Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-05
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 05 juin 1852 05 juin 1852
Description : 1852/06/05 (Numéro 157). 1852/06/05 (Numéro 157).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669671s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 157.
SllSlISâlfl : rut «?e~ Ratota iE*alals-Btoyal), n*~l9:
B 1853.-SAMEDI 5 JUIN*
.FBIX CE L'ABOmSElZBT
ÏABÎS. ^ . 13 F. PAR THUIESTKE..
DÉPARTEMEN3. 1® F. —
CN NBMÉEO : 20 "CBKTIMS3.
fotra les pays étrangers , se reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
1^3 10 e î5 de chaque mois.
itt aboatutnent datent, det 1 "et 16
de chaque mois, '
S'adresser y franco, pour la rédaction , à M. CjxrcHEVÀt-Ciiiaii
Lesartiole» déposé» ne «ont pas rendus}
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIYEftSEL
ur en che,1
On s'abonne, datiiles'dêpartemeni, aux Messageries et'aux DirectionsÀt pastel—A Londres, thei M3MÏ Cowis et ïitsÇ 1,
— A Strasbourg, ckex M. AmXâkdbb , pour l-Allemagne} . . - > \ îj
. 'S'anresier, franco, pour T administration, à M. D enain, directeur,
Les annonces sont reçues au bureau du journal ; et chex M. PÀNIS, régi £86ur, 10, place de
PARIS, 4 JUIN.
-v - ....... j. ' f" "* j
Des rapports de la Bclgiqae avec Ta France.
La presse s'est assez -vivement- émue en
France, et surtout en Belgique, des considé
rations que nous a suggérées l'hostilité mé
diocrement déguisée du cabinet befge contre
le gouvernement français, et a diversement
apprécié les mesures probables qu'en une
telle situation, le ministère du prince-Prési
dent pourrait puiser dans le sentiment de sa
dignité et de ses devoirs. Il nous paraît né
cessaire de revenir sur ce sujet, moins pour
■ faire justice de quelques déclamations sans
Valeur, que pour soumettre la question dans
toute sa nettçté et dans toute sa simplicité/
au bon sens et à l'équité du peuple belge.
Ln mot d'abord sur les journaux belges
qui, à divers'points de vue, ont apprécié les
dispositions du gouvernement français. Ces j
journaux constituent deux catégories : celles
qui soutient le cabinet dix roi Léopold, etî
celle qui l'attaque. i
En tête de la première catégorie, se place ;
l'Indépendance belge , journal, fondé par MM. i
Rogier, Devaux et Lebeau, et devenu presque ;
en totalité la propriété d'un Bordélais, nom-;
mé M. Perrot, • anciennement rédacteur'du i
journal catholique l'Uni»n. L'Indépendance
belge est l'organe officieux du ministère. :
etappartient aux doctrines du parti libéral.
-Elleest rédigée par des Français. ,
En seconde ligne vient l'Observateur belge,
organe spécial des loges maçonniques, fon
dé et .dirigé par M. Yerhaegen ; avocat, '
•grand maître de ces loges, et président ac
tuel de la chambre des représentais. L'Obser
vateur 7 également rédigé par des Français en
grande partie, soutient le ministère, et lui
"assure l'appui des sociétés politiques ratta
chées au club central, connu sous le nom
d'Association libérale.
" ' En troisième ordre figure la Nation, jour
nal socialiste, primitivement dirigé par M.
-Gendebien, un des hommes les plus considé
rés delà Belgique, et devenul'organespécial
.de M. Mazzini, de M. Led'ru-Rollin et des ré
fugiés de Londres. La Nation est rédigée par
des Belges, et elle soutient le cabinet de M.
,"Rogier dans les élections. ,
Il est d'ailleurs à remarquer, comme ob
servation 'générale, que tous ces journaux,,
qui sont, à divers degrés, les confidens et les:
amis des minisires belges, sont très hostiles
au gouvernement français, et fort injurieux
pour Je prince-Président.
■ Parmi les journaux qui conseillent les
bons rapports entre la Belgique et la Franee,
; qui respectent le gouvernement fondé par
le suffrage de huit millions d'hommes, et-
qui reconnaissent, à l'égal de l'Europe en
tière, les services immenses rendus à la ci-
.vilisation par le neveu de l'Empereur, se
-distingue le Journal de Bruxelles, organe
spécial et considérable du clergé belge, ré
digé par M. Coomaps,' .membre de la cham
bre des représentans pour l'un des districts
de ^province d'Anvers.
A côté du Journal de Bruxelles, dans la
même voie, mais sous des influences conser
vatrices et "moins cléricales, se place l'Eman
cipation, journalinfluent et considéré, rédi
gé par dos França ; s, dont Je plus nolable'est
M. Jules Maurcl, ancièn collaborateur. du
"Journal des Débats.
Voilà, dans son expression la plus géné
rale/ te dénombrement des organes princi
paux d,e l'opinion en Belgique. Le ministère
belge y a pour amis, et le gouvernement
français pour ennemis, les philosophes, les
Trancs-maçpps et les émeutiers; Je gouverne-
jneut français y a pour amis, et le ministère
■belge pour adversaires, le clergé, les popu
lations rurales, et les amis de l'ordre et de la
.paix. Il est de principe de ne pas disputer
des goûts; mais, à faire un choix, nous
durions pas fait celui du ministère belge.
Deux considérations générales, qu'il nous
«semble assez difficile de prendre au sérieux,
~ ont principalement préoccupé les journaux
hostiles au prince-Président ; ils ont "fait
semblant de -.croire, que la guerre de tarifs,
annoncée dans notre précédent article, était
une menace dé fantaisie, enfantée par notre
caprice, et tout à fait étrangère aux vues du
gouvernement français; et ils ont ajouté que
le parti catholique et conservateur belge avait
demandé au cabinet je l'Elysée et à hous-
même ce manifeste comminatoire, en vue de
de s'assurer la majorité aux élections "et le
pouvoir. Certes, il doit y avoir des gens cré
dules en Belgique, comme partout ailleurs-:
mais il nous semble, bien difficile qu'on
mène un peuple avec de telles puérilités.
Il ne nous en coûte nullement de nous ré
signer à ce que notre situation a de modeste,
en journalisme, en politique, en toutes cho
ses ; mais " nous ne saurions aller, en cons
cience, jusqu'à nous laisser imputer le de
gré de légèreté qu'il faudrait pour traiter
d'égal à égal avec un peuple , en notre
propre nom. D'un autre côté, à quel
homme sérieux persuadera-t-on qu'ayant
l'honneur et le devoir d'approcher le chef-
de l'Etat, nous aurions à ce point man
qué au respect dû à sa personne et à son
pouvoir, que dégager sa politique en "dçs
matières si éminemment graves et.délicates,
sans avoir au préalable pressenti son inten
tion et sa convenance?
Ce n'ést donc point en notre propre nom.
qu'on veuille bien le croire, que nous avons
parlé du cas où les relations commerciales
de la Belgique avec la France pourraient être
rompues. D'ailleurs, le gouvernement belge
a un ambassadeur pour s'§ssurer de la vé
rité, s'il ne trouve pas qu'elle ressorte suffi
samment de nos paroles.
Quant à l'imputation qui ferait du gou
vernement français, et de nous-même, deux
agens du parti ^catholique belge, elle est trop
remarquable, comme facétie, pour que nous
n'en disions pas deux mots.
- Il paraît que le parti libéral belge en est
encore.à faire la guerre aux jésuites et à ce
qu'il nomme le parti clérical. C'est l'âge d'or
-des badauds politiques ; nous l'avons passé.
La France a aussi vu le temps où le pauvre
prêtre qui évangélise les campagnes, en ha
bit de bure," les pieds dans la neige et dans la
•boue, était fort agréablement raillé par les
bons drilles des lo^es maçonniques, célébrant
l'amour et le vin aux soupers du Caveau. De
puis lors, les choses ont bien changé; les
drilles philosophiques et. anacréontiques ,
endormis dans le vin versé par l'athéisme,
se sont réveillés dans le sang versé par les
.^évolutions ; et les générations, qui avaient
été élevées à rire des prêtree, se sont émues
d'admiration et de respect au spectacle dè
ces vertus que rien ne lasse, paS même l'in
sulte, et de ce courage que rien n'effraie, pas
même la mort. Naguères, lorsque le socialis
me hideux tachait de sang le pavé de nos
villes, et de souillures infâmes le sanctuaire
domestique» qui est allé mourir résolument,
à côté du gendarme et du soldat, pour sau
ver la vie, les biens et la femme d'autrui?—
C'est le prêtre I
Dieu préserve les autres nations des cala
mités qui ont éprouvé la France; mais nous
osons dire aux libéraux bélge's, aux frapçs-
maçons belges, aux philosophes belges, qu'il
suffirait, pour les guérir de leurs déclama
tions médiocrement spirituelles contre le
parti clérical, de ce qui a suffi pour guérir la'
France, c'est-à-dire de quelques mois de
gouvernement provisoire, de commissaire#
extraordinaires, de 45 centimes, d'ateliers
nationaux et de lampions.
Quoi qu'il en soit, le parti catholique t>el-
ge a certainement toutes nos sympathies,
mais ces sympathies ne vont pas jusqu'à su
bordonner les affaires.de la France aux sien
nes. Nous faisons des vœux pour qu'il arri
ve au pouvoir, dans l'intérêt même de ceux
qui l'insultent . la France, sauvée du so
cialisme , trouverait un auxiliaire en lui ;
mais il faut que la. forco des gouverné- .
meps vienne d'eux-mêmes, non d'autrui. Le
parti catholique belge a pour-lui, avec l'ad- '
hésioh des honnêtes gens, les principes éter
nels et nécessaires de la religion, de la mo
rale, du travail et de l'ordre ; avec de .tels
appuis, il réussira mieux qu'avec nos arti
cles, qu'assurément nous ne lui refuserions
pas, mais qii'il ne nous à jamais demandés.
C'est une chose bien étrange, qu'ayant-
sous leurs yeux la vraie cause de l'article qui
les a tant émus, les libéraux belgfs, joints-à
leurs amis les socialistes, se soient donné la
peine d'eninventer d'imaginaires.
Comment! touslesjournauxquisontles or
ganes officieux et avoués du cabinet belge, at
taquent le gouvernement français; comment!
tous les j ournaux qui,sans être officieusement
ministériels, lesont évidemment, poursuivent
de leurs outrages le chef courageux et illustre
queJa France s'est donné ; la Belgique est
devenue publiquement le refuge de tout ce qui
pense, de tout ce .qui parle, de tout ce qui
écrit, de tout ce qui machine contre le prince-
Président;— et l'on trouve étrange qu'en pré
sence d'une hostilité si ouverte, si gratuite,,
si complètement dénuée de cause et de pré
teste, la France, outragée dars sa souverai
neté, dans sa dignité, dans sa modération,
dise à la Belgique : Vous m'insultez, spit ; f
mais, alors, n'ayons plus d'affaires entre ;
nous ! • .. .
Depuis quand un individu ou un pays
sont-ils obligés de voir, de recevoir chez eux
leurs ennemis déclarés ? L'article 7 du traité
du 49 avril 1839, signé par la Belgique, par'
la France, par l'Autriche, par . î Angleterre,
par la Prusse, par la Russie, et par les Pays-
Bas, porte : « La Belgique, dans les limites
indiquées, formera un Etat «indépendant
et perpétuellement neutre. Elle sera tenue
d'observer cette même neutralité envers les
autres Etats. » Or, nous le demandons, le
gouvernement belge tient-il-,loyalement la
conduite d'un gouvernement neutre? Est-ce
rester neutre, que d'entretenir des relations
publiques avec des journaux, avec des per
sonnages qui attaquent le gouvernement
français? Est-ce rester neutre que d'autoriser
des outrages perpétuels contre un priace que
laFnnce entière a, deux foi-?, librement et so
lennellement élu ? Est-ce que la France n'avait
pas le droit de se sauver de l'abîme , en sau
vant l'Europe; et ne pouvions nous pas,
sans le bon plaisii; des libéraux belges, fon
der, sur le suffrage dp huit millions d'hom
mes, un gouvernement de notre choix?
Eh bien ! le gouvernement français, qui :
aurait eu le droit de dénoncer Je traité, du i
19 avril 1839, ne l'a pas fait; il avertit Je
peuplé belge de la conduite de son gouver
nement; il lui fait, savoir qu'un système
d'hostilités imméritées amènerait nécessaire
ment, prochainement, la rupture des rela
tions commerciales" entre les deux pays; il
met le peuple belge en situation et en de
meure de réfléchir et de prononcer ; il fait
un appel à sa loyauté et à son équité; — et
l'on se plaint ! Valait-il donc mieux ne rien
dire', ne prévenir personne, rompre les né
gociations relatives au traité de commercé,
et jeter ainsi le trouble dans, les intérêts des
deux nations, prises à l'improviste ? Aucun :
homme sensé ne le croira.
Il y a un étrange argument inventé par
les libéraux français et fort goûté par les li
béraux belges: « Qu'y a-t-il de commun, di
sent-ils, entre le.commerce et la politique ?
Si le traité de commerce est bon en lui-mê
me, il faut le renouveler, quelles que soient
les relations des deux gouvernemeos. »
Ce qu'il y a de commun entre le commerce
et la politique ? — Tout; et bien fins ou bien
fous seraient ceux qui prétendraient les ,
séparer, Est-ce que 1,ous les intérêts d'un
pays"ne sont pas solidaires? Est- ce que
le commerce a une base ferme, lorsque
le gouvernement chancelle? Est-ce que
les transactions sont assurées, lorsque
les pouvoirs publics sont minés et atta
qués? Est-ce qu'il pèut y avoir des avanta
ges, particuliers, tians un ■ détriment "géné-f
.rat? Ce qu'il faut qué le commerce de4
"mande; t'est que le-pouvoir soit fort, eî
ne se laisse jamais entamer, ni au-dedans
ni au-dehors. A quoi nous servirait de
tirer quelques bénéfices partiels et locaux
de notre commerce avec la Belgique, si
le système d'hostilités, au .moins toléré
par le gouvernement belge, réagissait sur
les affaires générales, inquiétait les espri|s ;
affaiblissait la sécurité, resserrait les tran
sactions, et se soldait, pour la Franc?, en
une perte considérable dans toutes ses opé
rations financières ?
Le but suprêms du gouvernement fran
çais doit donc «itre de faire prévaloir, au de
hors comme âu dedans, le vœu solennel du
pays, dont il est "l'expression, c'est- à-dîre une
autorité forte, une liberté sage, la paix et la
sécurité pour tous, sous l'égide des lois.
La France est lasse ;de cette éternelle com
pétition des partis qui l'ont déchirée, et
elle veut que son gouvernement la protège
contre les ambitieux et les brouillons, quels
qu'ils soient. Les individus qui s'insurgent
contre le gouvernement légitime du pays
savent à quoi ils s'exposent ; il faut que les.
peuples voisins le sachent aussi.
Certes, la France n'a nulle envie de se mê
ler des affaires intérieures de la Belgique ; ce
n'est ni son droit, ni sa volonté; mais elle
.jj'çst pas obligée de souffrir les atteintes
portées à sa dignité et à sa sécurité, par
le fait ou par la tolérance du gouverne
ment belge. Le moins qu'elle puisse "faire
est donc d'avertir .la. nation belge de la voie
où ses ministres l'entraînent, afin qu'elle
prévienne pàr sa sagesse une rupture de
relations que les hostilités contre la France
rendraient nécessaire et imminente. Pour
tout homme sensé, il y a évidemment, dans
ce langage de la France, un sentiment de
sympathie pour la nation belge, et un désir
de conserver et d'améliorer les relations des
deux pays.
S'il nous est permis, en finissant, de dire
un mot de'ce qui nous.touche, nous regrette
rions le plus.léger mouvement d'humeur que
nous auraient arraché les colères, les mena
ces, les injures dont nous sommes l'objet, en
France et en Belgique, pour avoir défendu,
selon notre conviction et nos forces, et avec
l'assentiment de huit millions d'hommes, la
gouvernement qui a sauvé la France etl'Eur
rope. On sejait indigne d'être l'apôtre de
ces grandes et nobles causes, si l'on n'é
tait pàs tout entier absorbé en elles, et si
l'on gardait libre un coin de son esprit ou
de .son cœur, pour y recueillir les bourdon^
nemens et les outrages des passions que 1 on
brave,, et des partis que l'on méprise.
Nous ne faisons pas assez les affaires des
partis vaincus, qui rongent leur frein parmi
nous, pour que nous ayons des droits à leur
reconnaissance; et quant à certainsjournalis-
tes français retirés., pour diverses causes", en
-Belgique, nous ne voudrions rien ajouter au
malheur qu'ils ont, d'avoir érigé eh com
merce l'insulte contre leur patrie ! ^
A. G hanier de C assagnac.
Nous devons signaler le zèle et l'activité
avec lesquels la commission des logemens in
salubres de Lille poursuit/ le cours de ses
travaux. 1 On sait que Lille est une de nos
villes qui étaient surtout ritéespour l'in
salubrité des demeures habitées par les po
pulations ouvrières. La commission avait
donc à remplir une mission difficile, qui
nécessitait de nombreuses recherches, et qui
exigeait un dévoûment soutenu. Elle s'y est
consacrée sans relâche, et, bien qu'elle ne
Tait pas encore complètement terminée, on
apprendra avec satisfaction tout ce qu'elle
a déjà fait pour l'assainissement de la cité.
La commission est entrée en fonctions le
jS mai 1850, et, depuis ce jour, elle a dépo
sé 1,116 rapports sur le résultat des inves
tigations auxquelles elle s'est livrée pendant
. cette période d'un peu plus d'un an.
Les habitations que la commission à ju
gées malsaines et qu'elle a condamnées corn
ue n'étant pas susceptibles' d'assainissemeçt,
sont : 207 caves, 76 pièces de rez-de-chaus
sée, '30 chambres d'entresol. > . - J
fil 'f a- dix maisons • ou corps de i bâtiment
dont la dégradation était 'telle, que des me
sures partielles ont spmblé insuffisantes, et
qu'il a fallu en réclamer la rfeconstructiori.
Les principales causes d'insalubrité pour
les caves qui ont été condamnées,consistaient
dans la grande humidité qui ; y était en
tretenue par des murs salpêtres, dans le
peu d'élévation de là voûte, qui ne per
mettait pas au locataire de se tenir de
bout, dans l'impossibilité d'y faire pénétrer
le jour et d'en renouveler l'air. Les piè,ces.de
rez-de-chaussée, déclarées inhabitables, ne
pouvaient être assainies que par la recons
truction complète des murs imprégnés de
salpêtre. Quant aux chambres d'entresol,
elles se trouvaient dans des conditions hy- '
giéniques détestables. En-effet, dans un grand
nombre de maisons habitées par Jés ouvriers,
la pièce du rez-de-chaussée a été divisée en
deux parties, dans la hauteur, afin que les
logemens y fussent plus nombreux. Il en était
résulté des logemens où la circulation de l'air
était impossible, et qu'on ne .pouvait assai
nir qu'en faisant disparaître le plancher de
séparation, pour remettre les lieux dans leur
état primitif.
Les logemens, pour lesquels des mesures
d'assainissement ont été prescrites, sont au
nombre de 1,ISO,savoir : 322 caves, 385 piè-
.ces de rez-derchaussée, 443 chambres", piè
ces ^'entre-sol ou grenier^ t
> Lee mesures d'assainissement prescrites
par la commission, sont : pour les caves :-Ja
suppression des cabinets d'aisance, l'établis
sement de soupiraux avec châssis mobiles
ou de cheminées d'aérage s'élevant jusqu'au-
dessus des combles; pour les pièces de rez-
de-chaussée et pour les chambres, le perpe-
ïnent de nouvelles fenêtres et la reconstruc
tion des châssis qui ne.pouvaient s'ouvrir.
Lorsque les murs d'un logement étaient.hu
mides, elle les a fait recouvrir d'un lamb r
ou d'un contre-mur isolé. Dans presque, tou
tes les habitations, elle a ordonné défaire
blanchir, les murs à la chaux.
La commission, a ordonné, en outre, de
nombreux travaux d'assainissement dans les
parties communes, tels que blanchiment à
la chaux de cours ou.de corridors, répara
tion de cabinets d'aisance, aérage dfe fosses,
écoulement d'eau, lavage des cours, etc., etc.
On voit que les investigations dè la com
mission ont notamment porté sur les caves
où demeurent beaucoup de familles pauvres.
Le nombre de ces caves a d'ailleurs diminue
sensiblement depuis une quinzaine d'annees
et tend à - diminuer chaque jour. Mais le
principal obstacle vient ne la population y
qui ■ n'apprécie pas les bonnes condition^
d'hygiène,- et qui trouve dans ces habitations
l'avantage de payer ,un lover peu elevé, d'être
plus à portée de rece\oir dos secours des
maisons voisines, et surtout de pouvoir faire
un petit commerce avec étalagé sur la voie
publique.
Ce qui à également appelé l'attention de
la commission dé Lille, ce sont les logemens
accumulés sous de petites maisons , situées
dans des cours très étroites, où le soleil
peut a peine, pénétrer, et où il règne en
tout temps une grande humidité. Là s'en-
jLassent. des ménages très nombreux, et gé
néralement. dans la plus grande misère. La
principale amélioration consisterait dans le
percement de rues au travers de ces quar
tiers resserrés, privés d'air, où les dernières
épidémies ont fait ae si grands ravages.
Tous les travaux ordonnés par la commis
sion ont été approuvés par le conseil muni
cipal. Quelques propriétaires seulement ont
appelé devant le conseil de préfecture ; mais
leurs réclamations n'pnt pas été admises, et
les travaux prescrits ont reçu leur exécution.
La seule opposition sérieuse à l'application
de la loi provient, nous le répétons, des lo
cataires des caves condamnées. Malgré les
prescriptions, ils s'efforcent .de garderies
logemens le plus possible, et ils n'en sortent
pour ainsi dire que contraints et forcés.
La commission n'a plus à visiter que les
logemens, de sept rues; mais comme un
grand Bombre de cours aboutissent à ces
rues, le travail exigera encore quelque temps,
et l'inspection générale ne paraît pas de
voir être complètement terminée avant deux
ou trois mois. . ' „ J. B urat.
.■!.' En annonçant le résultat de l'assemblée de
Posieux, dans le canton de Fribourg, notre
correspondant avait porté à 16,000 sur
22,000 le nombre des citoyens.actifs qui
avaient pris part à cette manifestation. Ces
chiffres avaient été contestés par les feuilles
radicales de la Suisse. On à aujourd'hui le
relevé exact par commune, et il dnnoe com
plètement raisefn à notre correspondant.
, Le nombre du* citoyens actifs du ' canton
de! Fribourg est de 22,592, et 10,319 sont
venus protester à Posieux contre le despo-.
tisme radical qui pèse sur le canton. , .
Quant aux moyens de faire sortir le can
ton de la situation difficile où il se trouve
placé, voici ce que propose -une correspon
dance adressée de ce canton au journal la
Suisse , pour arriver sans secousse à une rào-
dificajion de l'état de choses actuel, jusqu'à
ce qu'au terme indiqué par la Constitution,
on puisse la réviser,-:
. « Convoquer, immédiatement le grand con
seil, qui voterait une loi sur les incompati
bilités, ce qui amènerait la démission d'un
bon nombre des membres de cette assem
blée; abolir le serment pour procéder au
remplacement de çes membres démission
naires. Le conseil d'Etat donnerait sa démis
sion en masse, lorsque le grand conseil se
rait de nouveau au complet.'C'est de cette
dernière mesure que le pays attend son sa
lut. » L. B0N1FACE.
.Nous avons parlédes toasts portés au ban
quet des Aigles à Lyon. Nous recevons le
•texte des paroles prononcées^ par M. de
Vauxonne, et la réponse du général CaStel-
lane à ce diâcours et, à celui du préfet.
,, Après M. le préfet,"M. le baron de Vauxori-
'ne s'est exprimé en çes termes :
; ' - f ". . .J * .m • ' )
-i Organe d® la commission municipale, je poHp, au
nom de toute l'agglomération lyonnaise, un toa».
■ A 'l'armée/de Lyon !
A l'armée qui, sous la .noble inspiration de son il
lustre chef, a voulu, a su vaincre sans combattre 1
A l'armée qui a triomphé -par sa scuie puissance
morale ;
Par* l'habileté de ses mesures et l'énergie de son
attitude;
Par le calme imposant de sa discipline;
Par la conscience publique de sa forcée et de son
dévoUmeut^ . = , . . :
Honneur et reconnaissance à l'armée de Lyon !
Que cette armée lève les yeux vers les glorieuses
légendes inscrites sur ses drapeaux et elle reconnaî
tra avec nous, .avec toute la France, qu'aucune autre
gloire plus pure et plus belle ne pouvait être ajoutée
a ses gloires militaires.
• l'iacée à l'un des postes de danger et d'honneur,
dans cette ville dont l'insurrection semblait vouloir
faire sa place de guerre,
L armes de Lyon a dit aux passions anarchiques
Cette grande cite est placée sous ma sauvegarde,
•elle ne sera plus injustement appelée la vjllç des in
surrections. pour tous elle est devenue un asile in
violable de pleine sécurité; '
. J y demeurerai l arme au bras, Fépée ne sortira
pas du fourreau, pas une amorce ae sera brûlée;
Et cependant, rien ne sera fait par vous, rien par'
vous ne sera tebte en -m- présence, . rien !
Je veux pour triomphe l'impuissance éclatante
et avouée du désordre. " ,
Honneur et reconnaissance à l'armée de Lyon !
,i Et que cette armée, que son général en chef, soient
encore glorifiés pour s'être si bieo inspirés de la mê
me pensée que le chef de l'Etat.
Lui aussi, alors qu'il rejetait les appareils impuis-
sans, le mécanisme fausse d'une Constitution vicieu
se, pour s'imposer résolument à l'anarchie ;
Alors qu'il s'élevait avec l'énergie du dévoûment
et de la foi à l'a haute intelligence de la loi suprême
du salut public, . , -
Lui aussi, le prince-Président, voulut triompher
sans combattre ; il voulut, par de tutélaires et pro
videntielles illégalités, prévenir quelques vaines ré
sistances du devoir mal compris, de 1 honneur égaré,
pour fendre, au lendemain de sa victoire, la liberté
de ses suffrages a la France sauvée par la dictature
du patriotisme et dé tordre.
Honneur et reconnaissance à l 'armée de Lyon !
qu'elle soit fiere de sés chefs, et que toujours ses
chefs soient glorieux de 1 avoir commandée!
M. Je comte Caslellane,'général en chef de
l'armée de Lyon, s'est alors levé et il a parlé
en çes termes :
Messieurs, ■ ./' : ■
. Après les éloquens discours que je viens d'enten
dre, la réponse'est difficile. t
Je propose de boire à la santé de M le préfet du
Rhône et de la ville de Lyon!...
M. le préfet du Rhône, depuis peu de temps à Lyon,
mais déjà bien apprécié, a parlé avec talent des hauts
faits de l'Empereur , des immenses services rendus
à la France parle prince son neveu, du concours de
l'armée.
Dans le discours prononcé au nom de la commis
sion municipale, M. le baron de Vauxonne, homme '
universellement ccm 'sidéré',' â fait entendre un lahga-
ge beaucoup trop flatteur pour l'armée." Elle ns peut
qu'en être honorée. Je n y mettrai pas ùne fausse
modestie. Abnégation et honneur sont les devoirs du
soldat.
On a rappelé l'Empire; on-a réveillé en moi de
beaux souvenirs., Soldat à la..fin de. 1804, j'ai eu
l'honneur dè faire }rois-campagnes auprès de In per
sonne du grand homme : en 1808, en Espagni ;
1809, à "Wagrain; en 1812,-en Russie.C'est àMutv.oa
que je fus nomme chef de bataillon.
J'ai toujours été fanatique, de mon métier, depuis
le jour où je portais les épaulettes de laine '"l'a.
celui où j'ai été nommé général en chef de cette boue
armée de Lyon,
M. Brct l'a dit : On- a fait abus de tout/de la gloire
comme de la liberté; mais il n'en est ftiis'moinsresté de
grands résultais.C'estau moment où l'abusdela liberté
allait nous faire retomber dans l'anarchie, que le
. prince Louis-Napoléon me confia un haut comman
dement. Le prince m'a"fait par là le plus grand hon
neur qui. pût .couronner ma.carrière. (Bravos prolon
gés.) Je lui en ai une proionde reconnaissance, car
FEUILLETON DU CONSTiTCTlONNEL, 5 JUIN.
-m^BilîSï^OS IL&SïîlE
EN ANGLETERRE.
. Tout a- été dit sur la musique recueillie
immédiatement à son origine. On a épuisé,
sur les chants nationaux dé toutes les con
trées du monde, le vocabulaire de la science
-et du goût. Des parallèles réguliers ont été
établis' entre ces inspirations primitives et
les autres grands produits des peuples qui
ont vécu leur âge de civilisation musicale.
Pour sa part, la France de nos jours peut se
glorifier, d'avoir, par les mains d'une savan
te génération de diléltanti, desmonumens
qui ont attiré l'attention du monde littéraire
et artiste. Elle a aussi .rajcuui et complété
quelques-uns des travaux étrangers dont la
réputation était déjà européenne. Notre bi
bliothèque musicale s'est enrichie en ce genre
de mélodies originales.et d'essais qui,ont eu
pour objet la Gaule et la France, par Fétis
et Caslil-Blaze; la Grèce, par M. Fauriel;—.
l'Islande, parM. X. Marmier ; — puislesmélo-
dies de la Basse-Ecosse par Allan Ramsay et
Robert Burns, suivies des mélodies irlandai
ses de Thomas Moore; — le pays de Galles
et la Bretagne française, par Hersart de
La Villemarqùé, sans parler de toutes
JeS richesses dont" certains critiques ont
voulu nous doter. Tous les bruits de
l'air, sous toutes leurs formes, orage, pluie,
vent, grêle, cris lointains, clochette des va
ches perdues, ont été étudiés, débattus, et
sont entrés dans la,cri tique musicale comme
Eole et sa bruyante lignée dans les outres
d'Ulysse. Malgré ce qu'il y a de contestable
dans ces divers travaux, on doit reconnaître
que la science a peu à peu rendu à chaque
contrée sa musique populaire, expression fi
dèle du caractère de ses habilans, de leurs
mœurs, de leurs préj ugés et du degré de cul
ture auquel ils sont parvenus.
. Il reste à remplir plusieurs places dans
celte galerie musicale des nations.
• Si l'intérêt que peut présenter un pays se
proportionnait à la renommée de son réper
toire mélodique, ou uniquement à son in
fluence dans le monde du goût, la première
place.n'apparliendrait pas sans doute à l'An
gleterre de nos jours.
«La musiqueanglàise 1 s'écriaitl'Empereur
à Sainte -IIélene, elle est exécrable; a part
une ancienneballade passablement rbythmée
et d'unè mélodie assez franche, tout le reste
est un bruit qui n'a de nom dans atieune
langue et dans aucun pays. » Malheureuse
ment la seule ballade anglaise qui eût trouvé
grâce devant le grand homme n'était autre
que l'air écossais 'si conuu : Ye banks and
braes of bonni doon.
. Bien longtemps avant l'Empereur, Vol
taire avait stigmatisé les oreilles d'Albion
par une métaphore énergique : u Les An-
glaisu'écoutent pas la musique, dit-il quel
que part,, ils la regardent. » Walter Scott
lait au goût musical des Anglais son com
pliment comme Voltaire, et, je crois, plus
eruellement que le philosophe de Ferney.
Dans son roman de Waverley, au bal donné
au prétendant, dans un château des High-
landSj 'la veille de la bataille de Culloden, la
flûte de l'Ecossais Fergus Mac-Donald cause
une telle fatigue aux officiers -anglais de
l'état-major du prince, que le musicien, dé
couragé, doit céder la place à une tragédie.
On considère donc aujourd'hui la musique
anglaise comme chose jugée, condamnée,
enterrée, etjcte l'aveu des Angla-iseux-mêmes,
il paraîtrait qu'on n'a pas grand'chose à re
gretter. •
Mais pour les hommes qui font de l'ori
gine des peuples et de l'affinité des races le
sujet d'investigations philosophiques ; pour
lès diletianti qui sont à la rechercnede toute
autre chose que la psychologie des nations,
la « musique anglaise » — ou si l ; on veut
écarter une appellation mal famée — la con
naissance scientifique et pratique des mélo
dies saxonnes,de leur rhytlime et de leur âge, ,
prend'rang parmi les choses les plus dignes *
d'attention. Il semble qCTen disant cela on
avance un paradoxe; rien n'est" pourtant
plusvrai. , -.
Il fut un temps, en effet, où les Anglais
purent ?e dire à bon droit un peuple, musi
cien. A {'époque où il semblait que tout s'é
branlât, pour la transformation du monde
-ancien et idolâtre qui allait devtnir le
de nouveau et-chrétien, l'armée ?axo> îie
qui débarqua à l'île de Thanet, à Ramsgil.«
et à Margate,'sortait des forêts de la Germa
nie, cette patrie des thèmes runiques et des
accens passionnés.En trois joursde traversée,
par le vent d'est, les barques a deux voiles
venues de l'embouchure de l'Elbe, arri
vaient sur les côtes de Kent, au sud-est de la
Bretagne, cheminant gaîment", eomme dises i
les vieilles chansons danoises, sur lar-v^te
où marchent les cygnes, se riant des vents et
des flots: Au son de cette corne célèbre dans .
leurs combats, et.au bruit terrible de ces fan
faresquele roi de la mer sonnait à l'heure du
festin, après les combats ou pendant la tem
pête, on reconnut les hurrah des Enfans
des Anses et le cor arrivant du fond des
bois teutoniques. Les Saxons apportaient,
en effet, sur le sol druidique des vieux Bre
tons, avec, une vie d'inspiration plusfort-9, cette
autre capacité native des peuples germains,
l'instinct de la musique. Pendant toute la :
durée de l'heptarchie, cet instiuct se déve
loppa avec toute l'intensité d'un besoin na
tional.
Tous les historiens sont d'accord sur ce
point que la pratique du chant était le délas-
semant national et favori de toutes les classes
des sept royaumes, et comme une partie
obligée de l'enseignement patriarcal, qui se
dispensait amplement au foyer domestique.
C'était le temps où cette expression la joyeu
se Angleterre « merry gland » était une
vérité, et non pas, coei3,« de nosjours, une
fiction de romancrer. Transformés en la-
boureûrs paisibles^ en ouvriers industrieux;
en apprentis intelligens, les Enfans des An
ses ne renièrent devant les Bardes de l'île de
Prytain, ni leur génie, ni leur origine. Ils
demeurèrent allemands et musiciens. ,.
Puis les Normands ravivèrent ces tradi
tions alors qu'établis dans les châteaux et les
abbayes, ies eastels et les prieurés de la con
quête," ils se mirent à rajeunir leurs hymnes
a? bataille; et s'associant aux impressions
neuves des acteurs de ces grands drames qui
saisissent et enchantent l'imagination , ils
thabituèrent à remplir les nobles manoirs
de leurs chants de guerre, de tournois, de
pas d'armes et d'amour.
Quand, après la conquête et la promulga
tion du Doom's day Book, les chevaliers du
Conquérant fureni entrés ou de gré ou de
force dans la famille.des vaincus, les longs
développemens et les roulades brillantées
de? ménestrels firent invasion,■jusqu'à un
certain point, dans la musique des Anglo-
Saxons. Ce qui n'était primitivement qu'un
cri del'ame devint, pour ces peuples qui
vieillissaient, un sujet d'études, un art qui
s'établit sur des combinaisons prévues et aui
finit par obéir à des règles précises. . .
Chaucer, « l'ornement leplçs illustre» du
règne d'Edfouard III et de son successeur Ri
chard If, faisant le portrait du squire de son
époque, après avoir dit de ce gentilhomme
campagnard « qu'il passait la journéeâ chan
ter ou àjouer de la flûte», ajoute « qu'ilsa-
vait composer des chansons et les'dicterpro-,
prement, faire des armes, danser,..faire un
portrait et écrire. » Il faut avouer qu'à cette
époque, nos gentilshommes français n'étaient
pas d'aussi grands clercs, à beaucoup près.
De son moine quêteur, Chaucer dit : .
o Le bon frère avait un répertoire joyeux:
il chantait à ravir, et, pour jouer de b rote,
il n'avait pas son pareil.
Et plus loin :.. ., -
« Quand il prenait sa harpe, après avoir
chanté, ses yeux brillaient sous son front
élevé, comme font les étoiles dans une nuit
d'hiver. » , ,,,
Le pauvre eécholier Nicholas du Willar's-
Tale etait«un excellent chanteur et un maî
tre sur le psaltérion.» Chaucer nous apprend
que le clerc ou bedeau de la paroisse de Ni
colas «pouvait jouer des airs sur un rébec de
poche.» ...
C'est dans le Pardoner's- Ta le qu'il est fait,
pour la première fois, mention du luth ; .
« Attendu que l'on danse et que l'on joue
de la harpe, de la guitare et du luth, etc. »
Que les orgues fussent d'un usage généra
lement répandu dans lés abbayes et les ca
thédrales, c'est ce que démontre parfaite
ment Chanticleer dans ses Nonne-Priestës :
« Sa voix était plus agréable que les plus
doux sons de l'orgue qui joue pendant la
messe dans les églises. »
Dans le dialogue entre le Coucou et le Ros
signol (The Ç uc/coq and the Nightingale ), et
dans.celui de la Fleur et de, la Feuille ( Ihe
Flower and the Leaf), la musique joue un
rôle non moins important. On n'a jqu'à feuil
leter Gower, Lydgate, Spencer ét toùsles
l poètes de ce eyde, pour se convaincre que,
dès les premiers temps de leur histoire, les
Anglais étaient déjà fort avancés.dans lès
mystères et. la pratique de la gaie science.
, .11 nous est resté de ce temps-là dss chants,
des antiennes et des ballades qui ont leur in
térêt pour les érudits et les bibliophiles.
Etrangers au luxe métaphorique des sônes
indo-celtiques du pays de Galles, de l'Irlande,
de la hautç Ecosse et du Morbihan, et d'une
limpidité toute germanique, ces,vieux airs
sa^ojis sont à la . fois et un précieux monu
ment historique et un des fleurons les plus
gracieux de la couronne poétique de l'hep--
tarchie.
Pendant-les périodes qui suivirent, nous
' voyons la pratique et l'art du chant se main-
1 tenir en Angleterre avec tous les honneurs
d'une science qui, après avoir quitté la for
mé spontanée de l'inspiration, est bien près
de l'époque scientifique et philosophique.
C'est de sa longue captivité au-delà, de la
Forthét de la Clyde,.que Jacques I er , Un des
"noms les plus chers à l'histoire d'Ecosse,
rapporta cette connaissance approfondie des
règle,«s de l!harmonie et dustyle instrumental,
qui en fit un àes musiciens lesplus célèbres de
son temps.. Son contemporain et historio
graphe Consacre un chapitre tout entier à"
raconter fort en. détail les études musicales
que lç roi .artiste avait pratiquées pendant
les quinze années d'exil qu'il passa chez les
Anglais; ét comment à sop retour .il dota sou
pays d'une nouvelle source d'art et de mé
lodie, dont les traditions n'ont pas été sans
influence sur la musique écossaise propre
ment dite. ■
Un autre historien du temps, Alexandre
Tassoni, le consciencieux écrivain des Pen-
sièri diversi, .au chapitre 23, en parlant de
Jacques I" d'Ecosse, ait .
,.« Nous pourrions, enço^ revendiquer.,
i comme un des nôtres, Jacques, roi d'Ëcdsse
SllSlISâlfl : rut «?e~ Ratota iE*alals-Btoyal), n*~l9:
B 1853.-SAMEDI 5 JUIN*
.FBIX CE L'ABOmSElZBT
ÏABÎS. ^ . 13 F. PAR THUIESTKE..
DÉPARTEMEN3. 1® F. —
CN NBMÉEO : 20 "CBKTIMS3.
fotra les pays étrangers , se reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
1^3 10 e î5 de chaque mois.
itt aboatutnent datent, det 1 "et 16
de chaque mois, '
S'adresser y franco, pour la rédaction , à M. CjxrcHEVÀt-Ciiiaii
Lesartiole» déposé» ne «ont pas rendus}
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIYEftSEL
ur en che,1
On s'abonne, datiiles'dêpartemeni, aux Messageries et'aux DirectionsÀt pastel—A Londres, thei M3MÏ Cowis et ïitsÇ 1,
— A Strasbourg, ckex M. AmXâkdbb , pour l-Allemagne} . . - > \ îj
. 'S'anresier, franco, pour T administration, à M. D enain, directeur,
Les annonces sont reçues au bureau du journal ; et chex M. PÀNIS, régi £86ur, 10, place de
PARIS, 4 JUIN.
-v - ....... j. ' f" "* j
Des rapports de la Bclgiqae avec Ta France.
La presse s'est assez -vivement- émue en
France, et surtout en Belgique, des considé
rations que nous a suggérées l'hostilité mé
diocrement déguisée du cabinet befge contre
le gouvernement français, et a diversement
apprécié les mesures probables qu'en une
telle situation, le ministère du prince-Prési
dent pourrait puiser dans le sentiment de sa
dignité et de ses devoirs. Il nous paraît né
cessaire de revenir sur ce sujet, moins pour
■ faire justice de quelques déclamations sans
Valeur, que pour soumettre la question dans
toute sa nettçté et dans toute sa simplicité/
au bon sens et à l'équité du peuple belge.
Ln mot d'abord sur les journaux belges
qui, à divers'points de vue, ont apprécié les
dispositions du gouvernement français. Ces j
journaux constituent deux catégories : celles
qui soutient le cabinet dix roi Léopold, etî
celle qui l'attaque. i
En tête de la première catégorie, se place ;
l'Indépendance belge , journal, fondé par MM. i
Rogier, Devaux et Lebeau, et devenu presque ;
en totalité la propriété d'un Bordélais, nom-;
mé M. Perrot, • anciennement rédacteur'du i
journal catholique l'Uni»n. L'Indépendance
belge est l'organe officieux du ministère. :
etappartient aux doctrines du parti libéral.
-Elleest rédigée par des Français. ,
En seconde ligne vient l'Observateur belge,
organe spécial des loges maçonniques, fon
dé et .dirigé par M. Yerhaegen ; avocat, '
•grand maître de ces loges, et président ac
tuel de la chambre des représentais. L'Obser
vateur 7 également rédigé par des Français en
grande partie, soutient le ministère, et lui
"assure l'appui des sociétés politiques ratta
chées au club central, connu sous le nom
d'Association libérale.
" ' En troisième ordre figure la Nation, jour
nal socialiste, primitivement dirigé par M.
-Gendebien, un des hommes les plus considé
rés delà Belgique, et devenul'organespécial
.de M. Mazzini, de M. Led'ru-Rollin et des ré
fugiés de Londres. La Nation est rédigée par
des Belges, et elle soutient le cabinet de M.
,"Rogier dans les élections. ,
Il est d'ailleurs à remarquer, comme ob
servation 'générale, que tous ces journaux,,
qui sont, à divers degrés, les confidens et les:
amis des minisires belges, sont très hostiles
au gouvernement français, et fort injurieux
pour Je prince-Président.
■ Parmi les journaux qui conseillent les
bons rapports entre la Belgique et la Franee,
; qui respectent le gouvernement fondé par
le suffrage de huit millions d'hommes, et-
qui reconnaissent, à l'égal de l'Europe en
tière, les services immenses rendus à la ci-
.vilisation par le neveu de l'Empereur, se
-distingue le Journal de Bruxelles, organe
spécial et considérable du clergé belge, ré
digé par M. Coomaps,' .membre de la cham
bre des représentans pour l'un des districts
de ^province d'Anvers.
A côté du Journal de Bruxelles, dans la
même voie, mais sous des influences conser
vatrices et "moins cléricales, se place l'Eman
cipation, journalinfluent et considéré, rédi
gé par dos França ; s, dont Je plus nolable'est
M. Jules Maurcl, ancièn collaborateur. du
"Journal des Débats.
Voilà, dans son expression la plus géné
rale/ te dénombrement des organes princi
paux d,e l'opinion en Belgique. Le ministère
belge y a pour amis, et le gouvernement
français pour ennemis, les philosophes, les
Trancs-maçpps et les émeutiers; Je gouverne-
jneut français y a pour amis, et le ministère
■belge pour adversaires, le clergé, les popu
lations rurales, et les amis de l'ordre et de la
.paix. Il est de principe de ne pas disputer
des goûts; mais, à faire un choix, nous
durions pas fait celui du ministère belge.
Deux considérations générales, qu'il nous
«semble assez difficile de prendre au sérieux,
~ ont principalement préoccupé les journaux
hostiles au prince-Président ; ils ont "fait
semblant de -.croire, que la guerre de tarifs,
annoncée dans notre précédent article, était
une menace dé fantaisie, enfantée par notre
caprice, et tout à fait étrangère aux vues du
gouvernement français; et ils ont ajouté que
le parti catholique et conservateur belge avait
demandé au cabinet je l'Elysée et à hous-
même ce manifeste comminatoire, en vue de
de s'assurer la majorité aux élections "et le
pouvoir. Certes, il doit y avoir des gens cré
dules en Belgique, comme partout ailleurs-:
mais il nous semble, bien difficile qu'on
mène un peuple avec de telles puérilités.
Il ne nous en coûte nullement de nous ré
signer à ce que notre situation a de modeste,
en journalisme, en politique, en toutes cho
ses ; mais " nous ne saurions aller, en cons
cience, jusqu'à nous laisser imputer le de
gré de légèreté qu'il faudrait pour traiter
d'égal à égal avec un peuple , en notre
propre nom. D'un autre côté, à quel
homme sérieux persuadera-t-on qu'ayant
l'honneur et le devoir d'approcher le chef-
de l'Etat, nous aurions à ce point man
qué au respect dû à sa personne et à son
pouvoir, que dégager sa politique en "dçs
matières si éminemment graves et.délicates,
sans avoir au préalable pressenti son inten
tion et sa convenance?
Ce n'ést donc point en notre propre nom.
qu'on veuille bien le croire, que nous avons
parlé du cas où les relations commerciales
de la Belgique avec la France pourraient être
rompues. D'ailleurs, le gouvernement belge
a un ambassadeur pour s'§ssurer de la vé
rité, s'il ne trouve pas qu'elle ressorte suffi
samment de nos paroles.
Quant à l'imputation qui ferait du gou
vernement français, et de nous-même, deux
agens du parti ^catholique belge, elle est trop
remarquable, comme facétie, pour que nous
n'en disions pas deux mots.
- Il paraît que le parti libéral belge en est
encore.à faire la guerre aux jésuites et à ce
qu'il nomme le parti clérical. C'est l'âge d'or
-des badauds politiques ; nous l'avons passé.
La France a aussi vu le temps où le pauvre
prêtre qui évangélise les campagnes, en ha
bit de bure," les pieds dans la neige et dans la
•boue, était fort agréablement raillé par les
bons drilles des lo^es maçonniques, célébrant
l'amour et le vin aux soupers du Caveau. De
puis lors, les choses ont bien changé; les
drilles philosophiques et. anacréontiques ,
endormis dans le vin versé par l'athéisme,
se sont réveillés dans le sang versé par les
.^évolutions ; et les générations, qui avaient
été élevées à rire des prêtree, se sont émues
d'admiration et de respect au spectacle dè
ces vertus que rien ne lasse, paS même l'in
sulte, et de ce courage que rien n'effraie, pas
même la mort. Naguères, lorsque le socialis
me hideux tachait de sang le pavé de nos
villes, et de souillures infâmes le sanctuaire
domestique» qui est allé mourir résolument,
à côté du gendarme et du soldat, pour sau
ver la vie, les biens et la femme d'autrui?—
C'est le prêtre I
Dieu préserve les autres nations des cala
mités qui ont éprouvé la France; mais nous
osons dire aux libéraux bélge's, aux frapçs-
maçons belges, aux philosophes belges, qu'il
suffirait, pour les guérir de leurs déclama
tions médiocrement spirituelles contre le
parti clérical, de ce qui a suffi pour guérir la'
France, c'est-à-dire de quelques mois de
gouvernement provisoire, de commissaire#
extraordinaires, de 45 centimes, d'ateliers
nationaux et de lampions.
Quoi qu'il en soit, le parti catholique t>el-
ge a certainement toutes nos sympathies,
mais ces sympathies ne vont pas jusqu'à su
bordonner les affaires.de la France aux sien
nes. Nous faisons des vœux pour qu'il arri
ve au pouvoir, dans l'intérêt même de ceux
qui l'insultent . la France, sauvée du so
cialisme , trouverait un auxiliaire en lui ;
mais il faut que la. forco des gouverné- .
meps vienne d'eux-mêmes, non d'autrui. Le
parti catholique belge a pour-lui, avec l'ad- '
hésioh des honnêtes gens, les principes éter
nels et nécessaires de la religion, de la mo
rale, du travail et de l'ordre ; avec de .tels
appuis, il réussira mieux qu'avec nos arti
cles, qu'assurément nous ne lui refuserions
pas, mais qii'il ne nous à jamais demandés.
C'est une chose bien étrange, qu'ayant-
sous leurs yeux la vraie cause de l'article qui
les a tant émus, les libéraux belgfs, joints-à
leurs amis les socialistes, se soient donné la
peine d'eninventer d'imaginaires.
Comment! touslesjournauxquisontles or
ganes officieux et avoués du cabinet belge, at
taquent le gouvernement français; comment!
tous les j ournaux qui,sans être officieusement
ministériels, lesont évidemment, poursuivent
de leurs outrages le chef courageux et illustre
queJa France s'est donné ; la Belgique est
devenue publiquement le refuge de tout ce qui
pense, de tout ce .qui parle, de tout ce qui
écrit, de tout ce qui machine contre le prince-
Président;— et l'on trouve étrange qu'en pré
sence d'une hostilité si ouverte, si gratuite,,
si complètement dénuée de cause et de pré
teste, la France, outragée dars sa souverai
neté, dans sa dignité, dans sa modération,
dise à la Belgique : Vous m'insultez, spit ; f
mais, alors, n'ayons plus d'affaires entre ;
nous ! • .. .
Depuis quand un individu ou un pays
sont-ils obligés de voir, de recevoir chez eux
leurs ennemis déclarés ? L'article 7 du traité
du 49 avril 1839, signé par la Belgique, par'
la France, par l'Autriche, par . î Angleterre,
par la Prusse, par la Russie, et par les Pays-
Bas, porte : « La Belgique, dans les limites
indiquées, formera un Etat «indépendant
et perpétuellement neutre. Elle sera tenue
d'observer cette même neutralité envers les
autres Etats. » Or, nous le demandons, le
gouvernement belge tient-il-,loyalement la
conduite d'un gouvernement neutre? Est-ce
rester neutre, que d'entretenir des relations
publiques avec des journaux, avec des per
sonnages qui attaquent le gouvernement
français? Est-ce rester neutre que d'autoriser
des outrages perpétuels contre un priace que
laFnnce entière a, deux foi-?, librement et so
lennellement élu ? Est-ce que la France n'avait
pas le droit de se sauver de l'abîme , en sau
vant l'Europe; et ne pouvions nous pas,
sans le bon plaisii; des libéraux belges, fon
der, sur le suffrage dp huit millions d'hom
mes, un gouvernement de notre choix?
Eh bien ! le gouvernement français, qui :
aurait eu le droit de dénoncer Je traité, du i
19 avril 1839, ne l'a pas fait; il avertit Je
peuplé belge de la conduite de son gouver
nement; il lui fait, savoir qu'un système
d'hostilités imméritées amènerait nécessaire
ment, prochainement, la rupture des rela
tions commerciales" entre les deux pays; il
met le peuple belge en situation et en de
meure de réfléchir et de prononcer ; il fait
un appel à sa loyauté et à son équité; — et
l'on se plaint ! Valait-il donc mieux ne rien
dire', ne prévenir personne, rompre les né
gociations relatives au traité de commercé,
et jeter ainsi le trouble dans, les intérêts des
deux nations, prises à l'improviste ? Aucun :
homme sensé ne le croira.
Il y a un étrange argument inventé par
les libéraux français et fort goûté par les li
béraux belges: « Qu'y a-t-il de commun, di
sent-ils, entre le.commerce et la politique ?
Si le traité de commerce est bon en lui-mê
me, il faut le renouveler, quelles que soient
les relations des deux gouvernemeos. »
Ce qu'il y a de commun entre le commerce
et la politique ? — Tout; et bien fins ou bien
fous seraient ceux qui prétendraient les ,
séparer, Est-ce que 1,ous les intérêts d'un
pays"ne sont pas solidaires? Est- ce que
le commerce a une base ferme, lorsque
le gouvernement chancelle? Est-ce que
les transactions sont assurées, lorsque
les pouvoirs publics sont minés et atta
qués? Est-ce qu'il pèut y avoir des avanta
ges, particuliers, tians un ■ détriment "géné-f
.rat? Ce qu'il faut qué le commerce de4
"mande; t'est que le-pouvoir soit fort, eî
ne se laisse jamais entamer, ni au-dedans
ni au-dehors. A quoi nous servirait de
tirer quelques bénéfices partiels et locaux
de notre commerce avec la Belgique, si
le système d'hostilités, au .moins toléré
par le gouvernement belge, réagissait sur
les affaires générales, inquiétait les espri|s ;
affaiblissait la sécurité, resserrait les tran
sactions, et se soldait, pour la Franc?, en
une perte considérable dans toutes ses opé
rations financières ?
Le but suprêms du gouvernement fran
çais doit donc «itre de faire prévaloir, au de
hors comme âu dedans, le vœu solennel du
pays, dont il est "l'expression, c'est- à-dîre une
autorité forte, une liberté sage, la paix et la
sécurité pour tous, sous l'égide des lois.
La France est lasse ;de cette éternelle com
pétition des partis qui l'ont déchirée, et
elle veut que son gouvernement la protège
contre les ambitieux et les brouillons, quels
qu'ils soient. Les individus qui s'insurgent
contre le gouvernement légitime du pays
savent à quoi ils s'exposent ; il faut que les.
peuples voisins le sachent aussi.
Certes, la France n'a nulle envie de se mê
ler des affaires intérieures de la Belgique ; ce
n'est ni son droit, ni sa volonté; mais elle
.jj'çst pas obligée de souffrir les atteintes
portées à sa dignité et à sa sécurité, par
le fait ou par la tolérance du gouverne
ment belge. Le moins qu'elle puisse "faire
est donc d'avertir .la. nation belge de la voie
où ses ministres l'entraînent, afin qu'elle
prévienne pàr sa sagesse une rupture de
relations que les hostilités contre la France
rendraient nécessaire et imminente. Pour
tout homme sensé, il y a évidemment, dans
ce langage de la France, un sentiment de
sympathie pour la nation belge, et un désir
de conserver et d'améliorer les relations des
deux pays.
S'il nous est permis, en finissant, de dire
un mot de'ce qui nous.touche, nous regrette
rions le plus.léger mouvement d'humeur que
nous auraient arraché les colères, les mena
ces, les injures dont nous sommes l'objet, en
France et en Belgique, pour avoir défendu,
selon notre conviction et nos forces, et avec
l'assentiment de huit millions d'hommes, la
gouvernement qui a sauvé la France etl'Eur
rope. On sejait indigne d'être l'apôtre de
ces grandes et nobles causes, si l'on n'é
tait pàs tout entier absorbé en elles, et si
l'on gardait libre un coin de son esprit ou
de .son cœur, pour y recueillir les bourdon^
nemens et les outrages des passions que 1 on
brave,, et des partis que l'on méprise.
Nous ne faisons pas assez les affaires des
partis vaincus, qui rongent leur frein parmi
nous, pour que nous ayons des droits à leur
reconnaissance; et quant à certainsjournalis-
tes français retirés., pour diverses causes", en
-Belgique, nous ne voudrions rien ajouter au
malheur qu'ils ont, d'avoir érigé eh com
merce l'insulte contre leur patrie ! ^
A. G hanier de C assagnac.
Nous devons signaler le zèle et l'activité
avec lesquels la commission des logemens in
salubres de Lille poursuit/ le cours de ses
travaux. 1 On sait que Lille est une de nos
villes qui étaient surtout ritéespour l'in
salubrité des demeures habitées par les po
pulations ouvrières. La commission avait
donc à remplir une mission difficile, qui
nécessitait de nombreuses recherches, et qui
exigeait un dévoûment soutenu. Elle s'y est
consacrée sans relâche, et, bien qu'elle ne
Tait pas encore complètement terminée, on
apprendra avec satisfaction tout ce qu'elle
a déjà fait pour l'assainissement de la cité.
La commission est entrée en fonctions le
jS mai 1850, et, depuis ce jour, elle a dépo
sé 1,116 rapports sur le résultat des inves
tigations auxquelles elle s'est livrée pendant
. cette période d'un peu plus d'un an.
Les habitations que la commission à ju
gées malsaines et qu'elle a condamnées corn
ue n'étant pas susceptibles' d'assainissemeçt,
sont : 207 caves, 76 pièces de rez-de-chaus
sée, '30 chambres d'entresol. > . - J
fil 'f a- dix maisons • ou corps de i bâtiment
dont la dégradation était 'telle, que des me
sures partielles ont spmblé insuffisantes, et
qu'il a fallu en réclamer la rfeconstructiori.
Les principales causes d'insalubrité pour
les caves qui ont été condamnées,consistaient
dans la grande humidité qui ; y était en
tretenue par des murs salpêtres, dans le
peu d'élévation de là voûte, qui ne per
mettait pas au locataire de se tenir de
bout, dans l'impossibilité d'y faire pénétrer
le jour et d'en renouveler l'air. Les piè,ces.de
rez-de-chaussée, déclarées inhabitables, ne
pouvaient être assainies que par la recons
truction complète des murs imprégnés de
salpêtre. Quant aux chambres d'entresol,
elles se trouvaient dans des conditions hy- '
giéniques détestables. En-effet, dans un grand
nombre de maisons habitées par Jés ouvriers,
la pièce du rez-de-chaussée a été divisée en
deux parties, dans la hauteur, afin que les
logemens y fussent plus nombreux. Il en était
résulté des logemens où la circulation de l'air
était impossible, et qu'on ne .pouvait assai
nir qu'en faisant disparaître le plancher de
séparation, pour remettre les lieux dans leur
état primitif.
Les logemens, pour lesquels des mesures
d'assainissement ont été prescrites, sont au
nombre de 1,ISO,savoir : 322 caves, 385 piè-
.ces de rez-derchaussée, 443 chambres", piè
ces ^'entre-sol ou grenier^ t
> Lee mesures d'assainissement prescrites
par la commission, sont : pour les caves :-Ja
suppression des cabinets d'aisance, l'établis
sement de soupiraux avec châssis mobiles
ou de cheminées d'aérage s'élevant jusqu'au-
dessus des combles; pour les pièces de rez-
de-chaussée et pour les chambres, le perpe-
ïnent de nouvelles fenêtres et la reconstruc
tion des châssis qui ne.pouvaient s'ouvrir.
Lorsque les murs d'un logement étaient.hu
mides, elle les a fait recouvrir d'un lamb r
ou d'un contre-mur isolé. Dans presque, tou
tes les habitations, elle a ordonné défaire
blanchir, les murs à la chaux.
La commission, a ordonné, en outre, de
nombreux travaux d'assainissement dans les
parties communes, tels que blanchiment à
la chaux de cours ou.de corridors, répara
tion de cabinets d'aisance, aérage dfe fosses,
écoulement d'eau, lavage des cours, etc., etc.
On voit que les investigations dè la com
mission ont notamment porté sur les caves
où demeurent beaucoup de familles pauvres.
Le nombre de ces caves a d'ailleurs diminue
sensiblement depuis une quinzaine d'annees
et tend à - diminuer chaque jour. Mais le
principal obstacle vient ne la population y
qui ■ n'apprécie pas les bonnes condition^
d'hygiène,- et qui trouve dans ces habitations
l'avantage de payer ,un lover peu elevé, d'être
plus à portée de rece\oir dos secours des
maisons voisines, et surtout de pouvoir faire
un petit commerce avec étalagé sur la voie
publique.
Ce qui à également appelé l'attention de
la commission dé Lille, ce sont les logemens
accumulés sous de petites maisons , situées
dans des cours très étroites, où le soleil
peut a peine, pénétrer, et où il règne en
tout temps une grande humidité. Là s'en-
jLassent. des ménages très nombreux, et gé
néralement. dans la plus grande misère. La
principale amélioration consisterait dans le
percement de rues au travers de ces quar
tiers resserrés, privés d'air, où les dernières
épidémies ont fait ae si grands ravages.
Tous les travaux ordonnés par la commis
sion ont été approuvés par le conseil muni
cipal. Quelques propriétaires seulement ont
appelé devant le conseil de préfecture ; mais
leurs réclamations n'pnt pas été admises, et
les travaux prescrits ont reçu leur exécution.
La seule opposition sérieuse à l'application
de la loi provient, nous le répétons, des lo
cataires des caves condamnées. Malgré les
prescriptions, ils s'efforcent .de garderies
logemens le plus possible, et ils n'en sortent
pour ainsi dire que contraints et forcés.
La commission n'a plus à visiter que les
logemens, de sept rues; mais comme un
grand Bombre de cours aboutissent à ces
rues, le travail exigera encore quelque temps,
et l'inspection générale ne paraît pas de
voir être complètement terminée avant deux
ou trois mois. . ' „ J. B urat.
.■!.' En annonçant le résultat de l'assemblée de
Posieux, dans le canton de Fribourg, notre
correspondant avait porté à 16,000 sur
22,000 le nombre des citoyens.actifs qui
avaient pris part à cette manifestation. Ces
chiffres avaient été contestés par les feuilles
radicales de la Suisse. On à aujourd'hui le
relevé exact par commune, et il dnnoe com
plètement raisefn à notre correspondant.
, Le nombre du* citoyens actifs du ' canton
de! Fribourg est de 22,592, et 10,319 sont
venus protester à Posieux contre le despo-.
tisme radical qui pèse sur le canton. , .
Quant aux moyens de faire sortir le can
ton de la situation difficile où il se trouve
placé, voici ce que propose -une correspon
dance adressée de ce canton au journal la
Suisse , pour arriver sans secousse à une rào-
dificajion de l'état de choses actuel, jusqu'à
ce qu'au terme indiqué par la Constitution,
on puisse la réviser,-:
. « Convoquer, immédiatement le grand con
seil, qui voterait une loi sur les incompati
bilités, ce qui amènerait la démission d'un
bon nombre des membres de cette assem
blée; abolir le serment pour procéder au
remplacement de çes membres démission
naires. Le conseil d'Etat donnerait sa démis
sion en masse, lorsque le grand conseil se
rait de nouveau au complet.'C'est de cette
dernière mesure que le pays attend son sa
lut. » L. B0N1FACE.
.Nous avons parlédes toasts portés au ban
quet des Aigles à Lyon. Nous recevons le
•texte des paroles prononcées^ par M. de
Vauxonne, et la réponse du général CaStel-
lane à ce diâcours et, à celui du préfet.
,, Après M. le préfet,"M. le baron de Vauxori-
'ne s'est exprimé en çes termes :
; ' - f ". . .J * .m • ' )
-i Organe d® la commission municipale, je poHp, au
nom de toute l'agglomération lyonnaise, un toa».
■ A 'l'armée/de Lyon !
A l'armée qui, sous la .noble inspiration de son il
lustre chef, a voulu, a su vaincre sans combattre 1
A l'armée qui a triomphé -par sa scuie puissance
morale ;
Par* l'habileté de ses mesures et l'énergie de son
attitude;
Par le calme imposant de sa discipline;
Par la conscience publique de sa forcée et de son
dévoUmeut^ . = , . . :
Honneur et reconnaissance à l'armée de Lyon !
Que cette armée lève les yeux vers les glorieuses
légendes inscrites sur ses drapeaux et elle reconnaî
tra avec nous, .avec toute la France, qu'aucune autre
gloire plus pure et plus belle ne pouvait être ajoutée
a ses gloires militaires.
• l'iacée à l'un des postes de danger et d'honneur,
dans cette ville dont l'insurrection semblait vouloir
faire sa place de guerre,
L armes de Lyon a dit aux passions anarchiques
Cette grande cite est placée sous ma sauvegarde,
•elle ne sera plus injustement appelée la vjllç des in
surrections. pour tous elle est devenue un asile in
violable de pleine sécurité; '
. J y demeurerai l arme au bras, Fépée ne sortira
pas du fourreau, pas une amorce ae sera brûlée;
Et cependant, rien ne sera fait par vous, rien par'
vous ne sera tebte en -m- présence, . rien !
Je veux pour triomphe l'impuissance éclatante
et avouée du désordre. " ,
Honneur et reconnaissance à l'armée de Lyon !
,i Et que cette armée, que son général en chef, soient
encore glorifiés pour s'être si bieo inspirés de la mê
me pensée que le chef de l'Etat.
Lui aussi, alors qu'il rejetait les appareils impuis-
sans, le mécanisme fausse d'une Constitution vicieu
se, pour s'imposer résolument à l'anarchie ;
Alors qu'il s'élevait avec l'énergie du dévoûment
et de la foi à l'a haute intelligence de la loi suprême
du salut public, . , -
Lui aussi, le prince-Président, voulut triompher
sans combattre ; il voulut, par de tutélaires et pro
videntielles illégalités, prévenir quelques vaines ré
sistances du devoir mal compris, de 1 honneur égaré,
pour fendre, au lendemain de sa victoire, la liberté
de ses suffrages a la France sauvée par la dictature
du patriotisme et dé tordre.
Honneur et reconnaissance à l 'armée de Lyon !
qu'elle soit fiere de sés chefs, et que toujours ses
chefs soient glorieux de 1 avoir commandée!
M. Je comte Caslellane,'général en chef de
l'armée de Lyon, s'est alors levé et il a parlé
en çes termes :
Messieurs, ■ ./' : ■
. Après les éloquens discours que je viens d'enten
dre, la réponse'est difficile. t
Je propose de boire à la santé de M le préfet du
Rhône et de la ville de Lyon!...
M. le préfet du Rhône, depuis peu de temps à Lyon,
mais déjà bien apprécié, a parlé avec talent des hauts
faits de l'Empereur , des immenses services rendus
à la France parle prince son neveu, du concours de
l'armée.
Dans le discours prononcé au nom de la commis
sion municipale, M. le baron de Vauxonne, homme '
universellement ccm 'sidéré',' â fait entendre un lahga-
ge beaucoup trop flatteur pour l'armée." Elle ns peut
qu'en être honorée. Je n y mettrai pas ùne fausse
modestie. Abnégation et honneur sont les devoirs du
soldat.
On a rappelé l'Empire; on-a réveillé en moi de
beaux souvenirs., Soldat à la..fin de. 1804, j'ai eu
l'honneur dè faire }rois-campagnes auprès de In per
sonne du grand homme : en 1808, en Espagni ;
1809, à "Wagrain; en 1812,-en Russie.C'est àMutv.oa
que je fus nomme chef de bataillon.
J'ai toujours été fanatique, de mon métier, depuis
le jour où je portais les épaulettes de laine '"l'a.
celui où j'ai été nommé général en chef de cette boue
armée de Lyon,
M. Brct l'a dit : On- a fait abus de tout/de la gloire
comme de la liberté; mais il n'en est ftiis'moinsresté de
grands résultais.C'estau moment où l'abusdela liberté
allait nous faire retomber dans l'anarchie, que le
. prince Louis-Napoléon me confia un haut comman
dement. Le prince m'a"fait par là le plus grand hon
neur qui. pût .couronner ma.carrière. (Bravos prolon
gés.) Je lui en ai une proionde reconnaissance, car
FEUILLETON DU CONSTiTCTlONNEL, 5 JUIN.
-m^BilîSï^OS IL&SïîlE
EN ANGLETERRE.
. Tout a- été dit sur la musique recueillie
immédiatement à son origine. On a épuisé,
sur les chants nationaux dé toutes les con
trées du monde, le vocabulaire de la science
-et du goût. Des parallèles réguliers ont été
établis' entre ces inspirations primitives et
les autres grands produits des peuples qui
ont vécu leur âge de civilisation musicale.
Pour sa part, la France de nos jours peut se
glorifier, d'avoir, par les mains d'une savan
te génération de diléltanti, desmonumens
qui ont attiré l'attention du monde littéraire
et artiste. Elle a aussi .rajcuui et complété
quelques-uns des travaux étrangers dont la
réputation était déjà européenne. Notre bi
bliothèque musicale s'est enrichie en ce genre
de mélodies originales.et d'essais qui,ont eu
pour objet la Gaule et la France, par Fétis
et Caslil-Blaze; la Grèce, par M. Fauriel;—.
l'Islande, parM. X. Marmier ; — puislesmélo-
dies de la Basse-Ecosse par Allan Ramsay et
Robert Burns, suivies des mélodies irlandai
ses de Thomas Moore; — le pays de Galles
et la Bretagne française, par Hersart de
La Villemarqùé, sans parler de toutes
JeS richesses dont" certains critiques ont
voulu nous doter. Tous les bruits de
l'air, sous toutes leurs formes, orage, pluie,
vent, grêle, cris lointains, clochette des va
ches perdues, ont été étudiés, débattus, et
sont entrés dans la,cri tique musicale comme
Eole et sa bruyante lignée dans les outres
d'Ulysse. Malgré ce qu'il y a de contestable
dans ces divers travaux, on doit reconnaître
que la science a peu à peu rendu à chaque
contrée sa musique populaire, expression fi
dèle du caractère de ses habilans, de leurs
mœurs, de leurs préj ugés et du degré de cul
ture auquel ils sont parvenus.
. Il reste à remplir plusieurs places dans
celte galerie musicale des nations.
• Si l'intérêt que peut présenter un pays se
proportionnait à la renommée de son réper
toire mélodique, ou uniquement à son in
fluence dans le monde du goût, la première
place.n'apparliendrait pas sans doute à l'An
gleterre de nos jours.
«La musiqueanglàise 1 s'écriaitl'Empereur
à Sainte -IIélene, elle est exécrable; a part
une ancienneballade passablement rbythmée
et d'unè mélodie assez franche, tout le reste
est un bruit qui n'a de nom dans atieune
langue et dans aucun pays. » Malheureuse
ment la seule ballade anglaise qui eût trouvé
grâce devant le grand homme n'était autre
que l'air écossais 'si conuu : Ye banks and
braes of bonni doon.
. Bien longtemps avant l'Empereur, Vol
taire avait stigmatisé les oreilles d'Albion
par une métaphore énergique : u Les An-
glaisu'écoutent pas la musique, dit-il quel
que part,, ils la regardent. » Walter Scott
lait au goût musical des Anglais son com
pliment comme Voltaire, et, je crois, plus
eruellement que le philosophe de Ferney.
Dans son roman de Waverley, au bal donné
au prétendant, dans un château des High-
landSj 'la veille de la bataille de Culloden, la
flûte de l'Ecossais Fergus Mac-Donald cause
une telle fatigue aux officiers -anglais de
l'état-major du prince, que le musicien, dé
couragé, doit céder la place à une tragédie.
On considère donc aujourd'hui la musique
anglaise comme chose jugée, condamnée,
enterrée, etjcte l'aveu des Angla-iseux-mêmes,
il paraîtrait qu'on n'a pas grand'chose à re
gretter. •
Mais pour les hommes qui font de l'ori
gine des peuples et de l'affinité des races le
sujet d'investigations philosophiques ; pour
lès diletianti qui sont à la rechercnede toute
autre chose que la psychologie des nations,
la « musique anglaise » — ou si l ; on veut
écarter une appellation mal famée — la con
naissance scientifique et pratique des mélo
dies saxonnes,de leur rhytlime et de leur âge, ,
prend'rang parmi les choses les plus dignes *
d'attention. Il semble qCTen disant cela on
avance un paradoxe; rien n'est" pourtant
plusvrai. , -.
Il fut un temps, en effet, où les Anglais
purent ?e dire à bon droit un peuple, musi
cien. A {'époque où il semblait que tout s'é
branlât, pour la transformation du monde
-ancien et idolâtre qui allait devtnir le
de nouveau et-chrétien, l'armée ?axo> îie
qui débarqua à l'île de Thanet, à Ramsgil.«
et à Margate,'sortait des forêts de la Germa
nie, cette patrie des thèmes runiques et des
accens passionnés.En trois joursde traversée,
par le vent d'est, les barques a deux voiles
venues de l'embouchure de l'Elbe, arri
vaient sur les côtes de Kent, au sud-est de la
Bretagne, cheminant gaîment", eomme dises i
les vieilles chansons danoises, sur lar-v^te
où marchent les cygnes, se riant des vents et
des flots: Au son de cette corne célèbre dans .
leurs combats, et.au bruit terrible de ces fan
faresquele roi de la mer sonnait à l'heure du
festin, après les combats ou pendant la tem
pête, on reconnut les hurrah des Enfans
des Anses et le cor arrivant du fond des
bois teutoniques. Les Saxons apportaient,
en effet, sur le sol druidique des vieux Bre
tons, avec, une vie d'inspiration plusfort-9, cette
autre capacité native des peuples germains,
l'instinct de la musique. Pendant toute la :
durée de l'heptarchie, cet instiuct se déve
loppa avec toute l'intensité d'un besoin na
tional.
Tous les historiens sont d'accord sur ce
point que la pratique du chant était le délas-
semant national et favori de toutes les classes
des sept royaumes, et comme une partie
obligée de l'enseignement patriarcal, qui se
dispensait amplement au foyer domestique.
C'était le temps où cette expression la joyeu
se Angleterre « merry gland » était une
vérité, et non pas, coei3,« de nosjours, une
fiction de romancrer. Transformés en la-
boureûrs paisibles^ en ouvriers industrieux;
en apprentis intelligens, les Enfans des An
ses ne renièrent devant les Bardes de l'île de
Prytain, ni leur génie, ni leur origine. Ils
demeurèrent allemands et musiciens. ,.
Puis les Normands ravivèrent ces tradi
tions alors qu'établis dans les châteaux et les
abbayes, ies eastels et les prieurés de la con
quête," ils se mirent à rajeunir leurs hymnes
a? bataille; et s'associant aux impressions
neuves des acteurs de ces grands drames qui
saisissent et enchantent l'imagination , ils
thabituèrent à remplir les nobles manoirs
de leurs chants de guerre, de tournois, de
pas d'armes et d'amour.
Quand, après la conquête et la promulga
tion du Doom's day Book, les chevaliers du
Conquérant fureni entrés ou de gré ou de
force dans la famille.des vaincus, les longs
développemens et les roulades brillantées
de? ménestrels firent invasion,■jusqu'à un
certain point, dans la musique des Anglo-
Saxons. Ce qui n'était primitivement qu'un
cri del'ame devint, pour ces peuples qui
vieillissaient, un sujet d'études, un art qui
s'établit sur des combinaisons prévues et aui
finit par obéir à des règles précises. . .
Chaucer, « l'ornement leplçs illustre» du
règne d'Edfouard III et de son successeur Ri
chard If, faisant le portrait du squire de son
époque, après avoir dit de ce gentilhomme
campagnard « qu'il passait la journéeâ chan
ter ou àjouer de la flûte», ajoute « qu'ilsa-
vait composer des chansons et les'dicterpro-,
prement, faire des armes, danser,..faire un
portrait et écrire. » Il faut avouer qu'à cette
époque, nos gentilshommes français n'étaient
pas d'aussi grands clercs, à beaucoup près.
De son moine quêteur, Chaucer dit : .
o Le bon frère avait un répertoire joyeux:
il chantait à ravir, et, pour jouer de b rote,
il n'avait pas son pareil.
Et plus loin :.. ., -
« Quand il prenait sa harpe, après avoir
chanté, ses yeux brillaient sous son front
élevé, comme font les étoiles dans une nuit
d'hiver. » , ,,,
Le pauvre eécholier Nicholas du Willar's-
Tale etait«un excellent chanteur et un maî
tre sur le psaltérion.» Chaucer nous apprend
que le clerc ou bedeau de la paroisse de Ni
colas «pouvait jouer des airs sur un rébec de
poche.» ...
C'est dans le Pardoner's- Ta le qu'il est fait,
pour la première fois, mention du luth ; .
« Attendu que l'on danse et que l'on joue
de la harpe, de la guitare et du luth, etc. »
Que les orgues fussent d'un usage généra
lement répandu dans lés abbayes et les ca
thédrales, c'est ce que démontre parfaite
ment Chanticleer dans ses Nonne-Priestës :
« Sa voix était plus agréable que les plus
doux sons de l'orgue qui joue pendant la
messe dans les églises. »
Dans le dialogue entre le Coucou et le Ros
signol (The Ç uc/coq and the Nightingale ), et
dans.celui de la Fleur et de, la Feuille ( Ihe
Flower and the Leaf), la musique joue un
rôle non moins important. On n'a jqu'à feuil
leter Gower, Lydgate, Spencer ét toùsles
l poètes de ce eyde, pour se convaincre que,
dès les premiers temps de leur histoire, les
Anglais étaient déjà fort avancés.dans lès
mystères et. la pratique de la gaie science.
, .11 nous est resté de ce temps-là dss chants,
des antiennes et des ballades qui ont leur in
térêt pour les érudits et les bibliophiles.
Etrangers au luxe métaphorique des sônes
indo-celtiques du pays de Galles, de l'Irlande,
de la hautç Ecosse et du Morbihan, et d'une
limpidité toute germanique, ces,vieux airs
sa^ojis sont à la . fois et un précieux monu
ment historique et un des fleurons les plus
gracieux de la couronne poétique de l'hep--
tarchie.
Pendant-les périodes qui suivirent, nous
' voyons la pratique et l'art du chant se main-
1 tenir en Angleterre avec tous les honneurs
d'une science qui, après avoir quitté la for
mé spontanée de l'inspiration, est bien près
de l'époque scientifique et philosophique.
C'est de sa longue captivité au-delà, de la
Forthét de la Clyde,.que Jacques I er , Un des
"noms les plus chers à l'histoire d'Ecosse,
rapporta cette connaissance approfondie des
règle,«s de l!harmonie et dustyle instrumental,
qui en fit un àes musiciens lesplus célèbres de
son temps.. Son contemporain et historio
graphe Consacre un chapitre tout entier à"
raconter fort en. détail les études musicales
que lç roi .artiste avait pratiquées pendant
les quinze années d'exil qu'il passa chez les
Anglais; ét comment à sop retour .il dota sou
pays d'une nouvelle source d'art et de mé
lodie, dont les traditions n'ont pas été sans
influence sur la musique écossaise propre
ment dite. ■
Un autre historien du temps, Alexandre
Tassoni, le consciencieux écrivain des Pen-
sièri diversi, .au chapitre 23, en parlant de
Jacques I" d'Ecosse, ait .
,.« Nous pourrions, enço^ revendiquer.,
i comme un des nôtres, Jacques, roi d'Ëcdsse
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.61%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.61%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k669671s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k669671s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k669671s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k669671s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k669671s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k669671s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k669671s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest