Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-06
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 juin 1852 06 juin 1852
Description : 1852/06/06 (Numéro 158). 1852/06/06 (Numéro 158).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 158,
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1852.-DIMANCHE 0 JUIN.
MHZ SB li'ABOHÏBEBUBW*.
ÏÀBlS.. 13 F. PAR TBIMESTEB.
DÉPABTBMENS. 16. F. — '
JN NUMÉRO : 30 CENTIMES.
Le"abonnement datent des 1 " *t 16
de thagne mois. v
von LBfl pays étbang8m, je reporter
tableatf quisera publié dan» le Jourcal»
es 10 et ts de chaque moi».
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
&tâ?e^ t fadMO ) pw iarédactim,dMéCvcn&VkL-Citài6VY^^àactiurentktf, r On ta/mM, dent -U$ département, .auo,-Memgtrtn:rt tta jHreetioni 4e porte*—A Lamdrei, xkex MM. Cowre et fus. i S'adresser , francoj pour Tadministrattoi à M. denaln r directeur.
] r .' s — A Strasbourg, thei M. A ieandbje, pour l AMemagne* ~ [ Las annonoes sont reçues aubureau dujourn&l; ôt che* m. panis, régisseur, 10, plaoa de l&
Les articles déposés ne sont,pa?. rendus.
PARIS, 5 JUIN-
Le projet de loi rédigé par le conseil
d'Etat sur l'exécution de lapeiiïe des travaux
forcés vient d'être porté au Corps Législatif,
qui l'examinera prochainement. Ce projet de
loi se borne à poser le principe de la créà-
tioiï de colonies pénales, et à désigner les
condamnés qui seront conduits ; dans. ces co
lonies. Il renvoie à un règlement d'adminis
tration publique tout,ce' qui concerne l'exé
cution de la loi, etspécialement le régime
disciplinaire des établissemens de travaux
forcés,- et les conditiôns auxquelles des con
cessions de terre pourront être faites/aux
condamnés et aux libérés. Le simple énoncé
de ces questions suffit à en faire voir toute
l'importance. C'est de la solution qu'elles re
cevront que dépend en grande- partie l'effet
de -la, loi : peut-être aurait-il mieux valu
qu'elles n'en,fussent pas détachées.
• Néanmoins, le projet de loi, dans son*éco
nomie actuelle, mérite la plus sérieuse at
tention. C'est un premier p$s dans une voie
où la France a jusqu'ici hésité à entrer? et
le doute est légitime en présence de3 résul
tats que l'expérience a donnés chez d'autres
peuples. Les colonies; pénales. daJ Angler
terre, qui ont excité un moment un véri
table engoûment chez les criminalistes et
les philanthropes, ont abouti à un échec,
complet, sous Je rapport moral et sous
le rapport politique. C'est l'émigration li
bre qui a peuplé l'Australie. La présence
des comicts n'a jamais, été qu'un obstacle
au développement de la. colonie. Quant au
nombre des criminels qui se sont amendés,
et que la transportation a ramenés dans les
voies de l'honnêteté, il n'est qu'une faible
fraction du nombre total des transportés.
Les.colonies pénales de l'Angleterre étaient
cependant dans les conditions les plus fa
vorables. La salubrité, dù climat, la. fé
condité du sol, la certitude de débouchés,;
invitaient en quelque sorte au. travail :
Téloignement de l'Europe et-le voisinage de
' populations indigènes hostiles rendaient, les.
évasions à peu près impossibles, et sup
pléaient à une surveillance coûteuse. En-
lin, les élémens sur lesquels l'Angleterre-
opérai», présentaient'des chances d'améliora-:
tion nombreuses. La législation anglaise ne:
se borne pas en effet à, prononcer. la trans
lation contre", les ; criminels endurcis; elle;
frappe de cettepeine beaucoup de délits qui'
en France ne sontpunis que d'un emprison-!
neraent assez court : lç vol et mêmele vaga
bondage ; peuvent? être- punis-de sept années:
de transportation.
Les colonies pénales de l'Angleterre ont
donc.reçu des condamnés très nombreux;
elles en ont reçu de très jeunes; elles ont-reçu
toute une classe de délinquant qui avouaient
devaptles juges qu'en commettant tei ou tel
délit, leur but avait été de se faire déporter»
afin migrer en Australie., saqç.. avoir à
payer le prix d'une, traversée. Néanmoins,
ellén'ont pas templi le bût que s'était pro
posé lç législateur l'Angleterre, a. dû les
déplier- & plusieurs reprises- pour -, faire
droit aux réclamations des colons-libres. Le
gouvernement anglais avaitientrepris de ré -i
partir ses eonvicts_'e ntré toutes les colonies}
il a : dû. y renoncer devant la;résistance et
presque l'insurwction de la colonie du Cap :
et le jour,est prochain où il abandonnera
la système,de la transportation. Déjà un
parti nombreux s'est prononcé-dans ce sens
au sein du parlement. , - •
Cette expérience de l'Angleterre est dé na
turé à faire hésiter le Corps Législatif au mo
ment où on lui propose la création de colot
nies pénales. Où leropt placés leg établisse-r
men& nouveaux? A la Guyane ou bien , à
Talti? Ces deux colonies «ffrent-elles, par.
leur : climat, leur sol, leur position géo
graphique, les.conditions nécessaires au suc
cès de l'entreprise ? Questions- essentielles
que le projet dé. loi a craint: d'aborder, .et
qu'il laisse à la décision du gouvernement.
La question financière n'est pas moins im
portante. Les établissemens. pénitentiaires
nécessiteront à côté d'eux d'autres établisse
mens ; il faudra créer et loger.un person
nel administratif et militaire , avoir une
station maritime , toutes eourees. de dé
penses nouvelles.. Le nombre dés condam
nés soumis à la tr #3sportatron sera-t-il ën
rapport av^J'-étendue de ces ^dépenses?
L'Angleterre transporte la presque -totali
té des condamnés, même correctionnels, La
loi française ner s'appliquera qu'aux* con
damnés aux travaux forcés; et encore elle
exempte, outre les fenàmes, to.us les con
damnés qui. ont soixante ans révolus. Ces
deux dispositions sont sages, sans aucun dou
te, mais rie réduisent-elles pas : à un chiffre
trop, faible le nombre, des. individus aux
quels le nouveau système pénitentiaire sera
appliqué ? •
Un autre point appellera nécessairement
l'attention du Corps Législatif. L'article 7
du projét de loi porte que tout individu
condamné à inoins de huit années de tra
vaux forcés .sera tenu, après l'expiration de
sa peine,-de résider dans la colonie un temps
égal à la durée de sa condamnation. Tout
individu cçndamné à huit années sera
tenu de résider dans la colonie .toute sa
vie. On -peut se demander si cet article
n'est- pas une aggravation excessive des ,
pénalités aujourd'hui en vigueur. C'est l'exil
ou temporaire ou perpétuel ajouté à la;
peine des travaux forcés. Cette aggravation;
s'il convient de "l'infliger pour l'avenir, peut-
elle être appliquée aux. condamnés qui su 4 -
bissent en ce moment leur peine, sans dé
roger au principe sacré de la nonrrétroac
tivité?
Ce sont là des objections graves contre la;
loi telle qu'elle est sortie des mains" du con
seil d'Etats Néanmoins le mal actuel est
si grand , la, nécessité de réformer les ba
gnes est tellement évidente, qu'on ne peut
qu'applaudir à la présentation d'un pro
jet qui metea voie de solution une ques
tion si intéressante. Le Corps Législatif,
en mûrissant cette loi par une étude ap
profondie, peut y introduire de grandes
améliorations, en écarter ou en atténuer les
défauts les plus notables, et transformer ce
qui n'est aujourd'hui qu'un projet où le
mal et le bien se balancent en une œuvre
sérieuse et vraiment utile.
1 Ct'CHEVÀi-ClARlGNr. "
LES ÉTAÏS-UNIS ET LE. MEXIQUE.
C'est un mauvais voisinage pour un Etat
-faible comme le Mexique que celui d'unev
( puissance dEtats-Unis. Dans le vieux monde, Tindépen-
■ dance des petits gouvernemens est protégée
par la rivalité des grands. La Suisse, par
exemple, trouve sa sécurité dans l'entou
rage même des principales puissances du
continent. Mais fe Mexique est privé de
ce genre de protection. Isolé du reste de
l'Amérique par l'isthme. étrpit qui sépare
le Nouveau-Monde en deux parties," il est
seul à côté du peiiple américain, peuple
d'un caractère envahissantpeu scrupu>.
leux, et qui d'ailleurs semble obéir à une loi
providentielle en s'étendant chaque jour da
vantage dans le désert, où il porte la civili-
- Si l'Europe n'y met bon ordre, le,Mexique
disparaîtra bientôt dans l'agglomération des
'Etats et des populations de toute origine qui
"composent la confédération américaine ;
j alors l'Union n'aura plus qu'à absorber le
'Canada, qui donnerait volontiers les mains
à cstle annexion, pour occuper toute l'éten-
Idue du continent américain du Nord. Elle
obtiendra par là, dans le monde, une,pré
pondérance véritable:
Ainsi décline, en tous lieux, la race la
tine. La France, l'Italie, l'Espagne, semblent
.avoir renoncé à to^ile expansion au-dehors;
:elles se replient sûr .ellesrmêmes et dépen
sent toutes leurs forces à combattre des
symptômes d« dissolution intérieure. Ainsi
UV> 1 UUHV fUI 1 VUVUU Pacifique ■ W. uu Uiu:
ment de reunir ses deux têtes de colonnes^
J'anglaise, et l'américaine, dans les eaux et
îles ports.de la Chine^
: Il serait temps que les gouvernemens du
vieux continent fisèem entrer dans les cal
culs de leur politique les mouvemens de cet te
puissance grandissante des Etats-Unis, à la*
quelle 11 semble que, par un accord tacite,
on ait abandonné là domination de l'Améri-
Îue tout entière, comme si l'Europe était
ésintéressée dans la question.Les Etats-Unis '
ont déjà les rapports les plus intimes avec
l'industrie et le commerce européens. Si
ces relations étaient suspendues, ou pro
fondément altérées, l'Angleterre, la Fran
ce ët d'autres Etats du même ordre éprou
veraient une , véritable perturbation* et l'u
ne des soureçs de là "prospérité de ces puis
sances serait tarie. En-outre, on «urait tort
dè croïie que les Etats-Unis resteront, pen-
dant long-temps encore, étrangers aux agi
tations politiques du vieux monde. Quand
leur ambition présente sera satisfaite, quand
ils domineront sans résistance sur toute
là surface de l'Amérique du Nord, le mo
ment sera venu pour eux d'intervenirla grande lutte dont l'Europe est le théâtre,.
etque se livreHt l'autorité et l'anarchie, l'or
dre et le désordre; l'organisation et la con
fusion; Démocratie et république ,. l'U
nion américaine sera naturellement appe
lée à prendre parti contre les gouverne
mens traditionnels, contre les principes de
stabilité, contre toutes les aristocraties. Déjà
elle nous a donné un exemple de ses tendan
ces. La réception faite à M. Kossuth, et les
déclamations qu'a suscitées d'une extrémité
à l'autre des Etats-Unis l'arrivée ; de ce per
sonnage, ont prouvé tout l'intérêt que la
population de cette confédération accorde
aux événement de l'Europe. La pensée d'une
intervention américaine-dans les affaires de
l'ancien monde s'est alors fait jour de toutes
parts. -
. Si les gouvernemens européens, venant
pacifiquement en aide au Mexique, jugeaient
utilo.de tenir en échec la politique envahis
sante- des Etats-Unis; par cette loi générale
qui fait qjie les puissances se surveillent les
unes les autres pour le maintien de l'équili
bre européen, il leur serait bien aisé d'oppo
ser une digue certaine à des agrandissemens .
continuels et de plus en-plus menaçans. La
configuration du sol de l'Amérique septen
trionale est telle qae les Etats-Unis ne peuvent
s'étendre des rivages de l'Atlantique à ceux
du Pacifique sans traverser la chaîne de hau
tes mqptagnes qui longe les côtes de ce der
nier océan du nord au sud. Or, il n'exis'e
dans ces montagnes qu'une seule ouverture»
qui permette d'établir entre les deux mers,
dans la largeur du continent, des communi
cations régulières et faciles. Que le but cons
tant de la politique à Washington ait été
d'asseoir la confédération américaine" sur les
deux mers, c'est ce dont il n'est pas possible
de douter. Ohsait avec quelle opiniâtreté les
Etats-Unisont accompli le dessein de s'empa-
rer v de TOrégon ; ils ont été condûiis par la
même politique à se faire céder la Califor
nie. L'Orégon n'a qu'im mauvais-port, As-
toria, bien insuffisant pour servir d% base à '
l'exécution des vastes projets de navigation
en Chine qu'a, formés le gouvernement
de Washington. La Californie, au con
traire, possède un port magnifique, San-
Francisco, capable d'abriter une flotte
entière des plus grands steamers. On sait
comment a été peuplée la Californie : Ainsi
établis sur l'océan Pacifique, dans un beau
port qui fait face à celui de .Charlestoii sur
l'Atlantique, les Etats-Unis n'avaient plus à
s'occuper que de les réunir par une route fa
cile à suivre en toute saison. Or, ce chemin,
cette voie unique qui traverse la chaîne de
montagnes, partout ailleurs infranchissable
au moins pendant la plus graune partie de
l'année, c'est le Mexique qui la possède. Elle
traverse deux provinces au nord de cet em- t
pire : c'est la passe de Guadalupe, qui con-
duit aux territoires de Sonora et de la basse
Californie.:
A l'époque de la - guerre contre le Mexi-
3ue, les Etats-Unis ©nt'dirigé un corps
'armée tout entier à la recherche de ce
chemin, qui leur était inconnu. II n'exis
tait alors d'autre passage, à travers les mon
tagnes, qu'un chemin appelé South-Pass , à
peine praticable dans la belle saison, et obs
trué par les neiges duranthuit mois del'année.
L'armée américaine de l'ouest, beaucoup
moins destinée à combattre qu'à explorer te :
pays, se divisa, dans le nord du Mexique, en"
trois colonnes chargéesde reconnaî t~e les mon-
tagnes et d'y chercher la route désirée. La se
conde colonne, commandée par le capitaine
Cooke, marcha droit à Guadalupe. La vraie
routé continentale était trouvée enfin. Le ca
pitaine Cooke écrivit dans un rapport : « Je
» vis s'étendre soudainement devant moi
p une grande ouverture donnant accès, au
» milieu d'âpres montagnes, à un chemin
» qui descend, pendant quinze milles, vers
» une contrée basseetde surfdceplane.» C'é
tait la véritableporte de l'ouest. En-deçà com
me; au-delà, on traverse un pays plat et
sain, où tout est en abondance, l'eau vive,
l'herbe fraîche en toute saison pour les che
vaux; la pierre et le bois pour les construc
tions. -
! Voilà pourquoi les Américains'ônt tant
insisté peur obtepir, lors du traité de paix
avec le Mexique, en 1847, la, cession du ter
ritoire .mexicain confinant aux Etals-Unis
jusqu'au 32* degré de latitude nord. Dans
cette limite, se trouvait comprise la passe de
Guadalupe. Aussi le gouvernement mexi
cain, en repoussant iCette prétention, disait-
il : «Une telle limixe couperait nos com
munications par terre entre la Sonora et la
péninsule californienne. » Cette fois, il a
été impossible aux Ètats-Unii de ravir à
^leurr.voisia un territoire si important;
- mais "une autre occasion se présentera, et,
dè gré ou de force,' tôt ou tara, ils entrerônt
en possession de cette clé de l'Amérique du
Nord, à moins qu'on ne vienne au secours
du Mexique, et qu'il ne reste pas exposé,
sans appui, aux menées et aux attaques'd'un
voisin trop puissant. Déjà de nouvelles pro
positions ont été faites aux autorités de
, Mexico. Les Etats-Unis connaissent les em*
barras, financiers du gouvernement mexi
cain, et ils offrent'd'acheter les provinces
qu'ils ayaient vainement tenté de s'approprier
par la guerre. On s'efforce de persuader au
Mexique qu'il'ne peut échapper à une ban
queroute générale que par la vente du . terri
toire où passe la route de l'ouest. Et déjà,
dans la prévision d|un arrangement de cette
sorte, que le cabinet de Washington semble
regarder comme inévitable, on di t publique
ment que les nouvelles provinces seront an^
nexées aux Etats du Sud. D'ailleurs, lesEtàts-
Unis emploient des stimulans autres que les
promesses pour hâter la cesiion qu'ils con-?
voitent.
On sait quel est le procédé ordinaire
d'extension de ' la population américaine.
Les. Indiens forment son avant-garde, ils
exercent d'affreux ravages, ils font le vide.
Survient le pionûier américain, qùi engage
la lutte avec ces barbares et en purge le
territoire. Pour prix de sa victoire;, il
occupe les terres qu'il a contribué à affran
chir; il y attire sa famille et ses «ompatrio-
tes ; puis, une fois en force, il élève la voix,
et- les populations qui l'avaient accueilli
comme un sauveur, s'aperçoivent qu'elles
se sont donné un maître. Telle est aujour
d'hui la situation dans les provinces du nord
du Mexique. Leg Indiens les ont ravagées
et les pionniers américains y entrent. Les
v autorités mexicaines leur donnent une pri
me par chevelure d'indigène. C'est un com
mencement d'occupation ; ce sont les préli
minaires habituels de toute annexion. Voilà
comment le Texas a été graduellement en
globé dans l'Union; voilà comment le terri
toire où passe la route de l'ouest sera réuni
à la confédération américaine.
Enfin, il y a des moyens plus expéditifs en-
coreàemployerdans ce bu t. Legéniedu peuple
des Etats-Unis est fécond ep ressources. En
voici un exemple récent que nous cite M. du
Pasquier de Dommartin, dans une brochure
des pins instructives : o Le traité conclu à Gua-
» dalupe entre les Etats-Unis et le Mexique dé-
» signe comme limité est de leurs possessions
» respectives le Rio-Bravo dèl Norte. Or, il
s> faut savoir qu'en face de la rive dépeuplée
» des Etats-Unis,-trois grands villages, Is.-
» letta, Socorro et Saû-Elzfario, s'élèvent
» sur le rivage mexicain. Pour le Yankee
. » patriote, quel crève-coeur! Pour le Yankee, ;
» qui ne brille pas précisément par la haine
» du bien d'autrui, quelle démangeaison !
» Mais, le traité s'y. oppose, et ses clauses
» sont claires, précises. Que faire, que ré-
•b soudre entre son scrupule et son désir?
» Bah 1 se dit en lui-même le Yankee frappé
» d'une soudaine inspiration, en matière de
» traités,la lettre tueetl'espritvivifie; et,sans
» plusdélibérer,il!faituneaiguequi, barrant:
» au Rio-Bravo sôn chemin,le rej ettejûen loin
» dans l'ouest, au-delà des^ villages convoi-
» téà qui s'jendorment le soir sur la rive
» mexicaine, et le lendemain se réveillent
» sur les bords américains. »
Quant aux moyens propres à arrêter l'in
vasion du Mexique dans un intérêt européen,,
consistent-ils dans une colonisation dont M.
.' de Dommartin indique les bases? Faut-il les
chercher dans les négociations? C'est ce qu'il
appartient aux gouvernemens européens de
résoudre. Qu'on le sache bien toutefois,, si
l'Europe laisse succomber le Mexique, non
seulement l'équilibre des puissances sera,,
rompu dans la monde, mais le jour ne
tardera pa? à venir où les Etats-Unis,
parvenus au terme de leur grandeur ter
ritoriale, éprouveront le besoin de déve
lopper chez eux l'industrie par l'exclusion
des produits étrangers. Ce jour-là, des mil
lions d'ouvriers seront privésjde travail, et
l'Europe subira une crise financière et com
merciale dont 11 est impossible de prévoir
toutes les conséquences.
Le secrétaire de la-rédaction, t. boniface.
Ce serait un tableau curieux et instructif
que celui de : l'augmentation survenue dans
toutes les fortunes, mobilières ou immobi
lières, depuis le grand acte du 2 décembre:
S'il est difficile de réunir tous les élémens
qui seraient nécessaires pour arriver à une
évaluation complète, on peut du moins si
gnaler les résultats partiels que les prix cou-
rans permettent de constater. C'est ce que
fait aujourd'hui le Journal des Chemins de
■■ fer, enr montrant, dans un table&u compara
tif, la valeur des actions le 4" décembre der
nier et leur valeur au 1" juin.
Au 1 er décembre 1851, les actions desseizei
principales compagnies de chemins de fer
représentaient, d'après les cours cotés à la
Bourse, une valeur totale de U2& millions
seulement. Au!" juin 1852, leur valeur s'é
tait élèvée-à 809 millions. Ainsi, dans l'es-
paee de six mois, le rétablissement de la sé
curité publique a augmenté de 280 millions,
soit de 53 0/0,la valeur des.capitaux engagés
dans les chemins de fer.
Si l'on décompose ce tableau, on reconnaît
que les actions au chemin de Saint-Germain
ont haussé de 114 0/0,. celles de Montereau
de 84 0/0, celles d'Avignon à Marseille de
74 0/0, celles du Centre de 65 0/0, celles de
Strasbourg de 54 0/0, celles de Nantes de
44 0/0," celles de Dieppe de 43 0/0, etc., etc.,
et que les actions- qui ont pris la moindre
part à ce mouvement ascensionnel ont enco
re augmenté de 34 à 37 0/0.
i Sans doute,,quelques-uns de ces chemins
doivent une partie de l'augmentation de leurs
titres aux améliorations qui ont été accor
dées dans les- conditions des concessions;
mais il en est qui sont restés exactement
dans la même position qu'ayant le 2 décem
bre, et qui cependant figurent en tête du ta
bleau, comme les chemins de Saint-Ger
main, d'Avignon à Marseille, de-Dieppe, etc.
Ce qu'il importe de remarquer, c'est que
cette hausse dans les. actions des entreprises,
.existantes a eu lieu malgré les concessions
nouvelles qui ont -été accordées depuis le 2
'décembre, et qui leur ont suscité uûe côn-
.currence sur le marché.
Le chemin de fer de Paris à Lyon est; com
me on sait; la plus considérable de ces con
cessions nouvelles. Le gouvernement n'avait
pu jusqu'alors trouver de compagnie qui
consentît à s'en charger. Après le 2 décem-'
bre, il a pu le concéder en obtenant une
au^mpntatioçi de 10 millions sur le prix fixé
précédemment; ^
C'est ainsi encore qu'en appelant la con
currence sur la concession du chemin de
Lyon à Avignon, il a réalisé une autre éco
nomie de 11 millions sur la subvention vo
tée par l'Assemblée législative.
Enfin il a trouvé moyen d'assurer l'exécu
tion de 1,000 kilomètres de chemins d'une
importance secondaire, sans imposer de sa
crifices au trésor,et en se contentant pour.la
plupart d'accorder à quelques compagnies ,
des modifications à leurs contrats primitifs.
En résumé, les actions des seize compa
gnies existantes se sont accrues,dans Pinter-
valle de six mois; de 280 millions ou de 53
p. 0/0, quoique de nombreuses concessions,
parmi lesquelles celles $?s chemins de
Paris à Lyon, de Lyon à Avignon, des lignes ;
complémentaires du Nord ei de Strasbourg,
aient amené la concurrence de nouveaux
titres sur le marché. . i. biirvt.
~ 1
L'Emancipâteur, de Cambrai, a reçu l'a
vertissement suivant : •
* Nous, préfet du département du Nord, com
mandeur de la Légion-d'Honneur, et de l'ordre de
Charles III d'Espagne;
' » Vu le numéro du mercredi mai 1852 de
l'Emancipateur, journal publié à Cambrai ;
» Vu l'article 32 du décret organique sur la
presse, eu date du t7 février 1852;
» Attendu que dans un article intitulé : Ques
tion sûr les boissons, contenu dans le numéro ci-
dessus visé, commençant par ces mots •: « Malgré
toute l'importaDce », et finissant par ces mots :.
« Pour mériter et conserver l'affection et le res-
» pect du pauvre, il faut se montrer juste envers
» lui », le journal l'Emancipateur a dénaturé 1° le
sens et la portée du décret du 47 mars dernier,
concernant les droits sur les boissons; 2" qu'il a
présenté le vote du conseil municipal de Cambrai,
émis dans la séance du 26 avril dernier, confor
mément au susdit (décret, comme une disproportion
d'impôts au profit du riche au détriment du pauvre.
» Attendu aue le décret du 1,7 mars; en rédui
sant le droit d'entrée, en élevant le droit de détail;
en abaissant la limite de la. vente en gros, ne s'est
proposé et ne peut avoir pour résultat que de gre
ver la consommation du cabaret et dégrever la
consommation en famille;
- » Attendu qu'en s'associant àla pensée éminem
ment morale du législateur, le conseil municipal
de Cambrai, dans son vote du 26 avril dernier, a
fait acte de bonne administration et de saine éce-
nomie politique;
» Attendu, dès lors, <[ue le journal VEmancipa-
tew, en présentant ladite délibération et le décret
auquel elle se"réfère, comme entachés d'injustice
envers les classes pauvres, comme devant provo
quer la désaffection du peuple, est de nature à je
ter dans son sein des élérr.ens «le discorde ; que la
'polémique de ce journal, loin de fe borner àl'exa-
men sérieux et eonsdencieux de la question, con
tient une critique amère et_ injurieuse d'un acte
d'un corps constitué, pris en conformité de la loi,
^ » Arrêtons :
«.Art. 1". 11 est enjoint au siêur Carion, gérant,
du journal l'Emancipateur de Cambrai, à titre de
premier avertissement, d ? être à l'avenir plus cir
conspect. .
» Arti 2. Ampliation du présent aiTêté sera
transmis par M. le sous-préfet de Cambrai, char
gé de son exécution, au sieur Carion, qui est et
demeure requis d'avoir à l'insérer en titre dudit
journal. Cette insertion devra être imprimée avee
le même caractère typographique qui a servi à
l'impression de l'article sur les boissons.
y Fait à- l'hôtel de préfecture, Lillo, 1° 2
1382. » Signé, BKSSQN
On lit dans l'Univers : 1
« On nous écrit de Marseille que les,sociétés se
crètes travaillent avec activité à se réorganiser dans
les départerflens du Midi. Les réfugies politiques
sont déjà parvenus, sous la direction d'une des il
lustrations du carbonarisme italien, à.former une
association qui'ne compte pas moins de cent affilie»»^
Les membres, dont la majorité se compose de Sici
liens et de Napolitains, sont arrivés à s'organiser
en s'aidaat de la franc-maçonnerie et du nom du
prince Murât, dont ils espèrent se faire un bou
clier. Cette, société s'imagine arriver à tromper la
vigilance de l'autorité parce, qu'elle couvre, ses.
desseins, en* prétendant, tout bas n'avoir d'autre
but que d'éveiller dans le royaume de Naples des
sympathies en faveur du prince Murât.
» L'autorité, qui .est sur la trace de ces menées,
ne tardera pas à apprendre aux réfugiés des Deux-
Siciles que l».s loges ■ maçonniques, derrière les
quelles ils ^'abritent les protègent fort mal, et que
leur grand-maître tient particulièrement à se pas
ser de leur protection. ». —r (Jules Croiadon.),
On lit dans \& Moming-Post, du 4 juin :
- Les journaux allemands répanSept au dehors
beaucoup de bruits sur un prétendu, traité signé à
Londres pour le règlement immédiat et l'exercier.
des droits de la Prusse sur Nejichàtel. Ces bruits
sont, pour la plupart, des exagérations. trè3 erro
nées. Le fait réel qui lui sert de base, est qu'il»
protocole a été signé à Londres, par l'Angleterre,
la France, la Russie, l'Autricha et la .Prusse. II y
est dit-que les prétentions de la Prusse sur la prin
cipauté de Neuchâtel seront prises en considéra
tion par- les puissances signataires, toH.t arrange?-
ment définitif à ce sujet étant indéfiniment ajour
né et renvoyé à une meilleure occasion. » ■
CORPS LÉGISLATIF.
Le corps législatif-se réunira lundi 7 juin dans
ses bureaux pour l'examen du projet relatif à l'exé
cution de là peinedes travaux forcés.
Il y aura.séance publique mercredi, ÔJuin pour
la discussion du projet de loi relatif au règlement
définitif des comptes de l'exercice 1849 .
La commission chargée de l'examen du projet
de loi concernant la .prorogation du monopole des
tabacs a nommé M. le comte de Bryas (Eugène)
rapporteur.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ALLEMAGNE.
B erlin , 2 juin.—Dans la dernière séance du
congrès de douane^ qui a eu lieu le. 25 mai, non-
seulement le plénipotentiaire wurteml ergeois - :t
renouvelé, les propositions, faites primitivement
par la Bavière, ' mais ir a été communiqué une
proposition signée par les Etats de la-coalition
et Bade, dans laquelle ces Etats déclarent que la
réponse faite par la Prusse aux propositions de la
Bavière sont insuffisantes; mais que les Etats si
gnataires du protocole de Darmstadt insiste
raient plus vivement sur la mise en délibération
de ces propositions. Ils demandaient également la
prise en considération des projets autrichiens
A et B. Les gouvernemens de la coalition de
Darmstadt doivent insister d'autant plus vive
ment sur l'adoption de leurs propositions que
leur adhésion aux résolutions du Zollverein- en
dépendra entièrement, lis veulent'absolument que
les projets d'une union douanière et commerciale
austro-allemande marchent de front avec lare-
constitution du Zollverein. Le plénipotentiaire •
prussien a déclaré que la réponse du gouverne
ment serait communiquée aussi promptement qu'il
serait possible. [Gaz. de Coltgne.)
— Les négociations entre la Suisse et l'Autriche,
pour l'accèssion de celle-là l'union' postale aus
tro-allemande, sont terminées ; la ratification est
attendue. Les délibérations du congrès de doua
nes, dans sa dernière séance, sont entrées
dans une phase peu favorable. Les Etais de
la coalition de Darmstadt ont fait remettre une
déclaration' unanime portant qu'ils maintiennent
le protocole de Darmstadt. En conséquence, ils
feront dépendre d'une entente préalable avec l'Au
triche, leur adhésion aux résolutions que pourrait
adopter le congrès. On est curbux de voirie que.
fera maintenant le gouvernement prussien.
{Correspondance lithographiée.)
: —Le Moniteur prussien du'29 mai .publie la
loi qui fixe le budget do.l'Etat pour l'exeicice fi
nancier 1853> en recettes à 97,001,021 th., en dé
penses ordinaires à 86,151,982 thaï., extraordinai
re», 3,282,752 thaï., ensemble 99,434,734 thalers.
Le département - des finances figure dans les dé
penses ordinaires pour 17 l/£ millions doit 111/2
millions pour frais de perception, celui du com
merce et des travaux publics pour 19 1/2 mil
lions, les affaires étrangères pour 1 million, 11
27 1/4 millions, le budget des dotations pou ■■
9,895,127 th., formant .ensembleJ)3 l/2millioi .
auxquels s'ajoute le déficit dé 2 1/2millions tui
les exercices antérieurs à 1850.
— La Gazette de Cologne croit savoir que, pen
dant son séjour à Berlin, l'empereur de Russie-a li
rait montré des sentimens moins hostiles à la for
me constitutionnelle du gouvernement qu'on ne
les lui attribue généralement. Il serait, au ' con
traire, de l'avis du roi Frédéric-Guillaume, que la
FEUILLETON PD CONSTITUTIONNEL, 6 JIM.
LES PONTS TUBULAIRES
DE STEPHENSON.
Afin, de rapprocher autant que possible
l'Irlande de l'Angleterre, le parlement vota,
il y a vingt-cipq ans, le? fonds , nécessaires
pour 'l'établissement d'une route qui devait
aboutir àjlolyhead, ejest-à-dire au point
' extrême de l'île d'Anglésey, qui fait face à
Dublin. De Londres à Holvhead s'élança, sans
interruption, cette belle route qui, dans son
l#ng parcours, traverse, sur un pont sus
pendu, la riviere de Conway, puis enjambe,
sur un dêuxième pont suspendu, le dé
troit de Menai,, et relie, de cette manière,
l'île d'Anglesey avec le comté de Carnarvon.
C'ost ainsi que la puissance "anglaise venait
en quelqu* sorte se placer à Holybead com
me sur sa limite naturelle, pour observer de
ce point et surveiller par rdelà les flots la mal
heureuse Irlande, objet légitime de tant de
pitié et cause incessante de tant de terreurs.
Les deux ponts suspendus construits par Tel-
ford sont restés encore aujourd'hui au pre
mier rang des travaux de ce genre; mais dès
que l'idée d'un chemin de fer pour rejoindre
Holybead f jitmiss en avnnt,Telford fu t vaincu;
dèsque le chemin de fer fut décidé, à côté de
ces beaux ponts suspendus s'éleva la concur
rence d'une invention plus nouvelle et d'une
'œuvre*dout l'exécutiôn était plus étonuante
encore. Ici ; nous rencontrons le grand nom
de, Stephenson;. c'est , à lui que fut 'confiée
l'exécution du chemin de fer. La sensation
produite par la construction de'ses deux poiits
tubulaires a été profonde et universelle ; l'in
térêt qu'ils ont excité lorsqu'ils furent livrés
à la circulation, vient d'être ravivée par une
publication due à ,un de nos habiles ingé
nieurs, M. Yvert. Son livre et quelques
écrits publiés en Angleterre nous serviront
de guides dans l'examen rapide que nous
allons faire du grand travail de Stepbenson.
,* La compagnie du chemin de fer de Clxes-
ter à Holyhead avait d'abord espéré faire
usage des ponts suspendus de Telford. Au
moment où les convois auraient dû traver
ser ces ponts, on eût décomposé les trains et
fait passer les voilures les une^ après les au
tres, traînées par des chevaux. Mais cette
idée, vaguement conçue dans le principe,
ayant été abandonaée; M. Stephenson dut
chercher les moyens de construire sur la ri
vière de Convray et sur le détroitde Menai deux
{lonts qui appartinssent exclusivement à la
igne de fer et fussent combinés pour ré
pondre aux difficultés de divers ordres qui
se présentaient. C'était surtout pouf le pasr
sage du détroit que ces difficultés étaient
énormes. Le bras de mer de Menai est fré
quenté par un nombre considérable de
navires ; des courans Rapides, des éçueils
nombreux^,, des. vents très, variables con
courent â;y ; gêner.la navigation. La mer,
qui s'engouffre avec impétuosité dans
cet espace resserré, .rend très pénible pour
les petites embarcations, mues àforce de Dras,
de tenir contre la violence du courant; les
rafales qui, dans toutes les directions," dé
bouchent des gorges voisines, sont si brus
ques et si rudes, qu'on a autant de peine
à' y naviguer à la voile qu'-à la rame. •
Stephenson proposa de construire sur le
Menai un pont composé d'arches en fonte;
elles auraient eu u r ^ portée de plus de cent
mètres et présenté, T leur centre, une hau- -
tcur de plus de 40 mètres au-dessus du :
niveau de la haute-mer; enfin, l'on au
rait évité de s'aider de cintres pour le
montage des voussoirs.. En prenant tous f
ces soins, Stephenson s'était flatté de donner
satisfaction à l'Amirauté qui, avant tout, u
voulait que la navigation ne reçût pas des <
constructions nouvelles un surcroît d'entra- •
ves. Mais des objections graves furent pro- ;
dùites; on fit remarquer que l'élévation voii-1
lus de 40 mètres ne serait obtenue qu'au som- .!
met des arches ; que la retombée de .ces voû
tes diminuerait nécessairement le débouché •
pour la mâture des navires; on ajouta
que des arches en fonte d'aussi vastes di
mensions ôteraient le vent aux voiles. Le
dçrniçr mot-de l'Amirauté fut donc que
« l'élévation de 40 mètres devait régner
sur toute l'étendue du passage, de manié-.
re à laisser au détroit toute sa largeur;
maximum de débouché vertical et horizon
tal. » C'est sous la pression dç ces exigences
fue Stephenson, au lieu de se, décourager,
sentit sa résolution grandir à mesure que
s'amoncelaient les obstacles. Grâces en soient
rendues à l'Amirauté ! En poussant Stephen
son à toute extrémité, elle lui a fait créer
son chef-d'œuvre. Ce maximum de débou
ché à conserver dans toute l'étendue de la
traversée, cette obligation de n'employer ni.
échafaudages, ni cintres, ni arches, ex
cluaient toute autre combinaison que celle
d'un pont rigide, ou, en d'autres ter
mes, d'une poutre droite, s'élançant do la
riye du comté de Carnarvon à la rive d'An
glésey. C'est ce que comprit Stephenson, et
aussitôt le moyen d'exécution se présenta à
son esprit. L'idée étonnante du pont tubu-
' laire, c'est-à-dire d'une poutre creuse, eh
fer, dans l'intérieur de laquelle passeraient
les convois, était trouvée !
„Cette idée a été appliquée aux deux ponts
qu'il s'agissait de construire. Le premier
qui fut exécuté est celui qui traverse la rii
■vière de Conway ; commencé dans les pre
miers mois de 1847, il fut livré à la circu
lation en mars 1848. Le pont de Menai (ou
pont Britarinia) fut ouvert au public en
mars 1850.
Dans son œuvre, M. Stephenson* s'était air
dé du concours de plusieurs" personnes dis
tinguées par la science ou par une grande
expérience pratique. Ses principaux auxi-
liairesavaientété MM. Fairbaim,Hodgkinson
et Clark. M. Fairbairn en 1819, et M. Clark en
1850, ont fait des publications très étendues,
sur les ponts qui nous occupent en ce m»-"
ment. M. Yvert s'enestinspiré pour son livre, '
3ui est accompagné d'un bel atlas et précédé
'une introduction due à la plume très com
pétent» de M. E. Flachat. Dans ce travail
de M. Yvert (1), les deux grandes créations
de Stephenson sont exposées et analysées
avec le plus grand soin. On y relève la trace
de toutes les expériences et investigations de
l'ingénieur anglais; on y voit surgir tous les
perfectionnemensj toutes les simplifications
qué sa sagacité lui a fait trouver. Par exem
ple, M. Yvert nous apprend que, dans l'o
rigine, Stephenson avait associé à l'idée de
son pont tubulairc, celle d'un pont suspen
du dont les chaînes auraient aidé au levage
des tubes et auraient pu concourir • à
soutenir ces mêmes tubes après avoir
servi à les mettre en place, combinai
son qui fut abandonnée à cause de l'impos-»
-aibilité de concilier l'emploi de deux corps
doués, l'un d'une grande flexibilité, l'autre
d'une rigidité extrême. En parcourant l'ou
vrage de M. Yvert: oh assiste aux esstfis com
paratifs faits sur aes tubes cylindriques, el
liptiques et rectangulaires, et on se rend
parfaitement compte des raisons qui ont
fait préférer ces derniers. On y trouve
aussi, très clairement expliqué; pourquoi
une poutre creusé-présente plus de résis
tance et plus de solidité qu'une poutre plei
ne. On y peut lire enfin les particularités si
curieuses de là mise en-place des tubes.
(1) Notice sut les ponts avec .poutres tubulaires
en tôle, — chez CarUiafc-Gueury et Victor Dai
ms nt .éditeurs.'
Ce livre, ou d'ailleurs toutes les notions'
sur les ponts tubulaires sont coordonnées dp
manière à former la théorie générale de ce
genre de construction, est donc un véritable
service rendu à quiconque s'est voué aux-
études multiples et ardues par lesquelles, de
nos jours, la profession d'ingénieur s'est
élevée si haut.
Parmi les détails et les chiffres innombra
bles qu'il faudrait accumuler si l'on préten
dait donner une description à peu près com
plète .du grand travail dè Stephenson, nous
en choisirons quelques-uns' qui nous pa
raissent de nature à intéresser le lecteur.
1 Le pont de Conway a 1G6 mètres de long;
il s'élance d'un seul jet d'une rive à l'autre ;
il est (comme celui de Menai) à double voie,
c'est-à-dire qu'il se compose de deux tubes
rectangulaires, parallèles, dont l'un sert à
l'aller et l'autre au retour des trains.
Le pont de Menai, ou pont Britannia, of
fre 858 mètres de> développement. Chacun
des tubes qi'i le constituent est composé de
quatre parties qui ont été posées séparément
et qu'on a reliées ensemble de manière à ce
que, devenues ainsi solidaires , elles nè*
formassent qu'une seule pièce. Les tubes
ont pour points d'appui : an centre du "dé
troit, une pile qui repose sur le rocher ap
pelé Britannia; puis deux piles latérales qui
se dr^sent sur le bord des deux rives, à 110
mètres de distance de la p ; .le centrale ; enfin
deux culées engagées dans les terres et qui
sent à 70 mètres de distance des piles derive&
Pour les deux ponts, la surface inférieure,
BVÇfAfl ! rtte-'O0 r «î®f# (PalaI*-IloyalVii: i®<
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.... %
B
1852.-DIMANCHE 0 JUIN.
MHZ SB li'ABOHÏBEBUBW*.
ÏÀBlS.. 13 F. PAR TBIMESTEB.
DÉPABTBMENS. 16. F. — '
JN NUMÉRO : 30 CENTIMES.
Le"abonnement datent des 1 " *t 16
de thagne mois. v
von LBfl pays étbang8m, je reporter
tableatf quisera publié dan» le Jourcal»
es 10 et ts de chaque moi».
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
&tâ?e^ t fadMO ) pw iarédactim,dMéCvcn&VkL-Citài6VY^^àactiurentktf, r On ta/mM, dent -U$ département, .auo,-Memgtrtn:rt tta jHreetioni 4e porte*—A Lamdrei, xkex MM. Cowre et fus. i S'adresser , francoj pour Tadministrattoi à M. denaln r directeur.
] r .' s — A Strasbourg, thei M. A ieandbje, pour l AMemagne* ~ [ Las annonoes sont reçues aubureau dujourn&l; ôt che* m. panis, régisseur, 10, plaoa de l&
Les articles déposés ne sont,pa?. rendus.
PARIS, 5 JUIN-
Le projet de loi rédigé par le conseil
d'Etat sur l'exécution de lapeiiïe des travaux
forcés vient d'être porté au Corps Législatif,
qui l'examinera prochainement. Ce projet de
loi se borne à poser le principe de la créà-
tioiï de colonies pénales, et à désigner les
condamnés qui seront conduits ; dans. ces co
lonies. Il renvoie à un règlement d'adminis
tration publique tout,ce' qui concerne l'exé
cution de la loi, etspécialement le régime
disciplinaire des établissemens de travaux
forcés,- et les conditiôns auxquelles des con
cessions de terre pourront être faites/aux
condamnés et aux libérés. Le simple énoncé
de ces questions suffit à en faire voir toute
l'importance. C'est de la solution qu'elles re
cevront que dépend en grande- partie l'effet
de -la, loi : peut-être aurait-il mieux valu
qu'elles n'en,fussent pas détachées.
• Néanmoins, le projet de loi, dans son*éco
nomie actuelle, mérite la plus sérieuse at
tention. C'est un premier p$s dans une voie
où la France a jusqu'ici hésité à entrer? et
le doute est légitime en présence de3 résul
tats que l'expérience a donnés chez d'autres
peuples. Les colonies; pénales. daJ Angler
terre, qui ont excité un moment un véri
table engoûment chez les criminalistes et
les philanthropes, ont abouti à un échec,
complet, sous Je rapport moral et sous
le rapport politique. C'est l'émigration li
bre qui a peuplé l'Australie. La présence
des comicts n'a jamais, été qu'un obstacle
au développement de la. colonie. Quant au
nombre des criminels qui se sont amendés,
et que la transportation a ramenés dans les
voies de l'honnêteté, il n'est qu'une faible
fraction du nombre total des transportés.
Les.colonies pénales de l'Angleterre étaient
cependant dans les conditions les plus fa
vorables. La salubrité, dù climat, la. fé
condité du sol, la certitude de débouchés,;
invitaient en quelque sorte au. travail :
Téloignement de l'Europe et-le voisinage de
' populations indigènes hostiles rendaient, les.
évasions à peu près impossibles, et sup
pléaient à une surveillance coûteuse. En-
lin, les élémens sur lesquels l'Angleterre-
opérai», présentaient'des chances d'améliora-:
tion nombreuses. La législation anglaise ne:
se borne pas en effet à, prononcer. la trans
lation contre", les ; criminels endurcis; elle;
frappe de cettepeine beaucoup de délits qui'
en France ne sontpunis que d'un emprison-!
neraent assez court : lç vol et mêmele vaga
bondage ; peuvent? être- punis-de sept années:
de transportation.
Les colonies pénales de l'Angleterre ont
donc.reçu des condamnés très nombreux;
elles en ont reçu de très jeunes; elles ont-reçu
toute une classe de délinquant qui avouaient
devaptles juges qu'en commettant tei ou tel
délit, leur but avait été de se faire déporter»
afin migrer en Australie., saqç.. avoir à
payer le prix d'une, traversée. Néanmoins,
ellén'ont pas templi le bût que s'était pro
posé lç législateur l'Angleterre, a. dû les
déplier- & plusieurs reprises- pour -, faire
droit aux réclamations des colons-libres. Le
gouvernement anglais avaitientrepris de ré -i
partir ses eonvicts_'e ntré toutes les colonies}
il a : dû. y renoncer devant la;résistance et
presque l'insurwction de la colonie du Cap :
et le jour,est prochain où il abandonnera
la système,de la transportation. Déjà un
parti nombreux s'est prononcé-dans ce sens
au sein du parlement. , - •
Cette expérience de l'Angleterre est dé na
turé à faire hésiter le Corps Législatif au mo
ment où on lui propose la création de colot
nies pénales. Où leropt placés leg établisse-r
men& nouveaux? A la Guyane ou bien , à
Talti? Ces deux colonies «ffrent-elles, par.
leur : climat, leur sol, leur position géo
graphique, les.conditions nécessaires au suc
cès de l'entreprise ? Questions- essentielles
que le projet dé. loi a craint: d'aborder, .et
qu'il laisse à la décision du gouvernement.
La question financière n'est pas moins im
portante. Les établissemens. pénitentiaires
nécessiteront à côté d'eux d'autres établisse
mens ; il faudra créer et loger.un person
nel administratif et militaire , avoir une
station maritime , toutes eourees. de dé
penses nouvelles.. Le nombre dés condam
nés soumis à la tr #3sportatron sera-t-il ën
rapport av^J'-étendue de ces ^dépenses?
L'Angleterre transporte la presque -totali
té des condamnés, même correctionnels, La
loi française ner s'appliquera qu'aux* con
damnés aux travaux forcés; et encore elle
exempte, outre les fenàmes, to.us les con
damnés qui. ont soixante ans révolus. Ces
deux dispositions sont sages, sans aucun dou
te, mais rie réduisent-elles pas : à un chiffre
trop, faible le nombre, des. individus aux
quels le nouveau système pénitentiaire sera
appliqué ? •
Un autre point appellera nécessairement
l'attention du Corps Législatif. L'article 7
du projét de loi porte que tout individu
condamné à inoins de huit années de tra
vaux forcés .sera tenu, après l'expiration de
sa peine,-de résider dans la colonie un temps
égal à la durée de sa condamnation. Tout
individu cçndamné à huit années sera
tenu de résider dans la colonie .toute sa
vie. On -peut se demander si cet article
n'est- pas une aggravation excessive des ,
pénalités aujourd'hui en vigueur. C'est l'exil
ou temporaire ou perpétuel ajouté à la;
peine des travaux forcés. Cette aggravation;
s'il convient de "l'infliger pour l'avenir, peut-
elle être appliquée aux. condamnés qui su 4 -
bissent en ce moment leur peine, sans dé
roger au principe sacré de la nonrrétroac
tivité?
Ce sont là des objections graves contre la;
loi telle qu'elle est sortie des mains" du con
seil d'Etats Néanmoins le mal actuel est
si grand , la, nécessité de réformer les ba
gnes est tellement évidente, qu'on ne peut
qu'applaudir à la présentation d'un pro
jet qui metea voie de solution une ques
tion si intéressante. Le Corps Législatif,
en mûrissant cette loi par une étude ap
profondie, peut y introduire de grandes
améliorations, en écarter ou en atténuer les
défauts les plus notables, et transformer ce
qui n'est aujourd'hui qu'un projet où le
mal et le bien se balancent en une œuvre
sérieuse et vraiment utile.
1 Ct'CHEVÀi-ClARlGNr. "
LES ÉTAÏS-UNIS ET LE. MEXIQUE.
C'est un mauvais voisinage pour un Etat
-faible comme le Mexique que celui d'unev
( puissance dEtats-Unis. Dans le vieux monde, Tindépen-
■ dance des petits gouvernemens est protégée
par la rivalité des grands. La Suisse, par
exemple, trouve sa sécurité dans l'entou
rage même des principales puissances du
continent. Mais fe Mexique est privé de
ce genre de protection. Isolé du reste de
l'Amérique par l'isthme. étrpit qui sépare
le Nouveau-Monde en deux parties," il est
seul à côté du peiiple américain, peuple
d'un caractère envahissantpeu scrupu>.
leux, et qui d'ailleurs semble obéir à une loi
providentielle en s'étendant chaque jour da
vantage dans le désert, où il porte la civili-
disparaîtra bientôt dans l'agglomération des
'Etats et des populations de toute origine qui
"composent la confédération américaine ;
j alors l'Union n'aura plus qu'à absorber le
'Canada, qui donnerait volontiers les mains
à cstle annexion, pour occuper toute l'éten-
Idue du continent américain du Nord. Elle
obtiendra par là, dans le monde, une,pré
pondérance véritable:
Ainsi décline, en tous lieux, la race la
tine. La France, l'Italie, l'Espagne, semblent
.avoir renoncé à to^ile expansion au-dehors;
:elles se replient sûr .ellesrmêmes et dépen
sent toutes leurs forces à combattre des
symptômes d« dissolution intérieure. Ainsi
UV> 1 UUHV fUI 1 VUVUU Pacifique ■ W. uu Uiu:
ment de reunir ses deux têtes de colonnes^
J'anglaise, et l'américaine, dans les eaux et
îles ports.de la Chine^
: Il serait temps que les gouvernemens du
vieux continent fisèem entrer dans les cal
culs de leur politique les mouvemens de cet te
puissance grandissante des Etats-Unis, à la*
quelle 11 semble que, par un accord tacite,
on ait abandonné là domination de l'Améri-
Îue tout entière, comme si l'Europe était
ésintéressée dans la question.Les Etats-Unis '
ont déjà les rapports les plus intimes avec
l'industrie et le commerce européens. Si
ces relations étaient suspendues, ou pro
fondément altérées, l'Angleterre, la Fran
ce ët d'autres Etats du même ordre éprou
veraient une , véritable perturbation* et l'u
ne des soureçs de là "prospérité de ces puis
sances serait tarie. En-outre, on «urait tort
dè croïie que les Etats-Unis resteront, pen-
dant long-temps encore, étrangers aux agi
tations politiques du vieux monde. Quand
leur ambition présente sera satisfaite, quand
ils domineront sans résistance sur toute
là surface de l'Amérique du Nord, le mo
ment sera venu pour eux d'intervenir
etque se livreHt l'autorité et l'anarchie, l'or
dre et le désordre; l'organisation et la con
fusion; Démocratie et république ,. l'U
nion américaine sera naturellement appe
lée à prendre parti contre les gouverne
mens traditionnels, contre les principes de
stabilité, contre toutes les aristocraties. Déjà
elle nous a donné un exemple de ses tendan
ces. La réception faite à M. Kossuth, et les
déclamations qu'a suscitées d'une extrémité
à l'autre des Etats-Unis l'arrivée ; de ce per
sonnage, ont prouvé tout l'intérêt que la
population de cette confédération accorde
aux événement de l'Europe. La pensée d'une
intervention américaine-dans les affaires de
l'ancien monde s'est alors fait jour de toutes
parts. -
. Si les gouvernemens européens, venant
pacifiquement en aide au Mexique, jugeaient
utilo.de tenir en échec la politique envahis
sante- des Etats-Unis; par cette loi générale
qui fait qjie les puissances se surveillent les
unes les autres pour le maintien de l'équili
bre européen, il leur serait bien aisé d'oppo
ser une digue certaine à des agrandissemens .
continuels et de plus en-plus menaçans. La
configuration du sol de l'Amérique septen
trionale est telle qae les Etats-Unis ne peuvent
s'étendre des rivages de l'Atlantique à ceux
du Pacifique sans traverser la chaîne de hau
tes mqptagnes qui longe les côtes de ce der
nier océan du nord au sud. Or, il n'exis'e
dans ces montagnes qu'une seule ouverture»
qui permette d'établir entre les deux mers,
dans la largeur du continent, des communi
cations régulières et faciles. Que le but cons
tant de la politique à Washington ait été
d'asseoir la confédération américaine" sur les
deux mers, c'est ce dont il n'est pas possible
de douter. Ohsait avec quelle opiniâtreté les
Etats-Unisont accompli le dessein de s'empa-
rer v de TOrégon ; ils ont été condûiis par la
même politique à se faire céder la Califor
nie. L'Orégon n'a qu'im mauvais-port, As-
toria, bien insuffisant pour servir d% base à '
l'exécution des vastes projets de navigation
en Chine qu'a, formés le gouvernement
de Washington. La Californie, au con
traire, possède un port magnifique, San-
Francisco, capable d'abriter une flotte
entière des plus grands steamers. On sait
comment a été peuplée la Californie : Ainsi
établis sur l'océan Pacifique, dans un beau
port qui fait face à celui de .Charlestoii sur
l'Atlantique, les Etats-Unis n'avaient plus à
s'occuper que de les réunir par une route fa
cile à suivre en toute saison. Or, ce chemin,
cette voie unique qui traverse la chaîne de
montagnes, partout ailleurs infranchissable
au moins pendant la plus graune partie de
l'année, c'est le Mexique qui la possède. Elle
traverse deux provinces au nord de cet em- t
pire : c'est la passe de Guadalupe, qui con-
duit aux territoires de Sonora et de la basse
Californie.:
A l'époque de la - guerre contre le Mexi-
3ue, les Etats-Unis ©nt'dirigé un corps
'armée tout entier à la recherche de ce
chemin, qui leur était inconnu. II n'exis
tait alors d'autre passage, à travers les mon
tagnes, qu'un chemin appelé South-Pass , à
peine praticable dans la belle saison, et obs
trué par les neiges duranthuit mois del'année.
L'armée américaine de l'ouest, beaucoup
moins destinée à combattre qu'à explorer te :
pays, se divisa, dans le nord du Mexique, en"
trois colonnes chargéesde reconnaî t~e les mon-
tagnes et d'y chercher la route désirée. La se
conde colonne, commandée par le capitaine
Cooke, marcha droit à Guadalupe. La vraie
routé continentale était trouvée enfin. Le ca
pitaine Cooke écrivit dans un rapport : « Je
» vis s'étendre soudainement devant moi
p une grande ouverture donnant accès, au
» milieu d'âpres montagnes, à un chemin
» qui descend, pendant quinze milles, vers
» une contrée basseetde surfdceplane.» C'é
tait la véritableporte de l'ouest. En-deçà com
me; au-delà, on traverse un pays plat et
sain, où tout est en abondance, l'eau vive,
l'herbe fraîche en toute saison pour les che
vaux; la pierre et le bois pour les construc
tions. -
! Voilà pourquoi les Américains'ônt tant
insisté peur obtepir, lors du traité de paix
avec le Mexique, en 1847, la, cession du ter
ritoire .mexicain confinant aux Etals-Unis
jusqu'au 32* degré de latitude nord. Dans
cette limite, se trouvait comprise la passe de
Guadalupe. Aussi le gouvernement mexi
cain, en repoussant iCette prétention, disait-
il : «Une telle limixe couperait nos com
munications par terre entre la Sonora et la
péninsule californienne. » Cette fois, il a
été impossible aux Ètats-Unii de ravir à
^leurr.voisia un territoire si important;
- mais "une autre occasion se présentera, et,
dè gré ou de force,' tôt ou tara, ils entrerônt
en possession de cette clé de l'Amérique du
Nord, à moins qu'on ne vienne au secours
du Mexique, et qu'il ne reste pas exposé,
sans appui, aux menées et aux attaques'd'un
voisin trop puissant. Déjà de nouvelles pro
positions ont été faites aux autorités de
, Mexico. Les Etats-Unis connaissent les em*
barras, financiers du gouvernement mexi
cain, et ils offrent'd'acheter les provinces
qu'ils ayaient vainement tenté de s'approprier
par la guerre. On s'efforce de persuader au
Mexique qu'il'ne peut échapper à une ban
queroute générale que par la vente du . terri
toire où passe la route de l'ouest. Et déjà,
dans la prévision d|un arrangement de cette
sorte, que le cabinet de Washington semble
regarder comme inévitable, on di t publique
ment que les nouvelles provinces seront an^
nexées aux Etats du Sud. D'ailleurs, lesEtàts-
Unis emploient des stimulans autres que les
promesses pour hâter la cesiion qu'ils con-?
voitent.
On sait quel est le procédé ordinaire
d'extension de ' la population américaine.
Les. Indiens forment son avant-garde, ils
exercent d'affreux ravages, ils font le vide.
Survient le pionûier américain, qùi engage
la lutte avec ces barbares et en purge le
territoire. Pour prix de sa victoire;, il
occupe les terres qu'il a contribué à affran
chir; il y attire sa famille et ses «ompatrio-
tes ; puis, une fois en force, il élève la voix,
et- les populations qui l'avaient accueilli
comme un sauveur, s'aperçoivent qu'elles
se sont donné un maître. Telle est aujour
d'hui la situation dans les provinces du nord
du Mexique. Leg Indiens les ont ravagées
et les pionniers américains y entrent. Les
v autorités mexicaines leur donnent une pri
me par chevelure d'indigène. C'est un com
mencement d'occupation ; ce sont les préli
minaires habituels de toute annexion. Voilà
comment le Texas a été graduellement en
globé dans l'Union; voilà comment le terri
toire où passe la route de l'ouest sera réuni
à la confédération américaine.
Enfin, il y a des moyens plus expéditifs en-
coreàemployerdans ce bu t. Legéniedu peuple
des Etats-Unis est fécond ep ressources. En
voici un exemple récent que nous cite M. du
Pasquier de Dommartin, dans une brochure
des pins instructives : o Le traité conclu à Gua-
» dalupe entre les Etats-Unis et le Mexique dé-
» signe comme limité est de leurs possessions
» respectives le Rio-Bravo dèl Norte. Or, il
s> faut savoir qu'en face de la rive dépeuplée
» des Etats-Unis,-trois grands villages, Is.-
» letta, Socorro et Saû-Elzfario, s'élèvent
» sur le rivage mexicain. Pour le Yankee
. » patriote, quel crève-coeur! Pour le Yankee, ;
» qui ne brille pas précisément par la haine
» du bien d'autrui, quelle démangeaison !
» Mais, le traité s'y. oppose, et ses clauses
» sont claires, précises. Que faire, que ré-
•b soudre entre son scrupule et son désir?
» Bah 1 se dit en lui-même le Yankee frappé
» d'une soudaine inspiration, en matière de
» traités,la lettre tueetl'espritvivifie; et,sans
» plusdélibérer,il!faituneaiguequi, barrant:
» au Rio-Bravo sôn chemin,le rej ettejûen loin
» dans l'ouest, au-delà des^ villages convoi-
» téà qui s'jendorment le soir sur la rive
» mexicaine, et le lendemain se réveillent
» sur les bords américains. »
Quant aux moyens propres à arrêter l'in
vasion du Mexique dans un intérêt européen,,
consistent-ils dans une colonisation dont M.
.' de Dommartin indique les bases? Faut-il les
chercher dans les négociations? C'est ce qu'il
appartient aux gouvernemens européens de
résoudre. Qu'on le sache bien toutefois,, si
l'Europe laisse succomber le Mexique, non
seulement l'équilibre des puissances sera,,
rompu dans la monde, mais le jour ne
tardera pa? à venir où les Etats-Unis,
parvenus au terme de leur grandeur ter
ritoriale, éprouveront le besoin de déve
lopper chez eux l'industrie par l'exclusion
des produits étrangers. Ce jour-là, des mil
lions d'ouvriers seront privésjde travail, et
l'Europe subira une crise financière et com
merciale dont 11 est impossible de prévoir
toutes les conséquences.
Le secrétaire de la-rédaction, t. boniface.
Ce serait un tableau curieux et instructif
que celui de : l'augmentation survenue dans
toutes les fortunes, mobilières ou immobi
lières, depuis le grand acte du 2 décembre:
S'il est difficile de réunir tous les élémens
qui seraient nécessaires pour arriver à une
évaluation complète, on peut du moins si
gnaler les résultats partiels que les prix cou-
rans permettent de constater. C'est ce que
fait aujourd'hui le Journal des Chemins de
■■ fer, enr montrant, dans un table&u compara
tif, la valeur des actions le 4" décembre der
nier et leur valeur au 1" juin.
Au 1 er décembre 1851, les actions desseizei
principales compagnies de chemins de fer
représentaient, d'après les cours cotés à la
Bourse, une valeur totale de U2& millions
seulement. Au!" juin 1852, leur valeur s'é
tait élèvée-à 809 millions. Ainsi, dans l'es-
paee de six mois, le rétablissement de la sé
curité publique a augmenté de 280 millions,
soit de 53 0/0,la valeur des.capitaux engagés
dans les chemins de fer.
Si l'on décompose ce tableau, on reconnaît
que les actions au chemin de Saint-Germain
ont haussé de 114 0/0,. celles de Montereau
de 84 0/0, celles d'Avignon à Marseille de
74 0/0, celles du Centre de 65 0/0, celles de
Strasbourg de 54 0/0, celles de Nantes de
44 0/0," celles de Dieppe de 43 0/0, etc., etc.,
et que les actions- qui ont pris la moindre
part à ce mouvement ascensionnel ont enco
re augmenté de 34 à 37 0/0.
i Sans doute,,quelques-uns de ces chemins
doivent une partie de l'augmentation de leurs
titres aux améliorations qui ont été accor
dées dans les- conditions des concessions;
mais il en est qui sont restés exactement
dans la même position qu'ayant le 2 décem
bre, et qui cependant figurent en tête du ta
bleau, comme les chemins de Saint-Ger
main, d'Avignon à Marseille, de-Dieppe, etc.
Ce qu'il importe de remarquer, c'est que
cette hausse dans les. actions des entreprises,
.existantes a eu lieu malgré les concessions
nouvelles qui ont -été accordées depuis le 2
'décembre, et qui leur ont suscité uûe côn-
.currence sur le marché.
Le chemin de fer de Paris à Lyon est; com
me on sait; la plus considérable de ces con
cessions nouvelles. Le gouvernement n'avait
pu jusqu'alors trouver de compagnie qui
consentît à s'en charger. Après le 2 décem-'
bre, il a pu le concéder en obtenant une
au^mpntatioçi de 10 millions sur le prix fixé
précédemment; ^
C'est ainsi encore qu'en appelant la con
currence sur la concession du chemin de
Lyon à Avignon, il a réalisé une autre éco
nomie de 11 millions sur la subvention vo
tée par l'Assemblée législative.
Enfin il a trouvé moyen d'assurer l'exécu
tion de 1,000 kilomètres de chemins d'une
importance secondaire, sans imposer de sa
crifices au trésor,et en se contentant pour.la
plupart d'accorder à quelques compagnies ,
des modifications à leurs contrats primitifs.
En résumé, les actions des seize compa
gnies existantes se sont accrues,dans Pinter-
valle de six mois; de 280 millions ou de 53
p. 0/0, quoique de nombreuses concessions,
parmi lesquelles celles $?s chemins de
Paris à Lyon, de Lyon à Avignon, des lignes ;
complémentaires du Nord ei de Strasbourg,
aient amené la concurrence de nouveaux
titres sur le marché. . i. biirvt.
~ 1
L'Emancipâteur, de Cambrai, a reçu l'a
vertissement suivant : •
* Nous, préfet du département du Nord, com
mandeur de la Légion-d'Honneur, et de l'ordre de
Charles III d'Espagne;
' » Vu le numéro du mercredi mai 1852 de
l'Emancipateur, journal publié à Cambrai ;
» Vu l'article 32 du décret organique sur la
presse, eu date du t7 février 1852;
» Attendu que dans un article intitulé : Ques
tion sûr les boissons, contenu dans le numéro ci-
dessus visé, commençant par ces mots •: « Malgré
toute l'importaDce », et finissant par ces mots :.
« Pour mériter et conserver l'affection et le res-
» pect du pauvre, il faut se montrer juste envers
» lui », le journal l'Emancipateur a dénaturé 1° le
sens et la portée du décret du 47 mars dernier,
concernant les droits sur les boissons; 2" qu'il a
présenté le vote du conseil municipal de Cambrai,
émis dans la séance du 26 avril dernier, confor
mément au susdit (décret, comme une disproportion
d'impôts au profit du riche au détriment du pauvre.
» Attendu aue le décret du 1,7 mars; en rédui
sant le droit d'entrée, en élevant le droit de détail;
en abaissant la limite de la. vente en gros, ne s'est
proposé et ne peut avoir pour résultat que de gre
ver la consommation du cabaret et dégrever la
consommation en famille;
- » Attendu qu'en s'associant àla pensée éminem
ment morale du législateur, le conseil municipal
de Cambrai, dans son vote du 26 avril dernier, a
fait acte de bonne administration et de saine éce-
nomie politique;
» Attendu, dès lors, <[ue le journal VEmancipa-
tew, en présentant ladite délibération et le décret
auquel elle se"réfère, comme entachés d'injustice
envers les classes pauvres, comme devant provo
quer la désaffection du peuple, est de nature à je
ter dans son sein des élérr.ens «le discorde ; que la
'polémique de ce journal, loin de fe borner àl'exa-
men sérieux et eonsdencieux de la question, con
tient une critique amère et_ injurieuse d'un acte
d'un corps constitué, pris en conformité de la loi,
^ » Arrêtons :
«.Art. 1". 11 est enjoint au siêur Carion, gérant,
du journal l'Emancipateur de Cambrai, à titre de
premier avertissement, d ? être à l'avenir plus cir
conspect. .
» Arti 2. Ampliation du présent aiTêté sera
transmis par M. le sous-préfet de Cambrai, char
gé de son exécution, au sieur Carion, qui est et
demeure requis d'avoir à l'insérer en titre dudit
journal. Cette insertion devra être imprimée avee
le même caractère typographique qui a servi à
l'impression de l'article sur les boissons.
y Fait à- l'hôtel de préfecture, Lillo, 1° 2
1382. » Signé, BKSSQN
On lit dans l'Univers : 1
« On nous écrit de Marseille que les,sociétés se
crètes travaillent avec activité à se réorganiser dans
les départerflens du Midi. Les réfugies politiques
sont déjà parvenus, sous la direction d'une des il
lustrations du carbonarisme italien, à.former une
association qui'ne compte pas moins de cent affilie»»^
Les membres, dont la majorité se compose de Sici
liens et de Napolitains, sont arrivés à s'organiser
en s'aidaat de la franc-maçonnerie et du nom du
prince Murât, dont ils espèrent se faire un bou
clier. Cette, société s'imagine arriver à tromper la
vigilance de l'autorité parce, qu'elle couvre, ses.
desseins, en* prétendant, tout bas n'avoir d'autre
but que d'éveiller dans le royaume de Naples des
sympathies en faveur du prince Murât.
» L'autorité, qui .est sur la trace de ces menées,
ne tardera pas à apprendre aux réfugiés des Deux-
Siciles que l».s loges ■ maçonniques, derrière les
quelles ils ^'abritent les protègent fort mal, et que
leur grand-maître tient particulièrement à se pas
ser de leur protection. ». —r (Jules Croiadon.),
On lit dans \& Moming-Post, du 4 juin :
- Les journaux allemands répanSept au dehors
beaucoup de bruits sur un prétendu, traité signé à
Londres pour le règlement immédiat et l'exercier.
des droits de la Prusse sur Nejichàtel. Ces bruits
sont, pour la plupart, des exagérations. trè3 erro
nées. Le fait réel qui lui sert de base, est qu'il»
protocole a été signé à Londres, par l'Angleterre,
la France, la Russie, l'Autricha et la .Prusse. II y
est dit-que les prétentions de la Prusse sur la prin
cipauté de Neuchâtel seront prises en considéra
tion par- les puissances signataires, toH.t arrange?-
ment définitif à ce sujet étant indéfiniment ajour
né et renvoyé à une meilleure occasion. » ■
CORPS LÉGISLATIF.
Le corps législatif-se réunira lundi 7 juin dans
ses bureaux pour l'examen du projet relatif à l'exé
cution de là peinedes travaux forcés.
Il y aura.séance publique mercredi, ÔJuin pour
la discussion du projet de loi relatif au règlement
définitif des comptes de l'exercice 1849 .
La commission chargée de l'examen du projet
de loi concernant la .prorogation du monopole des
tabacs a nommé M. le comte de Bryas (Eugène)
rapporteur.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ALLEMAGNE.
B erlin , 2 juin.—Dans la dernière séance du
congrès de douane^ qui a eu lieu le. 25 mai, non-
seulement le plénipotentiaire wurteml ergeois - :t
renouvelé, les propositions, faites primitivement
par la Bavière, ' mais ir a été communiqué une
proposition signée par les Etats de la-coalition
et Bade, dans laquelle ces Etats déclarent que la
réponse faite par la Prusse aux propositions de la
Bavière sont insuffisantes; mais que les Etats si
gnataires du protocole de Darmstadt insiste
raient plus vivement sur la mise en délibération
de ces propositions. Ils demandaient également la
prise en considération des projets autrichiens
A et B. Les gouvernemens de la coalition de
Darmstadt doivent insister d'autant plus vive
ment sur l'adoption de leurs propositions que
leur adhésion aux résolutions du Zollverein- en
dépendra entièrement, lis veulent'absolument que
les projets d'une union douanière et commerciale
austro-allemande marchent de front avec lare-
constitution du Zollverein. Le plénipotentiaire •
prussien a déclaré que la réponse du gouverne
ment serait communiquée aussi promptement qu'il
serait possible. [Gaz. de Coltgne.)
— Les négociations entre la Suisse et l'Autriche,
pour l'accèssion de celle-là l'union' postale aus
tro-allemande, sont terminées ; la ratification est
attendue. Les délibérations du congrès de doua
nes, dans sa dernière séance, sont entrées
dans une phase peu favorable. Les Etais de
la coalition de Darmstadt ont fait remettre une
déclaration' unanime portant qu'ils maintiennent
le protocole de Darmstadt. En conséquence, ils
feront dépendre d'une entente préalable avec l'Au
triche, leur adhésion aux résolutions que pourrait
adopter le congrès. On est curbux de voirie que.
fera maintenant le gouvernement prussien.
{Correspondance lithographiée.)
: —Le Moniteur prussien du'29 mai .publie la
loi qui fixe le budget do.l'Etat pour l'exeicice fi
nancier 1853> en recettes à 97,001,021 th., en dé
penses ordinaires à 86,151,982 thaï., extraordinai
re», 3,282,752 thaï., ensemble 99,434,734 thalers.
Le département - des finances figure dans les dé
penses ordinaires pour 17 l/£ millions doit 111/2
millions pour frais de perception, celui du com
merce et des travaux publics pour 19 1/2 mil
lions, les affaires étrangères pour 1 million, 11
27 1/4 millions, le budget des dotations pou ■■
9,895,127 th., formant .ensembleJ)3 l/2millioi .
auxquels s'ajoute le déficit dé 2 1/2millions tui
les exercices antérieurs à 1850.
— La Gazette de Cologne croit savoir que, pen
dant son séjour à Berlin, l'empereur de Russie-a li
rait montré des sentimens moins hostiles à la for
me constitutionnelle du gouvernement qu'on ne
les lui attribue généralement. Il serait, au ' con
traire, de l'avis du roi Frédéric-Guillaume, que la
FEUILLETON PD CONSTITUTIONNEL, 6 JIM.
LES PONTS TUBULAIRES
DE STEPHENSON.
Afin, de rapprocher autant que possible
l'Irlande de l'Angleterre, le parlement vota,
il y a vingt-cipq ans, le? fonds , nécessaires
pour 'l'établissement d'une route qui devait
aboutir àjlolyhead, ejest-à-dire au point
' extrême de l'île d'Anglésey, qui fait face à
Dublin. De Londres à Holvhead s'élança, sans
interruption, cette belle route qui, dans son
l#ng parcours, traverse, sur un pont sus
pendu, la riviere de Conway, puis enjambe,
sur un dêuxième pont suspendu, le dé
troit de Menai,, et relie, de cette manière,
l'île d'Anglesey avec le comté de Carnarvon.
C'ost ainsi que la puissance "anglaise venait
en quelqu* sorte se placer à Holybead com
me sur sa limite naturelle, pour observer de
ce point et surveiller par rdelà les flots la mal
heureuse Irlande, objet légitime de tant de
pitié et cause incessante de tant de terreurs.
Les deux ponts suspendus construits par Tel-
ford sont restés encore aujourd'hui au pre
mier rang des travaux de ce genre; mais dès
que l'idée d'un chemin de fer pour rejoindre
Holybead f jitmiss en avnnt,Telford fu t vaincu;
dèsque le chemin de fer fut décidé, à côté de
ces beaux ponts suspendus s'éleva la concur
rence d'une invention plus nouvelle et d'une
'œuvre*dout l'exécutiôn était plus étonuante
encore. Ici ; nous rencontrons le grand nom
de, Stephenson;. c'est , à lui que fut 'confiée
l'exécution du chemin de fer. La sensation
produite par la construction de'ses deux poiits
tubulaires a été profonde et universelle ; l'in
térêt qu'ils ont excité lorsqu'ils furent livrés
à la circulation, vient d'être ravivée par une
publication due à ,un de nos habiles ingé
nieurs, M. Yvert. Son livre et quelques
écrits publiés en Angleterre nous serviront
de guides dans l'examen rapide que nous
allons faire du grand travail de Stepbenson.
,* La compagnie du chemin de fer de Clxes-
ter à Holyhead avait d'abord espéré faire
usage des ponts suspendus de Telford. Au
moment où les convois auraient dû traver
ser ces ponts, on eût décomposé les trains et
fait passer les voilures les une^ après les au
tres, traînées par des chevaux. Mais cette
idée, vaguement conçue dans le principe,
ayant été abandonaée; M. Stephenson dut
chercher les moyens de construire sur la ri
vière de Convray et sur le détroitde Menai deux
{lonts qui appartinssent exclusivement à la
igne de fer et fussent combinés pour ré
pondre aux difficultés de divers ordres qui
se présentaient. C'était surtout pouf le pasr
sage du détroit que ces difficultés étaient
énormes. Le bras de mer de Menai est fré
quenté par un nombre considérable de
navires ; des courans Rapides, des éçueils
nombreux^,, des. vents très, variables con
courent â;y ; gêner.la navigation. La mer,
qui s'engouffre avec impétuosité dans
cet espace resserré, .rend très pénible pour
les petites embarcations, mues àforce de Dras,
de tenir contre la violence du courant; les
rafales qui, dans toutes les directions," dé
bouchent des gorges voisines, sont si brus
ques et si rudes, qu'on a autant de peine
à' y naviguer à la voile qu'-à la rame. •
Stephenson proposa de construire sur le
Menai un pont composé d'arches en fonte;
elles auraient eu u r ^ portée de plus de cent
mètres et présenté, T leur centre, une hau- -
tcur de plus de 40 mètres au-dessus du :
niveau de la haute-mer; enfin, l'on au
rait évité de s'aider de cintres pour le
montage des voussoirs.. En prenant tous f
ces soins, Stephenson s'était flatté de donner
satisfaction à l'Amirauté qui, avant tout, u
voulait que la navigation ne reçût pas des <
constructions nouvelles un surcroît d'entra- •
ves. Mais des objections graves furent pro- ;
dùites; on fit remarquer que l'élévation voii-1
lus de 40 mètres ne serait obtenue qu'au som- .!
met des arches ; que la retombée de .ces voû
tes diminuerait nécessairement le débouché •
pour la mâture des navires; on ajouta
que des arches en fonte d'aussi vastes di
mensions ôteraient le vent aux voiles. Le
dçrniçr mot-de l'Amirauté fut donc que
« l'élévation de 40 mètres devait régner
sur toute l'étendue du passage, de manié-.
re à laisser au détroit toute sa largeur;
maximum de débouché vertical et horizon
tal. » C'est sous la pression dç ces exigences
fue Stephenson, au lieu de se, décourager,
sentit sa résolution grandir à mesure que
s'amoncelaient les obstacles. Grâces en soient
rendues à l'Amirauté ! En poussant Stephen
son à toute extrémité, elle lui a fait créer
son chef-d'œuvre. Ce maximum de débou
ché à conserver dans toute l'étendue de la
traversée, cette obligation de n'employer ni.
échafaudages, ni cintres, ni arches, ex
cluaient toute autre combinaison que celle
d'un pont rigide, ou, en d'autres ter
mes, d'une poutre droite, s'élançant do la
riye du comté de Carnarvon à la rive d'An
glésey. C'est ce que comprit Stephenson, et
aussitôt le moyen d'exécution se présenta à
son esprit. L'idée étonnante du pont tubu-
' laire, c'est-à-dire d'une poutre creuse, eh
fer, dans l'intérieur de laquelle passeraient
les convois, était trouvée !
„Cette idée a été appliquée aux deux ponts
qu'il s'agissait de construire. Le premier
qui fut exécuté est celui qui traverse la rii
■vière de Conway ; commencé dans les pre
miers mois de 1847, il fut livré à la circu
lation en mars 1848. Le pont de Menai (ou
pont Britarinia) fut ouvert au public en
mars 1850.
Dans son œuvre, M. Stephenson* s'était air
dé du concours de plusieurs" personnes dis
tinguées par la science ou par une grande
expérience pratique. Ses principaux auxi-
liairesavaientété MM. Fairbaim,Hodgkinson
et Clark. M. Fairbairn en 1819, et M. Clark en
1850, ont fait des publications très étendues,
sur les ponts qui nous occupent en ce m»-"
ment. M. Yvert s'enestinspiré pour son livre, '
3ui est accompagné d'un bel atlas et précédé
'une introduction due à la plume très com
pétent» de M. E. Flachat. Dans ce travail
de M. Yvert (1), les deux grandes créations
de Stephenson sont exposées et analysées
avec le plus grand soin. On y relève la trace
de toutes les expériences et investigations de
l'ingénieur anglais; on y voit surgir tous les
perfectionnemensj toutes les simplifications
qué sa sagacité lui a fait trouver. Par exem
ple, M. Yvert nous apprend que, dans l'o
rigine, Stephenson avait associé à l'idée de
son pont tubulairc, celle d'un pont suspen
du dont les chaînes auraient aidé au levage
des tubes et auraient pu concourir • à
soutenir ces mêmes tubes après avoir
servi à les mettre en place, combinai
son qui fut abandonnée à cause de l'impos-»
-aibilité de concilier l'emploi de deux corps
doués, l'un d'une grande flexibilité, l'autre
d'une rigidité extrême. En parcourant l'ou
vrage de M. Yvert: oh assiste aux esstfis com
paratifs faits sur aes tubes cylindriques, el
liptiques et rectangulaires, et on se rend
parfaitement compte des raisons qui ont
fait préférer ces derniers. On y trouve
aussi, très clairement expliqué; pourquoi
une poutre creusé-présente plus de résis
tance et plus de solidité qu'une poutre plei
ne. On y peut lire enfin les particularités si
curieuses de là mise en-place des tubes.
(1) Notice sut les ponts avec .poutres tubulaires
en tôle, — chez CarUiafc-Gueury et Victor Dai
ms nt .éditeurs.'
Ce livre, ou d'ailleurs toutes les notions'
sur les ponts tubulaires sont coordonnées dp
manière à former la théorie générale de ce
genre de construction, est donc un véritable
service rendu à quiconque s'est voué aux-
études multiples et ardues par lesquelles, de
nos jours, la profession d'ingénieur s'est
élevée si haut.
Parmi les détails et les chiffres innombra
bles qu'il faudrait accumuler si l'on préten
dait donner une description à peu près com
plète .du grand travail dè Stephenson, nous
en choisirons quelques-uns' qui nous pa
raissent de nature à intéresser le lecteur.
1 Le pont de Conway a 1G6 mètres de long;
il s'élance d'un seul jet d'une rive à l'autre ;
il est (comme celui de Menai) à double voie,
c'est-à-dire qu'il se compose de deux tubes
rectangulaires, parallèles, dont l'un sert à
l'aller et l'autre au retour des trains.
Le pont de Menai, ou pont Britannia, of
fre 858 mètres de> développement. Chacun
des tubes qi'i le constituent est composé de
quatre parties qui ont été posées séparément
et qu'on a reliées ensemble de manière à ce
que, devenues ainsi solidaires , elles nè*
formassent qu'une seule pièce. Les tubes
ont pour points d'appui : an centre du "dé
troit, une pile qui repose sur le rocher ap
pelé Britannia; puis deux piles latérales qui
se dr^sent sur le bord des deux rives, à 110
mètres de distance de la p ; .le centrale ; enfin
deux culées engagées dans les terres et qui
sent à 70 mètres de distance des piles derive&
Pour les deux ponts, la surface inférieure,
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