Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-17
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 juin 1852 17 juin 1852
Description : 1852/06/17 (Numéro 169). 1852/06/17 (Numéro 169).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMEKO 109.
' 93SX DS (,>&BOKaEHBS7 :
PAIUS.. i i . ta F. PAR TRIMESTM!
D ÏPARTEMENS. 16 F. — "
. UN NUMÉRO : 90 CENTIMES.
s>onk lïs pays btrangbs», se report»
an tableau qui sera publié dans le Jouro^
les l« et *8 de chaque mois !
Les aicntismetis datent des 1" etlS
dc 'chaque mois. ■
S'adresser, 'franco, pour la. rédaction, à M. C uchevu- C uhigny, rédacteur en chef.
. Les articles déposés ne sont pas rendus.
: rtws cfcr VaB&ia (&*ftla.S*-X5oyal), n' iO,
11852.- JEUDI \1 JUIN.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, :dans ht départemens, ceux Messagerie» Ht aux Direction» de poste,—A Loïtdres, ehet MM. C owïe et fils, |
: — A Strashn-urg, chezM. l'AU/smagnëi I
S'adresser, franco} pour l'qdminùtration, à M. D emain, directeur*.
Les annonc8s'sont reçues au buraiu du journal; et chai M. PANIS, régisseur, 1#, place de 1s Bouti
immédiatement après la fin de la
session du Corps LégislatifM. le
IX pol>feya-; - dans 'la 1 -partie-
politique ' du Constitutionnel, une
série d'articles sous ce titre :
M 1FKAWCS3-^ T ©UVEMiE.
PARIS 9 16 JUIN,
"une .discussion des plus vives a eu lieu
lundi soir au sein de la chambre des com
munes. Elle n'a point, abouti à un vote,parce
que lord John Russell a désespéré de faire
prononcer un blâme contre ses successeurs;
mais l'effet n'en sera pas moins funeste au
ministère tory. C'est l'effort le plus heureux
que lord John Russell ait tenté depuis sa
sortie du pouvoir; il est juste de dire qu'il
était servi à souhait par les circonstances. '
Il y a sept ou huit mois, à Florence, un
jeune Anglais, du nom de Mather, se trouva
sur le passage d'un détachement de troupes
autrichiennes. 11 ne se rangea pas assez tôt;
malgré les invitations qui lui en furent faites
et qu'il ne comprenait pas; il reçut du com
mandant du détachement un coup de sabresur
la tête et fut violemment renversé. Un offi
cier autrichien qui passait, lui porta quelques
coups pendant qu'il était à terre. Cet offi
cier a éjé réprimandé et puni par ses chefs.
Quant à l'officier de service,il a été traduit de
vant un tribunal, sur les instances de la légafioh
anglaise, et-acquitté. Il a déclaré que M. Ma
ther, au lieu de;* tenir compte de l'avis qui
lui était donné, avait pris une attitude pro-
' voquante, s'était mis dans la posture d'un
homme.qui.veut boxer, et que lui-même
n'avait fait usage de son sabre qu'à son
corps défendant. Il a été établi en même
temps que cet officier n'avait fait que se
conformer au^prescraptions rigoureuses du
eoc^militaïre autrichien. ■■■■•■
' Lés journaux anglais avaient fait:grand
bruit de là blessure de M. Matbiér ; le père
de celui-ci adressait réclamation sur récla
mation à la. presse et au gouverhèment.
Des interpellations avaiçnt lieu dans les
deux chambres du parlement On déclamait
à plaisir contre l'indignité d'un brutal sol
dat qui avait frappé un-homine sans armes
et tout à fait inoflensif. 11 n'y avait au fond
de tout cela qu'un malentendu entre deux
hommes peu enduraas, dont l'un^ne com
prenait pasTaitemand, dont l'autré , "ii£f c'ôm^ 1
prenait pas l'anglais, qui s'étaient'ferus pro
voqués et insultés tous les deuï, dont l'un
avait pensé qu'on outrageait en sa per
sonne la nationalité britannique, dont l'autre
avait cru réprimer une bravade à l'unifoçme
autrichien. Néanmoins on fit assez de tapage
dé tout cela pour ékver cet incident à la hau
teur d'un démêlé international;,etle ministre
des affaires étrangères annonça qu'il allait
demander i^ne indemnité et une réparation
pour les violences dont un sujet anglais
avait été la vîElime.
La promesse était plus facile à faire qu'à
tenir. L'auteur de l'outrage était un officier
autrichien, mais l'incident avait eu lieu à
Florence. Eiait-ce près de l'Autriche ou près
de la Toscane qu'il fallai t réclamer?Se plaindre
à l'Autriche, c'était reconnaître le protec
torat et la sorte de suzeraineté que cette
puissance affecte d'exercer sur la Toscane
et que dénie l'Angleterre. S'adresser à la
Toscane , C'était s'exposer à voir le gou
vernement du grand-duc se laver les mains
des faits et gestes des soldats autrichiens. De
deux inconvéniens, on choisit le moindre,
et, au nom de l'indépendance delà Toscane,
on demanda au grand-duc, supposé maître
chez lui, de réparer le mal qui s'était accom
pli sur son territoire.
, Pour être juste, il faut reconnaître que le
prince de Sclvwartzenberg mit toute la bonne
grâce possible pour arranger cette affaire et
pour tirer de peine le ministère anglais et le
ministère toscan. 11 fit punir l'officier au
trichien qui,., simple passant et sans grief,
avait frappé'un homme à terre. Il fit mettre
en jugement l'officier qui, étant de service,
et à la tête de .gon détachement,» n'avait fait
que suivre sa consigne. Enfin, après l'ac-
' quittéméhtde cet officier, M. de Schwartzen
berg fit savoir qu'il accorderait une indem
nité si on voulait la lui demander. Nous
avons déjà dit pourquoi le gouvernement
anglais préférait s'adresser à la Toscane.
La question de réparation réglée, restait
la question d'indemnité. Lord Malmesbury
fit demander à M. Mather père quels dom
mages-intérêts il réclamait. Celui-ci, -allé
ché par le prix que le trop fameux Pa-
ciflco avait tiré de sa bassinoire et de son
bois de lit, demanda modestement 125,000 fr.
Le gouvernement toscan trouva que c'était
un prix exorbitant pour une contusion, et fit
entendre qu'on devait lui passer les horions
de M. Mather à un plus juste prix. Après bien
des pourparlers, la toscane consentit à payer
un peu plus de 8,000 fr., et accorda par des
sus le marché la grâce de deux jeunes Anglais
qui avaient trempé dans uriéreonspiration
én Toscane et avaient été condamnas amorti
Quand les termes de cet arrangement fu
rent connus,on s'en montra généralement as
sez satisfait, et lordMalmesbury ne fit aucune
difficulté, sur là demande qui lui en fut faite,
de produire toute la correspondance relative à
cette affaire. Cette correspondance fit con
naître que lord Malmesbury, en transmet
tant à Florence la réclamation de M. Mather,
l'avait déclarée exagérée; qu'il avait enjoint à
l'envoyé anglais de demander 12,500 francs,
c'est-à-dire le double de ce que M. Scarlett
avait fini par accepter: il en résulta cette im
pression que lord Malmesbury avait pour
suivi cette affaire avec mollesse et s'étai t mon
tré empressé 'de l'arranger. Les adversaires
du gouvernement eurent soin de faire valoir
en même temps les démonstrations que les
officiers de l'armée autrichienne avaient fai
tes après l'acquittement du lieutenant Fors-
thober, et les toasts qu'on avait affecté de
porter en son honneur dans toutes les réu
nions militaires.Lord Malmesbury s'empressa
de désavouer M, Scarlett, comme ayant eu
tort de se départir de l'ultimatum de son
gouvernement, et fit réclamer -de la Toscane
une réparation plus complète, sous peine de
voir suspendre toute relation diplomatique
entre les deux pays.
Il était trop tard. Lord John Russell avait
vu dans cette affaire une excellente occasion
de reprendre son ancien rôle de tribun, et
d'évoquer à son aide les susceptibilités na
tionales. lia pris prétexte d'une interpellation
sur lasituation de l'Angleterre pour soulever
cètte question au sein de la chambre des com
munes. La.franchise un peu inexpérimentée
avec laquelle lord Malmesbury avait qualifié
les réclamations exorbitantes.de M. Mather,
a été transformée par- lord John Russell en
abandon de l'honneur britannique ; et les hé
sitations dont,les dépêchcs.un peu naïves du
jeune ministre portent la trace, sont deve
nues autant de contradictions et de preuves
d'inhabileté. Lord Palmerston de son côté
n'a pas laissé échapper cette occasion de faire
un cours de diplomatie à l'usage de la cham 7
bre des communes et aux dépens de son suc
cesseur.
On ne saurait dissimuler que l'effet général
de la discussion a été défavorable à lord Mal
mesbury, quoique les adversaires du gou
vernement eussent été fort embarrassés d'in
diquer la conduite qu'ils auraient tenue
à sa place. Personne n'a osé soutenir qu'il
aurait fallu s'adresser à l'Autriche et
non à la Toscane, ou demander une autre
réparation que. la mise en jugement de l'offi
cier coupable. -Tout le débat roule donc sur
le chiffre de l'indemnité. Le chiffrede 12,500
francs est celui qui aurait été alloué par la
loi anglaise elle-même; c'est ce chiffre qui
sera obtenu, puisque l'arrangement conclu
par M:' Scarlett n'a pas été ratifié'. Telle est
l'argumentation que M. d'Israeli a opposée
aux adversaires • du gouvernement, et avec
laquelle il a couvert la retraite du cabinet.
' Aucun vote ne pouvait avoir lieu, par
ce que lord John Russell avait dû embrasser
dans sa motion la situation intérieure et ex
térieure de l'Angleterre, et qu'il aurait été
impossible de trouver une rédaction qui réu-:
nit les trois ou quatre fractions de l'opposi
tion. C'est à cette circonstance que lo câbinet •
tory a dû d j 'cctiapp.er ù.un Éçhasjaâlétipl,.*.
CUCUEVAL-CLAMGNÏ.
Nousavônsannoncé que la commission
'arbitrale, chargée d'apprécier la valeur de la
part de jouissance attribuée par les lois de
1821 et 1822 aux compagnies de canaux,
avait terminé son travail, et nous avons fait
connaître successivement les prix qu'elle
avait fixés.
La part de la compagnie du canal du Rhô
ne au Rhin a été évaluée 7,480,000 fr., celle
de la compagnie du canal de Bourgogne
6 millions, celle de la compagnie des Qua-
tre-Canaux 9,800,000 f., en tout 23,280,000 f.
Parmi ces estimations, une seule, celle
qui est relative à la compagnie des Quatre-
Canaux, a suscité les plaintes des porteurs
des actions de jouissance. Leurs titres ont
été évalués à 100 fr. au-dessous de là va
leur qu'ils obtenaient à la Bourse, avant
qu'on ne connût la sentence. Nous n'a
vons pas à défendre le verdict de la com
mission. Cettfccommission, organisée confor
mément à,la loi du 29 mai 1845, présentait
toutes les. garanties d'impartialité. Mais ce
que nous devons rappeler , c'est que nous
avons .averti nous-mêmes les intéressés-en
disant qu'elle se tiendrait certainement en
défiance contre les manœuvres ouïes en-
traînemens de la spéculation qui avaient pu
faire monter le cours des actions de jouis
sance au-desSus de leur véritable valeur.
Il nous suffira d'ailleurs de citer les pa
roles dont se servait, dans le rapport pré
senté l'année dernière à l'Assemblée législa
tive, un homme qui connaissait très bien la
question et que les compagnies ont choisi
depuis lors comme membre de la commis
sion arbitrale. «Une faut pas se dissimu
ler, disait M. Berryer, en appuyant une
proposition d'affermage faite par quelques
capitalistes, qu'en livrant aux fermiers les
canaux dans leurs conditions actuelles, l'E
tat ne leur donnerait aucun revenu, et qu'ils
n'en pourraient obtenir un que par les tra
vaux d'achèvement, par l'intelligence de l'ex
ploitation, par unmeilleur système dans l'exé
cution des travaux d'entretien et de. répara
tion.» Ainsi, d'après M. Berryer, que les
compagnies et notamment celle des Quatre-
Canaux ont pris pour représentant de leur
intérêt dans le sein de la commission, les
canaux ne donneraient actuellement aucun
revenu, et ne pourraient én donner un qae. :
tîans un aveilTr pjûs 'ôlil moins éloigné et
à l'aide de certains perfectionnemens dans -
leur construction ou dans leur exploitation.
Nous croyons, quant à nous, que M,. Ber
ryer avait singulièrement déprécié le revenu
actuel des canaux. Nous croyons qu'il' se
trompait également.en leur promettant un
avenir prospère, moyennant certaines amé
liorations. Les canaux donnaient un re
venu, revenu assez m'édiocre, nous.Ie recon
naissons. Mais ce revenu,, loin de tendre à
s'accroître, était plutôt menacé par la con
currence de plus en plus redoutable des che
mins de fer.
Une brochure, publiée récemment par le
comitédes houillières, contient des faits assez
concluans sous'ce rapport. Sur la ligne
du Nord, le canal de Saint-Quentin, qui
est la ligne principale suivie par les houil
les belges, a dû baisser son tarif à un cen
time seulement par' kilomètre, pour sou
tenir là concurrence de la voie ferrée. Grâce
à cette réduction, le fret de Mons à Pa
ris "est aujourd'hui de 8, francs à 8 francs
80 c. par tonne, soit de 2 centimes 1/2 par
kilomètre. Mais voici que le chemin de fer,
qui avait d'abord exigé 14 fr. par tonne pour
transporter les houilles, vient de réduire son
tarif à 9 fr. 50 c..pour le trajet de Quiévrain
à Paris, soit à 3 centimes" environ par tonne'
et par kilomètre, et qu'il construit pour ce
service un matériel destiné à permettre des
convois de 300 tonneaux. Notez que, si le
çheinin de fer demande encore un 1/2 cent,
de plus que le canal, il offre, d'un autre côté,
l'avantage de transporter les houilles en deux
jours, et par toutes les saisons, sans'chô-
• m;tge d'été ou d'hiver; qu'il dispense a.insi
les usines d'approvisionnemens qui absorbent
beaucoup le budget. Nous avons dit que la
somme à paver aux compagnies s'élevait à
On lit dansle Moming-IIerald du 18 juin :
- « Il ne saurait dépendre-de la Suisse, soit à
Neuchâtel, soit au conseil fédéral, de fouler aux
pieds, pour son avantage ou par caprice, une por
tion importante du droit public.de l'Europe, qui
intéresse les droits d'un souverain indépendant,
dont le conseil fédéral voudrait usurper l'autorité
à son propre profit et sans aucun équivalent. Le.
protocole de la conférence tenue à Londres n'est
qu'une confirmation d'un droit légalementrcconnu,
'confirmation simple, claire, sans ostentation, sans
menaces. Un document de cette nature est une re
connaissance solennelle, un jugement raisonné et
sans passion , et il convenait à l'Angleterre de
prendre part dans ce que nous pouvons appeler un
arrêt judiciaire international. Que cet arrêt soit
suivi d'une soumission immédiate de la part du
conseil fédéral, c'est ce que nous désirons vive
ment sans l'espérer. Les articles, du traité de
Vienne lient la Suisse aussi bien que l'An
gleterre, la France, l'Autriche i la Russie ; et
il estî/de l'intérêt comme , du 1 devoir du conseil
fédéral de reconnaître à Neucbàtel "les, droits,
stipulés par le traité de Vienne. Avec quelle
équité la Suisse jouirait-elle du bénéfice qu'elle:
retire de sa neutralité assurée dans une par-;
tie du traité , si elle est disposée à violer
injustement les clauses d'une autre partie de ce
.même trajté, au détriment.d'un autre pouvoir in
dépendant? Avec le bénéfice du traité, elle doit en
accepter les charges,qui ne sont m pesantes, ni op
pressives. Le joug et la souveraineté de la Prusse à
-Neuchâtel sont doux et faciles, car depuis longues
années le feu roi lui avait accordé une constitu
tion'. Rien n'est plus important que l'unanimité de
la conférence tenue au Foreign-Officc. On crai
gnait, il y a quelques mois, une action séparée de
la France et dô l'Autriche ; aujourd'hui, ces puis
sances sont d'accord avec leurs co-signataires. »
dict de la commission, ils n'oseront rien en
treprendre. Tout est suspendu, paralysé. C'est -
une situation qu'il y a vraiment urgence de
faire cesser.
On remarquera d'ailleurs, que l'exécution
de la sentence arbitrale ne surchargera pas
être remboursée qu'en trente annuités cal
culées sur un intérêt à 4 0/0 Ce serait donc
une charge annuelle de 13 à 1,400,000 fr.
J. BXJRAT.
*«desrcapita»x improductifs >»ea£n (^jjlu'E&.j. un peu plus de 23 millions. Mais ellenûjioit
la houille fraîchement extraite, sans les dé
chets et avaries inhérens à la navigation,
sans les frais d'assurance. Qui pourrait affir
mer, en outre, que le chemin de fer a dit"
son dernier mot ! -
Nous espérons que la batellerie du Nord
parviendra à se maintenir ;. mais à quelle
condition? Il n'y a pas ici à parler de per
fectionnemens qui puissent réduire le prix
du fret. Les canaux du Nord sont en bon
état, bien., entretenus, offrant une ligne de
navigation régulière; ils portent des bateaux
de 250 à 300 tonneaux, tandis que les canaux
du centre, n'en portent guères. que de 125,
tonneaux; le hallage au moyen des che
vaux y est organisé. Où sera donc le sa
lut de la batellerie? Probablement dans
un nouvel abaissement» du droit de péage,
droitqui, nous l'avons dit plushaut, n'estdéjà
que de lcentime. Or si.les canaux du Nord ont
tant de peine à soutenir la concurrence
des chemins de fer, que deviendront les ca
naux dû centre, qui sont dans des conditions
de navigation bien plus onéreuses, quiabou-:
tissent à des rivières encore à l'état de na
ture? Il est difficile de prévoir la limite à la
quelle ils devront abaisser les tarifs pour re-
- tenif la circulation.
Toutes ces observations doivent, ce nous,
semble, prouver aux compagnies que l'ave
nir loin d'être pour elles, était contre elles,;
et qu'elles doivent s'estiiher heureuses de
céder, aux prix fixés par la commission ar
bitrale, la part aléatoire qui leur avait été
attribuée dans les bénéfices des canaux.
"Si l'affaire est bonne pour les compagnies,
elle l'est également pour l'Etat, mais par de
toutesautres considérations. Il s'agit, en effet,
pour l'Etai, non pas d'obtenir un produit
plus ou moins considérable des canaux, tnÇis
d'en tirer le meilleur parti possible au point
de vue des intérêts généraux. Nous avons
entassé des millions dans la construction
de ces voies navigables. Qu'ils profitent
du moins au commerce et à l'industrie!
Le gouvernement, en reconquérant sa liber-
, té d'action, pourra modifier les tarifs sui
vant les circonstances et les nécessités. Il
pourra améliorer nos fleuves et nos-rivières
sans craindre de voir ces améliorations en
travées par les prétentions des compagnies
dé* canaux., Enfin il pourra défendre la na
vigation contre la concurrence des chemins
de fer.
Reste maintenant à prendre un parti défi
nitif/ AÛjTTçrmës''de Ià'Ioi du 29 mai 1843,
après que la commission arbitrale a fait con
naître son verdict, le rachat ne devient défi
nitif qu'en vertu de lois spéciales qui ou r
vrént les crédits, et le gouvernement a une
. année pour se décider: Il est à désirer que le
gouvernement n'use pas du délai , que la loi
lui accorxle <>t qu'il en finisse le .plus tôt pos
sible en présentant une loi conforme au ver
dict de la commission. Nous ne voyous nul
avantage à retarder encore une affaire qui
traîne depuis tant d'années, et nous y voyons
au contraire beaucoup d'inconvéniens.
Il convient d'abord de ne pas laisser plus
'long-temps les compagnies daus l'incertitude
des intentions du gouvernement; Le cours
des actions de jouissance tend 'a se mettre
en rapport avec les chiffres fix-és par la
commission. Si l'on tardait à- prendre un
parti, l'agiotage pourrait s'en mêler encore, ■
et provoquer des hausses et des baisses aux
quelles il est temps de mettre un terme.
Quanta ]'Elat,iil Jui importe de rentrer
promptement dans* la libre disposition des
tarifs. Le commerce de transport est dans;
l'attende. Les négocians et les . industriels
\oudraient organiser un service de batel
lerie-dont les progrès ont été toujours' re
tardés par la question des tarifs. Mais tant
que le gouvernement n'aurapas présenté les :
lois spécia-les destinées à sanctionner le ver-
Le ministère anglais, parune proclamation
royale en date du 15 juin, a interdit la sortie
des processions catholiques dans toute l'é
tendue de l'Angleterre, et tout'exercice du
culte catholique en plein air-oWsur la voi
publique. ,
De nouveaux renseignemens que nous re
cevons sur la convention sanitaire que M.
David a été chargé de conclure avec le gou
vernement autrichien, nous permettent d'af
firmer quesi les négociations ne sont pas en
ivre arrivées à leur terme, comme notre,
correspondant de Vienne nous l'a mandé,
elles sont néanmoins en bonne voie et sur le
point d'aboutir à une heureuse conclusion.
1 t. BON1FACE.
CORPS LÉGISLATIF.
RÉUNION DANS LES BDREAUX.
Les bufêaàx da'Cèffs Législatif,réunis hier pour la nomination d'une commission
de quatorze membres, concernant les impôts sur
les voitures, les chevaux, les chiens, l'alcool, le
•papier et les transmissions d'immeubles, ont ter-;
miné aujourd'hui la nomination des commissaires.
La commission se compose de la manière sui
vante :
1 er bureau, MM. Favart, Pongérard; 2 e , Schnei-;
der, de Kergorlay; 3 e , duc d'Uzès, duc d'Alhuféra;
i", baron de Bussière, de Ravine); 5 e , Ancel, Hal-
lez-Claparède; 6°, le comte Frédéric de Lagrange,
Boissy-d'Anglas; 7°,.Desmaroux de Gaulmin,de
Ladoucette.
Les bureaux ont nommé ensuite une autre com
mission de sept membres pour l'examen du projet
de loi relatif à la réélection des membres des con
seils généraux, des conseils d'arrondissement et
des conseils municipaux.
Ont été élus : ' .
1" bureau, MM. le baron de Saint-Germain;
2% Monier de la Sizeranne; 3 e , lé marquis de Mor-
temart; 4% le comte de Chantérac ; 3 e , Duboys
. (d'Angers); 6°, de Romeuf; 7 e ; Faugier.
NOWEIXES ÉTRANGÈRES.
■ ALLEMAGNE. ■
berlin, 13 juin. — Le comte d'Arnim-Hein-
richsdorff est attendu ici demain. Il se propose de
■ donner au gouvernement des renseignemens sur
les vues du cabinet autrichien dans l'affaire doua
nière et commerciale avant de partir pour les
eaux. •
—L'affaire de Neuchâtel occupe maintenant le
premier plan. La déclaration collective des gran
des puissances attend une répousc de la part de
la Suisse. Si cette réponse ne reconnaît pas le
droit de principauté de la Prusse sur Neuchâtel,;
celle-ci entrera en négociation avec les autres,
•puissances.
En tous cas, le protocole de Londres, sera suivi
de-mesures qui finiront par une-occupation de;
' Neuchâtel par la Prusse. L'Autriche aussi accorde
ra un secours militaire. Les négociations de Lon
dres, comme l'ont anboncé les .journaux anglais^
ont maintenu ce principe, qu'il s'agissait d'exe-j
cuter les traités de 1815. (G. de Cologne.) ]
breslau , 12 juin. — Aujourd'hui le roi et 1.
reint- ont visité l'exposition Je l'industrie. II!
étaient précédés des marchand? de là cour et des
coaronisBaiiMi. JK»,
aux couleurs de la Silésie. Après avoir "visité 1 ex
position en détail, le roi s'est rendu dans la salle
des Etats pour prendre quelques rafraîchissemens,
A cette occasion. S. M. a porté le toast suivant : Je
bois à la santé' de l'exposition de l'industrie silé-
sienne, une fois, deux., fois , trois fois, et je
suis convaincu qu'elle sera féconde en résultats
heureux pour la Silésie. Leroi avait appris qu'hier,
lors de son entrée dans la ville, sa voiture n'avait
point passédevant quelques objets d'industrie placés
dans la haie, parce quil avait donné l'ordre de pren
dre une antre route. S. M. ordonna aussitôt de réu
nir les industriels sur l'escalier formant l'iss,ue du
palais des Etats. L'ordre ayant été exécuté, S. M. ex
prima aux industriels le vif regret 'quelle éprou
vait de n'avoir pas vu leurs ouvrages. Mais elle, a
ajouté qu'elle'n'avait pas été informée qu'ils les
avaient exposé?. ■ . [Gaz. de Breslau.)
AUTRICHE.
vibîwe, { 0 juin.—Aujourd'hui, M. de Bismarck-
Schœnhausen a eu une conférence avecM. le comte
de Buol-Schauenstein à laquelle M. le comte
d'Ami m a assisté. La question douanière et
commerciale a fait l'objet de la discussion. Nous
pouvons affirmer que les deux cabinets sont plus
près de s'entendre sur cette question qu'on ne le
croit généralement. Hier soir, il "est. arrivé une
note de M. le baron de Prokesch d'Osten qui traite
la même question et qui parle de la mission de M.
de Bismarck comme d'un fait pouvant exercer une
'grande influence sur la solution. '
(Gazette de Levpsick.)
P esth (Hongrie), 9 juin. — Les fêtes conti
nuent; l'empereur a dansé hier, soir, et ce matin
à cinq heures il était en route four aller visiter
le camp de Keresztur. (Gaz. de Cologne.)
Du II juin. — Aujourd'hui, vers onze hàiree,
l'empereur est parti d'ici pour Czegled. 11 y est ar
rivé à deux heures trente-cinq minutes, et a été
reçu par l'autorité locale au milieu des cris d'en-
thouriasme de la population^ L'empereur s'est ar
rêté douze minutes, et a continué sa route pour
Ketskemet. . (Wandererl)
PIÉMONT. •
T urin, 12 juin.—M. Boncompagni, ministre du
grâce et justice, a présenté aujourd'hui à la cham
bre des députés un projet de. toi sur le contrat*
civil du mariage, et un autre sur les actes de l'état
civil. Le même ministre a retiré le projet dè loi sur
l'administration supérieure de l'instruction publi
que. Le député Mantelli a présenté le rapport sur le
projet de loi pour la séparation administrative des
provinces. Les conclusions de la commission sont
contraires au projet.
AMERIQUE DU SUD
Le paquebot d'Etat Teviot est arrivé le 14 juin,"
du Brésil et de laPlala. Les lettres sont deBuenos-
Ayres le 3 mai; de Montevideo le 6 ; de Rio-Janeiro
le 13; de Bahia le 18; de Fcrnambouc le 20 ; de
Madère le8 juin; de Lisbonne le 11.. Les nouvelles
de la Plata sont satisfaisantes. L^s élections provin
ciales se sont passées à Buenos-Ayres sans le plus -
leger trouble, et les candidats pdpulair.es ont été
élus à une grande majorité. Tous les nouveaux élus
sont des liomraes modérés. Les gouverneurs de
toutes les provinces devaient" se? rassembler le 25
mai à Saiot-Nicôlaarpoer s'entendre sur le- temps
et le lieu de la-réunion du congrès'général.
Un ministre spécial avait été envoyé pour régler
lauuestion depuis si long-temps pendante d'un
traité de paix définitif. L'aspect des choses n'était
pas aussi beau à Montevideo. A Rio-Janeiro leç.
affaires étaient très actives sur le café avec quel--
que augmentation dans les prix. Le gouvernement
avait embarqué 67,000 liv. sterl. sur ee paquebot.
(Times.)
— Urquiza a reconnu l'indépendance du Para
guay, au nom de la confédération argentine. A
Rio, la fièvre jaunè faisait de grands ravages. Un
bâtiment venant des Açores avait à son bord 270
colons.Tous, à l'exception de 37, ont succombé. Urie
modification partielle du cabinet brésilien a eu
lieu, Martins eSt actuellement ministre de l'inté
rieur; Raymos, de la justice; Nattancellas, de la
marine ; Pauline, des affaires étrangères; Felizar-
do, de la guerre; Torres, des finances et affaires
commerciales. (Daily-News.)
Nouvelles diverses.
PARIS, 16 JUIN.
COURS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURB : le 15 le 16 HAUSSE. BAISSV.
3 O/Oau compt. 70.2b 70.20 » » » 5
—Findumois. 70.1S 70.10 » » » 5
4l/-2aucompt. 100.65 100.50 » » » 15
—Findumois. 100.65 100.55 » » » .10
La chambre consultative de Saint-Pierre-lès-
Calais, vivement préoccupée de deux graves ques
tions qui intéressent au plus haut .degré son in
dustrie tullière, entre autres-, celle concernant le
projet de loi actuellement soumis à l'examen du
conseil d'Etat, d'admettre au droit de 15 0/0 les
tulles de soie étrangers, vient d'envoyer à- Paris,
une députation chargée Je remettre au prinee-
Président delà République,'une pétition y relative,
signée de tous les fabricans de tulle de cette ville.
Cette députation a eu l'honneur d'être reçue ce
matin en audience particulière.
MM. d'Hérambault et Lefebvre-Hermaut, -dé
putés du Pas-de-Calais au Corps Législatif, et
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 17 JUI.t
Souvenirs historiques de Sclioinbi'iinu.
WARIE-RNTOIKETTE.
111.
Marie-Antoinette s'était si,fortement atta
ché les cœurs,qu'à l'époque de son mariage,
la joie de la voir Dauphinede France fut en
tièrement comprimée par la douleur qu'é
prouvèrent les Viennois à la pensée d'une
irrévocable séparation. On ne peut se défen
dre d'un secret sentiment de superstition en
pensant à la nature des adieux de Marie-An
toinette à fa famille, aux gens de sa maison,
à son pays.
Ce jour-là le ciel était sombre, voilé de
nuages; on eût dit que-le soleil avait caché
ses rayons pour ne point éclairer le départ
de la fille aimée des Césars. La douleur de la
cour, comme celle du.peuple, fut immense;
elle se traduisit par des regrets universels et
des larmes sincères. Le départ de Marie-An
toinette rappela moins l'idée d'une fête heu
reuse qu'il ne présenta l'image d'un jour de
deuil; jusqu'aux frontières de la monarenie,
il fut ùn convoi de deuil plutôt qu'un voya
ge d'hjménée. Plus d'une fois, malgré ses
préoccupations, la pensée du~tremblement
de terre de Lisbonne revint à la mémoire de
la future, reine d.e France. <
La douleur de Marie-Thérèse, en se sépa
rant de l'enfant qu'elle " appelait la plus belle
perle de sa couronne, se trouve consignée dans
cette admirable lettre que' l'impératrice écri
vit à soji gendre :
« Votre épouse, mon cher Dauphin, vient
» de se séparer de moi. Comme elle faisait
». nos délices, j'espère qu'elle fera votre hon
te heur ; je l'ai élevée en conséquence, pai'cei
» que; depuis long-temps , je prévoyais
» qu'elle devait partqger vosl destinées. Je lui ai
» inspiré l'amour de sesdevoirs envers vous,
» uji tendre attachement, l'attention à ima-
» giner et à mettre en pratique de vous plai-
» re. Je lui ai toujours recommandé avec
« beaucoup de soin uno tendre dévotion
» envers le maître des rois, persuadée qu'on
» fait mal le bonheur des peuples qui nous
» sont confiés quand on manque envers ce-
» lui qui brise les sceptres et renverse les trônes
» comme il lui plaît. •
» Aimez donc vos devoirs envers Dieu. Je
» vous le dis, mon cher Dauphin, et je le
» le dis à ma fille: aimez le bien des peuples
» sur lesquels vous régnerez toujours trop tût.
» Aimez le roi votre aïeul ; inspirez ou re-
» nouvelez cet attachement à ma famille.
» Soyez bon comme lui; rendez-vous acces-
» sible aux malheureux. Il est impossible
» qu'en vous conduisant ainsi vous n'ayez
» le bonheur en partage. Ma fille, vous aime-
» ra, j'en suis sûre, parce que je la connais -,
» mais plus je vous réponds de son amour
» et de ses soins, plus je vous demande de
» lui vouer le plus tendre attachement.
» Adien; mon cher Dauphin; soyez heureux;
» je suis baignée de larmes. » .
' La veille du départ et de la dernière sépa
ration, Marie-Thérèse fit appeler sa fille dans
son cabinet-de travail, dont elle défendit l'en
trée même à ses ministres. Sur uù de ses
gestes, dont la dignité n'appartenait qu'à el
le seule, Marie-Antoinette s'assit près d'elle
sur une chaise basse ; alors, l'impératrice,
pàle et tremblante, pressa plusieurs fois sur
ses lèvres les lèvresde sonenfaut; puis, après
avoîr apaisé avec ses larmes le feu de l'a
mour maternel qui dévorait son cœur, elle
adressa d'une voix solennelle ces conseils su
blimes à celle qui le lendemain devait la
quitter pour toujours : ' -
« Antoinette, ma bien aimée, si j'étais née
d simple fermière, je pourrais jouir du bon-
» heur que ma tendresse méritait; je ne
» vous perdrais point de vue, je vous éiabli-
» rais près de moi. Mais assise sur un trône
» et ne vivant que pour autrui, je suis-ré-
» duite à m'impbser le plus terrible des sa-
» crifices : je donne, je livre ma chère en-
» fant, et je ne la reverrai de mes jours !
- » Antoinette, en passant sur une-terre
•» étrangère, n'oubliez pas le bon peuple al-
» lemand qui vous a donné tant de preuves
i> d'intérêt. En devenant la lille du roi de
» France, ne cessez point d'aimer cette reine
» de Hongrie qui vous a élevée sur ses ge-
» noux, et qui a besoin de tout son courage
» et de toute sa raison ppur vous céder à un
» monarque étranger» •
j) Les • grandeurs sont faites pour vous.
» Votre beauté, la nature de vos charmes,
» tout votre extérieur, vous y appellent;
.» mais votre ingénuité naturelle, votre can-
» deur, que j'aimais tant, sont un défaut
» chez les maîtres du monde. Apprenez à
» vous vaincre à cet égard. Loin de moi et
» de Mme de Brandeis " obtiendrez -s vous
» jamais un ami sincère?et fidèle? Ne don-
» nez votre confiance intime qu'à votre
» >époux, et assurez-vous'encore de la force
» de son caractère. Je vous ai fait lire atten-
» tivement les historiens où j'ai trouvé ce
» qui pouvait se rapporter-à votre nouvelle
"» position. Vous connaissez les imprudences
» naïves et les grands malheurs de la veuve
» de Henri IV. Les courtisans sont tous jetés
» dans le même moule ; ils se ressemblent
» dans tous les temps. , 1
d Ne faites cas de vos avantages extérieurs
» que parce que les peuples et surtout
» les Français les aimant dans leurs souve-
» rains. Soyez toujours compatissante et
)> miséricordieuse, dussiez-vous faire des
» milliers d'ingrats. La cour-qui vous ap-
» pelle et vous attend, vous offrira moins
.» do simplicité que la mienne. Le mouve-
» menl donné par Louis XIV s'y fait encore
« sentir quant à l'éclat, à. l'appareil du de-
» hors; mais', les mœurs n'y sont plus les
» mêmes.
a N'approuvez que par bienséance, n'esti-
» ihez que la probité. Aimez Louis XV qui
» sera votre roi, votre père. Il fut mon en-
» nemi, il s'est fait mon allié. Attachez-vous
» à lui faire chérir de plus en plus mon
» alliance. Si vous lui convenez, le cabinet
» iiâ. Vienne lui conviendra.. -'
• » Ecrivez-inoi souvent j'arroserai vos
» lettres de nie.-! l.trmoc jr' n'écris jioint
» comme la marquise de Sévigao, mais vous
» èt'^s plus parfaitu que sa chère fille, et je
» vous aime autant qu'elle l'aimait.
» N : vous pronouc ;'Z sur rien luiH que la
•» France conservera L'ouïs XV. Si \ous ces-
» siez un jour d'être Dauphine, faites qu'on
» n'aperçoive point la reine : la loi salique
» ne veut qu'un roi. .
» L'extrême timidité d u Dauphin me donne
» déjà des inquiétudes : rappelez, citez sou-
» vent les grands exemples, faites que votre
» époux agisse en roi. Tous les archiducs
» vos frères vous chérissent restez unis
» dans tous les temps. Cette union fera votre
» force et aucun de vous n'en abusera. Adieu
» " ma fille, mon Antoinette ; laissez couler
» vjos larmes sur les joues de cette tendre
» mère à laquelle vous ressemblez tant.
» Puissiez-vous n'éprouver jamais les tribu-
» lations de sa triste vie. Mais, dans tous les
» cas, rappeléz-vms que le covrafjc est la vertu
» obligée des princes; qu'il lés sauve souvent du
» péril et toujours de la honte. » ;
• La nuit qui suivit cette scène solennelle
fut triste et sans sommeil pour l'impératrice
et l'archiduchesse. '
Que la nuit»paraît longue à la douleur qui veille!
a dit un poète du XVIII e siècle. Marie-An
toinette était heureuse d'aller en France;
ses lèvres et son cœur souriaient déjà de
loin à sa nouvelle patrie ; mais la pensée de
sa mère, qu'elle rie devait plus revoir, la
pensée de sa belle Allemagne, qu'elle devait
quitter sans espoir de retour, assombris
saient ,»son radieux visage. Dans son arne, le
regref, luttant avec le désir, comprimait l'es
pérance. Elle se leva de grand matin, elle
voulait revoir, une fois encore, ses fleurs et
ses oiseaux; elle embrassa les unes, elle ren
dit la liberté aux autres, disant : «Puisque
» ma main désormais doit vous être fermée,
» je laisse à Dieu le soin de vous donner
» votre pâture ; partez, mes bien-aimés, et'si
» vos jeunes ailes sont assez fortes pour sui-
» vre votre jeune maîtresse, venez ; je vous
» donne rendez-vous en France. » ■ -
Enfin l'heure de la dernière séparation ■
était arrivée ; elle eut lieu dans les formes
accoutumées de la" cour de Vienne; la fer
meté de l'impératrice déguisait l'émotion de
la mère; mais, au tremblement nerveux de'
ses lèvres, à la pâleur de son front; on voyait
clairement qu'elle faisait violence à sa dou
leur.-Elle ne put la comprimer davantage-. '
l'héroïne qui n'avait pas versé une larme de
vant la ruine imminente de son puissant
empire, éclata en sanglots devant la perte de
son enfant. Ces derniers adieux furent dé-
chirans; ils étaient, hélas! les sinistres pré
ludes des adieux de la tour du Temple. '
Toute la population de Vienne suivit les
carrosses de l'archiduchesse, qui mar
chaient au pas, jusqu'aux limites de la ban
lieue, et, la combla dé bénédictions, tandis
que Marie-Thérèse, prosternée au pied de
sôn crucifix, demandait à Dieu la résignation
et la fermeté d'aine qui ne l'avaient jamais
abandonnée dans les mémorables épreuves
de sa vie.
Malgré tous les hommages qui l'atten- -
daient sur le territoire français, malgré toute
la joie qu'elle éprouvait de voir enfin le boau
pays qu'elle avait entrevu dans ses mvr-s
a'enfaut, cette jeune princesse, àgé«; de qui* ,-
ze ans à peine, voyait approcher avec mie
sorte de. terreur ie intiment- où ses pas ne
fouleraient plus le. sol de l'Allenngne. Lors
qu'on lui montra la colonne de demarcalii u
et qu'elle se vit sur le point de dépasser les
frontières impériales, la pâleur de la moi t se
répandit sur son visage; elle prononça le
' 93SX DS (,>&BOKaEHBS7 :
PAIUS.. i i . ta F. PAR TRIMESTM!
D ÏPARTEMENS. 16 F. — "
. UN NUMÉRO : 90 CENTIMES.
s>onk lïs pays btrangbs», se report»
an tableau qui sera publié dans le Jouro^
les l« et *8 de chaque mois !
Les aicntismetis datent des 1" etlS
dc 'chaque mois. ■
S'adresser, 'franco, pour la. rédaction, à M. C uchevu- C uhigny, rédacteur en chef.
. Les articles déposés ne sont pas rendus.
: rtws cfcr VaB&ia (&*ftla.S*-X5oyal), n' iO,
11852.- JEUDI \1 JUIN.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, :dans ht départemens, ceux Messagerie» Ht aux Direction» de poste,—A Loïtdres, ehet MM. C owïe et fils, |
: — A Strashn-urg, chezM. l'AU/smagnëi I
S'adresser, franco} pour l'qdminùtration, à M. D emain, directeur*.
Les annonc8s'sont reçues au buraiu du journal; et chai M. PANIS, régisseur, 1#, place de 1s Bouti
immédiatement après la fin de la
session du Corps LégislatifM. le
IX pol>feya-; - dans 'la 1 -partie-
politique ' du Constitutionnel, une
série d'articles sous ce titre :
M 1FKAWCS3-^ T ©UVEMiE.
PARIS 9 16 JUIN,
"une .discussion des plus vives a eu lieu
lundi soir au sein de la chambre des com
munes. Elle n'a point, abouti à un vote,parce
que lord John Russell a désespéré de faire
prononcer un blâme contre ses successeurs;
mais l'effet n'en sera pas moins funeste au
ministère tory. C'est l'effort le plus heureux
que lord John Russell ait tenté depuis sa
sortie du pouvoir; il est juste de dire qu'il
était servi à souhait par les circonstances. '
Il y a sept ou huit mois, à Florence, un
jeune Anglais, du nom de Mather, se trouva
sur le passage d'un détachement de troupes
autrichiennes. 11 ne se rangea pas assez tôt;
malgré les invitations qui lui en furent faites
et qu'il ne comprenait pas; il reçut du com
mandant du détachement un coup de sabresur
la tête et fut violemment renversé. Un offi
cier autrichien qui passait, lui porta quelques
coups pendant qu'il était à terre. Cet offi
cier a éjé réprimandé et puni par ses chefs.
Quant à l'officier de service,il a été traduit de
vant un tribunal, sur les instances de la légafioh
anglaise, et-acquitté. Il a déclaré que M. Ma
ther, au lieu de;* tenir compte de l'avis qui
lui était donné, avait pris une attitude pro-
' voquante, s'était mis dans la posture d'un
homme.qui.veut boxer, et que lui-même
n'avait fait usage de son sabre qu'à son
corps défendant. Il a été établi en même
temps que cet officier n'avait fait que se
conformer au^prescraptions rigoureuses du
eoc^militaïre autrichien. ■■■■•■
' Lés journaux anglais avaient fait:grand
bruit de là blessure de M. Matbiér ; le père
de celui-ci adressait réclamation sur récla
mation à la. presse et au gouverhèment.
Des interpellations avaiçnt lieu dans les
deux chambres du parlement On déclamait
à plaisir contre l'indignité d'un brutal sol
dat qui avait frappé un-homine sans armes
et tout à fait inoflensif. 11 n'y avait au fond
de tout cela qu'un malentendu entre deux
hommes peu enduraas, dont l'un^ne com
prenait pasTaitemand, dont l'autré , "ii£f c'ôm^ 1
prenait pas l'anglais, qui s'étaient'ferus pro
voqués et insultés tous les deuï, dont l'un
avait pensé qu'on outrageait en sa per
sonne la nationalité britannique, dont l'autre
avait cru réprimer une bravade à l'unifoçme
autrichien. Néanmoins on fit assez de tapage
dé tout cela pour ékver cet incident à la hau
teur d'un démêlé international;,etle ministre
des affaires étrangères annonça qu'il allait
demander i^ne indemnité et une réparation
pour les violences dont un sujet anglais
avait été la vîElime.
La promesse était plus facile à faire qu'à
tenir. L'auteur de l'outrage était un officier
autrichien, mais l'incident avait eu lieu à
Florence. Eiait-ce près de l'Autriche ou près
de la Toscane qu'il fallai t réclamer?Se plaindre
à l'Autriche, c'était reconnaître le protec
torat et la sorte de suzeraineté que cette
puissance affecte d'exercer sur la Toscane
et que dénie l'Angleterre. S'adresser à la
Toscane , C'était s'exposer à voir le gou
vernement du grand-duc se laver les mains
des faits et gestes des soldats autrichiens. De
deux inconvéniens, on choisit le moindre,
et, au nom de l'indépendance delà Toscane,
on demanda au grand-duc, supposé maître
chez lui, de réparer le mal qui s'était accom
pli sur son territoire.
, Pour être juste, il faut reconnaître que le
prince de Sclvwartzenberg mit toute la bonne
grâce possible pour arranger cette affaire et
pour tirer de peine le ministère anglais et le
ministère toscan. 11 fit punir l'officier au
trichien qui,., simple passant et sans grief,
avait frappé'un homme à terre. Il fit mettre
en jugement l'officier qui, étant de service,
et à la tête de .gon détachement,» n'avait fait
que suivre sa consigne. Enfin, après l'ac-
' quittéméhtde cet officier, M. de Schwartzen
berg fit savoir qu'il accorderait une indem
nité si on voulait la lui demander. Nous
avons déjà dit pourquoi le gouvernement
anglais préférait s'adresser à la Toscane.
La question de réparation réglée, restait
la question d'indemnité. Lord Malmesbury
fit demander à M. Mather père quels dom
mages-intérêts il réclamait. Celui-ci, -allé
ché par le prix que le trop fameux Pa-
ciflco avait tiré de sa bassinoire et de son
bois de lit, demanda modestement 125,000 fr.
Le gouvernement toscan trouva que c'était
un prix exorbitant pour une contusion, et fit
entendre qu'on devait lui passer les horions
de M. Mather à un plus juste prix. Après bien
des pourparlers, la toscane consentit à payer
un peu plus de 8,000 fr., et accorda par des
sus le marché la grâce de deux jeunes Anglais
qui avaient trempé dans uriéreonspiration
én Toscane et avaient été condamnas amorti
Quand les termes de cet arrangement fu
rent connus,on s'en montra généralement as
sez satisfait, et lordMalmesbury ne fit aucune
difficulté, sur là demande qui lui en fut faite,
de produire toute la correspondance relative à
cette affaire. Cette correspondance fit con
naître que lord Malmesbury, en transmet
tant à Florence la réclamation de M. Mather,
l'avait déclarée exagérée; qu'il avait enjoint à
l'envoyé anglais de demander 12,500 francs,
c'est-à-dire le double de ce que M. Scarlett
avait fini par accepter: il en résulta cette im
pression que lord Malmesbury avait pour
suivi cette affaire avec mollesse et s'étai t mon
tré empressé 'de l'arranger. Les adversaires
du gouvernement eurent soin de faire valoir
en même temps les démonstrations que les
officiers de l'armée autrichienne avaient fai
tes après l'acquittement du lieutenant Fors-
thober, et les toasts qu'on avait affecté de
porter en son honneur dans toutes les réu
nions militaires.Lord Malmesbury s'empressa
de désavouer M, Scarlett, comme ayant eu
tort de se départir de l'ultimatum de son
gouvernement, et fit réclamer -de la Toscane
une réparation plus complète, sous peine de
voir suspendre toute relation diplomatique
entre les deux pays.
Il était trop tard. Lord John Russell avait
vu dans cette affaire une excellente occasion
de reprendre son ancien rôle de tribun, et
d'évoquer à son aide les susceptibilités na
tionales. lia pris prétexte d'une interpellation
sur lasituation de l'Angleterre pour soulever
cètte question au sein de la chambre des com
munes. La.franchise un peu inexpérimentée
avec laquelle lord Malmesbury avait qualifié
les réclamations exorbitantes.de M. Mather,
a été transformée par- lord John Russell en
abandon de l'honneur britannique ; et les hé
sitations dont,les dépêchcs.un peu naïves du
jeune ministre portent la trace, sont deve
nues autant de contradictions et de preuves
d'inhabileté. Lord Palmerston de son côté
n'a pas laissé échapper cette occasion de faire
un cours de diplomatie à l'usage de la cham 7
bre des communes et aux dépens de son suc
cesseur.
On ne saurait dissimuler que l'effet général
de la discussion a été défavorable à lord Mal
mesbury, quoique les adversaires du gou
vernement eussent été fort embarrassés d'in
diquer la conduite qu'ils auraient tenue
à sa place. Personne n'a osé soutenir qu'il
aurait fallu s'adresser à l'Autriche et
non à la Toscane, ou demander une autre
réparation que. la mise en jugement de l'offi
cier coupable. -Tout le débat roule donc sur
le chiffre de l'indemnité. Le chiffrede 12,500
francs est celui qui aurait été alloué par la
loi anglaise elle-même; c'est ce chiffre qui
sera obtenu, puisque l'arrangement conclu
par M:' Scarlett n'a pas été ratifié'. Telle est
l'argumentation que M. d'Israeli a opposée
aux adversaires • du gouvernement, et avec
laquelle il a couvert la retraite du cabinet.
' Aucun vote ne pouvait avoir lieu, par
ce que lord John Russell avait dû embrasser
dans sa motion la situation intérieure et ex
térieure de l'Angleterre, et qu'il aurait été
impossible de trouver une rédaction qui réu-:
nit les trois ou quatre fractions de l'opposi
tion. C'est à cette circonstance que lo câbinet •
tory a dû d j 'cctiapp.er ù.un Éçhasjaâlétipl,.*.
CUCUEVAL-CLAMGNÏ.
Nousavônsannoncé que la commission
'arbitrale, chargée d'apprécier la valeur de la
part de jouissance attribuée par les lois de
1821 et 1822 aux compagnies de canaux,
avait terminé son travail, et nous avons fait
connaître successivement les prix qu'elle
avait fixés.
La part de la compagnie du canal du Rhô
ne au Rhin a été évaluée 7,480,000 fr., celle
de la compagnie du canal de Bourgogne
6 millions, celle de la compagnie des Qua-
tre-Canaux 9,800,000 f., en tout 23,280,000 f.
Parmi ces estimations, une seule, celle
qui est relative à la compagnie des Quatre-
Canaux, a suscité les plaintes des porteurs
des actions de jouissance. Leurs titres ont
été évalués à 100 fr. au-dessous de là va
leur qu'ils obtenaient à la Bourse, avant
qu'on ne connût la sentence. Nous n'a
vons pas à défendre le verdict de la com
mission. Cettfccommission, organisée confor
mément à,la loi du 29 mai 1845, présentait
toutes les. garanties d'impartialité. Mais ce
que nous devons rappeler , c'est que nous
avons .averti nous-mêmes les intéressés-en
disant qu'elle se tiendrait certainement en
défiance contre les manœuvres ouïes en-
traînemens de la spéculation qui avaient pu
faire monter le cours des actions de jouis
sance au-desSus de leur véritable valeur.
Il nous suffira d'ailleurs de citer les pa
roles dont se servait, dans le rapport pré
senté l'année dernière à l'Assemblée législa
tive, un homme qui connaissait très bien la
question et que les compagnies ont choisi
depuis lors comme membre de la commis
sion arbitrale. «Une faut pas se dissimu
ler, disait M. Berryer, en appuyant une
proposition d'affermage faite par quelques
capitalistes, qu'en livrant aux fermiers les
canaux dans leurs conditions actuelles, l'E
tat ne leur donnerait aucun revenu, et qu'ils
n'en pourraient obtenir un que par les tra
vaux d'achèvement, par l'intelligence de l'ex
ploitation, par unmeilleur système dans l'exé
cution des travaux d'entretien et de. répara
tion.» Ainsi, d'après M. Berryer, que les
compagnies et notamment celle des Quatre-
Canaux ont pris pour représentant de leur
intérêt dans le sein de la commission, les
canaux ne donneraient actuellement aucun
revenu, et ne pourraient én donner un qae. :
tîans un aveilTr pjûs 'ôlil moins éloigné et
à l'aide de certains perfectionnemens dans -
leur construction ou dans leur exploitation.
Nous croyons, quant à nous, que M,. Ber
ryer avait singulièrement déprécié le revenu
actuel des canaux. Nous croyons qu'il' se
trompait également.en leur promettant un
avenir prospère, moyennant certaines amé
liorations. Les canaux donnaient un re
venu, revenu assez m'édiocre, nous.Ie recon
naissons. Mais ce revenu,, loin de tendre à
s'accroître, était plutôt menacé par la con
currence de plus en plus redoutable des che
mins de fer.
Une brochure, publiée récemment par le
comitédes houillières, contient des faits assez
concluans sous'ce rapport. Sur la ligne
du Nord, le canal de Saint-Quentin, qui
est la ligne principale suivie par les houil
les belges, a dû baisser son tarif à un cen
time seulement par' kilomètre, pour sou
tenir là concurrence de la voie ferrée. Grâce
à cette réduction, le fret de Mons à Pa
ris "est aujourd'hui de 8, francs à 8 francs
80 c. par tonne, soit de 2 centimes 1/2 par
kilomètre. Mais voici que le chemin de fer,
qui avait d'abord exigé 14 fr. par tonne pour
transporter les houilles, vient de réduire son
tarif à 9 fr. 50 c..pour le trajet de Quiévrain
à Paris, soit à 3 centimes" environ par tonne'
et par kilomètre, et qu'il construit pour ce
service un matériel destiné à permettre des
convois de 300 tonneaux. Notez que, si le
çheinin de fer demande encore un 1/2 cent,
de plus que le canal, il offre, d'un autre côté,
l'avantage de transporter les houilles en deux
jours, et par toutes les saisons, sans'chô-
• m;tge d'été ou d'hiver; qu'il dispense a.insi
les usines d'approvisionnemens qui absorbent
beaucoup le budget. Nous avons dit que la
somme à paver aux compagnies s'élevait à
On lit dansle Moming-IIerald du 18 juin :
- « Il ne saurait dépendre-de la Suisse, soit à
Neuchâtel, soit au conseil fédéral, de fouler aux
pieds, pour son avantage ou par caprice, une por
tion importante du droit public.de l'Europe, qui
intéresse les droits d'un souverain indépendant,
dont le conseil fédéral voudrait usurper l'autorité
à son propre profit et sans aucun équivalent. Le.
protocole de la conférence tenue à Londres n'est
qu'une confirmation d'un droit légalementrcconnu,
'confirmation simple, claire, sans ostentation, sans
menaces. Un document de cette nature est une re
connaissance solennelle, un jugement raisonné et
sans passion , et il convenait à l'Angleterre de
prendre part dans ce que nous pouvons appeler un
arrêt judiciaire international. Que cet arrêt soit
suivi d'une soumission immédiate de la part du
conseil fédéral, c'est ce que nous désirons vive
ment sans l'espérer. Les articles, du traité de
Vienne lient la Suisse aussi bien que l'An
gleterre, la France, l'Autriche i la Russie ; et
il estî/de l'intérêt comme , du 1 devoir du conseil
fédéral de reconnaître à Neucbàtel "les, droits,
stipulés par le traité de Vienne. Avec quelle
équité la Suisse jouirait-elle du bénéfice qu'elle:
retire de sa neutralité assurée dans une par-;
tie du traité , si elle est disposée à violer
injustement les clauses d'une autre partie de ce
.même trajté, au détriment.d'un autre pouvoir in
dépendant? Avec le bénéfice du traité, elle doit en
accepter les charges,qui ne sont m pesantes, ni op
pressives. Le joug et la souveraineté de la Prusse à
-Neuchâtel sont doux et faciles, car depuis longues
années le feu roi lui avait accordé une constitu
tion'. Rien n'est plus important que l'unanimité de
la conférence tenue au Foreign-Officc. On crai
gnait, il y a quelques mois, une action séparée de
la France et dô l'Autriche ; aujourd'hui, ces puis
sances sont d'accord avec leurs co-signataires. »
dict de la commission, ils n'oseront rien en
treprendre. Tout est suspendu, paralysé. C'est -
une situation qu'il y a vraiment urgence de
faire cesser.
On remarquera d'ailleurs, que l'exécution
de la sentence arbitrale ne surchargera pas
être remboursée qu'en trente annuités cal
culées sur un intérêt à 4 0/0 Ce serait donc
une charge annuelle de 13 à 1,400,000 fr.
J. BXJRAT.
*«desrcapita»x improductifs >»ea£n (^jjlu'E&.j. un peu plus de 23 millions. Mais ellenûjioit
la houille fraîchement extraite, sans les dé
chets et avaries inhérens à la navigation,
sans les frais d'assurance. Qui pourrait affir
mer, en outre, que le chemin de fer a dit"
son dernier mot ! -
Nous espérons que la batellerie du Nord
parviendra à se maintenir ;. mais à quelle
condition? Il n'y a pas ici à parler de per
fectionnemens qui puissent réduire le prix
du fret. Les canaux du Nord sont en bon
état, bien., entretenus, offrant une ligne de
navigation régulière; ils portent des bateaux
de 250 à 300 tonneaux, tandis que les canaux
du centre, n'en portent guères. que de 125,
tonneaux; le hallage au moyen des che
vaux y est organisé. Où sera donc le sa
lut de la batellerie? Probablement dans
un nouvel abaissement» du droit de péage,
droitqui, nous l'avons dit plushaut, n'estdéjà
que de lcentime. Or si.les canaux du Nord ont
tant de peine à soutenir la concurrence
des chemins de fer, que deviendront les ca
naux dû centre, qui sont dans des conditions
de navigation bien plus onéreuses, quiabou-:
tissent à des rivières encore à l'état de na
ture? Il est difficile de prévoir la limite à la
quelle ils devront abaisser les tarifs pour re-
- tenif la circulation.
Toutes ces observations doivent, ce nous,
semble, prouver aux compagnies que l'ave
nir loin d'être pour elles, était contre elles,;
et qu'elles doivent s'estiiher heureuses de
céder, aux prix fixés par la commission ar
bitrale, la part aléatoire qui leur avait été
attribuée dans les bénéfices des canaux.
"Si l'affaire est bonne pour les compagnies,
elle l'est également pour l'Etat, mais par de
toutesautres considérations. Il s'agit, en effet,
pour l'Etai, non pas d'obtenir un produit
plus ou moins considérable des canaux, tnÇis
d'en tirer le meilleur parti possible au point
de vue des intérêts généraux. Nous avons
entassé des millions dans la construction
de ces voies navigables. Qu'ils profitent
du moins au commerce et à l'industrie!
Le gouvernement, en reconquérant sa liber-
, té d'action, pourra modifier les tarifs sui
vant les circonstances et les nécessités. Il
pourra améliorer nos fleuves et nos-rivières
sans craindre de voir ces améliorations en
travées par les prétentions des compagnies
dé* canaux., Enfin il pourra défendre la na
vigation contre la concurrence des chemins
de fer.
Reste maintenant à prendre un parti défi
nitif/ AÛjTTçrmës''de Ià'Ioi du 29 mai 1843,
après que la commission arbitrale a fait con
naître son verdict, le rachat ne devient défi
nitif qu'en vertu de lois spéciales qui ou r
vrént les crédits, et le gouvernement a une
. année pour se décider: Il est à désirer que le
gouvernement n'use pas du délai , que la loi
lui accorxle <>t qu'il en finisse le .plus tôt pos
sible en présentant une loi conforme au ver
dict de la commission. Nous ne voyous nul
avantage à retarder encore une affaire qui
traîne depuis tant d'années, et nous y voyons
au contraire beaucoup d'inconvéniens.
Il convient d'abord de ne pas laisser plus
'long-temps les compagnies daus l'incertitude
des intentions du gouvernement; Le cours
des actions de jouissance tend 'a se mettre
en rapport avec les chiffres fix-és par la
commission. Si l'on tardait à- prendre un
parti, l'agiotage pourrait s'en mêler encore, ■
et provoquer des hausses et des baisses aux
quelles il est temps de mettre un terme.
Quanta ]'Elat,iil Jui importe de rentrer
promptement dans* la libre disposition des
tarifs. Le commerce de transport est dans;
l'attende. Les négocians et les . industriels
\oudraient organiser un service de batel
lerie-dont les progrès ont été toujours' re
tardés par la question des tarifs. Mais tant
que le gouvernement n'aurapas présenté les :
lois spécia-les destinées à sanctionner le ver-
Le ministère anglais, parune proclamation
royale en date du 15 juin, a interdit la sortie
des processions catholiques dans toute l'é
tendue de l'Angleterre, et tout'exercice du
culte catholique en plein air-oWsur la voi
publique. ,
De nouveaux renseignemens que nous re
cevons sur la convention sanitaire que M.
David a été chargé de conclure avec le gou
vernement autrichien, nous permettent d'af
firmer quesi les négociations ne sont pas en
ivre arrivées à leur terme, comme notre,
correspondant de Vienne nous l'a mandé,
elles sont néanmoins en bonne voie et sur le
point d'aboutir à une heureuse conclusion.
1 t. BON1FACE.
CORPS LÉGISLATIF.
RÉUNION DANS LES BDREAUX.
Les bufêaàx da'Cèffs Législatif,
de quatorze membres, concernant les impôts sur
les voitures, les chevaux, les chiens, l'alcool, le
•papier et les transmissions d'immeubles, ont ter-;
miné aujourd'hui la nomination des commissaires.
La commission se compose de la manière sui
vante :
1 er bureau, MM. Favart, Pongérard; 2 e , Schnei-;
der, de Kergorlay; 3 e , duc d'Uzès, duc d'Alhuféra;
i", baron de Bussière, de Ravine); 5 e , Ancel, Hal-
lez-Claparède; 6°, le comte Frédéric de Lagrange,
Boissy-d'Anglas; 7°,.Desmaroux de Gaulmin,de
Ladoucette.
Les bureaux ont nommé ensuite une autre com
mission de sept membres pour l'examen du projet
de loi relatif à la réélection des membres des con
seils généraux, des conseils d'arrondissement et
des conseils municipaux.
Ont été élus : ' .
1" bureau, MM. le baron de Saint-Germain;
2% Monier de la Sizeranne; 3 e , lé marquis de Mor-
temart; 4% le comte de Chantérac ; 3 e , Duboys
. (d'Angers); 6°, de Romeuf; 7 e ; Faugier.
NOWEIXES ÉTRANGÈRES.
■ ALLEMAGNE. ■
berlin, 13 juin. — Le comte d'Arnim-Hein-
richsdorff est attendu ici demain. Il se propose de
■ donner au gouvernement des renseignemens sur
les vues du cabinet autrichien dans l'affaire doua
nière et commerciale avant de partir pour les
eaux. •
—L'affaire de Neuchâtel occupe maintenant le
premier plan. La déclaration collective des gran
des puissances attend une répousc de la part de
la Suisse. Si cette réponse ne reconnaît pas le
droit de principauté de la Prusse sur Neuchâtel,;
celle-ci entrera en négociation avec les autres,
•puissances.
En tous cas, le protocole de Londres, sera suivi
de-mesures qui finiront par une-occupation de;
' Neuchâtel par la Prusse. L'Autriche aussi accorde
ra un secours militaire. Les négociations de Lon
dres, comme l'ont anboncé les .journaux anglais^
ont maintenu ce principe, qu'il s'agissait d'exe-j
cuter les traités de 1815. (G. de Cologne.) ]
breslau , 12 juin. — Aujourd'hui le roi et 1.
reint- ont visité l'exposition Je l'industrie. II!
étaient précédés des marchand? de là cour et des
coaronisBaiiMi. JK»,
aux couleurs de la Silésie. Après avoir "visité 1 ex
position en détail, le roi s'est rendu dans la salle
des Etats pour prendre quelques rafraîchissemens,
A cette occasion. S. M. a porté le toast suivant : Je
bois à la santé' de l'exposition de l'industrie silé-
sienne, une fois, deux., fois , trois fois, et je
suis convaincu qu'elle sera féconde en résultats
heureux pour la Silésie. Leroi avait appris qu'hier,
lors de son entrée dans la ville, sa voiture n'avait
point passédevant quelques objets d'industrie placés
dans la haie, parce quil avait donné l'ordre de pren
dre une antre route. S. M. ordonna aussitôt de réu
nir les industriels sur l'escalier formant l'iss,ue du
palais des Etats. L'ordre ayant été exécuté, S. M. ex
prima aux industriels le vif regret 'quelle éprou
vait de n'avoir pas vu leurs ouvrages. Mais elle, a
ajouté qu'elle'n'avait pas été informée qu'ils les
avaient exposé?. ■ . [Gaz. de Breslau.)
AUTRICHE.
vibîwe, { 0 juin.—Aujourd'hui, M. de Bismarck-
Schœnhausen a eu une conférence avecM. le comte
de Buol-Schauenstein à laquelle M. le comte
d'Ami m a assisté. La question douanière et
commerciale a fait l'objet de la discussion. Nous
pouvons affirmer que les deux cabinets sont plus
près de s'entendre sur cette question qu'on ne le
croit généralement. Hier soir, il "est. arrivé une
note de M. le baron de Prokesch d'Osten qui traite
la même question et qui parle de la mission de M.
de Bismarck comme d'un fait pouvant exercer une
'grande influence sur la solution. '
(Gazette de Levpsick.)
P esth (Hongrie), 9 juin. — Les fêtes conti
nuent; l'empereur a dansé hier, soir, et ce matin
à cinq heures il était en route four aller visiter
le camp de Keresztur. (Gaz. de Cologne.)
Du II juin. — Aujourd'hui, vers onze hàiree,
l'empereur est parti d'ici pour Czegled. 11 y est ar
rivé à deux heures trente-cinq minutes, et a été
reçu par l'autorité locale au milieu des cris d'en-
thouriasme de la population^ L'empereur s'est ar
rêté douze minutes, et a continué sa route pour
Ketskemet. . (Wandererl)
PIÉMONT. •
T urin, 12 juin.—M. Boncompagni, ministre du
grâce et justice, a présenté aujourd'hui à la cham
bre des députés un projet de. toi sur le contrat*
civil du mariage, et un autre sur les actes de l'état
civil. Le même ministre a retiré le projet dè loi sur
l'administration supérieure de l'instruction publi
que. Le député Mantelli a présenté le rapport sur le
projet de loi pour la séparation administrative des
provinces. Les conclusions de la commission sont
contraires au projet.
AMERIQUE DU SUD
Le paquebot d'Etat Teviot est arrivé le 14 juin,"
du Brésil et de laPlala. Les lettres sont deBuenos-
Ayres le 3 mai; de Montevideo le 6 ; de Rio-Janeiro
le 13; de Bahia le 18; de Fcrnambouc le 20 ; de
Madère le8 juin; de Lisbonne le 11.. Les nouvelles
de la Plata sont satisfaisantes. L^s élections provin
ciales se sont passées à Buenos-Ayres sans le plus -
leger trouble, et les candidats pdpulair.es ont été
élus à une grande majorité. Tous les nouveaux élus
sont des liomraes modérés. Les gouverneurs de
toutes les provinces devaient" se? rassembler le 25
mai à Saiot-Nicôlaarpoer s'entendre sur le- temps
et le lieu de la-réunion du congrès'général.
Un ministre spécial avait été envoyé pour régler
lauuestion depuis si long-temps pendante d'un
traité de paix définitif. L'aspect des choses n'était
pas aussi beau à Montevideo. A Rio-Janeiro leç.
affaires étaient très actives sur le café avec quel--
que augmentation dans les prix. Le gouvernement
avait embarqué 67,000 liv. sterl. sur ee paquebot.
(Times.)
— Urquiza a reconnu l'indépendance du Para
guay, au nom de la confédération argentine. A
Rio, la fièvre jaunè faisait de grands ravages. Un
bâtiment venant des Açores avait à son bord 270
colons.Tous, à l'exception de 37, ont succombé. Urie
modification partielle du cabinet brésilien a eu
lieu, Martins eSt actuellement ministre de l'inté
rieur; Raymos, de la justice; Nattancellas, de la
marine ; Pauline, des affaires étrangères; Felizar-
do, de la guerre; Torres, des finances et affaires
commerciales. (Daily-News.)
Nouvelles diverses.
PARIS, 16 JUIN.
COURS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURB : le 15 le 16 HAUSSE. BAISSV.
3 O/Oau compt. 70.2b 70.20 » » » 5
—Findumois. 70.1S 70.10 » » » 5
4l/-2aucompt. 100.65 100.50 » » » 15
—Findumois. 100.65 100.55 » » » .10
La chambre consultative de Saint-Pierre-lès-
Calais, vivement préoccupée de deux graves ques
tions qui intéressent au plus haut .degré son in
dustrie tullière, entre autres-, celle concernant le
projet de loi actuellement soumis à l'examen du
conseil d'Etat, d'admettre au droit de 15 0/0 les
tulles de soie étrangers, vient d'envoyer à- Paris,
une députation chargée Je remettre au prinee-
Président delà République,'une pétition y relative,
signée de tous les fabricans de tulle de cette ville.
Cette députation a eu l'honneur d'être reçue ce
matin en audience particulière.
MM. d'Hérambault et Lefebvre-Hermaut, -dé
putés du Pas-de-Calais au Corps Législatif, et
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 17 JUI.t
Souvenirs historiques de Sclioinbi'iinu.
WARIE-RNTOIKETTE.
111.
Marie-Antoinette s'était si,fortement atta
ché les cœurs,qu'à l'époque de son mariage,
la joie de la voir Dauphinede France fut en
tièrement comprimée par la douleur qu'é
prouvèrent les Viennois à la pensée d'une
irrévocable séparation. On ne peut se défen
dre d'un secret sentiment de superstition en
pensant à la nature des adieux de Marie-An
toinette à fa famille, aux gens de sa maison,
à son pays.
Ce jour-là le ciel était sombre, voilé de
nuages; on eût dit que-le soleil avait caché
ses rayons pour ne point éclairer le départ
de la fille aimée des Césars. La douleur de la
cour, comme celle du.peuple, fut immense;
elle se traduisit par des regrets universels et
des larmes sincères. Le départ de Marie-An
toinette rappela moins l'idée d'une fête heu
reuse qu'il ne présenta l'image d'un jour de
deuil; jusqu'aux frontières de la monarenie,
il fut ùn convoi de deuil plutôt qu'un voya
ge d'hjménée. Plus d'une fois, malgré ses
préoccupations, la pensée du~tremblement
de terre de Lisbonne revint à la mémoire de
la future, reine d.e France. <
La douleur de Marie-Thérèse, en se sépa
rant de l'enfant qu'elle " appelait la plus belle
perle de sa couronne, se trouve consignée dans
cette admirable lettre que' l'impératrice écri
vit à soji gendre :
« Votre épouse, mon cher Dauphin, vient
» de se séparer de moi. Comme elle faisait
». nos délices, j'espère qu'elle fera votre hon
te heur ; je l'ai élevée en conséquence, pai'cei
» que; depuis long-temps , je prévoyais
» qu'elle devait partqger vosl destinées. Je lui ai
» inspiré l'amour de sesdevoirs envers vous,
» uji tendre attachement, l'attention à ima-
» giner et à mettre en pratique de vous plai-
» re. Je lui ai toujours recommandé avec
« beaucoup de soin uno tendre dévotion
» envers le maître des rois, persuadée qu'on
» fait mal le bonheur des peuples qui nous
» sont confiés quand on manque envers ce-
» lui qui brise les sceptres et renverse les trônes
» comme il lui plaît. •
» Aimez donc vos devoirs envers Dieu. Je
» vous le dis, mon cher Dauphin, et je le
» le dis à ma fille: aimez le bien des peuples
» sur lesquels vous régnerez toujours trop tût.
» Aimez le roi votre aïeul ; inspirez ou re-
» nouvelez cet attachement à ma famille.
» Soyez bon comme lui; rendez-vous acces-
» sible aux malheureux. Il est impossible
» qu'en vous conduisant ainsi vous n'ayez
» le bonheur en partage. Ma fille, vous aime-
» ra, j'en suis sûre, parce que je la connais -,
» mais plus je vous réponds de son amour
» et de ses soins, plus je vous demande de
» lui vouer le plus tendre attachement.
» Adien; mon cher Dauphin; soyez heureux;
» je suis baignée de larmes. » .
' La veille du départ et de la dernière sépa
ration, Marie-Thérèse fit appeler sa fille dans
son cabinet-de travail, dont elle défendit l'en
trée même à ses ministres. Sur uù de ses
gestes, dont la dignité n'appartenait qu'à el
le seule, Marie-Antoinette s'assit près d'elle
sur une chaise basse ; alors, l'impératrice,
pàle et tremblante, pressa plusieurs fois sur
ses lèvres les lèvresde sonenfaut; puis, après
avoîr apaisé avec ses larmes le feu de l'a
mour maternel qui dévorait son cœur, elle
adressa d'une voix solennelle ces conseils su
blimes à celle qui le lendemain devait la
quitter pour toujours : ' -
« Antoinette, ma bien aimée, si j'étais née
d simple fermière, je pourrais jouir du bon-
» heur que ma tendresse méritait; je ne
» vous perdrais point de vue, je vous éiabli-
» rais près de moi. Mais assise sur un trône
» et ne vivant que pour autrui, je suis-ré-
» duite à m'impbser le plus terrible des sa-
» crifices : je donne, je livre ma chère en-
» fant, et je ne la reverrai de mes jours !
- » Antoinette, en passant sur une-terre
•» étrangère, n'oubliez pas le bon peuple al-
» lemand qui vous a donné tant de preuves
i> d'intérêt. En devenant la lille du roi de
» France, ne cessez point d'aimer cette reine
» de Hongrie qui vous a élevée sur ses ge-
» noux, et qui a besoin de tout son courage
» et de toute sa raison ppur vous céder à un
» monarque étranger» •
j) Les • grandeurs sont faites pour vous.
» Votre beauté, la nature de vos charmes,
» tout votre extérieur, vous y appellent;
.» mais votre ingénuité naturelle, votre can-
» deur, que j'aimais tant, sont un défaut
» chez les maîtres du monde. Apprenez à
» vous vaincre à cet égard. Loin de moi et
» de Mme de Brandeis " obtiendrez -s vous
» jamais un ami sincère?et fidèle? Ne don-
» nez votre confiance intime qu'à votre
» >époux, et assurez-vous'encore de la force
» de son caractère. Je vous ai fait lire atten-
» tivement les historiens où j'ai trouvé ce
» qui pouvait se rapporter-à votre nouvelle
"» position. Vous connaissez les imprudences
» naïves et les grands malheurs de la veuve
» de Henri IV. Les courtisans sont tous jetés
» dans le même moule ; ils se ressemblent
» dans tous les temps. , 1
d Ne faites cas de vos avantages extérieurs
» que parce que les peuples et surtout
» les Français les aimant dans leurs souve-
» rains. Soyez toujours compatissante et
)> miséricordieuse, dussiez-vous faire des
» milliers d'ingrats. La cour-qui vous ap-
» pelle et vous attend, vous offrira moins
.» do simplicité que la mienne. Le mouve-
» menl donné par Louis XIV s'y fait encore
« sentir quant à l'éclat, à. l'appareil du de-
» hors; mais', les mœurs n'y sont plus les
» mêmes.
a N'approuvez que par bienséance, n'esti-
» ihez que la probité. Aimez Louis XV qui
» sera votre roi, votre père. Il fut mon en-
» nemi, il s'est fait mon allié. Attachez-vous
» à lui faire chérir de plus en plus mon
» alliance. Si vous lui convenez, le cabinet
» iiâ. Vienne lui conviendra.. -'
• » Ecrivez-inoi souvent j'arroserai vos
» lettres de nie.-! l.trmoc jr' n'écris jioint
» comme la marquise de Sévigao, mais vous
» èt'^s plus parfaitu que sa chère fille, et je
» vous aime autant qu'elle l'aimait.
» N : vous pronouc ;'Z sur rien luiH que la
•» France conservera L'ouïs XV. Si \ous ces-
» siez un jour d'être Dauphine, faites qu'on
» n'aperçoive point la reine : la loi salique
» ne veut qu'un roi. .
» L'extrême timidité d u Dauphin me donne
» déjà des inquiétudes : rappelez, citez sou-
» vent les grands exemples, faites que votre
» époux agisse en roi. Tous les archiducs
» vos frères vous chérissent restez unis
» dans tous les temps. Cette union fera votre
» force et aucun de vous n'en abusera. Adieu
» " ma fille, mon Antoinette ; laissez couler
» vjos larmes sur les joues de cette tendre
» mère à laquelle vous ressemblez tant.
» Puissiez-vous n'éprouver jamais les tribu-
» lations de sa triste vie. Mais, dans tous les
» cas, rappeléz-vms que le covrafjc est la vertu
» obligée des princes; qu'il lés sauve souvent du
» péril et toujours de la honte. » ;
• La nuit qui suivit cette scène solennelle
fut triste et sans sommeil pour l'impératrice
et l'archiduchesse. '
Que la nuit»paraît longue à la douleur qui veille!
a dit un poète du XVIII e siècle. Marie-An
toinette était heureuse d'aller en France;
ses lèvres et son cœur souriaient déjà de
loin à sa nouvelle patrie ; mais la pensée de
sa mère, qu'elle rie devait plus revoir, la
pensée de sa belle Allemagne, qu'elle devait
quitter sans espoir de retour, assombris
saient ,»son radieux visage. Dans son arne, le
regref, luttant avec le désir, comprimait l'es
pérance. Elle se leva de grand matin, elle
voulait revoir, une fois encore, ses fleurs et
ses oiseaux; elle embrassa les unes, elle ren
dit la liberté aux autres, disant : «Puisque
» ma main désormais doit vous être fermée,
» je laisse à Dieu le soin de vous donner
» votre pâture ; partez, mes bien-aimés, et'si
» vos jeunes ailes sont assez fortes pour sui-
» vre votre jeune maîtresse, venez ; je vous
» donne rendez-vous en France. » ■ -
Enfin l'heure de la dernière séparation ■
était arrivée ; elle eut lieu dans les formes
accoutumées de la" cour de Vienne; la fer
meté de l'impératrice déguisait l'émotion de
la mère; mais, au tremblement nerveux de'
ses lèvres, à la pâleur de son front; on voyait
clairement qu'elle faisait violence à sa dou
leur.-Elle ne put la comprimer davantage-. '
l'héroïne qui n'avait pas versé une larme de
vant la ruine imminente de son puissant
empire, éclata en sanglots devant la perte de
son enfant. Ces derniers adieux furent dé-
chirans; ils étaient, hélas! les sinistres pré
ludes des adieux de la tour du Temple. '
Toute la population de Vienne suivit les
carrosses de l'archiduchesse, qui mar
chaient au pas, jusqu'aux limites de la ban
lieue, et, la combla dé bénédictions, tandis
que Marie-Thérèse, prosternée au pied de
sôn crucifix, demandait à Dieu la résignation
et la fermeté d'aine qui ne l'avaient jamais
abandonnée dans les mémorables épreuves
de sa vie.
Malgré tous les hommages qui l'atten- -
daient sur le territoire français, malgré toute
la joie qu'elle éprouvait de voir enfin le boau
pays qu'elle avait entrevu dans ses mvr-s
a'enfaut, cette jeune princesse, àgé«; de qui* ,-
ze ans à peine, voyait approcher avec mie
sorte de. terreur ie intiment- où ses pas ne
fouleraient plus le. sol de l'Allenngne. Lors
qu'on lui montra la colonne de demarcalii u
et qu'elle se vit sur le point de dépasser les
frontières impériales, la pâleur de la moi t se
répandit sur son visage; elle prononça le
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