
me de Pamiers soit au plus bas?
— Il est mort aujourd'hui, à cinq heures.
— Comment l ie docteur lîianchou tue ses
malades, ni plus ni moins qu'un chirurgien
de village?
— Eh ! mon cher, je ne suis pour rien
dans l'affaire, Il est mort desesquatre-vingt-
dix-sept ans sonnés !
— Bixiou, vos dernières caricatures ne'
valent pas le djable.
— Parbleu!"je voudrais bien vous y voir,
vous, avec la censure!
— Bonjour, Léon de Lora, bonjour Stid-
mann, votre exposition est superbe ; mes en-
fans! vous êtes les princes du Musée. Dites-
donc, Sùdmaiin, Pradier vient de mourir....
Voilà une behe place'à prendre.
— Hélas ! cher comte, il y a des hommes
qu'on ne remplace pas ! .
Toutes ces questions et toutes ces réponses
bondirent commelesvolansquedeux joueurs
habiles s'envoient et se renvoient dans une
partie de raquettes bien menée.
M. de Rastignac £e tourna de mon côté.
— Etes-vous toujours aussi incrédule ?
me demanda-t-il avec un lin sourire. y
— Moi, Monsieur? Dieu me gtyek (j ou .
ter de votre parole! : . :
La vérité est que if! 'ne savais ni que croirai
ni que.pen |er, " v
A mesure que mon célèbre compatriote
les interpellait ainsi, d'un œil avide je con
templais tous ces nommes Sont les noms
sont devenus, grâce à M. de Balzac, bien plus
que parleurs travaux, populaires dans tou
te l'Europe civilisée. A l'exception de Bixiou,
maigre, assez piètrement vêtu, et point
décoré, les autres m'apparureBt cossus, dé
corés et dans l'état de santé le plus florissant.
Mme Tullia du Bruel, encore fort appétis
sante, portait, non sans grâce, cet embon
point aimable qui envahit, les danseuses*
lorsqu'elles font succéder, sans transition,
les douceurs du far nitnte aux incessantes
tortures .de leur rude métier. La Palférine
accoudé familièrement sur le dossier de "sa
chaise, étalait une chemise idéale et un gilet
impossible.
— Est-ce que M. -de la Palférine ne voit
plus Mme de Rochegude? demandai-je à M.
de Rastignac. ,
— Il est revenu complètement à la Taell©
Tullia. Il assure que, tout compte fait le
cuisinier de du Bruel est l'un des plus gra'n^
artistes qui soient à Paris.
— Mme de Rochegude vit-elle encore ?
— Vous pouvez |a voir dans la première
avant-scène de rez-de-chaussée,
— Qui donc l'accompagne?
— Conli.
— Conti, le célèbre musicien?
-7- Dam ! vous savez la chanson : „
Et l'on revient toujours
A ses premiers amours I
Je me sentis pris d'un vif désir d'examiner
de près cette artificieuse blonde qui fut tant
aimée par le jeune baron Calyste du Guénic
(voir Béoirix) et j'eus recours au binocle.de
"M. de Rastignac. Mme de Rochegude, deve
nue osseuse et filandreuse, maigrie, flétrie,
les yeux cernés, avait fleuri ses ruines pré
maturées par les conceptions les plus ingé
nieuses de l'article-Paris, Comme le soîr
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